Le vieux norrois des Vikings

Le vieux norrois est une langue germanique ancienne parlée à l'origine par les peuples nordiques, notamment propagée par les Vikings. Cette langue fut parlée dès le VIIIe siècle et s'est perpétuée jusqu'à ce qu'elle se fragmente en langues nordiques distinctes (islandais, féroïen, suédois, norvégien, etc.).

Le vieux norrois était divisé en trois grandes variantes :

1) le vieux norrois occidental : Islande, îles Féroé, Norvège, 'Irlande, Écosse, île de Man, nord-ouest de l'Angleterre et Normandie;
2) le vieux norrois oriental :  Danemark, Suède, est de l'Angleterre et Russie kiévienne;
3) le vieux gutnisk : île de Gotland (Suède) en mer Baltique.

En réalité, le vieux norrois, loin d'être uniforme, était réparti en une succession de variantes locales avec de nombreuses affinités entre elles. Cette langue doit être comprise comme une entité générique pour désigner des langues qui deviendront plus tard l'islandais, le féroïen, le norvégien, le danois, le suédois et le gotlandais.  Au XIe siècle, le vieux norrois était la langue européenne numériquement la plus parlée; elle s'étendait du Vinland (l'actuelle île de Terre-Neuve au Canada) à l'ouest jusqu'à la Volga à l'est en passant par le Groenland et la Normandie (voir la carte au haut de la page). C'est dans la Russie kiévienne, à Veliky Novgorod, que le vieux norrois a survécu le plus longtemps, probablement jusqu'au XIIIe siècle, avant d'être submergé par les langues slaves. Néanmoins, le russe, l'ukrainien, le biélorusse, même le lituanien et le letton (langues baltes), ont également quelques emprunts au vieux norrois.

L'immense majorité de cette très grande littérature fut rédigée aux XIIIe et XIVe siècles en Islande, qui avait été colonisée vers la fin du IXe à partir de la Norvège et des régions des îles Britanniques alors sous domination scandinave. Cela signifie que la langue islandaise était restée fidèle à ses origines médiévales et n'a évolué que très superficiellement depuis cette époque. Les Vikings utilisaient un alphabet particulier, l'alphabet runique.

Quant au vieil anglais, il est apparenté aux langues germaniques occidentales. Dès le VIe siècle, les envahisseurs nordiques, parlant le vieux norrois. notamment les Angles, les Saxons, les Frisons, les Jutes furent à l'origine des Anglo-Saxons, car tous ces peuples furent influencés par le vieux norrois. Par conséquent, l'anglais moderne a hérité d'une proportion importante de son vocabulaire directement du vieux norrois. Un certain nombre de mots d'emprunt ont été introduits en irlandais, dont beaucoup sont associés à la pêche et à la voile. Une influence similaire se retrouve dans le gaélique écossais, avec plus d'une centaine d'emprunts estimés dans la langue, dont beaucoup sont liés à la pêche et à la voile.

Incapable de repousser les envahisseurs vikings (ces «hommes du Nord» — Northmans — venus de la Scandinavie), Charles III dit le Simple leur concéda en 911 une province entière, la Normandie. Les Vikings de Normandie, comme cela avait été le cas avec les Francs, perdirent graduellement leur langue scandinave, le vieux norrois, et adoptèrent une langue d'oïl qu'on appellera le «franco-normand». Toutefois, les Normands installés en France ont conservé un certain nombre de mots du vieux norrois (moins de 200) qu'ils ont ensuite transmis à la langue française. C'est donc à travers le normand que ces mots sont aujourd'hui employés en français moderne.

Voici quelques mots du norrois transmis par les Normands en français: amer, carlingue, drakkar, flotte, gadelle, hauban, homard, houle, marsouin, quille, ras, raz, rorqual, tangue, turbot.

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