Région administrative spéciale

Hong Kong

香港 = Xiānggǎng

Région administrative spéciale

(République populaire de Chine)

 
Capitale: Victoria (généralement appelée «Central District») sur l'île de Hong-kong
Population: 7,4 millions (2019)
Langues officielles: chinois et anglais 
Groupe majoritaire: cantonais (88,9 %)
Groupes minoritaires: chinois mandarin, anglais, filipino, chinois hakka, hindi, etc.
Système politique: région administrative spéciale (RAS) de la République populaire de Chine  
Articles constitutionnels (langue):  art. 9 de la Loi fondamentale (Basic Law) de 1990
Lois linguistiques:  Ordonnance sur les langues officielles (1974); Règlement sur la procédure civile des tribunaux de district (générales) - Emploi de la langue (1996-2020)
; Règlement sur la procédure civile de la Haute Cour - Emploi de la langue (1998); Règlement sur les langues officielles - traduction (2020);
Lois à portée linguistique: Ordonnance sur les jurés (1887-2019)
; Ordonnance sur l'interprétation et les clauses générales (1966-2017); Règlement sur les recours administratifs (1969-2018); Règlement de la Haute Cour (1988-2018); Ordonnance sur la Charte des droits de Hong Kong (1991-2017); Ordonnance sur la réunification de Hong Kong (1997); Règlement (disciplinaire) sur la fonction publique (2002); Ordonnance sur la radiodiffusion (2012-2020); Règlement intérieur du Conseil législatif de la Région administrative spéciale de Hong Kong (2022).

1 Situation générale     

Hong Kong (en chinois mandarin: 香港; en pinyin: Xiānggǎng; en cantonais: Xiānggǎng huà) est aujourd'hui l'une des deux régions administratives spéciales (RAS: "Tèbié xíngzhèngqū") de la République populaire de Chine, l'autre étant Macao, toutes deux disposant des pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires dévolus au gouvernement national.

Le territoire de Hong Kong, comme celui de Macao, est situé dans le sud-est de la Chine, sur la rive orientale de la rivière des Perles, dans le delta du même nom. Cette région administrative, qui occupe une péninsule sur la côte sud, ainsi que quelques îles, est baignée par la mer de Chine méridionale. Elle jouxte la province chinoise du Guangdong au nord. La RAS de Macao, située à l'ouest, est reliée à la RAS de Hong Kong depuis 2018 par un pont-tunnel de 55 km.

Pour emprunter le pont-tunnel Hong Kong-Zhuhai-Macao reliant Macao à la Chine, les automobilistes doivent posséder un permis de conduire spécial, car les Chinois et les Macanais roulent à droite, alors qu'à Hong Kong, ancienne colonie anglaise, les individus roulent à gauche.

Hong Kong est un petit territoire de 1068 km² à l'exemple de l'île Maurice (1860  km²) ou de Sao Tomé-et-Principe (1001  km²), ce qui constitue pour la Chine une bien petite province, encore beaucoup moins que l'île de Hainan (34 300 km²). Le territoire comprend principalement, outre plusieurs îlots, l'île de Hong Kong, l'île de Lantau (Lan Tao) et les Nouveaux-Territoires (New Territories), où se trouvent les agglomérations continentales de Kowloon, de Tuen Mun, de Sheung Shui et l'aéroport international de Kai Tak.

Cette ancienne colonie britannique fut rétrocédée à la Chine en 1997, mais une loi fondamentale qui sert de constitution détermine son régime politique par rapport à la Chine continentale, avec le résultat que Hong Kong demeure juridiquement différente du reste de la Chine. Le territoire obéit au principe «un pays, deux systèmes», ce qui permet à Hong Kong de conserver son système judiciaire (la Common Law), sa monnaie (le dollar de Hong Kong), son système politique (la démocratie et le multipartisme), ses lois sur l'immigration, son domaine Internet (.hk), etc.

Selon les termes de la déclaration sino-britannique, la République populaire de Chine accorde à Hong Kong un haut degré d'autonomie, au moins jusqu'en 2047, soit 50 ans après le transfert de la souveraineté, à l'exception des affaires étrangères et de la défense qui relèvent de la Chine continentale.

Le territoire dispose d'un «chef de l'Exécutif» appelé "Chief Executive in Counci" (en français : «directeur général»), qui est également le plus haut fonctionnaire du gouvernement de la région administrative spéciale; celui-ci, élu par un comité électoral, est néanmoins nommé officiellement par le premier ministre de la République populaire de Chine. Il est aussi le chef de la branche exécutive, laquelle comprend un Conseil exécutif qui donne ses avis sur les questions politiques. Le pouvoir législatif est exercé par le Conseil législatif de Hong Kong.

Depuis 2021, à la suite d'une réforme du système électoral effectué par l'Assemblée nationale populaire de la Chine, le Conseil législatif est composé de 90 sièges, dont 20 sont pourvus par les électeurs au suffrage universel direct, alors que 30 sièges sont choisis au scrutin indirect par des groupes socioprofessionnels, et les 40 sièges restants par un comité des personnalités pro-Pékin.

2 Données démolinguistiques

Le terme «Hongkongais» est employé pour désigner les résidents de Hong Kong, y compris les résidents permanents et non permanents. Selon l'Oxford English Dictionary, le mot "Hongkonger" est apparu pour la première fois en anglais dans une édition de 1870 du Daily Independent, un journal basé aux États-Unis. En français, Hongkongais désigne les habitants, alors que hongkongais/hongkongaise sont des adjectifs (p.ex., les municipalités hongkongaises).

2.1 La densité de la population

Hong Kong est l'un des territoires les plus densément peuplés au monde avec une moyenne de 6357 habitants/km². Plus de sept millions d'habitants sont entassés sur 1068 kilomètres carrés. De plus, en tenant compte de la topographie du territoire, seulement un cinquième du territoire est constructible, la concentration urbaine peut ainsi atteint des moyennes très élevées, soit 30 000 habitants/km² dans certaines municipalités.

Les secteurs les plus densément peuplés sont d'abord celui de Kowloon (2,1 millions), puis toute l'île de Hong Kong —  appelée aussi "Central District" —  (1,4 million), ainsi que les secteurs de Tsuen Wan (319 000) et de Sha Tin (660 00). Les Nouveaux Territoires comptent bien 3,6 millions d'habitants, mais sur une superficie beaucoup plus grande, soit 952 km², ce qui correspond à 89 % de la Région administrative spéciale (RAS) de Hong Kong. Ailleurs, l'île Lantau, la péninsule de Sai Kung et tous les îlots demeurent peu peuplés. Tout cela sur une superficie, rappelons-le, de 1068 km².

2.2 La composition ethnique

Recensement de 2011 Recensement de 2016 Recensement de 2021
Groupe ethnique Nombre % Nombre % Nombre %
Chinois 6 620 393 93,6% 6 752 202 92,0% 6 793 502 91,6%
Philippin 133 018 1,9% 184 081 2,5% 201 291 2,7%
Indonésien 133 377 1,9% 153 299 2,1% 142 065 1,9%
Blanc 55 236 0,8% 58 209 0,8% 61 582 0,8%
Indien 28 616 0,4% 36 462 0,5% 42 569 0,6%
Népalais 16 518 0,2% 25 472 0,3% 29 701 0,4%
Pakistanais 18 042 0,3% 18 094 0,2% 24 385 0,3%
Thaïlandais 11 213 0,2% 10 215 0,1% 12 972 0,2%
Japonais 12 580 0,2% 9 976 0,1% 10 291 0,1%
Autres Asiatiques 12 247 0,2% 19 589 0,3% 10 574 0,1%
Tous les autres 30 336 0,4% 68 986 0,9% 70 124 0,9%
7 071 576 7 336 585 7 413 070
D'après le tableau ci-contre, 91,6% des Hongkongais sont des Chinois (2021); ils constituent donc l'immense majorité de la population. Suivent les populations immigrantes tels les Philippins (2,7%), les Indonésiens (1,9%), les «Blancs» ou Occidentaux (0,8%), les Indiens (0,6%), les Népalais (0,4%), les Pakistanais (0,3%), les Thaïlandais (0,2%), les Japonais (0,1%). Les Philippins et les Indonésiens sont établis à Hong Kong depuis longtemps, au moment de la colonisation britannique; ils constituent ce qu'on pourrait appeler des «minorités nationales».

Le tableau indique aussi deux catégories: les «autres Asiatiques» (0,1%) et «tous les autres» (0,9%). 

Cependant, ces statistiques ne disent pas de quelle catégorie de Chinois il s'agit: des Chinois mandarinophones? des Chinois cantonophones?, des Chinois hakkanophones?

2.3 Les langues parlées

De façon générale, la plupart des non-sinophones du monde croient qu'en Chine on parle le chinois. C'est vrai, mais il ne faut pas oublier qu'il existe une bonne dizaine de langues chinoises majeures dans ce pays: mandarin (876 millions de locuteurs), wu (77 millions), cantonais (71 millions), min (60 millions), jin (45 millions), xiang (36 millions), hakka (34 millions), gan (31 millions), etc. Si le mandarin est appelé chinois, le cantonais est également du chinois, comme les autres langues. Les mandarinophones ont tendance à survaloriser leur variété de chinois et de dévaloriser les autres variétés en les qualifiant de «dialectes» ("fāngyán"), bien que ce soit bel et bien des langues, sauf que le mandarin sert de langue officielle commune en Chine. Par exemple, le cantonais est parlé par plus de 71 millions de locuteurs, ce qui est presque autant que l'allemand (76 millions) ou le turc (71 millions) et davantage que l'italien (63 millions). Le cantonais est parlé particulièrement dans le sud de la Chine, dans les provinces du Guangdong et du Guangxi, ainsi qu'à Hong Kong et à Macao.

Langue habituellement parlée
à la maison (5ans +) 2016
Nombre Pourcentage
Cantonais 6 264 700 88,9%
Mandarin 131 406 1,9%
Autres langues chinoises 221 247 3,1%
Anglais 300 417 4,3%
Autres langues 131 100 1,9%
Total

7 048 969

 
Comme on le constate dans le tableau ci-contre, 88,9% des locuteurs parlent le cantonais comme «langue d'usage» (ou «usual language»), une langue chinoise appartenant à la famille sino-tibétaine. Il reste fort peu de locuteurs pour les autres langues, mais il s'agit du mandarin (1,9%), du hakka, du filipino, du malais, de l'anglais, du thaï, de l'ourdou, du népali, etc.

Évidemment, l'anglais n'est pas une langue «minoritaire» comme les autres, c'est l'une des deux langues officielles avec le chinois. Or, aucun texte juridique ne précise de quelle langue chinoise il s'agit. Dans la pratique, c'est le chinois cantonais pour la population, car le chinois mandarin n'est effectivement employé que lors de la visite d'officiels de Pékin.

Proportion de la population (5 ans +)
capable de parler certaines langues 

 

2006

2011

2016

 

%

%

%

Cantonais

96,5

95,8

94,6

Mandarin

40,2

47,8

48,6

Hakka

4,7

4,7

4,2

Anglais

44,7

46,1

53,2

Min (hokkien)

3,4

3,5

3,6

Chaozhou (teochew)

3,9

3,8

3,4

Indonésien

1,7

2,4

2,7

Filipino (tagalog)

1,4

1,7

2,7

Japonais

1,2

1,5

1,8

Shanghainais

1,2

1,1

1,1

Une grande partie de la population de Hong Kong est capable de communiquer dans plusieurs langues. Bien que 88,9% des Hongkongais aient le cantonais comme langue maternelle, d'autres locuteurs peuvent aussi le parler comme langue seconde, puisque 94,6% des habitants peuvent s'exprimer dans cette langue. Alors que seulement 1,9% des locuteurs ont le mandarin comme langue officielle, 48,6% déclarent le parler. Le même phénomène existe pour l'anglais: 53,2% des Hongkongais peuvent le parler, contre 4,3% qui l'utilisent comme langue maternelle.

En raison du rôle de Hong Kong en tant que plaque tournante internationale du commerce et de la finance, il existe également une grande variété de groupes minoritaires parlant l'une ou l'autre des nombreuses langues présentes sur le territoire. Mentionnons au moins les langues suivantes: le hakka, le hokkien ou min (parlé à Taiwan), l'indonésien, le tagalog (ou filipino parlé au x Philippines), le chaozhou ou teochew (parlé dans la province chinoise du Guangdong, le japonais et le shanghainais parlé à Shanghai.  

En tant qu'ancienne colonie britannique, Hong Kong bénéficie de deux langues officielles : l'anglais et le «chinois», tel qu'il est mentionné dans la Loi fondamentale. Dans les faits, bien que la variété spécifique de chinois ne soit pas précisée et bien que la majorité de la population utilise le cantonais comme langue parlée habituelle, c'est le mandarin, c'est-à-dire le putonghua, qui est en passe de devenir progressivement la «vraie» variété officielle.


Le cantonais parlé à Hong Kong et dans la province du Guangdong n'est pas linguistiquement homogène. En effet, il est fragmenté en plusieurs variétés dialectales telles que le yuehai, le siyi, le gaolei, le qinlian, le guinan, le guangzhou, etc.; la variété guangzhoue est considérée comme le cantonais standard. 

Comme quoi les perceptions peuvent être différentes, le cantonais est considéré par les Hongkongais comme la «vraie langue chinoise», plutôt que le chinois mandarin représenté par la langue orale officielle en Chine populaire (putonghua), d'ailleurs perçu comme une «invention» des mandarins chinois. Évidemment, les Chinois du Nord parlant le mandarin croient, pour leur part, que le cantonais est une «aberration pour non-civilisés», une perception encore plus méprisante que le «dialecte». 

2.4 Les sinogrammes chinois

Pour la transcription écrite, les locuteurs sinophones, peu importe la langue chinoise (mandarin, min, cantonais, wu, hakka, etc.), utilisent tous pour écrire un système idéographique, une écriture très ancienne (certains diront «archaïque») qui ne repasse pas par les sons de la langue, comme c'est le cas des écritures alphabétiques (latin, arabe, hébreu, arménien, etc.). Chaque idéogramme représente à la fois un mot et une syllabe, et chaque mot dispose d'un signe, ce qui rend évidemment le système peu économique, car près de 6000 à 8000 caractères sont généralement nécessaires. On peut compter jusqu'à 80 000 sinophones dans certains dictionnaires scientifiques.

Pour comprendre un peu ce système qui paraît impénétrable pour les Occidentaux, il suffit de le comparer avec notre façon d'indiquer les nombres. Ainsi, le chiffre [ 8 ], tel un pictogramme, peut prendre une forme différente selon la langue employée: en français (huit), en anglais (eight), en allemand (acht), en espagnol (ocho), en grec (októ), en russe (vosem'), en basque (zortzi), en maori (waru), en malais (lapan), en turc (sekiz), etc.

Pour ce qui est de la «bonne» prononciation, c'est déjà plus compliqué, car il faut tenir compte du système phonétique de la langue employée. Pour un anglophone, prononcer correctement le mot français «huit» ne va pas de soi, si celui-ci ne connaît pas le français, il va le prononcer à l'anglaise.

Grâce au système des pictogrammes, tous les sinophones (mandarin, min, cantonais, wu, hakka, etc.) de la Chine ou du monde peuvent lire, par exemple, le même journal, chacun dans sa langue. Bref, le chinois écrit, le putonghua, a l'avantage d'être compatible avec toutes les langues chinoises parlées, qui ne sont pas mutuellement intelligibles. Les individus dans tout le pays peuvent donc échanger et commercer en s'écrivant, même s'ils ne le peuvent pas en se parlant. Néanmoins, un Chinois de la République populaire de Chine pourra avoir certaines difficultés à lire un journal de Hong Kong si celui-ci utilise les caractères classiques ou traditionnels (encore en usage à Hong Kong) plutôt que les caractères simplifiés, et ce, même s'il parle le cantonais. 

- L'écriture traditionnelle et l'écriture simplifiée

Si un francophone regarde les sinogrammes [ 房子] signifiant «maison», il lui sera impossible de découvrir la prononciation de ce mot simplement en l'observant. Mais en pinyin, ce mot s’écrit "fángzi", ce qui est déjà plus aisé pour trouver la prononciation. Cependant, il faut aussi apprendre la prononciation des consonnes, des voyelles et surtout la distinction entre les quatre tons du mandarin avant de pouvoir prononcer correctement le mot!

En chinois mandarin, il existe deux formes de chinois écrit : simplifié et traditionnel. Ces deux formes comportent certaines différences importantes. En raison de la complexité de l'écriture chinoise traditionnelle, plusieurs réformes furent entreprises, mais la dernière plus importante en Chine date de 1977. On a simplifié le système au point qu'avec 2238 caractères il est possible de satisfaire aux besoins de l'usage le plus courant. Quant aux Hongkongais, ils écrivent le cantonais en utilisant un système similaire au chinois mandarin (putonghua). Depuis 1986, on dénombre alors 2235 caractères simplifiés.

Le chinois traditionnel, sous sa forme actuelle, tire son origine à l'époque de la dynastie des Hans, donc vers l'an 220 de notre ère, mais il est encore employé de nos jours, notamment à Hong Kong, ainsi qu'à Macao et à Taiwan.

Tandis que la forme écrite du chinois traditionnel comprend de nombreux traits et fioritures, le chinois simplifié paraît minimaliste par comparaison. C'est lors de la révolution culturelle chinoise des années 1950 que la réforme des sinogrammes fut implantée auprès du peuple chinois comme une étape importante du développement social. Il fut ensuite enseigné dans les écoles et employé dans les médias. En même temps, étant donné que les sinogrammes traditionnels ne furent jamais interdits, ils purent continuer à être employés.

Toutes les langues chinoises possèdent une structure syntaxique et des usages de caractères différents. Cependant, comme la pratique chinoise est d'écrire en langue écrite unifiée, donc en caractères chinois normalisés, les différences sont complètement effacées à l'écrit. Il ne s'agit pas d'une impossibilité à écrire ces langues, mais d'un choix issu d'un concept linguistique particulier, c'est-à-dire la séparation de l'oral et de l'écrit.

La figure ci-dessous, qui correspond à l'énoncé «je suis norvégien» illustre cette pratique de l'écrit en mandarin et en cantonais (similaire: 我是挪威人), alors que l'oral est très différent entre les deux langues: [wo3 shi4 nuo2 wai 1 rend2] et [ngo5 hai6 no1 wai 1 jan4], les chiffres indiquant un ton (quatre en mandarin, six en cantonais). Ce sont bel et bien deux langues distinctes au même titre que le français et l'espagnol, de sorte qu'elles sont inintelligibles entre elles, sauf dans l'écriture:
 

Bref, les Hongkongais s'expriment en cantonais (à l'oral), mais écrivent en chinois normalisé (mandarin officiel). Ce qu'on appelle le «chinois officiel» correspond en fait au «chinois écrit normalisé» (putonghua). Mais à l'oral, c'est du cantonais! Dans leur esprit, les Hongkongais parlent en cantonais et écrivent en chinois. Quelle que soit la langue chinoise  (mandarin, min, cantonais, wu, hakka, etc.), tous les sinophones se comprennent par l'écriture grâce aux idéogrammes communs. 

- Le cantonais écrit

Bien que le cantonais écrit standard puisse exister, il n'est pas beaucoup employé. En effet, la plupart des Hongongais de langue cantonaise écrivent en putonghua. Le cantonais est même la seule langue chinoise du Sud à bénéficier d'une transcription écrite normalisée et diffusée. Cette situation unique pour une langue chinoise autre que le putonghua s'explique par le fait que Hong Kong, d'une part, et Macao, d'autre part, furent soustraits au contrôle chinois au profit de la Grande-Bretagne ou du Portuga, selon le cas. Ces deux colonies n'ont retourné à la République populaire de Chine qu'à la fin des années 1990.

Cette situation qui caractérise Hong Kong et Macao contraste avec celles des autres langues chinoises qui n'ont pas eu la possibilité d'élaborer et d'employer une langue écrite propre autre que le chinois classique, en l'occurrence le putonghua. De son côté, le cantonais écrit normalisé peut compter sur une «clientèle» relativement élevée de plus de 85 millions de personnes, que ce soit dans les écoles, les journaux, les magazines, l'Internet, etc.

- L'alphabet pinyin

Le président Mao Tsé-toung décida aussi de doter l'écriture chinoise d'un alphabet: ce fut le pinyin (拼音) fut publié en 1958, qui avait pour but de remplacer éventuellement les sinogrammes afin de devenir l'écriture nationale. Le pinyin se veut donc un système phonétique destiné à épeler et à transcrire les sons chinois avec des lettres de l’alphabet latin, donc les mêmes lettres qu’en français, en anglais ou en espagnol. En effet, le pinyin est la romanisation des caractères chinois.

Toutefois, pour toutes sortes de raisons, bien que cette écriture puisse être utile, ce projet de remplacement fut finalement abandonné. En effet, les Chinois sont restés attachés à leur système idéographique qui caractérise l'unité de la nation. L'adoption systématique du pinyin aurait plongé les sinophones dans le multilinguisme et la «tour de Babel». Malgré les nombreuses langues chinoises parlées en Chine, un texte écrit avec des sinogrammes reste très compréhensible par toute la population, alors que le même texte écrit en pinyin nécessite la connaissance du mandarin. Aujourd'hui, le pinyin est surtout utilisé à l'intention des touristes, ainsi que dans certains dictionnaires, l'apprentissage du mandarin et la saisie de sinogrammes sur ordinateur.

Les exemples du tableau ci-contre présentent des mots en caractères chinois (sinogrammes), en pinyin et en français (traduction). Pour un non-sinophone, il est impossible de savoir comment prononcer les sinogrammes, mais leur transcription en pinyin permet certaines possibilités à l'exception des signes diacritiques au-dessus de certaines lettres (voyelles) qui indiquent les tons en chinois mandarin (il y en a quatre). À l'intention des touristes, par exemple dans les panneaux routiers à Hong Kong, les signes diacritiques en pinyin peuvent être supprimés parce que, de toute façon, ils ne seraient pas utiles pour eux. 

Sinogrammes Alphabet pinyin Traduction
你好

nǐ hǎo

Bonjour
我是挪威人 Wǒ shì nuówēi rén Je suis norvégien
再见 zài jiàn Au revoir
谢谢 Xièxie Merci

2.5 Les religions

Plus de la moitié de la population (56,1% en 2016) n'était pas religieuse. Les personnes pratiquantes à Hong Kong présentent un large éventail de religions, parmi lesquelles les religions taoïste et bouddhiste (en particulier le bouddhisme chinois ) sont courantes pour les individus d'origine chinoise. Les croyances confucéennes sont populaires à Hong Kong, mais certains se demandent si le confucianisme peut être considéré comme une religion parce que le confucianisme est exclu de certaines études.

Les croyances chrétiennes ( protestantisme et catholicisme ensemble) sont également courantes, ainsi que les religions populaires chinoises non organisées, dont les adeptes peuvent déclarer qu'ils ne sont pas religieux. Les religions traditionnelles, y compris le bouddhisme chinois, furent découragées sous la domination britannique, qui représentait officiellement le christianisme. Le transfert de souveraineté de la Grande-Bretagne à la Chine a conduit à une résurgence des religions bouddhistes et chinoises.

Dans les faits, la majorité de la population chinoise de Hong Kong pratique un rite mêlé de bouddhisme, de taoïsme et de philosophie confucianiste, ce qui est courant dans la religion chinoise. Il y a aussi 500 000 chrétiens, surtout des catholiques, et environ 50 000 musulmans, auxquels s’ajoutent de petites communautés hindoues, juives et sikhes.

3 Données historiques

Cette région du sud de la Chine fut abritée pendant quelques siècles par de petites communautés de pêcheurs chinois et constitua un refuge recherché par les pirates et les trafiquants d’opium. Vers 7500 ans avant notre ère, l'agriculture apparut en Chine en raison des changements climatiques plus favorables. Cette nouvelle activité humaine eut pour effet de faire augmenter la population. C'est par étapes que les peuples de langue et de culture chinoises se fixèrent sur le territoire de l’actuelle Chine. Quelque cinq siècles plus tard, de nouvelles sociétés agricoles se développèrent dans le bassin du fleuve Jaune au nord de la Chine, alors que les premiers villages apparurent.

3.1 Le royaume de Nanyue

Vers 200 avant notre ère, le royaume de Nanyue, un État vassal des Hans, fut fondé par des dirigeants originaires du centre de la Chine, qui implantèrent dans la région la bureaucratie chinoise, ainsi que des techniques agricoles et artisanales plus avancées que celles connues alors par les habitants des régions du Sud. Ces Chinois amenèrent aussi avec eux la langue chinoise et le système d’écriture. L'avènement du royaume de Nanye entraîna un mélange à grande échelle des Hans et des Nanyue (ou Yue) au cours de cette période. En plus du chinois archaïque, qui fut employé par les immigrants chinois et les représentants du gouvernement, la plupart des citoyens du Nanyue parlaient le yue ancien dans la vie de tous les jours.

Le cantonais moderne a conservé certaines caractéristiques de la prononciation du vieux chinois, mais il a également conservé une quantité substantielle de caractéristiques de la langue nanyue éteinte depuis longtemps. Le nanyue et le minyue sont des anciennes langues chinoises à l'origine du cantonais (appelé aussi "yue") et du min (appelé aussi "min nan").

Des témoignages de cette époque, de la part de poètes ou d'écrivains chinois du nord de la Chine, affirmaient que les habitants de Sud (Nanyue et Minyue) étaient des «barbares», tandis que leurs langues parlées dans la région étaient inintelligibles avec la prestigieuse langue du Nord. Par exemple, le célèbre écrivain et philosophe chinois Han Yua (768-824) décrivit ainsi la population locale : "小吏十馀家,皆鸟言夷面". Cet énoncé se traduit littéralement  ainsi: «Il y a plus de dix familles de petits fonctionnaires, qui parlent tous une langue d'oiseau et ont des visages de barbare.» Les Yue, qu'on appelle aujourd'hui des «Cantonais», sont génétiquement des descendants hybrides des anciennes cultures chinoises han et nanyue.

Progressivement, la «hanisation» des populations locales se poursuivit pendant la dynastie Tang (VIIe - Xe siècle), et ce, d'autant plus que les Mongols, ayant envahi la Chine du Nord dès le Xe siècle, il y eut un grand afflux de migrants hans du Nord dans le Sud, c'est-à-dire dans les provinces actuelles du Guangdong et du Guangxi, ainsi qu'à Hong Kong et à Macao. Entre 196 avant notre ère, date à laquelle le Nanyue fit allégeance pour la première fois aux Hans, et l'an 111 (avant notre ère), date de la chute du royaume de Nanyue, les relations Han-Nanyue traversèrent des périodes conflictuelles et des périodes de cohabitation pacifique.

3.2 L'intégration à la Chine

Les habitants du royaume de Nanyue furent soumis à des politiques d’assimilation et de fusion des deux cultures han et nanyue. Bien que les Hans aient été dans une position dominante d'un point de vue politique et militaire, les disparités demeurèrent importantes après la conquête, mais les Yue commencèrent à occuper progressivement des postes importants au sein du gouvernement. Lü Jia, le dernier premier ministre du Royaume, est d'origine Yue et plus de 70 de ses parents ont servi comme fonctionnaires dans les différents ministères du gouvernement. À la longue, les immigrants chinois du Nord furent encouragés à adopter les coutumes des Yue. Avec le temps, les mariages entre les Chinois et les Yue devinrent de plus en plus fréquents, ce qui contribua la population à se forger une identité qui de viendra celle des Cantonais. De la dynastie Ming (13268-1664) au milieu de la dynastie Qing (1644-1912), le cantonais est progressivement devenu le cantonais d'aujourd'hui de manière régulière et lente.

La région du Guangdong s'ouvrit au commerce international et, afin de faciliter la communication avec les marchands chinois, les étrangers durent apprendre le cantonais pour pratiquer un commerce plus rentable. Les premiers Européens à arriver dans cette région furent les Portugais qui y établirent en 1517 un monopole sur le commerce extérieur grâce à leur comptoir commercial. Après avoir été expulsés, les Portugais conservèrent Macao comme base commerciale. À partir de 1715, le port de la capitale, Guangzhou, demeura le seul port chinois ouvert au commerce avec l'extérieur, facilitant ainsi le contrôle du commerce avec les autorités étrangères.

Non seulement des fonctionnaires locaux, mais également des hommes d'affaires et d'autres dignitaires vinrent dans la capitale du Guangdong, Canton (ou Guangzhou, en pinyin : guǎngzhōu) afin d'entrer en contact avec les marchands cantonais. Parce que la plupart des locuteurs du cantonais à Guangzhou étaient des lettrés, des gens riches, mais aussi des gens ordinaires, Guangzhou fut longtemps une ville prospère qui fit la vie belle à la langue locale. En fait, le nom de «Canton» donné à la ville de Guangzhou vient des marchands portugais qui l'appelaient "Cantão". En raison de la confusion liée au nom de la ville Guangzhou et le nom de la province Guangdong, les Portugais et les autres étrangers employèrent Canton. Ainsi, le nom actuel de la ville est en réalité une déformation du nom de sa province. Les principaux marchands étrangers au cours des XVIIIe et XIXe siècles furent les Britanniques, les Français, les Hollandais, les Danois, les Suédois, les Indiens et, après 1784, les Américains.

Toutefois, ce sont les Britanniques qui demeurèrent les principaux marchands actifs en pratiquant le commerce de l'opium. Ils réussirent à obtenir le monopole de la vente d’opium en Chine. La Grande-Bretagne chercha à affaiblir la Chine et à la forcer à s'assujettir aux puissances étrangères. En 1800, la Chine interdit la culture du pavot pour réduire l’hégémonie de la Grande-Bretagne sur le marché chinois. En réaction, les Britanniques importèrent leur pavot des Indes pour continuer à alimenter le marché chinois. Mais l'empereur des Qing en Chine voulut empêcher les Britanniques d'importer de l'opium dans son royaume: il fit saisir et brûler 20 000 caisses d'opium en 1839.

Il s'ensuivit une guerre, entre 1840 et 1842, mettant aux prises Chinois et Britanniques, une guerre qu'on appela la «guerre de  l'Opium». Le traité de Nankin de 1841 céda l'île de Hong Kong à la Grande-Bretagne. Dès lors, Hong Kong devint une colonie de l'Empire britannique.

3.3 La colonie britannique

En vertu du traité de Nankin de 1841, qui mettait fin à la première guerre de l’Opium, l’île de Hong Kong fut cédée à perpétuité au Royaume-Uni. C’est à partir de cette date que Hong Kong commença à développer son rôle de port stratégique. La colonie britannique ne comptait à ce moment-là que 23 800 habitants. À la suite de la deuxième guerre de l’Opium (en 1860), la colonie s'agrandit avec la péninsule de Kowloon et l’île de Stonecutters (ou "Tailleurs d pierre", en raison de l'exploitation des carrières de pierres) par la Convention de Pékin. En 1898, la Chine dut laisser une autre portion de territoire sur le continent qu'on appela les New Territories ( les «Nouveaux-Territoires»), pour un bail de 99 ans.

La Grande-Bretagne en fit une colonie anglaise avec les lois anglaises de la Common Law. Bien que la dynastie Qing ait dû céder l'île de Hong Kong et Kowloon à perpétuité, conformément au traité, les Nouveaux Territoires loués représentaient 86,2% de la colonie et plus de la moitié de la population totale de la colonie.

Malgré la nature limitée du bail de 99 ans des Nouveaux Territoires, cette partie de la colonie se développa tout aussi rapidement que le reste de Hong Kong et s'y est fortement intégrée.

- La «supériorité» de l'anglais sur le chinois

Après l'occupation de Hong Kong par les Britanniques, sa politique linguistique fut modifiée dans la colonie. Les articles 50 et 51 du traité de Nankin décrivent le statut des différentes langues:

Article 50

All official communications, addressed by the diplomat and Consular Agents of Her Majesty the Queen to the Chinese Authorities, shall, henceforth, be written in English. They will for the present be accompanied by a Chinese version, but it is understood that in the event of there being any difference of meaning between the English and Chinese text the English Government will hold the sense as expressed in the English text to be the correct sense. This provision is to apply to the treaty now negotiated, the Chinese text of which has been carefully corrected by the English original.

Article 51

It is agreed, henceforward the character ‘I’ (barbarian) shall not be applied to the Government or subjects of Her Britannic Majesty in any Chinese official document issued by the Chinese Authorities, either in the capital or in the provinces.

Article 50

Toutes les communications officielles, adressées par le diplomate et les agents consulaires de Sa Majesté la reine aux autorités chinoises, seront désormais rédigées en anglais. Elles seront pour l'instant accompagnées d'une version chinoise, mais il est entendu qu'en cas de différence de sens entre le texte anglais et le texte chinois, le gouvernement anglais considérera que le sens tel qu'il est exprimé dans le texte anglais est le sens correct. Cette disposition doit s'appliquer au traité en cours de négociation, dont le texte chinois a été soigneusement corrigé par l'original anglais.

Article 51

Il est convenu que désormais les caractères « I » (barbares) ne seront appliqués au gouvernement ou au sujet de Sa Majesté britannique dans aucun document officiel chinois émis par les autorités chinoises, que ce soit dans la capitale ou dans les provinces.

L'article 50 précise que la version anglaise doit prévaloir en cas de divergence entre les versions anglaise et chinoise (cantonaise). Or, le droit de séjour dans les cinq ports ouverts est «permanent» en anglais, mais «temporaire» en cantonais et en chinois.  Quant à l'article 51, il énonce que les caractères chinois dits «barbares» ne seront pas appliqués au gouvernement ou au sujet de Sa Majesté britannique. Ces deux articles du traité illustrent le statut prestigieux de l'anglais par rapport au chinois dont la variété n'est pas précisée, alors que dans le contexte de l'époque il s'agit nécessairement du cantonais. Pendant une longue période de colonisation britannique, l'accent sera mis sur l'usage prédominant de l'anglais et fera du chinois cantonais une langue «inférieure» à Hong Kong, ce qui développa une diglossie pour les Hongkongais. L'anglais pour les affaires importantes, le cantonais pour les relations ethniques. Cependant, cette diglossie a également été une occasion pour l'expansion de l'anglais de Hong Kong.

Sous le régime britannique, Hong Kong fut directement gouverné depuis Londres. Le détenteur du pouvoir exécutif était le gouverneur général, nommé par la Grande-Bretagne, représentant la Couronne britannique. Celui-ci détenait un important pouvoir militaire et civil. Il présidait un Conseil exécutif (ou Exco) formé de 13 membres. Le pouvoir législatif était constitué d’un Conseil législatif (Legislative Council ou Legco) de 60 députés, dont 18 députés étaient nommés par le gouverneur. Les Britanniques marquèrent profondément leur colonie par leur système judiciaire, administratif et scolaire, ce qui implanta l'anglais de façon durable dans le territoire.

En 1898, la Grande-Bretagne obtint 99 ans de règne supplémentaires sur Hong Kong en vertu de la Deuxième Convention de Pékin. La colonie britannique prospéra en tant que centre commercial entre l'Est et l'Ouest et en tant que porte d'entrée commerciale et centre de distribution pour le sud de la Chine.

- L'enseignement de l'anglais

De fait, l'usage de l'anglais s'est répandu à partir de cette époque et son expansion contribua au développement de cette langue en Chine. Les fonctionnaires du gouvernement britannique en éducation transmirent leurs responsabilités dans l'enseignement aux membres du clergé; en 1850, l'évêque anglican George Smith fut nommé surintendant des écoles. C'est ainsi que les écoles confessionnelles fondées à Hong Kong et dans d'autres endroits en Chine jouèrent un rôle important dans l'augmentation du nombre de locuteurs anglophones. D'après les historiens, le système d'éducation de Hong Kong offrait aux élèves indigènes la possibilité de fréquenter des écoles purement chinoises, des écoles purement anglaises ou des écoles mixtes. Bien que les Britanniques attachaient apparemment plus d'importance à l'enseignement de l'anglais, ils s'efforcèrent généralement de souligner que l'anglais ne devait pas être étudié aux dépens du chinois. En fait, la politique linguistique, qu'elle fût d'orientation chinoise ou anglaise, fut toujours été liée d'une manière ou d'une autre aux intérêts politiques et économiques de la Grande-Bretagne dans la région. Étant donné que les Hongkongais pouvaient désormais accéder à l'anglais grâce à l'éducation formelle, le pidgin anglo-cantonais commença à décliner à partir des années 1890. Les écoles fondées par les missionnaires anglophones contribuèrent néanmoins à répandre l'anglais qui servait de langue d'enseignement. Il se développa ainsi une tradition de l'enseignement centrée sur l'anglais.

Cependant, l'éducation étant administrée par des missionnaires, des enseignants et des fonctionnaires chrétiens, les écoles devinrent de plus en plus confessionnelles. Beaucoup de Chinois résistèrent à cette influence occidentale : à mesure que les écoles privées commençaient à s'ouvrir, ceux qui en avaient les moyens y envoyaient leurs enfants, afin qu'ils soient moins exposés à l'ingérence gouvernementale et chrétienne. Le siècle s'est terminé avec un système d'éducation fragmenté: les parents britanniques voulaient que leurs enfants soient séparés des enfants chinois, tandis que les riches parents chinois voulaient que leurs enfants soient séparés des enfants chinois pauvres

Au tournant du XXe siècle, les familles de Hong Kong commencèrent à apprécier de plus en plus le système d'éducation britannique. Celui-ci semblait offrir un meilleur enseignement de l'anglais et mieux préparer les étudiants à l'enseignement supérieur, à la formation professionnelle ou à des études supplémentaires à l'étranger. De plus, le financement gouvernemental n'allait qu'aux écoles administrées selon les modèles occidentaux, de sorte que la qualité de l'enseignement était supérieure et supérieure à celle des institutions chinoises traditionnelles. Par la suite, les écoles chinoises administrées selon l'idéologie britannique purent elles aussi recevoir un financement supplémentaire parallèlement à de nouvelles politiques. L'Université de Hong Kong, avec l'anglais comme langue d'enseignement, fut fondée en 1912 en tant qu'institution d'enseignement supérieur. La même année, après la formation de la République de Chine, Hong Kong devient une terre d’asile pour des milliers d'exilés politiques de la Chine continentale.

- Les guerres mondiales

Les deux guerres mondiales apportèrent la pauvreté, la destruction et la violence sur la colonie hongkongaise. Lorsque le Japon envahit la Mandchourie en 1932 et que la guerre éclata en 1937 entre la Chine et le Japon, des centaines de milliers de Chinois vinrent trouver refuge dans la colonie britannique de Hong Kong. La Seconde Guerre mondiale fut particulièrement éprouvante pour la colonie qui dut subir l'invasion japonaise.

Les Japonais occupèrent officiellement la région le jour de Noël 1941. Avec l'occupation est venue l'éradication des valeurs et de l'influence britanniques, y compris le domaine de l'éducation. Toutes les écoles furent tenues d'introduire la langue japonaise en consacrant jusqu'à cinq heures par semaine à son étude. En 1943, une quarantaine d'écoles avaient en effet été contraintes d'établir une spécialisation dans la langue et la culture japonaises. De nombreux campus furent transformés en lieux de formation pour les jeunes hommes. L'objectif était de les convertir en employés œuvrant dans des bureaux et des agences sous contrôle japonais. Les années suivantes comprenaient une sorte de «programme d'études à l'étranger», où les étudiants pouvaient se rendre au Japon pour poursuivre des études supérieures.

Pendant ce temps, les familles retiraient leurs enfants de l'école à un rythme rapide, et les chiffres d'inscription d'après-guerre, en août 1945, ne montraient que 3000 élèves à l'école, contre 120 000 avant l'invasion. Durant l'occupation, les Japonais détruisirent des écoles, brûlèrent des manuels scolaires et de nombreux jeunes enseignants de sexe masculin n'e survécurent pas survécu à la guerre.

Pendant ce temps, Hong Kong se transforma en bastion militaire et en poste de ravitaillement pour leurs futures campagnes en Extrême-Orient. Les soldats japonais commirent des atrocités, y compris des viols, sur de nombreux habitants. La ​​population diminua de moitié, passant de 1,6 million en 1941 à 750 000 à la fin de la guerre à cause des réfugiés en fuite; ils devaient revenir en 1945. Les Britanniques rentrèrent à Hong Kong après la reddition inconditionnelle du Japon, le 14 août 1945.

3.4 Un géant économique

Après la guerre, la colonie de Hong Kong retrouva aussitôt son statut de grand centre du commerce international en Extrême-Orient. Cependant, la guerre civile qui opposait les nationalistes et les communistes chinois provoqua de nombreux bouleversements, tandis que, encore une fois, des centaines de milliers de Chinois trouvèrent refuge dans la colonie, surtout après la victoire des communistes en 1949. La population hongkongaise augmenta à 2,3 millions d'habitants. La plupart des réfugiés vinrent du sud de la Chine, notamment de la province du Guangdong. Hong Kong ressemblait plus à un quartier de réfugiés, accueillant principalement des personnes de Canton et de Shanghai.

Au cours des décennies de 1950 et de 1960, des milliers de nouveaux arrivants chinois constituèrent la main-d’œuvre et le capital nécessaire à la rapide croissance économique de la colonie britannique. Ces réfugiés venaient des principaux centres commerciaux de Chine; ils apportèrent le capital et la main-d'œuvre nécessaires pour construire un centre commercial plus riche et plus prospère. D'autres facteurs, comme une situation géographique favorable, ont également été entremêlés pour assurer la prospérité à Hong Kong.  Les mesures fiscales libérales du gouvernement de Hong Kong attirèrent les investissements étrangers. Il en résulta un boom économique qui fit de Hong Kong la zone la plus riche et la plus productive de toute l’Asie.

En éducation, les Britanniques modifièrent en profondeur leur système d'enseignement. Parallèlement aux constructions urbaines cosmopolites sont venues des politiques d'éducation plus avancées, des programmes d'études mondialisés, des facultés internationales et des installations de pointe. L'éducation formelle est devenue standardisée et l'enseignement supérieur sur l'île devint l'un des meilleurs disponibles en Asie.

Mais la Révolution culturelle en Chine (1966) eut des répercussions à Hong Kong, qui connut des émeutes anti-britanniques organisées depuis Pékin. Au milieu des années 1970, le flot de réfugiés de la Chine populaire s’accentua de nouveau. Tandis que la croissance économique se poursuivait et que Hong Kong jouissait de sa réputation de «dragon économique de l’Asie», de nouveaux réfugiés du Vietnam, les «boat peoples», commencent à affluer, mettant ainsi en péril l’équilibre démographique de Hong Kong.

À cette époque, bien que l'anglais fût la langue officielle, la plupart des Hongkongais continuèrent de parler une autre langue, le cantonais, une langue chinoise utilisée alors par 60 millions de locuteurs sur le continent. Progressivement, le cantonais s'est taillé une place dans la vie quotidienne, les journaux, les théâtres et même les écoles, où on s'est mis à enseigner l'écriture de cette langue demeurée essentiellement orale. L'écriture du cantonais est différente de celle du chinois officiel, surtout simplifié, même si elle est basée sur des caractères similaires.

En 1974, le gouvernement colonial adopta l'Ordonnance sur les langues officielles. L'article 3 énonçait que «les langues anglaise et chinoise sont déclarées langues officielles de Hong Kong aux fins de communication entre le gouvernement ou tout agent public et les membres du public, ainsi que pour toute procédure judiciaire». Cependant, la variété de chinois mentionnée n'était pas précisée. Néanmoins, les Hongkongais continuèrent à parler le cantonais, mais leur langue pouvait être interprétée comme étant l'une des deux langues officielles avec l'anglais dans l'administration de la colonie. 

3.5  La rétrocession à la Chine

Le bail britannique sur les Nouveaux Territoires ("New Territories") arrivant à expiration en 1997, les discussions entre la République populaire de Chine et le Royaume-Uni sur l’avenir de Hong Kong débutèrent en 1982. Les deux pays parvinrent à un accord et signèrent à Pékin, en décembre 1984, une déclaration commune stipulant que tout le territoire de Hong Kong retournerait sous la souveraineté de la Chine en 1997, avec le statut de «Special Administration Region» (Région administrative spéciale). 

- La Loi fondamentale

Les premières ébauches de la Loi fondamentale (Basic Law) de Hong Kong furent connues en 1988 et critiquées pour leur absence de garanties concernant la défense de la démocratie. En octobre 1989, le gouverneur britannique dévoila les plans d’un gigantesque projet d’aéroport sur l’île de Lan Tao, afin de renforcer la confiance des investisseurs dans le territoire.

La Loi fondamentale fut adoptée par le Congrès national du peuple à Pékin, le 4 avril 1990, et permettait d'élire au suffrage direct les membres du Conseil législatif. L’accord sur le nouvel aéroport fut finalement signé par la Chine et le Royaume-Uni en novembre 1994. Les relations entre le Royaume-Uni et la Chine demeurèrent difficiles, mais les dirigeants chinois tentèrent de se montrer rassurants aux yeux de la communauté internationale sur l’avenir de Hong Kong. La crise de confiance due à l’approche du transfert de souveraineté à la Chine en 1997 provoqua le départ de nombreux habitants de Hong Kong, soit 43 000 pour la seule année de 1995. De plus, les Hongkongais cessaient d'être des citoyens britanniques et de bénéficier d'un visa "British National Overseas" (BNO). Malgré les protestations de nombreux Hongkongais qui doutaient de la bonne volonté des Chinois continentaux, la Grande-Bretagne rétrocéda la territoire en vertu des traités signés avec la Chine. 

Le 1er juillet 1997, la Chine rétablit sa souveraineté sur le territoire de Hong Kong, après un siècle et demi de domination britannique. La petite garnison britannique fut remplacée par un contingent de 15 000 soldats de l’Armée populaire de libération chinoise. Tout en y exerçant le contrôle politique, la Chine laissait une certaine latitude au particularisme local, à l'exception des Affaires étrangères et de la Défense dont elle conservait la mainmise. Aux termes de l’accord sino-britannique signé en 1984, le statut de «région administrative spéciale» (RAS), dont est dotée Hong Kong, lui accorde durant cinquante ans un haut degré d’autonomie (exécutive et législative). La RAS est autorisée à conserver ses spécificités économiques, juridiques et sociales, ainsi que les libertés civiles. Cette transition en douceur, selon le principe d'«un pays, deux systèmes» formulé par Deng Xiaoping, le président de la Commission militaire centrale du Parti communiste chinois, fut adoptée afin de maintenir la stabilité politique et la prospérité économique de l’îlot devenu chinois. Celui-ci devait être géré par les Hongkongais eux-mêmes, la Loi fondamentale (Basic Law), votée en 1990 et acceptée par la Chine, devant servir de Constitution provisoire. 

En 1999, la question de l’immigration des enfants nés de mariages entre les Chinois de Hong Kong et les Chinois de la Chine continentale conduisit le gouvernement local à demander l’intervention des autorités de Pékin, ce qui contrevenait aux accords passés et mit en cause l’indépendance de la justice et le statut particulier du territoire. 

Le développement d’un mouvement démocratique aujourd’hui bien ancré à Hong Kong risque de devenir à long terme une source de conflit. À plusieurs reprises, les autorités chinoises ont manifesté leur intention d’exclure les leaders démocrates de la vie politique, de dissoudre le Conseil législatif et de le remplacer par une Assemblée législative provisoire composée de membres désignés. Nombreux sont ceux qui craignent une politique interventionniste de la Chine populaire ou encore que le gouvernement chinois ne décide l’annexion pure et simple du territoire de Hong Kong. 

- La loi sur la sécurité nationale

Avant la rétrocession de Hong Kong en 1997, la Chine s’était engagée à préserver les libertés et la démocratie du territoire pendant cinquante ans, en application du principe «Un pays, deux systèmes» négocié avec Londres. Toutefois, échaudées par le vaste mouvement des contestations de 2019, les autorités chinoises ont décidé d'entreprendre des mesures musclées.

Le 30 juin 2020, le Comité permanent de l'Assemblée nationale populaire nationale de la RPC adoptait une nouvelle loi sur la sécurité nationale, officiellement appelée Loi de la République populaire de Chine sur la sauvegarde de la sécurité nationale dans la Région administrative spéciale de Hong Kong (en anglais: "Law of the People's Republic of China on Safeguarding National Security in the Hong Kong Special Administrative Region").

En soi, une loi sur la «sécurité nationale» n'a rien de répréhensible, sauf que dans ce pays le recours aux termes «sécurité nationale» est particulièrement ambigu, car le concept sert généralement en Chine à criminaliser l'exercice pacifique des droits d'expression et à persécuter ceux qui ont des revendications légitimes comme la démocratie et les droits de l'homme. Son inclusion dans la jurisprudence hongkongaise fait craindre une extension de ces pratiques de la Chine continentale à Hong Kong, en particulier à la lumière de l'article 23 de la Loi fondamentale.

Article 23

La Région administrative spéciale de Hong Kong promulguera ses propres lois pour interdire tout acte de trahison, de sécession, de sédition, de subversion contre le gouvernement populaire central ou de vol de secrets d'État, afin d'interdire aux organisations ou organismes politiques étrangers d'entreprendre des activités politiques dans la Région, et d'interdire aux organisations ou organismes politiques de la Région d'établir des liens avec des organisations ou organismes politiques étrangers.

De plus, cette loi sur la sécurité nationale pour la région de Hong Kong a été incluse dans l'Annexe III de la Loi fondamentale de Hong Kong et est devenue une loi nationale mise en œuvre à Hong Kong. Les tribunaux ont le droit d'appliquer cette loi pour statuer sur les affaires, et ont également le droit d'interpréter la loi.

Pour les Hongkongais, cette loi, qui vise davantage à criminaliser la dissidence que d'assurer la sécurité de l'État, a mis fin à des décennies d'autonomie, reniant par le fait même l’engagement pris par la Chine il y a 23 ans avec Londres. Pour la Chine, cette loi constitue un moyen pour résoudre les protestations de tout genre, comme si ce grand pays était constamment en danger de se faire envahir par des puissances étrangères. Pour le président chinois, Xi Jinping, les «roues de l'histoire» tournent vers «la réunification et le rajeunissement de la grande nation chinoise». La réunification complète, ce qui comprend l'île de Taiwan, doit être réalisée et elle doit sans aucun doute être réalisée. Pour les opposants, la formulation très vague de la loi permet de poursuivre l’expression de certaines opinions comme le fait de prôner une plus grande autonomie de Hong Kong, voire son indépendance (un acte de rébellion) ou encore de défendre les sanctions internationales contre la Chine.

Bref, le territoire de Hong Kong est désormais perçu comme un endroit où on limite la liberté d’expression, où on restreint le droit de manifester, où on musèle les médias, où on écrase l’opposition par des arrestations, où on gèle les comptes en banque. De plus, les autorités ont fait arrêter des dizaines de militants, des personnalités des médias et des défenseurs de la démocratie; elles ont introduit un programme plus patriotique dans les écoles et réorganisé les lois électorales pour éloigner les politiciens de l'opposition jugés pas suffisamment «patriotes», garantissant que seuls ces derniers peuvent faire partie du gouvernement local. Depuis 2020, les Hongkongais subissent une érosion constante de leurs droits politiques et civils; cette situation va vraisemblablement continuer jusqu'à la fin des protections qui expirent en 2047, une échéance qui inquiète avec raison beaucoup de Hongkongais.

Au plan linguistique, la nouvelle donne politique entraîne des conséquences importantes à Hong Kong. On peut présumer que l'anglais va progressivement perdre des plumes au profit du cantonais et du chinois mandarin (putonghua) dans les affaires gouvernementales, mais probablement pas dans les domaines du comme et des affaires. À long terme, le cantonais sera absorbé par le putonghua qui est la langue officielle de la République populaire de Chine.

4 La politique linguistique de Hong-kong

La politique linguistique de Hong Kong apparaît relativement complexe dans la mesure où trois langues importantes se font concurrence: l'anglais, le chinois mandarin et le chinois cantonais. Les langues officielles sont l'anglais et le cantonais à l'oral, mais l'anglais et le chinois mandarin à l'écrit, car le cantonais demeure la langue d'usage de presque tous les Hongkongais. L'anglais est la langue officielle dont on faisait traditionnellement usage dans les domaine politique et commercial, tandis que dans l'industrie et le commerce intérieur recouraient davantage au chinois écrit (putonghua).

La rétrocession de Hong Kong à la Chine est en train de modifier ces habitudes. Pékin s'est vu forcé d'adopter le cantonais dans ses relations avec les élites et le gouvernement local, alors que ce serait tout à fait inacceptable à Canton dans la province du Guangdong. Bref, le chinois mandarin pourrait bien remplacer graduellement l'anglais dans les domaines politique et judiciaire et prendre la place qu'occupait auparavant cette langue. Dans le commerce et les affaires, l'anglais représente un enjeu trop important: il demeurera. Quoi qu'il en soit, le bilinguisme, voire le trilinguisme, est là pour de bon à Hong Kong. Ce sera le cantonais et l'anglais à l'oral, mais l'anglais et le chinois mandarin (putonghua) à l'écrit. Quant au domaine de l'enseignement, il risque de passer au bilinguisme anglais-mandarin et de déclasser le cantonais.

4.1 Les langues officielles

En 1974, le gouvernement colonial avait fait adopter l'Ordonnance sur les langues officielles (Official Languages Ordinance). Jusqu'en 1987, le chapitre V de la loi avait seulement prévu que les lois devaient être adoptées et promulguées seulement en langue anglaise. Cependant, lors de la Déclaration commune de 1984 signée entre les gouvernements chinois et britannique, il avait été prévu, à la section I de l'annexe I, qu'en plus du chinois l'anglais pouvait être employé au sein des organismes du gouvernement et dans les tribunaux de la Région administrative spéciale de Hong kong. 

En 1990, la Loi fondamentale (Basic Law), qui sert de constitution provisoire adoptée par le Congrès national du peuple à Pékin, prévoyait à l'article 9 que le chinois (sans préciser quel chinois) et l'anglais seraient les langues officielles: 

Article 9 [version anglaise]

In addition to the Chinese language, English may also be used as an official language by the executive authorities, legislature and judiciary of the Hong Kong Special Administrative Region.

第九條 [version en putonghua]

香港特別行政區的行政機關、立法機關和司法機關,除使用中文外,還可使用英文,英文也是正式語文。

Article 9 [traduction française]

En plus de la langue chinoise, l'anglais peut aussi être employé comme langue officielle par les autorités politiques, législatives et judiciaires de la Région administrative spéciale de Hong Kong.

Dorénavant, l'article 4.1 de l'Ordonnance sur les langues officielles (chap. V) prévoit que toutes les ordonnances (ainsi sont appelées les lois de Hong Kong), sauf de rares exceptions, seront adoptées et promulguées dans les deux langues officielles, ce qui signifie en chinois mandarin et en anglais. La Law Drafting Division of the Department of Justice (projet de loi du département de la Justice, autrefois connu comme le Service juridique du procureur général) devint responsable de préparer les deux versions linguistiques de toutes les ordonnances et de toute législation subsidiaire présentée par le gouvernement local. Le mois d'avril 1989 marqua le début des premières ordonnances bilingues, les deux langues étant considérées d'égale valeur. 

Ces dernières années, le gouvernement de Hong Kong a favorisé une politique de «trilinguisme et de bialphabétisation», qui correspond à la promotion du trilinguisme en cantonais, en anglais et en putonghua, et à la bialphabétisation en caractères chinois et en anglais. Évidemment, le terme «bialphabétisme» s'applique mal en français dans la mesure où le putonghua n'est pas un alphabet, mais un ensemble de pictogrammes. À défaut d'un autre terme plus satisfaisant, aussi bien le conserver! Bien que cette politique ait commencé progressivement dans les années 1990 dans la fonction publique, elle s'est étendue en 2002 à l'ensemble de la population, de sorte qu'un rapport officiel du Comité de l'éducation en 2002 déclarait que «la politique linguistique du gouvernement de la RAS de Hong Kong est de permettre aux étudiants et à la population active d'être bilingues (en chinois et en anglais) et trilingues (en cantonais, en putonghua et en anglais)». Rappelons que la langue parlée dominante du gouvernement après la rétrocession était le cantonais.

Dans le cadre de cette politique, le mandarin et l'anglais sont reconnus comme les «langues officielles», mais le cantonais est considéré comme la variété officielle de facto du chinois parlé à Hong Kong, tout en acceptant également le putonghua. En somme, on se trouve avec deux langues orales (cantonais et anglais) et deux langues écrites (anglais et putonghua). L'objectif linguistique ultime de la politique actuelle est d'atteindre le trilinguisme pour faciliter les échanges et la communication avec le continent et le monde extérieur.

4.2 Les langues du Parlement

Hong Kong est dotée d'un parlement appelé le «Conseil législatif de la Région administrative spéciale de Hong Kong» (en chinois simplifié: 香港特別行政區立法會; en pinyin: Xiānggǎng tèbié xíngzhèngqū lìfǎ huì). C'est la législature monocamérale de Hong Kong, qui s'accorde à l'arrangement constitutionnel chinois dans «un pays, deux systèmes»; il est le centre du pouvoir de la démocratie représentative hybride de Hong Kong. Les fonctions du Conseil législatif sont d'édicter, de modifier ou d'abroger les lois; d'examiner et d'approuver les budgets, la fiscalité et les dépenses publiques ; et de poser des questions sur le travail du gouvernement. De plus, le Conseil législatif a également le pouvoir d'approuver la nomination et la révocation des juges de la Cour d'appel final et du juge en chef de la Haute Cour de justice, ainsi que le pouvoir de destituer le chef de l'Exécutif de Hong Kong.

À la suite des manifestations de 2019-2020 à Hong Kong, le Congrès national du peuple de Pékin a disqualifié plusieurs conseillers de l'opposition et a lancé une refonte électorale en 2021, de sorte que le Conseil législatif a vu son autonomie diminuer.

- L'égalité des langues officielles

De façon générale, les juristes doivent présumer que les deux versions d'une loi, anglaise et chinoise (en putonghua), conservent la même signification et qu'elles doivent être interprétées de la même façon. Dans le cas où subsisteraient des interprétations différentes entre les deux versions, les règles d'interprétation statutaires doivent prévaloir et concourir à résoudre les différences, non les accentuer. Les expressions ou mots chinois inscrits dans une version anglaise doivent être interprétés en conformité avec la langue et la tradition chinoise. De la même façon, les expressions ou mots anglais inscrits dans toute version chinoise doivent être interprétés en vertu de la langue et de la tradition anglaise.

L'article 4 de l'Ordonnance sur les langues officielles (1974) impose les deux langues officielles dans la rédaction des lois:

Article 4

Promulgation des ordonnances dans les deux langues officielles

1) Toutes les ordonnances doivent être promulguées et publiées dans les deux langues officielles.

2) Aucune disposition du paragraphe 1 n'exige qu'une ordonnance soit promulguée et publiée dans les deux langues officielles lorsque cette ordonnance modifie une autre ordonnance et:

(a) que cette autre ordonnance n'a été promulguée qu'en anglais ; et

(b) qu'aucun texte authentique de cette ordonnance n'a été publié en chinois en vertu de l'article 4B.1.

3) Aucune disposition du paragraphe 1 n'exige qu'une ordonnance soit promulguée et publiée dans les deux langues officielles lorsque le chef de l'Exécutif en conseil —

(a) est d'avis qu'un projet de loi est urgent et que son adoption sous forme d'ordonnance dans les deux langues officielles occasionnera un délai déraisonnable; et

(b) ordonne que le projet de loi soit présenté au Conseil législatif dans l'une des langues officielles.

4) Rien dans le présent article ne doit être interprété comme restreignant l'usage de mots chinois dans le texte anglais d'une ordonnance ou de mots anglais dans le texte chinois d'une ordonnance.

Précisons que le putonghua n'est obligatoire que depuis 1987. Afin de se conformer aux dispositions de la Loi fondamentale, le procureur général de Hong Kong a dû préparer des versions chinoises authentiques de toutes les lois auparavant promulguées uniquement en anglais, mais toutes les nouvelles lois ou ordonnances sont désormais rédigées dans les langues officielles chinoise et anglaise.

Selon l'article 5 de L'Ordonnance sur la réunification de Hong Kong (1997), la prévalence de l'anglais doit être temporaire:

Article 5

Article supplémentaire


L'Ordonnance sur l'interprétation et les clauses générales (Chap. 1) est modifiée en ajoutant---

"2A. Lois antérieurement en vigueur

2) Sans préjudice du caractère général du paragraphe 1, dans une ordonnance ---

d) les dispositions relatives au statut juridique supérieur de la langue anglaise par rapport à la langue chinoise doivent être interprétées comme prévoyant que les langues anglaise et chinoise doivent être des langues officielles ; et

e) les dispositions appliquant une loi anglaise peuvent continuer à être applicables par référence à celle-ci
en tant qu'arrangement transitoire en attendant leur modification par la Région administrative spéciale de Hong Kong par l'intermédiaire de la législature de celle-ci, à la condition qu'elles ne portent pas atteinte à la souveraineté de la République populaire de Chine et ne pas contrevenir aux dispositions de la
Loi fondamentale.

L'Ordonnance sur l'interprétation et les clauses générales adoptée en 1966 fut modifiée et la version de 2017 est conforme à l'égalité des langues. Ainsi, l'article 2-A énonce que toutes les lois précédemment en vigueur doivent être interprétées avec les modifications, les adaptations, les limitations et les exceptions nécessaires pour ne pas contrevenir à la Loi fondamentale et les mettre en conformité avec l'équivalence des langues:

Article 2A

Lois antérieurement en vigueur

1) Toutes les lois précédemment en vigueur doivent être interprétées avec les modifications, les adaptations, les limitations et les exceptions nécessaires pour ne pas contrevenir à la Loi fondamentale et les mettre en conformité avec le statut de Hong Kong en tant que Région administrative spéciale de la République populaire de Chine.

2) Sans préjudice du caractère général du paragraphe 1, dans une ordonnance—

[...]

(d) les dispositions relatives au statut juridique supérieur de la langue anglaise par rapport à la langue chinoise doivent être interprétées comme prévoyant que les langues anglaise et chinoise doivent être des langues officielles ; et

(e) les dispositions appliquant une loi anglaise peuvent continuer à être applicables par référence à celle-ci en tant qu'arrangement transitoire en attendant leur modification par la Région administrative spéciale de Hong Kong par l'intermédiaire de la législature de celle-ci, à la condition qu'elles ne portent pas atteinte à la souveraineté de la République populaire de Chine et ne contreviennent pas aux dispositions de la Loi fondamentale.

La même ordonnance précise l'interprétation à donner aux expressions et aux mots chinois et anglais:

Article 9

Expressions et mots chinois et anglais

Les expressions et les mots chinois dans le texte anglais d'une ordonnance doivent être interprétés selon la langue et la coutume chinoises, et les expressions et les mots anglais dans le texte chinois d'une ordonnance doivent être interprétés selon la langue et la coutume anglaises.

L'article 10-B de l'Ordonnance sur l'interprétation et les clauses générales précise les modalités de la rédaction des ordonnances dans les deux langues officielles:

Article 10B

Rédaction des ordonnances dans les deux langues officielles

1) Le texte en anglais et le texte en chinois d'une ordonnance font également foi et l'ordonnance doit être interprétée en conséquence.

2) Les dispositions d'une ordonnance sont présumées avoir le même sens dans chaque texte authentique.

3) Lorsqu’une comparaison des textes authentiques d’une ordonnance fait apparaître une différence de sens que les règles d’interprétation des lois habituellement applicables ne résolvent pas, le sens qui concilie le mieux les textes, eu égard à l’objet et aux buts de l’ordonnance, est retenu.

Article 10E

Expressions et mots pouvant être déclarés comme équivalents dans les langues officielles

1) Le chef de l'Exécutif en conseil peut, par avis dans le Journal officiel, déclarer qu'un mot, une expression, une fonction, un titre (y compris le titre abrégé d'une ordonnance), une citation ou autre chose qui y est spécifié dans une langue officielle doit, en relation avec le l'interprétation d'une ordonnance, être l'équivalent d'un mot, d'une expression, d'une fonction, d'un titre, d'une citation ou d'une autre chose qui y est spécifiée dans l'autre langue officielle.

2) Aucune déclaration ne doit être faite en vertu du présent article à moins qu'un projet d'avis n'ait été déposé et approuvé par résolution du Conseil législatif, et l'article 34 de la présente ordonnance ne s'applique pas à une telle déclaration.

Lorsqu'une loi est à l'origine rédigée en anglais et que la version chinoise semble différer de la version originale, la signification portée par la version anglaise aura la priorité sur le chinois; la situation inverse s'applique également. Si une expression du droit coutumier est employée dans le texte anglais, tandis qu'une expression analogue est employée dans le texte correspondant chinois (putonghua), la loi doit être interprétée conformément à la signification du droit coutumier de la langue d'origine. 

- Les langues des débats parlementaires

Les lois ou ordonnances ainsi que les règlements sont discutés en cantonais, puis promulgués et adoptés en anglais et en mandarin ("putonghua").  L'article 20 du Règlement intérieur du Conseil législatif de la Région administrative spéciale de Hong Kong (2022) précise qu'une requête ou une demande de la part d'un député doit être rédigée en chinois ou en anglais:

Article 20

Présentation des requêtes

1)
Une requête ne peut être présentée au Conseil que par un député. Chaque requête doit
être rédigée en chinois ou en anglais.

Comme c'est une modalité constante dans les textes juridiques, la variété de chinois, le cantonais ou le mandarin (putonghua) n'est pas précisée. Tant que c'est la langue orale qui est employée, le cantonais a généralement la préséance, mais le putonghua et l'anglais ont l'exclusivité dans la rédaction des actes juridiques.

Enfin, un service d'interprétation simultanée en anglais, en cantonais et en mandarin est mise à la disposition des assemblées du Conseil législatif et réunions des conseils et des commissions du gouvernement selon les besoins.

4.3 Les langues du système judiciaire

Jusque dans les années 1980, l'anglais est demeuré l'unique langue employée à Hong Kong, mais dans la période précédant 1997, le gouvernement a introduit diverses mesures afin de promouvoir le bilinguisme dans le domaine de la justice, y compris la création d'un «Comité du système judiciaire bilingue qui a vu le jour en 1998. Malgré les efforts pour traduire les lois et les ordonnances de Hong Kong en chinois, la grande majorité des documents judiciaires et des jugements sont toujours rédigés en anglais, tout comme la plupart des ouvrages de référence juridiques et des dossiers concernant la jurisprudence.

À l'oral, le chinois bénéficie d'un statut égal à l'anglais, mais en pratique il existe une hiérarchie claire dans les tribunaux de Hong Kong. Cette hiérarchie va des juridictions inférieures (les magistratures), en passant par les tribunaux de district, jusqu'aux tribunaux de première instance, aux cours d'appel, et enfin aux tribunaux d'appel final. Le cantonais est employé avec une fréquence décroissante à mesure que l'on s'élève dans la hiérarchie des tribunaux, et il est totalement absent de la Cour d'appel. Parallèlement, la présence de l'anglais présente une distribution pyramidale inversée. L'anglais est moins employé dans les juridictions inférieures, il conserve sa forte présence dans les juridictions supérieures. Par ailleurs, il existe une pratique croissante des procès se déroulant dans les deux langues devant un tribunal de première instance et un tribunal de district. Le cantonais est utilisé lorsque les témoins sont interrogés, mais l'anglais reste la langue de choix lorsqu'il faut interpréter et débattre des lois.

- Les tribunaux de première instance

L'article 5 de l'Ordonnance sur les langues officielles (1974) permet à un tribunal de Hong Kong d'employer l'une ou l'autre des langues officielles ou les deux, c'est-à-dire le chinois et l'anglais, dans une procédure, comme il l'estime approprié.

Article 5

La procédure judiciaire

1) Un juge, un magistrat ou un autre officier de justice peut utiliser l'une ou l'autre ou les deux langues officielles dans une procédure ou une partie d'une procédure devant lui, comme il l'estime approprié.

2) La décision d'un juge, d'un magistrat ou d'un autre officier de justice en vertu du paragraphe 1 est définitive.

3) Nonobstant le paragraphe 1, une partie ou un témoin dans une procédure ou partie d'une procédure peut :

(a) employer l'une ou l'autre des langues officielles ou les deux; et

(b) s'adresser au tribunal ou témoigner dans n'importe quelle langue.

4) Nonobstant le paragraphe 1, un représentant légal dans une instance ou une partie d'une instance peut utiliser l'une ou l'autre des langues officielles ou les deux.

5) Le juge en chef peut établir des règles et émettre des directives de pratique pour réglementer l'usage des langues officielles dans les tribunaux.

Que l'anglais ou le chinois soit utilisé dans la procédure, chacun a le droit d'utiliser la langue de son choix pour témoigner.

Cet article 3 du Règlement sur la procédure civile des tribunaux de district (générales) - Emploi de la langue (1996-2020)

Article 3

Emploi de la langue dans la procédure

1) Un juge peut utiliser l'une ou l'autre ou les deux langues officielles dans une procédure ou une partie de celle-ci devant lui, selon ce qu'il juge approprié pour un règlement juste et rapide de la procédure dont il est saisi.

2) En vertu du paragraphe 1, la décision du juge est définitive.

3) Une partie ou un témoin dans une procédure ou une partie d'une procédure devant le tribunal peut :

a) employer l'une ou l'autre des langues officielles ou les deux; et

(b) s'adresser au tribunal ou témoigner dans n'importe quelle de ces langues.

4) Un représentant légal dans une procédure ou une partie d'une procédure devant le tribunal peut employer l'une ou l'autre ou les deux langues officielles.

5) Les documents préparés pour être employés par le tribunal dans une procédure peuvent être dans l'une ou l'autre des langues officielles.

6) Une partie peut déposer un document à transmettre à une autre partie ou à une autre personne dans l'une ou l'autre des langues officielles.

On doit comprendre que l'expression «dans n'importe quelle langue» signifie «l'une des deux langues officielles».

L'article 5 du Règlement sur les recours administratifs (1969-2018) reprend les mêmes dispositions:

Article 5

Langue du mémoire d'appel

Tout mémoire d'appel doit être rédigé en anglais ou en chinois, et remis au greffier du Conseil exécutif qui en transmet copie au requérant.

L'article 1er du Règlement sur les langues officielles - traduction (2020) énonce que, dans un procès qui se déroule en chinois, le tribunal peut exiger que des documents en anglais soient traduits en chinois; lorsqu'un procès se déroule en anglais, le tribunal peut aussi demander que les documents en chinois puissent être traduits en anglais: 

Article 1

Traduction de documents dans les langues officielles

1) Si un tribunal indique qu'il a l'intention de tenir un procès ou une partie d'un procès en chinois, un document rédigé en anglais qui doit être admis en preuve doit être accompagné d'une traduction certifiée conforme en langue chinoise.

2) Si un tribunal indique qu'il a l'intention de tenir un procès ou une partie d'un procès en anglais, un document rédigé en chinois qui doit être admis en preuve doit être accompagné d'une traduction certifiée conforme en langue anglaise.

3) Le tribunal peut à tout moment se soustraire de la traduction d'un document d'une langue officielle à l'autre langue officielle.

4) Les présentes règles s'appliquent aux procédures civiles et pénales dans toute procédure judiciaire à laquelle s'applique l'ordonnance.

Mais l'article 11 de l'Ordonnance sur la Charte des droits de Hong Kong (1991-2017) semble aller plus loin que l'emploi des langues officielles, puisque toute personne accusée d'une infraction pénale a le doit d'être informée sans délai et en détail dans une langue qu'elle comprend de la nature et de la cause de l'accusation portée contre elle:

Article 11

Droits des personnes accusées ou reconnues coupables d'une infraction pénale

1) Toute personne accusée d'une infraction pénale a le droit d'être présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité ait été établie conformément à la loi.

2) Toute personne ayant statué sur une accusation en matière pénale dirigée contre elle a droit aux garanties minimales suivantes, en pleine égalité:

a) d'être informée sans délai et en détail dans une langue qu'elle comprend de la nature et de la cause de l'accusation portée contre elle ;

f) se
faire assister gratuitement d'un interprète
si elle ne comprend pas ou ne parle pas la langue employée à l'audience;

S'il s'agit d'une autre langue que le mandarin, le cantonais ou l'anglais, il faut dans ces circonstances recourir aux soins d'un interprète.

- Les membres d'un jury

Par voie de conséquence au bilinguisme judiciaire, l'Ordonnance sur les jurés (1887-2019) aborde aussi cette question, mais cet article 4 insiste sur la connaissance suffisante de la langue, le chinois ou l'anglais, dans laquelle la procédure doit se dérouler pour être en mesure de comprendre celle-ci:

Article 4

Diplômes et handicaps

1) Une personne qui a atteint l'âge de 21 ans, mais pas 65 ans, et qui est une résidente de Hong Kong est, sauf dans les cas prévus par la présente ordonnance, apte à servir de juré dans une procédure devant le tribunal ou dans une enquête en vertu de l'Ordonnance des coroners (Chap. 504) si (mais seulement si)—

a) la personne est saine d'esprit et n'est pas atteinte de cécité, de surdité ou d'un autre handicap l'empêchant d'exercer la fonction de juré ; et

(b) la personne est de bonne moralité; et

(c) la personne a une connaissance suffisante de la langue dans laquelle la procédure doit se dérouler pour être en mesure de comprendre la procédure.

2) Dans un procès devant jury, le tribunal ou un coroner peut, de sa propre initiative ou à la demande du registraire ou de toute partie intéressée, révoquer une personne citée à servir de juré qui n’est pas en mesure de convaincre le tribunal ou le coroner que sa connaissance de la langue dans laquelle l’instance doit se dérouler est suffisante pour lui permettre de comprendre la procédure.

Toutefois, dans un procès bilingue, qui se déroule à la fois en chinois et en anglais, les membres du jury doivent maîtriser les deux langues.

- La Haute Cour de justice

Après la rétrocession de Hong Kong à la Chine, le siège de la Cour suprême  ("Supreme Court") fut renommé en Haute Cour ("High Court"), composée du Tribunal de première instance et de la Cour d’appel. Les appels sont entendus par la Cour d’appel de dernière instance qui a été créée le 1er juillet 1997, pour remplacer l'ancienne Cour suprême du régime colonial. La Cour d’appel de dernière instance est la plus haute cour d’appel de la Région administrative spéciale de Hong Kong. Elle entend les appels en matière civile et pénale de la Haute Cour.

D'après le Règlement sur la procédure civile de la Haute Cour - Emploi de la langue (1998), les dispositions prévues  correspondent aux mêmes possibilités de traduction d'une langue à l'autre:

Article 5

Traduction de documents dans une langue officielle

1) Une partie à une procédure qui—

a) se voit transmettre un document rédigé dans une langue officielle qu'elle ne connaît pas; et

b) connaît l'autre langue officielle, peut demander à la partie à la procédure qui transmet le document de lui fournir une traduction dans l'autre langue officielle.

2) Une requête en vertu du paragraphe (1) doit être faite—

(a) par écrit ; et

(b) dans les trois jours suivant la transmission du document pertinent.

Article 6

Langue d'une décision

Une partie qui demande une décision de la cour doit :

(a) fournir le procès-verbal de la décision dans la langue dans laquelle cette décision doit être adoptée ; et

b) produire une traduction certifiée conforme de la décision dans l'autre langue officielle si la cour l'ordonne.

Article 7

Dossiers et transcriptions

1) Le procès-verbal officiel d'une procédure doit être conservé dans l'une des langues officielles ou dans les deux langues officielles, selon les directives du juge qui préside la procédure.

2) Les transcriptions d'une procédure aux fins d'appel doivent être préparées dans l'une des langues officielles ou dans les deux langues officielles, selon les directives de la Cour d'appel.

Dans la Haute Cour de justice, les interprètes judiciaires sont depuis longtemps des acteurs incontournables dans les salles d’audience bilingues de Hong Kong. Sous le régime colonial, l’anglais était la seule langue officielle du tribunal. Depuis la rétrocession à la Chine, la langue dominante des tribunaux, particulièrement à la Haute Cour de Justice, demeure l'anglais, et ce, bien que les plaideurs, les témoins ou les accusés comparaissant devant le tribunal parlent principalement le cantonais.

De plus, la Haute Cour de justice est appelée à recevoir des documents de l'étranger et ces documents peuvent être rédigés dans une autre langue que les deux langues officielles de Hong Kong.  Le Règlement de la Haute Cour (1988-2018) exige en ce cas une traduction de l'acte dans la langue officielle du pays dans lequel la notification doit être effectuée ou, s'il existe plusieurs langues officielles de ce pays, dans l'une quelconque de ces langues qui est appropriée au lieu de ce pays où la notification doit être effectuée :

Ordonnance 11

Article 6

Signification des brefs à l'étranger par l'intermédiaire de gouvernements étrangers, d'autorités judiciaires et de consuls britanniques

5)
Toute copie d'acte déposée en vertu du paragraphe 4 doit être accompagnée d'une traduction de l'acte dans la langue officielle du pays dans lequel la notification doit être effectuée ou, s'il existe plusieurs langues officielles de ce pays, dans l'une quelconque de ces langues qui est appropriée au lieu de ce pays où la notification doit être effectuée :

Toutefois, le présent paragraphe ne s’applique pas à l’égard d’une copie d’un bref qui doit être signifié ou notifié dans un pays dont la langue officielle est, ou dont les langues officielles comprennent l’anglais, ou qui doit être signifié ou notifié dans un pays par une autorité consulaire britannique à un sujet britannique, à moins que la signification ou la notification ne soit effectuée en vertu du paragraphe 2 et que la convention de procédure civile à l’égard de ce pays expressément exige que la copie soit accompagnée d’une traduction.

De façon générale, c'est le justiciable ou le juge qui choisit la langue dans laquelle le tribunal entendra la cause. Or, la plupart des habitants de Hong Kong ont le cantonais comme langue maternelle, soit une proportion de 88,9%, tandis que 94,6% des Hongkongais peuvent parler cette langue. Mais c'est le putonghua (mandarin) qui sert de langue co-officielle avec l'anglais, bien que, dans tous les documents juridiques et judiciaires, il n'est jamais précisé quel chinois bénéficie de ce statut. En raison des habitudes prises depuis la colonisation britannique et la réticence à employer le mandarin, la langue la plus employée demeure l'anglais.

Dans la pratique, la loi ne fait qu'autoriser les tribunaux à employer le chinois (?). Sous réserve du principe d'assurer un règlement équitable, rapide et efficace des affaires judiciaires, les juges ont le pouvoir discrétionnaire de décider quelle langue officielle utiliser dans un procès. L'emploi du chinois devant les tribunaux relève en grande partie des intérêts des accusés, des plaideurs et de leurs représentants, et de la pertinence du chinois dans chaque cas. Le rôle du pouvoir judiciaire est simplement de fournir un système par lequel les personnes concernées peuvent proposer la langue officielle qu'elles souhaitent utiliser. Historiquement, le cantonais écrit est employé à Hong Kong pour une procédure judiciaire afin d'écrire le témoignage oral exact d'un témoin, au lieu de paraphraser le cantonais parlé en chinois écrit standard (putonghua).

4.4 Les langues dans l'administration publique

Le chinois et l'anglais sont les langues officielles de Hong Kong. De cette obligation découlent des responsabilités pour le gouvernement de produire des documents destinés aux citoyens en anglais et en chinois. La correspondance avec les particuliers se fait toujours dans la langue appropriée aux destinataires. Pour rendre un service public dans deux langues au choix du destinataire, on a créé la «Division des langues officielles» ("Official Languages Division") qui surveille la mise en œuvre de la politique linguistique du gouvernement dans la fonction publique.

- La Division des langues officielles

La Division des langues officielles a la responsabilité d'offrir des services de traduction, d'interprétation et d'édition dans les bureaux et ministères ou départements gouvernementaux; d'élaborer les aménagements institutionnels pour l'usage des langues officielles dans la fonction publique, y compris l'établissement d'objectifs, l'examen des pratiques linguistiques de la fonction publique et l'offre de services consultatifs linguistiques dans les services publics; de promouvoir l'usage efficace des langues officielles dans la fonction publique en compilant des documents de référence et en produisant des aides à la rédaction, en fournissant des services de soutien et en contribuant aux programmes de formation linguistique.

Enfin, la Division des langues officielles doit vérifier l'emploi des langues officielles et la mise en œuvre de la politique linguistique. Elle est placée sous la tutelle du Secrétariat adjoint à la fonction publique.

- Le serment d'allégeance

Tous les fonctionnaires doivent respecter et faire respecter la Loi fondamentale de la Région administrative spéciale de Hong Kong, de prêter allégeance à la Région administrative spéciale de Hong Kong, d'être dévoué à leurs fonctions et d'être responsable devant le gouvernement de la région administrative spéciale de Hong Kong. De plus, en vertu de l'article 6 de la Loi sur la sauvegarde de la sécurité nationale, un résident de la RAS de Hong Kong, qui se présente aux élections ou assume une charge publique doit confirmer par écrit ou prêter serment de faire respecter la Loi fondamentale de la Région administrative spéciale de Hong Kong:

Article 6

It is the common responsibility of all the people of China, including the people of Hong Kong, to safeguard the sovereignty, unification and territorial integrity of the People’s Republic of China.

Any institution, organisation or individual in the Hong Kong Special Administrative Region shall abide by this Law and the laws of the Region in relation to the safeguarding of national security, and shall not engage in any act or activity which endangers national security.

A resident of the Region who stands for election or assumes public office shall confirm in writing or take an oath to uphold the Basic Law of the Hong Kong Special Administrative Region of the People’s Republic of China and swear allegiance to the Hong Kong Special Administrative Region of the People’s Republic of China in accordance with the law.

Article 6

C'est la responsabilité commune de tout le peuple chinois, y compris le peuple de Hong Kong, de sauvegarder la souveraineté, l'unification et l'intégrité territoriale de la République populaire de Chine.

Toute institution, toute organisation ou tout individu dans la Région administrative spéciale de Hong Kong doit respecter la présente loi et les lois de la Région relatives à la sauvegarde de la sécurité nationale, et ne doit s'engager dans aucun acte ou activité mettant en danger la sécurité nationale.

Un résident de la Région qui se présente aux élections ou assume une fonction publique doit confirmer par écrit ou prêter serment de respecter la Loi fondamentale de la Région administrative spéciale de Hong Kong de la République populaire de Chine et prêter allégeance à la Région administrative spéciale de Hong Kong de la République populaire de Chine, conformément à la loi.

Le Bureau de la fonction publique a publié une circulaire à tous les services publics en octobre 2020 et une autre en janvier 2021, afin d'exiger que tous les fonctionnaires prêtent serment à la fois à la fois à la Région administrative spéciale de Hong Kong et à la République populaire de Chine. Voici le texte du serment qui peut être formulé en anglais ou en mandarin:

I declare that, as a civil servant of the Government of the Hong Kong Special Administrative Region of the People’s Republic of China, I will uphold the Basic Law of the Hong Kong Special Administrative Region of the People’s Republic of China, bear allegiance to the Hong Kong Special Administrative Region of the People’s Republic of China, be dedicated to my duties and be responsible to the Government of the Hong Kong Special Administrative Region. Je déclare que, en tant que fonctionnaire du gouvernement de la Région administrative spéciale de Hong Kong de la République populaire de Chine, je respecterai la Loi fondamentale de la Région administrative spéciale de Hong Kong de la République populaire de Chine, je prête allégeance à la Région administrative spéciale de Hong Kong de la République populaire de Chine, je serai dévoué à mes fonctions et responsable devant le gouvernement de la Région administrative spéciale de Hong Kong.

L'exigence d'une déclaration par les fonctionnaires est une reconnaissance ouverte de l'acceptation et une véritable manifestation des responsabilités et des attentes à leur égard, ce qui permettra de sauvegarder et de promouvoir davantage les valeurs fondamentales qui devraient être défendues par tous les gouvernements et d'assurer la gouvernance efficace du gouvernement de la RAS de Hong Kong.

Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que la "Public Service (Administration) Order" (2000) ne contienne aucune disposition concernant l'emploi des langues. Seul le Règlement (disciplinaire) sur la fonction publique (2002) mentionne des exigences linguistiques pour les fonctionnaires enquêteurs:

ANNEXE

PARTIE A

Requêtes en vertu de l'article 9 de l'ordonnance.

Article 17

Le fonctionnaire enquêteur doit veiller à ce qu'une déposition faite dans une langue qu'il ne comprend pas lui soit traduite. Le fonctionnaire peut enregistrer les témoignages dans la langue dans laquelle ils sont fournis ou peut les enregistrer en anglais ou en chinois, et il doit certifier qu'ils sont exacts.

PARTIE B

Requêtes en vertu de l'article 10 de l'ordonnance

Article 17

Le comité d'enquête doit veiller à ce qu'une déposition faite dans une langue que le fonctionnaire ne comprend pas lui soit traduite. La commission d'enquête peut enregistrer les témoignages dans la langue dans laquelle ils sont présentés ou les enregistrer en anglais ou en chinois et certifier qu'ils sont exacts.

- Une fonction publique bilingue

En préparation et depuis la rétrocession en 1997, le mandarin (putonghua) fut promu comme langue co-officielle avec l'anglais. En septembre 1995, le rapport du groupe de travail sur l'emploi du chinois dans la fonction publique fut publié et révéla que l'objectif ultime du gouvernement était de développer une fonction publique bilingue (en anglais et en chinois) et trilingue (en anglais, en cantonais et en putonghua). Il s'agissait de la déclaration initiale du gouvernement sur la politique du bilinguisme et du trilinguisme.

Dans la pratique, les trois langues les plus importantes pour les citoyens et les fonctionnaires demeurent effectivement le cantonais, le putonghua et l'anglais, bien que la distribution et l'importance de ces langues varient en fonction du contexte et des objectifs poursuivis. Par exemple, dans le cas de la communication parlée localement, le cantonais demeure grandement la langue parlée de choix, alors que, pour communiquer avec la Chine continentale, la langue par défaut est le putonghua, tandis que l'anglais est la langue majoritaire de choix pour la communication internationale.

Pour les communications écrites, un constat manifeste est qu'en général l'anglais reste une langue de communication écrite importante pour courriers électroniques («courriels») et les rapports sur les lieux de travail de Hong Kong. Dans les services publics locaux, le cantonais sert pratiquement de seule langue orale de communication. Quant à l'emploi du mandarin, il est fréquent dans les entreprises et établissements appartenant à la Chine à Hong Kong, bien qu'il soit moins utilisé que le cantonais parlé. Entre l'anglais et le putonghua à l'écrit, l'anglais domine largement. Lorsqu'on parle de fréquence d'emploi, le cantonais et l'anglais sont les grands gagnants.

- L'affichage public

Hong Kong présente le visage d'un pays bilingue anglais-chinois ou chinois anglais. Toutes les affiches, enseignes ou panneaux qui relèvent du gouvernement local ou de ses institutions est généralement en putonghua et en dessous en anglais. Les panneaux routiers sont tous bilingues, mais l'inscription en anglais peut se trouver au-dessus des sinogrammes. Dans le secteur commercial, toutes les combinaisons sont possibles, y compris l'unilinguisme chinois, bien que l'unilinguisme anglais (ou français) soit peu fréquent.

4.5   Les langues en éducation

Jusqu'en 1990, il n'existait aucun texte officiel concernant la langue d'enseignement dans les écoles primaires, même si au cours des années 1970 de nombreux rapports sur l'éducation s'étaient prononcés en faveur de la langue maternelle des enfants, c'est-à-dire le cantonais. Dans cette politique de non-intervention, les établissements d'enseignement avaient le droit d'offrir leur enseignement en anglais ou en chinois mandarin. Dans les faits, le mandarin était enseigné au primaire pour être généralement remplacé par l’anglais au secondaire, hormis une minorité d’élèves qui poursuivaient leurs études dans des écoles où le chinois restait la langue d'enseignement. Finalement, à cette époque, l'anglais servait de langue d'enseignement dans la plupart des écoles. Avec la création de l'école obligatoire et d'une scolarité de neuf ans en 1978, la place de l'anglais dans l'enseignement a régressé. Depuis 1978, la plupart des écoles offrent un enseignement «mixte» ("mixed-code"), donc à la fois en anglais et en chinois. Très peu d'écoles ont alors offert un enseignement uniquement en chinois ou uniquement en anglais.

- Les types d'écoles hongkongaises

Il existe trois principaux types d'écoles à Hong Kong : les écoles publiques, les écoles subventionnées et les écoles privées.

- Les écoles publiques ("Fully Funded Government Schools") sont gérées et financées par le gouvernement; elles inscrivent les élèves hongkongais locaux, font usage des bâtiments scolaires, respectent le programme scolaire recommandé par le Bureau de l'éducation (EDB) et préparent les élèves aux examens locaux.

- Les écoles subventionnées ("Aided Schools") sont entièrement subventionnées par le gouvernement, mais gérées par des organismes à but non lucratif tels que des organisations caritatives et religieuses locales.

Seuls les enfants résidents de Hong Kong peuvent fréquenter les écoles publiques et les écoles subventionnées, lesquelles leur offrent un enseignement primaire et secondaire gratuit. Les écoles subventionnées conservent davantage d'autonomie financière, mais elles coûtent plus cher aux parents.

- Les écoles privées ("Private Schools") ne reçoivent aucune subvention du gouvernement, car elles sont financées par des fournisseurs ou des investisseurs individuels ou encore par des fondations fiduciaires pour l'éducation. Toutefois, ces écoles bénéficient d'une liberté totale en ce qui concerne les programmes, les frais et les conditions d'admission. Elles ne sont pas soumises aux politiques centralisées du gouvernement ni à la conception des programmes et à l'affectation des élèves. Les directions d'école ont le loisir de choisir leurs propres étudiants sans contraintes et peuvent proposer leur propre examen d'admission. Les écoles privées doivent cependant préparer leurs élèves à passer les examens locaux.

Il existe aussi des écoles de  l'English Schools Foundation (ESF) qui offrent un enseignement aux enfants anglophones, mais certaines écoles internationales proposent également des programmes d'études non locaux et accueillent principalement des étudiants non sinophones et des ressortissants étrangers. Les écoles internationales sont considérées comme des établissements privés; il en existe plus de 175.

L'éducation préscolaire à Hong Kong n'est pas gratuite, en principe, et les frais sont aux frais des parents des élèves, mais les parents dont les enfants ont le droit de résider à Hong Kong peuvent payer une partie de leurs frais avec un bon du gouvernement dans le cadre du "Pre-primary Education Voucher Scheme" (Programme de bons d’enseignement préprimaire). Chaque enfant à Hong Kong, sans aucune excuse raisonnable, est tenu par la loi de fréquenter une école primaire après que l'enfant ait atteint l'âge de 6 ans. Les enfants sont également tenus de fréquenter une école secondaire après l'enseignement primaire jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de 18 ans.

- La politique linguistique

Depuis le transfert de souveraineté sur Hong Kong en 1997, le gouvernement de Hong Kong poursuivit ses efforts pour améliorer l’enseignement des langues avec comme objectif de former citoyens capables de maîtriser l’anglais et le chinois à l’écrit, et de parler couramment l’anglais, le mandarin et le cantonais. Le passage de l’état de colonie britannique à celui de Région administrative spéciale (RAS) de la RPC a forcément entraîné le besoin de valoriser l'enseignement du chinois mandarin afin de se rapprocher de la Chine dont la RAS faisait dorénavant partie. Cependant, l’anglais demeurait indispensable pour le développement économique de Hong Kong, centre cosmopolite des affaires et de la finance. Finalement, la nouvelle politique linguistique adoptée se voulut «bialphabète et trilingue». En fait, cela signifie que les apprenants doivent devenir bialphabètes, avec les caractères du putonghua et l'anglais écrit, et trilingues, avec le cantonais, le mandarin et l'anglais. En pratique, les jeunes Hongkongais ont très peu d'occasions d'employer l'anglais, le cantonais et le mandarin en même temps. 

Le système d'éducation hongkongais relève du Bureau de l’éducation ("Education Bureau") qui rassemble des fonctionnaires, des administrateurs, des concepteurs de programmes scolaires et des inspecteurs d’enseignement.  Mais les programmes scolaires sont sous la responsabilité de la Commission de l’éducation. La plupart des établissements d'enseignement (90%) sont soit des CME ("Chinese as a Medium of Education") qui ont le chinois cantonais comme langue d'apprentissage, soit des EME ("English as a Medium of Education") qui ont l’anglais. Dans toutes ces écoles (à l’exception des ESF: "English Schools Foundation Schools"), l’anglais et le chinois mandarin sont des matières obligatoires. Plusieurs d’entre elles offrent aussi la possibilité de choisir une langue étrangère (espagnol, français, allemand, japonais ou coréen), généralement en option pour les étudiants qui ne sont pas cantonophones ou sinophones.

Voici la répartition de la population scolaire dans l'enseignement des langues dans les écoles de Hong Kong (1997):

Niveau d'enseignement

Langue d'enseignement

Après 1997 (%)

Primaire anglais
cantonais

moins de 10 %
plus de 95 %

Secondaire anglais
cantonais
25 %
75 %
Supérieur anglais
cantonais
86 %
14 %

Pour l'année scolaire de 2015-2016, environ 16,4% des écoles primaires et 2,5% des écoles secondaires avaient adopté le putonghua au lieu du cantonais pour l'enseignement de la langue chinoise à tous les niveaux. Dans les écoles primaires, 55,3% d'entre elles et 34,4% d'écoles secondaires supplémentaires avaient adopté le putonghua dans certaines de leurs classes. Les 28,3% des écoles primaires restantes et les 63,1% des écoles secondaires utilisaient encore le cantonais dans toutes leurs classes.

- L'enseignement du cantonais

Avec la proclamation de la déclaration commune sino-britannique en 1984, le gouvernement de Hong Kong déploya des efforts pour promouvoir l'enseignement en cantonais, soulignant l'importance de l'enseignement dans la langue maternelle. Rappelons que la grande majorité des Hongkongais sont cantonophones. Mais les parents ont le choix de choisir la langue d'instruction de leurs enfants selon les écoles disponibles. Il y a donc en principe des écoles anglophones, mandarinophones et cantonophones, ainsi que des écoles mixtes.

Étant donné que la plupart des enfants grandissent dans des foyers de langue cantonaise, les écoles qui ont le cantonais comme langue d'instruction offrent un enseignement apparemment plus facile. En effet, son omniprésence dans la société à travers des domaines tels que la maison, le gouvernement, les journaux, la diffusion des médias, ainsi que diverses formes culturelles comme les chansons, le cinéma, la comédie, etc., en fait la langue de l'identité pour plus de 90% des Hongkongais chinois. Le cantonais sert de langue d'enseignement pour les matières non chinoises (mathématiques, sciences, arts visuels, musique, etc.) au primaire et au secondaire. Au plan linguistique, le cantonais est régulièrement considéré comme une variété régionale de chinois et la langue maternelle de la plupart des résidents chinois à Hong Kong (88,9%).

Une telle perception du cantonais fait en sorte que les Hongkongais peuvent hésiter à envisager de passer uniquement à l'anglais ou uniquement au mandarin. Quant au cantonais écrit, bien qu'il soit exclu de l'enseignement scolaire, il a néanmoins trouvé un espace dans divers médias imprimés ou dans les réseaux sociaux. Le cantonais écrit contient de nombreux caractères non utilisés dans le putonghua afin de transcrire des mots non présents dans le lexique standard, et pour certains mots du chinois ancien lorsque leurs formes d'origine ont été oubliées. Malgré les tentatives du gouvernement de Hong Kong pour normaliser ce jeu de caractères, il existe toujours un désaccord important sur les caractères corrects en cantonais écrit avec le résultat que le cantonais n'a jamais été normalisé.

Pour les Chinois continentaux, le cantonais écrit suscite l'indignation parce que, s'il était enseigné, il rivaliserait avec le chinois écrit standard (putonghua), une situation qui ne pourrait être autorisée ni tolérée. En fait, pour les Chinois de la RPC, le cantonais n'est qu'un dialecte par rapport au putonghua, qui est la langue nationale commune. La promotion du putonghua à Hong Kong est perçue comme ayant à la fois une valeur culturelle et politique, ainsi qu'une valeur économique et pragmatique.

- L'enseignement de l'anglais

L'anglais est très présent dans la société hongkongaise, qu'il soit une langue seconde ou une langue étrangère. Pour les familles qui peuvent fournir des ressources financières afin d'envoyer leurs enfants dans des écoles privées, l'anglais constitue une langue seconde. Par contre, pour les enfants qui grandissent dans des familles socio-économiquement modestes, l'apprentissage de l'anglais a tendance à se limiter aux contextes d'enseignement en classe et aux devoirs, avec peu d'implication dans leur vie quotidienne au-delà des activités scolaires. Dans ces conditions, l'anglais est une langue étrangère, bien qu'elle soit co-officielle avec le mandarin. Étant donné que l'anglais est une langue «mondiale», les parents croient qu'étudier dans des écoles anglaises peut être un avantage pour améliorer les perspectives d'emploi et le statut social de leurs enfants. Par ailleurs, les autorités hongkongaises croient que l'anglais pourrait être un bon outil pour accéder à la connaissance et à la communication internationales, du fait que Hong Kong reste une ville internationale tolérant des cultures et des peuples différents. Les milieux financiers de Hong Kong se plaignent que la maîtrise de l'anglais des Hongkongais a commencé à décliner et ils craignent que le changement de la langue d'enseignement vers le mandarin n'affaiblisse davantage la maîtrise de l'anglais des Hongkongais, faisant de Hong Kong un statut financier international.

Évidemment, linguistiquement parlant, le cantonais (ou le mandarin) et l'anglais ont très peu en commun, la première étant une langue de la famille sino-tibétaine, la seconde une langue germanique de la famille indo-européenne. Cette langue est davantage enseignée comme langue étrangère dans les écoles publiques, alors qu'elle est considérée comme une langue seconde dans les écoles privées. Toute école ayant l'intention d'adopter l'anglais comme langue d'enseignement doit fournir suffisamment d'informations et de justifications au Bureau de l’éducation pour appuyer un tel choix.

Il subsiste des problèmes relativement importants du côté des enseignants. La plupart d'entre eux n'ont pas reçu une formation adéquate en anglais. En réponse à ces difficultés, les enseignants ont adopté une méthode d'adaptation appelée «méthode d'enseignement mixte», qui consiste à utiliser le cantonais avec une terminologie anglaise pour les présentations orales et l'anglais comme support pour les manuels, les devoirs écrits et les examens. Le gouvernement hongkongais a publié un certain nombre de rapports faisant état de la désapprobation officielle du «mode mixte» en encourageant plutôt les écoles à passer à l'enseignement en langue maternelle en cantonais avec le putonghua écrit. Pour les fonctionnaires du gouvernement, l'enseignement au primaire devrait être offert à 100 % en anglais ou 100% en chinois cantonais, mais pas un mélange des deux.

La proportion de la population de Hong Kong déclarant utiliser l'anglais comme «langue parlée habituelle» est passée de 2,8% en 2006 à 4,3% en 2016. L'anglais demeure donc une langue étrangère pour la plupart des Hongkongais.

- L'enseignement du putonghua

Comme pour l'anglais, les occasions d'employer le putonghua (ou mandarin) en dehors de la salle de classe demeurent peu fréquentes. Pour la plupart des Hongkongais cantonophones, le putonghua présente également les caractéristiques d'une langue seconde ou d'une langue étrangère, sauf que le cantonais et le putonghua partagent une partie du même vocabulaire et des modèles grammaticaux similaires avec des différences plus ou moins importantes, plus du fait que les deux sont aussi des langues tonales. De plus, le cantonais et le putonghua ont un système d'écriture de type pictographique, bien qu'ils soient différents, mais la majeure partie des caractères chinois du putonghua sont prononçables en cantonais et en mandarin. En réalité, les jeunes hongkongais ont beaucoup de difficultés à acquérir les différences de tons en mandarin par rapport au cantonais.

Cependant, à Hong Kong, l'écriture chinoise standard (putonghua) est en usage dans tous les contextes, par exemple sur les enseignes commerciales, dans les livres, les journaux et les magazines, les sites internet, etc. Le putonghua est la langue véhiculaire commune de la République populaire de Chine. Au point de vue pictographique, le putonghua est plus ou moins le même partout en Chine continentale et normalement à Hong Kong, à Macao, à Taïwan et dans d'autres communautés de la diaspora chinoise, sauf que les caractères chinois simplifiés sont maintenant employés en Chine continentale, alors que les caractères chinois traditionnels sont encore en usage à Hong Kong, à Macao et à Taïwan.

Depuis que le mandarin est désormais une matière obligatoire dans les écoles primaires de Hong Kong, il a également gagné en importance en raison des liens commerciaux croissants entre Hong Kong et le continent. Dans la pratique pédagogique, le putonghua est couramment enseigné pour les matières chinoises comme la maîtrise de la langue chinoise, la lecture, l'écriture, l'écoute et l'expression orale.

- Les problèmes pédagogiques

Le putonghua et le cantonais sont employés séparément comme moyen d'enseignement en classe pour différentes matières, toutes les matières enseignées en putonghua ou en cantonais partageant le même système d'écriture. Les élèves, qu'ils parlent et écoutent les paroles en cantonais ou en mandarin, apprennent un vocabulaire commun, pensent et raisonnent selon des règles syntaxiques partagées pour obtenir des connaissances.

Bien sûr, des difficultés surviennent lorsqu'il faut alphabétiser les citoyens de Hong Kong en putonghua et en anglais. Étant donné que l'anglais est une langue alphabétique et le putonghua une langue pictographique, les systèmes d'écriture sont totalement différents, ce qui rend difficile pour les enseignants et les étudiants de maîtriser les deux systèmes à un niveau élevé. Les systèmes phonétiques sont apparemment différents, car le mandarin est une langue tonale qui emploie la hauteur d'un phonème (son) pour différencier le sens des mots, tandis qu'en anglais, la hauteur est principalement utilisée pour exprimer une émotion plutôt que pour donner une signification différente au son. Les élèves sont également tenus de construire deux ensembles de grammaire et de vocabulaire, et de faire correspondre les traductions lorsqu'ils utilisent un code mixte pour apprendre les deux langues.

Pour les dirigeants chinois, la promotion du bialphabétisme et du trilinguisme désamorcerait certains désaccords sociaux profondément ancrés. On croit aussi que le bialphabétisme et le trilinguisme, voire le multilinguisme, devrait faciliter l'intégration des Hongkongais au sein de la société chinoise. En ne forçant pas les citoyens hongkongais à renoncer à leur langue maternelle en faveur du mandarin, ceux-ci semblent plus favorables à apprendre une nouvelle langue commune, le chinois mandarin en l'occurrence. Toutefois, selon divers spécialistes, les jours de gloire du cantonais seraient comptés. Le scénario risque d'être le même partout: le chinois mandarin deviendra la langue de l'élite d'ici une trentaine d'années. 

- Les écoles privées

Les écoles de langue privée refusent des élèves dans les classes de mandarin, tellement la demande est forte. Les petites annonces abondent en offres d’emploi indiquant la préférence pour les candidats possédant le chinois mandarin, en plus du chinois cantonais et de l’anglais. On ne compte plus les entreprises qui offrent à leurs employés des cours de mandarin, afin qu'ils puissent communiquer avec les  immigrants et les fonctionnaires de la Chine continentale. Pour le moment, la connaissance du mandarin constitue simplement un avantage, pas une exigence. La formation linguistique intensive du mandarin ne fait pas partie des programmes d'études préparant un baccalauréat régulier.  

- L'enseignement supérieur

Dans l'enseignement supérieur, la même tendance se maintient: les étudiants suivent leurs cours en anglais dans une proportion de plus de 85%. Par exemple, à l'Université de Hong Kong, où l'anglais est la langue officielle d'enseignement, c'est un secret de polichinelle que certains enseignants donnent des cours en cantonais parce que les étudiants ne peuvent pas suivre les cours en anglais. Selon les responsables universitaires, les signes d'un certain déclin de l'anglais sont omniprésents: si des étudiants de l'université de langue anglaise de Hong Kong ne peuvent pas suivre les cours magistraux, il en est ainsi pour des caissiers de banque, des opérateurs téléphoniques, des employés du gouvernement, des secrétaires et des aux vendeurs dont l'anglais se limite à quelques phrases incomplètes. Il n'est donc pas surprenant de compter de plus en plus d'établissements universitaires employer le chinois mandarin comme langue d'enseignement. 

Bien qu'il existe trois universités, deux écoles polytechniques et de nombreux collèges ou lycées à Hong Kong, ces établissements ne semblent pas pouvoir satisfaire la demande de formation post-secondaire. L'insuffisance des places dans les établissements d'enseignement supérieur rend l'accès très difficile dans les universités. Il n'y a pratiquement pas de grands débats au sein de la "Chinese University" pour savoir quelle langue utiliser dans l'enseignement supérieur de cette université : l'anglais ou le chinois mandarin (laisser tomber le chinois?). En général, de nombreuses personnes ne manquent pas de souligner que le cantonais n'est «qu'une langue orale qui ne s'écrit pas» et qu'il vaut donc mieux choisir celle qui est proche de l'écrit, c'est-à-dire plus littéraire: le chinois mandarin.

4.6 Les médias

La liberté de presse n'est plus garantie à Hong Kong depuis l'imposition de la loi sur la sécurité nationale en 2020. Celle-ci a entraîné la fermeture d’une série de médias influents et l’arrestation de nombreux journalistes, sonnant le glas de la liberté de la presse dans l’ex-colonie britannique. Autrefois un bastion de la liberté de la presse en Asie, Hong Kong a chuté de la 18e place en 2002 à la 148e place en 2020 dans le classement annuel de la liberté de la presse, selon Reporters sans frontières, soit une baisse de près de 130 places. La loi chinoise punit toutes les activités considérées comme de la subversion, du terrorisme, de la collusion avec des forces étrangères et de la sécession jusqu'à la prison à vie.

- Les journaux

Du côté des médias, on compte près d'une centaine de journaux et plus de 700 périodiques à Hong-kong. Parmi les journaux, plus d'une cinquantaine de quotidiens sont publiés en putonghua, une douzaine en anglais, treize sont des quotidiens bilingues chinois-anglais, ainsi que quatre journaux japonais. Parmi les journaux de langue chinoise, 46 rapportent principalement l'actualité de Hong Kong et du monde. Dans les périodiques, plus de 450 sont publiés en chinois, environ 150 en anglais, environ 120 sont bilingues et 15 sont publiés en d'autres langues. Des versions anglaises du Wall Street Journal, du Financial Times, du Economist et de l’International Herald Tribune sont imprimées à Hong Kong même. Évidemment, les journaux hongkongais écrits en mandarin contiennent quelques éléments ou caractères proprement cantonais, mais il s'agit d'un chinois très proche du mandarin.  

Cela étant dit, les journalistes de Hong Kong rendent de grands services aux dirigeants communistes à Pékin. Étant donné que les dirigeants chinois savent très bien qu'ils ne peuvent pas se fier à leurs journaux pour savoir ce qui se passe dans le pays, les fonctionnaires locaux maquillant les faits pour éviter les reproches, ils lisent les journaux de Hong Kong! 

- La radio

La RAS dispose aussi de nombreuses chaînes de radio. Une douzaine d'entre elles appartenant à la RTHK (Radio Television de Hong-kong), un organisme de télévision et de radio entièrement financé par les fonds publics, diffusent de nombreuses émissions en anglais. La station 104 FM Select, qui diffusait beaucoup de programmes en anglais, est utilisée à présent pour la radio cantonaise Metro Finance. De façon générale, la prépondérance des émissions va au cantonais, suivi de l'anglais, ensuite du chinois mandarin.

Les chaînes commerciales tells que Supercharged 881, Ultimate 903, AM864, Metro Radio Hong Kong, etc., diffusent normalement en cantonais. À l'heure actuelle, sept chaînes de radio sont fournies au public local et un total de six chaînes de radio sont exploitées par deux stations de radio commerciales.

- La télévision

Il n'existe qu'une seule ordonnance concernant les médias et il s'agit de l'Ordonnance sur la radiodiffusion (2012-2020). Il est dit que les émissions de télévision fournies par le gouvernement ne doivent pas dépasser, dans le cas d'un service en langue chinoise, douze heures par semaine, et dans le cas d'un service en langue anglaise six heures par semaine. De plus, la loi précise que la durée de chaque service des émissions de télévision de chaque langue ne doit pas être inférieure à cinq heures par jour:

Partie 3
Émissions de télévision

Article 10

Durée minimale du service de programmes télévisés

La durée de chaque service d’émission de télévision de chaque langue prévue en vertu d'une licence réputée, au sens de l'annexe 8 de la présente ordonnance, relevant de l'article 2, paragraphe 1, de la présente annexe ne doit pas être inférieure à cinq heures par jour.

La plupart des chaînes de télévision diffusent leurs émissions en cantonais. Les plus grosses chaînes, TVB (Television Broadcasts Limited) et ATV (Asia Television Limited), disposent de stations diffusant soit en cantonais soit en anglais. Au total, ces deux chaînes diffusent plus de 600 heures de programmes par semaine, pour 6,4 millions de téléspectateurs, soit en cantonais soit en anglais. Parallèlement, la RTHK (Radio Television Hong Kong) produit sur les réseaux ATV et TVB des émissions à vocation informative et éducative. Les autorités s'efforcent de couvrir de manière impartiale les événements locaux et internationaux, afin de favoriser l'ouverture et la diversité culturelle de Hong-kong, et toucher un plus large auditoire, notamment auprès des minorités. Cependant, le gouvernement a procédé à une importante restructuration de la chaîne publique RTHK en supprimant toutes les vidéos de ses archives en ligne, en congédiant les présentateurs et les présentatrices jugés critiques à l’égard des autorités et en déprogrammant les émissions qui ne respectaient pas l'idéologie politique officielle.

Faute d'un auditoire suffisant, la chaîne internationale de Wharf-CableTV, qui diffusait un bloc d'émissions en français, aux côtés de la BBC, de la RTVE et de la RTPI, a réduit sa visibilité en langue française. Les chaînes anglaises de ATV et TVB diffusent quelques films français (en anglais, sous-titrés en français) en fin de soirée. Ceux  qui le souhaitent peuvent recevoir des chaînes françaises (TV 5) à Hong-kong, à la condition de disposer d'une antenne satellite, mais ce type de réception touche seulement une partie des foyers aisés.

Près de 90% des foyers hongkongais sont abonnés au câble. Les émissions en langue étrangère totalisent 1% du temps d'antenne, la plupart étant d'origine asiatique (en sept langues, dont le chinois). Quant aux chaînes anglophones, elles diffusent principalement des émissions en provenance des États-Unis et de Grande-Bretagne; ces émissions sont regardées par quelque 18% des téléspectateurs hongkongais.

La politique linguistique de Hong Kong est complètement axée sur le bialphabétisme (deux systèmes d'écriture) et le trilinguisme. Cette politique n'est dirigée contre aucune langue, mais elle favorise avant tout la langue vernaculaire de la majorité de la population (le cantonais) et l'ancienne langue coloniale (l'anglais). Depuis la rétrocession de Hong Kong à la Chine, le chinois mandarin prend de l'expansion. Jusqu'ici, le cantonais s'est faufilé et a su tirer ses marrons du feu, mais dans un avenir plus ou moins rapproché le mandrin prendra vraisemblablement une plus grande place et risque de reléguer l'anglais à l'arrière-plan dans certains secteurs, mais sûrement pas dans les affaires et le commerce.

Dans toutes ces pratiques, ce sont les langues des petites minorités qui écopent, non parce qu'on les attaque ou qu'on exerce une quelconque répression, mais parce qu'on les oublie tout simplement. La politique linguistique de la Région administrative spéciale de Hong Kong s'avère en définitive une politique mixte: le gouvernement central chinois veut promouvoir un bilinguisme territorial mandarin-anglais en espérant subordonner l'anglais, tandis que le gouvernement local valorise un bilinguisme cantonais-anglais (sans limite territoriale), mais en se préparant au trilinguisme obligé. Quant aux minorités, elles ne préoccupent personne tout en espérant leur assimilation. 

Il faut dire que de plus en plus de Hongkongais affirment avoir le cantonais comme langue maternelle, même parmi les communautés immigrantes. Bref, le chinois cantonais et le chinois mandarin vont devenir des réalités linguistiques incontournables, mais l'anglais conservera sûrement des positions privilégiées sur le plan des relations extérieures avec le monde. Il sera sûrement difficile pour les autorités chinoises d'extirper le cantonais des Hongkongais, à moins de les minoriser sur leur propre territoire, mais celui-ci est déjà surpeuplé. Heureusement, Hong Kong rapporte encore de gros sous à la République populaire de Chine qui y fait transiter une partie de son commerce. Néanmoins, la taille relative de l'économie Hongkongaise par rapport à celle de la Chine a beaucoup baissé, d'où la récente mise au pas, avec cette loi sur la sécurité nationale et la répression sans pitié qui a mené à la disparition de la presse libre, de l'opposition pro-démocratique, sans oublier les mesures zéro Covid, qui ont mené à un exil d'une grande partie de la population. Pour toute dictature, la démocratie constitue une menace insupportable, car les dirigeants chinois ne peuvent supporter de devoir jouer selon des règles établies démocratiquement par les populations plutôt que par leurs propres membres et selon leurs propres règles, ce qui mettrait en danger leurs privilèges. Pour Xi Jinping, c'est «la démocratie à la chinoise»!   

 Dernière révision: 20 février, 2024

Bibliographie

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Macao

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