[Thailand]
Royaume de Thaïlande

Thaïlande

(Muang Thai)

Capitale: Bangkok
Population: 70 millions (2019)
Langue officielle: thaï (de facto)
Groupe majoritaire: thaï (88,2 %)
Groupes minoritaires: chinois min nan, chinois hakka, chinois mandarin, chinois cantonais, malais, khmer, vietnamien, karène, yao, lisu, lahu, etc.
Système politique: monarchie constitutionnelle
Articles constitutionnels (langue): art. 27 de la Constitution de 2017
Lois linguistiques: Loi sur les douanes (1926); Loi sur la nationalité (1965); Loi promulguant le Code de procédure civile (1968); Loi sur la protection du consommateur (1979); Code civil et commercial (1989); Loi sur les marques (1991); Loi sur l'éducation nationale (1999); Règlement de l'Assemblée générale des juges de la Cour administrative suprême concernant la procédure de la Cour administrative (2000); Loi sur l'arbitrage (2002); Loi sur la promotion du développement des compétences (2002); Loi sur les établissements privés d'enseignement supérieur (2003); Code des revenus (2004); Code de procédure pénale (2008); Loi sur les entreprises de radiodiffusion et de télévision (2008); Loi sur le travail maritime (2015); Loi sur l'Académie royale (2015).

1 Situation géographique

La Thaïlande est un pays du Sud-Est asiatique, délimité au sud par le golfe de Thaïlande, à l'ouest et au nord par la Birmanie, à l'est par le Laos, au sud-est par le Cambodge et au sud par la Malaisie (voir la carte).  La superficie totale de la Thaïlande est de 513 115 km², soit une taille un peu plus petite que celle de la France (543 998 km²). Bangkok (Krung Thep en thaï) est la capitale et la plus grande ville du pays. Les autres villes importantes sont Chiang Mai, la plus grande ville en Thaïlande nordique, Songkhla dans la péninsule de la Malaisie, et Nakon Si Thammarat, également dans la péninsule malaise.
La Thaïlande est découpée administrativement en 76 provinces:

Les provinces du Nord: Chiang Rai, Kamphaengphet, Lampang, Lamphun, Mae Hong Son, Nakhon, Sawan, Nan, Petchabun, Phayao, Phichit, Phitsanulok, Phrae, Sukhothai, Tak, Uthai Thani, Uttaradit.

Les provinces du Sud: Chumpon, Krabi, Nakhon Si Thammarat, Narathiwat, Pattani, Phang Nga, Phattalung, Phuket, Satun, Songkhla, Ranong, Trang, Surat Thani, Yala.

Les provinces du Nord-Est: Amnat Charoen, Buriram, Chaiyaphum, Kalasin, Khon Kaen, Loei, Maha Sarakham, Mukdahan, Nakhon Phanom, Nakhon Ratchasima, Nongbua Lamphu, Nong Khai, Roi Et, Sakhon Nakhon, Sisaket, Surin, Ubon Ratchathani, Udon Thani, Yasothon.

Les provinces du centre: Ang Thong, Ayutthaya, Bangkok, Chainat, Kanchanaburi, Lopburi, Nakhon Pathom, Nonthaburi, Pathumthani, Prachuap Khiri Khan, Ratchaburi, Petchaburi, Samut Prakan, Samut Sakhon, Samut Songkhram, Saraburi, Singburi, Suphanburi.

Les provinces de l'Est: Chachoengsao, Chanthaburi, Chonburi, Nakhon Nayok, Prachinburi, Rayong, Sakaeo, Trat.

Ces provinces sont avant tout des entités administratives dotées d'une certaine autonomie. Étant donné que la Thaïlande n'est pas une fédération, ces provinces ne peuvent adopter de lois particulières, le pays restant un État unitaire.

Pendant des siècles, la Thaïlande fut un royaume gouverné par une monarchie absolutiste, mais depuis 1932 le pays est devenu une monarchie constitutionnelle à la suite d'une intervention des militaires.

2 Données démolinguistiques

De tous les pays indochinois, sauf le Vietnam (96,5 millions en 2018), la Thaïlande est le pays le plus peuplé avec 70 millions d’habitants (2019). On distingue deux types d’ethnies en Thaïlande: les Thaïs, ceux qui parlent l’une des langues thaïes (famille thaï-kadai), et les non-Thaïs, ceux qui parlent des langues austro-asiatiques, austronésiennes, hmong-mien, sino-tibétaines ou des langues immigrantes. Par tradition, la graphie française a adopté la graphie thaïe, parce qu'il subsiste une aspiration dans cette langue, bien que, en français, celle-ci soit inexistante puisqu'on prononce [ta-i] et non comme en anglais [tai] (ou taj, en alphabet phonétique international).

Environ 77 % de la population thaïlandaise vit dans les campagnes, mais les Thaïlandais ne sont pas uniformément répartis sur le territoire; ils se concentrent principalement dans le centre du pays, avec les Thaïs. Plus de 80% des Thaïlandais sont pauvres et vivent dans différentes régions du pays. La plupart d'entre eux n'ont pas de pouvoir de négociation dans le système d'économie de marché. Ils n'ont pas non plus accès aux ressources du pays, qui appartiennent pour la plupart à ceux du groupe le plus riche du pays, qui représente 20% de la population.

Pour ce qui est de la religion, les Thaïlandais sont très majoritairement bouddhistes (95 %), puis musulmans (4 %), chrétiens ou hindous (1 %), etc.

2.1 Un éventail de peuples diversifié

En dépit de son histoire centenaire en tant que pays unilingue avec des variétés linguistiques régionales très vivantes, la Thaïlande est en fait un pays de grande diversité linguistique, où environ 70 millions de personnes parlent plus de 80 langues et représentent cinq familles de langues différentes. Le tableau qui suit présente les groupes ethniques et leurs langues qui sont nombreuses. La Thaïlande présente donc un éventail de peuples très diversifié.

Ethnie Population Pourcentage Langue Filiation linguistique Religion
Thaï 51,705,000 74,5 % thaï famille thaï-kadai bouddhisme
Chinois 5,669,000 8,1 % thaï famille thaï-kadai bouddhisme
Thaï musulman 3,896,000 5,6 % thaï famille thaï-kadai islam
Malais de Pattani 1,759,000 2,5 % malais pattani famille austronésienne islam
Chinois min nan 1,519,000 2,1 % chinois min nan famille sino-tibétaine bouddhisme
Khmer 1,520,000 2,1 % khmer famille austro-asiatique bouddhisme
Kui 420,000 0,6 % kui famille austro-asiatique bouddhisme
Malentendant 348,000 0,5 %

langue des signes thaïs

famille thaï-kadai bouddhisme
Karène 189 500 0,2 % karène langue tibéto-birmane religion ethnique
Lao 296,000 0,4 % lao famille thaï-kadai bouddhisme
Birman 206,000 0,2 % birman langue tibéto-birmane bouddhisme
Vietnamien 122,000 0,1 % vietnamien famille austro-asiatique bouddhisme
Môn 120,000 0,1 % môn famille austro-asiatique religion ethnique
Thaï shan 99,000 0,1 % shan famille thaï-kadai bouddhisme
Thaï lue 91,000 0,1 % lu famille thaï-kadai bouddhisme
Nyaw 81,000 0,1 % nyaw famille thaï-kadai bouddhisme
Chinois hakka 79,000 0,1 % chinois hakka famille sino-tibétaine bouddhisme
Chinois hui 76,000 0,1 % chinois mandarin famille sino-tibétaine islam
73,000 0,1 % famille austro-asiatique bouddhisme
Cinghalais 72,000 0,1 % cinghalais langue indo-iranienne bouddhisme
Hmong njua 67,000 0,0 % hmong njua hmong-mien Religions Ethniques
Panjabi 62,000 0,0 % panjabi oriental langue indo-iranienne Autre/Petite
Akha 59,000 0,0 % akha famille sino-tibétaine Chrétienne
Européen anglophone 57,000 0,0 % anglais langue germanique Chrétienne
Lu mien 45,000 0,0 % Iu mien hmong-mien religion ethnique
Lisu 42,000 0,0 % lisu famille sino-tibétaine religion ethnique
Chinois cantonais 40,000 0,0 % chinois cantonais famille sino-tibétaine bouddhisme
Hmong blanc 36,000 0,0 % hmong daw hmong-mien religion ethnique
Lao song 36,000 0,0 % thaï song famille thaï-kadai bouddhisme
Bengali 35,000 0,0 % bengali langue indo-iranienne islam
Lao ngaew 35,000 0,0 % thaï famille thaï-kadai bouddhisme
Tamoul 38,000 0,0 % tamoul famille dravidienne hindouisme
Lahu 48,000 0,0 % lahu famille sino-tibétaine religion ethnique
Bru 49,000 0,0 % bru famille austro-asiatique bouddhisme
Kayah 41,000 0,0 % kayah langue tibéto-birmane bouddhisme
Saek 21,000 0,0 % saek famille thaï-kadai bouddhisme
Prai 20,000 0,0 % prai famille austro-asiatique religion ethnique
Khmu 15,000 0,0 % khmu famille austro-asiatique religion ethnique
Chinois min bei 14,000 0,0 % chinois min bei famille sino-tibétaine bouddhisme
Japonais 14,000 0,0 % japonais famille japonaise bouddhisme
Yong 14,000 0,0 % yong famille thaï-kadai bouddhisme
Lawa 17,100 0,0 % lawa famille austro-asiatique bouddhisme
Yoy 7,900 0,0 % yoy famille thaï-kadai bouddhisme
Coréen 7,300 0,0 % coréen famille coréenne bouddhisme
Ourdou 7,200 0,0 % ourdou langue indo-iranienne islam
Lua 7,000 0,0 % lua famille austro-asiatique religion ethnique
Thaï khun 7,000 0,0 % khun famille thaï-kadai bouddhisme
Wa 6,900 0,0 % wa famille sino-tibétaine religion ethnique
Palaung 6,200 0,0 % palaung famille austro-asiatique bouddhisme
Mal 4,900 0,0 % mal famille austro-asiatique religion ethnique
Cham 4,600 0,0 % cham famille austronésienne islam
Moklen 4,400 0,0 % moklen famille austronésienne religion ethnique
Français 4,200 0,0 % français langue romane chrétienne
Rohingya 4,100 0,0 % rohingya langue indo-iranienne islam
Puoc 3,600 0,0 % puoc famille austro-asiatique religion ethnique
Urak lawoi 3,100 0,0 % ourak lawoi' famille austronésienne religion ethnique
Kayan 2,800 0,0 % kayan famille austronésienne religion ethnique
Moken 2,100 0,0 % moken famille austronésienne religion ethnique
Chong 2,000 0,0 % chong famille austro-asiatique bouddhisme
Autres non classés 96 000 0,1 %      
Autres moins de 2000 16 100 0,0 %      
Total 2019 69,343,000 100 %      

Nous constatons que les Thaïs occupent tout le centre du pays, alors que les régions excentriques abritent des minorités linguistiques importantes telles que les Karènes à l'ouest, les Khmers au sud-est et les Malais au sud. Il faut aussi mentionner des communautés éparses: les Vietnamiens, les Chinois (toutes langues confondues), les Kui, les Sô, les Môn, les Hmong, les Shan, les Lu mien, les Chong, etc.

Groupes ethnolinguistiques

Région principale
Groupes de langues thaï-kadai  
  Thaï du Centre (parlé par les Thaï ou Siamois) Centre
  Thaï du Nord-Est ou issan (parlé par les Lao-thaï) Nord-Est
  Thaï du Nord (parlé par les Muangs) Nord
  Thaï du Sud (parlé par les Pak Thaï) Sud
  Thaï musulman Centre et Sud
  Autres groupes thaïs (shan, lu, song, etc.) Centre et Ouest montagneux
Sino-Thaïs et langues sino-tibétaines Régions urbaines (surtout Bangkok)
 Min nan, hakka, mandarin, cantonais, min bei  
Groupes  austro-asiatiques  
  Khmer Est frontalier
  Môn Centre
  Kui  Nord-Est
  Autres (lawa, sô, bru, prai, etc.) Nord montagneux
Groupes austronésiens Sud frontalier
  Malais, cham, moken, etc.  
Groupes «montagnards»  
  Karène (famille sino-tibétaine) Nord et Ouest montagneux
  Hmong et yao (famille hmong-mien) Nord montagneux
  Autres (akha, etc.) Nord montagneux
Groupes immigrants  
  Vietnamien Régions urbaines et Est
  Cinghalais, panjabi, tamoul, ourdou, coréen,
  japonais, etc.
Régions urbaines

2.2 Les Thaïs

La Thaïlande compte plusieurs peuples thaïs, puisqu'ils sont composés de quatre groupes ethnolinguistiques: les Thaïs siamois, les Thaïs du Nord-Est ou Issans (ou Lao-Thaïs), les Thaïs du Nord ou Muangs et les Thaïs du Sud ou les Pak Thaïs.

Les Thaïs siamois, qui vivent généralement dans le centre du pays, parlent le siamois (appelé aussi thaï siamois, thaï central ou thaï du Centre, thaï standard ou encore thaï de Bangkok), seraient entre 20 et 25 millions (environ 40 % de la population totale). Ce sont les Thaïs siamois qui dirigent le pays, qui ont défini la norme linguistique et imposé leur variété linguistique à l’ensemble du pays, notamment au gouvernement, en éducation et dans les médias écrits. Rappelons que c'est aussi le «thaï de Bangkok». Le thaï officiel correspond en effet à cette variété de thaï. Les Thaïs siamois se considèrent comme les «vrais Thaïs».

Les Thaïs du Nord, les Muangs (appelés également Yuans), sont concentrés dans les zones montagneuses du Nord. Au nombre de six millions (10 %), ils parlent le thaï du Nord ou muang, mais 9,5 % d’entre eux connaissent aussi la langue officielle.

On compte cinq millions (8,3 % de la population) de Thaïs du Sud, appelés aussi les Pak Thaïs, disséminés dans les 14 provinces du Sud. On estime que 81 % d’entre eux s’expriment généralement en thaï du Sud, 8,5 % en thaï central et 10,5 % sont résolument bilingues. 

Les Thaïs du Nord-Est ou Issans (appelés aussi Lao-Thaïs) habitent dans quelque 17 provinces du Nord-Est. On compte entre 15 et 23 millions de locuteurs parlant le thaï du Nord-Est (ou l’issan), soit environ 31 % de la population totale. Quelque 11 % d’entre eux sont bilingues et parlent le thaï du Nord-Est et le thaï siamois. En Thaïlande, le terme «issan» désigne généralement le «lao importé», du fait que le thaï et le lao sont linguistiquement très proches des deux côtés de la frontière avec le Laos de sorte qu'ils forment une continuité linguistique.

Les Lao-Thaïs prétendent être descendants des Thaïs qui ont émigré du sud-ouest de la Chine en Thaïlande en raison de l'oppression chinoise. Tout au long du XIXe siècle, de nombreux Lao-Thaïs furent emmenés du Laos en Thaïlande en tant que captifs de la guerre, bien que la plus grande majorité soit restée au Laos. Aujourd'hui, ceux qui vivent au nord-est de la Thaïlande sont donc des Laos devenus thaïlandais. Parmi les Thaïs, on distingue parfois les Thaïs musulmans (1 %), qui dont la langue maternelle est le thaï central.

2.3 La langue thaïe

Le développement historique de la langue thaïe standard peut être résumé de la façon qui suit.

- Les origines de la langue thaïe standard

Avant l'arrivée des Chinois dans le sud de la Chine, les ancêtres des Thaïs dans la province du Guangxi parlaient une langue proto-thaïe centrale de la famille thaï-kadai.

Le proto-thaï du Sud-Ouest a commencé à se former au VIIIe siècle de notre ère (sous la dynastie Tang) lorsque le peuple thaï s'est installé dans diverses régions de l'Asie du Sud-Est. À cette époque, plusieurs couches d'emprunts chinois venus du royaume Viet Viet (ancien ou vieux chinois), et ce, jusqu'à la dynastie Tang (fin du moyen chinois) ont pénétré dans la langue proto-thaïe du Sud-Ouest. Lorsque les ancêtres des Thaïs se trouvaient dans le Guangxi et dans les premiers royaumes thaïs du Siam, ils employaient pour écrire des caractères dérivés du chinois mandarin appelés "zhuang", c'est-à-dire des logogrammes dérivés des caractères chinois utilisés par les Zhuang du Guangxi et du Yunnan en Chine, afin d'écrire la langue zhuang, une langue non chinoise de la famille thaï-kadai.

Vers 1279-1292, le roi Ramkhamhaeng du royaume de Sukhothai adopta et modifia l'écriture khmère des populations autochtones pour écrire la langue thaïe, cette écriture étant à son tour basée sur l'écriture indienne de la dynastie des Pallava appelée «écriture pallava», car elle désignait l'alphabet vatteluttu originaire du sud de l'Inde, lequel est la base de nombreux systèmes d'écriture de la région, notamment les alphabets khmer, birman et javanais. Puis les anciens caractères chinois ont été abandonnés en adoptant cette nouvelle écriture qui facilitait la communication entre les souverains thaïs et les Khmers.

Dans le processus d'interaction entre les peuples thaï et khmer, la langue thaïe standard incorpora de nombreux mots de l'ancienne langue khmère, ainsi que sa sous-composante indienne existante, le sanskrit et le pali. Auparavant, de nombreux mots sanscrits avaient été incorporés dans l’ancien khmer par le biais de la religion du peuple khmer, le bouddhisme theravada.

- Les variétés du thaï

Les Thaïs parlent de nombreuses variétés de thaï, dont quatre principales: le thaï du Nord, le thaï du Sud, le thaï du Nord-Est ou l'issan, le thaï central ou thaï standard. L’intercompréhension demeure difficile entre les quatre langues thaïes, surtout avec l'issan, mais pas impossible. La langue officielle, répétons-le, est le thaï siamois, anciennement appelée le siamois. Le thaï appartient à la famille thaï-kadai.

Le thaï est non seulement parlé en Thaïlande, mais aussi au Laos (dont la langue, le lao, est relativement proche parente du thaï, avec une écriture presque identique et une intercompréhension facile), en Chine (où la principale langue thaï, le zhuang, est parlée par 15 millions de personnes dans les provinces du Guangxi et du Yunnan) et en Birmanie (où tout l'État shan à l'est du pays est de langue thaïe). On considère que le lao du Laos est une variante dialectale du thaï. Le thaï et le lao s'écrivent tous deux avec un alphabet dérivé de l'alphabet khmer, lui-même tiré des langues de l'Inde. Quant au zhuang parlé en Chine, il s’écrit en idéogrammes chinois et l’intercompréhension avec le thaï est pratiquement impossible. Les autres langues du groupe thaï ne s'écrivent pratiquement pas.

- L'alphabet thaï

Le thaï (siamois) est réputé difficile en raison notamment de son système tonal — quatre tons: haut, bas, montant, descendant et normal (le cinquième) —, ses neuf voyelles de bases qui peuvent être courtes ou longues, ses 44 consonnes, etc. Il s’écrit, rappelons-le, avec un alphabet dérivé de l'alphabet khmer, tiré des langues de l'Inde. 

Précisons aussi qu’il existe un alphabet pour les consonnes (au nombre de 44, dont deux sont désormais hors d'usage) et un alphabet pour les voyelles (subdivisé en voyelles simples et voyelles composées, pour un total de 32). L'alphabet thaï a été créé par des érudits khmers à l'aide des écritures de l'Inde du Sud.

- Les particularités linguistiques

Une autre des particularités de l'écriture thaïe est de ne pas séparer les mots d’une phrase. Comme il n'existe pas de ponctuation, on a recours à un espacement pour marquer une division dans un texte.

Extrait de l'hymne national en thaï Paroles en transcription phonétique Traduction en français
ประเทศไทยรวมเลือดเนื้อชาติเชื้อไทย
เป็นประชารัฐ ไผทของไทยทุกส่วน
อยู่ดำรงคงไว้ได้ทั้งมวล
Prathet Thaï Rouam Leuatt Neua Tchaatt Tcheua Thaï
Pen Pra Tcharatt Pha-Thai khaung Thai Thouk Suan
Yoo Damrong Khong Waï Daï Thang Mouann
La Thaïlande est faite de la chair et du sang de ses citoyens
Le sol de la mère patrie appartient à ses enfants
Et demeure leur soutien permanent sans exception

La grammaire et la phonétique du thaï sont très proches du chinois, qu'il s'agisse, par exemple, du rôle des tons, de l'emploi du verbe ou des nombreux numératifs. Tous les mots sont invariables: il n’existe pas de féminin, ni de pluriel, ni de conjugaison. De plus, la notion de minuscule-majuscule est inexistante en thaï. 

Enfin, soulignons aussi que, comme dans plusieurs langues asiatiques (notamment en khmer, en vietnamien, en lao, etc.), le thaï exprime d’une manière très précise les nuances relatives à la politesse: par exemple, les pronoms et parfois le vocabulaire varient selon l'âge, le sexe, la fonction sociale de l'interlocuteur, et le respect qu'on lui porte.

Ajoutons que, depuis le XVIIe siècle, la Thaïlande utilise une «langue de cour», une variété de thaï appelée phasa ratchasap, mais le roi Bhumibol Adulyadej (Rama IX, de 1946 à 2016), a toujours encouragé l'emploi du thaï central (siamois). Parallèlement, le pali, une langue religieuse encore employée, est graduellement remplacé par le thaï central dans beaucoup de cérémonies officielles et de textes sacrés.

- La romanisation du thaï

Il existe de nombreux systèmes pour la romanisation de la langue thaïe, c'est-à-dire la représentation de la langue en alphabet latin, ce qui inclut des systèmes de translittération et de transcription. Le système le plus utilisé dans l’espace public est le Royal Thai General System of Transcription (RTGS) ou Système général de transcription royal du thaï. Il est basé sur le thaï parlé, mais ignore les tons, la longueur des voyelles et certaines différences sonores mineures.

La romanisation des mots thaïs est réglementée par l'Académie royale de Thaïlande dans le but de se rapprocher de la prononciation originale (sans intonation) tout en maintenant la lisibilité du texte pour les lecteurs non familiarisés avec le système de translittération. En général, l'orthographe du vocabulaire dérivé du sanscrit, du pali ou de l'anglais préfère que sa prononciation soit thaïe plutôt que son origine étymologique.

Un problème qui se pose aux étrangers qui tentent de prononcer correctement des mots thaïs est provoqué par la translittération de mots thaïs en alphabet latinisé. Un exemple évident serait l’île de Phuket, prononcée [poo-ket] plutôt que "foo-ket", comme elle le serait en anglais. De plus, il n’existe pas de norme officielle pour la translittération des mots et de nombreux mots thaïs sont donc orthographiés différemment sur différentes cartes ou sur des panneaux de signalisation. Une des raisons est que beaucoup de mots thaïs (surtout les personnes et les noms de lieux) ont une orthographe en sanscrit et en pali, mais que la prononciation n’a guère de rapport avec l’orthographe.

2.4 Les minorités non thaïes

La Thaïlande compte aussi de nombreuses minorités ethniques non thaïes (près de 70), qui vivent pour la plupart à la périphérie du pays (sauf les Chinois au nord-est), surtout dans le Nord, le Sud-Est et le Sud (voir la carte ethnique). La plus importante de ces minorités est la minorité chinoise (plus de 10 % de la population du pays, toutes langues confondues). Parfaitement intégrée à la culture thaïe — beaucoup de Chinois ont le thaï comme langue maternelle —, elle demeure très influente dans les commerces urbains et les financiers; cette communauté contrôle le commerce de l'alcool, de l'opium, de la loterie et des jeux. Suivent les minorités austro-asiatiques telles que les Khmers (2,1 %) près de la frontière cambodgienne, les Môns (0,1 %), les Kui (0,6 %), etc., auxquels on ajoute les Malais (2,5 %) dans le Sud, une minorité austronésienne. Pour leur part, les Vietnamiens (122 000), également d’origine austro-asiatique, sont des immigrants établis dans le nord-est du pays.

Citons aussi les peuples dits «montagnards» (appelés aussi «tribus montagnardes» ou «peuples des collines»), une vingtaine d’ethnies concentrées dans les provinces du Nord et du Nord-Ouest. Ce sont en majorité des peuples d'origine semi-nomade venus du Tibet, de la Birmanie, de la Chine ou du Laos au cours des derniers siècles. On dénombre parmi eux les Lisu (42 000), les Hmongs (103 000), les Yao (71 000), les Lu Mien (45 000), les Lahu (60 000), les Akha (59 000), les Karènes (210 000), les Lawa (10 000), etc. En raison de leur isolement, très peu de «montagnards» parlent le thaï, la plupart étant restés analphabètes (environ 90 %). Ces peuples, qui compteraient entre 650 000 et 800 000 individus, selon l'Institut des études ethniques de Chiang Mai, parlent en général des langues sino-tibétaines (tibéto-birmanes) et hmong-mien (miao-yao). Le niveau de vie de ces peuples est l'un des plus bas de toute la Thaïlande. Ces peuples sont aussi menacés d'assimilation et d'extinction.

2.5 La langue anglaise

Près de 100 000 locuteurs ont l'anglais comme langue maternelle. Ce sont principalement des Européens (Britanniques) et des Américains. L'anglais est enseigné comme langue étrangère dans les écoles et les collèges, ainsi que dans les universités. Il n'est guère surprenant que l'anglais soit grandement utilisé en Thaïlande dans l'industrie du tourisme, dans les commerces et par le gouvernement. Les guides et les employés d’hôtels et de restaurants parlent souvent l’anglais... à des degrés divers, bien sûr. Hors des sentiers battus, peu de gens parlent l'anglais de façon adéquate. De plus en plus de gens apprennent l'anglais et ceux qui le parlent assez bien pour engager une conversation apprécient la possibilité de le parler avec des anglophones.

L'anglais est la langue seconde des gens instruits et il est relativement bien compris à Bangkok et dans les autres grandes zones urbaines, où il est parfois l'une des principales langues de travail. L'anglais est naturellement devenu la langue véhiculaire commune, même si de nombreux visiteurs asiatiques ont appris à parler le thaï. En conséquence, les centres de population qui accueillent de nombreux étrangers, tels que Bangkok, Chiang Mai et les îles, comptent de nombreuses personnes parlant assez bien le thaï et l'anglais.

L'anglais est considéré à la fois comme une clé et un baromètre du succès. Un journal de langue anglaise en Thaïlande a adopté une politique informelle concernant des représentants du gouvernement ou des chefs d’entreprise qui ne parlent pas l'anglais, car ils ne sont pas classés au premier rang ou dignes d’être suffisamment dignes d’être interviewés.

2.6 La langue française

Un peu plus de 4000 locuteurs parlent le français comme langue maternelle, généralement des Français ou des Canadiens du Québec. Cependant, plus de 50 000 Thaïlandais apprennent chaque année cette langue pour un total de 560 000 locuteurs de français, langue seconde. Le français est donc la 3e langue étrangère du pays, derrière l’anglais, dont l’apprentissage est obligatoire, et le chinois mandarin. Contre toute attente, la Thaïlande, sans véritable tradition francophone liée aux aléas de son histoire, a fait d’elle-même le choix de la Francophonie et de la francophilie. La Thaïlande est un État observateur auprès de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) depuis 2008. Un programme de classes bilingues dans le primaire et le secondaire a été lancé en 2009, associé aux activités du Centre francophone Asie-Pacifique de l’OIF, tandis que quatre universités font partie du réseau de l’Agence universitaire de la Francophonie. Des rencontres avec les responsables et journalistes du mensuel francophone Gavroche, avec les membres du bureau de l’Association thaïlandaise des professeurs de français (ATPF) et une visite à l’Alliance française de Bangkok ont permis de prendre la mesure du dynamisme des milieux francophones dans la capitale thaïlandaise.

La raison principale de ce choix pour le français en Thaïlande semble liée au fort attachement de la famille royale thaïlandaise au français. En effet, le roi Bhumibol Adulyadej (décédé en 2016) et sa sœur aînée, la princesse Galyani Vadhana (décédée en 2008), tous deux parfaits francophones, ont passé l’essentiel de leur enfance et jeunesse en Suisse romande. La princesse a beaucoup contribué à la promotion du français en Thaïlande, en créant par exemple, en 1977, l’ATPF. On compte plus de 900 professeurs de français dans le pays.

Parler le français est un atout indéniable dans de nombreuses professions, car cela permet également d’accéder à l’espace francophone, fort de 220 millions de locuteurs répartis sur 77 pays. Selon l'OIF, la Thaïlande est l’un des pays de l’ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) avec le plus de francophones (Thaïlande : 562 000 francophones, 0,8% de la population ; Vietnam : 623 000, 0,7% de la population ; Cambodge : 406 400, 3% de la population et Laos : 173 800, 3% de la population, selon le dernier rapport de l’OIF).

3  Données historiques

Les fouilles menées dans plusieurs sites archéologiques en la Thaïlande ont révélé la présence de civilisations préhistoriques datant de 10 000 à 2000 ans avant notre ère. Dès le début du 1er siècle, des royaumes môn-khmers se sont formés et ont occupé certaines régions de l’Asie su Sud-Est. Les Khmers ont fini par contrôler toute la région. Vers le milieu du XIIIe siècle, sous la pression des conquérants mongols qui contrôlaient la Chine, les Thaïs quittèrent les hautes vallées du Yunnan chinois et s’installèrent en Asie du Sud-Est où ils prospérèrent en marge des deux principautés môn-khmères qui asservirent l'actuel territoire thaïlandais. Ce sont les Khmers qui appelèrent Syams (signifiant «basanés») les premiers émigrants thaïs venus de Chine.

3.1 Le royaume de Siam

À la fin du XIIIe siècle, les Thaïs s'affranchirent de la souveraineté khmère, sous l'autorité du fils de leur roi Ramkhamhaeng, surnommé «Rama le Hardi» qu'ils considéraient comme le fondateur de leur nation, le Siam. Les Thaïs avaient emprunté aux Mongols l’organisation administrative et sociale; aux Khmers, ce furent la religion, le bouddhisme singhalais et l'écriture cursive. Lors de l’ère de Sukhothai (1220-1349), puis de celle d'Ayuthya (1350-1767), les rois d'Ayuthya (alors la capitale) adoptèrent les coutumes cambodgiennes et établirent des lois basées sur la tradition hindoue.

À son apogée, le royaume de Siam contrôla non seulement toute la Thaïlande actuelle, mais aussi des territoires qui se trouvent aujourd'hui en Birmanie, et il fut l'un des États les plus puissants d'Asie du Sud-Est. Mais les rois d'Ayuthya régnèrent au prix de nombreuses guerres aux résultats assez inégaux avec les pays voisins, notamment la Birmanie et le Cambodge. Ainsi, en 1563, Ayuthya, la capitale du royaume de Siam, fut conquise par les Birmans (1563), qui y imposèrent leur tutelle pendant quinze ans et anéantirent ainsi une grande partie de l’héritage culturel des Thaïs.

Dès le XVIe siècle, le Siam fut visité par les Européens, d’abord par les Portugais, puis par les Hollandais et les Britanniques. Le pays dut résister aux visées tant portugaises que hollandaises et britanniques. Le roi Phra Naraï (1657-1688) sollicita l'alliance de la France. Selon la volonté de Louis XIV de convertir le roi Naraï et son peuple au catholicisme, l'ambassadeur français (le chevalier de Chaumont), accompagné de l'abbé de Choisy, arriva au Siam en 1685 avec deux navires de guerre. De son côté, le Siam profita du retour de cette mission à Paris en 1686 pour envoyer une délégation thaïe conduite par Phraya Kosathibodi, ministre des Affaires étrangères. En 1687, une escadre de six navires français se rendit à Bangkok pour fortifier la ville, mais la France échoua dans sa tentative d’implantation; la mort de Phra Naraï a fait en sorte que les troupes de Louis XIV durent se replier sur les Indes françaises. Les linguistes thaïlandais affirment que le règne de Phra Naraï constitue le moment marquant de la langue siamoise (ou thaïe). C’est à cette époque que la variété du thaï central (ou siamois) devint la langue véhiculaire employée par les fonctionnaires, les universitaires, les affaires commerciales, etc. Cette variété de thaï siamois servit alors de norme à partir de laquelle toutes les autres variétés de thaï furent comparées.

Au XVIIe siècle, le Siam s'ouvrit à l'éducation et au commerce extérieur. Le français, langue d'élite, fut présenté pour la première fois à la cour royale siamoise et devint une langue étrangère largement utilisée dans le cadre du commerce et de la politique. En raison de l'appréhension ressentie à l'égard de la christianisation et du mécontentement vis-à-vis des comportements des missionnaires français, un sentiment antifrançais se répandit à la cour du souverain. Le Siam se ferma à l'Occident pendant deux siècles dès 1688, donc à la fin du règne de Naraï.
 

C’est au cours des XVIe et XVIIe siècles que les missionnaires espagnols et portugais introduisirent le christianisme au Siam. Leur succès fut modeste, car la communauté chrétienne du Siam demeura toujours peu nombreuse. Même à la fin du XXe siècle, on ne comptait qu’environ 260 000 catholiques dans le pays, soit proportionnellement l’une des communautés chrétiennes parmi les plus petites d’Asie.

Pendant la première moitié du XVIIIe siècle, le Siam dut faire face aux armées vietnamiennes et birmanes. En 1758, la Birmanie attaqua la ville d'Ayuthya qui finit par être rasée en avril 1767. Des milliers d’habitants furent déportés en Birmanie, tandis que les survivants se retirèrent dans le Sud. Mais le royaume de Siam fut libéré et reconstitué par le général Phya Tak (ou Taksin) qui se fit proclamer roi. Appelé «Taksin le Grand» (17 avril 1734 au 6 avril 1782), il régna à Thonburi (à l'ouest de Bangkok) après la destruction du royaume d'Ayutthaya par les Birmans en 1767. Taksin fut considéré comme l'un des plus grands souverains siamois en raison de ses prouesses militaires et sa capacité à réunifier le pays en seulement quinze ans. Tirant profit de l'affaiblissement des Vietnamiens, il annexa le royaume du Laos Vientiane, puis le Cambodge. En 1782, Taksin fut exécuté après avoir été détrôné par le général Chao Phraya Chakri ; ce dernier monta sur le trône sous le nom de Rama Ier et déplaça la cour de la rive ouest à la rive est du Chao Phraya. Par la suite, Rama Ier (1782-1809) imposa une nouvelle dynastie (Chakri) et fonda Bangkok comme capitale. Le bouddhisme resta la religion d’État. Dans les années 1790, les Birmans furent définitivement chassés du Siam.

La carte de gauche illustre le royaume de Siam dans sa plus grande extension. En 1782, le royaume englobait le Laos, le Cambodge, une portion de la Birmanie et de la Chine, puis deux territoires malais (le Kelantan et le Kedah). La couronne resta aux mains de la dynastie Chakri, puis à celles de la dynastie Mongkut (1851-1868) et celles de la dynastie Chulalongkorn (1868-1910).

Après la victoire des Britanniques sur le royaume birman d'Ava en 1826, les héritiers de Rama Ier du Siam commencèrent à s'inquiéter de la présence du colonialisme européen. La première reconnaissance thaïe de la part d'une puissance coloniale dans la région fut officialisée au moment de la signature d'un traité d'amitié et de commerce avec le Royaume-Uni en 1826, le traité Burney, du nom du négociateur britannique, le capitaine de vaisseau H. Burney, résident britannique à la cour birmane d'Ava et ambassadeur auprès de la cour du Siam. Le traité reconnaissait la souveraineté siamoise sur les États malais septentrionaux (Kedah, Kelantan, Perlis et Terengganu), mais également la liberté du commerce britannique au Kelantan et Terengganu contre toute ingérence siamoise. En 1909, le Royaume-Uni et le Siam allaient signer un nouveau traité pour  transférer la souveraineté des quatre États malais du Siam au Royaume-Uni.

On a souvent affirmé que le Siam avait échappé à la colonisation grâce à son rôle d’État-tampon entre les colonies anglaises (les Indes et la Birmanie) et les colonies françaises d'Indochine. C'est à la fois partiellement vrai et partiellement faux. Dans les faits, le Siam a été soumis à un «régime indirect» de la part des Britanniques, car ils contrôlèrent les finances et les services publics, y compris la police de Bangkok. Le 23 mars 1907, le Siam signait un traité avec la France: l'article 1er cédait à la France les territoires de Battambang, de Siem Réap et de Sisophon, dont les frontières furent définies par une clause particulière. Les sujets asiatiques étrangers et les protégés français devaient jouir, dans toute l'étendue du royaume de Siam, des droits et prérogatives dont bénéficiaient les nationaux du pays, notamment des droits de propriété, de libre résidence et de libre circulation. Pour la France, le fait d'étendre son influence au Siam avait comme avantage de réduire l’influence britannique prépondérante dans ce pays. Le 10 mars 1909, le Siam signait un autre traité avec la Grande-Bretagne par lequel le Siam renonçait à ses prétentions sur les États malais de Kedah, de Kelantan, de Perlis et de Terengganu, transférant aux Britanniques sa souveraineté sur ces derniers. Il existait donc une réelle compétition franco-britannique qui, si elle n'a jamais été organisée par le Siam, a imposé à ce pays une série de renonciations orchestrées de la part des deux puissances rivales européennes.

Malgré cette mainmise subtile, le Siam n'a jamais perdu sa singularité linguistique ni sa particularité culturelle. Ce pays a maintenu depuis des siècles des traditions, des coutumes et des rites qui ont marqué profondément les mentalités thaïes. Le caractère national thaïlandais s'est développé collectivement en relation avec une seule et unique langue nationale : le thaï standard, une langue qui unit aujourd'hui le peuple thaïlandais, quelle que soit l'origine de ses composantes.
 

La présence française dans la péninsule indochinoise a néanmoins bousculé les forces en présence. Le Siam était un royaume ancien et le creuset de la culture thaïe; ce n'était pas du tout un espace «vide» offert à la conquête européenne. Au contraire, c'est le Siam qui rayonnait dans presque toute la péninsule indochinoise. Menacé par les ambitions colonialistes britanniques et françaises, le Siam perdit des territoires en Birmanie (1893), au Laos (1893-1904), au Cambodge (1904-1907) et en Malaisie (1909). Tandis que le Tonkin, l'Annam et la Cochinchine devenaient un protectorat français, le royaume du Siam préservait son indépendance, grâce surtout à l'action de Rama V (1868-1910), qui sut habilement tirer profit de la rivalité entre les puissances coloniales, pendant que le protectorat français s'installait français sur le Cambodge et le Laos (1867), puis le protectorat anglais sur le sultanat malais (1874).

L'augmentation de l'influence française en Indochine amena le Siam à abandonner à la France en 1887 sa souveraineté sur le sud-est du Tonkin. Après une série de négociations, le royaume siamois fut contraint par la France à lui céder en 1893 la rive gauche du Mékong (une grande partie du Laos). En 1907, ce fut le traité de frontière franco-siamois selon lequel le Siam renonçait, au profit de la France, à ses droits sur les territoires riverains situés à l'ouest du Mékong (dans la province de Louang Prabang, au nord-ouest du Cambodge). Enfin, le nord de la Malaisie fut remis à la France en 1909. En échange de l'abandon par les Français de leurs privilèges d'extraterritorialité au Siam et de l'indépendance de certaines provinces frontalières siamoises, le Siam réussit ainsi à préserver son indépendance.

Le roi du Siam encouragea l'immigration chinoise et fit appel à l'expertise occidentale pour réorganiser l'administration et construire un réseau de chemin de fer. En fait, le Siam restait le seul pays de l'Asie du Sud-Est à n'avoir pas été colonisé. La politique de modernisation du pays se poursuivit sous le règne du roi Chulalongkorn (ou Rama V : 1868-1910). Cette politique d'ouverture aux cultures occidentales comme aux relations extérieures permit paradoxalement au royaume de préserver son indépendance par rapport aux pouvoirs colonisateurs occidentaux. En effet, tandis que la Birmanie était restée la chasse gardée des Britanniques, les Français conservaient le Vietnam, le Cambodge et le Laos. Il ne restait que le Siam (aujourd'hui la Thaïlande).

Entre 1896 et 1898, le gouvernement thaïlandais créait un ministère de la Foresterie royale et décréta que tout territoire «inoccupé» appartenait à la couronne. Or, les territoires «inoccupés» dans le Nord étaient en fait habités par les diverses ethnies montagnardes qui, dans certains cas, habitaient là depuis de nombreuses générations.

Dès cette époque, le français fut officiellement reconnu au Siam comme une discipline scolaire. Historiquement, c'est Isidore-François-Joseph Colombert, alors secrétaire particulier de l'évêque de Saïgon, qui fonda la première école française à Bangkok. Il s'agissait aussi de contrebalancer l'influence grandissante de l'anglais dans le royaume siamois, ce qui suscita l'arrivée successive de plusieurs missionnaires français. Cette école de Bangkok devint le collège de l'Assomption en 1885. Plus tard, des prêtres catholiques fondèrent deux autres collèges, le collège de Saint-Gabriel et le collège de Saint-Paul; suivit un premier couvent pour l'instruction des filles, le couvent  Saint-Joseph. Bien sûr, l'un des objectifs de ces établissements franco-siamois était de convertir les Siamois au catholicisme.

À cette époque,  le français ne correspondait pour les habitants du Siam qu'à une langue de prestige réservée aux gens de la haute société, puisque l'instruction dans cette langue n'avait guère de valeur utilitaire. Le français était considéré comme un signe d'une classe sociale élevée, surtout de la part du roi et de sa cour.

3.2 La Thaïlande

Le 24 juin 1932 au matin, des forces d’infanterie et de cavalerie appuyées d’artillerie et de chars d’assaut encerclèrent le palais royal, le palais de Justice et les principaux ministères, et arrêtèrent tous les princes influents. Un ultimatum signé par trois chefs militaires fut envoyé au roi Rama VII. Le 26 juin, celui-ci signa une proclamation approuvant l’établissement d’une monarchie constitutionnelle et parlementaire, en lieu et place de la monarchie absolue. La révolution sans effusion de sang de 1932, qui transférait le pouvoir absolu du roi à un gouvernement démocratique, encouragea le développement et l'expansion des écoles et des établissements d'enseignement supérieur. Le premier programme d’éducation nationale fut officiellement mis en place pour permettre l’accès à l’éducation sans distinction d'aptitudes, de sexe ou d’origine sociale. Cependant, la nouvelle monarchie constitutionnelle ne constituait pas une véritable démocratie.

En 1938, des militaires et nationalistes, sous l'autorité du général Pibul Songgram, prirent le pouvoir. Durant plusieurs années, le pays allait être dominé par les forces armées pendant que Pibul Songgram, devenu premier ministre, institua un régime de dictature militaire. En 1939, il changea le nom du pays, le Siam, pour «Thaïlande» ("Prathet Thaï"), dont la traduction en thaï siamois signifie «terre des hommes libres», symbolisant ainsi la fierté de ce peuple de n’avoir jamais été colonisé. Pendant la Seconde Guerre mondiale, avec l'appui du Japon, Pibul Songgram annexa divers territoires peuplés de Thaïs dans les pays voisins. Le Japon devint le principal fournisseur du royaume thaïlandais; des traités d'amitié (1940) et d'alliance (1941) furent signés entre les deux pays, mais l'expansionnisme sino-soviétique et la décolonisation de l'Indochine permirent à la Thaïlande de faire oublier ses alliances avec le Japon. Pibul Songgram dut s'éloigner de la vie politique en 1945, mais un putsch le ramena au pouvoir en 1947.

L'année précédente, la Thaïlande avait été admise à siéger à l'Organisation des Nations unies (ONU), devenant ainsi son 55e membre. Après une dizaine d'années, le général Pibul Songgram, appelé simplement "Phibun", fut renversé par le maréchal Sarit Thanarat en 1957, qui devint  premier ministre d'un gouvernement militaire thaïlandais jusqu'à son décès en 1963. On allait dénombrer 17 tentatives pendant les cinquante premières années du règne de Rama IX (de 1946 à 2016) ! En 1960, l'enseignement obligatoire fut étendu à sept ans et, pour la première fois, des dispositions spéciales furent prises pour les enfants handicapés, alors qu'auparavant ils étaient dispensés de l'enseignement obligatoire. En 1961, le gouvernement entamé une série de programmes quinquennaux et bon nombre des bâtiments scolaires furent construits à cet effet, notamment les écoles primaires de village (en bois) et les premières écoles secondaires en béton, qui datent de cette époque.

Dès 1962, les Américains obtinrent le droit de stationner des troupes sur le sol thaïlandais et d’y ouvrir des bases militaires. En 1969, on comptait quelque 49 000 soldats américains en Thaïlande, dont 36 000 dans l’aviation, 10 000 dans l’armée de terre et près de 1000 conseillers militaires. À partir de cette époque, la langue thaïe fut considérablement influencée par l’anglo-américain, surtout dans le domaine des sciences et de la technologie, mais aussi dans le commerce et les affaires.

La ville de Bangkok s’occidentalisa. On y construisit des hôtels internationaux, de grands centres commerciaux, sans oublier les activités liées au tourisme sexuel avec l’arrivée des bars de nuit, des discothèques et des salons de massage. Si les premiers clients étaient des soldats américains en permission, c’est une clientèle internationale qui, à partir des années 1970, les remplaça en raison du développement du tourisme de masse. Pour répondre de plus en plus à la demande, l’usage de la langue anglaise se développa considérablement. Afin d’attirer les clients étrangers, il devint normal de voir des publicités rédigées dans cette langue dans les rues de Bangkok et de Pattaya.

Sur le plan de la politique intérieure, les coups d’État se succédèrent les uns aux autres jusqu’en 1973, mais ils ne changèrent pas la nature du régime politique figé dans l’immobilisme. Néanmoins, le pays connut de profondes mutations socio-économiques qui se traduisirent par l'apparition d'un prolétariat urbain et rural. En 1979, la Thaïlande dut faire face à l’afflux de milliers de réfugiés en provenance du Cambodge et du Laos ainsi qu’aux velléités militaires vietnamiennes sur sa frontière. Durant une dizaine d'années, la Thaïlande dut déployer une intense activité diplomatique visant à faire reculer le Vietnam.

Les coups d’État continuèrent et, en 1992, le roi Rama IX intervint pour imposer un gouvernement plus respectueux de la démocratie. La Thaïlande rejoignit en 1993 la zone asiatique de libre-échange de l’ANSEAN (Association des Nations du Sud-Est asiatique). En 1995, Chuan Leekpai, chef du Parti démocrate, prit la tête du gouvernement. Premier ministre jusqu’en 1995, il revint au pouvoir en 1997 lors de l’effondrement économique du pays. Depuis 1996, les élèves de première année furent dans l'obligation d'apprendre l'anglais et l'informatique.

Avec la nouvelle Constitution de 1997, la Thaïlande semblait avoir définitivement rompu avec l'instabilité politique au profit d'un cadre institutionnel qui répond davantage aux exigences du jeu démocratique. En mars 2000, le pays fit un nouveau pas sur le chemin de la démocratisation, grâce à l'élection, pour la première fois de leur histoire, des 200 membres du Sénat, jusqu'alors nommés par le chef du gouvernement. Ce scrutin déboucha aussi sur l'entrée au Sénat de militants des droits de l'homme et des droits sociaux, d'universitaires et d’autres candidats indépendants. Toutefois, en mai 2014, le pays connut son 12e coup d'État depuis l'instauration de la monarchie constitutionnelle en 1932. En octobre 2016, Rama X succéda à Rama IX après 70 ans de règne. Les militaires continuent encore de jouer un rôle très important dans la vie politique thaïlandaise. Étant donné qu'il n'y a guère d'exaction dans la vie courante, le pouvoir militaire n'est pas perçu négativement, car beaucoup de Thaïlandais soutiennent ce pouvoir qui a sorti le pays de dix ans de chaos.

4  Les droits constitutionnels

Le thaï n’a jamais été déclaré la langue officielle du pays, et ce, dans aucune des 20 constitutions qu’a connues la Thaïlande. Il n’y a jamais eu en effet de disposition linguistique reliée à une officialisation quelconque du thaï.

Le 6 avril 2017, le nouveau roi de la Thaïlande, Rama X, a promulgué une loi votée pour une constitution défendue par l'armée, ce qui constitue une étape essentielle sur la voie des élections qui, selon la junte, rétabliront la démocratie après le 12e coup d'État réussi en un peu plus de 80 ans. La Constitution de 2017 est la 20e du pays de l'Asie du Sud-Est depuis la fin de la monarchie absolue en 1932. Les critiques affirment qu'elle laissera toujours aux généraux un mot à dire sur la politique thaïlandaise pendant des années, voire des décennies. Comme c'est toujours le cas depuis longtemps, la Constitution de 2017 contient un article sur la non-discrimination en matière de langue:
 
Article 27

1)
Touts les citoyens sont égaux devant la loi et bénéficient mêmes des droits et des mêmes libertés, et ils sont protégées de manière égale par la loi.

2) Les hommes et les femmes jouissent des mêmes droits.

3) Tout acte de discrimination perpétré injustement à l'égard d'une personne pour des raisons d'origine, de race, de langue, de sexe, d'âge, de handicap, d'état physique ou de santé, de statut social, de convictions religieuses, d'éducation ou d'opinion politique non contraire aux dispositions de la Constitution ou pour tout autre motif, est interdit.

Cet important article garantit en principe plusieurs droits fondamentaux, dont celui de l’égalité entre tous les citoyens, y compris dans le domaine linguistique. Dans un pays comptant près de 80 langues, cette disposition s’avère importante. Il s’agit là d’une initiative positive en vue de protéger les droits de la personne dans un contexte où les coups d’État ont constitué historiquement plus souvent la norme que l’exception. Néanmoins, bien que les lois imposant la non-discrimination soient louables, elles sont rarement efficaces en matière de protection linguistique si elles ne sont pas accompagnées de mesures législatives plus concrètes.

La Constitution de 2017 autorise toujours le recours à la peine de mort. Ainsi, la peine de mort est régulièrement prononcée en Thaïlande, généralement pour les cas de meurtre, de viol et de trafic d’héroïne. Les exécutions se déroulent ordinairement en secret et sans avertissement préalable. De 1935 à 2002, quelque 318 exécutions ont été recensées, puis le pays a cessé les exécutions en 1987 pour les reprendre en 1995. La dernière exécution a eu lieu le 18 juin 2018. Évidemment, de nombreuses organisations non gouvernementales, comme Amnesty International Thailand, condamnent cette pratique et exhortent la Thaïlande d'abroger la peine de mort.

D’autres droits fondamentaux garantis par la Constitution thaïlandaise, tels que celui de ne pas être soumis à la torture ni à aucune autre forme de mauvais traitements, sont désormais protégés par la législation, mais dans les faits ces droits sont fréquemment bafoués. Il arrive que la police torture des suspects de droit commun et fasse un usage abusif de la force pour disperser des manifestations publiques. On passera sous silence les pénibles conditions de détention, qui règnent dans les établissements pénitentiaires du pays, sans compter la surpopulation carcérale et la négligence médicale. Le Conseil militaire national pour la paix et l’ordre (CNPO) continue d’utiliser les pouvoirs exceptionnels que lui confère l’article 44 de la Constitution pour restreindre arbitrairement les activités politiques pacifiques ainsi que l’exercice d’autres droits de la personne. De plus, les autorités thaïlandaises continuent d’engager des poursuites en vertu de l’article 112 du Code pénal (portant sur le crime de lèse-majesté), qui sanctionne les critiques envers la monarchie.

Section 112

Whoever, defames, insults or threatens the King, the Queen, the Heir-apparent or the Regent, shall be punished with imprisonment of three to fifteen years.

Article 112

Quiconque diffame, insulte ou menace le roi, la reine, l'héritier ou le régent sera puni d'un emprisonnement de trois à quinze ans.

De façon régulière, plusieurs personnes sont ainsi inculpées ou poursuivies, alors que certaines d’entre elles sont accusées d’avoir insulté d’anciens monarques. Les procès en lèse-majesté se sont toujours tenus à huis clos.

5 La politique linguistique thaïlandaise

On ne risque pas de se tromper lorsqu’on affirme que la Thaïlande n’a pas de politique linguistique autre que la non-intervention en matière législative. Dans la pratique, les autorités thaïlandaises se sont révélées très centralisatrices, voire intégratrices, pour ne pas dire assimilatrices. En effet, toutes les pratiques administratives ne favorisent que le «vrai thaï», c'est-à-dire le siamois ou thaï central, celui de Bangkok, et ignorent totalement les autres langues thaïes et, à plus forte raison, les langues non thaïes. On peut donc parler d’une politique linguistique d’assimilation. Rappelons que le thaï n'a jamais été déclaré formellement comme langue officielle du pays. Cette langue jouit de ce statut de facto (dans les faits).

5.1 La langue administrative du gouvernement

Seul le thaï siamois est reconnu et utilisé au Parlement et dans tous les services gouvernementaux. Dans les cas de force majeure, des interprètes sont à la disposition de la cour pour les citoyens et les étrangers qui ignorent la langue officielle. Sauf dans des cas exceptionnels (à l’oral), les fonctionnaires ne s’expriment qu’en thaï siamois et les documents administratifs ne sont rédigés qu’en cette langue, bien que certains documents puissent paraître en version bilingue (thaï-anglais). Autrement dit, la langue des services gouvernementaux est le thaï central et parfois... l’anglais avec les étrangers.

L'article 10 de la Loi sur la nationalité (1965) exige comme l'une des qualifications pour obtenir la nationalité thaïlandaise la connaissance du thaï :

Article 10

Un étranger qui possède les qualifications suivantes peut demander la naturalisation en tant que Thaïlandais:

(1) le devenir de son propre droit, conformément au droit thaïlandais et au droit en vertu duquel il a la nationalité;
(2) avoir un bon comportement;
(3) avoir un emploi normal;
(4) avoir son domicile dans le royaume de Thaïlande pendant une période consécutive d’au moins cinq ans jusqu’au jour du dépôt de la demande de naturalisation;
(5)
avoir la connaissance du thaï, tel qu'il est prescrit dans le règlement.

La Loi sur la promotion du développement des compétences (2002) prévoit une procédure qui permet aux stagiaires et aux personnes aptes au travail d'accéder au développement de leurs compétences au moyen d'une formation professionnelle. Pour ce faire, l'article 10 de cette loi prescrit au prestataire de la formation de prévoir un règlement en langue thaïe: 

Article 10

Le prestataire d'une formation doit prévoir le règlement de la formation en thaï et contenir au moins les informations suivantes:

(1) la période de stage;
(2) la date et l'heure de l'entraînement et des pauses;
(3) les vacances;
(4) les congés et les règles de congés;
(5) l'indemnité pendant la séance d'entraînement;
(6) les conditions requises pour l'annulation du contrat de formation;
(7) les règles d'indemnisation en cas d'accident ou de maladie résultant de la formation;
8) toute autre information à déterminer par le comité

Le Code des revenus (2004) énonce clairement que tous les documents de nature fiscale doivent être en thaï et, s'ils sont dans une langue étrangère, ils doivent être traduits en thaï:
 

Article 3 sixième

Si les livres de compte, les documents et toute autre preuve liée ou présumée liée à l'impôt exigible sont
dans une langue étrangère, un responsable de l'évaluation peut demander à une personne responsable de les traduire en thaï dans un délai raisonnable.
 
Article 86/4

[...]

Les détails de la facture fiscale doivent être en langue thaïe et en chiffres thaïs ou arabes. Toutefois, dans certaines catégories d’activités pour lesquelles la facture fiscale doit être libellée dans une langue ou dans une monnaie étrangère, la personne immatriculée à la TVA doit établir cette facture fiscale avec l’approbation du directeur général.

Article 105 bis

Dans le cas où un fabricant, un importateur ou un grossiste vend des marchandises à une personne qui commercialise le même type de marchandise que les marchandises vendues, le nom ou l'étiquette et l'adresse de l'acheteur doivent figurer sur le reçu qui doit être délivré conformément au paragraphe 1 moment où le paiement est reçu. Si les informations figurant sur le reçu sont fournies
dans une langue étrangère, elles doivent être accompagnées d'une traduction en thaï. Les dispositions du paragraphe 1 ne s'appliquent pas à une entreprise prescrite dans un règlement ministériel.

L'article 12 de la Loi sur les marques (1991) oblige le registraire du gouvernement à exiger du déposant à traduire en thaï tout document ou tout élément de preuve en langue étrangère dans les délais ou le délai qu'il jugera approprié:

Article 12

Lorsqu'il examine des demandes d'enregistrement de marques, le registraire dispose des pouvoirs suivants:

1. avertir par lettre ou convoquer le requérant à faire une déclaration orale ou à soumettre une déclaration écrite ou à soumettre un document ou une preuve concernant la demande d'examen ou de considération;
2.
obliger le déposant à traduire en thaï tout document ou tout élément de preuve en langue étrangère dans les délais ou le délai qu'il jugera approprié;
3. inviter toute personne à donner des informations, des explications, des conseils ou des opinions.

Si le déposant ne se conforme pas, sans motif suffisant, à une ordonnance du registraire en vertu des alinéas 1 ou 2, la demande est réputée abandonnée.

L'article 35 (7) de la Loi sur la protection du consommateur (1979) impose l'emploi du thaï ou une traduction en thaï:

Article 35 (7)

1) Dans le cas où un homme d'affaires vend des biens ou fournit un service avec une promesse de fournir un contrat de garantie pour le consommateur, ce contrat de garantie doit être rédigé par écrit, signé par l'homme d'affaires ou son agent et remis au consommateur avec les biens ou la prestation de services.

2) Si le contrat visé au premier paragraphe est rédigé
dans une langue étrangère, la traduction en thaï doit être jointe.

Cependant, l'article 10 de la Loi sur le travail maritime (2015) impose à tout armateur l'emploi du thaï et de l'anglais dans ses documents:

Article 10

Dans le cas où un armateur est tenu de posséder des documents en vertu de la présente loi, il doit s'assurer que ceux-ci sont en thaï et en anglais.

Enfin, la Loi sur les douanes (1926) n'oblige pas l'usage du thaï, car elle exige que les documents soient rédigés et conservés en thaï ou en anglais:

Article 113

Toutes les entrées d'expédition, tous les comptes, les livres de comptes, les registres ou les documents de description doivent
être rédigés et conservés en thaï ou en anglais. Aucune entrée d'expédition, de compte ou de tout autre enregistrement établi conformément à la présente loi n'est réputée valide, sauf si elle est en stricte conformité avec les dispositions de la présente loi. Lorsqu'une classification et une dénomination de la quantité de marchandises est requise, cette classification et cette dénomination doivent être effectuées en stricte conformité avec les comptes officiels d'importation et d'exportation. Le prix de chaque catégorie et le solde du prix total dans l’envoi doivent être indiqués en monnaie thaïlandaise. Le nombre de colis figurant dans toutes les entrées d'origine de l'envoi doit être rédigé en lettres, tandis que les doublons peuvent être représentés en chiffres. Aucune inscription d'expédition ne sera acceptée si elle ne comporte pas toutes les informations requises par le formulaire prescrit par la loi, ainsi que la déclaration prescrite de l'importateur ou du mandataire.

Il est clair que l'administration thaïlandaise n'utilise que le thaï avec certaines exceptions pour l'anglais, notamment sur les enseignes des ministères, sauf celui de l'Éducation, bien que dans certains cas l'anglais soit aussi employé.

Pour ce qui est des minorités ethniques de la Thaïlande, elles ne sont guère reconnues. Beaucoup des membres de celles-ci sont des réfugiés du Laos, du Vietnam ou de la Birmanie et, en ce cas, ils ne bénéficient pas de la citoyenneté et de droits particuliers, surtout pas en matière de langue. Pour ceux qui habitent dans les montagnes, c'est-à-dire les peuples dits «montagnards», la situation paraît à peine plus enviable. En effet, les fonctionnaires ne peuvent même pas déterminer avec une certaine précision le nombre de ces individus. On estime que seulement la moitié d’entre eux seraient inscrits sur les registres officiels du gouvernement. Or, l’absence de la citoyenneté réduit forcément l’accès à l’éducation et aux soins médicaux. Considérés comme des non-citoyens, ils ne participent pas davantage à la vie politique. Ils ne peuvent posséder des terres, ils ne sont pas soumis aux lois du travail, et leurs dirigeants sont devenus de simples représentants du gouvernement réduits à communiquer les directives de celui-ci à leurs communautés. 

Par ailleurs, la présence des représentants de l’État (fonctionnaires) généralement au comportement autoritaire et souvent injuste provoque le mécontentement chez les communautés minoritaires, lesquelles se sentent exploitées et écartées de tout développement. Dans ces conditions, on ne peut pas s’attendre à des services dans les langues de ces populations.

5.2 L'Académie royale

En anglais, la Royal Society of Thailand désigne l'Académie nationale de la Thaïlande chargée des travaux linguistiques pour le gouvernement. En thaï, il s'agit de la Rāchbạṇṯhit y s̄p̣hā (ราชบัณฑิตยสภา), littéralement «Académie royale de Thaïlande». En 2015, la Royal Society Act (Loi sur l'Académie royale) a été adoptée par le Parlement thaïlandais; elle remplaçait l'ancienne Royal Institution Act de 2001.

Le secrétariat de l'Académie est, en anglais, l'Office of the Royal Society of Thailand (en thaï : สำนักงาน ย สภา ou S̄ảnạkngān rāchbạṇṯhit y s̄p̣hā), anciennement Institut royal de Thaïlande, c'est-à-dire le Bureau de l'Académie royale thaïlandaiseL'Académie royale de Thaïlande a pour objectif d'entreprendre des études et des recherches en vue de la diffusion, de la promotion et de l’échange des connaissances, ainsi que la mise au point du maintien et de la fourniture de services linguistiques au bénéfice du pays et de la population pour un total de 137 disciplines universitaires différentes.

L'Académie royale est reconnue pour son rôle officiel dans la planification et la régulation de la langue thaïe, ainsi que pour ses nombreuses publications, notamment le dictionnaire de l’Académie royale (le Royal Institute Dictionary), le dictionnaire officiel et normatif de la langue thaïlandaise et le Système général de transcription thaïe, c'est-à-dire le système officiel de romanisation des mots thaïs. L'Académie publie des directives pour l'orthographe de mots d'emprunt en thaï. L'article 8 de la Loi sur l'Académie royale décrit ainsi les obligations et les pouvoirs du Bureau de l'Académie royale:

Article 8

Le Bureau de l'Académie royale a les obligations et les pouvoirs suivants:

(4) organiser un programme universitaire de formation et de perfectionnement en lien avec la langue thaïe, les langues thaïes locales et les matières du savoir relevant de l'article 10, et attribuer des certificats avancés, des diplômes, des attestations de réussite et des diplômes aux personnes qui achèvent la formation ou le développement d'un programme universitaire, conformément aux règlements de l'Académie royale;

5) fournir des services universitaires aux organismes publics, aux entreprises d'État, aux organes constitutionnels indépendants, aux organismes publics, aux autres organismes publics, aux établissements d'enseignement, aux organismes privés et au public;

(6) effectuer des travaux relatifs à la préparation de dictionnaires, d'encyclopédies, d'index alphabétiques et de taxonomie, à la création de mots savants dans différentes matières ainsi qu'à la préparation de dictionnaires de termes savants en thaï et à d'autres travaux universitaires;

7) prescrire divers critères en rapport avec l'emploi de la langue thaïe, la préservation du thaï contre la détérioration et la promotion du thaï en tant qu'identité nationale afin de renforcer sa condition;

(8) promouvoir et soutenir la traduction de toutes les disciplines de la connaissance d'autres langues en thaï ou du thaï dans d'autres langues;

Le budget alloué à l'Académie royale pour l'année 2019 était de 192,2 millions de bahts, soit 5,6 millions d'euros ou 6,2 millions de dollars US.

5.2 La langue des tribunaux

En matière de justice, le thaï est la langue obligatoire de la procédure. Dans certains cas, la Cour peut admettre des documents en anglais («une autre langue»), si toutes les parties les acceptent. De plus, l'anglais est permis dans le cas de litiges internationaux, sans traduction. Tous les documents rédigés en d'autres langues doivent être traduits en thaï. Cependant, dans les procès ordinaires dans lesquels des membres des minorités ethniques sont représentés, il est toujours possible de recourir à la traduction, surtout lorsque le témoin ou l'accusé ne comprend pas la langue du tribunal, le thaï.   

L'article 9 du Règlement de l'Assemblée générale des juges de la Cour administrative suprême concernant la procédure de la Cour administrative (2000) est conforme à cette politique du thaï et de la traduction lorsqu'un document ou un témoignage est dans une langue étrangère:

Article 9

1) Toute la procédure et le prononcé d'un jugement ou d'une ordonnance rendue par la Cour dans une affaire administrative doivent être en thaï.

2) Tous les documents ou preuves des parties ou de toute personne présente au tribunal ou son représentant compétent et qui constituent le dossier de l'affaire doivent être en thaï.

3) Dans le cas où le document ou la preuve soumis à la Cour a été rédigé dans une langue étrangère, la Cour ordonne à la partie ou à la personne qui la présente de préparer sa traduction certifiée conforme, en totalité ou en partie, à l'identique à ce document ou à cette preuve.

4) Dans le cas où la partie ou la personne présente à la Cour est incapable de comprendre le thaï, ou est sourde ou muette et incapable de lire et d'écrire, le service d'un interprète doit être fourni par la partie concernée.

Il en est ainsi à l'article 46 de la Loi promulguant le Code de procédure civile (1968):

Article 46

1) Toute la procédure engagée par un tribunal concernant le procès et le jugement des affaires civiles doit être en thaï.

2) Tous les actes de procédure et tous les documents ou papiers divers, qu’ils soient faits par une juridiction ou par un tribunal, et constituant le dossier de la cause, doivent être rédigés en thaï et écrit à l’encre, à la machine à écrire ou sur papier. En cas d'erreur, celle-ci ne doit pas être effacée, mais simplement rayée et réécrite, et l'auteur doit signer son nom dans la marge. Tout ajout doit être signé ou paraphé par son auteur.

3) Lorsque l'original d'un document ou d'un papier déposé devant les tribunaux est en langue étrangère, le tribunal ordonne à la partie qui l'a déposé de joindre à l'original une traduction certifiée conforme en totalité ou une partie de celle-ci.

4) Lorsqu'une partie ou une personne comparaissant devant un tribunal ne comprend pas le thaï, ou est sourde ou muette et analphabète, les services d'un interprète doivent être fournis par la partie concernée.

À l'article 13 du Code de procédure pénale (2008), il est précisé qu'un interprète est nécessaire pour traduire un dialecte ou une langue vernaculaire, ce qui désigne les langues minoritaires parlées par l'une des minorités linguistiques du pays:

Article 13

1) Une enquête, une audience préliminaire ou un procès doit se dérouler en thaï. Un interprète est requis s'il est nécessaire de traduire un dialecte, une langue parlée ou une langue étrangère en thaï ou inversement. Lorsque la victime, l'accusé, le défendeur ou le témoin ne peut parler ou comprendre le thaï ou ne peut parler ou comprendre qu'un dialecte thaï ou langue vernaculaire et n’est encore représenté par aucun interprète, le requérant, le procureur général ou le tribunal doit lui fournir sans délai un interprète.

2) Lorsque la victime, l'accusé, le défendeur ou le témoin souffre d'un trouble de la parole ou d'une perte auditive ou ne peut pas exprimer sa pensée et qu'il n'est pas encore représenté par un interprète
dans la langue des signes, le requérant, le procureur ou le tribunal doit lui en fournir un ou peut organiser d'autres moyens appropriés pour l'interroger, recevoir la réponse ou exprimer sa pensée pour cet individu.

Le même article décrit ainsi les tâches de l'interprète:

3) Lorsque l'interprète est tenu de faire une traduction ou une interprétation d'un plaidoyer, d'un témoignage ou de toute autre personne, il doit le faire avec précision et prêter serment ou affirmer qu'il accomplira ce devoir en toute sincérité sans rien ajouter à ou réduire quoi que ce soit de la traduction ou de l'interprétation. L'interprète doit lui-même entreprendre la traduction ou l'interprétation.

4) En application de la règle établie par le quartier général de la police nationale, le ministère de l'Intérieur, le ministère de la Justice, le bureau du procureur général ou le bureau du tribunal, selon le cas, avec l'approbation du ministère des Finances, le requérant, le procureur de la Cour ou le tribunal doit, par ordonnance, payer à l’
interprète, en vertu du présent article, les indemnités, les frais de voyage et les frais de résidence.

Dans le Code civil et commercial (1989), l'article 14 énonce que, entre eux versions d'un document, le document rédigé en thaï doit prévaloir:
 

Article 14

Lorsqu'un document est rédigé en deux versions, l'un en thaï, l'autre dans une autre langue, et qu'il existe des différences entre les deux versions, et qu'il ne peut être établi quelle version peut prévaloir, le document rédigé en thaï doit prévaloir.

La Loi sur l'arbitrage (2002) constitue une exception en matière judiciaire, puis que les parties peuvent convenir de la langue à employer dans la procédure arbitrale (art. 28). En l'absence d'un tel accord, la langue employée doit être déterminée par le tribunal arbitral. Mais l'article 42 mentionne que la sentence arbitrale sera en thaï et qu'elle peut être traduite par un(e) professionnell(le):

Article 28

Les parties peuvent convenir de la langue à employer dans la procédure arbitrale. En l'absence d'un tel accord, la langue employée doit être déterminée par le tribunal arbitral. Sauf une convention contraire, cet accord ou cette décision s’applique aux déclarations, aux objections, aux déclarations écrites des parties, aux audiences, aux sentences, aux décisions et aux autres communications faites ou communiquées au tribunal arbitral. Ce dernier peut ordonner qu'une preuve documentaire être accompagnée d'une traduction dans la langue convenue par les parties ou déterminée par le tribunal arbitral.

Article 42

La partie qui souhaite exécuter la sentence arbitrale saisit le tribunal compétent dans un délai de trois ans à compter de la date à laquelle la sentence est exécutoire. Après avoir reçu la demande, le tribunal procède sans délai à une enquête et rend son jugement. La partie demandant l’exécution de la sentence arbitrale soumet à la Cour les documents suivants:

1) la sentence arbitrale originale ou sa copie dûment certifiée conforme;
2) la convention d’arbitrage originale ou sa copie dûment certifiée;
3)
les traductions de la sentence arbitrale et de la convention d’arbitrage en thaï rédigées par le traducteur qui a prêté serment devant le tribunal ou un fonctionnaire ou la personne habilitée à accepter le serment, ou ayant prêté serment ou représenté par le fonctionnaire autorisé à certifier la traduction ou par un délégué diplomatique ou le consul de Thaïlande dans le pays où la sentence ou la convention d'arbitrage a été faite.

Quoi qu'il en soit, le thaï demeure la langue officielle du pays bien qu'aucune loi ne l'ait proclamé.

5.3 La langue de l’éducation

La Thaïlande compte une administration nationale complétée par un réseau d'administrations locales autonomes. À partir des années 1980, les administrations locales se sont mises à revendiquer davantage de pouvoirs et une plus grande prise en compte des particularités locales. La Thaïlande a adopté en 2000 une loi relative à la décentralisation, qui en précise les modalités. Les transferts de compétences doivent se faire selon trois principes : l'autonomie, la délimitation claire des compétences et l'efficacité. En ce qui a trait aux questions scolaires, chaque établissement d'enseignement est libre de fournir l’un ou les trois types d’enseignement (formel, non formel et informel). Le ministère de l'Éducation élabore les programmes pour les matières principales obligatoires de l’enseignement de base, ce qui représente près des trois quarts de tout l'enseignement. Pour ce qui reste, les établissements d'enseignement sont libres de définir un programme particulier correspondant aux besoins de la communauté locale.

- L'enseignement fondamental

L’éducation en Thaïlande exige neuf années d’enseignement fondamental: six années pour l'école primaire et trois années pour le premier cycle du secondaire. L'enseignement dans les écoles publiques est gratuit jusqu'à la neuvième année. De plus, le gouvernement prévoit trois ans d'enseignement préscolaire gratuit et trois ans d'enseignement secondaire supérieur gratuit. Les enfants sont inscrits à l'école primaire dès l'âge de six ans et la fréquentent pendant six ans. L'enseignement primaire dure plus ou moins sept heures par jour, avec un total de 1000 heures dans une année scolaire. L’enseignement secondaire commence à l’âge de 12 ans; il comprend trois années d’enseignement secondaire inférieur et trois années d’enseignement secondaire supérieur. L’enseignement obligatoire se termine en 9e année, après quoi les élèves peuvent poursuivre leurs études dans le deuxième cycle de l'enseignement préparatoire à l'université ou poursuivre leurs études dans des programmes d'enseignement professionnel.

L'enseignement est facultatif pour les enfants de cinq à six ans, il est obligatoire pour ceux de six à douze ans. À la fin de chaque année, les élèves doivent réussir un test pour pouvoir accéder à l’année scolaire suivante. Ceux et celles qui échouent doivent suivre des cours d’été et aller au rattrapage. Dans les faits, la quasi-totalité des élèves (99 %) termine l'enseignement primaire, mais seulement 85% terminent le premier cycle du secondaire et environ 75% d'entre eux se rendent au deuxième cycle du secondaire (16-18 ans).

Les organisations caritatives (sociétés missionnaires ou diocésaines) et d’autres religions constituent l’épine dorsale de l’enseignement général non gouvernemental à bas prix, ainsi que de certaines universités bien établies; leur niveau est relativement élevé. Les écoles privées les moins chères et les plus récentes sont parfois davantage gérées par le profit et les subventions gouvernementales que par les résultats. Elles sont souvent identiques aux écoles publiques en termes de qualité des bâtiments, de ressources, de compétences pédagogiques et de salles de classe surpeuplées. Leur seul avantage réel est le prestige accordé aux parents pour l'éducation de leurs enfants dans le secteur privé. Dans les écoles rurales, le taux d'absentéisme chez les élèves et les enseignants est élevé en raison des engagements pris par la famille et l'agriculture: certaines écoles ferment pendant les saisons de plantation et de récolte du riz.

En ce qui a trait aux écoles, la seule langue d’enseignement des écoles publiques demeure le thaï siamois aux millions d’élèves et d'étudiants thaïlandais. La Loi sur l'éducation nationale n° 2542 de 1999 réaffirme le droit de tous les citoyens thaïlandais à une instruction gratuite et une formation de qualité, pour une durée de douze ans; elle précise aussi que des efforts particuliers doivent être envisagés afin de favoriser l’éducation des enfants ayant des besoins particuliers. Cette loi prévoit des matières obligatoires : la langue thaïe, les mathématiques, les sciences, les études sociales, la religion et la culture, l'éducation physique et la santé, les arts. De plus, l’usage des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement est encouragé. La Loi sur l'éducation nationale ne mentionne qu'une langue: le thaï, la langue officielle.

Article 23

L'enseignement dans les domaines de l'éducation formelle, non formelle et informelle doit mettre l'accent sur l'importance de la connaissance, de la vertu, du processus d'apprentissage et de l'intégration en fonction de l'adéquation de chaque niveau d'enseignement dans les domaines suivants:

(4) une connaissance et une compétence en mathématiques et en langue, et l'accent mis sur un usage correct de la langue thaïe;

Article 67

L’État doit promouvoir la recherche et le développement, la production et le développement de technologies pour l’éducation, y compris la surveillance, l’examen et l’évaluation des résultats de l'usage de la technologie en éducation, afin de garantir la pertinence et l’utilisation de ces technologies dans le processus d’apprentissage en thaï.

- Les langues étrangères

L'accent est mis sur le thaï, mais les langues étrangères enseignées (non nommées) sont relativement nombreuses. Au niveau primaire, les élèves étudient huit matières principales chaque semestre: la langue thaïe, les mathématiques, les sciences, les sciences sociales, la santé et l’éducation physique, les arts et la musique, la technologie et les langues étrangères. Au secondaire, les étudiants sont autorisés à choisir un ou deux cours au choix. Le programme de sciences (Wit-Kanit) et le programme de mathématiques-anglais (Sil-Kamnuan) sont parmi les plus populaires. Des programmes de langues étrangères (Sil-Phasa) en chinois, en français, en japonais, en coréen, en russe, en espagnol et en allemand ), par exemple, et le programme de sciences sociales (parfois appelé programme général) sont également proposés. Les niveaux primaires et secondaires peuvent bénéficier de programmes spéciaux, d'un programme en anglais et d'un programme pour les surdoués. Dans le programme d'anglais, les élèves apprennent chaque matière en anglais, à l'exception du thaï et des études sociales. Le programme pour surdoué est axé sur les mathématiques et les sciences. Il est aussi possible d’inscrire ses enfants dans une école internationale où on enseignera exclusivement en anglais, voire en français. Celle-ci coûte cependant quelque 500 000 THB soit environ 13 000 euros par année.

L’anglais est une langue seconde obligatoire et il est enseigné dans la plupart des écoles secondaires du pays. Toutefois, l’apprentissage de l’anglais comporte de graves lacunes, car dans les faits, il est très difficile pour un étranger de trouver en dehors des sites touristiques des Thaïlandais sachant parler l’anglais; il faut dire que seulement 28 % des Thaïlandais atteignent le niveau secondaire où l'on enseigne obligatoirement l'anglais comme langue seconde. Des spécialistes affirment que ce faible niveau de maîtrise est dû à des modèles d'anglais et de modèles anglo-centriques inappropriés, qui ne reflètent pas l'usage croissant de l'anglais en tant que langue véhiculaire dans le monde. Les jeunes sont critiqués pour leur combinaison de mots thaïs et anglais: ils parlent généralement plus le "tinglish", une variété hybride de l'anglais avec un assemblage de mots anglo-thaïs. Par ailleurs, dans les grands centres urbains, plus de la moitié de ses enfants portent paradoxalement des prénoms anglais (Tomcruise, Elizabeth, Army, Kiwi, Charlie, God, etc.). La propagation des noms étrangers reflète une société en pleine urbanisation qui absorbe de nombreuses influences.

Pour ce qui est du français, il demeure la première des langues secondes enseignées et bénéficie d'une bonne implantation dans le système éducatif thaï, puisque près de 300 écoles secondaires et une quinzaine d'universités, publiques et privées, en assurent la diffusion (pour environ 45 000 étudiants). Le français jouit d’un prestige certain à la cour, puisque ce fut la langue dans laquelle le roi précédent de la Thaïlande, Bhumidol Adulyadej, par ailleurs très vénéré dans son pays, fit ses études supérieures au moment où il poursuivait sa formation universitaire en Suisse romande (Lausanne). La plus connue des institutions privées pour enseigner le français en Thaïlande est l'Alliance française. Cinq sections se sont installées dans quatre régions : à Bangkok, à Chiang Raï, à Chiang Maï et à Phuket. Celle de Bangkok, située dans les locaux du service culturel de l'Ambassade de France, est le centre administratif et elle organise des cours de français à tous les niveaux.

- L'enseignement supérieur

Il existe un enseignement supérieur dans le pays. La Thaïlande dispose de nombreuses universités, publiques et privées, mais seule l'Université Thammasat de Bangkok semble prestigieuse. Les autres universités importantes sont l'Université de Chulalongkorn située à Bangkok et l'Université de Chiang Maï dans le nord du pays. L’Institut de technologie asiatique est également implanté à Bangkok depuis 1959.

La Loi sur les établissements privés d'enseignement supérieur (2003) ne mentionne pas dans quelle langue on doit enseigner, mais seulement que l'alphabet thaï doit être employé avec les mots «université», «établissement» ou «collège» et qu'un établissement d'enseignement supérieur privé peut composer son nom avec des alphabets étrangers sur approbation du ministre sur l'avis de la Commission:

Article 21

Le nom d’un établissement d’enseignement supérieur privé doit être
écrit en alphabet thaï et commencer par les mots «université», «établissement» ou «collège».

Un établissement d'enseignement supérieur privé peut composer son nom
avec des alphabets étrangers sur approbation du ministre sur l'avis de la Commission.

Article 22

Nul autre qu’un établissement privé d’enseignement supérieur au sens de la présente loi ne doit employer
les mots «université», «établissement» ou «collège»
ou d'autres mots étrangers de même signification dans son nom, son sceau, sa plaque signalétique, ses règlements, ses lois, sa correspondance, ses documents ou tout autre moyen relatif à son activité commerciale en vue de faire croire à une autre personne qu'il est un établissement d'enseignement supérieur privé au sens de la présente loi.

En fait, toutes les universités du pays enseignent en thaï, parfois en anglais.

- Les minorités linguistiques

En ce qui a trait aux minorités linguistiques, les autres langues thaïes et les langues non thaïes ne sont pas reconnues dans le système d’éducation thaïlandais : elles restent des «langues parlées à la maison». Dans le passé, les autorités thaïlandaises ont toujours exercé beaucoup de pression sur les Thaïlandais non thaïs pour qu’ils abandonnent «leurs dialectes» et utilisent la «langue de la culture moderne», le thaï central.

Présentement, la situation des minorités ethniques en éducation n’est guère enviable, surtout chez les peuples montagnards et les réfugiés. En général, le taux d’analphabétisme se situe autour de 88 % pour les non-Thaïs et, par voie de conséquence, la connaissance du thaï standard chez ces populations demeure assez basse. En raison de leur isolement, l’instruction primaire n’est pas offerte à toutes ces communautés; la moitié des villages des montagnes n’ont même pas d’écoles. Lorsque des enfants réussissent à fréquenter une école secondaire, ils ne trouvent pas d’emploi au sein de leur propre communauté. Certains spécialistes commencent à croire qu’il serait préférable d’alphabétiser les enfants des minorités ethniques dans leur langue de façon à favoriser un meilleur accès à l’école primaire.

- Les problèmes

Les problèmes du système d'éducation thaïlandais sont multiples. L'un d'eux provient du fait que les méthodes utilisées dans les écoles par les enseignants sont basées sur un enseignement magistral, avec pour principe d’apprentissage le «par cœur». Les élèves doivent écouter et ne sont pas censés donner leur avis, sauf s’ils sont directement sollicités par l’enseignant. Très peu de place est laissée à l’initiative et au développement de l’esprit critique, qu’un élève remette en question les propos d’un enseignant en classe est tout simplement impensable: la soumission des élèves est obligatoire. Les examens d’entrée à l’université suivent cette logique et sont basés sur des questionnaires à choix multiples, lesquels ne font appel qu’à la mémorisation mécanique des enseignements.

Le corps professoral, constitué de 300 000 enseignants, est particulièrement conservateur et très résistant aux réformes. De nombreux ministres de l’Éducation qui ont voulu modifier le système se sont cassé les dents sur cette bureaucratie fossilisée. La qualification des enseignants pose également un problème. Une enquête du ministère de l’Éducation a montré, par exemple, que sur les 40 000 enseignants d’anglais, seuls six d’entre eux parlaient couramment la langue de Shakespeare. Et quand les enseignants ont dû passer des tests en mathématiques et en sciences, la grande majorité des enseignants a échoué : les conséquences sur le niveau des élèves sont considérables.

Pour contrer ce problème, les parents qui ont des moyens financiers retirent leurs enfants des écoles thaïlandaises et les inscrivent dans des écoles internationales. Mais les familles sans moyens doivent laisser leurs enfants dans les écoles publiques. Une situation qui accentue fortement les écarts sociaux dans un pays déjà considéré comme l’un des plus inégalitaires de la planète.

L’un des aspects importants dans le système d'éducation thaïlandais réside dans l’absence de prestige des enseignants. En général, ceux-ci ne sont pas très reconnus ni respectés. L'enseignement en Thaïlande semble une profession peu enviable qu’on choisit par défaut, c’est-à-dire quand on ne peut faire autrement. Cette situation semble due au fait que les salaires des enseignants restent très bas et que ces derniers sont sous-payés. Ainsi, une grande partie des enseignants est obligée de se livrer à d’autres occupations afin de boucler les fins de mois. Enfin, la formation des enseignants paraît inadéquate, ce qui entraîne des conséquences désastreuses dans la qualité des étudiants inscrits dans certaines facultés universitaires.

5.4 Les médias

En Thaïlande, la plupart des médias écrits et électroniques sont diffusés en thaï siamois. Pour ce qui est des minorités, il n'y a rien qui leur soit destiné. D'ailleurs, la Loi sur les entreprises de radiodiffusion et de télévision (2008) ne contient aucune disposition concernant les langues des minorités, sauf la langue des signes:

- Les médias écrits
 
Pour ce qui est des médias écrits, presque tous les journaux paraissent en thaï, même lorsqu’ils ont des raisons sociales anglaises: p. ex., Krungthep Turakij, Thaï Rath, Daily News, Dao Siam, Daily Mirror, Kwanruen Magazine, Nation Weekender Magazine, Siam Business Newspaper, Thairath Daily, Thansettakij Newspaper, Thai News, etc. On compte aussi quelques journaux en chinois (Sin Sian Yit, Sirinakorn, Kuang Hua Pao, Chia Pao) et en anglais (The Bangkok Post, The Nation). 

Il existe également des magazines en anglais (Bangkok Metro, Business Day, Chiang Mai News, etc.), en français (Le Gavroche, L'Écho francophone du Siam, L’Alizé), en allemand (Der Farang, Phuket aktuell, Thai Rath, Thailand aktuell), en japonais (Bangkok Shuho), etc.

- Les médias électroniques

La Thaïlande compte également plus de 400 stations de radio en langue thaïe. Quelques-unes d’entre elles diffusent de courts bulletins d’information en anglais. Les stations de radio sont attribuées à des organismes gouvernementaux, et la plupart appartiennent aux militaires (armée de terre, armée de l’air, marine et police). Elles sont dans l’obligation de diffuser plusieurs fois par jour les bulletins d’informations préparés par le Département des relations publiques (le «Public Relations Department»). Radio-Thaïlande diffuse des émissions d’information dans les langues officielles des Nations unies (anglais, français, chinois mandarin, russe et espagnol) et dans les langues des pays du Sud-Est asiatique (khmer, birman, lao, vietnamien, malais, etc.). Sur ondes courtes, il est possible de recevoir des émissions en anglais (The BBC World Service, Radio Japan, Radio New Zealand, Singapore Broadcasting Company et Voice of America), en français (Radio-France International), en allemand (Dentsche Welle), etc., bref, une douzaine de langues.

Quant à la télévision, elle compte six chaînes; trois d'entre elles appartiennent au gouvernement, appartenant à MCOT, les deux chaînes de télévision hertziennes hertziennes Channel 9, MCOT HD et Channel 3 ; NBT et Thai PBS appartiennent à 100 % au gouvernement. Les chaînes 3, 7 et 9 diffusent quelques courtes émissions en anglais. Seules les chaînes câblées et payantes offrent une programmation complète en d’autres langues. Il en est ainsi de la chaîne International Broadcasting Corporation (IBC) qui diffuse les nouvelles de CNN, ABC, CBS, etc.  Beaucoup de ses abonnés proviennent des meilleurs hôtels du pays. TV 11 diffuse des informations en français. L'armée royale thaïlandaise contrôle au moins un réseau de télévision, la Thai Global Network.

5.5 La vie économique

Bien qu'il n'y ait pas de loi linguistique à ce sujet en Thaïlande, le thaï standard est généralement la langue employée dans les commerces et les affaires, mais la présence de l’anglais (avec le thaï) semble incontournable. Ainsi, les enseignes commerciales témoignent de la présence de l’anglais: Bangkok Mosque, The Montien Hotel, Jatujak Market, The Emperor, Bangkok Bank, Ministry of Public Healt, Transit Authority, Central Department Stores, Asian Food Group, HageMayer, Inchcape, Food & Hotel Asia, Thailand Food Fair, International Hospitality Show & Hotel, Food Highlight, etc.

Il y a quelques affiches ou enseignes en français, étant donné que la France est le 8e client et 10e fournisseur de la Thaïlande qui accueille 340 entreprises françaises dont les plus grands groupes internationaux: Danone, Vittel, Total, Elf, Lafarge, Merlin-Guerin, Michelin, Thompson, Rhône Poulenc, Alcatel, Bouygues, Accor, Usinor, Casino, Carrefour, Auchan, Alstom. Il y a aussi des noms d'écoles (Phuket International École française Jules Vernes).

La toponymie et les noms de rues sont massivement en thaï, mais certains noms de rues à Bangkok portent des dénominations anglaises (américaines). Il faut aussi noter que l'écriture thaïe peut être romanisée dans les affiches et enseignes: Tha Nam Chok Ká Don, Kanchanaburi, etc.

En Thaïlande, toute la vie politique, sociale, éducative et culturelle se déroule en thaï siamois, c'est-à-dire la variété thaïe parlée par l’ethnie dominante en Thaïlande, bien que la situation économique laisse une grande place à l’anglais. La politique linguistique officielle à l'égard de toutes les minorités du pays en est une d’assimilation dans le cadre d'un État intégrateur. Il semble que la communauté musulmane ait particulièrement souffert des effets d'une centralisation à outrance. Les dirigeants thaïlandais craignent en général que le fait de défendre les droits des minorités ou des peuples autochtones ne mène ces derniers à revendiquer leur autodétermination, sinon à faire sécession. En ce qui concerne particulièrement les peuples autochtones, notamment les peuples des montagnes et les tribus des collines, le gouvernement thaïlandais a choisi comme attitude d'ignorer simplement la question et de définir tous les Thaïs comme le «peuple autochtone». Les individus membres des minorités ethniques sont perçus en Thaïlande comme des producteurs d'opium, potentiellement non loyaux, et engagés dans des activités illégales.

Présentement, les minorités ethniques, notamment les peuples des montagnes, ne participent à aucune vie politique, n’ont qu’un accès limité aux services gouvernementaux, à l’éducation et aux soins de santé. Les membres de ces communautés subissent non seulement de la discrimination, mais perdent graduellement leur identité culturelle.

Évidemment, ce refus de reconnaître les différences culturelles risque de susciter, avec le développement de l'instruction et de la conscience sociale, l'émergence de mouvements antagonistes régionaux. Le mouvement semble d’ailleurs amorcé avec les Chinois, les Thaïs musulmans, les Malais et les Khmers.

Le gouvernement thaïlandais pourrait, bien sûr, reconsidérer sa politique linguistique d'assimilation et permettre l’instruction des langues locales dans les écoles primaires, ce qui faciliterait l’alphabétisation des populations concernées. Ensuite, il faudrait accroître le réseau des écoles secondaires. Des mesures devraient être aussi prises pour soutenir le développement des systèmes d’écriture pour les langues qui manquent encore d’alphabet et pour promouvoir l'usage des langues thaïes non officielles. Il serait possible également de favoriser l’embauche des membres des minorités ethniques pour remplir les divers postes publics, ce qui inclut les fonctionnaires, les professionnels de la santé, les enseignants et les conseillers au développement communautaire. Finalement, le gouvernement thaïlandais devrait aussi réviser ses pratiques et ses lois sur l’obtention de la citoyenneté afin que tous ses citoyens participent pleinement à la vie thaïlandaise.

Dernière mise à jour: 23 déc. 2023

Bibliographie

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