République
de l'Équateur
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Équateur
República del Ecuador
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Capitale:
Quito
Population:
12,6 millions (2001)
Langue officielle:
espagnol
Groupe majoritaire:
espagnol
(78 %)
Groupes minoritaires:
une dizaine de langues amérindiennes, dont le
quechua, le shuar, l’awa-cuaiquer, le chachi, le cofán, le colorado, le secoya
et le waorani
Système politique:
république unitaire formée de 21 provinces
Articles constitutionnels (langue):
art. 2, 16, 29, 48, 58, 67, 78, 346 et 381
de la Constitution du 19 juillet 2008
Lois linguistiques:
Loi sur l’éducation, n° 127 du 15
avril 1983 modifiée par la loi n°150 du 15 avril 1992;
Loi sur le
service militaire (1997);
Loi sur l'administration
de la justice des autorités indigènes (2001);
Loi organique sur
l'éducation interculturelle (2011). |
1
Situation générale
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L’Équateur (en espagnol: República
de Ecuador) est un pays du nord-ouest de l’Amérique du Sud, bordé par la
Colombie au nord-est, par le Pérou à l’est et au sud, et par l’océan Pacifique à
l’ouest. À l’échelle du continent sud-américain, l’Équateur
reste l’un des plus petits pays, avec 272 045 km², soit approximativement la moitié de celle
de l’Espagne ou de la France, mais neuf fois plus grand que la Belgique.
Les
villes principales sont Quito (1,3 million d'habitants), la capitale, située à 2800 m d’altitude, et
la ville portuaire de Guayaquil (1,5 million), la plus peuplée. Les autres
grandes villes sont Cuenca (200 000 hab.), Esmeraldas (189 000 hab.) et Riobamba
(110 000 hab.).
L’Équateur est divisé en quatre régions géographiques:
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1) La Costa
(la «Côte») qui comprend une plaine littorale et une chaîne de faible altitude
(800 m); elle longe la cordillère des Andes et s'étend en bordure de l'océan
Pacifique sur toute la longueur de pays, couvrant une superficie de 70 000 km²,
soit un peu plus du quart de la superficie de l’Équateur. La largeur de
cette plaine côtière varie de 30 km à 200 km. La Côte compte 30 % de la
population équatorienne.
2)
La Sierra, c'est-à-dire les Andes (ou hautes terres centrales), est composée d’une double
cordillère parallèle de montagnes élevées et massives: la Cordillère
occidentale et la Cordillère orientale (ou royale), les deux étant
séparées par un fossé médian, «le couloir andin». La Sierra regroupe
quelque 60 % de la population du pays.
3)
L’Oriente forme la partie amazonienne de l’Équateur:
c'est
l’Amazonie ou la jungle orientale. Bien
que cette région occupe plus de la moitié du territoire équatorien, elle
compte moins de 10 % de la population totale du pays.
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4)
L'Équateur comprend également l’archipel des
Galápagos, situé
dans le Pacifique, à environ 965 km à l’ouest du continent (voir
la carte générale). Cet archipel
compte six îles principales et une douzaine d’îles plus petites qui sont les
parties émergées d’édifices volcaniques, éteints pour la plupart. Officiellement appelé
archipiélago de Colón (archipel du Colon), l'archipel couvre 7812 km²
(Porto Rico: 9104 km² ) pour
une population de près de 10 000 habitants. L'île San Cristóbal abrite le siège des
autorités équatoriennes, installées à Puerto Baquerizo Moreno
(pop: env. 3000 hab.). L'archipel a été rendu célèbre lorsque le savant
britannique Charles Darwin y eût effectué un séjour de six semaines en 1835.
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Au point de vue administratif, l’Équateur
est divisé en 21 provinces, elles-mêmes subdivisées en cantons et en communes
urbaines et rurales. Voici ces provinces par ordre de décroissance numérique
de la population: Guayas, Pichincha, Manabi,
Los Rios, Azuay, El Oro, Tungurahua, Loja, Chimborazo, Esmeraldas, Imbabura,
Cotopaxi, Cañar, Bolivar, Carchi, Napo, Morona-Santiago, Sucumbios,
Zamora-Chinchipe et Pastaza (voir la carte
détaillée des provinces).
Depuis 1830, l'Équateur doit son nom à
une expédition scientifique franco-espagnole qui, en 1736,
avait établi sur son territoire la ligne équinoxiale. En choisissant le nom d'Ecuador
(Équateur), les dirigeants auraient évité de recourir au nom de Quito, ce
qui aurait attisé les rivalités entre les villes de Guayaquil et de Cuenca;
celles-ci n'auraient guère vu de façon positive qu’on opte pour le nom de Quito.
Ce serait les «Corporations et pères de famille de Quito» ("Sociedades y padres de familia de Quito")
qui auraient pris la
décision d'appeler ainsi le pays au nom de l'unité nationale.
2 Données
démolinguistiques
Le pays comptait 12,6 millions d’habitants en 2001,
selon l'Instituto Nacional de Estadísticas y Censos (Institut national
des statistiques et des recensements) de l'Équateur. La moitié de la
population vivait, en 1995, dans la région dite «la Costa» (49,8 %), alors
que 44,8 % habite la Sierra, 4,6 % en Amazonie et 0,1 % dans les îles; quelque
0,7 % de la population vit dans des «zones non délimitées».
On peut distinguer
traditionnellement quatre grands groupes ethniques:
- les Indiens (environ 40 %);
- les Métis
(environ 40 %);
- les Créoles / Blancs (environ 10 %);
- les Noirs ou Afro-Équatoriens (environ 8 %).
Les Indiens vivent essentiellement dans la Sierra et en
Amazonie (le long de la frontière péruvienne), mais ils
sont souvent forcés de quitter leur communauté afin de chercher du travail
dans les régions urbaines de la Sierra. Les Afro-Équatoriens sont relativement concentrés
dans la province d'Esmeraldas. Il existe
aussi un peuple appelé Montubio (en espagnol:
«Pueblo Montubio») habitant les
provinces de Manabi, Guayas, El Oro, Los Rios
et Esmeraldas. Ce peuple est spécifiquement reconnu dans la Constitution de
2008 et par le décret exécutif no 1394 qui créait le Conseil de développement du
peuple montubio sur la côte équatorienne et les zones subtropicales de la région
du littoral: Decreto Ejecutivo
Créase el Consejo de Desarrollo del Pueblo
Montubio de la Costa Ecuatoriana y Zonas Subtropicales de la Regiòn Litoral
(CODEPMOC). On compterait quelque 40 000 familles pour près d'un million de
membres.
L’espagnol,
toujours appelé castillan en Équateur, est la langue maternelle de 78 % des Équatoriens. Les
peuples autochtones sont nombreux en Équateur; beaucoup ont conservé leur
langue ancestrale, mais de nombreux autres sont linguistiquement assimilés. Voici
un tableau — Source: la CONAIE, la Confederación de Nacionalidades Indígenas
del Ecuador (Confédération des nationalités indigènes de l'Équateur)
— représentant la liste de ces peuples:
PEUPLES DE
L'ÉQUATEUR
PEUPLES
DE LA COSTA
1. Chachi: 4 000
2. Afro-Équatoriens : 975 000
3. Awa-Quaiquer: 1 600
4. Tsáchila
(Colorado): 2 000
5. Montubio
6. Cholo
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PEUPLES
DE LA SIERRA
7. Quechua
de Imbabura
8. Cayambe-Pesillo-Cangahua
9. Zone indigène de
Quito
10. Zone indigène du sud de Pichincha
11. Quechua
de Cotopaxi
12. Quechua de Tungurahua (Salasacas, Chibuleo,
etc.)
13. Quechua de Bolívar
14. Quechua
de Chimborazo
15. Quechua de Azuay y Cañar
16. Zone la chola cuencana
17. Saraguro
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PEUPLES
DE L'AMAZONÍA
18. A'i (cofán): 800
19. Siona-Secoya: 1 000
20. Quechua dul Napo
21. Waorani
22. Réserve
Waorani
23. Quechua du Bobonaza et du Pastaza
24. Achuar: 500
25. Shuar: 40 000
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On peut visualiser une carte présentant la
répartition géographique des langues indigènes en
cliquant ICI, s.v.p. On constatera, d'après les estimations
de la CONAIE, que plus de trois millions de personnes appartiendraient à
l'ethnie quechua, 40 000 à l'ethnie shuar, et 4000 à l'ethnie chachi.
Cependant, langues et peuples ne coïncident pas. En
effet, beaucoup d'autochtones ont été linguistiquement assimilés et parlent
aujourd'hui l'espagnol comme langue maternelle. Le quechua
(ou quichua) est la langue autochtone la plus utilisée (env. 1,5 million de
locuteurs sur une population de trois millions). De plus, elle est fragmentée
en plusieurs variétés dialectales:
Variété |
Locuteurs |
Provinces |
Quechua de Calderón |
entre 25 000 et 30 000 |
Pichincha |
Quechua de Cañar |
env. 100 000 |
Cañar |
Quechua de Chimborazo |
env. 1 000 000 |
Chimborazo,
Bolivar |
Quechua d’Imbabura |
env. 300 000 |
Imbabura |
Quechua de Loja |
entre 10 000 et 25 000 |
Loja |
Quechua de Tungurahua |
entre 7000 et 10 000 |
Tungurahua |
Quechua de Napo |
env. 5000 |
Napo |
Quechua de Tena |
env. 5000 |
Napo |
Quechua de Pastaza |
env. 4000 |
Pastaza |
TOTAL |
env. 1 500 000 |
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L’autre langue autochtone importante est le shuar
(ou jivaro), avec plus de 30 000 locuteurs (famille jivaroan) dans la province
de Morona-Santiago. Les autres langues
sont l’awa-cuaiquer (1000
locuteurs), le chachi (5000
locuteurs) dans la province d’Esmeraldas,
le cofán (env. 780 locuteurs) dans
la province d’Esmeraldas, le colorado
(env. 2100 locuteurs) dans la province de Pichincha,
le secoya (env. 290 locuteurs) dans
la province de Sucumbios et le waorani
(env. 800 locuteurs) dans la province de Napo.
Bref, les locuteurs d'une langue amérindienne ne dépassent pas les deux
millions de personnes.
N.B.: On peut visualiser une carte
linguistique des langues autochtones
en
cliquant ICI.
3 Données historiques
Des vestiges archéologiques ont révélé que le
territoire de l’actuel Équateur aurait été habité par de très anciennes
civilisations remontant à quelque 3000 ans avant notre ère. Dès 500 ans avant
notre ère, d'importantes villes côtières existaient. On sait que, vers le
IXe
siècle, deux peuples se sont développés: les Caras et les Quitus. Installés
sur la côte, les Caras dominèrent les Quitus établis dans les montagnes pour
former le royaume Shyris (nom du roi des Caras). Le XIIIe siècle vit
l’apparition d’un nouvel empire indigène: le royaume de Quitu.
Puis, en 1460, les Incas
du Pérou attaquèrent le royaume de Quitu qui résista jusqu’en 1493. Mais
les Incas réussirent à étendre leur domination sur toute la région. Leur
empire s’étendit du Chili jusqu’à la frontière colombienne. De grandes
villes furent construites à cette époque; elles furent reliées entre elles
par des centaines de kilomètres de routes pavées. L’empereur inca, Huayna
Capac, imposa à toutes les tribus de son empire d'apprendre le quechua dont la
langue est encore parlée par les indigènes équatoriens. Par la suite, une
lutte de pouvoir entre chefs incas affaiblit la puissance de ce peuple.
En 1528, Francisco Pizarro,
de retour en Espagne, convainquit Charles Quint de lui laisser conquérir et
diriger de nouveaux territoires. Pizarro débarqua au Pérou en 1531 à la tête
d'une petite armée de 200 à 300 hommes. Constatant son infériorité
numérique par rapport aux forces incas, Pizarro décida d'employer la ruse et
tendit une embuscade à l’empereur inca, Atahualpa, qui fut capturé, puis
exécuté. Les Incas tentèrent de résister pendant deux années aux forces espagnoles, mais ils
furent vaincus par les conquistadores.
3.1 La colonisation espagnole
En 1534, les Espagnols devinrent maîtres de la région,
qui prit le nom de royaume de Quito,
du nom de la ville fondée par Sebastián Benalcázar. L’Audience
royale de Quito (Audiencia Real de Quito) fut créée en 1563,
mais resta sous l’autorité du vice-royaume du Pérou, rattaché à la
couronne d’Espagne. Le pays prospéra grâce à l’agriculture, mais ce
développement se fit en spoliant les indigènes de leurs terres et en leur
faisant payer des impôts excessifs. Surexploités, les indigènes se
soulevèrent régulièrement, mais ils subirent une répression sans merci. Ils
furent repoussés vers les régions arides des hauts-plateaux andins, puis
coupés de leurs racines économiques et culturelles.
De 1717 à 1723, l'Audience royale
de Quito fut intégrée au vice-royaume de la
Nouvelle-Grenade, dont
le siège était à Bogotá (Colombie). Par la suite, l'Audience retourna sous
l'autorité de Lima (Pérou) jusqu'en 1739 et revint de nouveau à la
Nouvelle-Grenade. C’est au cours de la colonisation espagnole que les
Européens et les indigènes pratiquèrent les mariages mixtes, ce favorisa l’implantation
de la langue espagnole.
En 1736, le géodésien français, Charles Marie de La
Condamine, arriva au pays lors d’une mission de l'Académie française des
sciences, afin d’y mesurer un arc de méridien sur la ligne équatoriale afin
de déterminer si la terre était parfaitement sphérique ou si elle était
aplatie aux pôles, ce qui devait couper court à la polémique sur la forme de la
terre. Dans les cordillères, La Condamine réalisa diverses observations,
notamment celle de l'attraction du fil à plomb par les masses montagneuses. C’est
à Quito, «la Mitad del Mundo» (le milieu du monde), que La Condamine situa la
ligne équinoxiale qui détermine l'équateur.
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De retour en France en février 1745, il
devint le savant le plus célèbre d’Europe. Il travailla sur un
projet de mesure universelle et proposa d'adopter pour unité la
longueur du pendule battant la seconde à l'équateur comme unité de
mesure universelle. Évidemment, l'aplatissement de la terre aux
pôles (ellipsoïde) était maintenant prouvé. Un lycée français porte
aujourd'hui le nom de La Condamine à Quito: le Lycée franco-équatorien de Quito.
La Révolution française (1789) et la guerre de l'Indépendance américaine
(1775-1783) encouragèrent les Équatoriens à se révolter. Les premiers mouvements
d'autonomie eurent lieu en 1809. Mais les forces militaires, menées par le
général Antonio José de Sucre, lieutenant en chef de Simón Bolívar, ne
remportèrent la victoire finale qu'en 1822, lors de la bataille du Pichincha.
La région fit alors partie intégrante de la fédération de Colombie ou
Federacion Gran Colombia (ou Grande-Colombie, incluant le Venezuela, le Panama et la
Nouvelle-Grenade) et fut
dirigée par Simón Bolívar. En mai 1830 le général de Sucre fut nommé
président du Congreso admirable («Congrès admirable») qui se réunit à
Bogotá dans le but de préserver l’unité de la Grande-Colombie et de lui
offrir une constitution. Mais, le 4 juin 1830, alors qu’il se rendait à
Quito, Sucre fut assassiné à Berruecos (Colombie). |
3.2 L’indépendance
Dès la dissolution de la république de Grande-Colombie
(Venezuela, Colombie, Équateur et Panamá) à la mort de Bolívar en 1830, le
général Juan José Flores réunit une assemblée qui proclama l'indépendance
de l'Équateur, dont il se nomma président. Ce héros de la guerre
d'indépendance tenta d'organiser le pays. Il fit adopter le nom d'Ecuador
("Équateur") au pays et annexa l’archipel des Galápagos en 1832. Flores
dirigea le pays en dictateur et ouvrit ainsi la voie à l’instabilité
politique. Une révolte en 1845 le contraignit à l'exil, mais en 1860, alors
qu'une guerre civile faisait rage dans le pays, il fut appelé à intervenir pour mettre
fin au conflit. De 1830 à 1948, l’Équateur connut plus de 62 gouvernements
successifs, de type présidentiel, militaire ou dictatorial. Le pouvoir alterna
entre les partis conservateurs et les partis libéraux représentant la
bourgeoisie créole.
L’histoire politique du XIXe siècle fut
marquée par deux personnalités importantes: Gabriel García Moreno, président
de 1860 à 1875, et le général Eloy Alfaro, un libéral radical qui dirigea le
pays au cours de deux mandats et périt assassiné en 1912.
3.3 Le monde contemporain
D’autres coups d’État et d'autres révolutions
agitèrent l’histoire contemporaine de l’Équateur. Le XXe
siècle compte même un plus grand nombre de gouvernements militaires que de
gouvernements civils. En 1942, l'armée américaine installa une base militaire
sur l'île de Baltra aux Galapagos. Puis des conflits territoriaux opposèrent
l'Équateur et le Pérou en 1942; à l’issue du conflit, l'Équateur dut céder au
Pérou quelque 200 000 km² de territoire, soit sa province amazonienne de
El Oro, le protocole de Rio Janeiro ayant fixé les frontières des deux pays. Le conflit fut même
ravivé en 1950 et en 1960.
En 1945, l'Équateur accéda à une forme de démocratie,
mais il fallut attendre plus de quarante avant de renouer avec la démocratie (soit
en 1979). En 1952, Velasco Ibarra, à la tête d'une coalition, dirigea le pays
pour la troisième fois entre 1952 et 1956, puis entre 1960 et 1961. Les
successeurs de Velasco Ibarra, tous des militaires, furent incapables
d'améliorer la difficile situation économique. En juin 1968, Velasco Ibarra
fut élu une nouvelle fois. Sa présidence s'orienta alors vers un pouvoir
dictatorial. Cependant, en février 1972, il fut une fois encore renversé par
un coup d'État, mené par le général Guillermo Rodríguez Lara.
Le candidat Jaime Roldós Aguilera fut élu président
du pays en
1979 et une nouvelle constitution démocratique entra en vigueur. À
l'extérieur, un début de lutte frontalière dégénéra en conflit armé avec
le Pérou et s'acheva, en mars 1981, par un arbitrage international. À partir
de mai 1984, le président équatorien León Febres Cordero Rivadeneira dut
faire face à des rébellions militaires répétées, dont une révolte en
janvier 1987. En 1986, les autochtones avaient fondé la première organisation
regroupant toutes leurs organisations: la Confederación de Nacionalidades Indígenas
del Ecuador (Confédération des nationalités indigènes de l'Équateur) ou
CONAIE. Celle-ci fut à l’origine du grand Levantamiento de 1990, la
plus grande révolte indigène de l’histoire de l'Équateur: elle portait sur
l’exigence d’une reconnaissance des langues et des cultures autochtones.
En 1992, Sixto Duran Bellen accéda à la présidence. Son
mandat fut marqué, en juin 1994, par un nouveau soulèvement général des
Amérindiens à travers le pays et, en janvier 1995, par de nouvelles tensions
frontalières avec le Pérou, qui s'intensifièrent lorsque des conflits
violents éclatèrent entre les forces militaires de chaque pays. Le territoire
disputé couvre une superficie de 340 km² dans une région
montagneuse qui constitue un débouché sur l'Amazonie et qui est surtout une
région riche en ressources naturelles. Un cessez-le-feu fut signé et une zone
de démilitarisation fut créée, mais les tensions persistèrent.
Élu à la présidence de la République en juillet 1996,
Abdala Bucarám Ortiz afficha un comportement personnel plutôt «extravagant».
En février 1997, le Parlement prit même la décision de destituer Bucarám pour «incapacité mentale et
physique» et nomma Fabian Alarcon président par intérim, tandis que la
vice-présidente Rosalia Arteaga s'autoproclamait présidente.
Élu en 1998, le président social-démocrate Rodrigo
Borja dut affronter, en juin 1999, le mouvement des autochtones pour la
reconnaissance de leurs droits sur la terre. Regroupées au sein de la Confederación
de Nacionalidades Indígenas del Ecuador (Confédération des nationalités
indigènes de l’Équateur ou CONAIE), les peuples autochtones paralysèrent la
vie du pays par une grève pacifique; mais le Levantamiento indien jeta
une douche froide sur le pouvoir politique. Malgré l’opposition de l’armée
et de la plupart des partis politiques, le président Borja accorda à la
confédération des Shuars la propriété de 11 000 km² en Amazonie,
tandis qu’une répression discrète menée par des groupes paramilitaires
éliminait certains leaders indiens. Une nouvelle constitution reconnut, en
1998, aux autochtones leurs droits ancestraux, tandis que le gouvernement
signait et ratifiait, le 15 mai 1998, la Convention
relative aux peuples indigènes de l’Organisation internationale du
travail (OIT).
En mai 1999, dans le cadre de l’accord de paix signé en
octobre 1998, les frontières en Amazonie entre l’Équateur et le Pérou
furent définitivement fixées, mettant fin à un litige frontalier vieux d’un
siècle et demi. En 1999, la crise sociale et
financière ne fit que s’aggraver, et des grèves répétées amenèrent le
président à décréter l’état d’urgence à plusieurs reprises.
En
juillet, des milliers d’Indiens occupèrent pacifiquement la capitale «pour
la vie et contre la faim». L’annonce de la «dollarisation» de l’économie
— l’abandon de la monnaie nationale, le sucre — au début de l’année
2000 provoqua un soulèvement indigène, soutenu par des militaires et les
syndicats, qui renversa le président Jamil Mahuad. Cependant, le Parlamento
de los Pueblos del Ecuador (Parlement national des peuples de l’Équateur)
fut éphémère, le vice-président Gustavo Noboa s’étant emparé du pouvoir,
le 21 janvier 2000, avec l’appui du haut commandement militaire et des
autochtones. Au lendemain de sa prise du pouvoir, Noboa confirmait la
dollarisation comme le modèle approprié pour faire face à la crise
économique qui secouait le pays. Il en a résulté une paupérisation accrue pour
les deux tiers de la population, notamment chez les autochtones. À la fin de
l'an 2000, l'inflation avait atteint 100 %, ce qui entraîna l’état d'urgence
à nouveau proclamé en février 2001.
Pendant ce temps, l’Équateur affichait un taux de
chômage de 50 %, alors qu’un tiers de la population demeurait sans accès à
l'eau potable; 64 % des enfants de 6 à 15 ans étaient non scolarisés, et 70 % de
la population demeurait sans accès aux soins médicaux, dans les deux cas, faute de
moyens financiers; et les revenus réels du travail chutèrent de 20 % par année.
Un fait dramatique: 78 % de la population vivait en dessous du seuil de la
pauvreté en Équateur, qui continua à rester soumis à la forte influence des États-Unis,
laquelle s'exprimait par l'«Ambassade», le siège du nouveau
«vice-roi», et à la disposition desquels fut mise la base militaire de la
Manta. À l'égard des indigènes, le gouvernement de l’Équateur a pris la décision de répondre par
la violence et la répression aux nombreuses mobilisations pacifiques, en dispersant les
indigènes sur les routes à l’aide de bombes lacrymogènes et d’armes à
feu. Les indigènes, surtout les femmes et les enfants, furent aussi victimes
(environ 1000 par année) des trafiquants d'organes ou d'adoptions illégales.
Tout le pays a sombré dans la violence. Depuis cette crise majeure qui a
frappé l’Équateur, quelque trois millions de citoyens ont quitté le pays, en
quête du rêve américain ou européen. Le pays s'appauvrit encore à tel point que l'argent
envoyé aux
membres de la famille qui vivaient encore en Équateur
en vint à constituer la deuxième ressource du pays derrière le pétrole.
Le 15 janvier 2007,
Rafaël
Correa
est devenu le nouveau président de l'Équateur. Il s'est adressé en quechua dans
un discours de remerciement à la population. En témoignant de sa grande
connaissance de la langue, considérée comme la quatrième langue la plus
parlée en Amérique et la langue indigène la plus étendue du continent,
Correa a annoncé: «Mon gouvernement sera le gouvernement des
indigènes.» Pour réussir à changer l'héritage de ses prédécesseurs, Correa a
demandé l’aide de tous les Équatoriens qui, «avec des mains propres et un bon
cœur», veulent partager cette nouvelle étape. Il a mis l’accent sur la
nécessité d’en finir avec la culture de la corruption, qui non seulement régnait
dans les institutions de l’État, mais aussi dans les grandes entreprises. Le
nouveau président a rappelé que la patrie devait être au service de tous, les
indigènes, les immigrants, les pauvres comme les exclus. En réaffirmant son
intention de mettre à profit son mandat de quatre ans pour orienter l'Équateur
vers le socialisme,
Rafaël Correa a ainsi rejoint le clan des dirigeants
sud-américains hostiles à Washington, tels le Vénézuélien Hugo Chavez et le
Bolivien Evo Morales. Le nouveau président veut
renégocier la dette extérieure et modifier la Constitution (ce qui est fait,
avec 64 % de oui) pour mener à bien ses
réformes. Au cours de la dernière décennie, aucun des trois présidents élus n'a
réussi à terminer son mandat. Tous ont été chassés par des révoltes populaires.
4
La politique linguistique
C’est la Constitution du 5 juin 1998, puis celle du
19
juillet 2008, qui définit le
plus explicitement la politique linguistique de l’Équateur. D'abord, le
paragraphe 1 de l'article
1er de la
Constitution de 2008 proclame que «l'Équateur est un État de
droit social, souverain, unitaire, indépendant, démocratique, multiculturel et multiethnique».
Article 1er
1)
L'Équateur est un État de droit social,
souverain, unitaire et indépendant, démocratique, multiculturel et
multi-ethnique. Son gouvernement est républicain, présidentiel, électif,
représentatif, responsable, alternatif, participatif et d'une
administration décentralisée.
2) La souveraineté
réside dans le peuple, dont la volonté est le fondement de l'autorité,
et elle s'exerce par l'intermédiaire des organismes du pouvoir public et
des formes de participation directe prévues par la Constitution.
3) Les ressources
naturelles non renouvelables du territoire de l'État appartiennent au
patrimoine inaliénable, irrévocable et imprescriptible. |
L'article 2 de la
Constitution de 2008 proclame que «le castillan
est la langue officielle de l'Équateur», que «le castillan, le quechua et le shuar
sont des langues officielles dans les relations interculturelles» et que
«les autres langues ancestrales sont d'usage officiel pour les peuples
indigènes dans les zones où ils habitent»:
Article 2
1)
Le drapeau, l'escudo et l'hymne national, prévus par la loi,
sont les symboles de la patrie.
2) Le castillan est la langue officielle de l'Équateur ;
le castillan, le
quechua
et le shuar
sont des langues officielles dans les relations
interculturelles. Les autres langues ancestrales sont d'usage
officiel pour les peuples indigènes dans les zones où ils
habitent et selon les termes prévus par la loi. L'État doit
respecter et promouvoir leur conservation et leur usage. |
Il existe donc une hiérarchie dans le
statut d'officialité de ces langues. Le castillan — noter le choix du terme
«castillan» plutôt que «espagnol — est la «langue officielle de l'Équateur»,
mais le castillan, le quechua
et le shuar
sont aussi «des langues officielles dans les relations interculturelles»,
alors que les autres langues ancestrales — qui ne sont pas nommées — sont
d'usage officiel pour les peuples indigènes dans les zones où ils habitent».
Ce sont là trois paliers hiérarchiques différents. Il ne faut pas supposer
que toutes ces langues sont officielles au même degré. Cette disposition
constitutionnelle ne signifie pas que les «langues indigènes» sont co-officielles avec l’espagnol au Parlement, dans l’Administration publique, les écoles, les
tribunaux, les médias, etc. Ce n'est guère le cas, puisque l’espagnol
(castillan) accapare presque toutes les fonctions publiques, sauf pour quelques
exceptions à la radio et dans les écoles primaires où est dispensée un
enseignement
bilingue.
Il n’existe aucune loi linguistique en Équateur. Parmi
les rares documents juridiques qui mentionnent la question linguistique, citons
la Constitution du 5 juin 1998, la Loi sur le service militaire de 1997 (Ley
de Servicio Militar), la Loi sur l’éducation no 127 du 15 avril 1983
modifiée par la loi no150 du 15 avril 1992 (Ley de Educación No. 127 de
abril 15 de 1983, reformada por la ley No.150 de abril 15 de 1992), le Loi
sur l'administration de la justice des autorités indigènes de 2001 (Ley de
Administración de Justicia de las Autoridades Indígenas). Il n’est fait
mention que très rarement du castillan, sauf pour l’article 13 de la
Constitution. Autrement dit, la politique linguistique de l’Équateur à l’égard
de l’espagnol en est une de non-intervention.
4.1 La politique indigéniste
En janvier 2007, la ministre
équatorienne, Manuela Gallegos
Anda, créait le Secrétariat aux peuples, aux mouvements sociaux et à la
participation citoyenne (Secretaría
de Pueblos, Movimientos Sociales y Participación Ciudadana). Dans un entretien avec la presse
(31 octobre 2008), elle déclarait que l'Équateur était un
pays plurinational et interculturel, que l'État
reconnaissait les peuples ainsi que leurs langues, leurs
traditions et leurs coutumes :
Texte original
Es algo que
ahora más que nunca en la historia esta
clarísimo, y más todavía en la nueva
constitución. Crear la Secretaría de
Pueblos, es justamente reconocer al Ecuador
como un país plurinacional e intercultural.
La historia
ecuatoriana no empieza ni con los Incas, ni
con los españoles. Antes de los Incas,
teníamos aquí innumerables culturas y
nacionalidades. Había once lenguas en lo que
es ahora el territorio del Ecuador. Esas
lenguas significaban diferentes espacios
territoriales, diferentes visiones,
diferentes dioses... Y cuando nosotros
reconocemos a los pueblos, estamos
reconociendo estas diferencias, que hacen
del Ecuador la riqueza y la maravilla que
tiene. Hay un solo Ecuador, pero llamarla
“Secretaría de Pueblos”, es reconocer una
diversidad inmensamente grande que tiene que
ver con cuestiones ancestrales.
El tener la
Secretaría de Pueblos nos ha permitido
entender un problema que ha habido en
nuestro concepto urbano de revolución
ciudadana. Claro para nosotros eso significa
hacerse ciudadano desde un punto de vista
amplio, pero a un indígena de una comunidad
en el alto de la sierra, esto de “ciudadano”,
tal vez no lo entienda. No lo entiende
porque él se ve como parte de su comunidad.
Entonces tenemos otras cosas que ir
adaptando también en la forma de comunicar.
Por la parte
administrativa, la secretaría se llama “de
pueblos” porque estuvo creada con la
inscripción de los Consejos de Pueblos que
existían en el Ecuador: el Consejo de
Desarrollo de las Nacionalidades y Pueblos
del Ecuador (CODENPE), el Consejo de
Desarrollo del Pueblo Montubio y de la Costa
(CONDEPMOC) y la Corporación de Desarrollo
Afroecuatoriano (CODAE).
|
Traduction
Le Secrétariat
aux
peuples,
c’est justement la reconnaissance que
l’Équateur est un pays plurinational et
interculturel. Cela n’a jamais été aussi
clair dans l’histoire de notre pays. La
nouvelle constitution va encore plus loin.
L’histoire de l’Équateur ne commence ni avec
les Incas ni avec les Espagnols. Avant les
Incas, il y avait ici d’innombrables
cultures, langues et nationalités. Nous
avions onze langues dans ce qui est
maintenant le territoire de l'Équateur. Ces
langues étaient porteuses de e différents
espaces territoriaux, de différentes
visions, de différents dieux... Et lorsque
nous reconnaissons les
peuples,
nous reconnaissons ces différences qui font
la richesse et les merveilles de l’Équateur.
Il existe un seul Équateur, mais appeler
«Secrétariat aux peuples», c'est reconnaître
une diversité immensément importante
concernant les questions ancestrales.
Le fait d’avoir ce
Secrétariat
aux
peuples
nous a permis de saisir les incohérences de
notre concept urbain de révolution
citoyenne.
Il est clair pour nous que la révolution
citoyenne
est un concept plus large, mais un indigène
vivant dans sa vaste et ouvert. Mais comment
le faire comprendre à un indigène qui vit
dans sa communauté sur les hauteurs de la
cordillère pourrait ne pas comprendre ce que
signifie «devenir citoyen». Il ne le
comprend pas parce qu'il se considère comme
membre à part entière de sa communauté ?
Cela nous met également dans l’obligation
d'adapter notre manière de communiquer.
Du point de vue administratif, nous l’avons
nommé «Secrétariat
aux
peuples»,
car il a été créé grâce à l’engagement de
conseils des
peuples qui existaient en Équateur :
le Conseil du développement des nationalités
et des peuples
de l’Équateur (CONDEMPE), le Conseil du
développement du peuple montubio et de la
côte (CONDEPMOC) et la Société pour le
développement afro-équatorien (CODAE).
|
|
Bref, le gouvernement de
l'Équateur a une politique indigéniste, surtout depuis
l'arrivée au pouvoir du président
Rafaël Correa en 2007.
Le 28 septembre 2008, le peuple équatorien a
approuvé par référendum une nouvelle constitution (64 % oui,
28 % non, 7 % blanc, 1 % nul). Auparavant, 130 représentants
avaient été élus par le peuple afin de rédiger ce nouveau
projet de constitution pour l’Équateur.
|
Comme en Bolivie, l’Équateur est un
pays où le mouvement indigène joue un rôle important dans l’orientation
de la politique. Ce sont les indigènes qui ont réussi
à faire reconnaître dans la Constitution la co-officialité des deux
langues quechua et shuar. Il faut dire aussi que les indigènes de
l'Équateur, qui représentent près de 40 % de la population,
semblent remarquablement organisés. Il existe dans le pays de puissantes
organisations indigènes qui veillent à la protection et à la promotion
de leurs intérêts: |
- la Confederación de Nacionalidades Indígenas del
Ecuador (CONAIE): Confédération des nationalités indigènes de
l'Équateur;
- la Confederación de Pueblos de la Nacionalidad Kichua del Ecuador (ECUARUNARI):
Confédération des peuples de la nationalité kichua de l'Équateur;
- la Confederación de Nacionalidades Indígenas de la Amazonia Ecuatoriana
(CONFENIAE): Confédération des nationalités indigènes de l'Amazonie
équatorienne;
- la Federación Ecuatoriana de Indígenas Evangélicos (FEINE):
Fédération équatorienne des indigènes évangéliques:
- la Federación Nacional de Organizaciones Campesinas, Indígenas y Negras
(FENOCIN): Fédération nationale des organisations paysannes, indigènes et
noires;
- la Federación Indígena y Campesino de Imbabura (FICI): Fédération
indigène et paysanne de la province d'Imbabura;
- l’Instituto Científico de Culturas Indígenas (ICCI):
Institut scientifique des cultures indigènes;
- l’Organización de Pueblos Indígenas de Pastaza (OPIP):
Organisation des peuples indigènes de la province de Pastaza;
- l’Unión de Organizaciones Campesinas Indígenas de Cotacachi
(UNORCAC): Union des organisations paysannes indigènes de Cotacachi;
- la Federación de Comunas Unión de Nativos de la Amazonía Ecuatoriana
(FCUNAE): Fédération des communes de l’Union des indigènes de l'Amazonie
équatorienne.
- Les droits collectifs
Ce sont ces organisations qui ont réussi à faire adopter
une nouvelle constitution en 1998, laquelle a été reprise en 2008. Le chapitre IV est consacré aux
Droits des communautés, des peuples et des nationalités
(«Derechos de las comunidades, pueblos y nacionalidades»),
et concernent spécifiquement les indigènes, les Noirs et les
Afro-Équatoriens. Les article 57 et 58 de la
Constitution traitent des droits collectifs en
détails:
Article 57
Les communautés,
peuples et nationalités indigènes, le peuple afro-équatorien, le
peuple montubio et les communes font partie de l'État équatorien,
unique et indivisible.
Article 58
Sont reconnus et
garantis aux communes, communautés, peuples et nationalités
indigènes, conformément à la Constitution et aux accords,
conventions, déclarations et autres instruments internationaux
relatifs aux droits de l'homme, les droits collectifs suivants :
|
À l'article 58 de la
Constitution suivent alors une série de 22 droits,
présentés avec précision. Nous ne présentons ici que les quatre premiers:
1. Mantener, desarrollar y fortalecer libremente su identidad,
sentido de pertenencia, tradiciones ancestrales y formas de
organización social.
2. No ser objeto de racismo y de ninguna forma de discriminación
fundada en su origen, identidad étnica o cultural.
3. El reconocimiento, reparación y resarcimiento de las
colectividades afectadas por racismo, xenofobia y otras formas
conexas de intolerancia y discriminación.
4. Conservar la propiedad imprescriptible de sus tierras
comunitarias, que serán inalienables, inembargables e indivisibles.
Estas tierras estarán exentas del pago de tasas e impuestos. |
1. Maintenir, développer et renforcer
librement leur identité, leur sentiment d'appartenance, leurs
traditions ancestrales et leurs formes d'organisation sociale.
2. Ne pas faire
l'objet de racisme et d'aucune autre forme de discrimination fondée
sur l'origine, l'identité ethnique ou culturelle.
3. La reconnaissance,
la réparation et l'indemnisation des collectivités touchées par le
racisme, la xénophobie et autres formes d'intolérance et de
discrimination.
4. Conserver la propriété imprescriptible de leurs terres
communautaires, qui sont inaliénables, insaisissables et
indivisibles. Ces terres sont exemptes du paiement de taxes et
d'impôts.
|
On peut consulter l'ensemble de ces droits
en cliquant ICI, s.v.p. Seul l'alinéa
22 de l'article 58 traite quelque peu de la langue:
22. Que la dignité et la diversité de leurs cultures, leurs
traditions, leur histoire et de leurs aspirations se reflètent dans
l'éducation publique et les moyens de communication; la création de
leurs propres moyens de communication sociale dans leurs langues et
l'accès aux autres sans aucune discrimination. |
- La culture
L'alinéa 13 de l'article 58 porte sur la culture
indigène et les éléments linguistiques sont quelques peu
perdus dans un ensemble de droits culturels:
13. Mantener, recuperar, proteger, desarrollar y preservar su
patrimonio cultural e histórico como parte indivisible del
patrimonio del Ecuador. El Estado proveerá los recursos para el
efecto. |
13. Maintenir, récupérer, protéger, développer et préserver leur
patrimoine culturel et historique comme une partie indivisible du
patrimoine de l'Équateur. L'État doit fournir les ressources à cet
effet. |
L'article 381 de la Constitution de 2008 définit la
culture comme faisant «partie du patrimoine culturel tangible et intangible
significatif pour la mémoire et l'identité des personnes et des groupes»:
Article 381
1) Font partie du
patrimoine culturel tangible et intangible significatif pour la
mémoire et l'identité des personnes et des groupes, entre autres:
1. Les langues, formes d'expression, traditions orales et
diverses manifestations et créations culturelles, y compris celles
relatives aux rites, aux fêtes et à la création.
2.
Les bâtiments, espaces
et ensembles urbains, monuments, sites naturels, routes, jardins et
paysages qu'ils contiennent et concernant d'identité pour les
peuples ou ayant pour eux une valeur historique, artistique,
archéologique, ethnographique ou paléontologique.
3. Les documents, objets,
collections, archives, bibliothèques et musées ayant une valeur
historique, artistique, archéologique, ethnographique ou
paléontologique.
4. Les créations artistiques, scientifiques et
technologiques.
2) Les biens culturels patrimoniaux de l'État sont
inaliénables, insaisissables et imprescriptibles. L'État a le droit
de priorité dans l'acquisition des biens du patrimoine culturel et
garantit leur protection. Tout dommage est sanctionné conformément à
la loi. |
Ces biens culturels patrimoniaux de l'État sont
«inaliénables, insaisissables et imprescriptibles». C'est pourquoi l’État se
doit de promouvoir la culture, la
création, la formation artistique et la recherche scientifique; il devra
établir des politiques permanentes pour la conservation, la restauration, la
protection et le respect du patrimoine culturel, de la richesse artistique,
historique, linguistique et archéologique de la nation, ainsi que de l'ensemble
des valeurs et manifestations diverses qui forment l'identité nationale, multiculturelle et multiethnique.
L'article 382 de la Constitution est précis à ce sujet:
Article 382
Il relève de la responsabilité de
l'État de:
1.
Veiller, au moyen de politiques permanentes, à l'identification, la
protection, la défense, la conservation, la restauration, la
diffusion et l'accroissement du patrimoine culturel tangible et
intangible, à la richesse historique, artistique, linguistique et
archéologique de la mémoire collective et de l'ensemble valeurs et
manifestations façonnant l'identité multinationale, multiculturelle
et multi-ethnique de l'Équateur.
2.
Promouvoir la restitution et la récupération des biens patrimoniaux
spoliés, perdus ou dégradés, et assurer le dépôt légal des documents
imprimés, audiovisuels et électroniques de diffusion massive.
[...]
|
- L’éducation
L’éducation concerne surtout l'alinéa 14 de l'article 58
de la Constitution:
Article 58
14. Développer, consolider et renforcer le système d'éducation
interculturel bilingue, avec des critères de qualité, depuis
l'incitation précoce jusqu'au niveau supérieur, conformément à la
diversité culturelle, pour la protection et la préservation des
identités en conformité avec leurs méthodes d'enseignement et
d'apprentissage. La carrière d'un enseignement honorable doit être
garantie; l'administration est collective et participative, avec une
alternance dans le temps et l'espace basée sur le niveau
communautaire et le rendement des comptes. |
L’éducation relève de la
responsabilité de l'État qui définit et met en application les politiques
permettant d'atteindre ces objectifs. Cette politique est teintée de l’interculturalité
(«interculturalidad») ou interculturalisme — on parle de l'«educación
intercultural bilingüe» ou de éducation interculturelle bilingue — qui
doit inspirer les orientations et intégrer les
institutions, conformément aux principes d’équité et d’égalité des
cultures. Garantir une éducation interculturelle bilingue pour tous les
indigènes, indépendamment de leur nombre, signifie en principe prévoir
du matériel pédagogique, ce qui inclut des bibliothèques, des vidéos,
des laboratoires etc., mais aussi former des éducateurs provenant des
communautés indigènes, garantir la stabilité du système éducatif et
maintenir des dispositions juridiques et administratives afin de
parvenir à la réalisation des objectifs poursuivis dans l'éducation
interculturelle bilingue.
La Constitution du 19 juillet 2008 prévoit aussi
dans son article 346 un système d'éducation interculturel bilingue
pour tous:
Article 346
Il relève de la responsabilité de
l'État :
9. De garantir un système d'éducation interculturel
bilingue, dans lequel est utilisée comme langue principale
d'enseignement celle de la nationalité concernée ainsi que le
castillan comme langue des relations interculturelles, sous la
tutelle des politiques publiques de l'État et dans le respect total
des droits collectifs reconnus dans la Constitution.
10.
De veiller à ce que, de
façon progressive, il soit inclus dans les programmes d'études
l'enseignement d'au moins une langue ancestrale.
11. De garantir la participation active des étudiants, des
familles et des enseignants dans le processus d'éducation.
12. De garantir, selon les principes de l'équité sociale,
territoriale et régionale, que tous aient accès à l'éducation
publique.
|
En principe, cela signifie que tous les Équatoriens
doivent apprendre une langue ancestrale en plus de l'espagnol. Cependant, des
difficultés peuvent surgir lorsqu'il faut faire appel à des enseignants
compétents dans ces langues, mais le principe est fort louable.
En Équateur, l’éducation publique est laïque,
obligatoire au niveau primaire et gratuite jusqu'au baccalauréat ou son
équivalent (art. 67). Dans les établissements d’enseignement publics, on
fournira, sans frais, aux élèves les services à caractère social dont ils
ont besoin. Les élèves en situation d'extrême pauvreté recevront des
subventions particulières. L’État s’engage à proposer des programmes
d'éducation permanente pour éradiquer l'analphabétisme et raffermir
l'éducation dans les zones rurales et près des frontières. De fait, si l'éducation
publique est laïque et gratuite dans tous les établissements, tous les
Équatoriens n'y ont pas accès avec les mêmes chances: seulement 53 % de la
population indigène accède à l'éducation primaire, 15 % parvient au
secondaire et moins de 1% à l'éducation supérieure. Par ailleurs, 20 % de la
population des zones rurales est analphabète, tandis que ce taux n'atteint que
5 % dans les centres urbains.
En vertu de l’article 68, le système national
d'éducation doit comprendre des programmes d'enseignement conformes à la diversité du
pays. Il incorporera dans sa gestion des stratégies de décentralisation et d’autonomie
administrative, financière et pédagogique. Les pères de famille, les
communautés, les enseignants et les élèves prendront part à l'élaboration
des mesures éducatives.
Les autres articles de ce chapitre sur l'éducation
traitent du salaire des enseignants et de l’éducation supérieure, mais
aucune de ces dispositions ne fait référence à la question linguistique. On
compte au total 18 universités et trois écoles supérieures polytechniques; de
ce nombre, 15 sont publiques et le reste est privé; tout comme dans les autres
niveaux, l'éducation dans les universités publiques est laïque et gratuite.
Dans la
Loi sur l’éducation du 15 avril 1983
modifiée par la loi du 15 avril 1992 (Ley de Educación No. 127 de abril 15
de 1983, reformada por la ley No.150 de abril 15 de 1992), l’article 28
prévoit que la Direction nationale d'éducation interculturelle bilingue (Dirección
Nacional de Educación Intercultural Bilingüe) est l’organisme
responsable des cultures et des langues aborigènes, et qu’il fonctionne comme
une organisation technique, administrative et financière décentralisée, tout
en garantissant la participation des peuples indigènes à tous les niveaux de
l'administration éducative:
Article 28 La Direction nationale
d'éducation interculturelle bilingue, responsable des cultures et des
langues aborigènes, fonctionnera comme une organisation technique,
administrative et financière décentralisée; elle aura sa structure
organique fonctionnelle propre, qui garantira la participation des
peuples indigènes à tous les niveaux et instances de l'administration
éducative, en fonction de leur représentativité. |
Il faut ajouter également que l'article 43 de la
Loi
sur l’éducation précise que, dans les constructions scolaires des zones
rurales, on prendra en considération les caractéristiques socioculturelles et
architecturales des communautés indigènes, et que les besoins de logement pour
les enseignants et les services ayant trait à la promotion sociale et
culturelle pourront être menées à bien avec la participation des organismes
de l'État et des communautés. Bref, les dispositions juridiques semblent bien
minces en regard des besoins des indigènes.
L'article 48 de la
Constitution prévoit des
dispositions à l'égard des handicapés, dont les malentendants (alinéa
9):
Article 48 1) L'État
garantit l'application de mesures préventives à l'égard des
handicapés et, de façon conjointe avec la société et la famille,
s'efforce de procurer des chances égales aux handicapés et leur
intégration sociale.
2) Il est
reconnu aux personnes souffrant d'invalidité des droits à :
8. L'accès
de manière adéquate à tous les biens et services. Doivent être
éliminées les barrières architecturales.
9. L'accès
à des mécanismes et moyens alternatifs de communication, entre
eux comme le langage des signes pour malentendants, l'oralisme
et le braille.
|
- L’Administration
La législation équatorienne traite peu des problèmes
administratifs concernant les autochtones. L’article 61 de la
Constitution
de 2008 prévoit des circonscriptions électorales
et provinciales pour les indigènes et les Afro-Équatoriens.
Article 61 Les peuples
ancestraux, indigènes, afro-équatoriens et montubio peuvent
constituer des circonscriptions territoriales pour la préservation
de leur culture. La loi régira son organisation. Il est reconnu aux
communes ayant des propriétés collectives de terre comme une forme
ancestrale d'organisation territoriale.
|
Les gouvernements
provinciaux jouiront de la pleine autonomie et pourront adopter des lois, dicter
des décrets, créer, modifier et supprimer des taxes, etc., mais
rien n’est prévu en ce qui concerne la langue. Dans les faits, moins du 3 %
des membres du Congrès national sont des indigènes, et pas un seul ne fait
partie du Cabinet des ministres. Beaucoup de postes de la Fonction publique
ferment complètement toute porte au dialogue ou à une participation active dans
ces secteurs de la politique.
En matière de justice,
l’article 78 de la Constitution stipule que toute personne aura le droit d'être dûment
informée, dans sa langue maternelle, des accusations qui pèsent contre elle.
Article 78
Dans toute procédure pénale dans
laquelle quiconque a été privé de liberté, les garanties
fondamentales suivantes sont respectées :
3. Toute personne,
au moment de sa détention, a le droit de connaître de façon claire
et dans un langage simple les motifs de sa détention, l'identité du
juge, ou l'autorité qui l'a ordonnée, celle des agents de
sécurité et celle des personnes responsables de son interrogatoire.
7. Le droit de quiconque à
une défense comprend :
a. celui d'être informé, de façon
préalable et détaillée, dans sa langue maternelle et dans un langage
simple de l'action et de la procédure formulée à son encontre ainsi
que de l'identité de l'autorité responsable de l'action ou de la
procédure.
|
De son côté, l’article 14 de la
Loi sur l'administration de la justice
des autorités indigènes prévoit que le non-indigène qui aurait son
domicile, son commerce ou son usine dans le territoire d’une communauté
indigène sera jugée en accord avec l'autorité indigène, conformément au
droit indigène; la procédure pourra permettre l’usage de sa langue
maternelle dans sa défense:
Article 14 1) Le non-indigène qui aurait son
domicile, sa résidence, son commerce, son usine dans le territoire d’une
communauté indigène sera jugée en accord avec l'autorité indigène,
en totalité, conformément au droit indigène. La procédure pourra
permettre l’usage de sa langue maternelle dans sa défense. [...] |
En somme, le droit à sa langue appartient aux
non-indigènes, non aux indigènes. Cela ne signifie pas que ces derniers ne
peuvent pas utiliser leur langue, mais plutôt que le non-indigène, lui, peut être assuré d’employer
l’espagnol. D’ailleurs, l’article 15 de la même loi spécifie que, lors d’un
conflit entre indigènes et non-indigènes, tout autochtone aura le droit d’être
défendu dans sa langue maternelle, s'il le préfère ainsi et le juge peut
désigner un traducteur ou un interprète, à la satisfaction de l'indigène:
Article 15
1) L'indigène pourra être défendu
dans sa langue maternelle, s'il le préfère ainsi et, pour ce faire, le
juge ou le tribunal désignera un traducteur ou un interprète à la
satisfaction de l'indigène, qui pourra demander qu'intervienne
l'autorité indigène de la collectivité à laquelle il appartient, afin
qu'il veille au respect de la procédure nécessaire. [...]
2) Dans
sa sentence, le juge ou le
tribunal tiendra compte des différences culturelles et cherchera à
concilier ces différences avec la culture à laquelle correspond le droit
étatique avec l'aide de juristes, d’anthropologues ou de sociologues,
dont les honoraires incomberont à la partie dont la sentence est
défavorable. |
Il reste la question du service
militaire. L’article 188 de la
Loi sur le service militaire
(1997) précise que les Équatoriens doivent faire leur service militaire
obligatoire, mais il est possible d'invoquer une objection de conscience fondée
sur des raisons morales, religieuses ou philosophiques, comme ce peut être le
cas pour les indigènes:
Article 108
L'objection de conscience est acceptée après
justification, cette dernière devant être qualifiée par le
directeur de la mobilisation des Forces armées. Ceux qui
sont favorisés par la présente loi doivent accomplir leur
service dans les unités de développement des Forces armées,
conformément aux dispositions prévues par le règlement de la
présente loi.
Article 188
Le service militaire est obligatoire. Le citoyen est
assigné à un service civil à la communauté, s'il invoque une
objection de conscience fondée sur des raisons morales,
religieuses ou philosophiques, selon les dispositions
prévues par la loi.
|
Dans les faits, les indigènes habitant dans leurs
circonscriptions sont formés dans des unités particulières dont les membres
n’ont pas à utiliser l’uniforme des Forces armées, ni se faire couper les cheveux;
ils
reçoivent leur formation en quechua, non en espagnol.
4.2 Le point de vue
des indigènes
En janvier 2001, en violation flagrante de l’article 84
de la Constitution («terres communautaires [...] inaliénables, insaisissables et
indivisibles»), des unités de l’armée équatoriennes postées à la
limite des provinces de Cotopaxi et de Pinchincha ont fait descendre des autobus
de transport publique et des voitures particulières des centaines d’indigènes,
puis elles leur ont confisqué leur effets personnels tels que vêtements,
aliments et ustensiles de cuisine. D’autres cas ont été signalés dans les
provinces de Loja, Azuay, Chimborazo, Tungurahua et Imbabura. Les autochtones
accusent le gouvernement et la police de leur prendre leurs terres et de ne jamais être capables d’exproprier
les biens des banquiers et des fonctionnaires corrompus, lesquels accaparent
en toute complicité, d’une part, l’argent de leurs épargnants, d’autre
part, les fonds publics.
- Le système d'éducation
En ce qui a trait au système d’éducation, les
indigènes considèrent que les nombreuses réformes — 18 en trente ans — n’ont
pas apporté les résultats attendus. L'inefficacité du système est évidente:
il se reflète dans les taux d’échec et d’abandon. Près de 50 % des
enfants inscrits au primaire dépassent l'âge approprié pour être à ce
niveau en raison des nombreux échecs scolaires. L’abandon pour des raisons
économiques, surtout dans le secteur rural, se produit à l'âge vers lequel
les enfants commencent à travailler, soit vers la 10e ou la 12e
année. Les documents pédagogiques sont déficients et la pénurie de
matériaux didactiques est grande, ce qui contribue à la mauvaise qualité de
l'éducation.
L'inégalité du système éducatif se reflète surtout
dans les zones rurales où les équipements sont rudimentaires. La plupart des
salles de classe sont en mauvais état, alors que près de la moitié (47 %) des
écoles rurales ne disposent que d’un seul enseignant pour tous les degrés
réunis, sans oublier la pénurie criante des manuels. Comme 90 % des budgets
sont affectés à la rémunération des enseignants, il ne reste plus grand
fonds pour l’amélioration des livres ou du matériel de classe. La mauvaise
qualité de l’enseignement destiné aux indigènes a eu des effets négatifs:
des échecs, des abandons scolaires, mais aussi un phénomène de rejet des
langues et des cultures propres.
- L'éducation bilingue
Historiquement, l'éducation bilingue a été conçue
comme une méthode d'enseignement destinée à faire face au problème de l’«isolement
verbal» entre l'école et l'élève indigène. Dans le souci de préserver et
de renforcer l'identité ethnique, culturelle et linguistique, est apparu le
concept de «bilinguisme de maintien», pour
signifier que l'éducation commence avec la langue indigène durant les
premières années de la scolarité, mais qu’elle est maintenue dans cette
langue en introduisant progressivement le castillan comme matière d’enseignement
et instrument d'apprentissage. Le but est que les enfants acquièrent des
connaissances de leur culture propre en langue indigène et, simultanément, une
appréhension progressive de la culture officielle en castillan. Mais le
bilinguisme de maintien ne s'est jamais matérialisé.
Dans la réalité scolaire de l'Équateur, on constate
qu'un grand nombre d'étudiants indigènes, qui fréquentent en principe les
écoles bilingues, n’apprennent pratiquement que le castillan. Plus souvent qu’autrement,
les images véhiculées dans les écoles montrent que les indigènes sont
limitées à des activités rurales de subsistance et que, exception faite de la
profession d’enseignants, aucune autre profession de prestige n’est
proposée aux enfants.
C’est pourquoi les indigènes de l’Équateur
demandent au gouvernement une véritable politique d'éducation interculturelle bilingue,
c'est-à-dire destinée à tous les élèves du pays, et pas uniquement aux
seuls indigènes. Il n’est pas normal que seuls les élèves autochtones
soient tenus d'apprendre une autre langue que leur langue maternelle, ce qui n’est
pas le cas des hispanophones. Autrement dit, les autochtones sont obligés de
recevoir une éducation bilingue et de développer des habiletés de
bilinguisme, alors que les hispanophones s’en tiennent à la seule langue
espagnole.
- L'interculturalité
Quant au concept d’interculturalité
(«Interculturalidad») ou interculturalisme, il
correspond essentiellement à l'intégration des communautés autochtones
dans un environnement où l'espagnol est la langue commune de la vie publique.
Or, il ne saurait être destiné seulement aux peuples
indigènes. L’interculturalisme devrait être
valable aussi pour les écoles de langue
espagnole dans un effort national pour reconnaître les cultures indigènes dans
leurs valeurs, leurs modes d'expression et leurs traditions. Il faut que
tous les Équatoriens bénéficient des mêmes droits et des mêmes obligations
dans un État commun.
Pour le moment, l’éducation interculturelle
bilingue est confinée à une sorte de folklorisation du fait indigène. Il
faudrait au contraire une
présence plus grande du quechua et d’autres langues indigènes dans la
totalité des sphères de la vie publique et privée: en commençant par le
système éducatif à tous les niveaux — y compris l'universitaire —, puis
dans les moyens de communication de masse, les soins de santé, l’Administration
gouvernementale et la magistrature.
Dans l’état actuel des choses, les indigènes ont
réussi à gérer leurs municipalités. C’est une forme d’autonomie qui peut
leur profiter. Mais les indigènes savent qu'il ne suffira pas de gérer des
municipalités pour améliorer leur situation, car les municipalités
équatoriennes ne gèrent que 4 % du budget national (contre 60 % en Suède). Bref,
à la base, il existe un problème de sous-financement.
- La véritable éducation
interculturelle bilingue (CONAIE)
Les associations indigènes ont leurs solutions pour
parvenir à une véritable éducation interculturelle bilingue. Chose certaine, ces
solutions sont différentes de celles du gouvernement équatoriens. À cet égard,
voici un extrait d'une déclaration officielle de la Confederación de
Nacionalidades Indígenas del Ecuador ou CONAIE (Confédération des nations
indigènes de l'Équateur), approuvée lors du Premier Congrès national des nations
et peuples indigènes de l'Équateur, le 12 octobre 2001:
Educación bilingüe intercultural científica y humanista
La Educación
para las Nacionalidades y Pueblos y, para todos los sectores sociales, es
un instrumento más de sometimiento, dominación, aculturación,
desideologización y explotación, utilizado por sectores dominantes, tanto
en la colonia como en la actualidad; con el objetivo de perpetuar la
dependencia, el subdesarrollo y su sistema económico, político-ideológico
y cultural.
Diferentes instituciones públicas, privadas y religiosas se han encargado
de "educar civilizar e integrar" a las Nacionalidades y Pueblos a lo largo
de estos cinco siglos de opresión y explotación.
Sus distintos métodos no han cumplido con sus objetivos, pese a la
imposición del idioma español o castellano, así como de sus valores
"occidentales". Nuestras Nacionalidades y Pueblos han sobrevivido con
inteligencia y sabiduría, logrando incluso desarrollar nuestros idiomas
ancestrales y la Identidad Cultural.
La educación actual, formal
y memorista no responde a la realidad, ni a las aspiraciones y necesidades
de las Nacionalidades y Pueblos, ni de los diferentes sectores populares,
y por tal razón las Organizaciones Indígenas hemos luchado a lo largo de
estos siglos de sometimiento y dominación, exigiendo el derecho a que se
nos eduque en nuestros idiomas y lenguas, y de acuerdo a nuestra
cosmovisión.
El Programa de educación Bilingüe Intercultural que se ejecuta desde 1989,
desde la Dirección Nacional de Educación Intercultural Bilingüe (creado
por el gobierno social demócrata debido a la lucha y presión de las
organizaciones indígenas -CONAIE-), pese a ser un avance importante y una
conquista histórica de las Nacionalidades y Pueblos; Atraviesa por serios
problemas financieros (presupuestarios) y de funcionalidad, debido al
limitado apoyo económico y falta de una política educativa clara y
democrática. |
Éducation interculturelle bilingue scientifique et humaniste
L'éducation pour les
nations et peuples et, dans toutes les sphères sociales, c'est encore un
instrument de soumission, de domination, d'acculturation, d'endoctrinement
et d'exploitation utilisé par des secteurs dominants, tant à l'époque
coloniale qu'aujourd'hui, avec l'objectif de perpétuer la dépendance, le
sous-développement et son système économique, politique, idéologique et
culturel.
Différentes institutions
publiques, privées et religieuses se sont chargées d'«instruire, de
civiliser et d'intégrer» les nations et peuples tout au long de ces cinq
siècles d'oppression et d'exploitation.
Ses différentes méthodes n'ont pas atteint leurs objectifs, en dépit de
l'imposition de la langue espagnole ou castillane, ainsi que leurs valeurs
«occidentales». Nos nations et peuples ont survécu avec intelligence et
sagesse, en réussissant même à développer nos langues ancestrales et notre
identité culturelle.
L'éducation actuelle, formelle et mémorielle [par coeur] ne répond pas à
la réalité, ni aux aspirations ni aux besoins des nations et peuples, ni
aux différents secteurs de la population, et c'est pour cette raison que
les organisations indigènes ont combattu tout au long de ces siècles de
soumission et de domination, en exigeant le droit recevoir notre
instruction dans nos idiomes et nos langues, en accord avec notre vision
du monde.
Le Programme d'éducation
interculturelle bilingue, qui est mis en oeuvre depuis 1989 par la
Direction nationale de l'éducation interculturelle bilingue (créée par le
gouvernement social-démocrate à cause du combat et de la pression des
organisations indigènes - CONAIE), en dépit de l'avancée importante et de
la conquête historique des nations et des peuples, connaît de sérieux
problèmes financiers (budgétaires) et opérationnels, étant donné le
soutien économique limité et le manque d'une politique d'éducation claire
et démocratique. |
Les représentants de la CONAIE (Confédération des nations
indigènes de l'Équateur) veulent favoriser une stratégie en huit points:
1. Élaborer et mettre en oeuvre avec la
participation des organisations des nations une politique d'éducation qui
réponde aux aspirations et à la vision du monde des nations et des peuples.
2. Favoriser une éducation interculturelle bilingue scientifique et technique,
orientée vers la solution des problèmes économiques, sociaux et culturels des
nationalités et des peuples.
3. Exiger de l'État actuel un appui économique nécessaire et suffisant pour la
Direction nationale de l'éducation interculturelle bilingue (DINEIB), ainsi
que l'autonomie administrative de l'organisme.
4. Exiger de l'État unitaire la dotation d'une infrastructure éducative rurale
fonctionnelle en conformité avec les demandes du milieu.
5. Exiger un budget pour améliorer la qualité de l'éducation auprès des
nations et peuples en conformité avec leurs besoins.
6. Favoriser la recherche permanente, qui permettrait d'améliorer la
production de documents pédagogiques dans l'enseignement bilingue.
7. Créer un système de professionnalisation pour les ressources humaines
indigènes, à tous les niveaux, destiné à la DINEIB au moyen de conventions
nationales et internationales.
8. Exiger de l'État et des gouvernements, tout spécialement du ministère de
l'Éducation, de suspendre l'enseignement religieux occidental dans les écoles
qui relèvent des nations et des Peuples et qui, à leur tour doivent intégrer
les valeurs propres à leur religion.
En réalité, les indigènes désirent une éducation
interculturelle bilingue élaborée au plan national, qui réponde à des programmes
nationaux de développement économique, social et culturel d'une nouvelle société
interculturelle. Pour ce faire, il veulent promouvoir une éducation libératrice,
critique, réfléchie et plurinationale à laquelle tous auraient accès, et
relevant de la responsabilité d'un État plurinational.
En 2011, la Loi
organique sur l'éducation interculturelle énonçait les obligations de
l'éducation interculturelle à l'égard des peuples afro-équatoriens et montubiens:
Article 6
Obligations
La principale obligation de l'État est le respect intégral,
permanent et progressif des droits et des garanties constitutionnels en
matière d'éducation, ainsi que des principes et objectifs prévus dans
la présente loi.
L'État a les obligations supplémentaires suivantes :
k. Assurer une éducation culturellement pertinente pour les
peuples et les nationalités dans leur propre langue et dans le
respect de leurs droits. Renforcer la pratique, le maintien et
le développement des langues des peuples et des nationalités.
L'État reconnaîtra et mettra en œuvre l'ethno-éducation et adoptera toutes les mesures nécessaires pour la jouissance
effective des droits des peuples afro-équatoriens et montubiens;
l. Inclure dans les programmes d'études de façon progressive
l'enseignement d'au moins une langue ancestrale, l'étude
systématique des réalités et des histoires nationales non
officielles, ainsi que des connaissances locales;
m. Promouvoir la recherche et l'innovation scientifique,
technologique, la création artistique, la pratique du sport, la
protection et la conservation du patrimoine culturel, naturel et
environnemental, ainsi que la diversité culturelle et
linguistique;
rticle 80
Objectifs
Les finalités du système d’éducation
interculturelle bilingue et
de l'ethno-éducation sont les suivantes :
a. Le renforcement de la plurinationalité et de l’interculturalité
pour parvenir au bien-vivre ;
b. Le renforcement de l'identité, de la langue et de la culture
des nationalités et des peuples indigènes, afro-équatoriens et
montubiens;
|
Les Montubiens (en esp.: Montubios) sont des métis ruraux de la zone côtière
de l'Équateur; représentant 7,4 % de la population du pays, ils ont été reconnus
comme une ethnie distincte.
De plus, l'éducation doit être gratuite, et l'État plurinational doit maintenir
un vaste programme de bourses nationales et internationales, afin de former de
nouveaux techniciens, des scientifiques et des professionnels dont a besoin la
nation plurinationale, pour atteindre ses objectifs de développement intégral.
L'éducation doit cesser d'être un instrument de domination pour devenir un
instrument d'intégration nationale, entre toutes les nationalités et peuples, et
spécialement un instrument du développement national. Enfin, l'État
plurinational doit garantir les ressources financières nécessaires pour le
développement et la mise en oeuvre des programmes et des objectifs de
l'éducation interculturelle bilingue.
5
La Convention relative aux peuples indigènes et tribaux
Le gouvernement de l’Équateur a signé, le 18 mai 1998,
la Convention relative aux peuples
indigènes de l’Organisation internationale du travail (OIT). Ce document
d’une grande importante implique 14 États, dont l’Équateur, la Bolivie, le
Paraguay, le Pérou et, en Amérique centrale, le Guatemala, le Costa Rica, le
Honduras et l’Argentine.
La Convention reconnaît aux peuples indigènes le droit
de jouir pleinement des libertés fondamentales, sans entrave ni discrimination
(art. 3). Les dispositions de cette convention doivent être appliquées sans
discrimination aux femmes et aux hommes de ces peuples. Les gouvernements des États
signataires doivent mettre en place des moyens par lesquels les peuples
autochtones pourront, à égalité avec le reste de citoyens de leur pays,
participer librement et à tous les niveaux à la prise de décisions dans les
institutions électives et les organismes administratifs et autres qui sont
responsables des politiques et des programmes qui les concernent (art. 6).
L’article 7 reconnaît aux populations concernées le droit de contrôler leur
développement économique, social et culturel propre. Les États doivent aussi
tenir compte des coutumes et du droit coutumier de ces populations (art. 8).
L’article 20 de la Convention oblige les gouvernements à «prendre des
mesures spéciales pour assurer aux travailleurs appartenant à ces peuples une
protection efficace en ce qui concerne le recrutement et les conditions d'emploi».
Les gouvernements doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter
toute discrimination entre les travailleurs appartenant aux peuples intéressés.
La partie VI de la Convention est consacrée à l’éducation,
donc indirectement à la langue. L’article 26 est très clair sur la
possibilité des autochtones d’acquérir leur instruction à tous les niveaux:
Article 26
Des mesures doivent être
prises pour assurer aux membres des peuples intéressés la possibilité
d'acquérir une éducation à tous les niveaux au moins sur un pied d'égalité
avec le reste de la communauté nationale. |
Le paragraphe 3 de l’article 27 reconnaît «le droit de
ces peuples de créer leurs propres institutions et moyens d'éducation» et que
des ressources appropriées leur soient fournies à cette fin. C’est
l’article 28 qui semble le plus important en cette matière:
Article 27
1)
Lorsque cela est réalisable, un enseignement doit être donné aux
enfants des peuples intéressés pour leur apprendre à lire et à écrire
dans leur propre langue indigène ou dans la langue qui est le plus
communément utilisée par le groupe auquel ils appartiennent. Lorsque
cela n'est pas réalisable, les autorités compétentes doivent
entreprendre des consultations avec ces peuples en vue de l'adoption
de mesures permettant d'atteindre cet objectif.
2)
Des mesures adéquates doivent être prises pour assurer que ces
peuples aient la possibilité d'atteindre la maîtrise de la langue
nationale ou de l'une des langues officielles du pays.
3) Des
dispositions doivent être prises pour sauvegarder les langues indigènes
des peuples intéressés et en promouvoir le développement et la
pratique.
|
Les États appuieront l'élaboration de programmes
scolaires correspondant à la réalité des peuples autochtones et mobiliseront
les ressources techniques et financières nécessaires à leur bonne
application. Quant à l’article 31, il précise que «mesures de caractère éducatif
doivent être prises dans tous les secteurs de la communauté nationale, et
particulièrement dans ceux qui sont le plus directement en contact avec les
peuples intéressés, afin d'éliminer les préjugés qu'ils pourraient nourrir
à l'égard de ces peuples». Dans ces perspectives, il est précisé que «des
efforts doivent être faits pour assurer que les livres d'histoire et autres matériels
pédagogiques fournissent une description équitable, exacte et documentée des
sociétés et cultures des peuples intéressés».Comme il se doit, les États
signataires de la Convention reconnaîtront et établiront des mécanismes pour
assurer l'exercice de tous les droits des peuples autochtones, en particulier en
ce qui concerne l'éducation, la langue et la culture.
En ce qui a trait à l’Équateur, il
reste encore à appliquer les dispositions de la Convention. Ce n’est pas une
mince affaire quand on sait que le pays est aux prises avec d’autres problèmes
socio-économiques d’importance considérable impliquant 98 % de la
population.
L'Équateur n'a manifestement aucune politique
linguistique, que ce soit pour l'espagnol (castillan) ou les langues
indigènes. En ce qui a trait à l'espagnol, on peut comprendre cette
politique de non-intervention. L'espagnol est la langue du continent et ne court
aucun danger. C'est plus problématique pour les langues autochtones. Celles-ci, notamment le quechua, sont parlées par une partie
appréciable de la population. Or, fort peu d'hispanophones croient avoir une
quelconque responsabilité dans la survie de la plus importante langue nationale
de l'Équateur. Si l'on peut parler d'une politique linguistique en Équateur,
elle s'inscrit dans une politique indigéniste, dont la langue ne constitue
qu'une infime partie. Elle se limite à l'éducation interculturelle bilingue et
à quelques privilèges occasionnels dans les tribunaux et à quelques émissions
radiophoniques communautaires. En somme, la politique réellement appliquée se
résume à accorder une instruction dans la langue maternelle de l’élève
autochtone, puis à introduire l’espagnol progressivement comme langue
seconde. L’objectif est de passer entièrement à la langue seconde, une fois
rendu au secondaire. Cependant, beaucoup d'autochtones ont dénoncé cette
politique «politiquement correcte», où l'espagnol est ajouté aux langues
autochtones. Ils croient qu’il s’agit d’une autre tentative, secrète celle-là, de remplacer leur langue par le castillan et d’assimiler les enfants
autochtones.
Le système actuel ne répond pas aux besoins des
autochtones, parce que ce sont des programmes nationaux qui n’intègrent aucun
élément de la culture indigène. Les élèves autochtones sont toujours tenus
d'apprendre une autre langue que leur langue maternelle, ce qui n’est pas le
cas des autres Équatoriens. Autrement dit, les autochtones sont obligés de
recevoir une éducation bilingue et de développer des habiletés de
bilinguisme, alors que les autres citoyens s’en tiennent à la seule langue
espagnole. En somme, la politique équatorienne ressemble en cela aux
autres pays du continent. L'État laisse entendre que la langue officielle est
le castillan (castellano) et que sont reconnues également le quechua et
le shuar. C'est une façon de présenter les choses qui ne correspond en rien à
la réalité. Quant à la politique d'interculturalité, comme partout
ailleurs en Amérique latine, il s'agit d'une mascarade, car elle ne correspond
à aucun échange interculturel. Elle ne vaut que pour les indigènes qui se
voient dans l'obligation de s'ouvrir à la culture espagnole, alors que les hispanophones
demeurent complètement fermés à toute interculturalité à l'égard des
autochtones. Bref, l’éducation interculturelle
bilingue est confinée à une sorte de folklorisation du fait indigène. C'est
pourquoi
les associations indigènes de l'Équateur demandent une
présence plus grande du quechua et d’autres langues indigènes dans la
totalité des sphères de la vie publique et privée: en commençant par le
système d'éducation à tous les niveaux — y compris l'universitaire —, puis
dans les médias, les soins de santé, l’Administration
gouvernementale et la magistrature. Bien que la situation se soit nettement
améliorée ces toutes dernières années, les indigènes équatoriens risquent fort d'attendre encore
longtemps avant de voir leurs vœux se réaliser en totalité.
Dernière révision
en date du
03 janv. 2024
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