Le triomphe de l'anglais
(The triumph of English)

Décembre 2001

Cet article «The triumph of English» provient du journal The Economist du 20 décembre 2001. Il porte sur la diffusion de l'anglais dans le monde. L'auteur s'interroge sur les causes qui ont favorisé l'expansion de l'anglais dans le monde. Ce ne sont pas les qualités internes de l'anglais! La raison réelle du triomphe de l'anglais repose sur «le triomphe des États-Unis anglophones comme grande puissance». Il en résulterait une énorme source de friction. Pour The Economist, le grand mérite de l'anglais comme langue universelle, c'est qu'il permet aux habitants de différents pays de se parler et de faire des affaires entre eux. Toutefois, comme les les langues ne sont pas uniquement de simples moyens de communication, elles sont également les dépositaires de la culture et de l'identité des peuples.

Or, le tout-anglais menace de détruire de nombreuses cultures locales. L'auteur cite le cas du français qui se trouve sur une pente descendante. Même les scientifiques français savent aujourd'hui qu'ils doivent «publier en anglais ou périr en français». L'auteur se moque, d'une part, des efforts des Français, notamment par la législation, pour se protéger contre l'envahissement de l'anglais; d'autre part, des Québécois pour s'assurer que les magasins et les bureaux n'accordent pas plus d'importance à l'anglais qu'au français dans l'affichage. Mais les Français ne sont pas les seuls, l'auteur mentionne également les Allemands, les Polonais, les Chinois de Hong-Kong, les Espagnols, etc. Selon l'auteur, les législations linguistiques se révèlent impuissantes à résister à la marée de l'anglais, mais cela ne signifie pas qu'il soit impossible de sauvegarder des petites langues en danger.

The triumph of English

A World Empire by Other Means
English Becoming The New World Language

The new world language seems to be good for everyone — except the speakers of minority tongues, and native English-speakers too perhaps.

It is everywhere. Some 380 million people speak it as their first language and perhaps two-thirds as many again as their second. A billion are learning it, about a third of the world's population are in some sense exposed to it and by 2050, it is predicted, half the world will be more or less proficient in it. It is the language of globalization — of international business, politics and diplomacy.

It is the language of computers and the Internet. You'll see it on posters in Cote d'Ivoire, you'll hear it in pop songs in Tokyo, you'll read it in official documents in Phnom Penh. Deutsche Welle broadcasts in it. Bjork, an Icelander, sings in it. French business schools teach in it. It is the medium of expression in cabinet meetings in Bolivia. Truly, the tongue spoken back in the 1300s only by the "low people" of England, as Robert of Gloucester put it at the time, has come a long way. It is now the global language.

How come? Not because English is easy. True, genders are simple, since English relies on "it" as the pronoun for all inanimate nouns, reserving masculine for bona fide males and feminine for females (and countries and ships). But the verbs tend to be irregular, the grammar bizarre and the match between spelling and pronunciation a nightmare. English is now so widely spoken in so many places that umpteen versions have evolved, some so peculiar that even "native" speakers may have trouble understanding each other. But if only one version existed, that would present difficulties enough.

Even everyday English is a language of subtlety, nuance and complexity. John Simmons, a language consultant for Interbrand, likes to cite the word "set," an apparently simple word that takes on different meanings in a sporting, cooking, social or mathematical context — and that is before any little words are combined with it. Then, as a verb, it becomes "set aside," "set up," "set down," "set in," "set on," "set about," "set against" and so on, terms that "leave even native speakers bewildered about [its] core meaning."

As a language with many origins — Romance, Germanic, Norse, Celtic and so on — English was bound to be a mess. But its elasticity makes it messier, as well as stronger. When it comes to new words, English puts up few barriers to entry. Every year publishers bring out new dictionaries listing neologisms galore. The past decade, for instance, has produced not just a host of Internettery, computerese and phonebabble ("browsers," "downloading," "texting," and so on) but quantities of teenspeak ("fave," "fit," "pants," "phat," "sad").

All are readily received by English, however much some fogies may resist them. Those who stand guard over the French language, by contrast, agonize for years over whether to allow CD-Rom (no, it must be cederom), frotte-manche, a Belgian word for a sycophant (sanctioned), or euroland (no, the term is la zone euro). Oddly, shampooing (unknown as a noun in English) seemed to pass the French Academy nem con, perhaps because the British had originally taken "shampoo" from Hindi.

Le triomphe de l'anglais

Un empire mondial par d'autres moyens
L'anglais devient la nouvelle langue du monde

La nouvelle langue du monde semble être valable pour chacun, sauf pour les locuteurs des langues minoritaires et les anglophones peut-être trop originaires.

C'est partout. Environ 380 millions de personnes la parlent comme leur langue maternelle et peut-être encore les deux tiers autant comme langue seconde. Un milliard l'apprend, environ un tiers de la population mondiale est dans quelque sens exposé à cette langue et en 2050 il est prévu que la moitié du monde aura au moins une connaissance de celle-ci. C'est la langue de l'universalité, des affaires internationales, de la politique et de la diplomatie.

C'est la langue des ordinateurs et de l'Internet. Vous la verrez sur des affiches en Côte-d'Ivoire, vous l'entendrez dans des chansons pop à Tokyo, vous la lirez dans les documents officiels à Phnom Penh. La Deutsche Welle émet en anglais. Bjork, un Islandais, chante en anglais. Les écoles commerciales françaises l'enseignent. C'est le moyen d'expression dans les réunions du cabinet en Bolivie. Vraiment, la langue parlée en 1300 uniquement par «le bas peuple» de l'Angleterre, telle que Robert de Gloucester s'exprimait à l'époque, revient de loin. C'est maintenant la langue universelle.

Comment cela se fait-il? Ce n'est pas parce que l'anglais est facile. Il est vrai, les genres sont simples, puisque l'anglais utilise it comme pronom pour tous les noms inanimés, réservant de bonne foi le masculin pour les mâles et le féminin pour les femelles (et les pays et les bateaux). Mais les verbes ont tendance à être irréguliers, la grammaire est bizarre et la correspondance entre l'orthographe et la prononciation est un cauchemar. L'anglais est maintenant si grandement parlé dans tant de lieux que des variations nombreuses se sont développées, certaines si particulières que des locuteurs même de souche peuvent avoir des difficultés à les comprendre. Mais si seulement une variante existait, cela présenterait des difficultés suffisantes.

Chaque jour, l'anglais est une langue de subtilité, de nuance et de complexité. John Simmons, un linguiste consultant pour Interbrand, aime citer le mot set, un mot apparemment simple qui prend des sens différents dans des contextes de sport, de cuisine, de société ou de mathématique et c'est avant que des petits mots ne soient combinés avec cet élément. Alors, comme un verbe, il devient set aside («mettre de côté»), set up («assembler»), set down («déposer»), set in («arriver»), set on («avancer»), set about («commencer»), set against («comparer»), etc., des termes qui «laissent même des locuteurs de souche abasourdis de leur signification fondamentale».

En tant que langue ayant plusieurs origines romane, germanique, nordique, celtique, etc. , l'anglais devait être nécessairement une pagaille. Mais sa souplesse le rend désordonné ainsi que plus fort. Quand surviennent de nouveaux mots, l'anglais n'impose que peu de barrières à ses admissions. Chaque année, les éditeurs produisent de nouveaux dictionnaires en inscrivant en abondance des néologismes. Pendant la dernière décennie, par exemple, l'anglais a produit non seulement une variété de jargons propres à l'Internet, à l'informatique et au téléphone (browsers : «navigateur»; downloading: «télé-chargement»; texting : «texte de messagerie»; etc.), mais aussi quantité de mots propres aux communications entre adolescents : fave («favori»), fit («convenable»), pants («slip»), phat («génial»), sad («triste»).

Tous sont aisément acceptés en anglais, pourtant beaucoup de nouveautés peuvent lui résister. Par contraste, ceux qui s'élèvent contre les nouveautés en français souffrent pendant des années s'il faut autoriser le CD-ROM (non, ce doit être cédérom), frotte-manche, un mot belge pour flagorneur (sanctionné), ou Euroland (non, le terme est zone euro). Curieusement, shampoing (inconnu comme nom en anglais) a semblé accepté par la canaille Académie française, peut-être parce que les Anglais avaient à l'origine pris shampoo de l'hindi.

(1) Albion's Tongue Unsullied

English-speakers have not always been so Angst-free about this laisser-faire attitude to their language, so ready to present a facade of insouciance at the de facto acceptance of foreign words among their cliches, bons mots and other dicta. In the 18th century three writers — Joseph Addison (who founded the Spectator), Daniel Defoe (who wrote "Robinson Crusoe") and Jonathan Swift ("Gulliver's Travels") — wanted to see a committee set up to regulate the language. Like a good protectionist, Addison wrote:

I have often wished that ... certain Men might be set apart, as Superintendents of our Language, to hinder any Words of Foreign Coin from passing among us; and in particular to prohibit any French Phrases from becoming current in this Kingdom, when those of our own stamp are altogether as valuable.

Fortunately, the principles of free trade triumphed, as Samuel Johnson, the compiler of the first great English dictionary, rather reluctantly came to admit. "May the lexicographer be derided," he declared, "who shall imagine that his dictionary can embalm his language ... With this hope, however, academies have been instituted to guard the avenues of their languages...but their vigilance and activity have hitherto been vain ... to enchain syllables, and to lash the wind, are equally the undertakings of pride."

Pride, however, is seldom absent when language is under discussion, and no wonder, for the success or failure of a language has little to do with its inherent qualities "and everything to do with the power of the people who speak it." And that, as Prof. Jean Aitchison of Oxford University points out, is particularly true of English.

It was not always so. In the eastern half of the Roman Empire, Greek remained the language of commerce, and of Christians such as St. Paul and the Jews of the diaspora, long after Greek political supremacy had come to an end. Latin continued to be the language of the church, and therefore of any West European of learning, long after Rome had declined and fallen. But Greek and Latin (despite being twisted in the Middle Ages to describe many non-Roman concepts and things) were fixed languages with rigid rules that failed to adapt naturally. As Edmund Waller wrote in the 17th century,

Poets that lasting marble seek, Must carve in Latin or in Greek. We write in sand, our language grows, And like the tide, our work o'erflows. English, in other words, moved with the times, and by the 19th century the times were such that it had spread across an empire on which the sun never set (that word again). It thus began its rise as a global language.

That could be seen not just by the use of English in Britain's colonies, but also by its usefulness much farther afield. When, for instance, Germany and Japan were negotiating their alliance against America and Britain in 1940, their two foreign ministers, Joachim von Ribbentrop and Yosuke Matsuoka, held their discussions in English.

But however accommodating English might be, and however much of the map was once painted red, the real reason for the latter day triumph of English is the triumph of the English-speaking United States as a world power. Therein lies a huge source of friction.

(1) La langue sans tache d'Albion

Les anglophones, qui n'ont pas toujours été si peu angoissés par cette attitude de laisser-faire pour leur langue, sont ainsi prêts à présenter une forme d'insouciance dans l'acceptation factuelle de mots étrangers parmi leurs clichés, de bons mots et d'autres dictons. Au XVIIIe siècle, trois auteurs Joseph Addison (qui a fondé le Spectator), Daniel Defoe (qui a écrit Robinson Crusoe) et Jonathan Swift (Les Voyages de Gulliver) ont voulu voir qu'un comité destiné à réglementer la langue. En bon protectionniste, Addison écrivit:

«Je l'ai souvent souhaité...  certains hommes pourraient se distinguer, comme des inspecteurs de notre langue pour empêcher tels des mots d'une monnaie étrangère de se transmettre à  nous; et en particulier pour interdire toute expression française de devenir courantes dans ce royaume, quand celles de notre propre langue sont tout à fait valables.»

Heureusement, les principes de libre-échange ont triomphé, comme Samuel Johnson, le compilateur du premier grand dictionnaire anglais, l'admet plutôt à contrecoeur. «Le lexicographe peut être tourné en dérision, a-t-il déclaré, qui doit s'imaginer que son dictionnaire peut embaumer sa langue... avec cet espoir cependant que les académies ont été instituées pour conserver les voies d'accès de leur langue... Mais leur vigilance et leurs activités ont été vains jusqu'ici... pour enchaîner des syllabes et faire bouger le vent, il faut également des besognes de fierté.»

Cependant, la fierté est rarement absente lorsque la langue est en discussion et il n'est pas étonnant pour le succès ou l'échec d'une langue qu'il n'y a que peu de commun avec ses qualités inhérentes «et tout avec le pouvoir de la part des gens qui la parlent». Et ce que, comme le professeur Jean Aitchison de l'Université d'Oxford le signale, c'est particulièrement vrai de l'anglais.

Ce ne fut pas toujours ainsi. Dans la moitié orientale de l'Empire romain, le grec est resté la langue du commerce et des chrétiens comme saint Paul et les juifs de la diaspora, longtemps après que la suprématie politique grecque eût pris fin. Le latin a continué d'être la langue de l'Église et donc de tout Européen de l'Ouest instruit, longtemps après le déclin et la chute de Rome. Mais le grec et le latin (malgré les déformations au Moyen Âge pour décrire beaucoup de concepts et d'objets non romains) étaient des langues fixées avec des règles rigides qui ont échoué à s'adapter de façon naturelle. Comme Edmond Waller l'a écrit au XVIIe siècle:

«Les poètes qui recherchent le marbre éternel doivent tailler dans le latin ou le grec. Nous écrivons dans le sable, notre langue s'accroît et, comme la marée, notre travail est débordé. Autrement dit, l'anglais s'est étendu avec le temps et, au XIXe siècle, la situation était devenue telle qu'il s'était répandu dans un empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais (un mot nouveau). Il a ainsi commencé son expansion comme langue universelle.»

On pourrait voir cela non seulement comme un usage de l'anglais dans les colonies britanniques, mais aussi comme un usage utile pour le futur éloigné.  Quand, par exemple, l'Allemagne et le Japon négociaient leur alliance contre l'Amérique et la Grande-Bretagne en 1940, leurs deux ministres des Affaires étrangères, Joachim von Ribbentrop et Yosuke Matsuoka, ont tenu leurs discussions en anglais.

Mais le caractère accommodant de l'anglais pourrait être, et pourtant une grande partie de la carte du monde a été dans le passé peinte en rouge, que la raison réelle du triomphe de l'anglais ces derniers temps repose sur le triomphe des États-Unis anglophones comme grande puissance. De ce fait réside une énorme source de friction.

(2) Damn Yanks, Defensive Frogs

The merit of English as a global language is that it enables people of different countries to converse and do business with each other. But languages are not only a medium of communication, which enable nation to speak unto nation. They are also repositories of culture and identity. And in many countries the all-engulfing advance of English threatens to damage or destroy much local culture. This is sometimes lamented even in England itself, for though the language that now sweeps the world is called English, the culture carried with it is American.

On the whole the Brits do not complain. Some may regret the passing of the "bullet-proof waistcoat" (in favor of the "bullet-proof vest"), the arrival of "hopefully" at the start of every sentence, the wholesale disappearance of the perfect tense, and the mutation of the meaning of "presently" from "soon" to "now." But few mind or even notice that their old "railway station" has become a "train station," the "car park" is turning into a "parking lot" and people now live "on," not "in," a street.

Others, however, are not so relaxed. Perhaps it is hardest for the French. Ever since the revolution in 1789, they have aspired to see their language achieve a sort of universal status, and by the end of the 19th century, with France established as a colonial power second only to Britain and its language accepted as the lingua franca of diplomacy, they seemed to be on their way to reaching their goal. As the 20th century drew on, however, and English continued to encroach, French was driven on to the defensive.

One response was to rally French-speakers outside France. Habib Bourguiba, the first president of independent Tunisia, obligingly said in 1966 that "the French-language community" was not "colonialism in a new guise" and that to join its ranks was simply to use the colonial past for the benefit of the new, formerly French states.

His counterpart in Senegal, Leopold Senghor, who wrote elegantly in the language of Moliere, Racine and Baudelaire, was happy to join La Francophonie, an outfit modelled on the (ex-British) Commonwealth and designed to promote French language and culture.

But though such improbable countries as Bulgaria and Moldova have since been drawn in — France spends about $1 billion a year on various aid and other programmes designed to promote its civilization abroad — French now ranks only ninth among the world's languages.

The decline is everywhere to be seen. Before Britain joined the European common market (now the European Union) in 1973, French was the club's sole official language. Now that its members also include Denmark, Finland and Sweden, whose people often speak better English than the British, English is the EU's dominant tongue. Indeed, over 85 percent of all international organizations use English as one of their official languages.

In France itself, the march of English is remorseless. Alcatel, the formerly state-owned telecoms giant, uses English as its internal language. Scientists know that they must either "publish in English or perish in French." And though one minister of "culture and the French language," Jacques Toubon, did his utmost to banish foreign expressions from French in the mid-1990s, a subsequent minister of education, Claude Allegre, declared in 1998 that "English should no longer be considered a foreign language ... In future it will be as basic [in France] as reading, writing and arithmetic."

That does not mean that France has abandoned its efforts to stop the corruption of its beautiful tongue. Rearguard actions are fought by Air France pilots in protest at air-traffic instructions given in English. Laws try to hold back the tide of insidious Albion on the airwaves. And the members of the French Academy, the guardians of le bon usage, still meet in their silver-and-gold-embroidered uniforms to lay down the linguistic law.

Those who feel pity for the French, however, should feel much sorrier for the Quebeckers, a minority of about 6 million among the 300 million English-speakers of North America. It is easy to mock their efforts to defend their beleaguered version of French: all those absurd language police, fighting franglais, ensuring that all contracts are written in French and patrolling shops and offices to make sure that any English signs are of regulation size.

But it is also easy to understand their concern. After all, the publishing onslaught from the United States is enough to make English-speaking Canadians try to put up barriers to protect their magazines in apparent defiance of the World Trade Organization: Canada's cultural industries are at stake, they say. No wonder the French-speakers of Quebec feel even more threatened by the ubiquity of English.

(2) Maudits Amerloques, grenouilles sur la défensive

Le mérite de l'anglais comme langue universelle est qu'il permet aux gens de différents pays de se parler et de faire des affaires les uns avec les autres. Mais les langues ne sont pas de simples moyens de communication, qui permettent aux nations de se parler. Elles sont aussi les dépositaires de la culture et de l'identité. Et dans beaucoup de pays l'avance du tout-envahissement de l'anglais menace d'endommager ou de détruire beaucoup de cultures locales. C'est parfois déploré même en Angleterre elle-même, car quoique la langue qui balaie maintenant le monde soit appelée l'anglais, la culture portée avec elle est l'américaine.

Dans l'ensemble les Britanniques ne se plaignent pas. Certains peuvent regretter l'admission de bullet-proof waistcoat («gilet pare-balles») en faveur de bullet-proof vest (idem), l'entrée de hopefully («si tout va bien») au début de chaque phrase, la disparition en gros du temps parfait et le changement de sens de presently («actuellement») de soon («bientôt») à now («maintenant». Mais peu regrettent ou remarquent même que leur vieux railway station (station de chemin de fer») est devenu un train station («gare»), le car park s'est métamorphosé en parking lot («parc de stationnement») et les gens vivent maintenant on («sur») et non in («dans») une rue.

Cependant, d'autres sont pas si détendus. Peut-être est-ce plus difficile pour le français. Depuis la Révolution de 1789, les Français ont rêvé de voir leur langue réaliser une sorte de statut universel et, vers la fin du XIXe siècle, avec la France affermie comme seconde puissance coloniale seulement en Grande-Bretagne et sa langue acceptée comme lingua franca de la diplomatie, ils ont semblé être sur la voie d'atteindre leur objectif. Dès que le commencement du XXe siècle cependant, l'anglais a continué à envahir le monde, ce qui a conduit le français sur la défensive.

Une réponse devait rassembler les francophones à l'extérieur de la France. Habib Bourguiba, le premier président de la Tunisie indépendante, a aimablement affirmé en 1966 que «la communauté francophone» n'était pas «du colonialisme sous une nouvelle forme» et que joindre ses rangs devait simplement utiliser le passé colonial à l'avantage de nouveaux pays, autrefois des États français.

Son homologue au Sénégal, Léopold Senghor, qui a écrit de manière élégante dans la langue de Molière, de Racine et de Baudelaire, était heureux de se joindre à la Francophonie, un organisme modelé sur l'ex-Commonwealth britannique et conçu pour promouvoir la langue et la culture françaises.

Quoique des pays aussi douteux que la Bulgarie et la Moldavie aient depuis été attirés vers la Francophonie — la France dépense environ un milliard de dollars par année à l'aide diverse et d'autres programmes conçus pour promouvoir sa civilisation à l'étranger —, le français se classe maintenant seulement en neuvième place parmi les langues mondiales.

Le déclin doit être reconnu partout. Avant que la Grande-Bretagne n'ait rejoint le Marché commun européen (maintenant l'Union européenne) en 1973, le français était la langue unique officielle du club. Maintenant que ses membres incluent aussi le Danemark, la Finlande et la Suède, dont les gens parlent souvent un meilleur anglais que les Anglais, l'anglais est la langue dominante de l'Union européenne. En effet, plus de 85 % de toutes les organisations internationales emploient l'anglais comme l'une de leurs langues officielles.

En France même, l'avance de l'anglais est sans pitié. Alcatel, le géant des télécommunications autrefois un organisme public, emploie l'anglais comme sa langue interne. Les scientifiques savent qu'ils doivent «publier en anglais ou périr en français». Et quoiqu'un ministre «de la culture et de la langue française», Jacques Toubon, ait tout fait pour bannir des expressions étrangères au français dans le milieu des années 1990, un ministre successeur à l'Éducation nationale, Claude Allègre, déclaré en 1998 que «l'anglais ne doit plus être considéré une langue étrangère. [...] Dans l'avenir, il constituera une base [en France] comme la lecture, l'écriture et l'arithmétique».

Cela ne signifie pas que la France ait abandonné ses efforts pour arrêter la corruption de sa belle langue. Des combats d'arrière-garde sont avancés par les pilotes d'Air France en signe de protestation aux instructions de la navigation aérienne transmises en anglais. Des lois essaient de retenir la marée insidieuse d'Albion sur les ondes. Et les membres de l'Académie française, ces gardiens du bon usage, se réunissent toujours dans des uniformes brodés d'or et d'argent pour figer la législation linguistique.

Cependant, ceux qui prennent en pitié le français doivent ressentir beaucoup de chagrin pour les Québécois, une minorité d'environ six millions parmi les 300 millions d'anglophones de l'Amérique du Nord. Il est facile de railler leurs efforts pour défendre leur variante assiégée du français : toutes ces polices absurdes de la langue, ces combats contre le franglais en s'assurant que tous les contrats soient rédigés en français et en patrouillant les magasins et les bureaux pour s'assurer que tout panneau anglais soit de taille réglementaire.

Mais il est tout aussi facile de comprendre leur problème. Après tout, l'impact de l'édition aux États-Unis est suffisant pour inciter les Canadiens anglophones à élever des barrières pour protéger leurs magazines dans un défi apparent contre l'Organisation mondiale du commerce : les industries culturelles du Canada sont menacées, disent-ils. Pas étonnant que les francophones du Québec s'estiment même plus menacés par l'omniprésence de l'anglais.

(3) Germans, Poles and Chinese Unite

French-speakers are far from alone. A law went into effect in Poland last year obliging all companies selling or advertising foreign products to use Polish in their advertisements, labelling and instructions. Latvia has tried to keep Russian (and, to be more precise, Russians) at bay by insisting on the use of the Latvian language in business. Even Germany, now the pre-eminent economic and political power in Europe, feels it necessary to resist the spread of Denglisch.

Three years ago the Institute for the German Language wrote to Deutsche Telekom to protest at its adoption of "grotesque" terms like CityCall, HolidayPlusTarif and GermanCall. A year earlier, an article in the Frankfurter Allgemeine Zeitung in which a designer had been quoted using expressions like "giving story," "co-ordinated concepts" and "effortless magic" so infuriated Prof. Wolfgang Kramer that he founded the Society for the Protection of the German Language, which now awards a prize for the Sprachpanscher (language de baser) of the year.

For some countries, the problem with English is not that it is spoken, but that it is not spoken well enough. The widespread use of Singlish, a local version of Shakespeare's tongue, is a perpetual worry to the authorities in Singapore, who fear lest their people lose their command of the "proper" kind and with it a big commercial advantage over their rivals.

In Hong Kong, by contrast, the new, Chinese masters are promoting Cantonese, to the concern of local business. And in India some people see English as an oppressive legacy of colonialism that should be exterminated. As long ago as 1908 Mohandas Gandhi was arguing that "to give millions a knowledge of English is to enslave them." Ninety years later the struggle was still being fought, with India's defence minister of the day, Mulayam Singh Yadav, vowing that he would not rest "until English is driven out of the country." Others, however, believe that it binds a nation of 800 tongues and dialects together, and connects it to the outside world to boot.

Some countries try, like France, to fix their language by fiat. A set of reforms were produced in Germany a few years ago by a group of philologists and officials with the aim of simplifying some spellings — Spagetti instead of Spaghetti, for example, Saxifon instead of Saxophon — reducing the number of rules governing the use of commas (from 52 to nine), and so on. Dutifully, the country's state culture ministers endorsed them, and they started to go into effect in schoolrooms and newspaper offices across the country. But old habits die hard, unless they are making way for English: in Schleswig-Holstein the voters revolted, and in due course even such newspapers as the Frankfurter Allgemeine Zeitung abandoned the new practice.

Spain strives for conformity too, through a Spanish Royal Academy similar to the French Academy. The job of the 46 Spanish academicians is to "cleanse, fix and give splendour" to a language that is very much alive, although nine out of ten of its speakers live outside Spain. The academy professes a readiness to absorb new words and expressions, but its director admits that "changes have become very rare now." No wonder Spanish-speaking countries in Latin America — as well as the Philippines and the United States — have set up their own academies.

(3) Union des Allemands, Polonais et Chinois

Les francophones sont loin d'être seuls. Une loi est entrée en vigueur l'année dernière en Pologne obligeant toutes les sociétés vendant ou annonçant de la publicité pour des produits étrangers d'employer le polonais dans leur publicité, l'étiquetage et les modes d'emploi. La Lettonie a essayé de tenir le russe (et, pour être plus précis, les Russes) en échec en insistant sur l'usage de la langue lettone dans les affaires. Même l'Allemagne, maintenant la puissance économique et politique dominante en Europe, ressent la nécessité de résister à la diffusion du Denglisch.

Il y a trois ans, l'Institut de la langue allemande a écrit à la Deutsche Telekom pour protester contre l'adoption de termes «grotesques» tels que City Call, Holiday Plus Tarif et German Call. Une année plus tôt, un article dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung dans lequel un concepteur avait été cité en employant des expressions comme "giving story" («histoire donnée»), "co-ordinated concepts" («concepts coordonnés») et "effortless magic" («magie sans effort»), ainsi que le professeur Wolfgang Kramer qui, exaspéré, a fondé la Société pour la protection de la langue allemande, laquelle accorde maintenant un prix annuel pour la Sprachpanscher («la langue de base»).

Pour certains pays, le problème n'est pas d'ignorer l'anglais, mais plutôt de ne pas le parler assez bien. L'usage répandu du Singlish, une variété locale de la langue de Shakespeare, est un souci perpétuel pour les autorités de Singapour, qui craignent que leurs concitoyens ne perdent la connaissance de leur variété «correcte» et avec elle les grands avantages commerciaux sur leurs rivaux.

À Hong-Kong, par contraste, les nouveaux maîtres chinois désirent promouvoir le cantonais pour les affaires locales. Et à certaines Indiens considèrent l'anglais comme un legs oppressant du colonialisme qui doit être exterminé. Déjà, en 1908, Mahatma Gandhi soutenait que «donner des millions pour faire connaître l'anglais doit les rendre esclaves». Quatre-vingt-dix ans plus tard, on poursuit la lutte avec le ministre de la Défense de l'Inde de l'époque, Mulayam Singh Yadav, en jurant qu'il ne se reposerait pas «avant que l'anglais ne soit chassé du pays». D'autres, cependant, croient qu'il unit ensemble une nation de 800 langues et dialectes et la relie au monde extérieur pour avancer.

Quelque pays essaient, comme la France, de fixer leur langue par décret. Un projet de réformes a été introduit en Allemagne il y a quelques années par un groupe de philologues et de fonctionnaires avec comme but de simplifier l'orthographe — Spagetti au lieu de Spaghettis, par exemple; Saxifon au lieu de Saxophon —, en réduisant le nombre des règles relatives à l'emploi des virgules (de 52 à 9), etc. Docilement, les ministres de la Culture du pays les ont approuvées et ces règles ont commencé à entrer en vigueur dans les classes et les services de presse dans tout le pays. Mais les vieilles habitudes meurent difficilement, à moins qu'ils ne libèrent la voie pour l'anglais: dans le Land du Schleswig-Holstein, les électeurs se sont révoltés et, en temps utile, même des journaux comme le Francfort Allgemeine Zeitung ont abandonné les nouvelles pratiques.

L'Espagne lutte aussi pour la conformité au moyen d'une Académie royale espagnole similaire à l'Académie française. Les travaux des 46 académiciens espagnols consistent à «nettoyer, fixer et transmettre une splendeur» à une langue qui est très vivante, bien que neuf de ses locuteurs sur dix vivent à l'extérieur de l'Espagne. L'Académie pratique une politique destinée à absorber des expressions et des mots nouveaux, mais son directeur admet que «les changements sont devenus maintenant très rares». Il n'est pas étonnant que des pays hispanophones en Amérique latine — ainsi qu'aux Philippines et aux États-Unis — aient fondé leur propre académie.

(4) Keeping Tiny Tongues Alive

Rules alone may be unable to withstand the tide of English, but that does not mean it is impossible to keep endangered languages in being. Mohawk, for instance, spoken by some indigenous people in Quebec, was in retreat until the 1970s, when efforts were made first to codify it and then to teach it to children at school. Welsh and Maori have both made a comeback with the help of television and government interference, and Navajo, Hawaiian and several languages spoken in Botswana have been reinvigorated artificially.

Iceland has been extraordinarily successful at keeping the language of the sagas alive, even though it is the tongue of barely 275,000 people. Moreover, it has done so more by invention than by absorption. Whereas the Germans never took to the term Fernsprechapparat when Telefon was already available, and the French have long preferred le shopping and le weekend to their native equivalents, the Icelanders have readily adopted alnaemi for "AIDS," skjar for "video monitor" and toelva for "computer."

Why? Partly because the new words are in fact mostly old ones: alnaemi means "vulnerable," skjar is the translucent membrane of amniotic sac that used to be stretched to "glaze" windows, and toelva is formed from the words for "digit" and "prophetess." Familiarity means these words are readily intelligible. But it also helps that Icelanders are intensely proud of both their language and their literature, and the urge to keep them going is strong.

Perhaps the most effective way of keeping a language alive, however, is to give it a political purpose. The association of Irish with Irish nationalism has helped bring this language back from its increasing desuetude in the 19th century, just as Israeli nation-building has converted Hebrew from being a merely written language into a national tongue.

For some nations, such as the Indians, the pain felt at the encroachments of English may be tempered by the pleasure of seeing their own words enriching the invading tongue: Sir Henry Yule's 1886 dictionary, "Hobson-Jobson," lists thousands of Anglo-Indian words and phrases. But for many peoples the triumph of English is the defeat, if not outright destruction, of their own language. Of the world's 6,000 or 7,000 languages, a couple go out of business each week. Some recent victims from the rich world have included Catawba (Massachusetts), Eyak (Alaska) and Livonian (Latvia). But most are in the jungles of Papua New Guinea, which still has more languages than any other country, or Indonesia, or Nigeria (India, Mexico, Cameroon, Australia and Brazil follow).

Pundits disagree about the rate at which languages are disappearing: some say that by the end of the century half will have gone, some say 90 percent. But whenever a language dies, a bit of the world's culture, history and diversity dies with it. This is slowly coming to be appreciated. The EU declared 2001 to be "European year of languages," and it is striking that even France — whose hostility to linguistic competition is betrayed by the constitution's bald statement that "the language of the Republic is French" — now smiles more benignly on its seven regional tongues (Alsatian, Basque, Breton, Catalan, Corsican, Flemish and Provencal).

Yet the extinction of most languages is probably unstoppable. Television and radio, both blamed for homogenization, may, paradoxically, prolong the life of some by narrow-casting in minority tongues. And though many languages may die, more people may also be able to speak several languages: multilingualism, a commonplace among the least educated peoples of Africa, is now the norm among Dutch, Scandinavians and, increasingly, almost everyone else.

Native English-speakers, however, are becoming less competent at other languages: only nine students graduated in Arabic from universities in the United States last year, and the British are the most monoglot of all the peoples of the EU. Thus the triumph of English not only destroys the tongues of others; it also isolates native English-speakers from the literature, history and ideas of other peoples. It is, in short, a thoroughly dubious triumph. But then who's for Esperanto? Not the staff of The Economist, that's for sure.

(4) Tenir les petites langues vivantes

Les règlements seuls peuvent se révéler impuissants à résister à la marée de l'anglais, mais cela ne signifie pas qu'il soit impossible de sauvegarder des langues en danger. Le mohawk, par exemple, parlé par quelques indigènes au Québec, était en train de disparaître jusqu'aux années 1970, lorsque des efforts ont été faits d'abord pour le codifier et ensuite l'apprendre aux enfants à l'école. Le gallois et le maori ont tous deux fait un retour grâce à l'intervention de la télévision et du gouvernement, et le navajo, l'hawaïen et plusieurs langues parlées au Botswana ont été artificiellement revivifiées.

L'Islande a remarquablement été couronnée de succès dans le maintien en vie de la langue des sagas, bien que ce soit la langue d'à peine 275 000 locuteurs. De plus, il a fait ainsi davantage par invention plutôt que par intégration. Tandis que les Allemands n'ont jamais mis un terme à Fernsprechapparat, alors que Telefon était déjà disponible, que les Français ont longtemps préféré shopping et week-end à leurs équivalents d'origine, et que les Islandais ont aisément adopté alnaemi pour AIDS («sida»), skjar pour video monitor («moniteur vidéo») et toelva pour computer («ordinateur»).

Pourquoi ? En partie parce que les nouveaux mots sont en fait la plupart du temps des anciens mots: alnaemi signifie «vulnérable», skjar est la membrane translucide du sac amniotique, qui est employée pour être étendue pour glaze («vitrer») des fenêtres, et toelva est formé des mots «chiffre» et  «prophétesse». Les faits démontrent que ces mots sont aisément intelligibles. Mais ils aident aussi les Islandais qui sont très fiers de leur langue et leur littérature, et les convient à les maintenir avec vigueur.

Cependant, il est possible que la voie la plus efficace pour tenir vivante une langue, c'est de lui conférer un but politique. L'association des Irlandais avec le nationalisme a aidé à faire régresser l'irlandais de sa désuétude croissante au XIXe siècle, de même que les Israéliens ont construit leur nation sur la transformation de l'hébreu d'une langue simplement écrite en une langue nationale.

Pour certaines nations telles les Indiens, la douleur ressentie face à l'empiétement de l'anglais peut être tempéré par le plaisir de voir leurs propres mots enrichir la langue envahissante: le dictionnaire de 1886 de monsieur Henry Yule, Hobson-Jobson, a inscrit des milliers d'expressions et mots anglo-indiens. Mais pour beaucoup de peuples, le triomphe de l'anglais constitue la défaite, sinon la destruction complète, de leur propre langue. Des 6000 ou 7000 langues du monde, deux disparaissent chaque semaine. Quelques victimes récentes du monde riche ont inclus le catawba (Massachusetts), l'eyak (Alaska) et le livonien (Lettonie). Mais la plupart des langues sont parlées dans la jungle de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui a toujours plus de langues que tout autre pays, que ce soit l'Indonésie ou le Nigeria (suivie de l'Inde, du Mexique, du Cameroun, de l'Australie et du Brésil.

Les experts sont en désaccord sur le taux de disparition des langues: certains affirment que vers la fin du siècle la moitié des langues aura disparu; certains indiquent 90 %. Mais toutes les fois qu'une langue meurt, un peu de la culture, de l'histoire et de la diversité du monde disparaît avec elle. Ce phénomène vient peu à peu d'être évalué. L'Union européenne a déclaré 2001 comme «l'année européenne des langues», et il est saisissant que même la France — dont l'hostilité à la compétition linguistique est trahie par la déclaration chauvine de la Constitution qui déclare que «la langue de la République est le français» — accueille avec un sourire bénin ses sept langues régionales (l'alsacien, le basque, le breton, le catalan, le corse, le flamand et le provençal).

Malgré tout, l'extinction de la plupart des langues est probablement incontournable. La télévision et la radio, toutes deux blâmées pour leur homogénéisation, peuvent paradoxalement prolonger la vie de certaines d'entre elles grâce à la cablo-distribution dans les langues minoritaires. Et quoique beaucoup de langues peuvent mourir, plus d'individus peuvent aussi être aptes à parler plusieurs langues : le multilinguisme, une banalité parmi les peuples les moindrement instruits en Afrique, est maintenant la norme parmi les Néerlandais, les Scandinaves et, de plus en plus, presque chacun autrement.

Cependant, les anglophones de souche connaissent moins les autres langues: seuls neuf étudiants ont obtenu un diplôme en arabe dans les universités américaines l'année dernière, et les Britanniques sont pour la plupart les plus unilingues de tous les peuples de l'Union européenne. Ainsi, le triomphe de l'anglais détruit non seulement les langues des autres, il isole aussi les anglophones de souche de la littérature, l'histoire et les idées des autres peuples. Bref, c'est un triomphe à fond douteux. Mais alors qui est partisan de l'espéranto? À coup sûr, pas le personnel de l'Economist.

Date de la dernière révision: 08 décembre, 2015

 

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