Grèce

3) La politique linguistique
à l'égard de la langue grecque

1 La politique linguistique traditionnelle

La Grèce a toujours attaché une grande importance à la préservation de sa langue et de sa culture. Avec la religion, la langue représente l'une des valeurs essentielles de l'identité nationale grecque. Dès sa fondation en 1824, l'État grec, suivant en cela le cadre idéologique de la création des États-nations en Europe, n'a jamais adopté le bilinguisme ou le multilinguisme; il s'est déclaré un État homogène de langue grecque et de religion orthodoxe. Durant près d'un siècle, toute la politique linguistique de l'État grec consistait à assurer la continuité du grec ancien au sein de la société grecque. Ce fut la longue guerre linguistique qui a opposé les tenants du grec ancien  ̶  la katharévousa ou la «langue pure»  ̶  et les partisans du grec moderne  ̶  le démotique  ̶ , deux langues de même origine, mais qui ont évolué de façon fort différente. La question linguistique fut résolue en 1976 lorsque le gouvernement fit adopter, dans une simple loi scolaire, le démotique comme la langue d'usage de l'État.

1.1 La notion de «langue officielle»

Le grec n'a jamais été déclaré dans une loi ou dans la Constitution la «langue officielle» de l'État grec. Même l'article 6 de la Constitution de 1968, celle du régime des colonels, ne mentionnait pas que le grec était la langue officielle: «La langue officielle de l'État et de l'enseignement est celle dans laquelle sont rédigés la Constitution et les textes de la législation hellénique.» Cette formulation consistait à imposer la katharévousa sans avoir besoin de la nommer ni de la définir. Or, le texte de la Constitution et des lois était rédigé dans la version de la katharévousa, la «langue pure», une langue qui n'était plus employée à l'oral.

Quant à l'article 2 de la loi n° 309/1976 qui a relégué aux oubliettes la katharévousa pour le démotique, il énonce seulement au paragraphe 1 que la langue néo-hellénique doit être employée dans l'enseignement à partir de l'année scolaire de 1976-1977 et que, au paragraphe 2, cette langue néo-hellénique est «l'instrument expressif national utilisé par le peuple grec et les écrivains importants de la Nation et basé sur la forme démotique».

On ne trouve nullement dans quelque texte juridique que ce soit que «le grec est le langue officielle de la Grèce», comme cela est le cas à l'article 2 de la Constitution française qui se lit comme suit: «La langue de la République est le français.»  Ce type de proclamation n'a jamais existé pour la langue grecque contemporaine!

Par conséquent, le grec bénéficie du statut de langue officielle en Grèce dans les faits (de facto), non par la loi (de jure). D'ailleurs, l'expression équivalente en grec de «langue officielle», soit επίσημη γλώσσα ("epísimi glóssa") n'apparaît nulle part, c'est-à-dire dans aucun texte de loi contemporain en vigueur, ce qui n'empêche pas que le grec soit consacré comme la langue de toutes les fonctions administratives de l'État grec. Même la Constitution de 1968 dans l'expression Eπίσημηος γλώσσα (en katharévousa) de l'article 6 ne faisait pas référence au grec, mais à la katharévousa, sans la nommer. 

Bref, lorsqu'on parle du grec comme «langue officielle» en Grèce, il s'agit d'une convention sociopolitique qui reconnaît que, dans les faits, c'est la réalité juridique. C'est exactement comme aux États-Unis, alors que nulle part dans la Constitution américaine ou dans tout autre texte institutionnel ou législatif, il n'y a de définition ou de proclamation d'une langue officielle au niveau fédéral. Mais l'anglais est la langue officielle de facto, comme le grec peut l'être en Grèce.

La Constitution de 1975, ne traite que de la langue des Saintes Écritures (art. 3), pas celle en usage dans le pays; de plus, elle ne fait que mentionner l'interdiction de la discrimination fondée sur la nationalité, la race, la langue, les convictions religieuses ou politiques (art. 5). Dans un pays où 85 % de la population parle la même langue, il apparaît en effet peu pertinent de proclamer une langue officielle qui s'impose de toute façon dans la pratique quotidienne.

1.2 La révision constitutionnelle

La révision de la Constitution grecque de 1975 était en cours de discussion et de préparation depuis quelques années. Elle aurait pu ou même dû mettre sur la table l'importante question de la langue grecque, qui semble largement oubliée et ostensiblement négligée par les dirigeants politiques du pays. Rappelons qu'il n'existe pas formellement de langue officielle pour le peuple grec et son État, qui soit reconnue et protégée par sa constitution. La Grèce, comme bien d'autres pays, se voit pourtant envahir dans les rues et les places publiques par des enseignes commerciales et professionnelles, qui portent dans leur majorité des noms étrangers, principalement en anglais, sans compter que de nombreux noms grecs sont désormais présentés en lettres latines. Il y a aussi la question de la religion d'État avec l'Église orthodoxe, perçue de plus en plus comme une anomalie en Europe. Il faudrait garantir explicitement la neutralité religieuse de l'État, tout en préservant pour des raisons historiques la reconnaissance de l'orthodoxie en tant que religion dominante, en précisant que cela n'a pas de conséquences discriminatoires pour aucune autre religion.

Mais la procédure de révision constitutionnelle est longue et complexe, car l’article 110 de la loi fondamentale est particulièrement contraignant afin d’éviter que la Constitution ne soit à la merci de majorités politiques changeantes. Par exemple, cet article 110 fixe une limite temporelle à la révision : aucune nouvelle procédure ne peut être entamée dans un délai de cinq ans à compter de «l’achèvement de la précédente procédure». Il arrive que le cumul d’obstacles entraîne des révisions relativement retreintes, comme en 1986, en 2001, en  2008 et en 2019.

En février 2019, le Parlement grec a adopté les révisions constitutionnelles proposées par le gouvernement; les modifications concernent 28 articles de la Constitution grecque, mais au final neuf modifications ont reçu les votes nécessaires pour être adoptées, sur un total de 49 proposées par toutes les parties au cours de la procédure. Cependant, aucune de ces modifications ne porte sur la langue, ni sur le rôle de la religion. Avec la majorité absolue de 151 voix, l'article 3 de la Constitution grecque concernant les relations entre l'Église grecque et l'État devrait être révisé par le prochain Parlement qui émergera des élections. Cette situation démontre bien que la langue et le religion en Grèce sont des sujets tellement explosifs qu'on n'ose même plus y toucher.

1.3 La langue de la législation grecque

Le Parlement grec (en grec moderne : Βουλή των Ελλήνων ou "Voulí ton Ellínon", ce qui signifie «Conseil des Grecs») est le parlement monocaméral de la Grèce; il est composé de 300 députés (βουλευτές) ou "vouleftes" élus pour un mandat de quatre ans au suffrage universel direct par les citoyens grecs. Le règlement intérieur du Parlement ne traite aucunement de la langue utilisée lors des débats, mais seul le grec est employé, de même que dans la rédaction des lois et règlements. La législation électorale ne traite pas davantage de la langue au moment des élections.

Les seuls textes où l'on fait mention de la question linguistique concernent les règles du Parlement européen qui garantissent des conditions de travail égales à tous les députés afin qu'ils puissent avoir un accès complet aux informations dans la langue officielle de leur pays  ̶  donc le grec en Grèce  ̶ , ce qui s'applique évidemment aux députés grecs.

2 La langue des tribunaux

Nous savons que la religion et l'État font bon ménage en Grèce, puisque l'Église orthodoxe n'est pas séparée de l'État qui paye les salaires des popes, comme ceux de tout membre du clergé orthodoxe. Ce sont des employés de l'État!

2.1 Le blasphème

Or, l’article 198 du Code pénal (1962) grec punit quiconque, en public et avec malveillance, offense Dieu de quelque manière que ce soit, et quiconque manifeste en public, en blasphémant, un manque de respect envers le sentiment religieux:

Article 198

Le blasphème malveillant

1) Quiconque, en public et par malveillance, offense Dieu est passible de deux ans d'emprisonnement.

2) Quiconque, sauf dans ce qui est prévu au paragraphe 1, manifeste en public en blasphémant un manque de respect envers le sentiment religieux, est passible de six mois ou d'une amende de 3000 euros.

Toute personne contrevenante est passible de six mois ou d'une amende de 3000 euros (3490 $US). Le texte ne mentionne pas si le blasphème doit être en grec, mais nous savons qu'en Grèce les partis politiques sont peu désireux de se mettre à dos la très influente Église orthodoxe. La Grèce n'est pas le seul pays de l'Union européenne à punir le blasphème; sept autres pays entrent également dans cette catégorie, malgré la très faible application de ce type de législation (Allemagne, Danemark, Irlande, Italie, Malte, Pays-Bas et Pologne).

2.2. La langue des procès

En réalité, tous les procès se déroulent en grec. Le Code de procédure civile (1985) prévoit que, en cas de besoin, un interprète doit être embauché si un justiciable, un témoin, un expert ou l'une des parties ignore la langue grecque: 

Article 252

1) Si un témoin, un expert ou l'une des parties présentes ou leurs représentants judiciaires qui comparaissent en personne à l'audience ou à la procédure de l'acte de procédure ignore la langue grecque, un interprète est embauché. S'il s'agit d'une langue peu connue, un traducteur de l'interprète de relais peut être recruté.

2) La déposition du témoin est consignée dans le procès-verbal ou dans le rapport de traduction.

3) Les interprètes sont nommés par le juge et dans les tribunaux à plusieurs membres par le président du tribunal et, à moins qu'ils n'aient été assermentés comme interprètes, ils doivent prêter serment conformément à l'article 408 pour s'acquitter de leurs fonctions avec fidélité et précision, et ils peuvent être exclus pour les mêmes raisons que les experts.

Article 454

Si le document soumis a été rédigé dans une langue étrangère, il doit être présenté dans une traduction officielle certifiée par le ministère des Affaires étrangères ou une autre personne juridiquement compétente ou par l'ambassade ou le consulat grec du pays où le document a été rédigé ou par  l'ambassade en Grèce ou du consulat du même pays. Dans tous les cas, le tribunal peut ordonner que le document soit traduit en grec par un expert.

Par le fait même, si un document soumis est rédigé dans une langue étrangère, il doit être présenté dans une traduction officielle certifiée par le ministère des Affaires étrangères ou une ambassade.

2.3 L'interprétariat

L'article 233 du Code de procédure pénale (2019) prévoit également le recours à un interprète lorsqu'un suspect, un accusé ou un témoin qui ne parle pas ou ne comprend pas suffisamment la langue grecque:

Article 233

Désignation d'un interprète

1)
À tout stade de la procédure pénale, lorsqu'un suspect, un accusé ou un témoin
qui ne parle pas ou ne comprend pas suffisamment la langue grecque doit être interrogé, il doit bénéficier d'une interprétation sans délai. Si c'est nécessaire, des services d'interprétation sont disponibles pour la communication entre l'accusé et ses avocats à tous les stades de la procédure pénale. Le droit à l'interprétation en vertu des alinéas précédents comprend une assistance appropriée aux personnes malentendantes ou souffrant de troubles de la parole. À chaque étape de la procédure pénale, l'examinateur vérifie par tout moyen approprié si le suspect ou l'accusé parle et comprend la langue grecque et s'il a besoin de l'assistance d'un interprète.

L'article 238 du même code autorise l'emploi d'une langue étrangère dans une déclaration écrite au moment de l'interrogatoire, mais une traduction en grec devra néanmoins être faite ultérieurement:
 

Article 238

Traduction de documents et dépôts écrits dans une langue étrangère

1) Lorsqu'il s'agit de
traduire des documents qui nécessitent définitivement un travail à long terme, un délai est fixé dans lequel l'interprète doit remettre la traduction. Ce délai peut être prolongé. Si celui-ci n'est pas respecté, l'interprète désigné est licencié et un autre est nommé. Il en va ainsi lorsque la personne désignée exerce son travail de manière inadéquate ou négligente.

2) Exceptionnellement, lorsque le témoin ou l'accusé ignore la langue grecque et qu'il s'avère qu'il n'est pas facile de désigner un interprète approprié, il peut présenter une déclaration écrite ou des excuses dans une langue étrangère au moment de l'interrogatoire. La déposition est incluse dans le dossier avec la traduction, qui est faite ultérieurement, conformément au paragraphe 1.

En somme, tout accusé a droit à l’assistance d’un interprète si sa connaissance de la langue grecque est jugée imparfaite. Cette mesure vaut également pour les personnes sourdes, muettes ou sourdes-muette; l'interprète doit démontrer sa connaissance suffisante de la langue des signes au moyen d'un certificat reconnu. Tout interprète doit prêter serment sur l’Évangile du fait que son interprétation sera effectuée avec fidélité et conscience. La langue employée est le grec dans sa version moderne, bien que la langue officielle de l’État ne soit pas identifiée ni définie dans la Constitution de 1975.

Le Code civil (1984) prévoit des mesures similaires dans le cas des testaments:

Article 1737

Testateur ignorant la langue grecque

1) Si le testateur, de l'avis du notaire,
ignore la langue grecque, ou si le titulaire déclare ignorer le grec, un interprète est embauché. Les dispositions des articles 1725 à 1728 concernant les témoins s'appliquent en conséquence à l'interprète.

2) L'interprète doit jurer qu'il interprétera fidèlement la volonté du testateur et traduira l'acte, avant de signer,
dans la langue exprimée par le testateur, tandis que les autres écouteront.

Article 1746

Testateur ignorant la langue grecque

Si le testateur, de l'avis du notaire, ignore la langue grecque ou déclare ignorer le grec, les dispositions de l'article 1737 s'appliquent en conséquence au secret testamentaire.

Tous les textes cités font la preuve que la langue d'usage des tribunaux est la langue grecque.

3 La langue de l'administration grecque

Depuis l’indépendance en 1824, l’État est devenu la principale source de revenu pour les dirigeants et les élites. Dès la fin du XIXe siècle, la bureaucratie grecque était déjà proportionnellement la plus considérable des États européens. Cette bureaucratie compte aujourd’hui environ un million de fonctionnaires pour une population de 11 millions d’habitants, soit un salarié sur quatre. De plus, le gouvernement ne semble pas savoir lui-même avec précision le nombre de ses employés.

Normalement, les fonctionnaires servent à gérer des services publics, même quand ils sont déficients, mais en Grèce ils servent autant à assurer des privilèges à certains groupes professionnels ou verser des rentes. Selon Transparence international, la Grèce se classe au 74e rang sur 180 pays pour le niveau de corruption, plus ou moins à égalité avec la Jordanie, la Corée du sud et le Costa Rica; en Europe même, la Grèce est pratiquement au dernier rang aux côtés de la Roumanie et de la Bulgarie. Bref, la fonction publique grecque n'est pas réputée pour son efficacité.

Nous pouvons constater aussi que la question linguistique ne préoccupe pas beaucoup l'administration grecque, car il n'existe que fort peu d'actes normatifs à ce sujet.

3.1 La citoyenneté grecque

L'article 5A du Code de la citoyenneté grecque (2004) exige une «connaissance suffisante de la langue grecque» pour devenir citoyen grec par naturalisation:

Article 5A

1) L'étranger qui souhaite devenir citoyen grec par naturalisation doit, en plus des conditions de l'article précédent:

a) Connaître suffisamment la langue grecque, afin de remplir les obligations découlant du statut de citoyen grec.

3) Afin de vérifier la garantie de la condition essentielle du cas a) du paragraphe 1 (connaissance suffisante de la langue grecque), la commission de naturalisation compétente s'appuie sur un examen linguistique qu'elle organise, de niveau B1, pour la compréhension et la production de la parole et de la compréhension orales de langue écrite et de niveau A1 pour les adolescents et les adultes pour la production de langue écrite, conformément aux normes fixée s par le Cadre européen commun de référence pour les langues (KEPA-CECR).

Afin de vérifier la garantie dans certaines conditions essentielles du paragraphe 1, et en particulier la familiarité du requérant avec l'histoire et la culture grecques, les institutions du gouvernement de la République grecque, la vie politique du pays, ainsi que les connaissances de base de l'histoire de la politique grecque, surtout moderne, la décision du comité de naturalisation compétent est basée sur un test spécial qu'il organise. Par décision du ministre de l'Intérieur, les spécifications de
l'examen linguistique et de l'épreuve spéciale, ainsi que de toute autre question liée à leur organisation et leur contenu sont réglementées.

La décision ministérielle Β7-255 de 1998, le Centre pour la langue grecque (Κέντρο Ελληνικής Γλώσσας) a été désigné comme l'organisme officiel pour l'émission des certificats de maîtrise du grec. La décision ministérielle Β7-144 de 1999 a désigné le Centre de la langue grecque comme l'organisme exclusif de prise de décisions relatives à la conduite des examens linguistiques.

3.2 Le Centre pour la langue grecque

Le Centre pour la langue grecque (en grec: Κέντρο Ελληνικής γλώσσα = Kéntro Ellinikís glóssa) est une entité juridique de droit privé créée en vertu de la loi n° 2083/1992, qui est basée à Thessalonique avec un bureau additionnel à Athènes. C'est un organisme de recherche supervisé par le ministère de l'Éducation et des Affaires religieuses. Il est responsable de la promotion de la langue grecque et de la certification du grec. Il participe également à des actions conjointes avec l'Université Aristote de Thessalonique.

L'objectif du Centre pour la langue grecque est de renforcer et de promouvoir la langue grecque à l'intérieur et à l'extérieur de la Grèce, d'organiser son enseignement aux étrangers et aux expatriés, de soutenir les professeurs de grec à l'étranger et dans le pays, et de produire toute forme de matériel qui contribue à la promotion et à la diffusion de la langue grecque.

Le Centre pour la langue grecque comprend les départements scientifiques suivants:

- le département de lexicographie (Tmíma Lexikografías): il est actif dans la conception et la compilation de dictionnaires et d'autres outils lexicographiques, la création de bases de données lexicographiques pour des applications sur l'Internet et la poursuite du dictionnaire Kriaras;

- le département de linguistique (Tmíma Glossologías); il est actif dans la promotion de l'histoire de la langue grecque et dans les questions de politique linguistique et d'éducation aux langues;

- le département de soutien et de promotion de la langue grecque (Tmíma Stírixis kai Provolís tis Ellinikís Glóssas): il organise les examens de certification de compétence du grec et prépare des programmes de recherche pour l'enseignement du grec comme langue étrangère/seconde;

- le département de langue et littérature (Tmíma Glóssas kai Logotechnías): il s'occupe de l'étude de la langue et de la littérature grecques modernes (originale et traduite) et étudie la langue comme outil de traduction.

Le Centre pour la langue grecque est également l'organisme responsable de la conduite des examens de certification de la langue grecque. Les examens de certification d'adéquation des études grecques sont organisés dans des centres d'examen reconnus par le KEG (Kéntron Epangelmatikís Katártisis = Centre de formation professionnelle) en Grèce et à l'étranger. Les candidats sont testés sur six niveaux de compétence linguistique et évalués sur quatre ou cinq compétences, à savoir la compréhension et la production de textes écrits, la compréhension et la production de la langue parlée et l'utilisation de la langue. Des examens de compétence en grec à des fins spéciales et des examens de compétence en grec pour les candidats des centres de formation professionnelle (KEK) sont également organisés

3.3 L'obtention du certificat de compétence du grec

L'article 68 de la Loi sur l'accès, le séjour et l'intégration sociale des ressortissants de pays tiers dans le territoire hellénique (2005) mentionne ainsi les conditions d'acquisition de la connaissance du grec:

Article 68

Preuve d’une connaissance suffisante de la langue grecque et des éléments de l’histoire et de la culture grecques

1) Une connaissance suffisante de la langue, de l’histoire et de la culture grecques doit être démontrée par l’un des acquis suivants :

a) un certificat d’obtention d’un diplôme pour au moins l’enseignement obligatoire des écoles grecques en Grèce;

b) un diplôme d’écoles secondaires étrangères appartenant au système d'éducation grec;

c) un diplôme reconnu des départements de langue grecque des universités à l’étranger;

d) un certificat de compétence grecque au moins de niveau B-1 octroyé conformément à la directive 60/2010; et

e) un certificat spécial de connaissance suffisante de la langue grecque et des éléments de l’histoire et de la culture grecques après un examen réussi effectué sous la responsabilité du Secrétariat général pour l’apprentissage tout au long de la vie en coopération avec le Centre de langue hellénique, dans le cadre de ses responsabilités en matière de certification de la langue grecque.

L'examen pour l'obtention du certificat de compétence grecque de niveau B-1 comprend la lecture d'un court texte par le candidat, suivie d'une discussion en rapport avec son sujet afin de tester les capacités de compréhension de l'écrit. Sur la base de ce qui est défini dans le Cadre européen commun de référence pour les langues, le candidat de niveau B-1 peut agir de manière autonome et efficace dans des situations de communication ordinaires (sur des sujets qui lui sont familiers ou d'intérêt personnel). Le candidat doit être capable de gérer les problèmes de communication en demandant l'aide de son interlocuteur. En termes de capacités de compréhension, le candidat doit comprendre l'essence et certains détails (mais pas tous) d'un texte oral ou écrit, tant qu'il n'est pas particulièrement exigeant. Dans ce contexte, les candidats peuvent être invités, entre autres, à répondre oralement à des questions spécifiques ou à faire correspondre des phrases avec des images, à répondre à des questions du type «bien/faux» ou à des questions à choix multiples, ou à prendre de courtes notes.

L'article 90 de la Loi sur l'acquisition du statut et l'octroi d'un permis de séjour de longue durée (2014) prescrit également la connaissance suffisante du grec pour l'octroi d'un permis de séjour de longue durée:

Article 90

1) Si les conditions prévues à l’article précédent sont cumulativement satisfaites, le citoyen d’un pays tiers doit demander un permis de séjour de longue durée auprès de l’institution responsable, en vertu du paragraphe 3 du présent article, accompagné des pièces justificatives requises.

2) Les conditions d'intégration d'un citoyen de pays tiers dans la société grecque, visées au paragraphe 1 de l'article 89, sont satisfaites dans les cas suivants:

a) s'il prouve qu'il a une connaissance suffisante de la langue grecque et une connaissance d'éléments de l'histoire et de la culture grecques, conformément à l'article 107; ou

b) s'ils sont titulaires d'une carte de séjour permanent en tant que membres d'une famille grecque;

Cette connaissance du grec est exigée aussi sur le marché du travail, car c'est une condition préalable à l'exercice de diverses professions en Grèce. Par exemple, le décret ministériel n° 38/2010 énonce à l'article 52 que des compétences linguistiques en langue grecque sont nécessaires pour que l'autorisation d'exercer une profession soit fondée sur la reconnaissance des qualifications professionnelles des bénéficiaires. Ainsi, tout bénéficiaire de qualifications professionnelles pour exercer une profession en Grèce doit certifier, selon la profession qu'il souhaite exercer, qu'il possède le niveau de grec nécessaire.

Il faut ajouter aussi que tout candidat à la certification de la connaissance du grec doit être familiarisé avec des éléments de la vie quotidienne en Grèce (horaires de repas, jours fériés, horaires de travail, temps libre, etc.), les conditions de vie (travail, résidence), certaines coutumes et traditions dominantes en Grèce (Noël, chants de Noël, Pâques), les relations interpersonnelles, les comportements sociaux les plus caractéristiques des membres de la société. Il convient de préciser que tout individu candidat n'est pas directement examiné pour les habitudes et les valeurs de la société grecque, car ses connaissances culturelles sont indirectement contrôlées par la manière dont l'individu utilise la langue.

3.4 L'emploi obligatoire du grec

L'article 19 de la Loi sur le Registre public (2017) impose l'usage de la langue grecque:

Article 19

Langue de la tenue du Registre public


Les informations fournies par les articles 15, 16 et 17 de la présente loi sont inscrites au registre public
en langue grecque. Par décision du Conseil d'administration du E.L.T.E., les informations peuvent être inscrites dans le registre dans une autre langue officielle de l'Union européenne en indiquant si la traduction est officielle ou non.
_______
ELTE = Comité de normalisation comptable et d'audit.

L'État grec ne lésine pas avec l'emploi du grec. Par exemple, la Loi sur les mesures de soutien et le développement de l'économie grecque, sur les questions d'organisation du ministère des Finances (2014) impose l'usage du grec dans les documents contractuels:

Article 39

Documents du contrat

4) Les documents contractuels
doivent être rédigés en grec et éventuellement dans d'autres langues, en totalité ou en partie. En cas de divergence entre les parties des documents contractuels rédigées en plusieurs langues, la version grecque prévaudra.

Article 57

Rédaction et détails de la publication des avis

4) Les avis d'appel d'offres doivent être publiés
en détail en grec. Seul le texte publié dans cette langue est considéré comme authentique. Un résumé des éléments les plus importants de chaque avis peut être publié en d'autres langues officielles. Les frais de publication de ces avis par la Commission européenne sont à la charge de l'Union européenne.

Il en est ainsi à l'article 56 de la Loi sur la question des communications électroniques (2006):

Article 56

Contenu des contrats conclus par les producteurs

2) Sans préjudice de la loi n° 2251/1994, telle qu’en vigueur, le contrat conclu entre un abonné ou un utilisateur producteur et une entreprise assurant la connexion et/ou l’accès au réseau téléphonique public ou entre un consommateur ou un utilisateur producteur et les autres prestataires de services de communications électroniques comprennent au moins les éléments suivants:

j) l'obligation d'employer la langue grecque, pour tout service fourni par les sociétés de communications électroniques;

Quant à la Loi sur la protection du consommateur (1994), elle prescrit également l'emploi de la langue grecque:

Article 2

Conditions générales de transaction - conditions générales abusives

2)
Les conditions générales des contrats et des accords accessoires rédigés en Grèce doivent
être formulés par écrit en grec, de manière claire, spécifique et compréhensible, afin que le consommateur puisse pleinement comprendre leur signification et doivent être sont imprimés en caractères lisibles dans une partie visible du document contractuel. Les conditions générales des transactions internationales qui s'appliquent au marché grec sont également obligatoires dans la langue grecque.

Article 5

Vente des biens de consommation et garanties

2)
À chaque vente, le fournisseur doit présenter au consommateur par écrit,
en grec ou avec des symboles établis au niveau international, des instructions claires et complètes pour un usage sûr, un entretien et une plein utilisation du produit et des informations sur les risques au moment de son usage et de son entretien. Sont exclus de l'application du paragraphe précédent les produits simples dans leur fabrication, dans leur emploi et dans leur entretien si, pour ces produits, le fabricant ne fournit pas d'instructions dans une langue quelconque.

On peut donc constater à l'aide de ces quelques textes de loi que le grec est la langue d'usage obligatoire. Dans le même ordre d'idée, l'article 50 de la Décision ministérielle n° 91354 (2017) exige l'emploi du grec dans les produits emballés ou non destinés au consommateur:

Article 50

Indications des produits (à l’exclusion des denrées alimentaires)

1) Les produits préemballés ou non, au stade de la distribution au consommateur, doivent porter sur leur emballage ou sur une étiquette fermement attachée à chacun d’eux les indications minimales obligatoires suivantes, clairement écrites, indélébiles et lisibles:

b) Le nom de vente du produit, au moins en langue grecque, afin de fournir des informations suffisantes sur le type de produit. Sont exclus les produits de la technologie moderne pour lesquels des noms de vente internationalement reconnus ont été établis (par exemple: DVD, VIDEO, MP3, etc.), ainsi que les produits pour lesquels des dispositions plus spécifiques sont en vigueur.

5) f) Toute autre information en langue étrangère relative à la sécurité et aux modes d'emploi, d’entretien et d’assemblage présente dans le produit ou sur son emballage, qui est fournie volontairement par son fabricant, doit également être indiquée dans la langue grecque, avec la possibilité d’utiliser d’autres moyens, tels que l’usage de dessins, de symboles ou de pictogrammes, à la condition que des informations adéquates puissent être présentées au consommateur.

3.5 L'affichage public et commercial

La Grèce ne dispose pas de réglementation concernant les panneaux d'affichage et les inscriptions publiques ou commerciales. Lorsqu'il s'agit d'établissements publics appartenant au gouvernement, la pratique est d'utiliser des inscriptions unilingues grecques.

Dans les grandes villes, de même que dans les lieux touristiques, les inscriptions désignant les rues, les villes ou les lieux utiles aux étrangers portent généralement un double alphabet : l’un en alphabet grec, l’autre en alphabet latin,  ce qui donne,  par exemple, Κόρινθος Αθήνα

Dans la plupart des cas, la pratique consiste à utiliser l'anglais avec le grec, ce qui devient de plus en plus fréquent dans les endroits touristiques: Αστυνομία / Police, Hospital / Νοσοκομείο, Town Hall / Δημαρχείο. Pour les toilettes, on peut avoir ΚΥΡΙΕΣ / LADIES, ΑΝΔΡΕΣ / MEN ou parfois simplement des symboles.

Dans les entreprises privées, la liberté est totale, c'est l'unilinguisme grec, anglais ou français, parfois avec une peu de bilinguisme avec l'anglais (Παραλία

4 La langue de l'enseignement

Le système d'éducation en Grèce possède une structure plutôt conservatrice et demeure sous contrôle strict du gouvernement. En raison de l'accent mis sur le christianisme présenté à partir d'un point de vue strictement orthodoxe, les élèves non orthodoxes et non chrétiens sont dispensés des cours de religion. Les programmes sont uniformes pour toutes les écoles publiques et privées, et ils sont déterminés par le ministère de l'Éducation et des Affaires religieuses. L'enseignement obligatoire en Grèce dure onze ans et s'étend de 4 à 15 ans. Le système d'enseignement grec compte trois niveaux (primaire, secondaire et supérieur). L'article 16 de la Constitution porte sur l'éducation, mais il ne fait aucune allusion à la langue d'enseignement:

Article 16

Éducation, art et sciences

1) L’art et la science, la recherche et l’enseignement sont libres; leur développement et leur promotion constituent une obligation de l’État. La liberté universitaire et la liberté d’enseignement ne dispensent pas du devoir d’obéissance à la Constitution.

2) L’instruction constitue une mission fondamentale de l’État, et a pour but l’éducation morale, culturelle, professionnelle et physique des Hellènes, le développement d’une conscience nationale et religieuse ainsi que leur formation en citoyens libres et responsables.

3) Les années de la scolarité obligatoire ne peuvent être inférieures à neuf.

4) Tous les Hellènes ont droit à l’instruction gratuite à tous ses degrés dans les établissements d’enseignement de l’État. L’État soutient les élèves et étudiants qui se distinguent, ainsi que ceux qui ont besoin d’assistance ou de protection particulière, en fonction de leurs capacités.

5) L’enseignement supérieur est assuré uniquement par des établissements, qui constituent des personnes morales de droit public, pleinement décentralisés. Ces établissements se trouvent sous la tutelle de l’État, ont droit à son aide financière et fonctionnent conformément aux lois relatives à leurs statuts d’organisation. La fusion ou la division des établissements d’enseignement supérieur peut être réalisée même par dérogation à toute autre disposition contraire, ainsi qu’il est prévu par la loi.


Cette constitution a été adoptée au lendemain de la chute du régime des Colonels. On ne voyait probablement pas la nécessité d'inclure des dispositions concernant la langue grecque, tellement il était évident que cette langue était la langue d'usage de la nation. Néanmoins, on  se demandait encore si la langue de l'État devait être la katharévousa ou le démotique.

4.1 L'enseignement primaire

Celui-ci comprend les jardins d'enfants et les écoles primaires. Les jardins d'enfants ou l'enseignement préscolaire est obligatoire pour les enfants qui ont atteint l'âge de quatre ans au moment de l'année scolaire 2018-2019. Au cours de l'année scolaire 2020-2021, l'intégration des dernières municipalités du pays dans l'enseignement obligatoire de deux ans devrait être achevée. Les enfants d'âge préscolaire peuvent être inscrits dès l'âge de deux mois dans les jardins d'enfant jusqu'à l'âge de la scolarité obligatoire. Le contrôle du fonctionnement de ces écoles appartient aux municipalités.

La loi scolaire, la Loi sur la structure et le fonctionnement de l'enseignement primaire et secondaire (1985), traite sur la formation des enseignants de maternelle; l'article 12 exige de ces derniers qu'ils détiennent un certificat démontrant une connaissance approfondie et un usage correct de la langue et de l'histoire grecques, et ce, après un examen réussi:

Article 12
 
3) Après le délai de trois ans à compter de la cessation définitive des activités des écoles maternelles actuelles, la demande de nomination à un poste d'enseignant de maternelle est soumise à un diplôme spécialisé dans un département d'enseignement primaire ou à un diplôme équivalent à celui d'un établissement étranger similaire. Dans ce dernier cas, un certificat de fins d'études secondaires en Grèce ou un certificat démontrant une connaissance approfondie et un usage correct de la langue et de l'histoire grecques est exigé après un examen réussi. La procédure et les détails pertinents de l'examen sont déterminés par une décision du ministre de l'Éducation et des Affaires religieuses.

L'étape qui suit l'enseignement préscolaire est la fréquentation obligatoire de six ans de l'école primaire, le Dimotiko destiné aux enfants de 6 à 12 ans. Au cours de cette période, ceux-ci doivent apprendre à maîtriser le grec oral et écrit, avant de passer à l'école secondaire. Les matières d'enseignement de l'école primaire de type unifié toute la journée sont les suivantes: la religion orthodoxe, la langue grecque, les mathématiques, l'histoire, la géographie, l'environnement, l'éducation physique, l'éducation sociale et politique, les arts (arts visuels, musique, théâtre), l'anglais, une deuxième langue étrangère (français ou allemand) en raison de deux heures/semaine.

L'article 1er de la Loi sur la structure et le fonctionnement de l'enseignement primaire et secondaire (1985) est le seul article de la loi portant sur la langue. Le paragraphe 3 abroge l'article 2 de la loi n° 309/1976 du ministre de l'Éducation, Georgios Rallis, qui énonçait que la «langue néo-hellénique» désigne «l'instrument expressif national utilisé par le peuple grec et les écrivains importants de la Nation et basé sur la forme démotique». Ce simple paragraphe de deux lignes impose la langue «démotique» (en grec: η δημοτική) dans l'enseignement après avoir décrit plus longuement au paragraphe 1 les caractéristiques pour devenir de bons citoyens:

Article 1er

Objectif - langue

1) L'enseignement primaire et secondaire a pour but de contribuer au développement complet, harmonieux et équilibré des forces mentales et psychosomatiques des élèves, afin que, quels que soient leur sexe et leur origine, ils aient la possibilité de devenir des personnes intégrées et de vivre de manière créative.

En particulier, l'enseignement doit aider les élèves:

a) À devenir des citoyens libres, responsables et démocratiques, à défendre l'indépendance nationale, l'intégrité territoriale du pays et la démocratie, à s'inspirer de l'amour de l'homme, de la vie et de la nature et à être possédé par la foi dans la patrie, et les éléments authentiques de la tradition chrétienne orthodoxe. La liberté de leur conscience religieuse est inviolable.

b) À cultiver et à développer harmonieusement leur esprit et leur corps, leurs inclinations, leurs intérêts et leurs compétences. À acquérir, par l'éducation scolaire, leur identité et leur conscience sociales, à percevoir et à réaliser la valeur sociale et la parité du spirituel et du travail manuel. À être informés et à  exercer sur l'usage correct et bénéfique de l'exploitation des biens de la civilisation moderne, ainsi que les valeurs de notre tradition populaire.
 
c) À développer la pensée créative et critique, ainsi que la perception de l'effort collectif et de la coopération, afin de prendre des initiatives et avec leur participation responsable de contribuer de manière décisive au progrès de la société et au développement de notre pays.

d) À comprendre l'importance de l'art, de la science et de la technologie, à respecter les valeurs humaines et à préserver et à promouvoir la culture.

3) La langue d'enseignement, qui fait également l'objet d'une formation systématique, ainsi que la langue des manuels des élèves et ceux des enseignants, doit être la langue démotique, telle qu'elle est façonnée par le peuple et l'expérience de la littérature, sans l'apport effectif de mots étrangers.

Au primaire, les langues étrangères les plus étudiées en pourcentage d’élèves qui les apprenaient dans l’enseignement primaire en 2009-2010 étaient les suivantes: l'anglais (96,1%), le français (24,4%), l'allemand (22,4%).

4.2 L'enseignement secondaire

Cet enseignement comprend deux cycles, le Gymnasio et le Lykeio.

- Le premier cycle (gymnasio) est obligatoire et dure trois ans. Il fournit une instruction générale. La langue grecque est généralement étudiée en raison de trois heures/semaine. Les cours portent sur la grammaire, la compréhension de texte écrits et oraux, l'acquisition du vocabulaire et la production de phrases écrites. Précisons que les cours de grec comprennent deux disciplines: d'une part, «Langue et littérature grecques modernes», d'autre part, «Langue et littérature grecques anciennes» (langue grecque ancienne, textes grecs antiques traduits). Les langues étrangères les plus étudiées en pourcentage d’élèves qui les apprennent dans l’enseignement secondaire du premier cycle en 2009-2010 étaient les suivantes: l'anglais (99,2 %), le français (48,0%), l'allemand (43,2 %). 

- Le deuxième cycle (lykeio) de l'enseignement secondaire, d'une durée de trois ans, n'est pas obligatoire et comprend les lycées généraux et les lycées professionnels. Pour les élèves de ce niveau d’études, le système d'éducation propose aussi des écoles professionnelles et techniques. À partir de la 2e année, il faut choisir entre la filière dite «théorique» et la filière dite «sciences et technologie». À la fin de la 3e année du lycée, les élèves subissent des examens dans le cadre de leur établissement pour obtenir le diplôme de fin d'études du lycée. Les langues étrangères les plus étudiées en pourcentage d’élèves qui les apprenaient dans l’enseignement secondaire du second cycle étaient en 2009-2010 les suivantes : l'anglais (83,7 %), le français (6,0 %) et l'allemand (2,1 %). Certains peuvent aussi étudier l'espagnol, l'italien ou le russe.

Quant aux écoles privées, elles offrent leurs cours dans des établissements distincts pour le primaire et le secondaire, et elles sont tenues de respecter les mêmes programmes scolaires que les écoles publiques.

4.3 L'enseignement supérieur

L'enseignement supérieur comprend deux secteurs parallèles :

a) le secteur universitaire: les universités (AEI: Anotera Ekpedeftika Idrymata), les établissements supérieurs d'ingénierie (polytehnia), l'École supérieure des beaux-arts, les Écoles militaires supérieures et l’École des officiers de police;

b) le secteur technologique (non universitaire): les établissements d'enseignement technologique (TEI: Tehnologika Ekpedeftika Idrymata) et l'École supérieure de formation pédagogique et technologique (Anotati Sholi Pedagogikis Tehnologikis Ekpedefsis Aspaite). Les TEI proposent une orientation plus professionnelle, leurs programmes d'études sont davantage axés sur l'application des connaissances et font une plus large part à la pratique.

Pour s’inscrire dans une université ou un institut supérieur de technologie, tout étudiant doit réussir un examen d'admission. Dans tous les établissements d'enseignement, le grec constitue la langue d'enseignement. L'un des objectifs de l’éducation grecque est de «développer la conscience nationale et religieuse». Un sérieux avertissement pour les non-orthodoxes!

4.4 L'enseignement des langues étrangères 

L’anglais est une matière obligatoire pour tous les élèves à partir de la 3e année du primaire en raison de trois heures par semaine. Au secondaire (Gymnasio), les élèves doivent choisir entre le français et l’allemand en tant que deuxième langue étrangère obligatoire. L’anglais est enseigné à raison de trois heures par semaine en première année, et de deux heures par semaine en 2e et 3e année. Le français et l’allemand sont offerts pendant les trois années en raison de deux heures par semaine. En fait, le français tient le statut de seconde langue étrangère après l’anglais. Un enseignement de rattrapage est offert l’après-midi aux élèves qui en ont besoin, sous forme de cours spéciaux de langues vivantes.

Dans l'enseignement secondaire du second cycle, le lycée ou Lykeio, l'anglais demeure l'une des matières enseignées dans le cadre de l'enseignement général. Lors de la première année, l'anglais est enseigné trois heures par semaine et, dans les 2e et 3e année, l'anglais est enseigné durant deux heures par semaine. Le français ou l'allemand reste une matière facultative dans le programme. Dans les écoles professionnelles techniques, dans les première et deuxièmes classes du premier cycle de l'enseignement technique et professionnel, l'anglais est enseigné pendant deux heures par semaine dans toutes les spécialités, sauf pour les spécialisations des arts appliqués, où le français est enseigné pendant deux heures par semaine.

Récemment (durant l'année scolaire 2018-2019) et à titre d'essai, l'italien, l'espagnol, le russe et le turc ont été introduits comme options supplémentaires au lycée, mais ces langues ne suscitent pas un enthousiasme délirant. Au secondaire, les langues étrangères enseignées au primaire et au secondaire ne sont proposées qu'en option. Quant aux universités publiques, elles proposent des cours au choix dans les langues européennes pour permettre aux étudiants de toutes les facultés d'acquérir des compétences linguistiques appropriées.

Dans l'enseignement supérieur, l'anglais est la langue étrangère obligatoire dans toutes les universités et instituts d'enseignement technologique, suivie par un enseignement facultatif des langues étrangères, comme le français, l'allemand, l'italien, l'espagnol, le russe, l'arabe, etc., selon le curriculum de chaque établissement d'enseignement technologique ou universitaire. Sauf pour les langues étrangères incluses dans les programmes, il existe aussi des cours de langues issues des pays voisins comme le bulgare, le roumain, le serbe et le turc, en fonction de l'offre de la part des établissements d'enseignement.

4.5 Le grec comme langue seconde

La progression du nombre des réfugiés a mis au premier plan la question de l'éducation aux langues des individus cherchant refuge et une nouvelle vie en Europe. La connaissance de la langue locale, le grec, est essentielle pour cette récente population afin de parvenir à l'amélioration de sa situation socio-économique et professionnelle. En Grèce, au cours des dernières décennies, l'enseignement des langues aux immigrés a été effectué par des organismes publics et, en même temps, par des initiatives de groupes bénévoles. Cependant, au cours de la récente crise des réfugiés, il y a eu principalement des activités d'organisations humanitaires et de volontaires dans ce domaine, en particulier en ce qui concerne les adolescents de plus de 15 ans et les adultes.

- Les classes d'accueil

Le ministère de l'Éducation et des Affaires religieuses a élaboré un programme destinée au réfugiés et aux immigrants: c'est le «Programme ouvert pour l'enseignement de la langue grecque dans les classes d'accueil» (Anoichtó prógramma gia ti didaskalía tis ellinikís glóssas se mathímata ypodochís). Le programme proposé prend en compte les niveaux de grec (A1: «connaissances de base», A2: «connaissances de base pour les enfants») du Centre de langue grecque, ainsi que les caractéristiques de la population étudiante spécifique (connaissance nulle ou minimale de la langue grecque, non systématique fréquentation et/ou longue absence de l'école, limitée à une expérience minimale de l'utilisation de l'écriture alphabétique). L'objectif général de ce programme est d'enseigner le grec moderne comme deuxième langue afin que les étudiants puissent comprendre et produire une langue parlée et écrite à un degré qui leur permet de s'intégrer progressivement pleinement dans la classe ordinaire.

Selon un rapport de l'Union européenne, des mesures importantes ont été prises dans le domaine de l'éducation des réfugiés. Au cours de la période 2018-2019, des efforts importants ont été faits pour offrir une formation scolaire à 12 867 enfants réfugiés, dont 8290 ont suivi des cours réguliers avec un soutien pédagogique parallèle et 4577 dans des écoles séparées qui fonctionnent l'après-midi. On comptait aussi une trentaine de jardins d'enfants œuvrant dans des camps de réfugiés, y compris ceux dans les îles grecques. Quelque 690 enseignants ont reçu une formation spéciale. Des services d'interprétation ont été fournis à l'appui de l'enregistrement des enfants réfugiés et des psychologues ont été engagés pour aider les étudiants réfugiés, leurs familles et les enseignants.

- Les écoles interculturelles

Compte tenu de la présence de plus en plus nombreuses de communautés issues de l'immigration, la Grèce a entrepris de créer dès 1996 des «écoles interculturelles» destinées aux enfants provenant surtout des mariages mixtes, des enfants d'immigrants, des enfants turcs et tsiganes ou juifs, ou aux expatriés dont les parents travaillent pour les délégations de leur pays. Ces écoles sont publiques et gratuites pour tous, et offertes dans tous les départements du pays (les 51 nomes). Il en existe une trentaine qui sont publiques, et une douzaine, qui sont privées. La pédagogie est axée sous forme de jeux (jeux de sociétés, cuisine et danse traditionnelle, folklore, etc.). Les écoles interculturelles sont présentes dans les maternelles, au primaire et au secondaire. C'est la loi n° 2413/96 sur l'organisation des écoles d'éducation interculturelle qui régit ce type d'école.

Article 5

Création, objet, responsabilités

1) Il est créé un organisme privé appelé l'Institut d'enseignement des Grecs à l'étranger et de l'éducation interculturelle (IEGEI), dont l'objectif principal est l'étude et la recherche sur les questions d'enseignement de la culture grecque à l'étranger, et la responsabilité et la coordination des efforts pour la mise en œuvre des différents programmes.
 
2) Les responsabilités de l'Institut sont les suivantes:

f) L'étude et le traitement rapide de toute autre question pertinentes concernant l'enseignement de la langue grecque et de la culture grecque à l'étranger.

Cette éducation dite «interculturelle» (Διαπολιτισμική Εκπαίδευση = "Diapolitismikí Ekpaídefsi") consiste, entre autres, à sensibiliser les élèves à leurs cultures et leurs valeurs propres. Ces écoles intègrent donc le folklore, la langue, la littérature, les arts propres à diverses communautés ethniques. On espère ainsi faire mieux connaître la contribution de chacun des groupes ethnoculturels dans l’édification de la société grecque. Pour résumer la problématique, l'éducation interculturelle consiste en principe, d’une part, en un accueil d’intégration, dont l'objectif est de rendre la culture d'accueil et ses valeurs accessibles aux autres; d'autre part, en un accueil d'acceptation des autres cultures pour la société dominante au lieu de chercher uniquement à les transformer. Normalement, cet enseignement interculturel suppose que les enseignants maîtrisent la langue maternelle des élèves, que ce soit le turc, l'arménien, le bulgare, etc. L'objectif principal des écoles interculturelles consiste à mieux intégrer les enfants d'immigrants dans leur pays d’accueil, tout en souhaitant préserver la langue et la culture du pays d’origine de leurs parents. Ce sont là les principes de bases qui devraient guider les établissements d'enseignement qui ont opté pour l'éducation interculturelle.

Or, en Grèce, cet enseignement apparaît plutôt contestable au point de vue pédagogique, car les enseignants ne sont pas tenus de maîtriser la langue maternelle (étrangère) de l’élève; cette langue n’est pas enseignée comme deuxième langue (après le grec) dans les établissements concernés. Le seconde langue enseignée après le grec est l'anglais; la troisième, le français. Dans les faits, au lieu de se familiariser avec leur langue maternelle, les élèves doivent apprendre les éléments de deux nouvelles langues, la grammaire grecque et la grammaire anglaise, sinon la grammaire française. En raison des problèmes de communication et de la diversité des populations réunies, le niveau de ces classes demeure relativement reste bas. Dans les faits, la mission des écoles interculturelles est d'enseigner la langue et la culture grecques.

Bref, la présence accrue d'élèves étrangers dans les écoles primaires et secondaires, ce qui représente au moins 10 % des élèves, n'a pas eu pour effet de modifier ni le contenu ni la vision ethnocentrique du système d'éducation grec. Les immigrants ne peuvent pas apprendre leur langue maternelle; les langues étrangères (anglais et français) demeurent peu enseignées. Ce sont des cours plus ou moins intensifs de langue et de culture grecques. Ainsi, ces écoles ne sont interculturelles que de nom, car ce sont en réalité des classes d'accueil destinées à immerger les enfants d'immigrants dans la société grecque. À ce stade, nous devons affirmer que «l'éducation interculturelle» n'est pas encore une réalité dans le système scolaire grec. Rappelons que le nombre d’élèves dans ces écoles est estimée en Grèce à environ 1,2 million de personnes.

De plus, le nombre d'individus apprenant le grec comme langue étrangère ou comme langue seconde augmente considérablement en raison de la composition multinationale, multilingue et multiculturelle de la société grecque. Des cours de grec sont offerts aujourd'hui dans presque toutes les universités du pays, par des organismes privés dans diverses parties de la Grèce, par les comités préfectoraux d'éducation populaire, ainsi que dans les centres d'accueil des expatriés. Le grec est enseigné comme deuxième langue dans les écoles primaires et secondaires fréquentées par des enfants d'expatriés et d'étrangers.

À l'étranger, les programmes de langue grecque moderne sont organisés par des institutions telles que des universités, des communautés grecques, des centres de langue et des universités populaires avec un nombre assez satisfaisant d'étudiants. Beaucoup de ceux qui apprennent le grec sont des expatriés qui tentent de préserver la langue grecque en parallèle avec le patrimoine culturel. Leur demande constante pendant de nombreuses années était la certification de leurs études grecques avec la délivrance d'un certificat d'État de maîtrise du grec. À la suite du décret présidentiel n° 363 du 15 octobre 1998, le ministère de l'Éducation a institué le certificat d'études grecques définissant son type, les conditions de son acquisition, la procédure et le contenu des examens, les conditions de participation candidats, l'échelle de notation ainsi que la procédure de désignation des centres d'examen.

5 La langue des médias

Depuis le début de la création de la radio et de la télévision grecques, l'État a joué un rôle de premier plan dans le domaine de la radio et de la télévision. Cependant, cette situation ne pouvait pas durer indéfiniment, car la radio et la télévision grecques ont été créées sous des régimes dictatoriaux. Malgré les annonces d'objectivité et de pluralisme dans les médias d'État au cours des deux périodes du PASOK (1981-1985, 1985-1989) et plus tard du gouvernement de Karamanlis (entre le 10 mars 2004 et le 19 septembre 2007), tous les gouvernements ont continué à contrôler les organismes de ce qui est appelé le «quatrième pouvoir» et à y intervenir afin d'en tirer des avantages politiques.

En même temps, la Constitution de 1975 a instauré un contrôle par l'État du fonctionnement de la radio et de la télévision. L'article 15 énonce que «la radio et la télévision sont placées sous le contrôle direct de l'État», lequel vise à la transmission objective et dans conditions d'égalité, de l'information et de l'actualité, aussi bien que de la littérature et des arts»:

Article 15

2) La radio et la télévision sont placées sous le contrôle direct de l'État. Le contrôle et l'application de sanctions administratives sont de la compétence exclusive du Conseil national de radiotélévision, qui est une autorité indépendante, ainsi qu'il est prévu par la loi. Le contrôle direct de l'État, qui prend également la forme de l'autorisation préalable, vise à la transmission objective et dans conditions d'égalité, de l'information et de l'actualité, aussi bien que de la littérature et des arts, en garantissant le haut niveau des programmes imposé par la mission sociale de la radio et de la télévision et le développement culturel du pays, ainsi que par le respect de la condition humaine et de la protection de l'enfance et de la jeunesse.

Selon Reporters sans frontières, la Grèce reste parmi les derniers pays de l'Union européenne en ce qui a trait à la liberté de la presse. Malgré l'amélioration significative depuis 2014, alors que la Grèce était classée 99e sur 180 pays au total, la situation demeure encore problématique, car elle se classe en 24e position dans l'Union européenne sur 27, en battant de justesse Malte (30,16), la Hongrie (30,84) et la Bulgarie (35,06). N'oublions pas que la loi limite les discours qui incitent la peur, la violence et les troubles publics, ainsi que la publication de propos obscènes ou offensants appelant à la violence contre le système politique. La diffamation et les insultes sont des crimes punis jusqu'à l'emprisonnement. Ainsi, diffamer le chef de l'État est un crime en vertu de l'article 168 du Code pénal:

Article 168

Insultes contre le président de la République

1) Quiconque commet des violences contre la personne du président de la République ou celui qui exerce le pouvoir présidentiel est puni de l'emprisonnement.

2) Quiconque insulte l'honneur du président de la République ou celui qui exerce le pouvoir présidentiel ou le discrédite publiquement ou lorsqu'il est présent est puni d'un emprisonnement d'au moins trois mois.

3) Le crime des crimes des paragraphes 1 et 2 est prescrit après six mois.

L'article 14 de la Constitution énonce que la presse est libre et que la censure est interdite, mais à titre exceptionnel la saisie des journaux possible sur ordre du procureur pour cause d'offense à la religion, à la personne du président, ou visant le renversement du régime ou en raison de publications indécentes:

Constitution

Article 14

1) Chacun peut exprimer et diffuser ses pensées oralement, par écrit et par la voie de la presse, en observant les lois de l'État.

2) La presse est libre. La censure et toute autre mesure préventive sont interdites.

3) La saisie de journaux et d'autres imprimés, soit avant soit après leur mise en circulation, est interdite. A titre exceptionnel, est permise la saisie après la mise en circulation et sur ordre du procureur:

a) Pour cause d'offense à la religion chrétienne et à toute autre religion connue.
b) Pour cause d'offense à la personne du président de la République.
c) Pour cause d'une publication qui révèle des informations sur la composition, l'équipement et la disposition des forces armées ou sur la fortification du pays, ou qui vise au renversement du régime politique par la force ou qui est dirigée contre l'intégrité territoriale de l'État.
d) Pour cause de publications indécentes qui portent manifestement outrage à la pudeur publique, dans les cas déterminés par la loi.

Dans ces conditions, il est aisé pour le gouvernement de vouloir contrôler les organismes de presse.

5.1 La presse écrite

La Grèce doit compter en tout plus de 21 lois, décrets présidentiels, décrets législatifs et décisions ministérielles régissant la presse, que ce soit pour des infractions, le salaire des journalistes, les bureaux de presse publics, les médias municipaux et le domaine public au sens large. Mais il n'existe que fort peu de dispositions d'ordre linguistique dans ces documents.

En 2010, on comptait plus de 80 journaux nationaux en Grèce, dont 8 éditions du matin, 13 le soir, 22 le dimanche et 16 hebdomadaires. Les journaux du dimanche sont restés le principal format, avec 56,2% des ventes. La plupart des lecteurs du dimanche en 2010 ont choisi Proto Thema et To Vima, suivis de Kyriakatiki Eleftherotypia. Les principaux journaux en langue grecque sont I Kathimerini («Le Quotidien»), To Vima «La Tribune»), Ta Néa («Les Nouvelles»), To Ethnos («La Nation») et Εleftherotypia («La Liberté de la presse»). En anglais, on trouve Athens Plus et Athens News.  Tous ces journaux sont généralistes et son publiés à Athènes. Le Makedonía («Macédoine») est publié à Thessalonique. Il existe aussi un journal grec, Apoyevmatini («Après-Midi»), qui est publié en Turquie et atteint presque tous les foyers grecs d'Istanbul.

5.2 Les médias électroniques

L'Ellinikí Radiofonía Tileórasi — en abrégé ERT, mais en grec: Ελληνική Ραδιοφωνία Τηλεόραση = ΕΡΤ, la lettre "P" correspondant à "R" en français — est le groupe audiovisuel public grec qui fait partie de l'Union européenne de radiotélévision et est un actionnaire fondateur d'Euronews. La Radiotélévision grecque est une Société anonyme dont le seul actionnaire est l'État grec. L'ERT dispose de cinq chaînes de télévision et cinq chaînes Internet, 28 stations de radio, un site Internet, deux multiplexeurs, un magazine, une archive audiovisuelle, un service hybride, une chorale, deux orchestres, etc.  La Radiotélévision grecque a sous sa supervision la chaîne de télévision du Parlement hellénique.  

Il existe aussi 19 radios régionales dépendant du groupe ERT. Seule la radio de Macédoine possède deux stations (et un programme en ondes courtes). À Athènes et à Corinthe, l'ERT possède aussi KOSMOS, diffusant de la musique en FM et FILIA, une radio multilingue à destination des travailleurs immigrés. Le réseau Athens International Radio diffuse en plusieurs langues: anglais, français, allemand, chinois, albanais, bulgare, russe, espagnol, arabe, italien, polonais et roumain. 

La radio et la télévision sont réglementées en Grèce. Le paragraphe 18 de l'article 3 de la Loi sur le statut juridique de la télévision privée et de la télévision locale, la radiodiffusion et la réglementation des questions relatives au marché de la radiodiffusion (1995) oblige l'ETR, les radios locales et les télévisions privées à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer l'emploi correct de la langue grecque par les journalistes et les informateurs :

Article 3

Principes de diffusion et de publicité - droit de réponse - protection de la personnalité et vie privée - protection de l’enfance - usage approprié de la langue grecque

18) L'Ellinikí Radiofonía Tileórasi, les télévisions privées et les radios locales ont l'obligation de prendre toutes les mesures nécessaires (recrutement de spécialistes, correcteurs et organisation de séminaires) pour l'emploi correct de la langue grecque par les journalistes et les informateurs ou dans la formulation des textes parlés dans la présentation de programmes de divertissement et dans la compilation ou le sous-titrage de programmes en langues étrangères.

L'
Ellinikí Radiofonía Tileórasi et les stations de télévision privées sont tenues de diffuser leur programme
dans la langue grecque originale à un taux supérieur à 25% de leur temps d'antenne, à l'exception des événements sportifs, des jeux télévisés, des publicités ou des services de vidéographie

19) L'ERT et les stations de télévision privées ou les stations de radio privées ont l’obligation d’organiser une série d’au moins quinze émissions, avec un minimum 30 minutes par semestre pour promouvoir l’usage correct de la langue grecque ou son apprentissage par des étrangers ou des analphabètes.

Le paragraphe 19 oblige les mêmes concessionnaires à produire une série d'au moins quinze émissions pour promouvoir l’usage correct de la langue grecque ou son apprentissage par des étrangers ou des analphabètes. Quant au paragraphe 20, il force les stations de radio et de télévision à diffuser, chaque jour, entre 16 h et 22 h, au moins un bulletin de nouvelles dans la langue des signes grecque avec l’indication simultanée de sous-titres pour l’information des personnes sourdes, d’une durée minimale de sept minutes.

De plus, l'article 6 de la Loi sur la concentration et l'octroi de licences aux entreprises de médias (2007) impose l'usage du grec ou de sous-titres en grec aux chaînes de télévision privées:

Article 6

Processus d'octroi de licence pour les chaînes de télévision privées

13) a) La durée du programme doit couvrir:

(i) le total de 24 heures par jour pour les chaînes d'information nationales de contenu général;

(ii) au moins 18 heures par jour pour les stations d'information télévisées régionales à usage général;

(iii) au moins 12 heures par jour pour les chaînes d'information nationales ou régionales sur le thème des nouvelles ou non.

La langue principale de transmission ou de sous-titrage est le grec.

f) Au moins quatre heures par semaine des catégories d'émissions mentionnées au point ii du sous-paragraphe b) sont obligatoirement diffusées avec sous-titrage simultané en grec par le contenu général et les chaînes d'information non informatives, si elles sont incluses dans leur orientation particulière.

Enfin, l'article 8 de la même loi énonce bien que la langue principale de transmission des émissions orales doit être le grec:

Article 8

Processus d'octroi de licence pour les stations de radio locales

13)
a) La durée des émissions couvrir la totalité de vingt-quatre heures, quel que soit le contenu de la station,
la langue principale de diffusion des émissions étant le grec.

La loi suscite des coûts plus élevés pour les stations de radio plus petites ou appartenant à une municipalité, car il faut embaucher un nombre minimum d'employés à temps plein; il n'y a aucune disposition distincte pour les radios communautaires. Cette même loi de 2007 permet également aux stations de radio affiliées aux partis politiques représentés au Parlement hellénique de diffuser sans un permis préalable. De plus, en vertu de l'article 5, les stations d'information ne sont pas considérées comme les stations de radio fonctionnant avec une fréquence accordée lorsqu'elles diffusent leur programme dans une langue étrangère, en raison du public étranger spécial auquel elles s'adressent. En Grèce, le paysage radiophonique présente plusieurs particularités par rapport à autres pays européens. Bien que ce soit un petit marché, il y a environ 1000 stations de radio. L'existence de tant de stations n'assure cependant pas des niveaux élevés de diversité et une grande variété d'options, puisqu'au contraire la grande majorité des stations ne diffusent que des émissions musicales.

La politique linguistique de la Grèce à l'égard de sa langue nationale est ambiguë. D'une part, elle reste muette sur le caractère officiel de la langue grecque puisque formellement il n'y a pas de langue officielle. D'autre part, il existe un certain nombre de lois non linguistiques qui contiennent des dispositions contraignantes pour imposer le grec dans tous les domaines de la société grecque, que ce soit dans les tribunaux, l'administration, l'éducation, les médias électroniques, etc. 

Le domaine de l'éducation semble particulièrement privilégié. Non seulement la législation fait-elle grand cas de l'enseignement du grec dans les établissements d'enseignement, mais elle se préoccupe également de l'apprentissage et de l'enseignement de cette langue auprès des immigrants, des réfugiés, des apatrides, sans oublier cet enseignement à l'extérieur de la Grèce. La présence d’un nombre important de ressortissants étrangers en Grèce, ainsi que l’intérêt grandissant pour la langue grecque à l’étranger ces dernières années a augmenté la demande pour l’enseignement du grec en tant que langue étrangère. C'est pourquoi la certification standardisée du niveau de connaissance de la langue grecque s'est ainsi avérée d’une nécessité de plus en plus grandissante. Le Centre pour la langue grecque a été désigné pour organiser les examens de grec et de décerner les certificats respectifs. 

En somme, la Grèce ne ménage pas ses efforts pour promouvoir sa langue nationale dans le pays et même à l'étranger, bien que celle-ci ne soit pas proclamée comme «langue officielle» par une loi ou dans la Constitution. Il reste à savoir, dans ces conditions, quel rôle peuvent jouer les langues minoritaires dans ce pays où l'accent est constamment mis sur la langue nationale.

Dernière mise à jour: 08 déc. 2024

Grèce


1)
Situation générale
& données démolinguistiques

 


2)
Données historiques

 

 
3)
Politique linguistique
à l'égard de la langue grecque
 


4)
Politique linguistique
à l'égard des minorités

 


5)
Bibliographie
 


Chypre
 


L'Europe

Accueil: aménagement linguistique dans le monde