USA drapeau à 20 étoiles
Drapeau des États-Unis
en 1818

Histoire sociolinguistique
des États-Unis

(4) L'expansion territoriale

(1783-1867)

Avis: cette page a été révisée par Lionel Jean, linguiste-grammairien.

Plan de l'article

1 Les États-Unis de 1783

2 L'achat de la Louisiane

2.1 Le rôle de Bonaparte et de Jefferson
2.2 Les nouveaux propriétaires

3 La conquête du Nord-Ouest

4 La Floride et l'expulsion des Indiens

4.1 L'acquisition de nouveaux territoires espagnols
4.2 L'expulsion des Indiens

5 La conquête du Sud-Ouest

5.1 L'annexion du Texas
5.2 La guerre du Mexique et les nouveaux territoires
5.3 La colonisation américaine

6 L'achat de l'Alaska

6.1 Enclaver le Canada avec l'Alaska
6.2 Conflits entre Blancs et autochtones

7 L'éviction des Indiens du pays

7.1 La politique de refoulement dans l'Ouest
7.2 Les réserves indiennes7.2 Les réserves indiennes

8 Les conséquences linguistiques de l'expansionnisme

8.1 Pour les populations autochtones
8.2 Pour le français en Louisiane
8.3 Pour les hispanophones du Sud-Ouest
8.4 L'immigration et les déplacements de population

 

1 Les États-Unis de 1783

En 1783, le territoire des États-Unis était bien petit, par comparaison à ce qu'il deviendra au cours des décennies qui suivront. Lors de l'indépendance, les États-Unis étaient encore coincés entre le Canada britannique, l'Atlantique et la Louisiane espagnole (voir la carte de 1789).

Puis, très tôt,  les dirigeants américains pratiquèrent une politique d’expansion territoriale et de développement économique par la colonisation progressive des terres, l’achat de territoires (Louisiane et Floride) ou l’usage de la force (Californie). Cantonnés en 1783 à la seule façade atlantique, les Américains se lancèrent dans la colonisation de l’Ouest et étendirent rapidement leur territoire, avec la formation de nouveaux États (Ohio, 1803 ; Kentucky, 1792 ; Tennessee, 1796 ; Vermont, 1791).

En 1803, les États-Unis doublèrent leur superficie grâce à l’acquisition de la Louisiane occidentale, vendue par Napoléon pour un montant de 15 millions de dollars.  Ensuite, ce fut la conquête de l'Ouest, de la Floride, du Sud, sans oublier l'achat de l'Alaska aux Russes. À partir de 1815, les Américains ne se sentiront plus britanniques, car ils auront pris conscience de leur force démographique, économique et commerciale. L'une des conséquences de ces expansion territoriales, ce sera la propagation de l'anglais dans tous les nouveaux territoires.

2 L'achat de la Louisiane

Après la victoire de Maringo (le 14 juin 1800), Bonaparte, alors premier consul, força le roi Charles IV d'Espagne à rétrocéder la Louisiane contre la Toscane et Parme en Italie et, le 1er octobre, le traité de Saint-Ildefonse (huit articles) rendait la Louisiane à la France dans ses frontières originelles. Le traité franco-espagnol fut conclu en secret et il était prévu que «la République française pourra différer la prise de possession» (art. 4). C'était, semble-t-il, une précaution bien nécessaire, tant que durait la guerre avec les Britanniques, car il semblait très possible que ces derniers puissent s'emparer de La Nouvelle-Orléans redevenue française.

Toutefois, on avait oublié, tant en France qu'en Espagne, que les Américains s'opposaient à ce «changement de propriétaire».  Entre-temps, Bonaparte pensait envoyer en Louisiane un important corps expéditionnaire formé de dizaines de vaisseaux et de plusieurs milliers de soldats.  Mais le 10 avril 1803, le ministre français du Trésor public, le marquis François Barbé-Marbois, et le ministre de la Marine et des Colonies, le duc Denis Decrès, furent convoqués à Saint-Cloud par Bonaparte qui leur déclara vouloir mettre la Louisiane «hors d'atteinte des Anglais en la cédant aux États-Unis».

Le ministre Barbé-Marbois approuva et expliqua que la Louisiane était indéfendable au regard de l'état des forces navales dans l'Atlantique; il ajouta également que «si les Anglais ne s'en saisissent pas, les Américains le feront».  En somme, Bonaparte n'avait plus la possibilité d'agir librement avec la Louisiane. S'il refusait le partage proposé par les États-Unis, il risquait un conflit militaire qui aboutirait à la perte de la Louisiane en totalité; s'il acceptait la proposition, il restait en possession d'une colonie indéfendable sur laquelle se jetterait la flotte anglaise, déjà en position d'attente. La vente semblait préférable.

2.1 Le rôle de Bonaparte et de Jefferson

Dans l'esprit de Bonaparte, l'abandon aux États-Unis des immenses territoires conquis dans le Nouveau Monde et le surcroît de puissance que les Américains allaient en retirer devaient avoir pour conséquence inéluctable «de donner à l'Angleterre une rivale maritime qui, tôt ou tard, abaissera son orgueil». Sur cet aspect du problème, les faits ont démontré que Napoléon avait vu juste! Il savait que les États-Unis n'accepteraient jamais que leur expansion vers l'ouest soit bloquée par une petite colonie française s'étendant des Grands Lacs au golfe du Mexique. Comme la Louisiane constituait le pivot de toute l'expansion vers l'ouest, les Américains ne l'auraient certainement pas laissée aux Français.

Pour Thomas Jefferson, l’un des «Pères» de la nation américaine et le troisième président des États-Unis, l’achat de la Louisiane à la France, un territoire plus vaste que les États-Unis alors constitués (voir la carte), devait renforcer l’identité politique du pays et rendre possible la naissance d'un grand État. De toute façon, pour Jefferson, le retour de la France en Amérique paraissait difficilement acceptable. Voici ce qu'il écrivit (en français) en avril 1802 à Robert Livingston, son ministre américain à Paris:
 
La cession de la Louisiane par l'Espagne à la France est un coup douloureux pour les États-Unis. De toutes les nations de quelque importance, la France est la seule avec laquelle nous ayons le moins de points de friction et le plus de points communs d'intérêt. Il y a sur le globe un seul endroit dont le possesseur est notre ennemi permanent et naturel, c'est La Nouvelle-Orléans. La présence de la France est un défi à notre égard, alors que l'Espagne s'y trouvait sans ambition aucune. Il est impossible que la France et les États-Unis continuent à être amis quand ils se rencontrent dans une position aussi sensible. Du moment où la France prend possession de La Nouvelle-Orléans, nous devons nous marier à la flotte et à la nation britanniques.

Jefferson suggérait dans sa lettre à Livingston de proposer la cession par la France de La Nouvelle-Orléans et des Florides; il désirait ainsi s'assurer le commerce sur le Mississipi. Quelques semaines plus tard, Bonaparte vendait toute la Louisiane aux États-Unis pour 15 millions de dollars, une somme considérable pour l'époque puisqu'elle représentait une fois et demie le PIB des États-Unis (alors de 10 millions de dollars). De plus, le gouvernement américain ne disposait pas de cette somme et dut recourir à des emprunts (à 6 % d'intérêt) en Europe, auprès de la banque Hope de Londres et de celle de Baring à Amsterdam. L'achat de la Louisiane représenterait aujourd'hui une somme de quelque 400 milliards de dollars, une somme très élevée pour n'importe quel État.

Au sujet de la langue, soulignons qu'aucune disposition du «contrat de vente» ne garantissait aux Louisianais quelque droit que ce soit.  Plusieurs décennies plus tard, les Blancs francophones croiront encore que les «droits des francophones» se trouvaient implicitement protégés par l'acte de vente de 1803. Pourtant, tel n'était pas le cas, et Bonaparte aurait pu prévoir, il est vrai, certaines protections à l'égard des Français de la Louisiane. Mais il faut admettre qu'au début du XIXe siècle la question des minorités ne préoccupait guère les dirigeants politiques. À l'exemple de Voltaire, quarante ans plus tôt, déclarant ridicule qu'on se batte pour «quelques arpents de neige» au Canada, Bonaparte n'avait pu deviner ou imaginer que l'avenir se jouait à ce moment-là.

On peut lire, dans leur version française du 30 avril 1803, le texte du contrat de vente entre les deux pays, ainsi que les traités et conventions signés à cette occasion en cliquant ICI. Tous les textes sont signés par François Barbé-Marbois (France), Robert R. Livingston (USA) et James Monroe (USA). Au moment de la vente de la Louisiane, un rapport officiel de 1803 révèle que la population totale de la Louisiane était d'environ 43 000 habitants, presque tous francophones. Il y avait aussi des Noirs créolophones, mais manifestement cette langue n'était pas non plus prise en compte.

2.2 Les nouveaux propriétaires

Le 20 décembre 1803, William Charles Cole Claiborne (1775-1817) et James Willinson entrèrent à La Nouvelle-Orléans au nom du Congrès américain. Les nouveaux propriétaires instaurèrent immédiatement les règles du jeu. Claiborne mit sur pied une nouvelle administration, c'est-à-dire un gouverneur nommé pour trois ans, un Conseil législatif composé de six Français et de sept Américains (l'année suivante, de cinq Français et de huit Américains), puis un système judiciaire formé de trois juges anglophones.

En 1804, une loi du Congrès américain divisa l'ensemble du territoire en deux, isolant les francophones dans les bayous du Sud et rattachant la partie nord à d'autres futurs États de l'Union, à la disposition des Anglo-Américains. Par la suite, seule une petite partie sud du territoire a pu conserver le nom de Louisiane (Louisiane actuelle). Le 10 mars 1804, la totalité de la «Grande Louisiane» passait sous l'administration des États-Unis, qui doublèrent leur superficie grâce à l’acquisition de la Louisiane occidentale. Le 18 mai 1804, Bonaparte devenait empereur des Français sous le nom de Napoléon Ier. En 1805, on comptait 3551 Blancs à La Nouvelle-Orléans, 1556 esclaves affranchis et 3105 esclaves non affranchis; seuls 350 habitants blancs parlaient l'anglais.

Ensuite, à partir de l'ancien territoire de la «Grande Louisiane», de nouveaux États américains furent créés, dont la Louisiane (1812), l'Arkansas (1836), l'Oklahoma (1907), le Missouri (1821), le Kansas (1861), le Colorado (1876), l'Iowa (1846), le Nebraska (1867), le Wyoming (1890), le Minnesota (1858), le Montana (1889), le Dakota du Sud (1889) et le Dakota du Nord (1889), ce qui allait ensuite permettre d'agrandir le pays vers l'Ouest. 

Pour les Louisianais, la vente de leur territoire provoqua de grands bouleversements qui allaient entraîner une américanisation de leurs coutumes et de leur langue, et les plonger dans l'assimilation. Quant au créole louisianais des Noirs, il devint rapidement une langue marginalisée et méprisée.

3 La conquête du Nord-Ouest

Le Nord-Ouest appartenait à la Grande-Bretagne, alors que le Sud-Ouest était une possession espagnole. L'achat de la Louisiane en 1803 avait permis aux États-Unis de doubler d'un coup leur territoire. Autrement dit, l'expansion du territoire américain allait dorénavant se faire au détriment des anciens empires coloniaux, qu'ils fussent français, espagnol ou britannique. Dès 1792, le territoire du Kentucky entra en qualité d'État dans l'Union. Suivirent le Tennessee (1796) et l'Ohio (1803).

Dès 1804, une expédition américaine, dirigée par Meriwether Lewis (1774-1809) et William Clark (1770-1838), remonta les affluents occidentaux du Mississippi et atteignit la rivière Columbia qu’elle descendit jusqu’à son embouchure sur la côte du Pacifique. Les États-Unis et la Grande-Bretagne revendiquaient tous deux la possession du vaste territoire de l’Oregon (actuels États de l'Oregon, de Washington et de l'Idaho).

En 1844, James Knox Polk fut élu le 11e président des États-Unis après avoir adopté comme slogan le cri d'appel «Fifty-four forty or fight» («54°40 de latitude Nord ou la guerre»). Cette latitude aurait permis d'étendre les limites septentrionales du territoire américain jusqu'à l'enclave de l'Alaska le long de la côte. Par le traité de l'Oregon de juin 1846 (traité de Washington), le 49e parallèle fut reconnu comme frontière internationale, depuis les Rocheuses jusqu'au milieu du bras de mer entre l'île de Vancouver et le continent.

À l’issue d’une longue polémique, le traité du 15 juin 1846 entre la Grande-Bretagne et les États-Unis attribua finalement l’Oregon à ces derniers et fixa définitivement la frontière avec le Canada, de l’ouest des Rocheuses jusqu’au Pacifique, sur le 49e parallèle. Le pays s’étendait désormais de l’Atlantique au Pacifique.

4 La Floride et l'expulsion des Indiens

En 1763, à l’issue de la guerre de Sept Ans, l’Espagne avait dû céder la Floride à la Grande-Bretagne pour la récupérer en 1783, à la fin de la guerre de l’Indépendance américaine, puis finalement la céder à nouveau aux États-Unis en 1819. Cette acquisition fut en fait le résultat d'une vaste campagne militaire menée dès 1814, sans autorisation explicite, par un brillant militaire et héros de la guerre de 1812, Andrew Jackson (1767-1845). Pénétrant sur le territoire de la Floride de sa propre initiative, le jeune général réussit d'abord à écraser les Creeks (les «Red Sticks»), puis leur imposa un traité par lequel la nation creek «cédait» aux États-Unis 23 millions d'acres de terres additionnelles. En 1816, il servait cet avertissement non équivoque aux Indiens creeks:
Brothers Listen did I ever tell you a lie. Listen I now tell you that line must and will be run, and the least opposition brings down instant destruction on the heads of the opposers. Brothers Listen, My men are ready to crush all the enemies of the United States...I am your friend and Brother.

I have no motive, Brothers, to deceive you. I am sincerely desirous to promote your welfare. Listen to me, therefore, while I tell you that you cannot remain where you are now… It [is] impossible that you can flourish in the midst of a civilized community. You have but one remedy within your reach. And that is to remove to the West and join your countrymen, who are already established there. The choice is yours. May the great spirit teach you how to choose.

[Écoutez, mes frères, je ne vous ai jamais menti. Aujourd’hui, je vous dis que les ententes doivent être respectées et que la moindre résistance entraînera la mort immédiate des opposants. Écoutez, mes frères, mes hommes sont prêts à écraser tous les ennemis des États-Unis... Je suis votre ami et votre frère.

Je n'ai aucun motif, mes frères, pour vous tromper. Je suis sincèrement désireux de promouvoir votre bien-être. Écoutez-moi donc, tandis que je vous dis que vous ne pouvez pas rester où vous êtes maintenant… Il est impossible que vous puissiez vous épanouir au milieu d'une communauté civilisée. Mais vous avez un remède à votre portée. Et c'est de partir pour l'Ouest et de rejoindre vos compatriotes qui y sont déjà établis. Le choix est le vôtre. Puisse le grand esprit vous apprenne comment choisir.]

Par la suite, avec une troupe de 5000 soldats, Andrew Jackson incendia les villages des Séminoles et s'empara de quelques places fortes espagnoles. Toutefois, les Séminoles résistèrent durant plusieurs années et Jackson allait devoir se reprendre plus tard. En 1830, avec l'augmentation de la population et la découverte d’or sur les territoires des Cherokees, Jackson signa une loi autorisant le déplacement forcé des Amérindiens. Ce fut l’Indian Removal Act votée par le Congrès afin d'exploiter les terres amérindiennes. La Cour suprême jugea la loi contraire à la Constitution, mais Jackson refusa net d'appliquer le jugement. L'État de Géorgie attribua les terres des Cherokees au cours d’une loterie, et Jackson envoya des troupes pour déporter les Amérindiens à marches forcées au-delà du Mississippi, un événement qui coûta la vie à 4000 Cherokees, soit 25 % de leur population, au cours de leur déportation.

À son époque, Jackson fut un général adulé, direct et dur; il faut d'ailleurs surnommé "Old Hickory" en référence à la dureté du bois de noyer. Tout au long de sa carrière militaire, puis comme président des États-Unis, ce général démontra une agressivité peu commune et il s'est démarqué par son populisme nationaliste blanc, sa politique génocidaire à l’égard des Amérindiens, son expansionnisme territorial et sa lutte acharnée contre les banques. C'est pour ces toutes raisons qu'Andrew Jackson suscite encore aujourd'hui beaucoup d'admiration chez un grand nombre d'Américains. Son portrait figure aujourd'hui sur les billets de 20 $. Son effigie sur les billets de banque devait disparaître en 2020, mais en septembre 2017 Donald Trump, grand admirateur du président Andrew Jackson, remit en question cette décision, tel qu'il l'avait promis durant sa campagne présidentielle.

4.1 L'acquisition de nouveaux territoires espagnols

Entre-temps, l'Espagne avait été «persuadée» de céder la Floride pour un dédommagement n'excédant pas cinq millions de dollars au président John Quincy Adams, tandis que Jackson continuait de prétendre qu'il avait agi selon les «lois immuables de la légitime défense».

En 1821, prenait effet la cession du territoire des Florides lors du traité d'Adams-Onís (Traité d'amitié, de colonisation et de limite entre les États-Unis d'Amérique et sa Majesté catholique), sans qu'aune bataille n'ait eu lieu. L'article 11 énonce ce qui suit:

Article 11

The United States, exonerating Spain from all demands in future, on account of the claims of their Citizens, to which the renunciations herein contained extend, and considering them entirely cancelled, undertake to make satisfaction for the same, to an amount not exceeding Five Millions of Dollars.

Article 11

[Les États-Unis, exonérant l'Espagne de toutes demandes dans le futur, en raison de réclamations de leurs citoyens, dont les renonciations ici contenues s'étendent, et les considérant toutes entièrement annulées, entreprennent de donner satisfaction à ceux-ci, par un montant n'excédant pas cinq millions de dollars.]

En contrepartie, les États-Unis s'engageaient, d'après l'article 3 du traité à renoncer «pour toujours à tous les droits et réclamations sur les pays qui sont situés à l'ouest et au sud de la ligne susdite». Néanmoins, ces «pays situés à l'ouest et au sud de la ligne susdite» font aujourd'hui partie de l'État du Texas. Le 17 juillet 1821, Jackson fut élu gouverneur de la Floride, puis le 4 mars 1829, le 7e président des USA, à l'âge de 61 ans. Il fut surnommé le Old Hickory (le «Vieux Noyer»), par analogie au bois dur qui correspond à l'image du général Jackson lors de ses campagnes indiennes de 1812 à 1814.

4.2 L'expulsion des Indiens

Lors de son discours inaugural du 4 mars 1829, Andrew Jackson annonça qu’il ferait le nécessaire pour «vider» l'est du continent des Indiens et occuper leurs territoires. De fait, le 28 mai 1830, Jackson signait l'Indian Removal Act, la Loi sur le déplacement des Indiens de tous les États de la côte est et leur implantation dans les réserves à l’ouest de la plaine du Mississippi. Cette déportation touchait alors quelque 60 000 Amérindiens. L'année suivante, la Cour suprême des États-Unis déclara la loi inconstitutionnelle et entraîna des guerres avec les Cherokee jusqu’en 1838. Puis les dirigeants américains autorisèrent les Amérindiens à demeurer à l'est du Mississippi, dans la mesure où ils étaient assimilés ou plus exactement «civilisés». Les tribus dites civilisées étaient les Cherokee, les Chickasaw, les Choctaw, les Creeks et les Séminoles; elles avaient en principe adopté les usages européens, sinon la religion chrétienne, et furent contraintes de quitter leurs «réserves indiennes» pour des motifs reliés à la spéculation foncière et à la richesse du sous-sol en minerai (notamment l'or). Quoi qu'il en soit, la décision de la Cour suprême ne fut jamais respectée par le président Jackson. Jusqu'en 1850, quelque 100 000 Amérindiens allaient être ainsi déportés.

Le président Jackson s'attendait qu'en assimilant les Indiens ils deviendraient économiquement dépendants du commerce et du pouvoir économique des Américains blancs et, que, par conséquent, ils seraient prêts à renoncer à leurs propres terres en échange de certains biens et marchandises. Mais, en 1832, un «traité» contraignant les Séminoles à renoncer à leurs territoires en Floride en échange de terres dans l’Ouest fut à l’origine de violents conflits opposant les Amérindiens aux colons et à l’armée américaine (1835-1842).

En 1834, le président Andrew Jackson utilisait pour la première fois l’armée fédérale pour briser une grève des ouvriers qui construisaient le canal entre Washington et l’Ohio. Le 3 mars 1845, la Floride devenait le 27e État de l’Union américaine.

Quant aux Séminoles, qui avaient trouvé refuge dans les Everglades, ils furent officiellement bannis de la Floride en 1853. En hommage au «grand héros» que fut Andrew Jackson, également un véritable objet de vénération chez les sudistes, les États-Unis lui élevèrent une statue de bronze à Washington en 1853 et son portrait apparaîtra sur les billets de 20 $.

Pour les Amérindiens, Andrew Jackson eut la réputation d'être à la fois un «voleur» impitoyable et un «boucher» qui ne faisait pas de quartier; il était surnommé "Old Hickory", en référence à la dureté du bois de noyer. En ce qui a trait aux populations espagnoles de la Floride, elles conservèrent leur langue durant une génération, puis passèrent à l'anglais. 

5 La conquête du Sud-Ouest

Vers 1810, la population du Mexique (6,1 millions) n'était que légèrement inférieure à celle des États-Unis (7,5 millions). Pendant la guerre d'indépendance (1810-1820), les Mexicains avaient autorisé des Américains à s'installer au Texas en leur concédant des terres à une double condition: que les nouveaux venus se convertissent au catholicisme et qu'ils adoptent la nationalité mexicaine. Mexico croyait ainsi qu'en permettant la colonisation du Texas peu peuplé (sauf par des tribus indiennes), il dissuaderait les visées expansionnistes américaines. Là où l'on attendait des familles catholiques d'origine espagnole ou française, ce fut plutôt un véritable déferlement d'Anglo-Saxons protestants, souvent esclavagistes (en violation avec la jeune Constitution mexicaine), donc des arrivants très étrangers à la culture des Tejanos (Texans espagnols). Ainsi, la colonisation américaine progressait dans le Sud-Ouest et, dès 1834, les Anglos du Texas étaient supérieurs en nombre, soit environ 20 000 Américains (esclaves compris), contre 4000 Mexicains.

5.1 L'annexion du Texas

En 1836, le Texas était encore sous la souveraineté du Mexique gouverné par le général Santa Anna. Mais la région abritait un afflux de colons anglo-saxons provenant des États-Unis, qui refusaient la domination de Mexico. Rapidement, les Texans anglophones (peu enclins à toute mexicanisation), appuyés par une partie importante des Tejanos de la région, proclamèrent l'Indépendance, le 2 mars 1836. Jusqu'à son annexion par les États-Unis en 1845, la république du Texas (1836-1845) fut alors dirigé par un gouvernement texan d'origine américaine. Il s'ensuivit une guerre entre le Mexique et le Texas, ce qui constitua un prélude à son annexion aux États-Unis.

Le président James Polk (1845-1849) avait deux objectifs: en plus de régler les problèmes de frontière avec la Grande-Bretagne dans le Nord-Ouest, il désirait aussi étendre le territoire américain en direction du sud-ouest. Le président Polk annexa le Texas en 1845 à la demande des Texans américains. Mais l'annexion suscita la colère du Mexique, qui n'avait jamais accepté l'indépendance du Texas. 

5.2 La guerre du Mexique et les nouveaux territoires

C'est un raid américain en territoire mexicain, mené par le général Zachary Taylor, qui déclencha la guerre avec le Mexique (1846-1848). Elle dura dix-sept mois et le général Taylor s'empara de la ville de Monterey en Californie et battit les armées du général Santa Anna à Buena Vista, en février 1847.

La guerre avec le Mexique s’acheva par la victoire des États-Unis et le traité de Guadalupe-Hidalgo (2 février 1848). Le conflit aura coûté la vie à 25 000 Mexicains et à 12 000 Américains. Le Mexique dut abandonner le Texas, la Californie et les territoires de l’Utah, du Nevada, de l’Arizona et du Nouveau-Mexique, soit le tiers de sa superficie. Le Mexique fut contraint d'accepter une «compensation» de 18 millions de dollars.

La frontière entre le Texas et le Mexique fut établie sur le Rio Grande. Le lendemain, le Whig Intelligencer concluait: «Nous ne prenons rien par conquête [...], Dieu merci!» À la fin du mandat de James Polk en 1849, la carte des États-Unis ressemblait pratiquement à la carte actuelle.

Le président Polk, appelé aussi le «président de la ruée vers l'or» (il déclencha la «ruée vers l'or» de 1849), se révéla aussi un redoutable chasseur d'Indiens et un grand président expansionniste. James Polk fut certainement l'un des présidents qui contribua le plus à l'élargissement du territoire américain. Toutefois, les annexions qu'il a favorisées auront pour effet de précipiter davantage le Nord et le Sud dans un long conflit sur l'expansion de l'esclavage. C'est Polk qui créa la U. S. Naval Academy.

En 1853, l’achat au Mexique d’une bande de territoire (une zone de 77 700 km²), au sud de l’Arizona, fixa définitivement la frontière américano-mexicaine (convention de Gadsden). Le territoire fut ajouté à l'État du Nouveau-Mexique. Cette acquisition mit fin à l’expansion des États-Unis vers l’ouest. Composé désormais de 31 États, le pays avait triplé sa superficie depuis 1789.

5.3 La colonisation américaine

Le gouvernement américain encouragea la colonisation des terres nouvelles (Homestead Laws). Celles-ci furent cadastrées, découpées en parcelles égales et vendues à bas prix. L’Ouest devint ensuite un rêve pour les Américains et suscita un vaste mouvement de migration («ruée vers l’or» de la Californie en 1849), facilité par le développement des moyens de transport (routes et chemins de fer). Les Tejanos une population mixte composée de tribus indiennes, d'Espagnols (des militaires et leurs descendants) et de Métis allaient rapidement subir le mépris et le racisme des colons anglo-américains, surtout ceux qui provenaient du sud-est des États-Unis. En 1850, les historiens estiment que la population des Tejanos hispanophones variait entre 12 000 et 25 000, contre dix fois plus d'Anglo-Américains. Au Nouveau-Mexique, les Hispanos ont résisté plus longtemps, car ils étaient plus nombreux, soit entre 50 000 et 60 000 au moment de l'annexion américaine. La mise en valeur de ces terres lointaines du Sud s’accéléra avec le rapide accroissement de la main-d’œuvre et les facilités de crédit. En 1897, le président du Mexique, Porfirio Diaz, déclarait déjà que son pays était soumis aux États-Unis: «Si loin de Dieu et si près des États-Unis.» 

6 L'achat de l'Alaska

En 1867, les États-Unis achetèrent l'Alaska de la Russie pour une somme de 7,2 millions de dollars. Ce vaste territoire de 1,7 million de kilomètres carrés, avec les îles Aléoutiennes, portait le nom officiel d'«Amérique russe», ce qui représentait un agrandissement de 20 % du territoire des États-Unis de l'époque. La guerre de Crimée (1853 à 1856) avait sensibilisé la Russie au danger que représentait l'éloignement de sa colonie d'Alaska, notamment son incapacité à défendre la colonie face aux appétits de la Grande-Bretagne, qui possédait déjà le Canada, et surtout des États-Unis parce que les préceptes de la doctrine de Monroe inquiétaient les Russes; cette idéologie élaborée par le président républicain James Monroe, condamnait toute intervention européenne dans les «affaires des Amériques», c'est-à-dire dire tout le continent, comme d'ailleurs une intervention des États-Unis dans les affaires européennes. Rappelons aussi que la situation économique de l'Alaska était devenue catastrophique et représentait un poids énorme pour le Trésor russe.

Ainsi, dès les années 1860, les États-Unis et la Russie étaient prêts à engager des négociations relatives à la vente de l'Alaska, mais la guerre de Sécession (1861-1865) a  eu pour effet de reporter cette tractation de quelques années.

6.1 Enclaver le Canada avec l'Alaska

C'est le président Andrew Johnson (1829-1837) qui autorisa l'achat (signé, le 30 mars 1867, par le secrétaire d'État William Seward). Le transfert de la colonie russe aux États-Unis intervint le 18 octobre 1867, alors que le général Dowell H. Rousseau relevait la garnison russe à Sitka à la tête d'une petite unité de militaires américains. C'est le tsar Alexandre II qui avait décidé de vendre le territoire aux États-Unis et avait chargé le baron Edouard de Stoeckl d'ouvrir des négociations.

Les dirigeants américains, bien qu'à court d'argent avaient pressenti les richesses potentielles de la région, mais comprenaient surtout la situation stratégiquement importante au nord du Pacifique et sur le continent de l'Amérique du Nord, et ce, d'autant plus que la possession de l'Alaska présentait l'avantage d'enclaver le Canada, un territoire britannique. Bien qu'ils se soient contentés de l'Alaska, les dirigeants américains avaient manifesté leur intérêt également pour le Groenland, l'Islande et, bien sûr, le Canada.

Or, à l'époque, l'opinion publique américaine réagit très mal à l'achat de l'Alaska au coût de 7,2 millions de dollars: un achat perçu comme «une folie» pour une telle «glacière». En effet, les journaux qualifièrent l’Alaska de glacière ou même de Walrussie (du mot walrus signifiant «morse»). On parlait du «jardin aux ours polaires d'Andrew Johnson» ("Andrew Johnson's polar bear garden"), puisqu'on considérait déraisonnable de dépenser une telle somme pour cette région reculée. Comme le gouvernement fédéral américain ne disposait que de deux millions de dollars (sur les 7,2 millions) pour acheter l'Alaska, il dut emprunter le reste de la somme à la Riggs Bank dont le siège social se trouvait aux États-Unis.

De plus, il s'agissait d'une région peu peuplée et composée en majorité d'Inuits, même si l'on y trouvait également des cosaques, des trappeurs, des marchands, des aventuriers et des marins russes. Les relations entre les Russes et les autochtones étaient plutôt similaires à celles que connaîtront les Américains, sauf que les Russes n'ont jamais pris de mesures d'extermination, comme les Américains le feront plus tard. Cependant, les Russes avaient pris soin de «convertir» les Inuits au christianisme ainsi qu'une partie des Indiens tinglit; ils ont introduit chez les autochtones les premières bases de l'enseignement en russe et ont tenté de réduire la pratique de l'esclavage (relativement courant) chez les autochtones.

6.2 Conflits entre Blancs et autochtones

La région de l'Alaska fut administrativement rattachée à l'Oregon jusqu'en 1884, alors qu'elle fut organisée en tant que "district de l'Alaska".  En 1890, l'Alaska comptait quelque 30 000 habitants, dont les trois quarts étaient autochtones. Au cours de cette période, seuls des trappeurs blancs exploitèrent les richesses en gibier à fourrure, notamment en phoques. L'exploitation aboutit au massacre massif des animaux, ce qui eut pour effet de réduire l'économie et la subsistance des autochtones.

À la fin du XIXe siècle, la région suscita plusieurs ruées vers l’or, surtout entre 1885 et 1907. Les Indiens et les Inuits se trouvèrent dans une situation de plus en plus inconfortable. Des villes champignons peuplées d'aventuriers blancs surgirent un peu partout et les autochtones se virent spolier de leurs biens. De plus, la langue anglaise relégua au folklore la langue russe et les langues autochtones. 

7 L'éviction des Indiens du pays

Après que les anciennes puissances coloniales (France, Hollande, Espagne, Grande-Bretagne) eurent été écartées, il restait encore les Indiens qui avaient des revendications sur les nouveaux territoires américains. Les autochtones avaient réussi souvent par leurs incursions à inquiéter les agriculteurs, mais ils furent incapables de contenir le flot ininterrompu d'immigrants qui déferla de l'est vers l'ouest. Chacun des États menait sa politique indienne qui correspondait toujours à l'éviction des Indiens. Puisque le problème se posait à tous les États et dépassait la compétence de chacun, il relevait nécessairement de Washington. C'est d'ailleurs l'une des attributions que la Constitution a explicitement déléguées au gouvernement fédéral.

7.1 La politique de refoulement dans l'Ouest

Le Bureau of Indian Affairs (Bureau des Affaires indiennes) finit par aboutir à la même politique: le refoulement progressif des autochtones vers l'ouest. L'expression couramment utilisée à l'époque pour désigner cette éviction systématique était le «move of Indians» («déplacement des Indiens»), qui deviendra le «removal of Indians» («déportation» ou «expulsion» des Indiens). Ces «déplacements» étaient considérés comme nécessaires pour permettre l'ouverture de vastes territoires à l'agriculture, au commerce, aux marchés, à l'argent, autrement dit au développement d'une économie blanche, capitaliste et moderne, pour ne pas parler du développement de la «civilisation».

Un article publié dans la North American Review de 1830 justifiait ainsi le déplacement des Indiens: «Un peuple barbare, dépendant pour sa subsistance des produits aussi chiches que précaires de la chasse, ne peut survivre au contact d'une communauté civilisée.» En 1826, un grand pas fut franchi: plus de 70 000 Amérindiens furent transférés d'un coup à l'ouest du Mississippi, laissant disponibles de grands territoires à la colonisation blanche. Cette épisode coûta la vie à environ 4000 Indiens cherokees (25 % de la population) au cours d’un périple empruntant la piste connue sous le nom de «Trail of Tears» (la «piste des Larmes»).

Toutes les terres indiennes furent arpentées, cadastrées et subdivisées en parcelles de forme régulière pour être distribuées gratuitement ou vendues à vil prix (soit 1 $ l'acre). Par la suite, d'autres autochtones, dont 22 000 Creeks, 18 000 Cherokees, 5000 Séminoles, etc., furent refoulés par des troupes fédérales encore plus dans l'Ouest jusqu'à leur quasi-extinction. Des milliers d'Indiens moururent de maladies en cours de voyage, avant même d'atteindre leurs terres d'exil.

Le président Andrew Jackson (1829-1837) avait toujours souhaité voir le territoire américain occupé par les colons et s'étendre vers l'ouest sans avoir à se soucier des éventuelles guerres avec les Indiens. C'est pourquoi il avait ordonné l'expulsion de tous les Indiens des États du Sud-Est pour les déporter à l'ouest du Mississippi, tout en leur promettant qu'ils pourraient vivre en paix sans être inquiétés. Son secrétaire à la Guerre, John Eaton, avait fait cette promesse solennelle aux autochtones:

"If you will go to the setting sun there you will be happy; there you can remain in peace and quietness; so long as the waters run and the oaks grow that country shall be guaranteed to you and no white man shall be permitted to settle near you." [Si vous allez vers le soleil couchant, alors vous serez heureux. Là-bas, vous pourrez vivre en paix et dans la tranquillité. Tant que les rivières couleront et que grandiront les chênes, nous vous garantissons que ce pays sera le vôtre et qu'aucun Blanc ne sera autorisé à s'installer près de vous.]

Lorsque Martin Van Buren (1837-1841) remplaça Jackson à la présidence, la politique génocidaire à l'égard des Indiens continua de plus bel. Le président Van Bureau avait déclaré: «Pas un État ne peut atteindre une culture, une civilisation et un progrès dignes de ce nom, tant que l'on permettra aux Indiens d'y demeurer.»

Évidemment, tous les traités furent rompus, qu'ils aient ou non été accompagnés de formules du type «permanent», «à jamais» ("forever"), «pour toujours» ou «aussi longtemps que le soleil brillera» ("as long as the sun shines").

En 1850, la plupart des Amérindiens avait été refoulés dans l'Ouest, équivalant à environ la moitié du territoire actuel des États-Unis, dans des territoires concédés... temporairement, en attendant que les Blancs poursuivent leur marche inexorable jusqu'au Pacifique.

7.2 Les réserves indiennes

Les Amérindiens qui survécurent aux massacres furent concentrés («parqués») dans des réserves, le tout pour une compensation de 15 millions de dollars. Les territoires «vendus» représentaient environ deux millions de kilomètres carrés, ce qui signifie qu'ils furent «achetés» pour à peu près un dollar le mètre carré. La création des «réserves» avait été pensée dans un but précis: le gouvernement américain croyait ainsi pouvoir éviter les confrontations entre les Amérindiens et les colons blancs à propos des territoires.

Par la même occasion, il espérait sans doute confiner les autochtones dans des zones où il serait possible de mieux les surveiller. En principe, les Indiens étaient généralement libres de vivre à leur guise sur leurs territoires tant qu'ils restaient «pacifiques» et se comportaient en «bons Indiens». Cependant, comme la frontière américaine progressait vers l'ouest, les territoires indiens attirèrent les colons blancs qui estimaient que les autochtones empêchaient leur développement. En 1865, les territoires indiens avaient déjà été considérablement grugés. Précisons que ces réserves ne représentaient aucun intérêt économique puisqu'il s'agissait de terres peu cultivables. Néanmoins, elles ont été convoitées lorsque l'économie n'a plus dépendu uniquement de l'agriculture. Faisant fi des traités, les pionniers se livrèrent à des carnages contre les Cheyennes, les Arapahos, les Sioux, les Nez Percés, etc., ce qui équivalait à un véritable génocide.

Quant à l'armée fédérale, elle ne parvint que très rarement à maintenir l'ordre et, de toute façon, elle estimait que sa mission consistait avant tout à défendre les Blancs. Même si les chefs militaires n'ont jamais recommandé l'extermination des Indiens, certains officiers croyaient, comme tout le monde, que «le seul bon Indien est un Indien mort». Cette phrase restée célèbre fut attribuée au général Philip Henry Sheridan (1831-1888), qui ne l'a sans doute jamais prononcée. En revanche, il écrivit ces propos:

Plus nous en tuons cette année, et moins nous devrons en tuer l'année prochaine. Car plus je vois des Indiens, et plus je me persuade qu'il faut les tuer tous ou ne les maintenir en vie que comme des spécimens de pauvreté.

Il semble cependant qu'une telle attitude de la part d'un officier soit demeurée un cas d'exception. De toute façon, la faim, l'alcool et d'innombrables agressions accélérèrent le processus de liquidation des Amérindiens. 

À la longue, les réserves indiennes perdirent de leur superficie ou furent déplacées vers des zones moins convoitées. Au cours des années 1880, les zones réservées aux autochtones avaient déjà été réduites à une superficie de 53,4 millions d'hectares, soit une infime partie de ce qu'elles avaient été en 1850. Comme les Indiens arrivaient difficilement à vivre de leurs terres, le Bureau des affaires indiennes s'efforça de leur faire adopter le mode de vie américain. En même temps, la loi Dawes de 1887 allait autoriser l'éclatement des réserves.

Après l'ouverture à la colonisation de la réserve indienne d'Oklahoma en avril 1889, l'homme blanc s'était rendu maître de tout le territoire actuel des États-Unis. Dorénavant, le chemin de fer allait passer partout où l'Indien chassait jadis. La résistance amérindienne était bel et bien terminée.

7.3 Le rejet des langues indiennes

Après les actes génocidaires, suivirent les campagnes haineuses contre les langues indiennes. Dans de nombreuses écoles américaines, les enfants indiens surpris à parleur leur langue maternelle étaient souvent battus, tournés en ridicule ou humiliés. Pour leur plus grand bien, on leur disait d'abandonner leur langue. Même les missionnaires se mettaient de la partie. Ainsi, Samuel Hall Young (1847-1927), un missionnaire influent en Alaska à la fin du XIXe siècle, écrivait (1899):

We should let the old tongues with their superstition and sin die - the sooner the better - and replace these languages with that of Christian civilization and compel the natives in all our schools to talk English and English only. Thus, we would soon have an intelligent people who would be qualified Christian citizens. Nous devrions laisser les anciennes langues mourir avec leur superstition – et le plus tôt sera pour le mieux - et remplacer ces langues par celle de la civilisation chrétienne, obliger les autochtones dans nos écoles à parler anglais, et uniquement anglais. Ainsi, nous aurions bientôt un peuple intelligent qualifié à devenir des citoyens chrétiens.

Young refusa même de traduire la Bible en tlingit, alors que le conseil presbytérien le lui demandait expressément. «Il valait mieux, disait-il, forcer les Tlingit à rechercher Dieu en anglais.» D'ailleurs, c'étaient là les directives du Bureau des Affaires indiennes. Ainsi, on pouvait lire dans les règlements cette directives datée de 1880:

Tout enseignement doit être en anglais, sauf si la langue maternelle des élèves sert de moyen nécessaire pour transmettre la connaissance de l'anglais, et la conversation et les communications entre les élèves et l'enseignant doivent être, autant que possible, en anglais.

En 1884, l'ordonnance suivante a été publiée par le Département d'État pour le Bureau des Affaires indiennes en rapport avec l'enseignement de l'anglais dans une école du Dakota:

Vous informerez, s'il vous plaît, les autorités de cette école que l'on doit apprendre la langue anglaise seulement à tout jeune Indien placé là pour sa formation scolaire et industrielle alors qu'il est à la charge du gouvernement. Si l'on apprend le dakota ou une autre langue à ces enfants, ils seront retirés de l'école et l'appui du gouvernement cessera.

Une autre datée du 14 décembre 1886: «À toutes les écoles gérées par des organisations missionnaires, il est exigé que l'on donne tout l'enseignement en langue anglaise.»  Le lieutenant-colonel J. D. C. Atkins, alors commissaire fédéral aux Affaires indiennes, écrivait dans un rapport du 2 février 1887:

Apprendre aux écoliers indiens leur langue maternelle signifie pratiquement exclure l'anglais et leur empêcher de l'acquérir. Cette langue, qui est assez bonne pour un Blanc et un Noir, doit être assez bonne pour l'Indien. La croyance d'enseigner à un jeune Indien dans son propre dialecte barbare se fait à ses dépens. La première étape qui mène à la civilisation, en montrant aux Indiens la sottise et la folie de leurs pratiques barbares, est de leur apprendre la langue anglaise. L'impraticabilité, voire l'impossibilité, de civiliser les Indiens de ce pays dans une autre langue que la nôtre semble évidente, particulièrement du fait que le nombre d'Indiens vernaculaires est même plus grand que le nombre de leurs tribus.

Mais il a été suggéré que, cette ordonnance étant obligatoire, elle porte un coup cruel aux droits sacrés des Indiens. Paraît-il cruel à l'Indien de le forcer à renoncer à son couteau-scalpeur et à son tomahawk? Est-ce également de la cruauté que de forcer l'Indien à abandonner la barbare et vicieuse danse du soleil au cours de laquelle il se lacère la chair, danse et se torture même jusqu'à la mort ? Est-ce de la cruauté que de forcer l'Indien à faire instruire ses filles et les marier selon les lois de la terre, au lieu de les vendre à un jeune âge à un prix fixé pour le concubinage afin de satisfaire ses soifs brutales d'ignorance et de barbarie?
Bref, tous les rapports des fonctionnaires américains exhortèrent les autorités et les agents locaux à enseigner uniquement l'anglais aux Indiens. Il n'existait pas d'élèves indiens dont les cours dans une autre langue que l'anglais étaient maintenus et payés par le gouvernement des États-Unis.

Les Amérindiens ne pourront devenir citoyens américains qu'en 1924, avec tous les droits et les devoirs des autres citoyens. Malgré tout, encore aujourd'hui, les réserves indiennes demeurent sous-équipées et leurs habitants comptent parmi les plus pauvres des États-Unis, avec un taux de suicide de 72 % plus élevé que pour le reste de la population de ce pays. En 2000, les «réserves indiennes» ne représentaient plus qu'un portion insignifiante de ce qu'elles avaient été à l'origine.  

8 Les conséquences linguistiques de l'expansionnisme

Les conséquences linguistiques de l'expansion territoriale américaine furent déterminantes pour les peuples des territoires conquis. En plus des langues amérindiennes, ont été liquidés le français en Louisiane et l'espagnol dans les territoires conquis ou annexés; ces langues ont été remplacés par l'anglais qui l'a toujours emporté, car il s'est alors propagé partout en imposant aisément le modèle américain de la «civilisation».

8.1 Pour les populations autochtones

Jusque dans les années 1920, les réserves indiennes ressemblaient plus ou moins à des camps de concentration; les autochtones devaient demander à l'intendant blanc l'autorisation de sortir ou d'entrer dans une réserve. Les Amérindiens furent progressivement assimilés et de nombreuses langues autochtones disparurent. La langue anglaise fut reconnue comme le facteur déterminant de développement chez les Indiens. Les missionnaires furent tenus d'enseigner l'anglais aux jeunes Indiens des réserves sans même recourir aux langues ancestrales de ces derniers. Le Bureau des Affaires indiennes força même quantité de jeunes à fréquenter les pensionnats de la côte ouest où ils étaient sévèrement punis s'ils utilisaient leur langue. Bien souvent, on leur coupait les cheveux et on les réduisait aussi à l'état d'esclaves ouvriers. Les Inuits de l'Alaska furent ignorés ou refoulés vers l'intérieur des terres, mais ils conservèrent leurs langues. Comme il fallait s'y attendre, des dizaines de langues amérindiennes sont disparues, conformément aux voeux exprimés par la majorité des dirigeants américains de l'époque.

Dans un rapport de 1996 de la National Clearinghouse for Bilingual Education, on apprend que 154 langues sont encore en usage aux États-Unis et que, de ce nombre, 118 sont aujourd'hui parlées par moins de 1000 locuteurs, soit 77 %. Par ailleurs, le linguiste Michael E. Krauss estimait en 1995 que 175 langues autochtones étaient encore parlées aux États-Unis et que 155 d'entre elles, soit 89 %, étaient considérées comme moribondes. La plupart des jeunes Amérindiens américains grandissent en parlant seulement en anglais et ne connaissent généralement que quelques mots de leur langue ancestrale.

Au début du mandat du président William McKinley en mars 1897, des négociations eurent lieu entre les États-Unis et Hawaï avant d'annexer l'archipel. En août 1898, soit à la fin de la guerre hispano-américaine, les États-Unis annexèrent Hawaï par une résolution du Congrès. Le transfert de souveraineté officiel devint effectif le 12 août 1898 de la même année lorsque le drapeau des États-Unis fut hissé au-dessus de l'Executive Building.

En étendant leur domination à Hawaï, les Américains atteignaient l'un de leurs objectifs expansionnistes. L’anglais fut aussitôt proclamé l’unique langue officielle d’Hawaï. Dès lors, il devint illégal, jusqu'en 1987, d'enseigner l'hawaïen dans les écoles publiques de l'île, sauf en tant que langue étrangère. La scolarisation des enfants autochtones accéléra la quasi-disparition de la langue hawaïenne.  Puis l'immigration américaine et l'arrivée massive d'insulaires du Pacifique (Philippines, Vietnam, Micronésie, Mélanésie, îles Tonga et Samoa) fit le reste.

Les citoyens d'Hawaii votèrent pour devenir un État américain à part entière en 1958. Le président Dwight Eisenhower signa une résolution en ce sens en mars 1959. Hawaii devint officiellement le 50e État le 21 août 1959.

8.2 Pour le français en Louisiane

Les francophones de la Louisiane ne furent pas vraiment plus chanceux. La Louisiane fut admise au sein de l’Union, le 30 avril 1812, devenant ainsi le 18e État américain.

À cette époque, la Louisiane était le premier et le seul État de l’Union dans lequel un groupe non anglophone, les descendants d’Acadiens — les Cadiens — et de Français, constituait une majorité linguistique. Grâce au juriste Louis Moreau-Lislet, un Code civil plus complet (que le précédent basé sur la Coutume de Paris) reposant sur le Code Napoléon fut adopté par le législateur du nouvel État. Ce code avait été rédigé en français, puis traduit en anglais. Cependant, il n'en fut pas ainsi pour la Constitution de l'État. Non seulement, elle fut rédigée uniquement en anglais, mais celle-ci ne comportait aucune disposition linguistique à l'égard des francophones, alors qu'elle protégeait les droits des anglophones. En effet, l'article 6 de la Constitution de 1812 stipulait que toute loi et tout document officiel devaient être publiés dans la langue «dans laquelle est écrite la Constitution des États-Unis», c'est-à-dire en anglais. Il est évident que la prédominance du français en Louisiane pouvait causer certains problèmes à Washington, et l’Assemblée de l’Union a cru bon de faire en sorte que la Constitution louisianaise soit plus «adaptée» à la situation nord-américaine. La Constitution de 1845 fit de la pratique du bilinguisme une exigence pour la reconnaissance des droits linguistiques des francophones de la Louisiane, alors qu'en 1847 une loi autorisait l'enseignement bilingue dans les écoles publiques de l’État.

Puis la Louisiane eut le malheur de faire sécession en 1861. La Constitution de 1864, d'inspiration nettement nordiste, supprima alors toutes les dispositions juridiques favorables au français. L'anglais devint la seule langue officielle pour les lois, documents et procès-verbaux, tandis que l'article 142 de la Constitution stipulait, pour la première fois, que l'enseignement primaire devait être dispensé uniquement en anglais.

Parmi les 155 articles constitutionnels, il n'était fait mention nulle part de la langue des tribunaux. En somme, les Yankees ont imposé l'anglais aux Louisianais blancs parce qu'ils avaient pris parti pour le Sud, aux Acadiens parce qu'ils n'avaient pas osé prendre parti pour le Nord et aux Noirs francophones pour les rendre aptes à bien s'intégrer au melting pot américain. La répression du Nord contre le Sud a pris, en Louisiane (autrement dit en «pays cadien»), un tour anti-français.

8.3 Pour les hispanophones du Sud-Ouest

Toute la région du Sud-Ouest était de langue espagnole avant la guerre du Mexique (1846-1848). Les communautés hispanophones étaient installées bien avant les anglophones sur ce territoire conquis militairement par les États-Unis. Leur ancienneté notamment les Tajanos et les Californios  — aurait dû leur conférer une certaine légitimité. Fait à noter, le traité de Guadalupe-Hidalgo garantissait aux Mexicains le maintien de leurs propriétés et le respect de leur religion. Aucune disposition n'était prévue pour le maintien de la langue espagnole, car le traité a totalement passé sous silence la question de la langue et de la culture des populations concernées.

Toutefois, en assurant que les habitants du pays devaient continuer à bénéficier des mêmes droits et privilèges que sous leur ancien gouvernement, le traité sous-entendait qu'ils devaient être gouvernés comme ils l'étaient auparavant. C'est dans cet esprit que les lois ont continué, durant un certain temps, d'être imprimées en espagnol et que les tribunaux pouvaient entendre des causes en espagnol dans certains districts. Ce traité d'annexion territoriale constituait l'acte de naissance d'un nouveau groupe ethnique aux États-Unis: les Américano-Mexicains.

Une fois devenus américains, le Texas, la Californie, l’Utah, le Nevada, l’Arizona et le Nouveau-Mexique devinrent très tôt officiellement anglophones, bien que l'ensemble de la population ait continué à parler l'espagnol dans la vie quotidienne. Par exemple, la Constitution de 1849 de la Californie protégeait l'espagnol et permettait la publication bilingue des lois promulguées par le nouvel État. Mais, dès 1851, l'État avait imposé l'unilinguisme anglais dans les contrats d'achat de terre. Puis, en 1878, des modifications à la Constitution de la Californie supprimèrent l'espagnol:

Article IV

All laws of the State of California, and all official writings, and the executive, legislative, and judicial proceedings shall be conducted, preserved, and publishing in no other than the English language.

Article 4

Toutes les lois de l'État de la Californie et tous les documents officiels ainsi que les procédures exécutives, législatives et judiciaires ne sont formulés, consignés et publiés qu'en anglais.

Dans tous les États du Sud, les écoles cessèrent progressivement d'enseigner l'espagnol pour passer à l'anglais. Pour les Blancs anglophones de l'époque, c'était simple: l'espagnol était devenu tout à fait inutile, alors que les Mexicanos avaient eu amplement le temps d'apprendre l'anglais depuis trente ans...  Pourtant, plusieurs autres États américains de l'époque publiaient leurs lois dans plus d'une langue. Dans l'État du Michigan, les lois étaient publiées en anglais, en allemand et en français; en anglais, en allemand et en norvégien dans le Wisconsin; en anglais et en allemand en Pennsylvanie, en anglais et en français en Louisiane.  Puis les autorités de chacun des États du Sud adoptèrent l'anglais dans leurs affaires internes. Ils estimaient que leur État devait correspondre à un gouvernement anglophone et que les individus demeurant incapables de parler l'anglais n'étaient certainement pas compétentes pour occuper des postes dans la fonction publique. Tous ces États auraient pu adopter officiellement le bilinguisme, mais ce n'est pas ce qui s'est passé: les colons anglo-américains déjà installés dans la région ont tout fait pour évincer l'espagnol. Cette langue était considérée comme «inférieure» par rapport à l'anglais parce qu'elle était parlée par des Métis.

Il y a eu aussi le fait que beaucoup d'Américains ont craint pour l'originalité et la pureté de la «race».  Le rouleau compresseur de l'anglais fit son œuvre d'uniformisation et la langue espagnole des premiers habitants fut confinée à la maison. En réalité, les Américains firent preuve de xénophobie et de mépris à l'égard de toutes les populations de langue espagnole. Régulièrement, les réactions «nativistes» réapparaîtront au cours de l'histoire, surtout devant la «menace hispanique». Les populations hispanophones des territoires annexés furent complètement évincées par les nouveaux venus qui s'approprièrent tous les leviers politiques et économiques, propulsant les Mexicanos (Tejanos, Californios et Hispanos) vers un déclin et une acculturation inéluctables. À la fin du siècle, la plupart des Américano-Mexicains avaient déjà perdu leurs terres et étaient tous relégués au statut de minorité méprisée et discriminée par les Anglo-Américains. Cependant, ces derniers allaient récupérer, en l'embellissant, le passé mexicain «exotique» par des fêtes «mexicaines», une architecture «mexicaine» ainsi que dans la littérature régionale.  

8.4 L'immigration et les déplacements de population

Au cours de la décennie 1790 à 1800, quelque 50 000 Européens ont émigré aux États-Unis. De 1800 à 1810, environ 70 000; de 1810 à 1820, quelque 115 000. À partir de 1832, le rythme annuel est de l'ordre de 60 000. Il dépasse les 100 000 après 1842 pour atteindre près de 400 000 au début des années cinquante et redescendre ensuite entre 15 000 et 200 000. Près de 200 000 nouveaux immigrants, surtout des Irlandais et des Allemands, arrivèrent chaque année entre 1820 et 1850. Au total, on compte cinq millions d'immigrants de 1815 à 1860, dont 2,7 millions provenaient des îles britanniques et 1,5 million d'Allemagne, des pays scandinaves et des Pays-Bas. Les immigrants préférèrent les villes aux campagnes et contribuèrent à accélérer l'urbanisation aux États-Unis. Des villes telles que New York, Chicago, Cincinnati, Milwaukee, Detroit, San Francisco, etc., regroupèrent jusqu'à 50 % d'Américains nés à l'étranger.  Si certaines communautés ont pu se concentrer dans des quartiers et vivre en vase clos, la plupart se sont mêlées à l'ensemble et se sont fondues dans l'anglo-américain.

La découverte de l'Ouest américain entraîna de grands déplacements dans la population. Entre 1810 et 1830, plus de deux millions d'Américains se déplacèrent d'est en ouest.  De 1830 à 1840, la population de l'Indiana doubla; celle de l'Illinois tripla. En 1840, quelque 6,4 millions d'Américains habitaient déjà à l'ouest des Appalaches. Et ce ne sont surtout pas les immigrants qui furent responsables du peuplement de l'Ouest. Ce sont avant tout les Américains eux-mêmes qui se déplacèrent vers cette région, sur des distances généralement assez courtes, d'État en État. Ensuite, l'accroissement naturel de la population fit le reste. Au cours de cette période, l'immigration dans l'ensemble des États-Unis provint essentiellement de l'Europe, phénomène qui portait déjà les germes de l'Amérique anglocentrique

Dernière mise à jour: 22 avr. 2024

  

 

Les États-Unis d'Amérique
Histoire sociolinguistique des États-Unis

 

(1) Les premiers habitants
(2) La colonisation européenne
(3) La révolution américaine (1776-1783)
(4) L'expansion territoriale (1803-1867)
(5) L'Amérique anglocentrique
(1790-1865)
(6) L'Amérique eurocentrique
(1865-1960)
(7) L'Amérique multiculturelle
(1960 jusqu'à nos jours)
(8) La superpuissance
et l'expansion de l'anglais
(9) Bibliographie  

  

L'Amérique du Nord

Accueil: aménagement linguistique dans le monde