Le génois

 Le génois est une langue indo-européenne apparentée à la fois à l’italien et aux langues celtiques. Il est aujourd’hui utilisé comme «langue régionale» dans ce qu’on appelle la «Ligurie».

La Ligurie actuelle correspond à une région d’Italie formant un arc étroit et bordé au sud par le golfe de Gênes et au nord par la chaîne des Alpes maritimes et des Apennins. 

À l’origine, cette région était habitée par les Ligures et s’étendait des villes actuelles de La Spezia en Italie jusqu’à Marseille en France, en incluant Monaco. Les historiens qualifient souvent les Ligures de «Celto-Ligures» du fait que la population résultait d’un mélange de Ligures et de Celtes.

On sait que les Ligures ont formé la couche la plus ancienne du peuplement d’Italie, leur installation remontant au début du IIe millénaire avant notre ère. Ils furent soumis puis exterminés par les Romains au IIe siècle avant notre ère. Leur langue, le ligurien, n’était sans doute pas d’origine indo-européenne, mais peu d’études semblent avoir été consacrées sur ce sujet, et la question reste quelque peu ouverte.

La langue génoise actuelle conserve encore des influences liguriennes, mais elle est devenue romano-celtique et indo-européenne. Dès le Ve siècle de notre ère, le ligure était tellement celtisé qu’on le distinguait à peine du gaulois. À partir du XIIIe siècle, le génois constitua une langue prestigieuse en raison des activités économiques florissantes de la république de Gênes. Durant tout le Moyen Âge, le génois fut utilisé comme langue administrative et comme langue diplomatique dans une bonne partie de la Méditerranée. Malgré une domination politique de cinq siècles, les Génois ne réussirent pas à propager leur langue, sauf dans quelques îlots linguistiques en Corse et en Sardaigne; ils adoptèrent eux-mêmes le toscan comme langue écrite.

Le génois demeura la langue parlée des Génois jusqu’au XIXe siècle, mais périclita lorsque disparut la république de Gênes. Dès le début du XIXe siècle, l’italianisation de la Ligurie entraîna la dialectalisation du génois, mais son utilisation perdura comme langue régionale en Italie (en Ligurie), et semble encore assez répandue. En effet, le nombre de locuteurs parlant le génois serait d’au moins 700 000 sur une population estimée à environ 1,7 million d’habitants, soit 41 %. 

En France, il existe encore des îlots liguriens, dont les locuteurs parlent certaines variétés de génois. Il s'agit de régions alpines du nord des Alpes-Maritimes (no 06), le long de la frontière entre la France et l'Italie (cf. le point rouge sur la carte de gauche). Ces populations habitent les villages de Tende, La Brigue, Saorge, Le Fontan, Breil-sur-Roya, Piene-Haute, Libre ainsi que leurs hameaux. On pense que cet ensemble représente quelques milliers de locuteurs, actifs ou passifs. 

En plus de l’Italie et de la France, on utilise des variétés liguro-génoises à Monaco — la langue monégasque — et en Sardaigne, notamment à Carloforte (île de San Pietro) et à Calasetta (île de San Antioco), ainsi qu’à Bonifacio (île de Corse). Des parentés linguistiques peuvent également être constatées avec certains dialectes méridionaux de l'Italie, notamment le calabrais.

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