Les Gorans

Les Gorans ou Goranis ou Gorancis (provient de Gora: «montagne» et désigne «ceux qui vivent dans les montagnes») sont des Slaves de confession musulmane parlant une langue slave appelée našinski  (prononcer [nachenski]), plus proche du macédonien que du serbe, avec de nombreux mots turcs. En réalité, le nachenski est proche du vieux macédonien et du vieux serbe. Leur lien d'origine est la région de Gora dans le sud du Kosovo. Certains Gorans affirment que leur langue maternelle est le našinski, alors que d'autres disent parler le serbe ou le bosniaque.  Depuis la période ottomane, leur religion est l'islam sunnite.

Le goran est parlé dans 18 villages du Kosovo, 11 villages de l'Albanie et 2 villages de Macédoine du Nord. Au Kosovo et en Macédoine du Nord, le goran s'écrit avec l'alphabet cyrillique (serbe ou macédonien), mais avec l'alphabet latin en Albanie.

Avant la guerre du Kosovo, quelque 100 000 Gorans habitaient dans les montagnes du Kosovo, de part et d'autre de la frontière albano-serbe, non loin des villes de Kukës et de Prizren, deuxième ville du Kosovo et, jusqu'à récemment, l'une des plus belles villes des Balkans. Les Gorans étaient alors répartis dans les villages suivants dans le sud-ouest du Kosovo (municipalité de Dragash/Dragaš): Backa, Brod, Dikance, Globocica, Gornja Rapca, Krusevo, Kukaljane, Ljestane, Ljuboviste, Mlike, Orcusa, Radesa, Restelica, Veliki Krstec, Vraniste, Zli Potok, Mali Krstec, Donja Rapca. Selon les données de l'OSCE dans la municipalité de Dragash/Dragaš, il y aurait 9706 Gorans (28 % de la population) et 24 856 Albanais (72%). Les langues officielles de la municipalité de Dragash/Dragaš sont l'albanais, le serbe et le bosniaque. Les Gorans qui habitent autour de Prizren sont surnommés les «Torbes» (ou Torbeshis).

Toutefois, les Gorans du Kosovo se font graduellement assimiler par les albanophones; depuis l'indépendance, les Gorans apprennent l'albanais à l’école, et beaucoup d’entre eux parlent aussi l’albanais dans la vier quotidienne pour des raisons pratiques.

Les Gorans du Kosovo formaient une communauté minoritaire et faisaient généralement peu parler d’eux. Cependant, ils ont toujours eu tendance à épouser la cause des Serbes. Pendant la guerre du Kosovo, certains militants gorans ont rejoint les rangs de la police serbe et semé la panique au sein de la population albanaise. Même s'il s'agissait d'une minorité, c'est l'ensemble de cette communauté comme les Serbes, les Tsiganes et autres alliés qui a subi ensuite la répression albanaise. 

La plupart des Gorans sont demeurés neutres, car ils étaient à peine tolérés tant par les Serbes que par les Albanais. Il resterait aujourd'hui quelque 8000 Gorans dans le sud du Kosovo, principalement dans la municipalité de Dragash/Dragaš et la municipalité de Prizren, mais il subsiste aujourd'hui quelques petites communautés dans la municipalité de Fushë Kosovë/Kosovo Polje (municipalité de Prishtinë/Priština) et la municipalité de Pejë/Peć.

Fuyant la guerre, de nombreux Gorans se sont réfugiés en Serbie centrale, surtout à Belgrade, la capitale du pays. Ils sont maintenant plus nombreux que dans leur région d’origine de Gora, probablement autour de 18 000. D'autres Gorans se sont installés à Novi Sad et dans quelques villages de la province de Voïvodine. Pour la grande majorité, les départs sont surtout motivés par l'absence d'emplois et l'espoir de s'ouvrir à de meilleures perspectives économiques. 

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