Drapeau de l'Inde
État d'Himachal Pradesh

Himachal Pradesh

(Inde)

Capitale: Shimla 
Population: 6,0 millions (2001)
Langue officielle: hindi
Groupe majoritaire: hindi (89,0 %)
Groupes minoritaires: panjabi (5,9 %), népali (1,1 %), kinnauri (1,0 %), kashmiri (0,8 %), lahauli (0,3 %), dogri (0,3 %), tibétain (0,3 %), bhotia (0,1 %), ourdou, bengali, oriya, bhili, gujarati , maithili, marathi, handeshi. malayalam, télougou
Système politique: État de l'Union indienne
Articles constitutionnels (langue): art. 15, 29, 30, 120, 210, 343 à 350 de la Constitution de 1956 (en vigueur)
Lois linguistiques de l'Union:
Code de procédure civile (1908); Ordonnance présidentielle de 1960; Loi sur les langues officielles (1963/1967); Loi sur les textes autorisés (lois fédérales) (1973); Règlements sur les langues officielles (1976/1987); Ordonnance n° 18 sur l'audition du procès et l'examen des témoins (1976); Loi sur la Commission nationale pour les minorités (1992); Loi sur les réseaux câblés de télévision (Réglementation) (1995); Loi sur la Commission nationale pour les établissements d'enseignement minoritaires (2004); Loi sur le droit à l'information (2005); Règlement sur la Commission nationale pour les établissements d'enseignement minoritaires (procédure d'appel) (2006); Directives relatives à la langue officielle de 2009; Loi sur le droit des enfants à une éducation gratuite et obligatoire (2009).
Lois de l'État: Loi sur la langue officielle de l'Himachal Pradesh (1975);
Loi sur la langue officielle de l'Himachal Pradesh (dispositions supplémentaires) de 1981.

1 Situation générale

L'Himachal Pradesh est un État indien d'une superficie de 55 780 km² (Inde: 3 287 590 km²) situé au nord-ouest. L'État est limité au nord par le Jammu-et-Cachemire, à l'est par la Chine, au sud-est par l'Uttaranchal, au sud-ouest par le Panjab et l'Uttar Pradesh. Le nom Himachal Pradesh signifie «État des montagnes enneigées», en raison des chaînes de l'Himalaya, qui dominent son relief et dont l'altitude varie entre 4600 mètres et plus de 6700 mètres. La capitale de l'État est Shimla (ou Simla), laquelle a longtemps été la capitale d'été du Raj britannique.

L'Himachal Pradesh est divisées en 12 districts : Kangra, Hamirpur, Mandi, Bilaspur, Una, Chamba, Lahul-et-Spiti, Sirmaur, Kinnaur, Kullu, Solan et Shimla.

2 Données démolinguistiques

Selon le recensement de 2001, la population de l'Himachal Pradesh de 6,0 millions (exactement 6 077 900) d'habitants. Toutefois, ce résultat ne tient pas compte de la population du district du Kinnaur (env. 84 000), alors inaccessible au moment du recensement en raison des glissements de terrain et autres catastrophes naturelles. Comme dans beaucoup d'États indiens, l'Himachal Pradesh est une région multiethnique, multilingue et de confessions religieuses multiples, comptant une vingtaine de langue différentes, et plusieurs petites langues en voie de disparition.

La langue largement majoritaire est l'hindi, parlé par 89 % de la population. La langue minoritaire la plus importante est le panjabi (5,9 %), suivie de l'ourdou (1,1 %) et du kinnauri (1 %). Pour des raisons historiques, l'hindi et l'ourdou sont des langues distinctes (voir l'hindoustani). Toutes les autres langues ne sont parlée que par un petit nombre de locuteurs, c'est-à-dire moins de 50 000 locuteurs, sinon quelques milliers ou encore moins. Le tableau qui suit illustre les langues parlées par plus de 1000 locuteurs dans l'Himachal Pradesh :

Langue maternelle Locuteurs (2001) Pourcentage Groupe linguistique
hindi    5 409 758 89,0 % langue indo-iranienne
panjabi      364 175   5,9 % langue indo-iranienne
népali         70 272  1,1 % langue indo-iranienne
kinnauri         64 296  1,0 % famille sino-tibétaine
kashmiri         50 192  0,8 % langue indo-iranienne
lahauli         20 339  0,3 % langue indo-iranienne
dogri         18 777  0,3 % langue indo-iranienne
tibétain         18 112  0,3 % famille sino-tibétaine
bhotia           8 975  0,1 % langue indo-iranienne
ourdou           4 787  0,0 % langue indo-iranienne
bengali           4 772  0,0 % langue indo-iranienne
oriya           3 990  0,0 % langue indo-iranienne
bhili           2 840  0,0 % langue indo-iranienne
gujarati           2 779  0,0 % langue indo-iranienne
maithili           2 015  0,0 % langue indo-iranienne
marathi           1 679  0,0 % langue indo-iranienne
khandeshi           1 573  0,0 % langue indo-iranienne
malayalam           1 231  0,0 % famille dravidienne
télougou           1 176  0,0 % famille dravidienne

Ce tableau ne présente pas les petites langues sino-tibétaines (districts de Lahaul, Spiti‎ et Kinnaur), parlées par quelques dizaines de locuteurs (ou encore moins). En général, les locuteurs de cet État parlent des langues indo-iraniennes et des langues dravidiennes. D'après les données statistiques, les minorités forment au moins 11 % de la population de l'Himachal Pradesh.

2.2 L'hindi et ses variétés

Les habitants de l'Himachal Pradesh parlent une variété de l'hindi, appelée le pahari («de la montagne»). C'est un groupe de langues parlées aux pieds de l'Himalaya, depuis l'est du Népal jusque dans les États indiens de l'Uttaranchal et de l'Himachal Pradesh. Cette langue est fragmentée en trois sous-variétés: le pahari central, le pahari oriental (ou népali) et le pahari occidental.

Le pahari central est lui-même divisé en trois dialectes: le garhwali dans la région de Garhwal (centre-sud de l'Uttarakhand), le jaunsari dans le district de Dehra Dun (sud-ouest de l'Uttarakhand) et le kumaoni dans le district de Nainital (sud-est de l'Uttarakhand). Le pahari oriental correspond au népali parlé au Népal et dans le nord de l'Inde. Le pahari occidental est parlé dans les vallées de l'Himachal Pradesh; il se divise lui-même en plusieurs dialectes, dont le sirmauri et le keonthali parlés à Shimla, la capitale, ainsi que le chambiali, le churahi, le mandeali, l'himachali et le kuluhi, tous parlés dans l'Himachal Pradesh. Le pahari est une langue ancienne issue à la fois du sanskrit et du prakrit. Au moins 60 % des hindiphones de l'Himachal Pradesh utilisent cette variété en plus de l'hindi.  

2.3 Les langues tribales

L'État de l'Himachal Pradesh compte plusieurs petits peuples tribaux (4 % de la population de l'État), notamment les Kinnauris (Kinnaur), les Lahaulis (Lahul-et-Spiti), les Gaddis (district de Chamba), les Gujjars (districts de Chamba et Lahul-et-Spiti), etc. Ce sont en général des bergers, des éleveurs de troupeaux et de petits commerçants locaux; ils sont de confession hindoue ou musulmane. La plupart de ces peuples, qui habitent près du Tibet, parlent des langues sino-tibétaines: le kinnauri, lahauli, gaddi, adi, angami, balti, garo, halam, etc. La plupart de ces petites communautés sont les descendant d’ethnies venues de Mongolie vers le début du premier millénaire avant notre ère. Mais les Tibétains, qui représentent une communauté importante, proviennent des réfugiés en Himachal depuis la fin des années 1950, à Dharamsala (où le dalaï lama a aujourd'hui encore sa résidence) et dans la vallée de Kangra. Il existe aussi des petites langues indo-iraniennes (gujjar ou gujari) et des langues austro-asiatiques (bhumij, gabada, ho, kharia, etc.). En principe, les langues tribales sont protégées par la Constitution indienne.

La grande majorité des habitants de l'Himachal Pradesh est de religion hindoue (95,5 %); les communautés les plus importantes sont les brahmanes, les râjputs, les kannets, les rathis et les kolis. Les musulmans, pour leur part, sont peu représenté dans cet États (2 %), alors qu'ils forment 13,4 % dans l'ensemble de l'Inde. Les castes hindoues les plus représentatives sont les brahmanes, les rajputs, les kannets, les rathis et les kolis.

3 Données historiques

Environ il y a deux millions d'années, les premiers humains ont vécu dans les contreforts de l'Himachal Pradesh, notamment dans la vallée de Bangana (district de Kangra), la vallée de Sirsa (district de Solan) et la vallée de Markanda (district de Sirmour). Les contreforts de l'État furent peuplés par les habitants de la civilisation de l'Indus, entre 2250 et 1750 avant notre ère. Dans la tradition védique, ces populations furent désignés comme les Dasa, les Dasyu et les Nishada, alors que dans les écrits postérieurs ils furent appelés Kinnar, Naga et Yaksha.

3.1 Les premiers envahisseurs

Une seconde phase migratoire se poursuivit avec l'arrivée des mongoloïdes comme les Bhota et les Kirata. Puis les Aryens constituèrent la troisième vague d'immigration, la plus importante pour l'histoire du nord de l'Inde, car ils imposèrent leur langue dans tout le nord de l'Inde. Ils arrivèrent progressivement au cours de la période védique (entre 1500 et 500 avant notre ère), s'installèrent dans les vallées les plus fertiles et assimilèrent les populations indigènes. Ils se constituèrent en petits royaumes indépendants et plus ou moins rivaux, les janpada.

Ce morcellement politique prévalut durant plusieurs siècles, avec quelques interruptions lorsque des dynasties indiennes puissantes réussirent à imposer une unité dans ces territoires considérés comme peu accessibles. C'est ainsi que les Maurya (-321 à -185) contrôlèrent la région, suivis des Gupta (320 à 540) et de l'empereur Harsha de Kanauj (605-647).  Après l'effondrement de l'empire des Gupta et l'ascension de Harsha, la région fut de nouveau gouvernée par des seigneurs locaux, mais la plupart reconnurent la suprématie de l'empereur Harsha (590-648).

Quelques décennies après la mort de Harsha, les dynasties des Rajput acquirent une position dominante dans le nord et l'ouest de l'Inde, où ils purent fonder des principautés de type féodal: Kangra, Nurpur, Suket, Mandi, Kutlehar, Baghal, Bilaspur, Nalagarh, Keonthal, Dhami, Kunihar, Bushahar et Sirmour. Cette époque de morcellement, qui perdura jusqu'à la conquête musulmane, fut appelée la «période rajpoute».

À partir du XIIIe siècle, des envahisseurs musulmans venus de l'Ouest prirent progressivement le contrôle des régions gouvernées par les Rajput. La dynastie musulmane des Moghols (déformation de Mongol ou Turc) fut fondée en 1526 en Inde par Bâbour, le descendant de Tamerlan, lorsqu'il défit Ibrahim Lodi (1526-1538), le dernier sultan de Delhi à la bataille de Pânipat. À la fin du XVIe siècle, les princes des derniers États rajputs reconnurent la souveraineté des envahisseurs moghols. L'Empire moghol marqua l'apogée de l'expansion musulmane en Inde. Au cours de cette période, l'Inde était appelée Hindoustan, c'est-à-dire «terre des hindous» en persan. Par la suite, la puissance moghole commença à péricliter, alors que plusieurs petits États princiers indiens obtinrent leur indépendance. En 1707, avec le décès d'Aurangzeb, disparut le dernier grand Moghol. Il n'en demeure pas moins que les Moghols auront régné sur l'Inde du Nord jusqu'à la fin du XIXe siècle, avant de laisser la place à l'Empire britannique des Indes. Puis le souverain Sansar Chand (vers 1765-1823) du royaume de Kangra (dans l'Himachal Pradesh), appartenant à la dynastie Katoch (Rajput), étendit son royaume sur Kangra, Chamba, Suket, Mandi, Bilaspur, Guler, Jaswan, Siwan et Datarpur, c'est-à-dire tout l'ouest de l'Himachal Pradesh.  En 1806, le roi Sansar Chand fut défait par les Gurkha, qui avaient conquis le Népal et s'y étaient installés en 1768.

Graduellement, les Gurkha consolidèrent leur pouvoir et annexèrent les royaumes de Sirmour et de Shimla. Cependant, en 1809, ils ne purent s'emparer du fort de Kangra défendu par le Maharaja Ranjit Singh, le puissant maître du Panjab voisin. Après leur défaite, les Gurkha durent céder 70 des villages de la principauté de Kangra à Ranjit Singh et ils décidèrent d'étendre leur royaume vers le sud. Les Moghols, les Gurkha du Népal et les Sikhs occupèrent donc ensemble la région jusqu'à l'arrivée des Britanniques en 1815. Puis les Gurkha entrèrent directement en conflit avec les Britanniques, ce qui entraîna la guerre anglo-gurkha (1814–1816).

3.2 La colonisation britannique

Défaits par les Britanniques, les Gurkha signèrent le traité de Saugali en novembre 1815, mais ils se rebellèrent et furent écrasés à Makwanpur en 1816. Par la suite, les Gurkha servirent comme troupes sous contrat pour la Compagnie anglaise des Indes orientales (East India Company) au cours de la guerre des Pindarî de 1817, à Bhurtbore en 1826 et au cours des guerres anglo-sikh (1845-1846 et 1848-1849). En 1819, les Britanniques fondèrent la ville de Shimla pour y établir leurs quartiers d'été, c'est-à-dire qu'elle devint alors la capitale d'été du régime de l'Inde britannique.

L'année 1857 marqua la première révolte indienne contre les Britanniques. Ceux-ci réprimèrent avec succès les rébellions indiennes. En 1858, le Parlement britannique transféra par la Government of India Act (Loi sur le gouvernement de l'Inde) le pouvoir politique détenue par la Compagnie des Indes orientales (East India Company) à la Couronne, et l'empereur moghol définitivement déposé. Le Royaume-Uni administra la majeure partie de l'Inde, par l'intermédiaire de l'India Office, tout en contrôlant le reste au moyen de traités passés avec les rois et princes locaux. C'est à partir de cette époque que la langue anglaise fut instaurée dans l'administration indienne.  La reine Victoria fut déclarée «impératrice des Indes» en 1876, neuf ans avant la fondation du Parti du Congrès (1885). Les Britanniques ne restituèrent pas leurs possessions aux princes locaux, qui s'accommodèrent de l'autorité anglaise, notamment les royaumes de Chamba, Mandi et Bilaspur, puis ceux de Kangra, Siba, Nurpur et Suket.

Cependant, après la Première Guerre mondiale, le conflit marqua un changement dans l'attitude des Himachalis. Des revendications virent le jour et les Himachalis contestèrent à la fois la présence britannique et les petits potentats indiens qui maintenaient la population dans une situation quasi féodale.

3.3 L'indépendance de l'Inde

La fin de la Seconde Guerre mondiale amena les Britanniques à réaliser que l'indépendance était inévitable: ils n'avait plus le pouvoir ou la volonté de maintenir un si vaste empire, le «joyau de la Couronne britannique». Puis un autre problème surgit: l'importante minorité musulmane de l'Inde constata que l'indépendance signifierait également une domination hindoue sur tout le pays. Le 15 août 1947, l'Inde obtint son indépendance et Jawaharlal Nehru (1889-1964) devint premier ministre. Mais le pays fut aussitôt séparé en deux entités: l'Inde hindoue et le Pakistan musulman. La partie occidentale de l'ancienne province du Bengale fut attribuée à l'Inde sous le nom de Bengale occidental (aujourd'hui le Pakistan) et la partie orientale devint le Pakistan oriental (aujourd'hui le Bangladesh).

L'histoire de l'Himachal Pradesh commença à proprement parler en 1948 lorsqu'un État fut créé par la réunion de 30 principautés, représentant une superficie de 27 000 km². En 1956, cet État acquit le statut de «territoire de l'Union» et fut directement administré par le gouvernement central qui lui adjoignit le territoire de Kangra et les régions montagneuses du Panjab en 1966. En réalité, l'État de l'Himachal Pradesh était constitué de deux blocs, séparés par les districts de Kangra et de Kulu, ainsi que le Lahaul-Spiti rattachés alors au gouvernement du Panjab. Le 25 janvier 1971, l'Himachal Pradesh devint un État à part entière, le 18e de l'Inde, avec ses dimensions actuelles. Enc1975, le Parlement de l'Himachal Pradesh adopta la Loi sur la langue officielle de l'Himachal Pradesh, qui imposait l'hindi comme langue officielle de l'État.  

4 La politique linguistique

L'État de l'Himachal Pradesh a élaboré une politique linguistique destinée à valoriser la langue officielle locale, l'hindi, tout en conservant à l'anglais ses prérogatives. L'article 3 de la Loi sur la langue officielle de l'Himachal Pradesh proclame que l'hindi est la langue officielle de l'État de l'Himachal Pradesh:

Article 3

L'hindi comme langue officielle de l'État

La langue officielle de l'État de l'Himachal Pradesh est l'hindi.

Il n'existe pas d'autre langue officielle, même au plan local.

4.1 La langue de la législation et des règlements

Les dispositions de l'article 5 de la Loi sur la langue officielle de l'Himachal Pradesh de 1975 énoncent que l'hindi est la langue obligatoirement employée dans toute la législation, les règlements, ordonnances et arrêtés de l'État de l'Himachal Pradesh:

Article 5

Langue à employer dans les projets de loi et autres

À la date que le gouvernement de l'État peut, par avis, désigner par ce nom que la langue à employer dans:

(a) tous les projets de loi présentées ou les modifications proposées à la Chambre de la Législature de l'État;

(b) toutes les lois adoptées par la Législature de l'État;

(c) toutes les ordonnances promulguées par le gouverneur en vertu de l'article 213 de la Constitution; et

(d) toutes les ordonnances, tous les règlements et arrêtés émis par le gouvernement de l'État en vertu de la Constitution ou de toute loi pour le moment en vigueur dans l'État;

doit être l'hindi :

Sous réserve que le gouvernement de l'État puisse désigner des dates différentes concernant les fins mentionnées aux alinéas (à) à (d) ci-dessus.


C'est pourquoi aucune publication gouvernementale n'est prévue dans l'une ou l'autre des langues minoritaires, y compris en panjabi.  Seul l'hindi est autorisé.

4.2 Les services gouvernementaux

L'Himachal Pradesh est un État massivement hindiphone. C'est dans cet esprit que l'État a décidé de n'utiliser que l'hindi dans ses services auprès des citoyens. L'article 7 de la Loi sur la langue officielle fait allusion à «toute autre langue employée dans l'État», mais dans les faits il n'en existe pas d'autre, hormis l'anglais.

Article 7

Droit d'une personne de soumettre une requête dans chacune des langues employées dans l'État

Rien dans la présente loi ne peut interdire à quiconque de soumettre une requête pour réparer un grief auprès d'un fonctionnaire ou d'une autorité de l'État dans toute autre langue employée dans l'État.

Quoi qu'il en soit, la connaissance de l'hindi est exigée pour les postes admissibles dans la fonction publique de l'État.

Dans les tribunaux, l'hindi est la langue autorisée avec l'anglais, mais il est possible de recourir à un traduction si le justiciable ignore la langue officielle de l'État. 

L'Himachal Pradesh dispose d'une académie pour les langues minoritaires (Academy for the minority languages): l'Himachal Kala Sanskriti Bhasha. Cette académie fonctionne depuis 1972, mais dans les faits il s'agit d'un organisme destiné à la diffusion de l'hindi, non pour la promotion des langues comme le kinnauri, le panjabi ou l'ourdou. Parmi les documents élaborée par l'académie, il en existe sur le dialecte tibétain de Lahaul, la langue pahari, les cultures tribales des Gaddi, des Pangi et des Gujja, ainsi que des photocopies de manuscrits des XVe et XVIe siècles en pahari. L'académie publie deux périodiques, Lui Bharati, sur le développement de la langue pahari, et Somsi, destiné à la recherche sur l'héritage culturel de l'Himachal Pradesh.

4.3 Les langues de l'enseignement

Le taux d'alphabétisation en Himachal Pradesh est l'un des plus élevés de l'Inde avec 85,3 % pour les hommes (Inde: 75,3 %) et 67,4 % pour les femmes (Inde: 53,7 %). Les efforts du ministère de l'Éducation de l'Himachal Pradesh portent surtout sur l'enseignement primaire, notamment celui des filles. La langue de l'éducation dans tous les établissements d'enseignement est l'hindi, y compris dans les districts où résident des communautés linguistiques minoritaires. Pourtant, non seulement la School Education Act de 1968 ne fait aucune mention d'une quelconque langue (pas même l'hindi), mais l'État demeure quand même assujetti aux prescriptions constitutionnelles (art. 30) concernant la langue des minorités linguistiques:

School Act

Article 30 

Right of minorities to establish and administer educational institutions

1) All minorities, whether based on religion or language, shall have the right to establish and administer educational institutions of their choice.

1A) In making any law providing for the compulsory acquisition of any property of an educational institution established and administered by a minority, referred to in clause (1), the State shall ensure that the amount fixed by or determined under such law for the acquisition of such property
is such as would not restrict or abrogate the right guaranteed under that clause.

2) The State shall not, in granting aid to educational institutions, discriminate against any educational institution on the ground that it is under the management of a minority, whether based on religion or language.

Loi scolaire

Article 30

Droit des minorités de fonder et d'administrer des établissements scolaires

1) Toute minorité, par sa religion ou par sa langue, a le droit de créer et d'administrer les établissements scolaires de son choix.

1A) Au moment de promulguer une loi prévoyant l'acquisition obligatoire de toute propriété appartenant à un établissement scolaire fondé et administré par une minorité telle qu'elle est décrite au paragraphe 1, l'État doit s'assurer que le montant fixé en vertu de cette loi pour ladite acquisition est tel qu'il ne restreint ni n'abolit les droits garantis par la présente.

2) Au moment d'accorder son aide à des établissements scolaires, l'État ne doit pas faire preuve de discrimination à l'endroit de quelque établissement scolaire que ce soit, sous prétexte qu'il est administré par une minorité religieuse ou linguistique.


Néanmoins, une seule minorité linguistique bénéficie d'écoles dans sa langue: les Bhotia, habitant surtout le nord l'État (districts de
Chambra et Lahul-et-Spiti). C'est en effet l'unique communauté minoritaire disposant d'écoles primaires: plus d'une quarantaine d'écoles comptant environ 800 à 900 élèves.

Dans l'enseignement des langues secondes, l'Himachal Pradesh a prévu un régime fondé sur la «formule des trois langues» ou régime trilingue: anglais, ourdou et panjabi.

- Classes de I à X: l'hindi ou le bhotia comme langue maternelle;
- Classes VIII à X: l'hindi et l'anglais «spécial» comme langue seconde;
- Classes V à X: l'anglais comme troisième langue.

Évidemment, les parents choisissent une langue maternelle et une langue seconde, mais seul l'anglais est obligatoire comme troisième langue.

L'Himachal Pradesh dispose de nombreux établissements d'enseignement supérieurs, dont la langue d'enseignement est l'hindi et/ou l'anglais.

4.4 Les médias

La plupart des journaux publiés en Himachal Pradesh sont en hindi: Amar Ujale, Dainik Jagran, Punjab Kesari, etc.  Les autres sont en anglais (The Tribune, Punjab Kesari), en panjabi ou en népali. En ce qui concerne la radio, les stations desservent surtout en hindi, mais aussi en anglais, en panjabi, en ourdou, en népali, en tibétain, en kinnauri, en kashmiri, en lahauli, etc. Même aujourd'hui, la radio demeure l'un des seuls moyens de communication et de divertissement pour de nombreux Himalachis habitant dans les montagnes du Nord. Pour la télévision, les canaux sont disponibles généralement en hindi, mais il existe des émissions en anglais et en ourdou.

L'État de l'Andhra Pradesh a élaboré une politique de valorisation de la langue officielle, l'hindi, en ignorant les droits linguistiques des communautés minoritaires dans les régions ou districts où leurs locuteurs comptent pour au moins 15 % de la population locale. C'est une politique linguistique qui ne respecte pas les dispositions de la Constitution indienne. L'Himachal Pradesh est l'un des États les moins généreux en matière de droits linguistiques. Il n'a pas su concilier les intérêts de la majorité parlant l'hindi et ceux des minorités. Dans ces conditions, les locuteurs des plus petites langues (tribales) ne se voient pas reconnaître de droits, mais cette situation est généralisée dans toute l'Inde. Bref, l'État de l'Himachal Pradesh semble pratiquer une politique linguistique plutôt restrictive à l'égard de ses minorités.   

Dernière mise à jour: 21 févr. 2024

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