[Netherlands Antilles flag, 1959-86]
De Nederlandse Antillen

Antilles néerlandaises

 

1 Données géographiques

Les ex-Antilles néerlandaises (en néerlandais: De Nederlandse Antillen) comprenaient deux groupes d'îles, dont l’un —  les Îles-du-Vent ou Windward Islands — est situé l'est de Porto Rico et de la République Dominicaine, l'autre  — les Îles-sous-le-Vent ou Leeward Islands — est à quelque 60 km au nord du Venezuela, soit à près de 880 km de distance.

Dans les Îles-sous-le-Vent, on trouve les îles d'Aruba, de Bonaire et de Curaçao (désignées comme les îles ABC. Cet archipel néerlandais a une superficie totale de 925 km², mais Aruba ne faisait pas partie des Antilles néerlandaises. Dans les Îles-du-Vent, il y a les îles Sint Maarten (en fr.: Saint-Martin), de Saba et de Sint Eustatius (en fr.: Saint-Eustache) ; cet archipel couvre une superficie totale d'environ 67 km².

Willemstad (à Curaçao) est la capitale et la plus grande ville, dont la population s'élève à (est. 1985) plus de 125 000 habitants.

Soulignons que Saint-Martin est administrée par deux États: la France (Guadeloupe) administre la partie nord (53 km²), alors que les Pays-Bas occupent la partie sud (34 km²). On peut visualiser la carte générale des Antilles néerlandaises

Depuis le 1er juillet 2007, la Fédération des Antilles néerlandaises a commencé sa dissolution qui aurait dû être effective le 15 décembre 2008, mais, après un délai, le transfert des compétences souveraines vers Curaçao et Sint Maarten fut officialisé le 10 octobre 2010. Dès lors, les compétences de l’État fédéral autonome des Antilles néerlandaises furent transférés aux deux nouveaux territoires autonomes de Curaçao et de Sint Maarten; ceux-ci forment deux États autonomes au sein du royaume des Pays-Bas. Quant aux îles de Bonaire, Saba et Saint-Eustache, elles sont devenues trois nouvelles communes néerlandaises à statut particulier. Les ex-Antilles néerlandaises sont devenues des Territoires ultramarins du royaume des Pays-Bas ou Territoires néerlandais d'outre-mer.

2 Données géopolitiques

Au point de vue politique, les ex-Antilles néerlandaises, l’île d’Aruba et les Pays-Bas formaient trois États distincts au sein du royaume des Pays-Bas (Koninkrijk der Nederlanden). Les Antilles néerlandaises et l’île d’Aruba, territoires insulaires autonomes situés dans les Caraïbes, faisaient donc partie du Royaume. Les Antilles néerlandaises pouvaient être officiellement désignées comme la Fédération néerlandaise d'outre-mer ; en ce cas, elles comprenaient l’île d’Aruba qui, tout en étant exclu de jure des Antilles néerlandaises, demeurait membre de la Fédération néerlandaise d'outre-mer et du royaume des Pays-Bas.

La Charte du royaume des Pays-Bas peut être considérée comme la Constitution commune aux trois États (Pays-Bas, Aruba et Antilles néerlandaises) et constitue donc une loi constitutionnelle supérieure à la Constitution de chacun des États. Les Pays-Bas, les Antilles néerlandaises et Aruba possédaient chacun leur propre gouvernement, leur propre parlement, leur propre administration, leur drapeau distinctif, etc. La Charte du royaume des Pays-Bas règle l’ordre juridique des relations entre les trois entités souveraines qui coopèrent sur une base strictement volontaire. Ainsi, en tant que membres du gouvernement du Royaume, les intérêts des Antilles et d’Aruba sont défendus par leur «ministre plénipotentiaire» respectif à La Haye (Pays-Bas) et disposent d’un cabinet appelé la Maison des Antilles et la Maison d’Aruba. Les questions relatives aux relations internationales et à la défense sont considérées comme relevant de la juridiction du royaume des Pays-Bas.

Dans les années 1980, il était prévu que tous les États des ex-Antilles néerlandaises accèdent à l'indépendance. En 1986, Aruba fut dotée d’une autonomie (un Status Aparte) lui conférant un statut de «pays autonome au sein du Royaume», en attendant l'indépendance. Cependant, des référendums d'autodétermination organisés en 1993 et 1994 aux Antilles néerlandaises et à Aruba ont révélé que les citoyens de ces États ne souhaitaient pas devenir entièrement indépendants et qu'ils voulaient plutôt, dans des proportions variant autour de 90 %, conserver des liens constitutionnels avec les Pays-Bas.

Ainsi, est née la Fédération néerlandaise d’outre-mer regroupant les Pays-Bas, les ex-Antilles néerlandaises et Aruba. Une politique de coopération fut définie en 1999 dans un rapport intitulé L'avenir dans la coopération (Toekomst in Samenleving) visant à donner aux Antilles néerlandaises et à Aruba la possibilité d'assumer au mieux leurs responsabilités gouvernementales, afin de concrétiser le droit à l'autonomie sur lequel est fondé le Royaume des Pays-Bas.

3 Données historiques

Rappelons qu’en 1494 le pape Alexandre VI Borgia (1431-1503) avait contraint les Espagnols et les Portugais à signer le traité de Tordesillas qui traçait les limites territoriales entre l'Espagne et le Portugal: tout ce qui serait découvert à l'ouest du méridien appartiendrait à l’Espagne et à l'est (Brésil et Afrique), au Portugal. En réalité, l’Église catholique avait attribué aux deux puissances péninsulaires, non pas des zones de colonisation, mais des zones d'évangélisation, mais cette distinction ne résista pas longtemps aux appétits coloniaux. Les autres pays de l'Europe furent incapables de s'opposer au traité de Tordesillas jusqu'à la fin du XVIe siècle. En principe, les Antilles devaient appartenir aux Espagnols, puisque les Portugais y étaient écartés. C’est ce qui explique pourquoi les Espagnols furent les premiers à prendre possession des Antilles, même si elles devinrent avec le temps «néerlandaises», puis «françaises» et «anglaises». Paradoxalement, il n’existe pas d’«Antilles espagnoles» pour la simple raison que les Espagnols se désintéressèrent de la région pour concentrer leurs efforts en Amérique du Sud.

3.1 Les Espagnols

Christophe Colomb, lors de son premier voyage (1492), avait découvert les Grandes Antilles dont Cuba et Haïti (nommé Hispaniola). Au voyage suivant (1493-1496), il découvrit la Dominique, la Guadeloupe, Porto Rico, la Jamaïque, mais aussi les îles de Saba, de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy. Sa découverte fut à l’origine du traité de Tordesillas signé entre l’Espagne et le Portugal. Ensuite, lors de son troisième voyage (1498-1500), il parvint aux îles de la Trinité, de Tobago et de Grenade. N’ayant plus sa fonction de vice-roi, Colomb entreprit une dernière expédition en 1502 au cours de laquelle il longea la côte de l’Amérique centrale, à partir du Honduras. Il n’atteignit jamais lui-même l’Amérique du Sud.

Entre-temps, l’Espagnol Alonso de Ojeda et l’Italien Amerigo Vespucci au service de l’Espagne (d’où provient le nom d’Amérique) approchèrent, contrairement à Colomb, des côtes de l’Amérique du Sud en abordant en 1499 les îles d’Aruba, de Bonaire et de Curaçao. L’explorateur Alonso de Ojeda prit possession des trois îles au nom de l’Espagne. Des tentatives de colonisation furent envisagées un peu partout dans les Antilles, mais l’agressivité et la réputation d’anthropophagie des Caraïbes (peuple amérindien) incitèrent les Espagnols à négliger la plupart des petites îles (notamment les Îles-du-Vent au nord), qui servirent surtout d’escale entre les Antilles et l’Europe, ce qui laissait éventuellement la place aux Français, aux Anglais et aux Hollandais.

On retiendra que la colonisation européenne a exercé une influence déterminante et durable sur le peuplement, la langue et la culture des Antillais. La grande majorité de la population antillaise est de race noire ou mulâtre, en raison du commerce des esclaves auquel se livrèrent d’abord les Portugais, puis les Hollandais, les Britanniques et les Français (suivis, plus tard, par les Américains) dans cette région du monde.

3.2 Les Hollandais

En ce qui a trait aux Hollandais, rappelons que ceux-ci, après avoir chassé, entre 1637 et 1641, les Portugais d’Afrique occidentale en prenant les forteresses d'Elmina (Ghana), de Luanda (Angola) et de São Tomé, organisèrent à leur profit leurs propres réseaux de la traite négrière (jusqu’en 1863, au moment de l’abolition de l’esclavage). Les Hollandais, avec la création de la première Compagnie des Indes occidentales en 1621, s'arrogèrent le monopole de la traite pour le compte des Espagnols et, dès 1634, possédaient déjà les îles de Saint-Martin, Saint-Eustache, Aruba, Bonaire et Curaçao.

Pendant que les Anglais s'approprièrent Saint-Christophe (1620), le nord des Petite Antilles, Sainte-Lucie (1631) et la la Jamaïque en 1655, les Français revendiquèrent la Guadeloupe, La Martinique (1635) et l'île de la Tortue. Entre 1734 et 1750, le monopole espagnol de la traite des esclaves chancela, la traite s'universalisa de plus en plus. L'Angleterre tenta d'intercepter la traite des Noirs qui constituait une source de richesse pour l'Espagne ou pour ses alliés. Finalement, l'Europe entière, y compris la France et la Hollande, participa à la traite. Suivant un rapport présenté en 1787 au ministère anglais des Colonies, la traite avait atteint l’année précédente 100 000 nègres, ainsi répartis: Angleterre, 38 000; France, 31 000; Portugal, 25 000; Hollande, 4000; Danemark, 2000. Bref, les Hollandais furent de bien petits commerçants au XVIIIe siècle, alors qu'ils furent de grands commerçants un siècle plus tôt. Au total, certains historiens estiment à 40 ou 50 millions le nombre d'individus déplacés par la traite, entre 1511 et 1789. Au total, les Hollandais importèrent plus d’un demi-million d’esclaves aux Antilles et au Surinam, mais l’île de Curaçao en reçut la quasi-totalité, suivie du Surinam (37 000 esclaves). Rappelons que c'est le pape Nicolas V qui autorisa, le 8 janvier 1454, le roi du Portugal à pratiquer la traite (itinéraire Afrique-Portugal).

Après l’abolition de l’esclavage en 1863 — contre 1838 en Angleterre, 1848 en France et 1863-1868 aux États-Unis —, les Hollandais importèrent des immigrants dans leurs colonies des Antilles et du Surinam (Guyane hollandaise). Il y eut les importations de travailleurs sous contrat venus des Indes britanniques, de l’Indonésie et de la Chine au Surinam, mais il y eut également beaucoup de métissages dans les îles néerlandaises: Aruba (Vénézuéliens, Saint-Martinois, Américains), Bonaire (Anglais et Américains), Curaçao (Sud-Américains, Britanniques antillais, Américains, Français antillais), Saba (Américains), Sint Eustatius (Américains), Sint Maarten (plus de 40 ethnies).

3.3 Les Antilles néerlandaises

La première Constitution des Antilles néerlandaises a été adoptée par le Parlement néerlandais en 1865; elle a été plusieurs fois modifiée depuis cette époque. La modification la plus importante fut celle de 1954, qui aboutit à l'établissement de la Charte du royaume des Pays-Bas, l'organisme législatif principal qui réglemente l'autonomie interne pour les îles des Antilles néerlandaises, à l’exception d’Aruba. Seul le Surinam, devenu un État indépendant en 1975, a coupé tous les ponts avec les Pays-Bas, mais a conservé le néerlandais comme langue officielle.

Dans le cas des Antilles néerlandaises, nous ne retiendrons que les îles faisant actuellement partie du royaume des Pays-Bas: Aruba et les îles de Bonaire, Curaçao, Saba, Saint-Eustache et Saint-Martin, ce qui exclut le Surinam indépendant depuis 1975.

Depuis le 10 octobre 2010, les Antilles néerlandaises ont cessé d'exister.

Dernière révision en date du 03 janvier, 2024

 

Territoires néerlandais
d'outre-mer

 

Aruba

Bonaire

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Saba

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