Succession d'Espagne

Testament du 2 octobre 1700 de Charles II d'Espagne

Étant donné que le roi d'Espagne, Charles II, n'avait pas d'héritiers directs, sa mort posa problème, car deux familles, apparentées aux souverains espagnols, prétendirent avoir des droits à l'héritage espagnol, les Bourbon de France et les Habsbourg d'Autriche. La généalogie désignait le grand dauphin Louis, fils de Louis XIV. Afin d'éviter un accroissement de la puissance française, Charles II désigna comme héritier Joseph-Ferdinand de Bavière. Mais non seulement ce dernier décéda avant Charles II, mais aussi le grand dauphin de France. Il ne restait que Philippe, le duc d'Anjou, comme héritier, à la condition que ce dernier renonce au trône de France.

Louis XIV accepta le testament de Charles II en maintenant son petit-fils à la fois comme roi d'Espagne (sous le nom de Philippe V) et comme prétendant au trône de France. Or, toute l'Europe se sentit menacée par l'alliance dynastique de la France et de l'Espagne, notamment la Grande-Bretagne, le Saint-Empire romain germanique et les Pays-Bas. La guerre de Succession d'Espagne allait durer de 1701 à 1713, lors du traité d'Utrecht. À la fin de la guerre, Louis XIV allait perdre une grande partie des territoires conquis sous son règne, dont Terre-Neuve, la Baie d'Hudson et l'Acadie péninsulaire (la Nova Scotia), afin de voir son petit-fils roi d'Espagne, tout en renonçant au trône de France. Ce traité mettait fin à l'expansion française et amorça l'essor de l'Empire britannique.

Testament de Charles II d'Espagne


Considérant, en accord avec les divers avis proférés par Nos Ministres d’État et Nos Magistrats jugeant que les Renonciations à leurs droits respectifs sur nos Royaumes, consenties par les Dames Anne et Marie-Thérèse, toutes deux Reines de France, Notre tante et Notre sœur, n’avaient d’autre motif que leur crainte des conséquences pour l’Espagne d’une réunion avec le Royaume de France ; et considérant que bien que cette inquiétude n’ait plus de fondement, le droit du collatéral le plus proche à succéder au trône demeure en vigueur selon les lois de ces Royaumes ; et considérant que ce droit peut-être revendiqué à présent par le second fils du Dauphin ; par la présente, et en concordance avec ces lois, Nous désignons comme Notre successeur (si Dieu devait Nous rappeler à Lui tel que Nous sommes, sans descendance) le duc d’Anjou, second fils du Dauphin, et Nous le nommons héritier de tous nos Royaumes et Domaines sans exception aucune (…). Soucieux de préserver la paix de la Chrétienté et de toute l’Europe, soucieux du bien-être de Nos Royaumes, Notre intention est que cette Couronne qui est Nôtre et celle de France demeurent à jamais séparées, et à cette fin Nous déclarons solennellement, en Nous référant aux stipulations susdites, que si le dit duc d’Anjou venait à mourir avant que Nous fussions Nous-mêmes rappelé à Dieu, ou s’il devait accéder au Trône de France et préférer cette Couronne à la Nôtre, lors ladite Couronne passerait au duc de Berry, Son frère, et troisième fils dudit Dauphin, et que dans cette éventualité les conditions susdites demeureraient en vigueur. Et que, si le duc de Berry venait à mourir avant que Nous fussions Nous-mêmes appelé, ou s’Il devait accéder au trône de France, Nous déclarons que Notre volonté est de voir passer la Couronne à l’Archiduc, second fils de Notre oncle l’Empereur, par préférence, pour les mêmes raisons que Nous avons données plus haut—et en vertu du même souci que Nous avons exprimé plus haut pour le bien commun—au premier-né de l’Empereur Notre oncle. Et si l’Archiduc venait à mourir avant que Nous fussions appelé à la Vie Eternelle, Nous déclarons que Notre volonté est de voir passer la Couronne au duc de Savoie et à ses héritiers.

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