Commission Laurendeau-Dunton
1963-1971

La
Commission royale d'enquête sur le
bilinguisme et le biculturalisme (en anglais: Royal
Commission on Bilingualism and Biculturalism) ou «commission
BB», plus connue sous le nom de «commission Laurendeau-Dunton», du
nom de ses coprésidents, André Laurendeau et A. Davidson Dunton, est
une commission royale d'enquête instituée par le gouvernement canadien de Lester
B. Pearson, le 19 juillet 1963. Elle eut
comme mandat d'enquêter sur l'état du bilinguisme et du
biculturalisme.
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André Laurendeau était alors éditeur du quotidien Le Devoir,
et Davidson Dunton, président de l'Université Carleton (Ottawa). M.
Laurendeau décédera en 1968 et il dut être remplacé par Jean-Louis
Gagnon à ce poste. Pour résumer, l'enquête de la commission couvrait
trois principaux aspects :
- l'étendue du
bilinguisme dans l'administration fédérale;
- le rôle des organismes publics et privés dans la promotion de
meilleures relations culturelles;
- les perspectives offertes aux Canadiens de devenir bilingues
en français et en anglais.
Dix commissaires, un par
province, tous bilingues, représentant la diversité linguistique et culturelle
du Canada furent choisis. La Commission poursuivit tous ses travaux dans les
deux langues, le français et l'anglais.
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La commission devait faire
des recommandations en vue d'assurer une reconnaissance élargie de la dualité
culturelle au Canada. Tel qu'exprimé dans le mandat de la Commission royale
d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, l'enjeu fondamental se lisait
ainsi: «Recommander les mesures à prendre pour que la Confédération canadienne
se développe d'après le principe de l'égalité entre les deux peuples
fondateurs.» Dans son rapport paru en 1967, la Commission Laurendeau-Dunton faisait longuement état des différences constatées entre le
Québec et les autres provinces canadiennes. Elle concluait à l'existence de
deux sociétés distinctes, dont l'une était formée par le Québec:
Ignorer cette réalité dans notre rapport ne serait pas seulement une
grave erreur. Ce serait aussi risquer que le Québec refuse de nous écouter
et ce serait en même temps priver le Canada anglais de la chance de prendre
conscience d'un élément particulièrement grave de la situation actuelle du
pays. |
En même temps, la
Commission allait proposer au gouvernement fédéral d'adopter une politique
de bilinguise institutionnel pour l'État, car ce n'est pas aux Canadiens
d'être bilingues, mais l'État: «Si chacun devient complètement bilingue dans
un pays bilingue, l'une des langues sera superflue.» Les partisans du
bilinguisme espéraient aussi que les Québécois seraient amenés à considérer
le Canada comme «leur nation», et non plus seulement le Québec. Les
commissaires furent guidés par le principe directeur d'un «partenariat égal»
impliquant l'égalité des chances, tant pour les francophones que pour les
anglophones, de se joindre aux institutions concernant leur vie individuelle
et collective.
Les commissaires devaient
aussi faire rapport sur l'apport culturel des autres groupes ethniques et sur
les moyens de conserver cet apport. Le rapport final comptait six volumes:
1. Les langues
officielles (1967);
2. L'éducation (1968);
3. Le monde du travail (statut socio-économique, administration
fédérale, secteur privé, 1969);
4. L'apport culturel des autres groupes ethniques (1969);
5. La capitale fédérale (1970);
6. Associations bénévoles (1970).
Au final, la commission allait
recommander que le français et l'anglais soient déclarés les langues
officielles du Canada, tant au niveau du gouvernement fédéral que
pour les provinces de l'Ontario et du Nouveau-Brunswick. Le rapport
révéla, entre autres, que les francophones étaient sous-représentés
dans la fonction publique fédérale. Des statistiques datant de 1961
sur le salaire moyen des hommes québécois, classés selon l'origine
ethnique, dénonçaient aussi que tous les groupes ethniques étaient
mieux payés que les francophones, sauf chez les Québécois d'origine
italienne et chez les Amérindiens.
Toutefois, les principales recommandations de la Commission
Laurendeau-Dunton furent à peu près ignorées par le gouvernement fédéral,
pourtant largement dominé par des Québécois francophones (alors les
«trois colombes»: Pierre Elliot Trudeau, Jean Marchand et Gérard
Pelletier). Complètement obnubilés par leur idéologie anti-nationaliste, ces francophones fédéraux
préférèrent laisser tomber la notion des «peuples fondateurs» pour favoriser
«le bilinguisme et le multiculturalisme». Après le multiculturalisme, le
gouvernement de Pierre-Elliott Trudeau
adopta en 1969 une législation sur les langues officielles (Loi sur
les langues officielles) accompagnée d'une notion de services
dans la langue minoritaire au sein des organismes et des
institutions relevant de la juridiction fédérale.

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