GenèveRèglement relatif |
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Canton de Genève |
Règlement
relatif à la simplification de l'enseignement de la syntaxe française
(Entrée en vigueur : 11 décembre 1901) État au 14 novembre 2006 -------------------------------------------------------------------------------- Le CONSEIL D'ÉTAT de la république et canton de Genève, vu le vœu émis par la conférence intercantonale des chefs des départements de l'instruction publique de la Suisse romande, arrête : Article unique 1) Sont adoptées, pour tous les établissements d'instruction publique de l'Etat, les modifications apportées à l'orthographe et à la syntaxe française par arrêté du ministère de l'instruction publique et des beaux-arts de France, en date du 26 février 1901. 2) En conséquence, dans les examens ou concours qui comportent des épreuves spéciales d'orthographe ou de compositions rédigées en langue française, il ne doit pas être compté de fautes aux candidats pour avoir usé des tolérances indiquées dans la liste annexée au présent règlement. 3) Le département de l'instruction publique est chargé de l'exécution du présent
règlement. Dans toutes les constructions où le sens permet de comprendre le substantif
complément aussi bien au singulier qu'au pluriel, on doit tolérer l'emploi de
l'un ou de l'autre nombre. Exemple : des habits de femme ou de femmes; - des
confitures de groseille ou de groseilles; - des prêtres en bonnet carré ou en
bonnets carrés; - ils ont ôté leur chapeau ou leurs chapeaux. On peut tolérer l'emploi du mot orge au féminin sans exception :
orge carrée,
orge mondée, orge perlée. La plus grande obscurité régnant dans les règles et les exceptions enseignées dans les grammaires, on peut tolérer dans tous les cas que les noms propres, précédés de l'article pluriel, prennent la marque du pluriel. Exemple : les Corneilles comme les Gracques; - des Virgiles (exemplaires) comme des Virgiles (éditions). Il en est de même pour les noms propres de personnes désignant les oeuvres de
ces personnes. Exemple : des Meissoniers. Lorsque ces mots sont tout à fait entrés dans la langue française, on peut
tolérer que le pluriel soit formé suivant la règle générale. Exemple : des exéats comme des déficits. Les mêmes noms composés se rencontrent aujourd'hui tantôt avec le trait d'union,
tantôt sans trait d'union. Il est inutile de fatiguer les enfants à apprendre
des contradictions que rien ne justifie. L'absence de trait d'union dans
l'expression pomme de terre n'empêche pas cette expression de former un
véritable mot composé aussi bien que chef-d'oeuvre, par exemple. Ces mots
peuvent toujours s'écrire sans trait d'union. L'usage existe d'employer l'article devant certains noms de famille italiens : le Tasse, le Corrège, et quelquefois à tort devant les prénoms : (le) Dante, (le) Guide. On ne doit pas compter comme faute l'ignorance de cet usage. Il règne aussi une grande incertitude dans la manière d'écrire l'article qui
fait partie de certains noms propres français : la Fontaine, la Fayette ou
Lafayette. Il convient d'indiquer, dans les textes dictés, si, dans les noms
propres qui contiennent un article, l'article doit être séparé du nom. Lorsque deux adjectifs unis par et se rapportent au même substantif de manière à
désigner en réalité deux choses différentes, on tolère la suppression de
l'article devant le second adjectif. Exemple : l'histoire ancienne et moderne
comme l'histoire ancienne et la moderne. La règle qui veut qu'on emploie le plus, le moins, le mieux, comme un neutre
invariable devant un adjectif indiquant le degré le plus élevé de la qualité
possédée par le substantif qualifié sans comparaison avec d'autres objets, est
très subtile et de peu d'utilité. Il est superflu de s'en occuper dans
l'enseignement élémentaire et dans les exercices. On tolère le plus, la plus,
les plus, les moins, les mieux, etc., dans des constructions telles que : on a
abattu les arbres le plus ou les plus exposés à la tempête. Dans la locution se faire fort de, on tolère l'accord de l'adjectif. Exemple :
se faire fort, forte, forts, fortes de... Lorsqu'un adjectif qualificatif suit plusieurs substantifs de genres différents,
on tolère toujours que l'adjectif soit construit au masculin pluriel, quel que
soit le genre du substantif le plus voisin. Exemple : appartements et chambres
meublés. On tolère l'accord de ces adjectifs avec le substantif qu'ils précèdent. Exemple
: nu ou nus pieds, une demi ou une demie heure (sans trait d'union entre les
mots), feu ou feue la reine. On tolère la réunion des deux mots constitutifs en un seul mot, qui forme son féminin et son pluriel d'après la règle générale. Exemple : nouveauné, nouveaunée, nouveaunés, nouveaunées; courtvêtu, courtvêtue, courtvêtus, courvêtues, etc. Mais les adjectifs composés qui désignent des nuances étant devenus, par suite
d'une ellipse, de véritables substantifs invariables, on les traite comme des
mots invariables. Exemple : des robes bleu clair, vert d'eau, etc., de même
qu'on dit des habits marron. Actuellement les participes approuvé, attendu, ci-inclus, ci-joint, excepté, non compris, y compris, ôté, passé, supposé, vu, placés avant le substantif auquel ils sont joints, restent invariables. Excepté est même déjà classé parmi les prépositions. On tolère l'accord facultatif pour ces participes, sans exiger l'application de règles différentes suivant que ces mots sont placés au commencement ou dans le corps de la proposition, suivant que le substantif est ou n'est pas déterminé. Exemple : ci joint ou ci jointes les pièces demandées (sans trait d'union entre ci et le participe); - je vous envoie ci joint ou ci jointe copie de la pièce. On tolère la même liberté pour l'adjectif franc. Exemple :
envoyer franc de port
ou franche de port une lettre. On permet d'écrire indifféremment : elle a l'air doux ou douce, spirituel ou
spirituelle. On n'exige pas la connaissance d'une différence de sens subtile
suivant l'accord de l'adjectif avec le mot air ou avec le mot désignant la
personne dont on indique l'air. Vingt, cent. La prononciation justifie dans certains cas la règle actuelle, qui donne un pluriel à ces deux mots quand ils sont multipliés par un autre nombre. On tolère le pluriel de vingt et de cent, même lorsque ces mots sont suivis d'un autre adjectif numéral. Exemple : quatre-vingt ou quatre-vingts-dix hommes; - quatre cent ou quatre cents trente hommes. Le trait d'union n'est pas exigé entre le mot désignant les unités et le mot désignant les dizaines. Exemple : dix sept. Dans la désignation du millésime, on tolère
mille au lieu de mil comme dans
l'expression d'un nombre. Exemple : l'an mil huit cent quatre vingt dix ou
l'an
mille huit cents quatre vingts dix. On tolère la réunion des particules ci et la avec le pronom qui les précède,
sans exiger qu'on distingue qu'est ceci, qu'est cela, de qu'est ce ci, qu'est ce
là. On tolère la suppression du trait d'union dans ces constructions. Devant un nom de ville, on tolère l'accord du mot tout avec le nom propre, sans chercher à établir une différence un peu subtile entre des constructions comme toute Rome et tout Rome. On ne compte pas de faute non plus à ceux qui écrivent indifféremment, en faisant parler une femme : je suis tout à vous ou je suis toute à vous. Lorsque tout est employé avec le sens indéfini de
chaque, on tolère
indifféremment la construction au singulier ou au pluriel du mot tout et du
substantif qu'il accompagne. Exemple : des marchandises de toute sorte ou de
toutes sortes; - la sottise est de tout (tous) temps et de tout (tous) pays. Avec une négation, on tolère l'emploi de ce mot aussi bien au pluriel qu'au
singulier. Exemple : ne faire aucun projet ou aucuns projets. Lorsque ce pronom est construit après le verbe et se rapporte à un mot pluriel
sujet ou complément, on tolère indifféremment, après chacun, le possessif
son,
sa , ses ou le possessif leur, leurs. Exemple : ils sont sortis chacun de son
côté ou de leur côté; - remettre des livres chacun à sa place ou à leur place.
On tolère la suppression de l'apostrophe et du trait d'union dans les verbes
composés. Exemple : entrouvrir, entrecroiser. On tolère l'absence du trait d'union entre le verbe et le pronom sujet placé
après le verbe. Exemple : est il? Exemple : sa maladie sont des vapeurs. Il n'y pas lieu d'enseigner de règles
pour des constructions semblables, dont l'emploi ne peut être étudié utilement
que dans la lecture et l'explication des textes. C'est une question de style et
non de grammaire, qui ne saurait figurer ni dans les exercices élémentaires ni
dans les examens. Si les sujets ne sont pas résumés par un mot indéfini tel que
tout, rien,
chacun, on tolère toujours la construction du verbe au pluriel. Exemple : sa
bonté, sa douceur, le font admirer. On tolère toujours le verbe au pluriel. Exemple : ni la douceur ni la force n'y
peuvent rien ou n'y peut rien; - la santé comme la fortune demandent à être
ménagées ou demande à être ménagées; - le général avec quelques officiers sont
sortis ou est sorti du camp; - le chat ainsi que le tigre sont des carnivores ou
est un carnivore. Toutes les fois que le collectif est accompagné d'un complément au pluriel, on
tolère l'accord du verbe avec le complément. Exemple : un peu de connaissances
suffit ou suffisent. L'usage actuel étant de construire le verbe au singulier avec le sujet plus
d'un, on tolère la construction du verbe au singulier, même lorsque plus d'un
est suivi d'un complément au pluriel. Exemple : plus d'un de ces hommes était ou
étaient à plaindre. Dans quels cas le verbe de la proposition relative doit-il être construit au
pluriel et dans quels cas au singulier ? C'est une délicatesse de langage qu'on
ne doit pas essayer d'introduire dans les exercices élémentaires ni dans les
examens. Comme il règne une grande diversité d'usage relativement à l'emploi régulier de
c'est et de ce sont, et que les meilleurs auteurs ont employé
c'est pour
annoncer un substantif au pluriel ou un pronom de la troisième personne au
pluriel, on tolère dans tous les cas l'emploi de c'est au lieu de ce sont.
Exemple : c'est ou ce sont des montagnes et des précipices. On tolère le présent du subjonctif au lieu de l'imparfait dans les propositions
subordonnées dépendant de propositions dont le verbe est au conditionnel
présent. Exemple : il faudrait qu'il vienne ou qu'il vînt. Il convient de s'en tenir à la règle générale d'après laquelle on distingue le
participe de l'adjectif en ce que le premier indique l'action, et le second
l'état. Il suffit que les élèves et les candidats fassent preuve de bon sens
dans les cas douteux. On doit éviter avec soin les subtilités dans les
exercices. Exemple : des sauvages vivent errant ou errants dans les bois. Il n'y a rien à changer à la règle d'après laquelle le participe passé construit comme épithète, doit s'accorder avec le mot qualifié, et construit comme attribut avec le verbe être ou un verbe intransitif doit s'accorder avec le sujet. Exemple : des fruits gâtés; - ils sont tombés; - elles sont tombées. Pour le participe passé construit avec l'auxiliaire
avoir, lorsque le participe
passé est suivi soit d'un infinitif, soit d'un participe présent ou passé, on
tolère qu'il reste invariable, quels que soient le genre et le nombre des
compléments qui précèdent. Exemple : les fruits que je me suis laissé ou
laissés
prendre; - les sauvages que l'on a trouvé ou trouvés errant dans les bois. Dans
le cas où le participe passé est précédé d'une expression collective, on peut à
volonté le faire accorder avec le collectif ou avec son complément. Exemple : la
foule d'hommes que j'ai vue ou vus. L'emploi de cette négation dans un très grand nombre de propositions subordonnées donne lieu à des règles compliquées, difficiles, abusives, souvent en contradiction avec l'usage des écrivains les plus classiques. Sans faire de règles différentes suivant que les propositions dont elles dépendent sont affirmatives ou négatives ou interrogatives, on tolère la suppression de la négation ne dans les propositions subordonnées dépendant de verbes ou de locutions signifiant :
On tolère de même la suppression de cette négation après les comparatifs et les mots indiquant une comparaison : autre, autrement que, etc. Exemple : l'année a été meilleure qu'on l'espérait ou qu'on ne l'espérait; - les résultats sont autres qu'on le croyait ou qu'on ne le croyait. De même, après les locutions à moins que, avant que. Exemple :
à moins qu'on
accorde le pardon ou qu'on n'accorde le pardon. Il convient, dans les examens, de ne pas compter comme fautes graves celles qui
ne prouvent rien contre l'intelligence et le véritable savoir des candidats,
mais qui prouvent seulement l'ignorance de quelque finesse ou de quelque
subtilité grammaticale. |