Oblast de Russie

Kaliningrad

(Калининград)

Oblast de la fédération de Russie

 

Capitale: Kaliningrad
Population: 955 281 habitants (2005)
Langue officielle: russe
Groupe majoritaire: russe (78 %)
Groupes minoritaires: biélorusse (34,4 %), ukrainien (10,4 %), lituanien, polonais, allemand, etc.
Système politique: oblast de Russie 
Articles constitutionnels (langue): art. 68 de la Constitution du 12 décembre 1993
Lois linguistiques: 
Loi sur les langues des peuples de la fédération de Russie (1991), modifiée par la loi fédérale du 24 juillet 1998; Loi sur l'autonomie culturelle (1996); Loi sur la dénomination des toponymes; Loi sur l'éducation (du 10 juillet 1992 sur l’éducation), Loi sur les garanties des droits des peuples autochtones peu nombreux de la fédération de Russie (1999), Loi sur la langue officielle de la fédération de Russie (2004)

1 Situation géopolitique

Kaliningrad est une enclave russe — l'oblast de Kaliningrad ou «iantarny kraï» (Калининград), qui signifie «pays de l’ambre» — au bord de la mer Baltique. Cette enclave de 15 100 km² (équivalant à la moitié de la Belgique) est entourée à l'est et au nord par la Lituanie, au sud par la Pologne.

Il s'agit d'un ancien territoire allemand faisant partie de la Prusse orientale et appelé alors le Königsberg. À la suite des accords de Yalta (février 1945) et de Potsdam (juillet-août 1945), le territoire a été rattaché à l’Union soviétique et intégré à la République socialiste fédérative de Russie. Lors de la disparition de l’URSS, Kaliningrad devint partie intégrante de la fédération de Russie, dont l'enclave est géographiquement séparée par la Lituanie et la Lettonie. Aujourd'hui, le petit territoire russe est cerné par les pays membres de l’Union européenne (Pologne et Lituanie).

Comme tous les oblasts de la fédération de Russie, Kaliningrad possède un gouverneur nommé par le président de la Fédération et un pouvoir législatif élu localement. Le chef-lieu de l'oblast est Kaliningrad.

L'oblast de Kaliningrad possède le seul port de la Russie, ouvert à l'année longue et libre de glace, même durant l'hiver. C'est pourquoi Moscou n'a pas l'intention de s'en départir, bien qu'aucun pays n'ait de revendication territoriale, ni ne conteste ouvertement la souveraineté russe sur l'oblast. Le nom de Kaliningrad provient du nom du président Praesidum du Soviet suprême et membre du Comité central du Parti communiste, Mikhaïl Kalinine, lorsque l'URSS reçut le territoire en 1946. L'URSS aurait négocié (?) le territoire en compensation des destructions et des pertes subies lors de la Seconde Guerre mondiale.

2 Données démolinguistiques

La population du territoire de Kaliningrad de 955 281 habitants (en 2005), dont 422 000 dans le chef-lieu de Kaliningrad. Les russophones forment 78 % de la population. On trouve aussi des Biélorusses (8 %), des Ukrainiens (7 %) ainsi que quelques petites minorités lituaniennes et polonaises. Depuis quelques années, des descendants d'Allemands de la Volga se sont installés dans l'oblast de Kaliningrad. Les familles de militaires russes représentent une partie importante de la population, soit 20 %. 

Plus de 95 % de la population kaliningradoise parle le russe, soit comme langue maternelle soit comme langue seconde.

3 Données historiques

L'ancienne ville allemande de Königsberg s'est développée autour d'une forteresse bâtie par les chevaliers Teutoniques en 1255. De 1457 à 1525, la forteresse devint la résidence officielle du grand maître de l'ordre Teutonique et, de 1525 à 1618, accueillit les ducs de Prusse. Frédéric Ier fut couronné en tant que premier roi de Prusse dans la chapelle du château en 1701. Après la de Première Guerre mondiale, la ville de Königsberg devint la capitale de la province allemande de la Prusse orientale.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la ville de Königsberg  fut occupée par les troupes soviétiques. Ce sont les accords de Yalta en février 1945 et de Potsdam en juillet-août 1945, qui rattachèrent ce petit territoire allemand en dédommagement de la Seconde Guerre mondiale. La Prusse orientale fut alors partagée entre la Pologne, qui reçut les deux tiers du territoire, et l’Union soviétique, qui occupait le reste du territoire. Mais le traité de paix qui devait sceller cet accord entre les alliés et les puissances de l’Axe ne fut jamais signé.

L'URSS évacua en 1948 les populations allemandes qui n’avaient pas fui devant l’avancée de l’Armée rouge en 1945; elles furent toutes expulsées en Allemagne de l'Est. Par la suite, l'URSS incita des Russes, des Biélorusses, des Ukrainiens et des Lituaniens à venir s'installer dans le territoire de Kaliningrad. Tous les noms de lieu furent russifiés, y compris Königsberg qui devint Kaliningrad. Néanmoins, l'ancienne présence allemande survit encore dans l'architecture pré-soviétique.

Kaliningrad acquit aussitôt une fonction stratégique, grâce notamment à la présence de la Flotte de la mer Baltique et demeura interdite aux étrangers. Les effectifs de la Flotte soviétique atteignirent rapidement les quelque 100 000 hommes. En 1991, lors du démembrement de l’URSS, le territoire de Kaliningrad fut considéré comme une menace par l'Europe de l'Ouest. La Russie réduisit sa Flotte à quelque 10 000 hommes en 2005, tandis que son commandement fut déplacé à Saint-Pétersbourg. L'enclave russe fut laissée à elle-même et acquit la réputation d’une région pauvre, dépendante, isolée et polluée, aux prises avec des trafics de drogues et d'armes, des réseaux de prostitution et de la contrebande transfrontalière.

Dès lors où les pays baltes et la Pologne manifestèrent leur désir de joindre l'Union européenne, l'enclave russe devint une source de préoccupation pour Bruxelles, ce qui suscita aussi un regain d’intérêt de la part de Moscou. En raisons des accords de Schengen, les frontières de Kaliningrad devinrent en juillet 2003 des frontières extérieures de l'Union européenne, ce qui eut pour effet de rendre encore plus difficiles les liaisons terrestres avec la Russie. Le 27 avril 2004, un accord entre l'Union européenne et la Russie fut trouvé en exemptant de droits de douane et de transit les marchandises traversant le territoire lituanien.

De son côté, la Russie considère primordial le rôle stratégique de Kaliningrad comme potentiel défensif russe dans la région de la mer Baltique. Avec la disparition de l'Union soviétique, il ne reste plus à la Russie que deux bases navales sur la mer Baltique: Kronstadt (Saint-Pétersbourg) bloquée par les glaces l'hiver et Baltiisk, dans l'oblast de Kaliningrad. La Russie craint aussi la menace séparatiste des Kaliningradois. Elle a augmenté sa présence militaire de manière significative: il y aurait présentement quelque 60 000 militaires dans l'enclave. Par ailleurs, la Lituanie, qui fournit à l'oblast 80 % de son électricité et couvre une grande partie de ses besoins alimentaires, exige une démilitarisation totale de l'oblast.

4 Politique linguistique

L'oblast de Kaliningrad est soumise aux lois de la fédération de Russie. Seul l'article 68 de la Constitution du 12 décembre 1993 traite de la question linguistique:

Article 68

1) La langue officielle de la fédération de Russie sur l'ensemble du territoire est le russe.

2) Les républiques ont le droit d'établir leurs langues officielles. Dans les organismes du pouvoir de l'État et les organismes des collectivités locales, les établissements d'État de la république, elles sont utilisées parallèlement à la langue officielle.

3) La fédération de Russie garantit à tous ses peuples le droit au maintien de la langue maternelle, l'établissement de conditions permettant son étude et son développement.

Cela signifie que, partout dans le territoire de la fédération de Russie, y compris à Kaliningrad, le russe conserve des droits et sert de langue des communications inter-ethniques entre les entités étatiques ou administratives.

L'article 1 de la Loi sur la langue officielle de la fédération de Russie de 2004 reprend les dispositions de la Constitution avec plus de précisions quant à l'usage du russe comme langue officielle:

Article 1

Le russe comme langue officielle de la fédération de Russie

1) En vertu de la Constitution de la fédération de Russie, la langue officielle de la fédération de Russie sur tout son territoire est le russe.

2) La situation du russe comme langue officielle de la fédération de Russie prévoit la nécessité de l'usage du russe dans les domaines définies par la présente loi fédérale, d'autres lois fédérales, la Loi de la fédération de Russie du 25 octobre 1991, no 1807-I, «sur les langues des peuples de la fédération de Russie» et d'autres actes juridiques réglementaires de la fédération de Russie, sa protection et son soutien, ainsi que la garantie du droit des citoyens de la fédération de Russie pour l'usage de la langue officielle de la fédération de Russie.

3) Les règles de confirmation des normes de la langue russe littéraire moderne, qui est utilisée à titre de langue officielle de la fédération de Russie, et les règles de l'orthographe et de la ponctuation russe sont définies par le gouvernement de la fédération de Russie.

4) La langue russe comme langue officielle de la fédération de Russie est la langue contribuant à la compréhension mutuelle, le renforcement des relations interethniques des peuples de la fédération de Russie dans l'État multinational commun.

5) La protection et le soutien du russe comme langue officielle de la fédération de Russie contribuent à l'amélioration et au mutuel enrichissement de la culture spirituelle des peuples de la fédération de Russie.

6) Dans l'utilisation du russe comme langue officielle de la fédération de Russie, l'emploi des expressions et mots du langage populaire et injurieux, ainsi que les mots étrangers avec des équivalents communs en russe, est interdit.

Étant donné que la quasi-totalité de l'oblast de Kaliningrad parle le russe, celle-ci n'a pas manifesté le désir de choisir en plus une autre langue officielle. Toute la vie sociale se déroule en russe, que ce soit l'Administration, les tribunaux, les écoles ou les médias. Cependant, les Kaliningradois peuvent aujourd'hui capter les ondes en provenance de la Pologne, de la Suède ou de l'Allemagne. On peut consulter une version française de la Loi sur la langue officielle de la fédération de Russie en cliquant ICI, s.v.p.

Il n'existe guère de véritable politique linguistique particulière dans cette enclave russe. Comme dans tous les oblasts russes, le russe est omniprésent. Tout au plus, enseigne-t-on maintenant l'anglais langue seconde dans les écoles. Il n'existe aucune minorité nationale, tous les Allemands d'origine ayant été déportés en 1948. Les autres minorités, les Ukrainiens, les Lituaniens et les Polonais, sont considérées comme faisant partie du peuple russe. Il en est ainsi des nouveaux immigrants allemands de la Volga.

     

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