Les langues germaniques

Groupes

Langues


Germanique de l'Est
 
gothique* (langue morte depuis le IVe siècle de notre ère)
Germanique de l'Ouest
1) Anglo-frison
:
anglais, frison et écossais moderne (ou scots)

2) Germano-néerlandais:

2.1 Bas-allemand: bas-saxon (saxon occidental, bas-saxon du Nord, westphalien, ostphalien, engrien, bas-allemand), brandebourgeois et mecklembourgeois; néerlandais et flamand.

2.2 Haut-allemand
1) moyen allemand: francique ripuaire, francique mosellan, luxembourgeois, francique rhénan, moyen-hessois, bas-hessois, hessois de l'Est; haut-saxon, haut-saxon du Nord, thuringien.

2) allemand supérieur:
allemand standard, francique du Sud, francique de l'Est, bavarois du Nord, moyen-bavarois, bavarois du Sud, souabe, bas-alémanique (alsacien), haut-alémanique, austro-bavarois, souabe, bas-alémanique (alsacien), alémanique supérieur, alémanique valaisan (walser), yiddish et Pensilfaanisch; lombard* (langue morte entre le VIIIe et le IXe siècle). 

Germanique du Nord 1) islandais, norvégien (bokmål + nynorsk) et féroïen;

2) danois, suédois et gotlandais.


 

Les langues germaniques sont parlées par plus de 450 millions de locuteurs dans le monde, ce qui correspond à environ 20 % de ceux qui parlent une langue indo-européenne et à 8 % des langues de l'humanité. De toutes les langues germaniques (une quinzaine), l’anglais reste la langue la plus importante avec 322 millions de locuteurs. Il est suivi de l’allemand (98 millions) et du néerlandais (20 millions). 

À ces langues, il faut ajouter le frison (730 000) et le saxon (10 millions), parlé surtout aux Pays-Bas et en Allemagne; d'ailleurs, ces deux langues (et leurs variétés dialectales) sont protégées sur une base régionale aux Pays-Bas et dans huit Länder en Allemagne. Mentionnons également le luxembourgeois utilisé dans le grand-duché de Luxembourg ainsi que dans la province de Luxembourg en Wallonie (Belgique). 

Dans les pays scandinaves, on trouve l'aire du germanique du Nord avec le suédois (9 millions), le danois (5,2 millions), le norvégien avec ses deux variétés (bokmål: 5 millions; nynorsk: 726 000), ainsi que l’islandais (250 000) et le féroïen (50 000) parlé aux îles Féroé dans la mer du Nord. 

Le gotlandais est une variété dialectale du suédois parlé par les habitants de l'île de Gotland en Suède; il est à distinguer du gutnisk, plus archaïque, que l'on considère le plus souvent comme une langue distinct du suédois.

Enfin, pour le bas-allemand, ajoutons aussi l’afrikaans (6,3 millions) parlé en Afrique du Sud et en Namibie. 

1   Les origines

La langue parlée à l’origine par les peuples germaniques, alors qu'il se trouvaient concentrés dans le nord de l'Europe, a été appelée germanique commun (ou en all.: Urgermanisch). Cette langue a été parlée il y a environ 1000 ans avant notre ère. Nous ne possédons pas de textes de cette langue, qui est aux langues germaniques ce que le latin est aux langues romanes. 

Nous ignorons ce qu'était cette langue d'origine («proto-langue»), mais la comparaison des langues attestées permet de distinguer trois sous-ensemble, en raison de la fragmentation qui s'est opérée par la suite: le germanique de l'Est (ou langues ostiques), le germanique de l'Ouest (ou langues westiques) et le germanique du Nord (ou langues nordiques). 

La plupart des langues actuelles existaient déjà alors que l'Empire romain tentait d'assujettir les populations germaniques de la Germania. Mais ces langues, telles le francique, l'anglais, le frison, le vieux-saxon, le vieux-norrois, etc., se révélaient peu de choses, tout au plus des idiomes parlés par quelques tribus déplacées sur des terres inconnues. Parmi ces langues tribales, l'anglais des Anglo-Saxons s'implanta rapidement dans les îles Britanniques, tandis que le francique des Francs disparut en Gaule au profit du français, mais s'imposa naturellement dans les régions orientales de la France (Alsace, Luxembourg, Allemagne, Suisse, Autriche, etc.) pour devenir, entre autres, le néerlandais et l'allemand. Ainsi, certaines langues ont connu des destins prodigieusement différents: le frison est resté une petite langue, tandis que l'anglais est devenu la langue la plus importante du monde.

2    Les groupes de langues germaniques

On distingue trois groupes linguistiques en fonction de leur lieu d'origine: l'Est, l'Ouest et le Nord.

2.1 Le germanique de l’Est (ou ostique)

Le germanique de l'Est était la langue des Goths, des Vandales et des Burgondes. Ce groupe des langues germaniques n’est plus représenté aujourd'hui par une langue vivante, car les langues se sont éteintes. Dans ce groupe, la seule langue ancienne ayant transmis des textes écrits est le gothique. Il s'agit de fragments importants d’une traduction de la Bible faite par l’évêque wisigoth Wulfila, mort en 383. Le gothique a été parlé jusqu’au IVe siècle, mais une variante de cette langue aurait subsisté jusqu'au XVIIIe siècle en Crimée.

2.2 Le germanique de l’Ouest (ou westique)

Le germanique de l'Ouest est lui-même divisé en deux grands groupes linguistiques: l'anglo-frison et le germano-néerlandais.

(1) L’anglo-frison: qui a donné l'anglais et le frison (Pays-Bas). Ce sont les Angles et une partie des Saxons qui sont allés conquérir l'île de Grande-Bretagne, tandis que les Frisons sont restés sur le continent. La langue des Angles et celle des Saxons ont fusionné pour donner l'anglais, mais le frison et l'anglais sont demeurés linguistiquement assez proches l'une de l'autre. 

(2) Le germano-néerlandais se divise en deux grands groupes: le Niederdeutsch (bas-allemand) et le Hochdeutsch (haut-allemand). 

(a) Le bas-allemand ou Niederdeutsch est le terme générique employé pour désigner les dialectes du Nord, que ce soit le bas-allemand de l'Ouest (Schleswigsch, Holsteinisch, Nordniedersächisch, Westfälisch, Ostfälisch, etc.) ou le bas-allemand de l'Est (Mecklenburgisch, Märkisch, etc.). Le bas-allemand comprend le Plattdeutsch (le bas-allemand du Nord), la langue commerciale du Nord, ainsi que le bas-saxon et l'afrikaans (en Afrique du Sud et en Namibie). Notons que, tout en étant des langues distinctes, le bas-allemand, le néerlandais et l'afrikaans sont relativement intelligibles pour un locuteur expérimenté. Cependant, ceux qui parlent le haut-allemand (Hochdeutsch) ne peuvent généralement pas comprendre la bas-allemand car, les différences lexicales, phonologiques et morphologiques sont trop nombreuses.

(b) Le haut-allemand ou Hochdeutsch, pour sa part, se divise lui-même en deux sous-groupes: le moyen allemand et l'allemand supérieur

- Le moyen-allemand (Mitteldeutsch) est parlé dans une zone intermédiaire, soit au centre du pays, notamment avec le francique rhénan (Rheinfränkisch), le francique mosellan (Moselfränkisch), le hessois (Hessisch), le francique ripuaire (Ripuarisch), le thuringien (Thürungisch), le haut-saxon (Obersächsisch) et le luxembourgeois du grand-duché de Luxembourg (et de la province de Luxembourg en Wallonie (Belgique). On peut consulter une carte linguistique de toutes les variétés de francique (France, Luxembourg, Belgique et Allemagne) en cliquant ICI, s.v.p.  Les dialectes franciques (rhénan, mosellan, luxembourgeois, ripuaire, etc.) sont liés par des éléments communs issus du francique initial, une ancienne langue germanique parlée par les Francs qui ont conquis les Romains en Gaule au Ve siècle. Le francique demeure donc un vestige linguistique des Francs qui ont fondé la France. L'influence francique a été considérable en français, et cette langue (incluant ses variantes) a laissé quelque 400 mots encore en usage aujourd'hui.

- Pour ce qui est de l'allemand supérieur (Oberdeutsch), appelé ainsi parce qu'il est parlé dans les régions montagneuses de la partie méridionale, mentionnons le francique oriental (Ostfränkisch), le francique du Sud (Südfränkisch), le bavarois (Nordbairisch, Mittelbairisch et Südbairisch), l'alémanique (alsacien / Elsässisch, souabe /  Schwäbisch et suisse alémanique / Schweizerdeutsch en Suisse) et surtout l'allemand standard appelé Hochsprache — sans oublier le yiddish et le Pensilfaanisch. L'allemand standard correspond aux variétés de l'Oberdeutsch (allemand supérieur). Quant au Pensilfaanisch, il s'agit d'un dialecte parlé par les communautés mennonites et amish des États-Unis et originaires du Palatinat et de la Suisse alémanique.

On peut visualiser une première carte des variétés dialectales utilisées dans les pays germaniques en cliquant ICI. On peut aussi consulter une autre carte des dialectes allemands, ainsi qu'un tableau de ces parlers en cliquant ICI.

2.3 Le germanique du Nord (ou nordique ou scandinave)

Les langues du germanique du Nord sont parlées principalement dans les pays scandinaves. Elles procèdent du vieux norrois parlé par les Vikings, lequel a évolué en deux directions: une branche orientale, avec le danois et le suédois, une branche occidentale, avec l'islandais, le norvégien (bokmål + nynorsk) et le féroïen.

2.4 Éléments de comparaison

Voici un tableau sommaire illustrant les analogies entre quelques langues germaniques: 

(Français)
Anglais
Allemand
Néerlandais
Suédois
Norvégien
Danois
Islandais
Féroïen
(cheveux) hair Haar haar hår hår hår hár hár
(nez) nose Nase neus näsa nese næse nef nøs
(pain) bread Brot brood bröd brød brød brauð breyð
(chapeau) hat Hut hoed hatt hat hatt hattur hattur
(table) table Tisch tafel bord bord bord borð borð 
(venir) come kommen komen komma komme komme koma koma

Si l’on fait exception des langues nordiques, le groupe des langues germaniques n'est pas parmi les plus homogènes de ceux qui composent l'indo-européen. Par exemple, la compréhension de l'anglais par un Allemand ou l’allemand par un Britannique ou un Américain demeure difficile, sûrement davantage qu’entre des locuteurs de deux langues latines (comme l’espagnol et l’italien) ou de deux langues slaves (comme le russe et l’ukrainien). Cependant, le néerlandais et l'allemand, d’une part, le frison et l’anglais, d’autre part, sont assez proches parents pour qu'un minimum de compréhension soit possible. Il en est ainsi des langues scandinaves telles que le suédois, le danois, le féroïen et le norvégien; parmi ces langues nordiques, seul l’islandais demeure un peu à l’écart du groupe en raison de son caractère archaïsant.

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