1 Le walser
Le mot walser vient du mot allemand Walliser signifiant «Valaisan» ou «d’origine valaisanne», c’est-à-dire originaire du canton du Valais — ou Wallis en allemand — ou valaisan en français. Les Walser parlent une langue germanique de type alémanique comme le Schweizerdeutsch utilisé dans les cantons germanophones de la Suisse; leur langue est appelé en allemand Walserdeutsch, en walser Walsertitsch ou en français simplement walser. Elle fait donc partie du groupe des langues appartenant à l'allemand supérieur (Oberdeutsch). |
Parmi les traits linguistiques de cette langue germanique, on peut noter une grande variété des voyelles, la transformation du [z] (s- à l'écrit) allemand en [sch] (sie = schii; uns = ünsch/insch/iisch; Eis = lisch; böse = böösch/beesch), des voyelles [üu] en [ii] (Hüüs,/Hiischi = Hus; drii = drei), ainsi que la série consonantique [nk] en [ch] (trinken = triichä). On remarque également le «ei» des verbes (sie geht = schii geit; schneien = schniiä) ainsi que les diminutifs (Häuschen = Hüüschi; Mädchen = Meitja; Kühlein= Ghüetschi). S'y ajoutent un grand nombre de mots et d'expressions particulières provenant presque toujours d'une création locale.
2 Les origines et les aires linguistiques
C'est vers l'an 1000 qu'apparut un petit groupes d'Alamans venus s'établir dans les alpes valaisiennes, plus précisément dans la vallée de Goms (en français: Conches). Mais les Walser avaient pour coutume de transmettre l'ensemble de leurs biens à un unique héritier, ce qui finit par contraindre les autres membres de la famille à émigrer vers des lieux plus éloignés. C'est ce qui explique en partie pourquoi les Walser ont constamment émigré au cours de leur histoire.
Une bonne partie de ces bergers et paysans de montagnes quittèrent le Haut-Valais pour d'autres contrées alpines, aussi peu hospitalières, notamment dans l'Oberland bernois, puis vers le sud dans la Vallée d'Aoste et au Piémont (Italie). Par la suite, d'autres Walser aboutirent dans les hautes vallées grisonnes (région de Davos en Suisse) pour arriver ensuite au Liechtenstein et en Autriche (Voralberg et Tyrol), puis le Südtirol (maintenant en Italie).
Aujourd’hui, on trouve encore des Walser en SUISSE, plus précisément dans le canton bilingue du Valais/Wallis ainsi que dans le canton italophone du Tessin et en ITALIE du Nord, dans la Vallée d’Aoste, dans le Südtirol et le Frioul-Vénétie-Julienne, ainsi qu'en AUTRICHE (Voralberg et Tyrol) et au LIECHTENSTEIN.
La carte qui suit illustre la migration des Walser à travers l'Europe, plus précisément en Suisse (dans les cantons du Valais, du Tessin et de Saint-Gall), ainsi qu'en Italie et en Autriche (Voralberg et Tyrol). La carte illustre également une autre petite communauté, les Romanches, mais d'origine latine celle-là. Les deux langues, tant le romanche que le walser, sont grandement menacées de disparition. Dans les quelques pays (Suisse, Italie, Autriche et Liechtenstein) qui abritent des locuteurs du walser, divers efforts ont été faits pour sauvegarder cette langue, ainsi que cette culture alpine assez caractéristique. Quant au romanche, c'est surtout le gouvernement de la Suisse fédérale qui tente, pour sa part, de protéger cette langue dans le canton des Grisons.
3 En Suisse
En Suisse, les Walser ont quitté depuis longtemps les vallées valaisiennes. Il n'existe en principe plus de villages walser dans le canton du Valais, mais on compterait une petite communauté de Walser (peut-être une centaine de locuteurs) installée dans la vallée de Goms (Haut-Valais). Au nord du Valais, dans le canton de Berne, il existe des villages de Walser (Lütschinental, Lauterbrunnen, Mürren, Planalp) dans l'Oberland, ainsi que dans le canton d'Uri (Ursemtal) et le canton du Tessin (Bosco-Gurin) avec 23 locuteurs (2000) du walser.
Il faut aller ensuite dans le canton des Grisons où les villages de Walser sont nombreux: Tavetsch, Obersaxen, Vals, Safiental, Rheinwald, Avers, Lagnwies-Arosa, Davios, Klosters, St. Antönien. Dans le canton de Saint-Gall, citons le villages de Weisstannental und Calfeisental. Au total, on dénombrerait quelque 10 000 locuteurs du walser en Suisse, répartis dans 26 communautés.
4 Au Liechtenstein
Dans la principauté du Liechtenstein, on compterait quelque 1300 locuteurs du walser, notamment dans les localités du Sud (Triesenberg, Saminatal et Malbun). Mais les Walser ne sont pas reconnus en tant que minorité nationale.
5 En Italie
Les Walser de la Vallée d’Aoste seraient arrivés dès le XIIIe siècle et se seraient installés dans la vallée valdôtaine du Lys, plus précisément à Issime, Gressoney-Saint-Jean et Gressoney-La-Trinité, où l'on parle aujourd'hui ce dialecte alémanique. Il est possible que le nombre des locuteurs de cette langue atteigne les 600 au Val-d'Aoste. On compte aussi de nombreux îlots de langue walser dans les vallées autour du Monte Rosa (Valle del Lys, Valsesia, Valle Anzasca et Val Formazza) dans la partie est de la région d'Aoste.
Dans la Région du Piémont, les Walser sont présent à Salecchio e Agaro dans la vallée d'Antigorio, à Ornavasso e Migiandone dans le val d'Ornavasso, à Campello Monti dans la vallée de Strona et Rima San Giuseppe. Les communautés walser du Piémont résultent d'une immigration germanique provenant de la vallée du Rhône, qui aurait eu lieu au Moyen Âge. Le nombre des locuteurs du walser au Piémont est estimé à environ 1500 personnes.
Dans la région du Frioul-Vénétie Julienne, il existe de petits îlots linguistiques de Zahre/Sauris, Tischlwang/Timau et à l'extrême-est, aux frontières autrichienne et slovène, le Kanaltal. La taille de ces petites communautés de locuteurs du walser dans ces îlots linguistiques varie du plus petit groupe constitué par les Cimbres de la province de Vérone (en Vénétie) au lus grand dans le Kanaltal. Évidemment, l'existence culturelle et linguistique de ces îlots linguistiques est nécessairement en péril et certains d'entre eux sont menacés d'extinction.
Enfin, dans la province de Trente (région du Trentin-Haut-Adige), on trouve deux petites communautés linguistiques de langue germanique, l'une dans le Fersental/Valle dei Mocheni et l'autre en Lusern/Luserna. Il s'agit du mochène (mòcheno/fersentaler) et du cimbre, tous deux proches du dialecte bavarois. Il existe encore de petites communautés de langue cimbre sur le plateau d'Asagio (province de Vicence) ainsi que dans les montagnes Lessines (province de Verona). Dans la région du Veneto, on rencontre les îlots linguistiques de Pladen/Sappada, dans lesquels la langue allemande est encore entretenue dans une certaine mesure.
Au total, on dénombrerait quelque 3400 locuteurs du walser (neuf communautés) en Italie.
6 En Autriche
Ce sont les Walser d'Autriche qui semblent les plus nombreux: plus de 10 000. Ils résident dans 14 villages du Voralberg (surtout) et du Tyrol: Latems, Grosses Walsertal, Kleines Walsertal, Tannberg, Silbertal-Montafon, Galtür, Branchertal, etc. Cette minorité n'a obtenu aucun statut reconnu en Autriche.
N.B.: On peut consulter ce site sur les Walser:
http://www.wir-walser.ch/francais/wersind.html