Traité de Guadalupe-Hidalgo de 1848

Tratado de Guadalupe Hidalgo - Treaty of Guadalupe Hidalgo

Ce traité bilingue (anglais-espagnol) fut signé, le 2 février 1848, dans la ville de Guadalupe-Hidalgo (aujourd'hui, une ville de la banlieue nord de Mexico); il mettait fin au conflit entre le Mexique et les États-Unis. Vaincu, le Mexique a dû céder le tiers de sa superficie, soit la république du Texas (qui avait proclamé son indépendance en 1836), le Tamaulipas, le Nouveau-Mexique et la Californie du Nord (ces deux derniers territoires étant «vendus» pour 18 millions de dollars).  Les Américains en firent les États du Nouveau-Mexique, de l'Arizona, de l'Utah, du Nevada, de la Californie et d'une partie de l'État du Colorado.

C’est à partir de ce moment que le Rio Grande et la rivière Gila, un affluent du Colorado, délimitèrent la nouvelle frontière entre le Mexique et les États-Unis; le Tamaulipas revint au Mexique. La ratification définitive du traité fut signée entre les deux pays, le 30 mai 1848, à Querétaro.

Toutefois, même après le traité de Guadalupe-Hidalgo, les Américains continuèrent d’exercer des pressions sur le Mexique pour qu’il leur cède de nouveaux territoires.  

En 1853, le traité de Gadsden (du nom du négociateur américain, John Gadsden) accorda aux États-Unis le territoire de La Mesilla au sud de l’Arizona (au sud de la rivière Gila, un affluent du Colorado) pour la somme de 10 millions de pesos (le «Gadsden Purchase» ou «achat Gadsen») où ils entendaient faire passer éventuellement la ligne de chemin de fer transcontinental de la Southern Pacific. 

Le conflit aura coûté la vie à 25 000 Mexicains et à 12 000 Américains. À la fin de la guerre entre les États-Unis et le Mexique (1846-1848), les armées comprendront respectivement 7200 et 32 000 hommes. L'armée américaine n'avait combattu que contre des tribus amérindiennes au cours des trois décennies précédentes et elle était composée en grande partie de récents immigrants allemands et irlandais. Durant toute cette période, les Amérindiens furent refoulés à l’ouest du Mississippi. Après la guerre de Sécession (1861-1865), ces derniers furent victimes d’extermination, alors que les survivants furent, par la force, concentrés dans des réserves.

Fait à noter, l'article 9 du traité de Guadalupe-Hidalgo garantissait aux Mexicains le maintien de leurs propriétés et le respect de leur religion. Aucune disposition n'était prévue dans le traité pour la langue espagnole. Toutefois, en assurant que les habitants du pays devaient continuer à bénéficier des mêmes droits et privilèges que sous leur ancien gouvernement, le traité sous-entendait qu'ils devaient être gouvernés comme ils l'étaient auparavant. C'est dans cet esprit que les lois ont continué durant quelques décennies d'être imprimées en espagnol.

Article IX (version originale en anglais)

The Mexicans who, in the territories aforesaid, shall not preserve the character of citizens of the Mexican Republic, conformably with what is stipulated in the preceding Article, shall be incorporated into the Union of the United States, and admitted as soon as possible, according to the principles of the Federal Constitution, to the enjoyment of all the rights of citizens of the United States. In the mean time, they shall be maintained and protected in the enjoyment of their liberty, their property, and the civil rights now vested in them according to the Mexican laws. With respect to political rights, their condition shall be on an equality with that of the inhabitants of the other territories of the United States; and at least equally good as that of the inhabitants of Louisiana and the Floridas, when these provinces, by transfer from the French Republic and the Crown of Spain, became territories of the United States.

The same most ample guaranty shall be enjoyed by all ecclesiastics and religious corporations or communities, as well in the discharge of the offices of their ministry, as in the enjoyment of their property of every kind, whether individuals or corporate. This guaranty shall embrace all temples, houses and edifices dedicated to the Roman Catholic worship; as well as all property destined to it's support, or to that of schools, hospitals and other foundations for charitable or beneficent purposes. No property of this nature shall be considered as having become the property of the American Government, or as subject to be, by it, disposed of or diverted to other uses.

Finally, the relations and communication between the Catholics living in the territories aforesaid, and their respective ecclesiastical authorities, shall be open, free and exempt from all hindrance whatever, even although such authorities should reside within the limits of the Mexican Republic, as defined by this treaty; and this freedom shall continue, so long as a new demarcation of ecclesiastical districts shall not have been made, conformably with the laws of the Roman Catholic Church.

Article 9 (traduction de Jacques Leclerc)

Les Mexicains qui, dans les territoires susmentionnées, ne conserveront pas le statut de citoyens de la république du Mexique, conformément avec ce qui est prévu à l'article précédent, seront incorporés dans l'Union des États-Unis et admis aussitôt que possible, selon les principes de la Constitution fédérale, avec les avantages de tous les droits des citoyens des États-Unis. Entre-temps, ils seront maintenus et protégés avec les avantages de leur liberté, de leurs propriétés et de leurs droits civils maintenant acquis par eux en vertu des lois mexicaines. En ce qui concerne les droits politiques, ils seront reconnus à égalité avec ceux des habitants des autres territoires des États-Unis; et au moins égaux à ceux des habitants de la Louisiane et des Florides, lorsque ces provinces, par transfert de la République française et la Couronne de l'Espagne, sont devenues des territoires des États-Unis.

Les mêmes garanties suffisantes seront reconnues par tous les ecclésiastiques ainsi que les communautés et sociétés religieuses, comme aussi dans la libération des bureaux de leur ministère, les bénéfices de leurs propriétés de toute sorte, les particuliers et les entreprises. Cette garantie comprendra toutes les églises, les maisons et les édifices consacrés au culte catholique; aussi bien que toutes les propriétés qui leur sont destinées, ainsi que les écoles, les hôpitaux et toute autre fondation à des fins caritatives ou des fins de bienfaisance. Aucune propriété de cette nature ne sera considérée comme étant devenue la propriété du gouvernement américain ou pour être soumise ou détournée à d'autres fins. 

Enfin, les relations et les communications entre les catholiques vivant dans les territoires susmentionnées et leurs autorités ecclésiastiques respectives doivent être accessibles, libres et exemptes de toute entrave, même si les autorités doivent résider dans les limites de la république du Mexique, tel qu'il est défini par le présent traité; et cette liberté religieuse doit continuer tant qu'une nouvelle démarcation des diocèses ecclésiastiques ne sera pas réalisée, conformément aux lois de l'Église catholique romaine.

Ce traité d'annexion territoriale constituait l'acte de naissance d'un nouveau groupe ethnique aux États-Unis: les Américano-Mexicains, qui deviendront les Chicanos ou Latinos.

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