Drapeau de l'Inde
État de l'Uttarakhand
Uttarakhand
(Uttaranchal)

(Inde)

Capitale: Dehradun
Population: 10,0 millions (2011)
Langue officielle: hindi (de jure)
Groupe majoritaire: hindi (87,9 %, incluant les locuteurs du garhwali et du kumaoni)
Groupes minoritaires: garhwali et kumaoni (env. 60 %), ourdou (5,8 %), panjabi (2,9 %), bengali (1,4 %), népalais (1 %), sindhi, dogri, kashmiri, oriya ou odia, malayalam, guajarati, marathi, tamoul, télougou, maithili, etc.
Système politique: État de l'Union indienne
Articles constitutionnels (langue): art. 15, 29, 30, 120, 210, 343 à 350 de la Constitution de 1956 (en vigueur)
Lois linguistiques de l'Union:
Code de procédure civile (1908); Ordonnance présidentielle de 1960; Loi sur les langues officielles (1963/1967); Règlement de la Cour suprême (1966); Loi sur les textes autorisés (lois fédérales) (1973); Règlements sur les langues officielles (1976/1987); Ordonnance n° 18 sur l'audition du procès et l'examen des témoins (1976); Loi sur la Commission nationale pour les minorités (1992); Loi sur les réseaux câblés de télévision (Réglementation) (1995); Loi sur la Commission nationale pour les établissements d'enseignement minoritaires (2004); Loi sur le droit à l'information (2005); Règlement sur la Commission nationale pour les établissements d'enseignement minoritaires (procédure d'appel) (2006); Directives relatives à la langue officielle de 2009; Loi sur le droit des enfants à une éducation gratuite et obligatoire (2009).
Lois de l'État: Loi sur la langue officielle (2009)
; Loi sur la Commission des minorités (2002); Loi sur le changement de nom de l'Uttaranchal (2006); Règlement sur le droit des enfants à une instruction gratuite et obligatoire (2011).

1 Situation générale

L'Uttarakhand, appelé auparavant l'Uttaranchal, est un État indien créé le 9 novembre 2000. Cet État de 53 483 km² est bordé au nord par l'État de l'Himachal Pradesh, au nord-est par la Chine (Tibet), à l'est par le Népal, au sud et à l'ouest par l'État de l'Uttar Pradesh (dont il a déjà fait partie); il est aussi voisin de l'État de l'Haryana à l'extrémité ouest. La ville de Dehradun, dans l'ouest de l'État, est la capitale provisoire, mais c'est le village de Gairshan situé au centre de l'État, qui a été désigné pour devenir la future capitale. L'appellation Uttarakhand provient du sanskrit et signifie «pays du Nord».

La plus grande partie du nord de l'Uttarakhand est couverte par les montagnes et les glaciers de l'Himalaya, tandis que le Sud est densément boisé. C'est pourquoi l'Uttarakhand est un État réputé pour la beauté de ses paysages. Deux des plus grands cours d'eau de l'Inde, le Gange et la Yamunâ, prennent naissance dans les glaciers de cette région.

Au point de vue administratif, l'Uttarakhand compte 13 districts regroupés en deux régions ou «divisions territoriales». On trouve à l'ouest le Garhwal et à l'est, le Kumaon.

Uttarakhand Les districts du Garhwal sont au nombre de sept; ceux du Kumaon, au nombre de six : Les districts les plus populeux, ceux qui dépassent le million d'habitants, sont le Dehradun, le Haridwar et l'Udham Singh Nagar (voir le tableau ci-dessous).

Le Garhwal, dont le nom traditionnel était Uttarakhand, est un ancien royaume qui faisait partie de l'empire Maurya (322–185 avant notre ère). Quant au Kumaon, son origine proviendrait du mot "Kurmanchal" qui signifie «terre de Kurma Avatar», l'incarnation de la tortue du dieu hindou Vishnou.

2 Données démolinguistiques

Au recensement de 2001, la population de l'Uttarakhand était de 8,4 millions d'habitants. Lors du recensement de 2011, la population avait atteint les 10 millions. Les habitants de cet État peuvent être appelés «Uttarakhandis». Pour simplifier, on peut dire que ce sont les districts du Sud qui sont les plus populeux et ceux du Nord, les moins habités. Le district de Haridwar au sud-ouest, avec ses 801 habitants au kilomètre carré, est manifestement le plus habité. 

  District Population 2011 Alphabétisation Densité (km²)
1 Haridwar (Garhwal) 1 890 422 73,4 % 801
2 Dehradun (Garhwal) 1 696 694 84,2 % 549
3 Udham Singh Nagar (Kumaon) 1 648 902 73,1 % 649
4 Nainital (Kumaon) 954 605 83,8 % 225
5 Pauri Garhwal (Garhwal) 687 271 82,0 % 129
6 Almora (Kumaon) 622 506 80,4 % 198
7 Tehri Garhwal (Garhwal) 618 931 76,3 % 170
8 Pithoragarh (Kumaon) 483 439 82,2 %   68
9 Chamoli (Garhwal) 391 605 82,6 %   49
10 Uttarkashi (Garhwal) 330 086 75,8 %   41
11 Bageshwar (Kumaon) 259 898 80,0 % 116
12 Champawat (Kumaon) 259 648 79,8  % 147
13 Rudraprayag (Garhwal) 242 285 81,3 % 122
- - 10 086 292 79,6 % 251

Les habitants originaires de l'Uttarakhand se dénomment eux-mêmes Pahari, ce qui signifie «hommes des collines». Il existe deux ethnies majoritaires de la région : les Garhwalis et les Kumaonis.

2.1 Les langues importantes (comptabilisées)

Le tableau qui suit présente la liste des langues parlées par plus de 1000 locuteurs:

Langue maternelle

Population (recensement 2001) Pourcentage Groupe linguistique
Hindi 7 466 413 87,9 % langue indo-aryenne
Ourdou   497 081 5,8 % langue indo-iranienne
Panjabi   247 084 2,9 % langue indo-aryenne
Bengali   123 000 1,4 % langue indo-aryenne
Népalais    91 047 1,0 % langue indo-aryenne
Sindhi     5 266 0,0 % langue indo-aryenne
Dogri     4 705 0,0 % langue indo-aryenne
Kashmiri     4 175 0,0 % langue indo-aryenne
Oriya (ou odia)     3 488 0,0 % langue indo-aryenne
Malayalam     2 870 0,0 % langue dravidienne
Guajarati     2 773 0,0 % langue indo-aryenne
Marathi     2 769 0,0 % langue indo-aryenne
Tamoul     2 215 0,0 % langue dravidienne
Télougou     1 882 0,0 % langue dravidienne
Maithili     1 646 0,0 % langue indo-aryenne
Autres langues   32 686 0,3% -
Total du recensement de 2001 8 489 100 100 % -

À la lumière de ce tableau, nous pouvons constater que l'hindi est vraiment la langue majoritaire avec 87,9 % des locuteurs de l'État de l'Uttarakhan. L'hindi est également la langue officielle de l'État. Suivent l'ourdou (5,8 %), le panjabi (2,9 %), le bengali (1,4 %) et le népalais (1 %). Les autres langues ne recueillent que des miettes : singhi, dogri, karshmiri, odia, etc., sans oublier les langues pahari.

2.2 Les langues pahari

Les peuples autochtones de l'Uttarakhand sont généralement appelées des «Garhwali» ou des «Kumaoni», selon leur lieu d'origine, soit la région de Garhwal ou celle de Kumaon. Les peuples originaires de ces contrées de montagnes parlent encore des langues appartenant au sous-groupe «pahari» (branche indo-aryenne).  C'est un groupe de langues parlées aux pieds de l'Himalaya, depuis l'est du Népal jusque dans les États indiens de l'Uttaranchal et de l'Himachal Pradesh.

- Les catégories de pahari

On distingue trois classes ou catégories de langues pahari. Le dogri fait partie du groupe du pahari occidental; le garhwali et le kumaoni appartiennent au pahari central et le népalais au pahari oriental. Le pahari est une langue ancienne issue à la fois du sanskrit et du prakrit. Si le népalais compte 91 000 locuteurs et le dogri, 4700, il est plus difficile d'établir le nombre exact des locuteurs du garhwali et du kumaoni. Lors du recensement de 2001, beaucoup de locuteurs des ces langues ont été confondus avec l'hindi, car certains ont donné l'hindi comme langue maternelle. En fait, il est difficile de départager les locuteurs de l'hindi et des langues pahari, car la plupart des locuteurs de ces dernières sont bilingues.

- Le garhwali et le kumaoni

Le garhwali, qui compterait 2,9 millions de locuteurs (en 2001, mais 2,2 millions au recensement) répartis en une quinzaine de variétés dialectales, est parlé dans les districts de Tehri Garhwal, de Pauri Garhwal, d'Uttarkashi, de Chamoli, de Dehradun, de Haridwar et de Rudraprayag. Le kumaoni, qui compterait 2,3 millions de locuteurs (mais 2 millions au recensement de 2001) répartis en une vingtaine de variétés dialectales, est parlé dans les districts d'Almora, de Nainital, de Pithoragarh, de Bageshwar, de Champawat et d'Udham Singh Nagar.

- Des langues ancestrales en danger

Les langues garhwali et kumaoni sont employées par une bonne partie de la population; au moins 60 % des hindiphones de l'Uttarakhand utiliseraient ces langues maternelles localement en plus de l'hindi, mais elles sont confinées aux communications informelles. Comme ce sont des langues fragmentées en de nombreuses variétés dialectales et qu'elles ne sont pas normalisées, elles ne sont pas reconnues par l'État de l'Uttarakhand ni par l'Inde, malgré les demandes faites en ce sens. Ces langues ancestrales sont même dévalorisées et méprisées au plan social; elles sont considérées négativement comme des langues rurales et sont désignées comme des «dialectes» ou des «sous-dialectes». L'Unesco a aussi estimé ces langues «en danger», parce qu'elles sont constamment supplantées par l'hindi dans la plupart des fonctions sociales. Ces langues sont de moins en moins transmises aux jeunes générations qui ne veulent plus les apprendre parce qu'elles leur paraissent inutiles.

La plupart des locuteurs d'une langue pahari sont bilingues: ils parlent l'hindi en plus de leur langue maternelle. Comme les langues pahari sont linguistiquement proches de l'hindi, l'apprentissage de l'hindi est rendu plus aisé pour ceux qui parlent déjà ces langues. Il est démontré que plus une langue minoritaire présente une proximité linguistique, plus l'assimilation devient facilitée. Par exemple, il est plus facile pour les Basques espagnols de résister à l'espagnol que pour les locuteurs du galicien: non seulement le basque n'appartient pas à la famille indo-européenne, mais il n'est pas davantage une langue romane comme le galicien.

Il y a eu quelques fois des mouvements destinés à valoriser les variétés du garhwali et du kumaoni, mais aucun n'a réussi à faire changer la situation. Des groupes ont aussi formulé des revendications pour inscrire le garhwali et et le kumaoni dans l'Annexe VIII de la Constitution indienne, mais sans succès pour le moment.

2.3 Le sanskrit

Le sanskrit est aux langues indo-aryennes ce qu'est le latin pour les langues romanes. C'est donc une langue ancienne, la mère d'un grand nombre de langues du sub-continent indien. Dans l'Uttarakrand, quelque 420 locuteurs ont déclaré parler cette langue lors du recensement de 2001. L'État en a fait officiellement la seconde langue officielle après l'hindi. En fait, l'Uttarakhand est le seul État indien à avoir accordé ce statut au sanskrit.

2.4 L'anglais

L'anglais demeure une langue étrangère dans l'État, mais c'est aussi une langue véhiculaire importante enseignée dans la plupart des écoles publiques et dans pratiquement toues les écoles privées. C'est aussi une langue seconde pour tous les habitants de l'Uttarakhand. Néanmoins, comme dans d'autres États indiens, la langue anglaise est devenue une question d'intérêt politique dont l'objectif ultime est de répondre aux aspirations des citoyens. La connaissance de l'anglais est souvent exigée dans un grand nombre d'emplois. Cependant, les locuteurs de l'anglais langue maternelle sont à peu près inexistants en Inde. Ainsi, il est difficile pour un habitant de l'Uttarakhand de trouver quelqu'un de compétent à qui parler en anglais. Dans les faits, si les Indiens sont souvent de parfaits bilingues, ce n'est pas avec l'anglais qu'ils le sont, mais avec leur langue maternelle et la langue officielle de leur État, voire avec l'hindi. 

2.5 Les religions

En 2011, les hindous constituaient 82,9 % de la population; ils étaient donc nettement majoritaires. Les musulmans représentaient 13,9 %; les sikhs, 2,3 %; les chrétiens, 0,3 %; les bouddhistes, 0,1 %, les jaïnistes, 0,09 %. Il ne reste que 0,15 % pour les autres. L'Uttarakhand abrite quelques temples hindous parmi les plus sacrés et les plus vieux de l'Inde.

3 Données historiques

L'État de l'Uttarakhand a fait partie de l'Uttar Pradesh jusqu'au 9 novembre 2000. Son histoire est donc identique à celle de l'Uttar Pradesh. Dans l'Antiquité, l'Uttar Pradesh était connu comme le Madhya Desh. Étant situé sur la route des envahisseurs du Nord-Ouest et faisant partie de la riche plaine fertile entre Delhi et Patna, l'Uttar Pradesh a connu une histoire étroitement liée à celle de l'Inde du Nord. La plupart des envahisseurs du nord de l'Inde ont passé par les plaines du Gange de ce qui est maintenant appelé l'Uttar Pradesh. Le contrôle de cette région devint vital pour le pouvoir et la stabilité de tous les empires majeurs de l'Inde.

3.1 L'arrivée des Indo-Aryens

La première civilisation importante se constitua aux environs de 2500 avant notre ère le long de la vallée de l'Indus (actuellement le Pakistan); cette civilisation subit les invasions des Indo-Aryens, lesquels implantèrent l'hindouisme, ainsi que leur culture et les structures sociales (dont les castes) encore en vigueur aujourd'hui. Les Indo-Aryens sont également à l'origine des langues parlées dans tout le nord de l'Inde (hindi, panjabi, marathi, etc.), langues que l'on classe aujourd'hui comme les langues du groupe indo-iranien (sous-groupe indien ou aryen) appartenant à la famille indo-européenne

Au cours des siècles suivants, soit de 1500 à 200 avant notre ère, les Indo-Aryens prirent le contrôle de tout le nord de l'Inde en expulsant les Dravidiens plus au sud du sous-continent. On en constate aujourd'hui les conséquences linguistiques de cette répartition territoriale: les langues indo-aryennes (ou indo-iraniennes) occupent le Nord, alors que les langues dravidiennes sont confinées au sud de l'Inde (voir la carte linguistique). C'est durant cette période que les Vedas (écritures sacrées hindoues) furent écrites et que le système de castes fut définitivement établi pour assurer le statut de Brahman (prêtres issus de la 1re civilisation).  Vers 500, le bouddhisme et le jaïnisme firent leur apparition dans le pays.

3.2 Les Moghols musulmans

À partir de 1206, c'est-à-dire à la création du sultanat de Delhi, les musulmans accrurent leur influence qui allait durer plusieurs siècles, et ce, sans jamais être absorbés par l'hindouisme. De grands empires musulmans se succédèrent jusqu'en 1300. Ceux-ci n'affectèrent pas la région de façon permanente, mais en 1336 un royaume musulman s'établit simultanément à l'établissement d'un royaume hindou. De nombreux petits royaumes firent leur apparition et certains disparurent jusqu'à l'arrivée des Moghols. À l'époque de l'Empire moghol, l'Uttar Pradesh devint le centre du vaste empire de l'Hindoustan, nom que l'on utilise encore de nos jours pour désigner l'Inde. Les empereurs moghols Bâbur et Humâyûn gouvernaient à partir de Delhi.

En 1517, la mort du sultan de Delhi modifia les rapports de force au sein de la noblesse et fragilisa la dynastie des Lodi, une dynastie musulmane sunnite d'origine afghane qui régnait sur le sultanat de Delhi depuis 1451. Le prince moghol Bâbur (1483-1530), descendant de Tamerlan et déjà maître de l'Afghanistan, profita de ce contexte favorable pour vaincre les Lodi, en avril 1526, à la bataille de Panipat, ce qui inaugurait la domination moghole sur le nord de l'Inde. Lorsque Bâbur fonda son empire, il mit davantage l'accent sur son héritage turco-mongol que sur sa religion musulmane. Il passa le reste de sa vie à organiser son nouvel empire et à embellir Agra, sa capitale. Il créa aussi une nouvelle monnaie : la roupie, qui est encore utilisée en Inde, ainsi qu'au Pakistan, au Népal, au Sri Lanka, etc. À la mort de Bâbur, son fils aîné, Humâyûn (1508-1556), lui succéda.

En 1556, Jalâluddin Muhammad Akbar succéda à son père Humâyûn à la tête d'un royaume musulman au nord de l'Inde que ce dernier avait regagné à la fin de sa vie, une fois revenu de son exil de Perse. Akbar agrandit son royaume dès 1561 autour de Delhi. À partir de ce moment, il commença à régner en maître incontesté sur tout le nord de l'Inde. Il conquit le Gujarat en 1573, puis le Bengale en 1576, le Sind en 1590, l'Orissa en 1592, le Baloutchistan (Pakistan) en 1594. Par la suite, il hérita du Cachemire et du royaume de Kaboul (Afghanistan). À son décès en 1685, l'empire d'Akbar s'étendait dans tout le nord de cette grande région, de Kaboul à Dacca, ce qui comprendrait aujourd'hui une partie de l'Afghanistan, le Pakistan, le nord de l'Inde (y inclus le Népal) et le Bangladesh. 

Du fait que les Moghols contrôlaient un empire musulman, c'est le persan qui servit de langue administrative en employant l'alphabet arabo-persan. C'est Akbar qui fit traduire les classiques hindous en langue persane, qui organisa des discussions théologiques entre chrétiens, hindous, sunnites, chiites, zoroastriens et sikhs, et qui supprime la jizyia, une taxe prélevée sur les non-musulmans, rendant ainsi égaux devant l'impôt tous les sujets de son empire.

C'est sous le règne de son fils, Jahângîr (1569-1627), que l'Empire moghol devint la plus grande puissance du monde de son temps, sans pour autant être tenté de partir à la conquête de l'Occident. Son successeur, Aurangzeb (1618-1707) fut un musulman orthodoxe, adepte des interprétations les plus conservatrices du Coran. Il interdit même l'hindouisme, ce qui allait entraîner la création d'un empire rival, l'Empire marathe, de confession hindouiste, entre la vallée du Gange et l'Inde centrale. 

3.3 Les Indes britanniques

Lors de la seconde moitié du XVIIIe siècle, une série de batailles donna le contrôle de la province du Nord (Uttar Pradesh) à la Compagnie britannique des Indes orientales.  Après la guerre anglo-indienne avec les guerres afghanes (1839-1842 et 1878-1880), les guerres sikh (1845-49) et la révolte des Cipayes (1857-1858), l'Inde resta sous la tutelle des Britanniques en 1858; le gouverneur général de l'Inde devint vice-roi. Les Britanniques rattachèrent les terres situées entre le Gange et la Yamuna, la région de Delhi, ainsi que des parties du Bundelkhand et du Braj à un territoire qu'ils appelèrent «les provinces du Nord-Ouest» ("the North-Western Provinces"). La langue anglaise fut imposée comme langue administrative, ce qui permit aux colons britanniques de maintenir une certaine supériorité par rapport aux peuples colonisés. Par la suite, les fonctionnaires britanniques œuvrant dans la région (devenue le Panjab) préparèrent une politique en éducation pour l'enseignement des langues. Comme l'ourdou était déjà employé dans le nord-ouest de l'Inde, il a semblé préférable de perpétuer ce système au lieu de l'anglais. Néanmoins, les «autochtones» qui étaient employés dans l'administration durent savoir l'anglais. Le département de l'Instruction publique, créé en 1855, a conservé le persan comme langue des registres et de l'administration; plus tard, le persan fut remplacé par l'ourdou qui est devenu la langue d'enseignement pour les garçons, la langue de l'administration et celle de la justice aux niveaux inférieurs.

Mais le mécontentement dû à l'administration britannique engendra une grande rébellion à travers la province; elle allait devenir le point de départ de la révolte des Cipayes. Après que les Britanniques eurent maté la rébellion, ceux-ci tentèrent de diviser les régions révolutionnaires en redécoupant les territoires. En 1902, les Britanniques créèrent les «Provinces unies d'Agra et d'Oudh» ("United Provinces of Agra and Oudh"); le nom officiel a été raccourci par la Government of India Act of 1935 en «Provinces-Unies» ("United Provinces"); cette province correspondait approximativement aux États indiens de l'Uttar Pradesh et de l'Uttarakhand.

3.4 L'indépendance de l'Inde et l'Uttar Pradesh

Le 15 août 1947, l'Inde obtint son indépendance et Nehru devint premier ministre. Mais le pays fut aussitôt séparé en deux entités religieuses opposées: une Inde qui se prétendait hindoue (bien que la Constitution déclarait le pays "secular" dans le préambule) et un Pakistan qui se voulait résolument musulman, alors que des hindous sont restés au Pakistan et des musulmans en Ide. Deux ans après l'indépendance, le 12 janvier 1950, la région obtint le nom actuel de l'Uttar Pradesh et devint un État de la république de l'Inde, ce qui incluait alors l'Uttaranchal (Uttarakhand). En fait, cet État résultait de la fusion de la région avec l'État princier de Tehri Garhwal et de la province de Kumaon, ce qui correspond aujourd'hui aux «divisions» de Garhwal et de Kumaon. L'année suivante, l'État de l'Uttar Pradesh adoptait la Loi sur la langue officielle qui rendait l'hindi la seule langue officielle. L'Uttar Pradesh fut appelé le "Hindi heartland of India", c'est-à-dire le «cœur de l'hindi indien». En 1989, l'Assemblée législative modifiait la Loi sur la langue officielle (modification) pour accorder à l'ourdou le statut de «seconde langue officielle» à toutes les fins de l'État. Cette nouvelle disposition n'était pas limitée à quelques quartiers spécifiés, car elle s'appliquait à l'ensemble de l'État de l'Uttar Pradesh.

Dès 1979, des mouvements autonomistes firent leur apparition afin de détacher le Garhwal et le Kumaon de l'Uttar Pradesh. Les autonomistes faisaient valoir les caractéristiques distinctes de leur région en invoquant la géographie, la culture, les langues et les traditions, ce qui allait contribuer à créer une nouvelle identité, alors que celle-ci allait devenir politique en 1994 par la demande d'un État distinct; ce sera l'Uttaranchal qui deviendra l'Uttarakhand.

En novembre 2000, la loi fédérale, l'Uttar Pradesh Reorganisation Act 2000 (Loi sur la réorganisation de l'Uttar Pradesh de 2000), créait le nouvel État de l'Uttaranchal et l'Uttar Pradesh dut se départir de 13 districts de cette région:

Section 3.

Formation of Uttaranchal State.

On and from the appointed day, there shall be formed a new State to be known as the State of Uttaranchal comprising the following territories of the existing State of Uttar Pradesh, namely:

Pauri Garhwal, Tehri Garhwal, Uttar Kashi, Chamoli, Dehradun, Nainital, Almora, Pithoragarh, Udham Singh Nagar, Bageshwar, Champawat, Rudraprayag and Hardwar districts, and thereupon the said territories shall cease to form part of the existing State of Uttar Pradesh.

Section 4.

State of Uttar Pradesh and territorial divisions thereof.

On and from the appointed day, the State of Uttar Pradesh shall comprise the territories of the existing State of Uttar Pradesh other than those specified in Section 3.

Section 6.

Saving powers of State Governments.

Nothing in the foregoing provisions of this Part shall be deemed to affect the power of the Government of Uttar Pradesh or Uttaranchal to alter, after the appointed day, the name, area, or
boundaries of any district or other territorial division in the State.

Article 3

Création de l'État d'Uttaranchal

À la date prévue, un nouvel État est créé et connu comme l'État d'Uttaranchal comprenant les territoires suivants de l'État actuel de l'Uttar Pradesh, c'est-à-dire:

Les districts de Pauri Garhwal, Tehri Garhwal, Uttar Kashi, Chamoli, Dehradun, Nainital, Almora, Pithoragarh, Udham Singh Nagar, Bageshwar, Champawat, Rudraprayag ainsi que Hardwar et, par conséquent, lesdits territoires cessent de faire partie de l'État actuel de l'Uttar Pradesh.

Article 4

État de l'Uttar Pradesh et divisions territoriales en découlant 

À la date prévue, l'État de l'Uttar Pradesh comprend les territoires de l'État actuel de l'Uttar Pradesh autres que ceux mentionnés à l'article 3.

Article 6

Préservation des pouvoirs des gouvernements des États

Rien dans les dispositions précédentes de la présente partie ne peut porter atteinte au pouvoir du gouvernement de l'Uttar Pradesh ou de l'Uttaranchal pour modifier, après la date prévue, le nom, la région ou les frontières d'un district ou de toute autre division territoriale de l'État.

Le 9 novembre 2000, l'Uttaranchal est devenu le 27e État de la république de l'Inde. Lors de sa création, l'appellation de «Uttaranchal» devait être provisoire de même que le choix de la capitale à Dehradun. Le village de Gairsen a été évoqué comme la future capitale en raison de sa centralité géographique, mais les controverses et le manque de ressources ont conduit Dehradun à demeurer la «capitale provisoire». En 2006, la Loi sur le changement de nom de l'Uttaranchal changeait le nom de l'État pour l'Uttarakhand, sur la base de la mythologie et de l'histoire.

En 2009, l'Uttarakhand adoptait à son tour la Loi sur la langue officielle (2009) qui rendait l'hindi la langue officielle de l'État, et le sanskrit, la seconde langue officielle.

4 La politique linguistique

La politique linguistique de l'État de l'Uttarakhand ne porte que sur l'hindi, le sanskrit et l'anglais.

4.1 Le statut des langues

La Loi sur la langue officielle de 2009 ne mentionne que deux langues : l'hindi et le sanskrit. L'article 2 énonce que l'hindi est la langue d'usage pour les fins officielles de l'État, en totalité ou en partie:

Article 2

L'hindi comme langue officielle de l'État

Sans préjudice des dispositions des articles 346 et 347 de la Constitution, l'hindi avec l'alphabet devanagari doit être la langue d'usage à l'égard de ce qui suit:

(a)
(1) Les ordonnances promulgués en vertu de l'article 213 de la Constitution;

(2) Les décrets, les avis, les règles, les règlements et les lois émises par le gouvernement de l'État en vertu de la Constitution de l'Inde ou en vertu d'une loi promulguée par le Parlement ou la Législature de l'État; et

(b) En totalité ou en partie des fins officielles de l'État:

Sous réserve que le gouvernement de l'État puisse, par ordonnance générale ou spéciale à cet effet, permettre l'usage de la forme internationale des chiffres indiens à des fins officielles de l'État.

En Inde, les lois linguistiques des États témoignent toujours d'une certaine ambiguïté au sujet de l'expression «fins officielles de l'État» (angl.: "official purpose of the State"). On peut toujours se demander, par exemple, si ces dites fins comprennent les services auprès de la population, les tribunaux et les organismes judiciaires, les établissements d'enseignement, la signalisation routière, l'affichage public, etc. Nous savons seulement que la loi inclut formellement les textes de loi, les règlements, les ordonnances, les décrets, les avis, etc.

- L'hindi

L'hindi est la langue universelle dans l'État de l'Uttarakhand. Tous les Uttarakhandis parlent cette langue, que ce soit comme langue maternelle ou comme langue seconde. C'est la langue qu'utilise généralement l'état et c'est la langue qui est enseignée dans toutes les écoles primaires publiques.

- Le sanskrit

L'article 3 de la Loi sur la langue officielle de 2009 énonce que, «dans l'intérêt des locuteurs du sanskrit, la langue sanskrite doit être utilisée comme seconde langue officielle»:

Article 3

Emploi du sanskrit

Dans l'intérêt des locuteurs du sanskrit, la langue sanskrite doit être utilisée comme seconde langue officielle aux fins qui peuvent être communiquées, le cas échéant, par le gouvernement de l'État.

Quand on sait qu'il n'existe qu'environ 450 locuteurs du sanskrit, comme langue seconde, dans l'État, on ne peut que s'interroger sur la pertinence d'accorder à cette langue un statut de «seconde langue officielle». Cette déclaration ne peut qu'avoir une valeur hautement symbolique. Certains membres du gouvernement croyaient que la promotion du sanskrit allait préserver la culture des Uttarakhandis.

C'est comme si la France déclarait que le latin serait la seconde langue officielle de la République française! La France deviendrait, dans le monde occidental, la risée générale. Le mouvement qui a réussi à faire du sanskrit la seconde langue officielle est perçu ailleurs en Inde comme anachronique, car il s'agit davantage d'une tentative de fétichisation régressive. D'ailleurs, l'Uttarakhand est le seul État indien à avoir agi ainsi.

- L'anglais

Contrairement à la plupart des États indiens, on ne trouve pas de mention concernant la langue anglaise dans la législation de l'Uttarakhand. En principe, l'anglais ne devrait pas servir aux fins officielles de l'État, car il n'a aucun statut reconnu (de jure), mais dans la pratique (de facto) l'anglais est très présent en Uttarakhand. Les lois et les règlements ne sont pas tous traduits en anglais, mais c'est la langue de la Haute Cour de justice de l'État et celle de nombreux ministères, départements ou services, dont celui de la police.  L'anglais est également une langue d'enseignement obligatoire au primaire, sans oublier son omniprésence dans la publicité commerciale.  

4.2 Le changement de nom

En 2006, l'État a adopté la Loi sur le changement de nom de l'Uttaranchal (2006):

Article 3

Modification du nom de l'État de Uttaranchal

À partir du jour fixé, l'État d'Uttaranchal doit être désigné comme l'État de l'Uttarakhand.

On a invoqué des raisons historiques. Le mot Uttarakhand serait un dérivé du sanskrit uttara signifiant «nord» et khanda signifiant «terre», c'est-à-dire «terre du Nord. Cette appellation trouve son origine dans les écritures anciennes hindoues avec une combinaison de «Kedarkhand» (aujourd'hui le Garhwal) et «Manaskhand» (aujourd'hui le Kumaon). La région de lUttarakhand a toujours été un endroit où s'est nourrie la langue sanskrite ; elle a évolué dans les villes religieuses comme Haridwar et Rishikesh. Voilà pourquoi le gouvernement a donné au sanskrit le statut de seconde langue officielle de l'État. En fait, l'Uttarakhand demeure le seul État indien à avoir accordé ce statut au sanskrit.

4.3 Les langues de l'État

L'hindi demeure la seule langue de l'État avec l'anglais. Les lois, règlements et autres actes normatifs sont conçus en hindi et parfois traduits en anglais mais pas toujours; ils ne sont jamais traduits dans des langues minoritaires. En matière de justice, l'hindi est la seule langue employée, sauf à la Haute Cour de l'État où l'anglais est de mise. Dans les tribunaux de première instance, les membres des minorités peuvent s'exprimer dans leur langue maternelle par le biais de la traduction, comme on le ferait pour un ressortissant étranger parlant une langue étrangère.

L'hindi demeure aussi la seule langue employée dans l'administration de l'État avec l'anglais. Il ne semble pas y avoir de procédure pour les membres des minorités de s'exprimer dans leur langue, y compris dans les districts ou les municipalités où ils forment au moins 15 % de la population. 

Bien que de nombreuses affiches publiques soient en hindi, beaucoup d'autres ont des inscriptions uniquement en anglais, notamment en matière d'éducation. Le logo officiel du gouvernement de l'Uttarakhand (cf. en haut au centre) apparaît normalement seulement en hindi, mais certaines affiches ont comme inscription "Gvt. of Uttarakhand" au lieu de la formule équivalente en hindi.       

 4.4 Les minorités linguistiques

Dans l'État de l'Uttarakhand, les minorités linguistiques forment à peine plus de 12 % de la population, les plus importantes étant celles parlant l'ourdou, le panjabi, le bengali et le népalais, si l'on exclut les locuteurs du garhwali et du kumaoni, pourtant majoritaires dans l'État. Ce n'est peut-être pas sans raison que l'État a adopté en 2002 la Loi sur la Commission des minorités, dont les fonctions de ladite commission sont les suivantes:

Article 9

Fonctions de la Commission

1) La Commission exerce en totalité ou en partie des fonctions suivantes, c'est-à-dire:

(a) évaluer les progrès dans l'évolution des minorités dans l'Uttaranchal;

(b) surveiller le fonctionnement des garanties à l'égard des minorités prévues dans la Constitution et dans les lois adoptées par la Législature de l'État;

(c) faire recommandations pour la mise en œuvre effective par le gouvernement des garanties concernant la protection des intérêts des minorités;

(d) examiner les plaintes spécifiques concernant la privation de ses droits et garanties des minorités et de retenir ces questions avec les autorités compétentes;

(e) entreprendre des études au sujet des problèmes découlant de toute discrimination à l'égard des minorités et recommander des mesures pour les éliminer;

(f) entreprendre des études, des recherches et des analyses sur les questions relatives au développement socio-économique et éducatif des minorités;

(g) proposer des mesures appropriées qui doivent être prises par le gouvernement à l'égard d'une minorité;

(h) rédiger des rapports périodiques ou particuliers au gouvernement sur toute question relative aux minorités et, entre autres, sur les difficultés qu'elles éprouvent; et

(i) toute autre question qui peut être soumises par le gouvernement.

2) Le gouvernement doit veiller à ce que les recommandations visées à l'alinéa c) du paragraphe 1) soient déposées devant la Législature de l'État ainsi qu'une note de service expliquant les mesures prises ou proposées concernant ces recommandations et le motif de leur refus de l'une de celles-ci.

3) La Commission doit, tout en exerçant l'une des fonctions mentionnées aux alinéas a), b) et d) du paragraphe 1, possède tous les pouvoirs d'un tribunal civil et en particulier en ce qui concerne les questions suivantes, c'est-à-dire:

(a) convoquer et imposer la présence d'une personne et l'interroger sous serment;

(b) exiger la recherche et la production de documents;

(c) recevoir les témoignages des déclarations sous serment;

(d) réquisitionner des documents publics ou en faire des exemplaires en provenance d'un bureau;

(e) produire des mandats ou examiner des témoins et des documents; et,

(f) toute autre question pouvant être prescrite.

Il semble bien que cette loi soit demeurée sans effet, car peu ne semble avoir été fait à l'égard des minorités qui ne sont guère protégées. Dans son rapport de 2013, le commissaire pour les minorités linguistiques affirmait (p. 44) qu'on ne pouvait pas savoir si l'État de l'Uttarakhand respecte les garanties prescrites par la Constitution, car le gouvernement n'a jamais fourni de réponses aux questionnaires des représentants du commissaire.

The Government of Uttarakhand is urged to take note of the points mentioned above and initiate necessary remedial measures to ensure that the Scheme of Safeguards for the linguistic minorities is implemented effectively in the State. Le gouvernement de l'Uttarakhand est invité à prendre note des points mentionnés ci-dessus et de prendre des mesures correctives nécessaires afin de garantir que le régime des garanties pour les minorités linguistiques est mis en œuvre de façon efficace dans l'État.

Pour le gouvernement, les droits des minorités reposent sur les épaules des représentants des minorités. Voici ce qu'affirmait en décembre 2013 le ministre en chef (Chief Minister) Vijay Bahuguna:

The minorities should be conscious of their rights. Part of the responsibility to ensure that they got their due as per Constitutional provisions rests on shoulders of the intellectuals belonging to these communities. Les minorités doivent être conscientes de leurs droits. Une partie de leur responsabilité à veiller à ce qu'elles obtiennent leur dû selon les dispositions constitutionnelles repose sur les épaules des intellectuels appartenant à ces communautés.

C'est clair: les minorités doivent se battre pour faire respecter leurs droits constitutionnels, ce n'est pas à l'État de le faire. Pourtant, l'Uttarakhand se veut un État modèle de protection pour les minorités; il affirme fièrement financer les écoles et les associations à leur intention, il a créé un ministère distinct et des services bancaires spéciaux.

4.5 Les langues en éducation

En Inde, le système scolaire compte quatre niveaux d'enseignement :

1) le «pré-primaire» (maternelle) appelé "pre-primary school", non obligatoire;
2) le primaire  ("primary"), obligatoire; le primaire du second cycle ("upper primary"), obligatoire;
3) le secondaire ("secondary"), obligatoire au premier cycle; non obligatoire au second cycle "higher secondary");
4) l'enseignement supérieur.

En 2011, le taux d'alphabétisation des adultes de l'Uttarakhand était de 79,6 %, dont 88,3 % pour les hommes et 70,0 % pour les femmes. Dans le domaine de l'enseignement, l'article 350A de la Constitution indienne oblige tout État à assurer, au primaire, l'enseignement de la langue maternelle aux enfants appartenant à des groupes minoritaires:

Article 350A

Chaque État et chaque autorité locale de cet État devra faire en sorte de fournir aux enfants appartenant à des groupes linguistiques minoritaires des installations adéquates pour l'enseignement dans leur langue maternelle au niveau primaire; et le président, s'il juge nécessaire ou approprié que ces installations soient fournies, pourra donner des directives à cet effet à tout État.

Pour ces langues minoritaires, il suffit en principe d'une demande de 10 élèves sur 40 pour que l'État, par exemple l'Uttarakhand, soit tenu de fournir un enseignement dans une langue donnée. L'Uttarakhand compte plus de 15 700 écoles primaires, dont environ 450 pour les autres langues. Puisque 300 de ces écoles utilisent l'anglais comme langue d'enseignement, il reste tout au plus 150 écoles pour les minorités (surtout en ourdou et en panjabi, mais aussi en bengali et en népalais). L'hindi est la langue d'enseignement au niveau de l'école primaire, bien qu'il existe plusieurs écoles privées où la langue d'enseignement est l'anglais. L'hindi et l'anglais font partie des cours obligatoires pour les élèves du secondaire, et l'anglais est généralement la seule langue d'enseignement au niveau universitaire.

La loi scolaire de 2006 (Uttaranchal School Education Act) ne contient aucune disposition d'ordre linguistique. Le Règlement sur le droit des enfants à une instruction gratuite et obligatoire (2011) ne semble guère mieux, car seul l'article 31 mentionne la langue en terme de non-discrimination:
 

Article 31

Tâches à effectuer par les enseignants

8) L'enseignant ne doit faire de la discrimination à un enfant sur la base de la caste, du sexe, de la région, de la religion et de la langue, etc.

Comme c'est fréquent en Inde, le Règlement sur le droit des enfants à une instruction gratuite et obligatoire prévoit qu'une école primaire doit être établie à une distance de marche d'un kilomètre de la zone desservie ayant une population minimale de 200 personnes. Dans les zones rurales, il devrait y avoir un minimum de 25 enfants et, dans les zones urbaines, il devrait y avoir un minimum de 40 enfants dans le groupe des 6-11 ans disponibles et admissibles pour l'inscription à cette école:
 

Article 4

Région ou frontières de quartier

1)
La région ou les frontières de quartier dans lesquelles une école doit être établie par le gouvernement de l'État ou l'autorité locale doit être:

(a) En ce qui concerne les enfants dans les classes de I à V, une école primaire doit être établie à une distance de marche d'un kilomètre de la zone desservie ayant une population minimale de 200 personnes. Dans les zones rurales, il devrait y avoir un minimum de 25 enfants et, dans les zones urbaines, il devrait y avoir un minimum de 40 enfants dans le groupe des 6-11 ans disponibles et admissibles pour l'inscription à cette école;

(b) En ce qui concerne les enfants des classes de VI à VIII, une école primaire de second cycle est établie à une distance de marche de trois kilomètres de la région desservie ayant une population minimale de 400 personnes. Pour les zones rurales, il devrait y avoir un minimum de 25 enfants et, pour les zones urbaines, il devrait y avoir un minimum de 40 enfants dans la classe V de l'école primaire approvisionnée, acceptés ensembles, disponible et admissibles pour l'inscription dans cette école.

(c) À tous les trois ans, l'État doit examiner l'état de la situation de toutes les écoles primaires du premier et du second cycle et il peut envisager de déplacer les écoles qui ne répondent pas aux normes mentionnées dans les règles 1 (a) et (b) de l'article 4.

En plus des 15 790 écoles primaires de premier cycle, l'Uttarakhand compte aussi 923 écoles de second cycles et 3587 écoles secondaires pour un effectif total de 1,74 millions d'élèves. Pour la promotion de l'ourdou et du panjabi, le gouvernement organiserait une formation gratuite aux enseignants.

Dans les langues secondes, l'État de l'Uttarakhand a prévu un régime fondé sur la «formule des trois langues» ou régime trilingue:

- Classes du primaire de premier cycle: l'hindi, l'ourdou ou le sanskrit;
- Classes du primaire de second cycle: l'hindi, l'ourdou ou l'anglais;
- Classes du secondaire: l'hindi, l'ourdou ou l'anglais.

Certains des meilleurs instituts d'enseignement de l'Inde sont situés dans l'Uttarakhand. Les villes de Dehradun, de Nainital et de Mussoorie sont toujours le choix préféré en ce qui concerne l'enseignement scolaire. Ces trois villes abritent des différentes écoles anciennes et patrimoniales du pays. L'Uttarakhand bénéficie d'une université fédérale, de dix universités d'État, de dix universités privées et de quatre instituts autonomes d'importance nationale. La langue d'enseignement est généralement l'anglais.

4.6 Les médias

Dans l'État de l'Uttarkhand, les consommateurs bénéficient de onze quotidiens et de 84 journaux hebdomadaires publiés à partir de différentes régions, notamment dans les villes de Dehradun, de Haridwar, de Tehri, de Pauri Garhwal, de Nainital et d'Udhamsinghnagar. Près de 122 magazines hebdomadaires sont également publiés de l'État. La plupart de ces journaux sont publiés en hindi, mais plusieurs sont en anglais, parfois en ourdou, rarement en panjabi ou en bengali.

Bien que la plupart des stations de radio diffusent en hindi, sinon en anglais, des émissions communautaires sont offertes à la population locale en garhwali et en kumaonien. En général, ces émissions portent sur l'environnement, l'agriculture, la culture, la météo et l'instruction dans les langues locales et avec la participation active des communautés.

ETV Uttarakhand exploite une dizaine de canaux en langue régionale. Le canal Doordarshan Uttarakhand, le réseau national appliqué à une région, diffuse en hindi, en anglais et en ourdou.

De plus, le gouvernement de l'Uttarakhand a donné son accord pour une chaîne de télévision en sanskrit sous la responsabilité de l'Uttarakhand Sanskrit Academy, un organisme relevant de la compétence du gouvernement de l'État. La chaîne serait basée à Haridwar. La chaîne est prévue pour diffuser une série de programmes concernant la littérature sanskrite en plus nouvelles en sanskrit.



 
La politique linguistique de l'État de l'Uttarkhand semble très simple: elle consiste à ne tenir compte juridiquement que de l'hindi et, dans les faits de l'anglais. De façon symbolique, l'État se fait le grand défenseur du sanskrit, une langue morte, contre tout bon sens pratique. En ce qui a trait aux langues minoritaires, l'État se contente de respecter au minimum les prescriptions constitutionnelles en matière d'éducation, notamment l'article 350A de la Constitution. En ce qui concerne les langues autochtones de l'Uttarakhand, le garhwali et le kumaoni, elles sont totalement ignorées, y compris à l'école, pour ne pas dire pourchassées avec un certain... succès. Cette attitude va à l'encontre de l'article 29 de la Constitution de l'Inde, qui énonce que tout groupe de citoyens résidant sur le territoire de l'Inde ou sur toute partie de celui-ci et ayant une langue, une écriture ou une culture distinctes a le droit de les conserver. Pour l'État de l'Uttarakhand, ces langues ancestrales ne constitueraient que des dialectes de l'hindi, d'où leur éviction. Il paraît préférable d'accorder au sanskrit un statut symbolique de «seconde langue officielle» dont il n'a guère besoin. Quant à l'anglais, c'est la politique de la non-intervention et du libre choix dans les établissements d'enseignement, l'affichage public ou commercial, les entreprises, etc. Dans les faits, l'hindi règnerait sans partage dans toute la vie sociale des Uttarakhandis, si ce n'était de la présence importante de l'anglais dans l'affichage.   

L'Inde

 

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