Corse

Propositions pour un statut de co-officialité
et la revitalisation de la langue corse

Le 17 mai 2013

CTC = Collectivité territoriale de Corse

Les Propositions pour un statut de co-officialité et la revitalisation de la langue corse prévoient l'utilisation de la langue corse dans tous les domaines de la vie publique, économique et sociale (éducation, services publics, médias). Cette réforme sur la co-officialité de la langue corse et du français risque d'être invalidée par le Conseil constitutionnel, surtout que la France a refusé de ratifier la Charte européenne des langues minoritaires, contrairement à l'engagement de campagne pour l'élection présidentielle de François Hollande. L'ex-ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, s'est dit défavorable au statut de co-officialité de la langue corse, votée par l'Assemblée de Corse, lors d'une interview parue dans Corse-Matin.

La Co-officialité de la langue Corse a été votée l1 26 mai 2013 par l'Assemblée de Corse par 36 voix, avec 11 non-participations et quatre absences.

PROPOSITIONS POUR UN STATUT DE CO-OFFICIALITÉ ET LA REVITALISATION DE LA LANGUE CORSE

Vu la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles de l’UNESCO adoptée par la France le 20 octobre 2005,

Vu la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires du Conseil de l’Europe du 5 novembre 1992,

Vu l’article 75-1 de la Constitution française,

Vu la loi n° 94-665 du 4 août 1994 relative à l'emploi de la langue française,

Vu la loi n° 2002-92 sur la Corse du 22 janvier 2002.

Vu la loi n° 2005-380 du 23 avril 2005 d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école,

Vu la délibération de l’Assemblée de Corse du 8 juillet 1983,

Vu la résolution du 13 novembre 1989 du Conseil de la Culture, de l’Éducation et du Cadre de Vie,

Vu la motion du 26 juin 1992 sur l’officialisation de la langue corse,

Vu le document « Stratégie de l’État en Corse » de 1994,

Vu le Bulletin officiel spécial n° 33 du 13 septembre 2001,

Considérant le rapport Arrighi de Casanova « Les formations post-baccalauréat, la langue et la culture corses » remis le 25 juillet 1989 au premier ministre,

Vu la délibération n° 05/112 AC du 1er juillet 2005 de l’Assemblée de Corse approuvant les orientations stratégiques pour le développement et la diffusion de la langue corse,

Considérant le rapport d’experts « Lingua corsa, un fiatu novu » du Cunsigliu di a lingua corsa,

Considérant le Plan d’aménagement et de développement linguistiques 2007-2013 adopté à l’unanimité par l’Assemblée de Corse le 26 juillet 2007,

Considérant la Déclaration universelle des droits linguistiques qui stipule que :

« toute communauté linguistique a le droit de disposer des moyens nécessaires pour assurer la transmission et la pérennité de sa langue »,

Vu la délibération n° 11/187 AC de l’Assemblée de Corse du 29 juillet 2011 portant adoption d’une motion relative à la demande de mise en oeuvre de moyens juridiques pour un statut de co-officialité de la langue corse,

CHAPITRE PRÉLIMINAIRE

Langue historique, langue légitime de l’île et de ses habitants, la langue corse est également parlée sur d’autres territoires comme la Gallura, au Nord de la Sardaigne.

La langue corse, directement issue du latin, a subi dans une première période de son histoire l’effet minorant de sa subordination écrite au toscan, langue des élites européennes, devenu ensuite, avec le Risorgimento : l’italien. La période de la francisation et de l’assimilation à l’ensemble français est celle de son individuation, autant que celle de l’amorce du déclin de la pratique et de la rupture de la transmission intergénérationnelle. Depuis le XIXe siècle, les efforts de défense, de promotion et d’élaboration de la langue, par de nombreux intellectuels, se sont heurtés au statut juridique défavorable à l’extension de son usage dans la sphère publique. Ce statut différencié entre la langue historique qui est le corse et la langue de l’État qui est le français a eu pour effet d’imposer de facto la seconde et de déprécier la première aux yeux de ses propres locuteurs.

Les conditions juridiques, politiques et socio-économiques, ainsi que les évolutions démographiques du XXe siècle ont conduit au recul de sa pratique, mais à une relative revalorisation de ses représentations et à la conquête de nouvelles sphères d’usage notamment depuis le Riacquistu des années soixante-dix. Progressivement le corse a investi les Arts et l’École, devenant par là-même une des langues du citoyen.

Ces circonstances rendent donc complexe la situation sociolinguistique de la Corse, qualifiée de diglossique. Au fait que cette langue à part entière ne soit pas encore parvenue à sa pleine normalisation, dans le code comme dans les usages, vient s'ajouter une autre donnée : de nombreux citoyens et citoyennes nés et vivant en Corse ont pour langue maternelle la langue française, dans laquelle ils s'expriment préférentiellement et à partir de laquelle ils ont souvent contribué à enrichir la culture corse, comme la culture française.

Une telle réalité exige donc une politique linguistique contribuant efficacement à l’équipement, à la normalisation, à la promotion et à la diffusion de la langue corse, tout en garantissant un respect scrupuleux des droits linguistiques de tous les citoyens et citoyennes.

La langue corse étant reconnue comme l’élément le plus visible de l’identité culturelle de la Corse, un moyen de communication et de création ainsi qu’un facteur favorisant la cohésion sociale, sa connaissance et son usage sont les compétences linguistiques nécessaires par lesquelles l’intégration de chaque personne vivant sur l’île se réalise pleinement, au sein d’une société bilingue, indépendamment de son origine.

Lors de l’adoption de l’Agenda 21, l’Assemblée de Corse a certifié la langue corse comme facteur de cohésion sociale.

De la même manière, par délibération du 26 juillet 2012 portant définition d’un modèle de développement pour la Corse arrêtant le grandes orientations et la stratégie du PADDUC, elle affirme l’identité et la culture corses comme des valeurs sûres, piliers au service du développement et vecteurs d’ouverture sur le monde.

La co-officialité territoriale du français et du corse sur le territoire administré par la CTC est proposée comme le fondement d’une politique de préservation et de diffusion de la langue corse résolue et efficiente.

Cette politique répond à quatre devoirs :

- un devoir de mémoire envers les générations qui ont façonné cette langue et nous l’ont transmise,

- un devoir envers l’Humanité toute entière : maintenir la diversité linguistique est un enjeu majeur reconnu par l’UNESCO, car c’est préserver le génie créatif humain,

- un devoir sociétal, car le bilinguisme favorise l’ouverture, l’intégration et la performance économique,

- un devoir envers les citoyens, car le bilinguisme ouvre au plurilinguisme et favorise la réussite individuelle, scolaire et professionnelle.

Ce projet de co-officialité s’inscrit dans le cadre d’un attachement fort à la République française, une république modernisée et sereine dans l’approche de sa diversité interne, conformément à la norme européenne du plurilinguisme.

La langue corse appartient au Patrimoine de la France, en application de l’article 75-1 de la Constitution. Sa reconnaissance ne s’oppose pas à la langue française, langue de la République, bien au contraire. Elle représente un outil d’intégration et de cohésion sociale, une richesse culturelle à partager entre tous les citoyens de Corse, quelle que soit leur origine.

La co-officialité signifie l’insertion de la langue corse au sein du système juridique, par la création de droits linguistiques territoriaux et d’obligations pour tous les pouvoirs publics sur le territoire insulaire.

I/ PRINCIPES GÉNÉRAUX

ARTICLE 1er

Le projet du présent statut

1) Le présent statut vise à protéger, encourager et normaliser l’usage du corse dans tous les domaines et à garantir l’emploi officiel du français et du corse à parité sur le territoire de la Corse.

2) Les objectifs principaux du présent statut sont les suivants :

a) protéger et encourager l'emploi du corse par tous les citoyens dans tous les domaines d’usage, qu’il s’agisse de la vie privée ou de la vie publique,

b) rendre effectif l'emploi officiel du français et du corse, sans aucune discrimination envers les citoyens,

c) normaliser et encourager l'emploi du corse dans les collectivités locales, l'administration, l'enseignement, les média, les industries culturelles, le monde socio-économique et sportif,

d) garantir l’accès à la connaissance et à la pratique du corse à tous les citoyens,

f) définir les devoirs des pouvoirs publics afin de faire respecter les droits des locuteurs et des citoyens.

ARTICLE 2

La langue corse

1) La langue corse recouvre l’ensemble des parlers de l’île. La CTC veille à la protection de l'unité du corse et au respect de ses différentes variétés conformément au concept de polynomie. Elle encourage le rayonnement extérieur du corse.

2) Le corse est :

a) la langue de toutes les institutions de Corse et de tout organisme public, employée à parité avec le français par l’État et les services publics en Corse, ainsi que par les entreprises et les medias institutionnels,

b) la langue de la toponymie,

c) la langue de l’enseignement à côté du français, dans les proportions et selon les modalités définies par l’Assemblée de Corse.

ARTICLE 3

Les langues officielles

1) Le français et le corse sont les langues officielles de la Corse. Les pouvoirs publics adoptent des mesures permettant de garantir l’emploi de la langue corse à la fois comme langue de service et comme langue de travail.

2) Le corse et le français, en tant que langues officielles sur le territoire administré par la CTC, peuvent être employés indistinctement et sans discrimination par les citoyens et citoyennes dans toutes leurs activités privées ou publiques. Les actes juridiques sont dressés en l'une et l'autre des deux langues officielles.

3) Un acte d’énonciation en langue corse n’est pas obligatoirement suivi ou précédé par sa traduction française. La traduction systématique des actes publics ne faisant pas grief, de la signalétique privée et publique hors nécessité de sécurité, des ouvrages, des produits de communication, des toponymes et des productions culturelles ne sera pas recherchée.

ARTICLE 4

Les droits linguistiques

1) Conformément à la loi n° 94-665 du 4 août 1994 relative à l'emploi de la langue française et dans le cadre du présent statut chacun a le droit de:

a) connaître les deux langues officielles,

b) s'exprimer indifféremment et sans choix imposé dans ces deux langues officielles, oralement et par écrit, dans ses relations avec les pouvoirs publics et dans ses actes publics et privés,

c) être accueilli dans l'une et l'autre des deux langues officielles dans les termes établis par la présente loi,

d) ne pas subir de discrimination en raison de la langue officielle qu'il utilise.

2) Chacun peut s'adresser aux tribunaux pour qu'ils protègent judiciairement son droit à utiliser la langue de son choix dans les situations de la vie courante. Il s’agit d’un droit individuel reconnu au citoyen, non d’une contrainte faite aux tribunaux de rendre leurs actes en langue corse.

ARTICLE 5

Le rôle de la CTC

1) La CTC garantit l'enseignement des deux langues à l'ensemble de la population, la formation linguistique du personnel au service des administrations et la pleine égalité des citoyens et des citoyennes quant aux droits et aux devoirs linguistiques dans tous les domaines.

2) La CTC protège, promeut et encourage l'emploi de la langue corse dans tous les domaines de la vie publique, en adoptant les mesures nécessaires et en allouant des ressources suffisantes. Elle réalise des planifications à moyen et à long terme, évaluées et révisables annuellement.

3) Dans le cadre de sa politique d’incitation à l’usage de la langue corse, la CTC peut mettre en place des mesures fiscales transitoires en termes de bonifications ou d’avantages fiscaux pour encourager des actions en rapport avec sa normalisation et son emploi.

4) La CTC évalue les effets de sa politique linguistique par la réalisation d’enquêtes sociolinguistiques publiques.

ARTICLE 6

Le Cunsigliu di a lingua

Le Cunsigliu di a lingua corsa, créé par la CTC, est investi de l'autorité linguistique. Il est chargé de la promotion, de l’élaboration et de la normalisation de la langue. Il est compétent en matière de lexicographie, d’onomastique, de grammaire, de littérature et d’Atlas linguistique.

II/ L'éDUCATION

En Corse, la politique éducative est conduite de façon conjointe par la CTC et l’autorité académique dans le cadre d’un co-pilotage et d’une cogestion des moyens.

Cette nouvelle gouvernance ne modifie en rien le statut des personnels enseignants du premier et du second degré qui demeurent fonctionnaires d’État.

ARTICLE 7

Les moyens

Un Conseil académique territorial, constitué à parité de représentants de la CTC et du rectorat, met en œuvre l’ensemble de la politique éducative de l’académie de Corse et tout particulièrement les moyens nécessaires à une réalisation efficiente du Plan de développement de l’enseignement de la langue corse défini par la CTC, conformément à la l'article 7 de la loi du 22 janvier 2002 relative à la Corse.

Le Conseil académique territorial négocie avec le ministère de l’Éducation nationale, dans le cadre d’un dialogue de gestion, les moyens lui permettant de mener efficacement la politique éducative de l’académie de Corse.

ARTICLE 8

L’adaptation des programmes et des moyens

En Corse, le socle commun de connaissances et de compétences s’appuie sur l’acquisition de programmes contextualisés et adaptés à la Corse intégrant la langue corse.

Dans le cadre de la politique éducative définie, la CTC et l’autorité académique ont compétence pour proposer une adaptation des programmes nationaux aux réalités corses et des aménagements d’horaires pour le premier et le second degré.

L’adaptation des programmes et l’aménagement des horaires sont présentés au ministère de l’Éducation nationale et font l’objet d’une publication au BOEN.

ARTICLE 9

La généralisation de l’enseignement bilingue

L’enseignement dispensé en Corse a pour objectif d’amener les élèves au bilinguisme français-corse, ouvert au plurilinguisme.

a) L’enseignement bilingue sera généralisé selon le calendrier et les modalités d’insertion de la langue corse dans le temps scolaire définies par le Plan de développement de l’enseignement de la langue corse arrêté par l’Assemblée de Corse, à tous les niveaux de la scolarité, de la maternelle à l’enseignement supérieur.

b) Au primaire et au secondaire, le système éducatif proposera conformément au plan de développement de l’enseignement de la langue corse arrêté par l’Assemblée de Corse trois types de filières : les filières intégrant l’enseignement de la langue corse qui ont un caractère transitoire, les filières bilingues paritaires et les filières bilingues proposant le système de l’immersion précoce.

c) À l’issue de la scolarité obligatoire, tous les élèves doivent avoir une connaissance minimum de niveau B2 dans les deux langues officielles. Le corse est un véhicule normal d’expression dans les activités pédagogiques ou administratives réalisées dans le cadre du système éducatif.

Les élèves intégrant le système éducatif corse durant leur scolarité reçoivent un soutien spécial et des cours de rattrapage pour leur apprentissage du corse.

Les compétences acquises en langue corse sont validées dans les mêmes conditions et selon les mêmes coefficients que la langue française dans tous les examens et diplômes du second degré délivrés en Corse.

Pour les élèves n’ayant pas réalisé au moins trois années d’études secondaires dans des établissements de l’Académie de Corse, un règlement établi par la CTC et l’autorité académique précisera les conditions de dispense en fonction des types de situation rencontrés.

ARTICLE 10

L’enseignement privé

Les établissements privés subventionnés par des fonds publics doivent disposer d’un plan de conversion validé par la CTC et l’autorité académique les conduisant à proposer les mêmes types de cursus bilingues que les établissements publics.

ARTICLE 11

Le recrutement et l’affectation des enseignants

a) À partir d’une date à fixer par l’Assemblée de Corse, le recrutement des professeurs des écoles se réalise par voie unique le concours spécifique de professeurs des écoles et le concours 3e voie, présentant une épreuve de langue corse.

- pour les candidats dont le diplôme du baccalauréat a été délivré en Corse, l’épreuve de langue corse est qualifiée de « corse consolidé » et requiert le niveau B2.

- pour les candidats dont le diplôme du baccalauréat a été délivré dans une autre académie, l’épreuve de langue corse est qualifiée de « corse débutant » et requiert le niveau A1.

Dans les deux cas, la titularisation de tous les professeurs des écoles sera soumise à l‘obtention de la certification en langue corse niveau B2. Une formation complémentaire sera donc proposée aux candidats « corse débutant ».

b) À partir d’une date à fixer par l’Assemblée de Corse, tous les postes vacants de l’enseignement du premier et du second degré en Corse sont « postes à profil langue corse». Les personnels nommés sur ces postes auront trois années pour acquérir une certification niveau B2. Ils bénéficieront de moyens de formation adaptés.

c) La certification en langue corse de niveau B2 et l’habilitation à l’enseignement bilingue comme toute autre compétence ou certification définie par l’autorité académique sont prises en compte pour l’évolution de carrière des enseignants en Corse, selon des modalités de bonification définies par l’autorité académique.

d) Dans le premier degré, les IEN doivent posséder une l’habilitation en langue corse. Les personnels nommés sur ces postes auront trois années pour acquérir une certification niveau B2. Ils bénéficieront de moyens de formation adaptés.

e) Dans le second degré, des inspecteurs pédagogiques régionaux affectés en Corse pour l’évaluation de l’enseignement de leur discipline doivent posséder une l’habilitation en langue corse. Les personnels nommés sur ces postes auront trois années pour acquérir une certification niveau B2. Ils bénéficieront de moyens de formation adaptés. Les inspecteurs non-résidents seront accompagnés de l’Inspecteur de langue et de culture corses ou de professeurs de langue corse référents nommés par l’autorité académique.

ARTICLE 12

La formation des personnels enseignants, administratifs et d’encadrement de l’appareil éducatif de Corse

La CTC et le rectorat de corse élaborent ensemble un plan de formation initiale et continue de la langue corse pour les enseignants, les personnels administratifs et d’encadrement de l’appareil éducatif de Corse. Ce plan est arrêté par convention avec l’ESPE di Corsica. L’État garantit les moyens nécessaires à la formation des enseignants à l’enseignement bilingue.

ARTICLE 13

L’enseignement supérieur

L’Università di Corsica, l’ESPE, l’IUT et les autres organismes de formation de l’enseignement supérieur élaborent des plans de diffusion de la langue corse dans leurs activités administratives, d’enseignement ou de recherche. Dans l’enseignement supérieur, les professeurs et les élèves s’expriment à l’oral comme à l’écrit dans la langue officielle de leur choix. L’enseignement du corse est obligatoire pour tous les étudiants. Celui-ci conduit à l’obtention d’un Certificat de Compétence en langue de l’enseignement supérieur reconnu par l’État.

ARTICLE 14

La formation professionnelle pour adultes

a) La CTC fixe les objectifs et les moyens alloués à la formation des adultes à la langue corse.

b) En Corse, la formation à la langue corse est obligatoire dans tout programme de formation professionnelle pour adultes. Cette formation est soumise à certification.

c) Les formateurs devront disposer d’une habilitation spécifique à l’enseignement des langues pour les adultes.

d) Une agrégation de langue et culture Corse est créée.

III/ LES SERVICES PUBLICS

ARTICLE 15

Les obligations des Services publics en matière d’usage de la langue corse

Les services publics en Corse sont tenus d’élaborer des Schémas de développement de l’usage de la langue corse à l'occasion de la mise en œuvre de leurs missions.

Ces programmes sont transmis par l’organisme concerné pour validation à la CTC.

Celle-ci transmet ses avis et recommandations au Préfet ainsi qu’à l'exécutif de la collectivité ou du groupement de collectivités territoriales ou au conseil d’administration de l'établissement public concerné.

Les suites données à ces programmes et aux recommandations de la CTC sont publiées dans un rapport annuel public de la CTC.

ARTICLE 16

Le recrutement et la formation des fonctionnaires

a) La maîtrise de la langue corse certifiée par le niveau B2 par les fonctionnaires et agents publics hors enseignement affectés en Corse fait l’objet d’une formation statutaire obligatoire.

Lors de leur recrutement et au titre des obligations de formation, les fonctionnaires et agents publics relevant de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984, de la loi n° 84-16 du 11 janvier 1984 et de la loi n° 86-33 du 9 janvier 1986, affectés en Corse sont astreints à une formation en langue corse leur permettant d’obtenir une certification de niveau B2.

Pour les fonctionnaires d’État et hospitaliers, la durée et la nature sont fixés par la CTC après avis du préfet, en collaboration avec l’ANFH et l’IRA.

Cette formation est sanctionnée par une certification dont l’obtention est prise en compte dans l’évolution de carrière, selon des modalités de bonification définies par convention avec l’État.

Pour les agents territoriaux, la nature et la durée de la formation sont fixées par convention d’un commun accord entre la CTC et le CNFPT, nonobstant les dispositions de la loi n° 84-594 du 1er juillet 1984 modifiée, relative à la formation des agents de la fonction publique territoriale et complétant la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale.

La CTC encourage la pratique du corse en tant que langue de travail.

b) L'État, la CTC, les structures hospitalières et médico-sociales ainsi que l’ensemble des collectivités et établissements territoriaux s’engagent à mettre en place un programme exceptionnel de formation de leurs agents afin que dans les vingt ans suivant l’entrée en vigueur du statut de co-officialité l’ensemble de ces agents aient obtenu une certification.

c) La certification en langue corse de niveau B2 est prise en compte dans l’évolution de carrière des fonctionnaires, selon des avantages spécifiques d’ancienneté définis par convention avec l’État.

ARTICLE 17

La Charte de la langue corse

Les offices et agences de la CTC et les collectivités locales, de même que les entreprises délégataires du service public, aidées ou subventionnées par la CTC devront signer la Charte de la langue corse et employer la langue corse à parité avec le français dans leurs interventions, leur documentation interne, leur affichage, leurs documents de promotion et d’information.

ARTICLE 18

Les permis et les pièces justificatives d’identité

Les permis et les pièces justificatives d’identité des citoyens résidents en Corse sont bilingues français/corse.

IV/ MEDIA, PUBLICITE, INDUSTRIES CULTURELLES, INTERNET ET TIC

ARTICLE 19

L’autonomie des stations locales

La chaîne de télévision Via Stella et la radio de service public RCFM disposent d’un statut d’autonomie totale en termes de programmation. Au moins 50% de leurs programmes doivent être diffusés en langue corse.

ARTICLE 20

Les personnels des médias de service public

Tout recrutement dans les medias de service public en Corse sera conditionné par un niveau de corsophonie de niveau B2.

Les personnels déjà en poste à la date de la promulgation de la présente loi ont une formation obligatoire pour obtenir une certification de niveau B2 en cinq ans maximum.

Les médias prévoient un plan de formation permettant à tous les personnels, selon leur niveau initial, d’acquérir les compétences linguistiques requises.

ARTICLE 21

Les programmes des médias de service public

Compte tenu du contexte de revitalisation linguistique et du dispositif d’éco-socio-conditionnalité des aides, afin d’encourager la production de programmes en langue corse, les aides publiques dispensées par la CTC sont concentrées sur la production et la diffusion de programmes en langue corse.

Ces stations produisent et diffusent des documentaires et des fictions réalisés, sous-titrés ou doublés en langue corse. Elles diffusent des émissions en langue corse ainsi que d’autres sur la langue et en faveur de son apprentissage. Les journaux sont présentés de façon mixte en corse et en français. La langue corse doit être utilisée sur au moins 50 % du temps d’antenne dont les échelons annuels seront précisés par les programmations.

ARTICLE 22

Les auditeurs et les téléspectateurs des media de service public

Les stations et les chaînes publiques veillent à respecter le principe de libre choix de l’une ou l’autre des langues officielles dans la prise de parole des auditeurs ou des spectateurs.

ARTICLE 23

Les médias écrits

L’Assemblée de Corse propose à l’État des mesures fiscales destinées à encourager la presse écrite à utiliser la langue corse.

Les langues d’expression normale des publications de la CTC, des agences, des offices et des autres collectivités locales de l’île sont le français et le corse.

ARTICLE 24

La publicité

La publicité en langue corse sans traduction est autorisée et encouragée par des incitations fiscales.

ARTICLE 25

Les industries culturelles et les arts du spectacle

La CTC encourage et participe à la promotion de :

a) la création littéraire, scientifique en langue corse, la traduction en langue corse d’oeuvres littéraires ou bien la traduction d’oeuvres produites en langue corse en d’autres langues,

b) l'édition, la distribution et la diffusion de livres et de publications périodiques en corse,

c) la production cinématographique en corse, le doublage et le sous-titrage de films dont l'expression originale n'est pas en corse, ainsi que la distribution de ces produits dans des formats accessibles,

d) la production, la distribution et la diffusion d'enregistrements sonores et de matériel audiovisuel en corse,

e) la production et la représentation des arts du spectacle en corse, f) la création, l'interprétation et la diffusion de la musique chantée en corse.

En matière culturelle, les aides et les subventions attribuées par la CTC ou par les autres collectivités locales de l’île sont conditionnées à l’usage de la langue corse dans les productions littéraires, théâtrales, cinématographiques ou documentaires. Si elles ne sont pas produites en langue corse, elles seront traduites, sur-titrées ou doublées. La promotion des arts plastiques est réalisée dans les deux langues officielles, majoritairement en langue corse. L’aide attribuée aux festivals de musique ou de théâtre accueillant des artistes ne s’exprimant pas en langue corse sera conditionnée par l’emploi de la langue corse dans les domaines de la promotion, de l’animation et de l’accueil.

ARTICLE 26

Internet et TIC

La CTC favorise et encourage les productions en langue corse sur Internet ainsi que leur visibilité. Elle adapte, produit et promeut tout type de jeu ou de logiciel et toute nouvelle application relevant des TIC, en particulier dans le domaine de la traduction automatique des langues et de leur apprentissage.

V/ TOPONYMIE ET ANTHROPONYMIE

ARTICLE 27

Les toponymes

a) L’unique forme officielle des toponymes de l’île est en langue corse. Elle est fixée par le Cunsigliu di a lingua. Sur l’espace insulaire, leur signalisation sera monolingue. Cependant, les communes désirant maintenir leur appellation toscane seront libres de le faire.

b) Les documents cartographiques, les bâtiments publics, les voies de circulation, les voies navigables, les espaces naturels et toute signalétique réalisés par les institutions publiques respectent cette toponymie, la seule en vigueur.

ARTICLE 28

Les anthroponymes

Les résidents corses auront le droit d'utiliser la forme normative corse de leurs prénoms et d’obtenir l'inscription de la forme normative corse de leurs prénoms au Registre d’état civil.

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