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LesothoKingdom of Lesotho |
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Le Lesotho, appelé officiellement royaume
du Lesotho, est un pays d'Afrique australe, entièrement enclavé dans
l'Afrique du Sud. C'est un petit pays de 30 355 km², l'équivalent de la
Belgique (32 545 km²). Le Lesotho correspond à l'ancien Basutoland qui est
devenu indépendant en 1966 dans le cadre du Commonwealth.
Maseru, la capitale, est la ville la plus importante, avec une population estimée à quelque 120 000 habitants. Les autres villes importantes sont Teyateyaneng, Mafeteng et Hlotse. Le Lesotho est divisé en 10 districts administratifs (Berea, Butha-Buthe, Leribe, Mafeteng, Maseru, Mohale's Hoek, Mokhotlong, Qacha's Nek, Quthing et Thaba-Tseka), subdivisés en wards (ou sections électorales), présidés par les chefs héréditaires et administrés par les coordinateurs de district. |
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Le Lesotho possède une géographie
particulière dans la mesure où il bénéficie de frontières naturelles, sur plus de
900 km. En effet, ce petit pays, totalement enclavé en Afrique du Sud, est
délimité du nord au sud-ouest par le fleuve Caledon, la chaîne de
montagnes
Drakensberg à l'est et les hautes terres du Sud, qui forment la frontière
orientale du Lesotho (et partiellement celle de l'État libre d'Orange en
Afrique du Sud); ce pays se situe en son point géographique le plus bas
à 1400 mètres d'altitude (au croisement de la Caledon et de la
rivière Orange), le point le plus haut étant le mont Thabana Ntlenyana à
3482 mètres au nord-est.
C'est le seul pays du monde a être situé aussi haut en altitude sur l'ensemble de son territoire. Cette configuration constitue autant de barrières faisant du Lesotho une sorte de forteresse naturelle. À l'ouest, des terres vallonnées occupent environ un tiers du pays, entre 1525 et 1830 mètres d'altitude. Les routes sont presque inexistantes dans le pays, les voyages se faisant surtout à cheval. La circulation nord-sud est particulièrement difficile au nord-est en raison de la chaîne du Drakensberg. L'Orange, fleuve qui traverse le pays, y prend sa source; on y trouve également le point culminant du pays, le Thabana Ntlenyana. Environ 80 % de la population active dépend de l'agriculture. Économiquement, le Lesotho reste très dépendant de son grand voisin, l'Afrique du Sud. |
La population du Lesotho était estimée à 2,1 millions d'habitants en 2004. Ce sont les districts de Leribe (17,5 %) et de Maseru (19,0 %), qui sont les plus peuplés. On ne compte que trois ethnies autochtones au Lesotho: les Sothos du Sud (très majoritaires), les Zoulous et les Xhosa, auxquels s'ajoutent deux petites communautés d'Afrikaners (anciennement les Boers, ces descendants des colons néerlandais) et de Britanniques. On compterait aussi quelque 3000 Chinois et Indo-Pakistanais.
Ethnie | Langue maternelle | Affiliation linguistique | Population |
Sothos du Sud | sotho du Sud | famille bantoue | 2 110 000 |
Zoulous | zoulou | famille bantoue | 51 000 |
Xhosa | xhosa | famille bantoue | 10 000 |
Afrikaners | afrikaans | langue germanique | 2 100 |
Britanniques | anglais | langue germanique | 2 100 |
Asiatiques |
hindi/ourdou chinois |
langue indo-iranienne famille sino-tibétaine |
3 000 |
Total | --- | --- | 2 178 200 |
Les Sothos du Lesotho sont des Basothos appartenant à l'ethnie des Sothos du Sud. On distingue les Sothos du Sud (Lesotho) des Sothos de l'Ouest (les Tswana du Swaziland) et des Sothos du Nord (ou (ou Sepedi habitant dans la province du Nord en Afrique du Sud).
Les trois langues autochtones du Lesotho appartiennent toutes à la famille bantoue, comme c'est le cas pour la plupart des langues indigènes d'Afrique du Sud. Le sotho constitue la langue massivement majoritaire parce qu'elle est parlée par 96,7 % des locuteurs du pays. Les langues minoritaires sont le zoulou, le xhosa, l'anglais, l'afrikaans, le chinois et l'hindi ou l'ourdou. L'anglais et l'afrikaans, deux langues germaniques, ont été apportés lors de la colonisation européenne, alors que le chinois (famille sino-tibétaine) et l'hindi (langue indo-iranienne) résulte de l'immigration causée par les politiques britanniques en matière de main-d'oeuvre.
L'anglais et le sotho (appelé également sésotho) sont les langues officielles du Lesotho. L'anglais a conservé son statut au moment de l'indépendance, mais les Lesothans ont estimé qu'il était inconcevable que leur langue nationale ne bénéficie pas de ce statut à côté de l'anglais.
2.1 Le sotho du Sud
La langue des Sothos du Lesotho est connue sous le nom de sotho du Sud ou sésotho. En Afrique du Sud, on l'appelle sotho du Nord ou pedi; ces deux variétés sont considérées, au point de vue juridique et politique, comme deux langues distinctes. Mais l'intercompréhension entre les Sothos du Nord et les Sothos du Sud, de même qu'avec les Tswanas d’Afrique du Sud et du Botswana, étant relativement aisée, on peut considérer que le sotho du Nord, le sotho du Sud et le tswana (ou setswana) constituent trois variantes d'une même langue. Il semble que ces distinctions de statut proviennent des autorités sud-africaines de l'époque de l’apartheid afin de fragmenter politiquement et idéologiquement le plus possible la population noire du pays. L’ensemble des Sotho-Tswanas représente quelque 12 millions de locuteurs, ce qui n'est pas rien.
Variété | Pays |
Ethnologue (1996) |
Ethnologue (total) |
Sotho du Nord (pedi) | Afrique du Sud | 3 840 000 | 3 851 000 |
Sotho du Sud |
Lesotho Afrique du Sud |
1 493 000 2 704 000 |
4 197 000 |
Tswana |
Botswana Namibie Zimbabwe |
1 070 000 6 050 29 350 |
4 000 000 |
Total | 9 142 400 | 12 048 000 |
Peu importe le nom qu'on leur donne, ces variétés de sotho sont parlées en Afrique du Sud, au Lesotho, au Botswana, en Namibie et au Zimbabwe. De plus, le sotho du Nord, appelé pedi ou sotho du Transvaal, est fragmenté en de multiples dialectes: masemola, kgaga, koni, tswene, gananwa, pulana, phalaborwa, khutswe, lobedu, tlokwa, pai, dzwabo, kopa et matlala-moletshi. Quant au tswana, on distringue le tlharo, le tlhaping et le tawana. Pour sa part, le sotho du Sud parlé au Lesotho est souvent considéré comme le «sotho correct».
Toutes les variétés ont leur propre orthographe, car elles n'ont jamais été normalisées. Il existe deux formes principales de représentation orthographique pour le sotho, l'une pour le sotho du Sud au Lesotho et l'autre pour le sotho du Nord en Afrique du Sud. Voici quelques exemples qui montrent comment les deux orthographes diffèrent :
Sotho du
Nord |
Sotho du Sud |
Traduction |
dumela | lumela | bonjour |
tjhelete | chelete | argent (monnaie) |
tsamaya | tsamaea | aller (v.) |
nwa | noa | boisson |
nkwe | nkoe | léopard |
morutwa | morutuoa | élève/étudiant |
kgotso | khotso | paix |
wena | uena | tu/vous |
O phela jwang? | U phela joang? | Comment allez-vous? |
En 1945 Jacob M. Nhlapo, membre du Parti du Congrès national africain (African National Congress), avait suggéré une orthographe commune pour les trois variantes du sotho (sotho du Sud, sotho du Nord et twana), mais le projet n'a jamais abouti, le gouvernement sud-africain n'ayant jamais voulu coopérer. Récemment, des universitaires tels que Neville Alexandre et C. T. Msimang ont de nouveau soulevé la question de l'harmonisation de certaines langues africaines, dont le sotho, en vain.
2.2 Les langues minoritaires
Les langues autochtones telles que le zoulou et le xhosa sont des langues bantoues, comme le sotho. Ainsi, les Lesothans d'origine partagent des éléments culturels et historiques importants. Il n'en est pas ainsi de l'anglais et de l'afrikaans parlés par les minorités blanches, mais ces langues, surtout l'anglais, ont un prestige indéniable. Il est relativement rare qu'un Britannique connaisse le sotho, mais il est fréquent qu'un Sotho sache ou baraguine l'anglais.
Enfin, 93 % des Lesothans sont des chrétiens (catholiques, évangéliques ou anglicans), les autres ayant conservé leurs croyances traditionnelles.
Les premiers habitants de cette région semblent avoir été les Bochimans. Les premiers groupes d'éleveurs basothos s'établirent sur ce territoire montagneux seulement au XVIIIe siècle, afin de s'échapper à l'expansion des Zoulous et à la progression des colons hollandais (Afrikaners). Au XIXe siècle, l'un des chefs sothos (de la tribu kwena: «crocodile») les plus remarquables de l'Afrique méridionale, Moshoeshoe Ier (vers 1786-1870), réussit à unifier les 23 ethnies de Sothos du Sud lors du Mfecane, une série de conflits nés de la rencontre des expansionnismes boers et zoulous. Moshoeshoe parvint à composer avec les missionnaires qui cherchaient à évangéliser le pays. Ce sont les missionnaires qui, en 1833, ont créé la forme écrite et l'orthographe du sotho, en particulier, les français Thomas Arbousset, Eugénie Casalis et Constant Gosselin, de la Société missionnaire évangélique de Paris (Paris Evangelical Missionary Society).
Puis, plus tard, Moshoeshoe s'allia aux
Britanniques pour lutter contre l'expansion des Boers près de ses terres (l'État
libre d'Orange). Mais les défenseurs du pays se trouvaient trop peu nombreux
et moins bien armés que les troupes adverses, le royaume se plaça alors sous la
protection britannique en 1868. Devenu un protectorat au sein de l'Empire
britannique, le royaume prit le nom de Basutoland. Refusant de
rendre les armes, les Sothos entamèrent en 1881 une guerre contre leurs
protecteurs. Toutefois, un compromis fut trouvé la même année: les armes furent
conservées, moyennant une taxe, et il fut assuré que les Blancs ne pourraient
acquérir de terre dans le pays. Précocement christianisée, les Sothos
durent aux missions un degré d'instruction assez élevé.
3.1 Du protectorat britannique à l'indépendance
En 1871, les Britanniques placèrent le Basutoland sous le contrôle de la colonie
du Cap, contre le gré des Sothos qui se soulevèrent. La Grande-Bretagne reprit le
contrôle direct du territoire en 1884. Contre le vœu des chefs sothos, la Loi de
l'union sud-africaine (South
African Act of Union) de 1910 prévoyait l'intégration de la région à l'Afrique du
Sud, mais le pays resta autonome et s'opposa à son annexion forcée.
La fondation du Parti du Congrès des Basothos (Basotho Congress Party: BCP) en
1952 marqua la naissance d'une vie politique moderne au Lesotho. Le BCP remporta
les premières élections de 1960, mais fut battu en 1965 par le Parti national
basotho (Basotho National
Party: BNP), fondé en 1958. Son dirigeant, le chef Joseph Leabua Jonathan, fut
nommé premier ministre. Le Basutoland devint indépendant sous le nom de
royaume du Lesotho,
le 4 octobre 1966.
3.2 Le Lesotho indépendant
Au moment de l'indépendance, le Lesotho devint une monarchie et le chef suprême des
Sothos, Moshoeshoe II (1938-1996), accéda officiellement au trône. Les dirigeants du Lesotho
durent faire preuve de pragmatisme à l'égard de l'Afrique du Sud, dont ils
recevaient le soutien, tout en rejetant l'apartheid. Le sotho fut choisi comme
langue co-officielle avec l'anglais, mais l'anglais a été
utilisé comme langue principale au gouvernement, en éducation et dans les
tribunaux durant plusieurs années après l'indépendance.
À la veille des élections de janvier 1970, Joseph Jonathan, craignant la défaite de son
parti, annula le scrutin et déclara l'état d'urgence. Gouvernant par décret
jusqu'en 1973, il fit arrêter les chefs du BCP, interdit les partis
d'opposition et suspendit la Constitution et le Parlement. Après l'échec d'une
révolte armée en 1974, les dirigeants du BCP durent s'exiler et formèrent un
groupe armé, l'armée de libération du Lesotho (Lesotho Liberation Army). Jonathan accusa le gouvernement
sud-africain d'héberger et d'encourager les rebelles. Les relations avec
l'Afrique du Sud s'envenimèrent encore dans les années quatre-vingt, lorsque
Jonathan refusa de chasser du Lesotho des membres exilés du Congrès national
africain (African National Congress: ANC), un mouvement nationaliste noir en lutte
contre le régime d'apartheid. Par deux fois, en 1982 et 1985, les forces
sud-africaines organisèrent des raids sanglants au Lesotho, contre l'ANC.
En 1986, Jonathan fut renversé par un coup d'État fomenté par le général
Lenkhanya. Les pouvoirs exécutif et
législatif furent officiellement confiés au roi Moshoeshoe II, mais, en pratique,
ils furent exercés par un Conseil militaire dirigé par le général de division
Justin Lekhanya. À la suite d'une lutte d'influence avec le conseil, le roi Moshoeshoe
II fut exilé en mars 1990. Son fils aîné, le prince Bereng Seeisa fut couronné
sous le nom de Letsie III, en novembre de la même année. En avril 1990, Lekhanya
fut destitué du Conseil militaire. Peu après, le Conseil annonça des élections
pluripartites pour 1992. Les élections, qui n'avaient eu lieu qu'en mars 1993, donnèrent
la victoire au BCP. Le chef du parti, Ntsu Mokhehle, devint premier ministre.
En août 1993, dans un contexte de grave crise politique, Letsie III suspendit la
Constitution et le Parlement, puis renvoya le gouvernement. Le mois suivant,
après l'intervention du Botswana, de l'Afrique du Sud et du Zimbabwe, le roi
rétablit le gouvernement de Ntsu Mokhehle, la Constitution et le Parlement pour
abdiquer en faveur de son père. Le vieux Moshoeshoe II rentra au Lesotho au début
de 1995 et fut
restauré sur le trône le 25 janvier. La situation politique du pays parut dès
lors stabilisée jusqu'au décès accidentel (un accident de la
circulation) du souverain en janvier 1996.
Letsie III, revenu au pouvoir, dirigea une monarchie parlementaire; en 1997, il fut accusé par l'armée d'abriter des policiers recherchés par la justice. En juin 1998, la contestation par l'armée et la population du résultat des élections favorables au Congrès du Lesotho pour la démocratie (LCD), le parti au pouvoir, entraîna des désordres et des pillages. Des troupes d'Afrique du Sud et du Botswana furent appelées par le premier ministre Pakalitha Mosisili, sans l'assentiment du souverain qui s’éleva contre l'intervention sud-africaine. Très pointilleuse sur la nature de ses relations avec Pretoria, la population sotho accusa son puissant voisin de considérer le Lesotho comme sa «onzième province».
Le Lesotho est un État officiellement bilingue. En principe, l'État devrait se préoccuper de la promotion et de l'usage des deux langues. En vertu de l'article 3 de la Constitution du 2 avril 1993, les langues officielles du Lesotho sont le sotho (sésotho) et l'anglais:
Article 3 Official languages, National Seal, etc. (1) The official languages of Lesotho shall be Sesotho and English and, accordingly, no instrument or transaction shall be invalid by reason only that it is expressed or conducted in one of those languages. [...] |
Article 3 Langues officielles, sceau national, etc. (1) Les langues officielles du Lesotho sont le sotho et l'anglais et, en conséquence, aucune transaction ou document ne sera déclaré illégal pour l'unique raison qu'il est rédigé ou mené dans l'une de ces langues. [...] |
Dans les faits, le sotho du Sud est considéré comme la langue nationale et la première langue officielle, alors que l'anglais est la seconde langue officielle.
L'État interdit également la discrimination dont celle en matière linguistique. L'article 4 prévoit une disposition à cet égard:
Article
4 Fundamental human rights and freedoms (1) Whereas every person in Lesotho is entitled, whatever his race, colour, sex, language, religion, political or other opinion, national or social origin, property, birth or other status to fundamental human rights and freedoms, that is to say, to each and all of the following - [...] |
Article
4 Droits de l'homme et libertés fondamentales (1) Attendu que quiconque au Lesotho a droit aux libertés fondamentales et aux droits de l'homme, indépendamment de sa race, sa couleur, son sexe, sa langue, sa religion, ses opinions politiques ou autres, son origine nationale ou sociale, ses titres de propriété, sa naissance ou tout autre statut, c'est-à-dire à chacun et ci-après - [...] |
D'ailleurs, l'article 18 définit ce que signifie le mot «discriminatoire». Quant à l'article 26, il prévoit uns disposition en matière d'égalité et de justice:
Article
26 Equality and justice (1) Lesotho shall adopt policies aimed at promoting a society based on equality and justice for all its citizens regardless of race, colour, sex, language, religion, political or other opinion, national or social origin, property, birth or other status. (2) In particular, the State shall take appropriate measures in order to promote equality of opportunity for the disadvantaged groups in the society to enable them to participate fully in all spheres of public life. |
Article
26 Égalité et justice (1) Le Lesotho adoptera la politique visée promouvant une société basée sur l'égalité et la justice pour tous ses citoyens, indépendamment de sa race, sa couleur, son sexe, sa langue, sa religion, son opinion politique ou autre, son origine nationale ou sociale, ses titres de propriété, sa naissance ou de tout autre statut. (2) De façon particulière, l'État prendra des mesures appropriées pour promouvoir l'égalité des chances à l'égard des groupes désavantagés dans la société pour leur permettre de participer entièrement à toutes les sphères de la vie publique. |
4.1 Le bilinguisme de l'État
Le sotho et l'anglais étant les langues co-officielles, l'article 58 prévoit que la connaissance d'une des deux langues est une condition nécessaire pour être nommé au Sénat ou élue à l'Assemblée nationale:
Article
58 Qualifications for membership of Parliament (1) Subject to the provisions of section 59 of this Constitution, a person shall be qualified to be nominated as a Senator by the King acting in accordance with the advice of the Council of State or designated by a Principal Chief as a Senator in his place if, and shall not be so qualified unless, at the date of his nomination or designation, he -
2) Subject to the provisions of section 59 of this Constitution, a person shall be qualified to be elected as a member of the National Assembly if, and shall not be so qualified unless, at the date of his nomination for election, he -
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Article
58 Qualifications pour devenir membre du Parlement (1) Conformément aux dispositions de l'article 59 de la présente Constitution, toute personne pourra se qualifier pour être nommée sénateur par le roi agissant conformément à l'avis du Conseil d'État ou désigné par un chef principal comme sénateur à sa place, si et seulement, à la date de sa mise en nomination, elle :
(2) Conformément aux dispositions de l'article 59 de la présente Constitution, toute personne pourra se qualifier pour être élue membre de l'Assemblée nationale si, et seulement si, à la date de sa mise en nomination en vue de l'élection, elle: -
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Dans les faits, les membres du Sénat et de l'Assemblée nationale emploient les deux langues, mais dans les délibérations le sotho est plus utilisé. Les lois sont rédigées en sotho, puis traduite en anglais.
Dans les cours de justice, les deux langues sont admises. Certaines dispositions (art. 6, 12 et 21 prévoient que quiconque est arrêté ou détenu sera informé, aussitôt qu'il est raisonnable de le faire, dans une langue qu'il comprend, des motifs de son arrestation ou de sa détention:
Article
6 Right to personal liberty [...] (2) Any person who is arrested or detained shall be informed as soon
as is reasonably practicable, in a language that he understands, of
the reasons for his arrest or detention. [...]
[...] [...]
Article
21 [...]
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Article
6 Droit à la liberté personnelle [...] (2)
Quiconque est arrêté ou détenu sera
informé, aussitôt qu'il est raisonnable de le faire, dans une langue qu'il
comprend, des motifs de son arrestation ou de sa détention. [...]
[...] [...]
Article
21 [...]
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Ces dispositions laissent entendre, par exemple, qu'un Zoulou ou un Xhosa pourrait recourir aux services d'un interprète s'il ne comprend pas l'une des deux langues officielles.
Recto unilingue anglais d'un
billet de banque de 20 maloti
Dans les services publics, les fonctionnaires répondent dans la langue du client, c'est-à-dire en sotho, rarement en anglais. Les autres langues ne sont pas prises en considération, les fonctionnaires n'étant tenus que de connaître le sotho et l'anglais. Pour un État bilingue, il est quand même curieux que les billets de banque soient en anglais au recto, et non pas dans les deux langues; au verso, on trouve MALOTI A MASHOME A MABELI, le premier mot étant le nom de la monnaie nationale (ici: 20 maloti).
4.2 L'éducation bilingue
L'éducation est obligatoire de 6 à 13 ans et gratuit au niveau primaire (pour un cycle de sept ans). Le taux d'alphabétisation est de 90,7 %, ce qui place le Lesotho au premier rang des pays d'Afrique en ce domaine. Si le taux de scolarisation dans le secondaire est de 73 %, il n'est que de 1,3 % au niveau universitaire. Contrairement à ce qu'on observe dans beaucoup d'autres pays africains, la participation des femmes dans l'enseignement primaire et secondaire est bien supérieure à celle des hommes.
Dans les écoles primaires, le sotho reste la principale langue d'enseignement jusqu'à l'âge de neuf ans (environ), soit la 5e année; durant les 6e et 7e années, l'anglais est introduit progressivement comme langue d'enseignement. Au secondaire, l'anglais devient la seule langue d'enseignement, tandis que le sotho reste une matière d'enseignement. À l'université, l'anglais demeure également la langue d'enseignement, mais le sotho peut être étudié comme matière.
4.3 Les médias
Le gouvernement sud-africain contrôle les médias officiels (une station d'émission, des actualités quotidiennes d'une durée d'une heure sur un canal local de télévision et deux journaux hebdomadaires) et s'assure qu'ils reflètent fidèlement les positions officielles. En 1970, le Lesotho ne disposait d'aucun quotidien. Les journaux disponibles étaient tous bilingues et paraissaient en sotho et en anglais. Il existe aujourd'hui moins d'une vingtaine de journaux hebdomadaires et des magazines. Les journaux hebdomadaires tels que Makatolle, MoAfrica et Mohlanka sont publiés en sotho, mais The Mirror est en anglais, alors que Mopheme-The Survivor est bilingue. Du côté des périodiques, Leselinyana, Leseli Ka Sepolesa, Litsoakotleng et Moeletsi oa Basotho paraissent en sotho; mais Justice and Peace, Shoeshoe et NGO Web News sont bilingues. Quelques autres sont en anglais.
Dans les médias électroniques, la radio nationale (Radio Lesotho) diffuse en sotho, mais également en anglais (bulletins d'informations). Il est est ainsi pour la télévision (National TV Station), sauf que plusieurs émissions produites à l'extérieur du pays sont diffusées uniquement en anglais.
Le Lesotho a développé une certaine politique de bilinguisme qui consiste à promouvoir la langue nationale (le sotho) sans pour autant abandonner la langue coloniale (l'anglais). Cet aspect de la politique linguistique semble avoir relativement réussi, mais le sotho n'a pas encore trouvé la place qui lui revient, l'anglais ayant encore préséance, alors qu'il est la «seconde langue officielle».
Pour ce qui est des minorités nationales, la politique linguistique en est à ses balbutiements. Il est vrai que la langue nationale est parlée par 96 % de la population, mais les minorités zouloues sont néanmoins laissées à elles-mêmes. Par ailleurs, les petites minorités asiatiques telles que les Chinois et les Indo-Pakistanais, tous très actives dans la vie commerciale du pays, ont développé certaines rancoeurs en raison de la discrimination qu'ils disent subir. La problème n'est pas linguistique, car ces communautés ne demandent pas d'imposer l'usage de leur langue, mais d'ordre socio-économique. Bref, le Lesotho pratique une politique de bilinguisme institutionnel pour les langues officielles, mais la non-intervention en matière de langues non officielles.
Bibliographie
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