Les dialectes parlés au Pay-Bas

On distingue aux Pays-Bas deux types de dialectes: ceux du francique (ou bas-francique) et ceux du bas-saxon. Sauf ceux du Nord-Est, tous les dialectes des Pays-Bas proviennent du bas-francique. La carte ci-dessous distingue les dialectes du Sud-Ouest (zélandais/flamand occidental), du Nord-Ouest (hollandais/néerlandais), du Nord-Est (bas-saxon), du Centre-Nord, du Centre-Sud et du Sud-Est. Les dialectes marqués d'une astérisque sont considérés comme des dialectes néerlandais, mais avec des influences frisonnes importantes.

1 Les dialectes du bas-saxon

L'aire linguistique du bas-saxon comprend les provinces de Groningen, de Drenthe, d'Overijssel, ainsi que des municipalités tels que les Stellingwerf du Friesland du Sud-Est et les districts d'Achterhoek et de Veluwe dans la province de Gelderland. Il existe des différences importantes entre le bas-saxon de la province de Drenthe, d'Overijssel et les districts d'Achterhoek et de Veluwe (Gelderland). En réalité, les dialectes bas-saxons des Pays-Bas constituent une continuité avec ceux de l'Allemagne (voir la carte de gauche).

Le nombre des locuteurs du bas-saxon demeure peu connu, car aucune enquête sérieuse n'a pu être réalisée jusqu'ici. Les évaluations varient énormément et elles se situent entre deux et dix millions de locuteurs pour l'Allemagne et les Pays-Bas, dont entre un million et demi et deux millions pour les seuls Pays-Bas. La province de Drenthe compte 457 347 habitants, la province de Groningen 557 951; la province d'Overijssel 1 057 186; les zones bas-saxonnes du Gelderland, un total de 873 414; les municipalités de Stellingwerf-Oriental et Stellingwerf-Occidental, un total de 50 000. Une enquête générale menée il y a quelques années par la station de radio régionale de Groningen a démontré qu'environ de 65 % des habitants de la province de Groningen parlent le bas-saxon. Si nous estimons que 60 % de la population puisse parle cette langue, nous parvenons au nombre de 1 797 539 locuteurs. On sait néanmoins que le nombre des locuteurs du bas-saxon tend à diminuer de décennie en décennie.

2 Les dialectes du bas-francique aux Pays-Bas

Les dialectes bas-francique sont parlés non seulement aux Pays-Bas, mais également en Belgique flamande et en Allemagne (Rhénanie-du-Nord-Westphalie). Le bas-francique comprend le néerlandais, le limbourgeois, les dialectes flamands et hollandais, ainsi que le Niederbergisch (francique mosellan de Bergisch) et le Niederrheinish (francique bas-rhénan) en Allemagne. Les dialectes bas-franciques (groupe bas-allemand: Niederdeutsch), moyen-franciques (moyen-allemand: Mitteldeutsch) et haut-franciques (francique oriental ou Ostfränkisch et francique rhénan méridional ou Südrheinfränkisch) sont tous issus de l'ancien francique, langue que parlaient les Francs qui ont dominé l'Europe de l'Ouest.

Tous les locuteurs parlant l'un des dialectes franciques parlent également le néerlandais standard, appelée aux Pays-Bas Algemeen Nederlands, c'est-à-dire la langue commune officielle de tous les citoyens.

La carte ci-dessous distingue les dialectes du Sud-Ouest (zélandais/flamand occidental), du Nord-Ouest (hollandais/néerlandais), du Nord-Est (bas-saxon), du Centre-Nord, du Centre-Sud et du Sud-Est. Les dialectes marqués d'une astérisque sont considérés comme des dialectes néerlandais, mais avec des influences frisonnes importantes.

Dialectes néerlandais
I. Groupe du Sud-Ouest (zélandais/flamand occidental)

(1) flamand occidental
(2) zélandais

II. Groupe du Nord-Ouest (hollandais/néerlandais)

(3) Hollandais méridional
(4) Westhoeks
(5) Waterlands* + Volendams*
(6) Zaans*
(7) Kennemerlands
(8) Frison occidental*
(9) Bildts + Midslands+ Stadsfries + Amelands*

III. Groupe du Nord-Est (bas-saxon)

(10) Kollumerlands
(11 Gronings et Noord-Drents
(12) Stellingswerfs
 

(13) Midden-Drents
(14) Zuid-Drents
(15) Twents
(16) Twents-Graafschaps
(17) Gelders-Overijssels (Achterhoeks) et Urks
(18) Veluws

IV. Groupe du Centre-Nord

(19 Utrechts-Alblasserwaards

V. Groupe du Centre-Sud

(20) Zuid-Gelders
(21) Brabançon septentrional
(22) Brabançon
23) Flamand oriental

VI. Groupe du Sud-Est

24) Limbourgeois

3 Les variantes dialectales en Allemagne

À titre de comparaison, on peut noter qu'en Allemagne également un nombre très important d’Allemands parlent une variante dialectale de l’allemand: le bas-allemand (considéré aussi comme une langue distincte), le bas-saxon, le bavarois, etc. Comme aux Pays-Bas, il s’agit de variantes dialectales que de nombreux locuteurs utilisent dans leur vie quotidienne, concurremment avec l’allemand standard, mais qu’ils n’écrivent jamais. Ainsi, dans les communications orales, les diverses formes d’allemand dialectal sont utilisées en même temps que l’allemand standard. Il n’est pas rare, par exemple, d’entendre des députés discuter avec indignation en Moselfränkisch (francique mosellan) pour passer soudainement à l’allemand. On peut entendre, par exemple, un juge parler à un accusé ou un témoin en bavarois (Nordbairisch, Mittelbairisch ou Südbairisch) ou en hessois (Hessisch) pour s’adresser ensuite à un avocat en allemand standard. On pourrait signaler de nombreux autres cas similaires, que ce soit à la radio, dans les usines, dans les parlements des Länder, les bureaux de poste, les magasins, etc. On peut visualiser une carte linguistique des dialectes allemands Pays-Bas et Allemagne illustrant la répartition de ces langues (voir les dialectes allemands).

4 Les variantes dialectales en Suisse

En Suisse allemande, on constate la même situation, car les germanophones font plutôt usage de l'une des nombreuses variétés du Schweizerdeutsch, c'est-à-dire le «suisse alémanique». De façon générale, ils n'aiment pas s'exprimer en «allemand d'Allemagne» qu'ils apprennent à l'école primaire. Le Schweizerdeutsch, demeuré très vivant dans toute la Suisse alémanique, est non seulement employé à la maison, entre amis, dans la rue ou dans les communications informelles, mais il s'impose aussi dans toute la vie sociale: les affaires, les écoles, les tribunaux, la radio et la télévision, les parlements cantonaux, les commissions fédérales, etc. En fait, les Suisses alémaniques n'utilisent l'allemand standard lorsque les circonstances de la vie publique les y obligent. Toutefois, ces formes d’allemand ou de néerlandais ne mettent aucunement en danger la langue officielle, qu'il s'agisse de l’allemand standard en Allemagne et en Suisse, ou du néerlandais standard aux Pays-Bas.

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