Kanaks et Caldoches

Les termes servant à désigner les deux communautés rivales de la Nouvelle-Calédonie, les Caldoches et les  Kanaks, ont eu, à l’origine, une connotation nettement péjorative et ont été inventés par l'autre.

1 Les Caldoches

En effet, le mot caldoche (provenant, d’une part, de Calédonie et, d’autre part, du suffixe péjoratif -oche) est un mot créé vers 1960 par les enfants kanaks, probablement de l’île Lifou, lorsqu’ils voulaient s’insulter entre eux. Ce mot servait à désigner par dérision les descendants des Européens de la Nouvelle-Calédonie qui, à tort ou à raison, étaient réputés pour être «forts en gueule». Les Kanaks se sont toujours souvenus que les premiers colons français étaient «durs à la peine, forts en gueule, francs buveurs», etc. Mais un grand nombre de Caldoches ont la peau plus foncée des «Blancs de la brousse», c’est-à-dire qu’ils semblent un peu métissés. De plus, certains peuvent parler peu et être fortement influencés sur le plan linguistique par le vocabulaire et la syntaxe des langues mélanésiennes.

Dans Mille et un mots calédoniens, petit lexique des termes utilisés en français calédonien, une autre origine est donnée pour le mot Caldoche. Il s’agirait d’un mot d'origine récente (vers 1968) dû à Mme J. Schmidt qui, à l'occasion du débat sur les «lois Billotte», avait engagé dans les journaux locaux une polémique avec diverses personnalités. Elle avait choisi un pseudonyme en deux parties: CALD, parce qu'elle se sentait profondément calédonienne, et OCHE pour rappeler son enfance du quartier de la rue d'Ypres où elle se faisait traiter de «sale boche» par les parents de ses camarades de jeu, en raison de ses origines familiales. Le propriétaire du journal Dito qui trouvait ce pseudonyme amusant l’aurait généralisé par la suite.

Enfin, soulignons que le terme Caldoche n'est pas revendiqué par tous les Calédoniens d'origine européenne. Beaucoup se présentent comme des «Calédoniens» et considèrent que le nom Caldoche est péjoratif (de la même manière que Zoreilles est le terme péjoratif pour parler des Métropolitains).

2 Les Kanaks

Quant au mot kanak ou canaque, il est d’origine polynésienne: kanaka signifiait «homme» (1867) en hawaïen et serait probablement venu avec les marins du capitaine James Cook. En raison de la proximité sonore des mots canaque et macaque (ce primate à corps trapu et à museau proéminent), les Blancs de la Nouvelle-Calédonie ont ainsi, vers 1899, affublé de ce nom les Mélanésiens. Ceux-ci ont repris à leur compte ce mot dépréciatif comme un défi lancé aux Blancs. Le mot Kanak est maintenant un terme valorisant; il est associé aux revendications nationalistes des autochtones de la Nouvelle-Calédonie.


 

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