Les maronites

1 La religion et l'arabe maronite

Les maronites (du moine saint Maron, qui vécut au Ve siècle) forment une communauté chrétienne appartenant au rite oriental de Syrie et du Liban. Cette communauté a conservé la liturgie syriaque et elle fait partie de l’une des Églises uniates; elle reconnaît toutefois le pape de l’Église catholique romaine. 

Les maronites vivent surtout au Liban et en Syrie, mais il existe d'autres petits groupes maronites à Chypre, en Palestine, en Australie et aux États-Unis. Leur population est estimée à environ 1,3 million dans le monde. 

L’origine des maronites remonte au VIIe siècle lorsque la communauté a adhéré au monothéisme.

Les maronites parlaient à l'origine l’arabe maronite, une variété dialectale de l’arabe. Cette langue est considérée par certains comme un idiome hybride fortement influencé par le grec. Il ne resterait plus que 170 locuteurs de cette langue, toutes des personnes âgées. 

2 Les origines des maronites

Le Liban a été soumis au «protectorat» égyptien, à la domination babylonienne puis perse, à l’empire d’Alexandre le Grand et à l’Empire romain qui y avait fondé la Provincia Syria (64 av. J.-C.). Le christianisme se propagea dès le début du Ier siècle. En 395, lors du partage de l'Empire romain, la Syrie devenue chrétienne fut rattachée à l'Empire byzantin. En 628, les troupes musulmanes envahirent la région. Après la défaite byzantine à la bataille de Yarmouk en 636, les villes de la côte libanaise tombèrent entre les mains des Arabes. Les querelles théologiques déchirèrent les populations, qui se divisèrent en diverses sectes religieuses. C'est sans doute dès cette époque que s'individualisèrent et commencèrent à s'opposer les différentes communautés. La montagne devient un territoire refuge; les maronites, des chrétiens de la région d'Antioche, soumis d'abord aux tracasseries des empereurs byzantins puis aux pressions arabes, s'y réfugièrent au VIIIe_siècle. Les maronites s’arabisèrent, mais demeurèrent chrétiens. 

3 L’installation à l'île de Chypre

Une partie de la communauté maronite quitta, vers 700, les montagnes du Liban pour immigrer à l’île de Chypre. Lors du règne de la dynastie des Lusignan (1192-1489), les maronites ne se sont pas mélangés avec les habitants grecs de l'île. Ils ont préféré habiter les montagnes du Nord, qui leur rappelaient le Liban, ainsi que certains quartiers de Nicosie. Tout au cours de cette période florissante pour eux, les maronites se sont établis dans plus d’une soixantaine de villages et ont pu constituer par leur nombre la plus grande communauté sur l’île après les Grecs, probablement entre 18 000 à 21 600 habitants.

Avec le règne des Vénitiens (1489-1571), commença le déclin de la communauté maronite de Chypre. Les Vénitiens imposèrent des conditions très difficiles à tous les habitants de l'île. Le despotisme des maîtres vénitiens, la cupidité et l’oppression de l'Église catholique romaine ainsi que les persécutions infligées par l’Église orthodoxe grecque eurent pour effet de réduire le nombre des villages maronites qui passèrent de 60 à 33. Puis la domination ottomane (1571-1878) entraîna le déclin rapide de la colonie maronite sur l'île, puisque à la fin du XIXe siècle le nombre total des villages maronites était tombé à 19. 

Une petite communauté de quelque 5000 maronites survécut à Chypre durant toute la première moitié du XXe siècle. Avant la partition de l’île (1974), les maronites vivaient regroupés dans quatre villages montagneux du Nord dont les noms rappellent leur origine: Kormakitis, Asomatos, Aya Marina et Karpasia. Ces villages sont tous passés sous l’administration turque après la partition. Leurs populations ont été dispersées à 95 % (environ 2000 personnes) dans la partie grecque lors de l’invasion turque. Il ne reste plus aujourd’hui dans ces villages que 170 personnes âgées qui doivent subir l'assimilation en raison des lois turques sur le droit de propriété. 

C’est pourquoi la communauté maronite dispersée dans la zone grecque de Chypre réclame de revenir à ses villages d’origine, la possibilité d’obtenir un «statut spécial» de canton, le droit de participer à la vie publique et d’obtenir pour ses enfants une éducation maronite, et de restaurer les églises et monastères afin de les restituer à leur propriétaire légitime, l’Église maronite. Le canton pourrait être de préférence rattaché à l’État chypriote grec, sinon placé sous la juridiction du gouvernement central d’un éventuel État fédéré. Pour le moment, il s’agit là d’un rêve, car les Turcs ne sont pas très enthousiastes à cette idée: ils n’ont qu’à attendre la mort des vieux maronites.


 

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