Le portugais

Comme la France et l'Espagne, le Portugal fut une province romaine que l'on appelait alors la Lusitanie. C'est ce qui explique aujourd'hui pourquoi, aujourd'hui, les parlants portugais sont appelés des lusophones. Le Portugal a commencé la conquête du monde avant l'Espagne et la France. Au XVIe siècle, ce pays contrôlait déjà un immense empire dans l'océan Indien, le golfe Persique, les mers de Chine et du Japon. Cet empire portugais s'est écroulé lors du rattachement du Portugal à la couronne d'Espagne (1580-1640), puis l'expansion coloniale s'est poursuivie au Brésil au XVIIe siècle et en Afrique au XIXe siècle (Angola, Mozambique, Guinée-Bissau, îles du Cap-Vert, îles de Saõ Tomé et Principe).

Carte reproduite avec l'aimable autorisation de M. Mikael Parkvall de l'Institutionen för lingvistik, Université de Stockholm. 

Dans le monde lusophone (de luso- «du Portugal»), le plus grand nombre de locuteurs parlant le portugais se trouve au Brésil (85 % des 207 millions de Brésiliens). Ensuite, c'est au Portugal, incluant l'archipel de Madère et celui des Açores (96% des 10,3 millions d'habitants) qu'on trouve le plus grand nombre de lusophones. Ailleurs, le portugais est partout une langue seconde.

Pays: 8
États: 9
Continent Population du pays
(en millions)
Locuteurs
lusophones
Langue(s)
officielle(s)
Angola Afrique  25 789 024  4 % portugais
Brésil Amérique  207 096 196 85 % portugais
Cap-Vert Afrique  538 535   2 % portugais
Guinée-Bissau Afrique  1 693 398  1 % portugais/français
Mozambique Afrique 27 220 000 6,5 % portugais
Macao (Chine) Asie 600 942 0,4 % portugais/chinois
Portugal Europe 10 341 330 96 % portugais
Sao Tomé-et-Principe Afrique 190 428  2 % portugais
Timor oriental (Leste) Asie  1 201 542  5 % portugais/tétum
   

274 671 325

218 millions

 

1 Le portugais langue maternelle

On ne dénombre que deux pays où le portugais est la langue maternelle de la grande majorité de la population: le Portugal et le Brésil. Le Portugal compte 10,3 millions d'habitants dont 96 % parlent le portugais. Les minorités font usage du galicien et du romani (langue des gitans). Le pays possède par ailleurs deux archipels dans l'Atlantique, les Açores (241 763 hab.) et l'île de Madère (244 100 hab.), deux régions autonomes où plus de 90 % des habitants parlent le portugais (langue maternelle).

Le Brésil, ancienne colonie portugaise, a dépassé depuis longtemps la mère patrie par le nombre de ses locuteurs lusophones. En effet, 85 % des locuteurs de cet immense pays (la moitié de l'Amérique du Sud) de 207 millions d'habitants parlent le portugais comme langue maternelle. Les minorités sont constituées principalement des Amérindiens (appelés «Indiens») et des immigrants d'origine européenne. Les véritables lusophones sont donc répartis seulement dans deux pays et comptent 186 millions de locuteurs sur 218 millions au total dans un ensemble de 274,6 millions d'habitants.

2 Le portugais, langue seconde en Afrique

Cinq pays d'Afrique utilisent le portugais comme langue officielle. Ce sont tous des anciennes colonies portugaises qui n'ont accédé à l'indépendance qu'après 1974: l'Angola, la Guinée-Bissau, le Mozambique, les îles du Cap-Vert, les îles de Saõ Tomé et Principe. Comme la plupart des autres pays d'Afrique, les anciennes colonies portugaises étaient constituées de multiples ethnies. Il a semblé plus économique et plus rentable de maintenir le portugais et de récupérer les structures d'enseignement mises en place par les Portugais. De plus, le portugais a servi d'instrument d'unité nationale.

Toutefois, le maintien du portugais dans ces cinq pays totalisant une population de 55,4 millions de personnes n'a pas fait disparaître les langues nationales. L'administration de chacun de ces États utilise le portugais, elle impose cette langue dans les établissements d'enseignement et les médias, sauf parfois la radio, sont en portugais. Avec ses 27 millions d'habitants, le Mozambique demeure le premier pays lusophone d'Afrique, même si toute la population continue de faire usage des ses langues bantoues tout en ayant appris le portugais à l'école. Cette langue est moins présente encore plus présente en Angola, le second pays lusophone: l'emploi du portugais se développe au rythme des campagnes d'alphabétisation auprès d'une population essentiellement agricole et parlant des langues bantoues.

Les autres pays lusophones (Guinée-Bissau, Cap-Vert, Saõ Tomé et Principe) sont habités par des populations parlant le créole. La Guinée-Bissau est un petit État de 1,6 million d'habitants, coincée entre deux pays de langue française, le Sénégal et la Guinée. On y parle une vingtaine de langues différentes (peul, mandingue, balante, etc.) et le créole est utilisé comme langue véhiculaire au lieu du portugais, langue des seules élites. Au large du Sénégal, les îles du Cap-Vert font usage du portugais comme langue officielle, mais le créole reste la langue maternelle des Cap-Verdiens. Enfin, face au Gabon, l'archipel de Saõ Tomé et Principe comprend lui aussi une population essentiellement créolophone, avec le portugais comme langue officielle. Dans tous les pays lusophones d'Afrique, prédomine une très forte diglossie, sinon une triglossie généralisée: la langue maternelle est l'une des langues nationales, le portugais, la langue de l'école, et le créole, l'idiome de communication avec les autres ethnies (Guinée-Bissau, Cap-Vert, Saõ Tomé et Principe).

Les pays lusophones d'Afrique connaissent de sérieux problèmes. Ce sont tous des pays enclavés par des États dont la langue officielle est l'anglais (Angola et Mozambique) ou le français (Guinée-Bissau, Cap-Vert, Saõ Tomé et Principe). Il s'agit également de pays extrêmement pauvres et/ou en proie à des guerres civiles incessantes (Angola et Mozambique). Ce sont des facteurs qui ne favorisent guère l'expansion du portugais. D'ailleurs, dans les écoles secondaires, les gouvernements ont même dû développer l'enseignement des langues secondes, l'anglais pour l'Angola et le Mozambique, le français pour la Guinée-Bissau, le Cap-Vert et Saõ Tomé et Principe. Pour toutes ces raisons, l'avenir du portugais paraît peu assuré en Afrique, encore moins que celui de l'espagnol en Guinée équatoriale, ce qui n'est pas peu dire. Le seul État africain où la position du portugais soit à peu près irréversible est l'Angola

3 Les vestiges du portugais en Asie

Il ne subsiste plus que quelques îlots vaguement lusophones de l'immense empire colonial asiatique du Portugal. Il s'agit des anciens territoires indiens de Goa, Damao et Diu, du comptoir de Melaka dans l'île de Java (Indonésie), du Timor dans les îles de la Sonde (Indonésie) et de l'enclave de Macao en Chine (face à Hong Kong). 

Depuis que l'Inde a repris par la force les anciens comptoirs portugais, le portugais y a disparu, car il n'est ni reconnu ni enseigné dans les écoles; seul le créole à base portugaise a subsisté. En Indonésie, au Timor oriental, le gouvernement a annexé purement et simplement les anciennes possessions portugaises et imposé en 1975 l'indonésien; depuis février 2000, les nouveaux dirigeants timorais ont proclamé le portugais et le tétoum comme comme «langues officielles», le tétoum étant aussi une «langue nationale». À Macao, l'administration locale continue de fonctionner en portugais dans cette enclave de 472 000 habitants à 96 % de langue chinoise cantonaise. Macao demeurait un autre anachronisme, une curiosité historique, qui fut rétrocédé à la Chine en 1999.  Bref, en Asie, le portugais est condamné et sa survie ne tient plus qu'au problématique Timor oriental (ou Timor Leste) où l’officialisation du portugais est une décision politique d’identification; mais il est possible que son implantation à long terme risque de rester un vœu pieux, les chances paraissant plus grandes, à long terme, d’officialiser le tétoum parlée par 80 % de la population (portugais: 0,1% comme langue maternelle et environ 30%, toutes catégories confondues. 

4 La Communauté des pays de langue portugaise

En 1996, le Portugal ainsi que sept de ses anciennes colonies ont fondé la Comunidade dos Países de Língua Portuguesa (CPLP), la Communauté des pays de langue portugaise. Les pays membres étaient les suivants: l'Angola, le Brésil, le Cap-Vert, la Guinée-Bissau, le Mozambique, le Portugal et Sao Tomé-et-Principe. Après son indépendance, le Timor oriental a rejoint l’organisation comme 8e pays membre. La CPLP veut promouvoir la langue portugaise ainsi que la culture commune qui unit les pays membres. Plus particulièrement, les pays lusophones désirent collaborer dans le domaine de l'éducation, mais chercheront aussi à renforcer les liens culturels, politiques et économiques. La CPLP a son siège social à Lisbonne.

Grosso modo, les pays de la CPLP veulent encourager la diffusion et l'enrichissement de la langue portugaise, accroître les échanges culturels dans l’espace lusophone, renforcer la coopération entre les pays de langue portugaise dans le domaine de la concertation politique et diplomatique, encourager le développement d'actions de coopération interparlementaire, développer la coopération économique, dynamiser et approfondir la coopération dans le domaine universitaire, de la formation professionnelle et dans les différents secteurs de la recherche scientifique et technologique, mobiliser des efforts et des ressources en appui solidaire aux programmes de reconstruction et de réhabilitation, promouvoir la coordination des activités des institutions publiques et entités privées, associations de nature économique et organisations non gouvernementales œuvrant au développement de la coopération entre les pays lusophones, etc. 

4.1 La Déclaration constitutive des pays de langue portugaise  

Deux documents ont été signés par les États de la CPLP: la Déclaration constitutive des pays de langue portugaise (du 17 juillet 1996) et les Statuts de la Communauté des pays de langue portugaise, également du 17 juillet 1996.

La Déclaration constitutive a institutionnalisé la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP). L'article 3 de la Charte de la Communauté des pays de langue portugaise exprime clairement les objectifs de ces sept pays :

1) concertation politique et diplomatique entre ses membres en matière de relations internationales, principalement dans le but d'affirmer sa présence (de la CPLP) dans les congrès internationaux ;
2) la coopération, particulièrement dans les domaines économique, social, culturel, juridique, technique et scientifique;
3) la mise en oeuvre de projets destinés à promouvoir et à diffuser la langue portugaise.

On peut consulter une version française de la Déclaration constitutive des pays de langue portugaise en cliquant ICI.

4.2 Les statuts des pays de langue portugaise (CPLP)

La Déclaration constitutive est accompagnée des Statuts de la CPLP, qui comptent 22 articles.  Seul l'article 3 traite de la langue portugaise, les autres articles concernent le fonctionnement de la CPLP. Voici les objectifs tels qu'énoncés par l'article 3:

a) la concertation politique et diplomatique entre ses membres en matière de relations internationales, nommément en vue de renforcer leur présence aux fora internationaux;
b) la coopération, nommément dans les domaines économique, social, culturel, juridique, technique et scientifique;
c) la matérialisation de projets visant à la promotion et à la diffusion de la langue portugaise.

On peut consulter une version française du texte complet des Statuts de la Communauté des pays de langue portugaise en cliquant ICI

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Dernière mise à jour: 30 mai 2024

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