1959 (recens.) | 1989 (recens.) | 2001 (recens.) | 2008 (est.) | 2009 (est.) | 2010 (est.) | 2011 (est.) | 2012 (est.) | 2014 (recens.) |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
1 246 197 | 2 065 829 | 2 033 736 | 1 971 072 | 1 967 260 | 1 965 305 | 1 963 514 | 1 963 008 | 2,284 400 |
Le nombre annuel des naissances, qui était de 32 000 en 1990, avait baissé à quelque 15 000 en 2000.
La Crimée russe a fait l'objet d'un recensement de la population avec la participation des autorités fédérales de la fédération de Russie; ce recensement a eu lieu du 14 octobre au 25 octobre 2014. Les résultats définitifs de l'opération ont été publiés en août 2015. Sur le territoire du district fédéral de Crimée (république de Crimée), la population résidente était de 2,2 millions de personnes, dont 1,8 million (82,8%) en république de Crimée et 393 304 personnes (17,2%) dans la ville d'importance fédérale de Sébastopol.
Il convient de noter que le recensement de 2014 a été effectué «sous occupation». Par conséquent, les médias locaux et russes ont activement eu recours à des discours de haine envers l'Ukraine, les Ukrainiens et la culture ukrainienne, ainsi qu'envers les Tatars de Crimée. Certains médias russophones ont même fait appel à la violence et à la discrimination en toute impunité. Or, ces discours de haine et ces manifestations de discrimination à l’encontre des Ukrainiens et des Tatars de Crimée ont obligé un grand nombre de ces derniers à éviter d'exprimer leur propre appartenance ethnique, afin de ne pas être soumis au harcèlement des autorités. C'est ainsi que les informations sur les Ukrainiens et les Tatars en Crimée, obtenues à la suite du recensement de 2014 en Russie, ne sont pas objectives, le nombre d'Ukrainiens et de Tatars dans la péninsule pouvant être nettement sous-estimé.
2.1 La composition ethnique
|
En 2001, la composition ethnique de la Crimée se répartissait de la façon suivante (Wikipédia): 58,5 % de Russes, 24,4 % d'Ukrainiens, 12,1 % de Tatars de Crimée, 1,5 % de Biélorusses, 0,5 % de Tatars, 0,4 % d'Arméniens, 0,2 % de Juifs, 0,1 % de Grecs, etc. En 2018, en Crimée russe, la composition ethnique avait changé: 67,9 % de Russes, 15,6 % d'Ukrainiens et 10,5 % de Tatars de Crimée. Les trois communautés linguistiques importantes demeurent les mêmes, mais dans des proportions différentes. |
En effet, les russophones ont augmenté leur nombre de 9,4 %, tandis que les ukrainophones ont vu leur nombre réduit à 8,8 % et les Tatars à 1,6 %. Le russe et l'ukrainien sont des langues slaves, mais le tatar de Crimée fait partie de la famille altaïque.
Le tableau de gauche présente la répartition ethnique de la population criméenne au recensement russe de 2014, en distinguant trois composantes: la péninsule de Crimée, la république de Crimée et la ville fédérale de Sébastopol.
Nous pouvons constater que les russophones comptent pour 67,9% de la population de la péninsule de Crimée; pour 65,2% de la république de Crimée et pour 81,0% de la ville de Sébastopol. Suivent les Ukrainiens avec 15,6% de la population dans la péninsule de Crimée, 15,9% dans la république de Crimée et 14,1% dans la ville de Sébastopol. Finalement, les Tatars (toutes catégories confondues) sont à peu près dans les mêmes proportions, sauf à Sébastopol: 12,6% dans la péninsule de Crimée, 14,9% dans la république de Crimée et 1,4% dans la ville de Sébastopol.
Appartenance nationale |
Péninsule de Crimée | % |
République de Crimée |
% |
Ville
de Sébastopol |
% |
---|---|---|---|---|---|---|
Russes | 1 492 078 | 67,90% | 1 188 978 | 65,20% | 303 100 | 81,07% |
Ukrainiens | 344 515 | 15,68% | 291 603 | 15,99% | 52 912 | 14.15% |
Tatars de Crimée | 232 340 | 10,57% | 229 526 | 12,59% | 2 814 | 0,75% |
Tatars | 44 996 | 2,05% | 42 254 | 2,32% | 2 742 | 0,73% |
Biélorusses | 21 694 | 0,99% | 17 919 | 0,98% | 3 775 | 1,01% |
Arméniens | 11 030 | 0,50% | 9 634 | 0,53% | 1 396 | 0,37% |
Azerbaïdjanais | 4 432 | 0,20% | 3 738 | 0,20% | 694 | 0,19% |
Ouzbeks | 3 466 | 0,16% | 3 265 | 0.18% | 201 | 0,05% |
Moldaves | 3 147 | 0,14% | 2 573 | 0,14% | 574 | 0,15% |
Juifs | 3 144 | 0,14% | 2 543 | 0,14% | 601 | 0,16% |
Coréens | 2 983 | 0,14% | 2 820 | 0,15% | 163 | 0,04% |
Grecs | 2 877 | 0,13% | 2 646 | 0,15% | 231 | 0,06% |
Polonais | 2 843 | 0,13% | 2 435 | 0,13% | 408 | 0.11% |
Gitans | 2 388 | 0,11% | 2 381 | 0,13% | 7th | 0,00% |
Chuvashi | 1 990 | 0,09% | 1 529 | 0,08% | 461 | 0,12% |
Bulgares | 1 868 | 0,09% | 1 506 | 0,08% | 362 | 0,10% |
Allemands | 1 844 | 0,08% | 1 648 | 0,09% | 196 | 0,05% |
Mordves | 1 601 | 0,07% | 1 334 | 0,07% | 267 | 0,07% |
Géorgiens | 1 571 | 0,07% | 1 280 | 0,07% | 291 | 0,08% |
Turcs | 1 465 | 0,07% | 1 413 | 0,08% | 52 | 0,01% |
Autres | 15 292 | 0,70% | 12667 | 0,69% | 2625 | 0,70% |
Nationalité déclarée | 2197 564 | 100.00% | 1 823 692 | 100,00% | 373 872 | 100.00% |
Nationalité non spécifiée | 87205 | 3,82% | 67 773 | 3,58% | 19 432 | 4,94% |
Refus de répondre | 6712 | 0,29% | 5 293 | 0,28% | 1 419 | 0,36% |
Toute la population | 2 284 769 | 100,00% | 1 891 465 | 100.00% | 393 304 | 100,00% |
La liste des autres ethnies est
longue, mais elle ne compte qu'un petit nombre de
locuteurs, à l'exception des Biélorusses (21 694) et des
Arméniens (11 030).
Par exemple: les Azerbaïdjanais
(4432), les Ouzbeks (3466), les Moldaves (3147), les Juifs (3144),
les Coréens (2983), les Grecs (2877), les Polonais (2843),
les Gitans ou Roms (2388), etc.
2.2 Les langues maternelles des Criméens
Au recensement de 2014 (publié en 2015), les principales langues maternelles sont le russe (84,1 %), le tatar de Crimée (7,8 %), le tatar (3,6 %) et l'ukrainien (3,2 %).
Les Russes comptent pour 67,9 % de la population comme groupe ethnique, mais les russophones sont plus nombreux, car ils constituent 84,1 % des locuteurs de la Crimée. Cet écart entre l'ethnie et la langue s'explique par le fait que les membres des autres groupes ethniques ont adopté le russe comme langue maternelle; on pense notamment aux Tatars de Crimée, aux Ukrainiens, aux Arméniens, aux Azerbaïdjanais, aux Turcs, etc.
Les russophones sont dispersés un
peu partout sur le territoire, mais avec des zones
concentrées plus massivement dans le Sud, notamment dans les
municipalités de Kerch (78%), de Feodosiya (72%), de Sudak (59%), d'Alushta
(67%), de Yalta (65%) et de Sébastopol (71%). Les russophones sont
également majoritaires dans les raïons de Lenine (54%), de Kirovske
(50%), de Sovetskyi (48%), de Nizhnyohirskyi (50 %), de Dzhankoy (59%),
de Krasnoperekopsk
(51%), d'Armyansk (55%), de Yevpatoria (65%), de Saki (65%) et de Simferopol
(66%), ainsi que dans les raïons de Chornomorske (52%) et de Bakhchisaray
(54%). Partout ailleurs, les russophones sont minoritaires, tout en
étant présents dans les autres raïons.
Les Ukrainiens sont aussi présents dans la plupart des régions, mais ils demeurent très minoritaires, alors que les Tatars sont concentrés dans le Nord tout en étant minoritaires. |
En 2001, alors que la Crimée était ukrainienne, les russophones étaient dispersés un peu partout sur le territoire (voir la carte n° 1 ci-dessous) avec des zones massivement russophones dans le Sud, notamment dans les municipalités de Kerch (78%), de Feodosiya (72%), de Sudak (59), d'Alushta (67%), de Yalta (65%) et de Sébastopol (71%). Les russophones étaient également majoritaires dans les raïons de Lenine (54%), de Kirovske (50%), de Sovetskyi (48%), de Nizhnyohirskyi (50 %), de Dzhankoy (59%), de Krasnoperekopsk (51%), d'Armyansk (55%), de Yevpatoria (65%), de Saki (65%) et de Simferopol (66%), ainsi que dans les raïons de Chornomorske (52%) et de Bakhchisaray (54%). Partout ailleurs, les russophones sont minoritaires, tout en étant présents dans les autres raïons.
Les Ukrainophones occupaient également une grande partie de la péninsule (voir la carte n° 2), notamment la partie plus septentrionale (en vert) où ils étaient souvent en nombre égal aux russophones, sinon en nombre supérieur (raïons de Pervomayske et de Krasnoperekopsk).
Quant aux Tatars de Crimée (voir la carte n° 3 ci-dwessus), ils étaient généralement regroupés près des centres urbains, mais ils constituaient une importante minorité (plus de 20%) dans les raïons de Lenine (29%), de Kirovske (25%), de Sovetskyi (22%), de Nizhnyohirskyi (28%), de Dzhankoy (21%), de Pervomayske (21%), de Simferopol (22%), de Bilohirsk (29%) et de Bakhchisaray (21%). Durant toute l’époque soviétique, les Tatars de Crimée, qui sont aujourd'hui considérés comme une population «autochtone», étaient appelés les «Turcs tatars». Ils parlent en effet une langue turque de la famille altaïque appelée parfois le crimo-tatar ou turc criméen.
Dans la ville à statut spécial de Sébastopol, le recensement de 2001 présentait la répartition de la population de la façon suivante: 71,6 % de russophones, 22,4 % d'ukrainophones, 1,6 % de Biélorusses, 0,7 % de Tatars, 0,5 % de Tatars de Crimée, 0,3 % d'Arméniens, 0,3 % de Juifs, 0,2 % de Moldaves ou de Roumains et 0,2 % d'Azerbaïdjanais. Évidemment, toutes ces statistiques ne valent plus depuis l'occupation russe en Crimée. Il faudra des années avant d'obtenir des données cartographiques de la part des Russes, tandis qu'il est fort probable qu'Ukrainiens et Russes ne soient pas d'accord pour ce qui concerne la population de la zone occupée et annexée. De plus, les données risquent d'être faussées, car se déclarer ukrainophone depuis 2014 signifie être expulsé. Qui a envie de quitter une région méditerranéenne pour se retrouver entassé dans un camp de réfugiés en climat continental ?