Land Curaçao |
Curaçao
État autonome |
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Curaçao
— prononcer [ku-ra-so]
—
(Kòrsou en
papiamento)
est la principale île des territoires
néerlandais d'outre-mer, située dans la mer des Antilles, près du Venezuela.
Elle
fait partie du groupe d'îles des petites Antilles appelée
Îles-sous-le-Vent.
L'île est
d'une superficie de 444 km² (moins que la principauté d'Andorre). Depuis octobre 2010, Curaçao est désigné comme l'État de
Curaçao (en néerlandais: Land
Curaçao; en papiamento:
Pais Kòrsou;
en anglais: Country of Curaçao).
C'est un État autonome au sein du
Royaume des
Pays-Bas.
Curaçao comprend aussi une petite île inhabitée (superficie: 1,7 km²)
au sud-est et appelée «Petit Curaçao» (ou "Klein Curaçao" en néerlandais;
"Little Curaçao" en
anglais).
La capitale de Curaçao est Willemstad. |
En 2009, la population de l'île était officiellement de 141 766 habitants, mais elle a beaucoup augmenté, car en 2023 elle comptait 192 200 habitants, l'immigration en étant la cause principale. Depuis 2008, les langues officielles sont le néerlandais, le papiamento et l'anglais. La langue la plus parlée (84 %), et ce, dans toutes les couches de la société, est le papiamento, un créole à base de portugais, mais aussi d'espagnol, de néerlandais, de français, d'anglais, de langues africaines et de langue arawak. Les habitants de l'île demeurent polyglottes, car outre le papiamento sont également parlés le néerlandais, l'anglais et l'espagnol, même le portugais brésilien.
Selon le Bureau central de la statistique (2009), le papiamento serait parlé par 80,3% de la population comme langue maternelle; le néerlandais, par 8,6%; l'anglais, par 3,6%; l'espagnol, par 3,1%; les autres langues, par 1,5%. Quoi qu'il en soit, presque toute la population parle le papiamento, sinon comme langue maternelle, au moins comme langue seconde. Beaucoup de locuteurs peuvent parler le papiamento, le néerlandais, l'anglais et l'espagnol. Le tableau ci-dessous (2023) indique que 69,1% des Curaciens parleraient le papiamento (langue première?), contre 7,2% pour le néerlandais, 8,5% pour l'espagnol, 4,1 % pour un créole, 2,5 % pour l'anglais, etc. Il y a des immigrants qui parlent français (1,6%), le cantonais (0,9%), le portugais (0,8%) ou l'hindoustani (0,3%). |
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L'immigration récente en provenance des îles anglophones des Antilles, où la langue principale est l'anglais, et l'ascendant de l'anglais comme langue internationale, ont intensifié l'usage de l'anglais à Curaçao. La ville de Willemstad comptait 150 000 habitants en 2013. Historiquement, l'espagnol est une langue importante à Curaçao, comme à Bonaire et à Aruba (les îles ABC), car l'enseignement a été longtemps offert dans cette langue, notamment tout au cours du XIXe siècle, bien que le néerlandais puisse demeurer la langue de l'administration. Dans la pratique, plus de 80% des Curaciens parleraient le papiamento, comme langue maternelle ou comme langue seconde.
Lors du recensement de 2011, plus de 70% de la population de Curaçao se considérait comme catholique, contre 80,1% dix ans plus tôt. Les autres confessions religieuses plus importantes sont les églises pentecôtistes (6,6%), l' église protestante (3,2%), les adventistes du septième jour (3,0%), les témoins de Jéhovah (0,8%) et la communauté juive (0,8% en 2001). Quelque 6,0% de la population a indiqué ne pratiquer aucune religion.
L'histoire de l'île de Curaçao débute avec les Amérindiens arawaks. Ceux-ci ont immigré sur l'île en venant du continent sud-américain il y a environ 6000 ans. L'un des sous-groupes de la famille arawak à avoir habité l'île fut les Caiquetios, qui auraient donné leur nom à l'île.
3.1 L'arrivée des Espagnols
C’est à l’un des lieutenants de Christophe Colomb, Alonso de Ojeda, que l’on doit la «découverte» des Îles-sous-le-Vent (les îles ABC: Aruba, Bonaire et Curaçao). Ojeda aborda en premier lieu l’île de Curaçao en 1499, puis la même année les îles d’Aruba et de Bonaire. Il trouva les îles habitées par des Arawaks, les Caiquetos, une communauté amérindienne qui avait quitté depuis plusieurs siècles les côtes vénézuéliennes pour fuir les terribles guerriers caraïbes (les Kalihna et les Wayana) et éviter ainsi les guerres incessantes. Alonso de Ojeda réclama les îles au nom de l’Espagne, mais parce qu'il n’avait pas trouvé d’or elles avaient été déclarées «îles inutiles». Les Awaraks furent massivement transportés pour travailler sur l’île d’Hispaniola et servir d’esclaves; aujourd'hui, on ne trouve plus d’Arawak sur Curaçao. L’origine du nom de Curaçao demeure encore problématique. Plusieurs hypothèses sont avancées. L’une d’elles voudrait que ce serait les Caiquetos qui auraient laissé leur nom, déformé en Curaçao par les Européens. Une seconde hypothèse laisserait croire que, ayant laissé dans l’île un certain nombre de marins atteints du scorbut, Alonso de Ojeda revint l’année suivante pour les retrouver en bonne santé, guéris apparemment par la consommation des fruits (et de la vitamine C) poussant en abondance sur l’île; il aurait nommé l'île Curaçao, d’après un vieux mot portugais (à la racine cure) signifiant «guérison». |
Une autre hypothèse laisse entendre que les Espagnols appelaient l'île Curazon, pour «coeur», qu’un cartographe portugais aurait compris comme étant Curacau et transcrit en Curaçao, conformément à l’orthographe portugaise. Quoi qu’il en soit, le nom de Curaçao ne parut sur les cartes portugaises qu’une vingtaine d’années après sa découverte. L’île de Curaçao (également Aruba et Bonaire) resta espagnole plus de 130 ans, soit jusqu’à l’arrivée des Hollandais.
3.2 La colonisation hollandaise
En réalité, les Portugais avaient abandonné les trois îles ABC en 1633. Les Hollandais se l’approprièrent dès 1634 et en firent l’un des pivots de leurs entreprises commerciales. C’est la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales (en néerlandais: "Geoctroyeerde Westindische Compagnie" ou WIC) qui fut chargée d’administrer l’île de Curaçao. La compagnie nomma l'explorateur hollandais Peter Stuyvesant comme gouverneur en 1642; en quelques années, celui-ci favorisa les plantations agricoles (arachides, maïs, fruits, etc.); d’autres découvrirent les possibilités qu’offrait l’île dans le séchage du sel à partir des étangs marins (les salines). Toutefois, Peter Stuyvesant traita les autochtones de façon impitoyable. Il capturait des Caiquetos pour les vendre comme esclaves dans les Antilles et suscitait des haines entre les diverses tribus pour mieux les écraser; de plus, même s’il apporta une certaine prospérité, son tempérament autoritaire et son intolérance religieuse à l’égard des communautés n'appartenant pas à l'Église réformée de Hollande lui valurent de devenir de plus en plus impopulaire.
Ayant acquis par la force, entre 1637 et 1641, des postes de traite en Afrique de l’Ouest (Ghana, Angola et São Tomé), les Hollandais organisèrent leur propre réseau de la traite négrière associant l'Afrique aux Amériques. Curaçao devint le plaque tournante hollandaise des activités esclavagistes aux Antilles, l’île étant stratégiquement bien située et équipée d’un port de mer naturel. De plus, les Hollandais construisirent plusieurs grands forts pour assurer leur protection. Tous ces facteurs firent de Curaçao un endroit idéal pour pratiquer le commerce des esclaves. Au total, on estime que Curaçao reçut entre 1640 et 1863 au moins un demi-million d’esclaves noirs. le WIC a pu s’établir comme un intermédiaire important dans le commerce, fournissant un grand nombre d’esclaves, dont la majorité provenait de l’Afrique occidentale portugaise, ce qui peut expliquer l'émergence du créole à base de portugais, qui deviendra plus tard le papiamento. L’île de Curaçao reçut au cours des décennies un certain nombre d’immigrants blancs. Aux Noirs s’ajoutèrent des Hollandais, mais aussi des Anglais, des Sud-Américains, des Français et des Juifs. En effet, plus de 2000 juifs séfarades (ayant fui l’Inquisition espagnole pour les Pays-Bas) arrivèrent d’Amsterdam (entre 1659 et 1732) pour s’établir à Curaçao et y fonder des entreprises commerciales; ils érigèrent en 1732 la première synagogue (Emanuel Israel Mikve) à Willemstad. La population de l’île devint très cosmopolite, d’autant plus que les esclaves ont commencé à se déplacer d’une île à l’autre des Antilles, surtout après 1700. |
C’est donc au milieu du XVIIe siècle que s’élabora à Curaçao le papiamento, le créole en usage encore aujourd’hui dans l’île et partout dans les Antilles néerlandaises, même dans les Îles-du-Vent (Saba, Saint-Martin et Saint-Eustache). Étant donné le commerce entre les Portugais, les Espagnols, les Hollandais, les Français et les Anglais, le papiamento puisa dans toutes ces langues pour se former. Bien que la base principale soit le portugais, s’est greffée une grande quantité de termes espagnols, néerlandais, mais aussi anglais et français, sans oublier la syntaxe d’origine africaine. Les colons hollandais de Curaçao ont en grande partie exclu les populations d’esclaves de l’apprentissage et de l’usage de la langue néerlandaise; ils préféraient le papiamento émergent comme langue véhiculaire pour la communication en dehors de leurs cercles d’élite. Cette politique linguistique implicite aux XVIIe et au XVIIIe siècles a effectivement permis au papiamento de se développer librement et de s’établir fermement à Curaçao, tout en créant une stratification sociale à orientation linguistique qui fournit une partie de la base des idéologies linguistiques modernes selon lesquelles le papiamento est perçu comme de second ordre par rapport aux langues européennes.
Les conflits entre l'Europe et les territoires de l’Amérique au XVIIIe siècle firent de Curaçao un endroit de prédilection et de refuge pour les pirates, les rebelles américains, les négociants espagnols et hollandais de la région. Tout ce tumulte favorisa le brassage des populations un peu partout dans les Antilles, dont l’île de Curaçao. Les Hollandais durent se défendre pendant 80 ans pour repousser les Anglais et les Français.
D’ailleurs, en 1800, les Anglais prirent Curaçao et expulsèrent les
Hollandais, mais s’en retirèrent en 1803 pour l'occuper encore en 1807, soit
pendant quelques années, notamment lors des guerres napoléoniennes. En 1816,
au moment du traité de Paris, l’administration hollandaise fut réinstallée et la
ville de Willemstad fut déclarée un port libre. L’économie
de Curaçao périclita après l’abolition de l’esclavage en 1863.
La prétendue «mission civilisatrice» hollandaise est arrivée tardivement, par rapport aux autres colonisateurs européens. Au début du XIXe siècle, le royaume des Pays-Bas a lancé des politiques visant à unifier les Pays-Bas européens avec les îles et autres territoires néerlandais en matière de droit, de culture et de langue – ce qu’ils percevaient comme le «monde civilisé». À partir de 1819, une politique explicite d’éducation en néerlandais a été instituée et mise en œuvre en 1822 à Aruba avec la nomination d’un maître d’école. |
Il fallut attendre en 1919-1920 pour que l’économie prospère à nouveau sur l’île, avec l’arrivée de l’or noir. Grâce à la découverte du pétrole en provenance du Venezuela, la Dutch-British Shell Oil Company décida de construire l’une des plus grandes raffineries du monde à Curaçao (et à Aruba). De nombreux immigrants vinrent travailler sur l’île; ils provenaient des Antilles néerlandaises, mais aussi des Antilles anglaises, des Antilles françaises, de l’Amérique du Sud et des États-Unis. Mentionnons particulièrement l’immigration des Saint-Martinois (hollandais et français) à Curaçao en raison du grand besoin de main-d'œuvre dans les raffineries; les historiens signalent même que la population de l’île de Saint-Martin aurait baissé de 18 % entre 1920 et 1929. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Alliés acceptèrent d’établir une base militaire américaine à Waterfort Arches, près de Willemstad. À partir de 1942, les États-Unis assumèrent l'entière responsabilité de la défense de Curaçao et des autres îles hollandaises, et ce, pour toute la durée de la guerre. L’île de Curaçao a donc toujours été influencée par la langue anglaise. Ces mouvements de population augmentèrent encore le multiculturalisme de Curaçao.
3.3 L'autonomie politique
Après la Seconde Guerre mondiale, les insulaires de Curaçao et des autres îles néerlandaises commencèrent à exiger davantage d’autonomie de la part des Pays-Bas. En 1954, les îles néerlandaises obtinrent une autonomie administrative considérable sous le nom de Antilles néerlandaises, puis de Fédération néerlandaise d’outre-mer. Willemstad devint la capitale politique des Antilles néerlandaises. Seule l’île d’Aruba obtint un statut particulier, tandis que les autres îles (Curaçao, Bonaire, Saba, Saint-Eustache et Saint-Martin) constituèrent de jure les Antilles néerlandaises, bien que, dans les faits, Aruba en fasse partie. À la fin des années 1960, Curaçao fut le théâtre de nombreuses luttes raciales et de troubles sociaux. En 1982, la raffinerie Shell ferma ses portes, ce qui augmenta considérablement le nombre des chômeurs. Depuis, la réouverture partielle de la raffinerie en 1991 (louée à une entreprise vénézuélienne, la Coastal Oil Company), le gouvernement local a tout mis en œuvre pour favoriser l’industrie du tourisme. La plupart des insulaires parlant le papiamento, le néerlandais, l’anglais et l’espagnol, le multilinguisme étant devenu un atout économique de première importance.
- Le référendum de 1993
Un référendum sur le statut a eu lieu sur l’île de Curaçao le 19 novembre 1993. c'était le résultat d’une controverse sur l’avenir des Antilles néerlandaises, suite à la sécession d’Aruba en 1986. Alors que la plupart des politiciens, y compris le gouvernement des Antilles néerlandaises et le gouvernement de Curaçao, firent campagne en faveur de la sécession pour en faire un pays à part entière au sein du Royaume des Pays-Bas, l’option de conserver et de restructurer les Antilles néerlandaises reçut le plus de voix. Cela a entraîné la montée du Parti pour les Antilles restructurées, qui a remporté les élections générales de 1994 aux Antilles néerlandaises.
- Le référendum de 2005
Le 8 avril 2005, un deuxième référendum eut lieu, au cours duquel les habitants de Curaçao purent se prononcer sur l'avenir politique souhaité pour l'île. Près de 68 % votèrent pour que Curaçao devienne un pays autonome au sein du Royaume des Pays-Bas, et près de 24 % votèrent pour que l'île fasse partie des Pays-Bas. En choisissant cette option, la population suivit cette fois les souhaits des politiciens de l’île. Comme lors du référendum de 1993, presque tous les partis furent favorables à un statut de pays autonome, seul le petit nouveau parti Pueblo Soberano prônait une indépendance totale. Cependant, les opinions de la population se révélèrent très diverses et le soutien considérable en faveur de l’option que l'île de Curaçao serait plus sûre dans une intégration avec les Pays-Bas.
Lors d'une mini-table ronde à La Haye le 11 octobre 2006, il a été convenu avec les Pays-Bas que Curaçao recevrait un statut distinct. Curaçao deviendrait ainsi un pays autonome au sein du Royaume des Pays-Bas. Dans le cadre de cet accord, le gouvernement néerlandais proposa de restructurer ou de reprendre une grande partie de la dette nationale.
- Le référendum de 2009
Le 15 mai 2009, les habitants de Curaçao se sont rendus aux urnes pour voter lors d'un référendum sur l'avenir politique de l'île. Près de 120 000 personnes ont pu se prononcer pour ou contre les nouvelles relations politiques avec les Pays-Bas. Une majorité de 52 % a voté en faveur de la nouvelle relation politique proposée. Ce résultat a fait de Curaçao un pays autonome au sein du Royaume des Pays-Bas.
À partir du 1er juillet 2007, la Fédération des Antilles néerlandaises avait commencé sa dissolution, laquelle aurait dû être effective le 15 décembre 2008, mais en raison de divers délais le transfert des compétences vers Curaçao fut officialisé le 10 octobre 2010. Dès lors, les compétences de l’État fédéral autonome des Antilles néerlandaises furent transférés aux deux nouveaux territoires autonomes de Curaçao et de Saint-Martin, ceux-ci formant deux États autonomes au sein du royaume des Pays-Bas. Curaçao est devenu autonome «sous protectorat des Pays-Bas» avec la reine ou le roi des Pays-Bas comme chef d'État, représenté par un gouverneur, mais l'État de Curaçao est administré par un premier ministre responsable d'un gouvernement.
À Curaçao, toute loi est appelée «Ordonnance nationale» (en néerlandais: Landsverordening). Une ordonnance nationale est un décret d’application contenant des règlements qui ont été adoptés conjointement par le gouvernement local et l'État (parlementaires), conformément à une procédure décrite dans les Lois et règlements de Curaçao (Wet-en regelgeving Curaçao). Les ordonnances nationales constituent une source du droit, mais elles ne sont pas la seule forme sous laquelle les règles juridiques existent: il existe aussi des décrets nationaux et des règlements ministériels, qui contiennent également des règlementations contraignantes. En outre, il existe des traités internationaux venant par exemple de l’Union européenne, qui peuvent contenir d'autres règles contraignantes.
4
.1 La langue de la législationLe Parlement de Curaçao (en néerlandais: Staten van Curaçao; en papiamento: Parlamento di Kòrsou) n'emploie que le néerlandais dans la rédaction et la promulgation des lois; les parlementaires ne font usage de cette langue qu'à l'écrit. Cependant, dans les débats parlementaires, le papiamento est courant; l'anglais, beaucoup moins fréquent.
L'article 2 de l'Ordonnance nationale sur les langues officielles (2007) déclare que les langues officielles sont l'anglais, le néerlandais et le papiamento (dans cet ordre):
Article 2 Les langues officielles sont l'anglais, le néerlandais et le papiamento. |
Le Parlement n'a que très rarement légiféré sur l'emploi des langues à Curaçao. La politique linguistique de l'État de Curaçao n'est pas élaborée dans des textes juridiques. Même la Constitution, la Staatsregeling van Curaçao, du 5 septembre 2010 ne contient aucune disposition concernant le statut des langues.
4.2 Les langues des tribunaux
La compétence juridique appartient au tribunal de première instance de Curaçao, dont les décisions peuvent faire l’objet d’un recours devant la Cour commune de justice d’Aruba, de Curaçao, de Saint-Martin et de Bonaire, Saint-Eustache et Saba. Les décisions de cette Cour peuvent à leur tour faire l’objet d’un recours devant la Cour suprême des Pays-Bas à La Haye.
En principe, les tribunaux ne reconnaissent que le néerlandais, mais dans les communications orales le papiamento est couramment utilisé, bien que l'anglais soit autorisé. Cependant, dans les tribunaux de haute instance, ainsi que la Cour suprême des Pays-Bas, seul le néerlandais est admis.
L'article 4 du Code Civil, Livre 2 (2021) réaffirme l'emploi des langues admises dans les actes notariés que sont le papiamento, le néerlandais, l'anglais ou l'espagnol, qui demeurent les «langues appropriées», sinon une traduction est exigé par un traducteur assermenté:
Article 4
1) Si un acte à
caractère notarié est requis, il doit être signé dans la langue au
choix des auteurs, à la condition que le notaire comprenne cette
langue. Si la langue est une autre que le papiamento, le
néerlandais, l'anglais ou l'espagnol, une
traduction néerlandaise signée par un
traducteur assermenté sera jointe à l'acte. 2) Dans tous les documents émanant de la personne morale, les mots «en liquidation» ou leur traduction dans la langue appropriée doivent être ajoutés au nom de la personne morale à la fin. |
En fait, l'usage de plusieurs langues dans la vie courante facilite les communications, mais de façon générale le néerlandais demeure la langue écrite normale à Curaçao lorsqu'il s'agit de messages formels.
4.3 Les langues de l’Administration
Dans les services administratifs, le système fonctionne à peu près de la même façon que dans les tribunaux. Bien que le néerlandais soit la langue officielle de l’administration, le papiamento est concurremment employé avec le néerlandais et l'anglais à Curaçao. Dans l’administration du Royaume des Pays-Bas, le néerlandais reste la seule langue d’usage.
En fait, la différence réside dans le format employé: à l'écrit, le néerlandais domine sur l'anglais et le papiamento, mais à l'oral, c'est ce dernier qui occupe toute la place.- La fonction publique
L'Ordonnance nationale sur les langues officielles (2007) impose au gouvernement d'employer l'une des langues officielles, soit l'anglais, le néerlandais ou le papiamento:
Article 3 1) Le gouvernement emploie l'une des langues officielles dans ses communications écrites et orales avec les résidents. 2) Si un résident a exprimé une préférence pour l'une des langues officielles, le gouvernement doit employer cette langue dans la mesure du possible. Si le gouvernement n'emploie pas cette langue, des raisons seront données à cet effet. 3) Si la communication écrite contient une décision ou peut avoir des conséquences juridiques importantes, le second paragraphe ne s'applique pas. Article 4 Les informations générales du gouvernement sont fournies dans au moins une langue officielle. |
Par le fait même, les citoyens peuvent employer l'une de ces langues et, si le gouvernement n'emploie pas cette langue, des raisons seront données à cet effet. Les panneaux routiers sont internationaux et donc presque toujours les mêmes qu’aux Pays-Bas, avec des inscriptions en néerlandais. Cela s’applique également aux feux de circulation, aux passages piétons, etc.
L'article 41 de l'Ordonnance nationale sur le droit matériel de la fonction publique (2017) oblige tout fonctionnaire à comprendre le néerlandais, mais aussi la langue nationale, le papiamento, dans un délai d'un an:
Article 14 1) Le fonctionnaire est tenu de comprendre la langue néerlandaise. 2) Un fonctionnaire qui à ce titre entre régulièrement en contact avec le public est également tenu de comprendre la langue nationale dans un délai d’un an à compter de la date à laquelle il s’est vu confier cette fonction. 3) La langue papiamento est considérée comme la langue nationale. Article 45 |
Cette disposition a semblé nécessaire, car de nombreux Néerlandais se montraient incapables d'apprendre le papiamento après une dizaine d'années, alors que n'importe quel immigrant l'apprenait en moins d'un an.
Dans la Déclaration de demande de règlement ministériel concernant la recherche et le développement (2022), il est demandé au requérant d'employer l'une des trois langues officielles:
Article 2 La demande doit être rédigée dans une langue officielle telle que visée à l'article 2 de l'Ordonnance nationale sur les langues officielles. _____ Explication accompagnant l'arrêté ministériel demandant une déclaration relative à la recherche et au développement Article 2 La demande doit être rédigée dans une langue officielle telle que visée à l'article 2 de l'Ordonnance nationale sur les langues officielles. Les langues officielles de Curaçao sont actuellement l'anglais, le néerlandais et le papiamento. |
- La santé
Dans le domaine de la santé, étant donné que la plupart des médecins généralistes sont formés aux Pays-Bas ou aux États-Unis, ils connaissent tous, outre le papiamento, l'anglais et/ou le néerlandais. En outre, un certain nombre de médecins généralistes hispanophones exercent à Curaçao. Cela signifie que les services de santé offerts à la population peuvent être en papiamento, en néerlandais, en anglais ou en espagnol.
- L'orthographe
De plus, l'article 5 de l'Ordonnance nationale sur les langues officielles (2007) énonce que des règlements peuvent être fixées en matière d'orthographe des langues officielles:
Article 5 1) Par décret national contenant des mesures générales, des règlements peuvent être fixées en matière d'orthographe des langues officielles. 2) Le décret national contenant les mesures générales, visé au premier paragraphe, est soumis au Parlement. Il entrera en vigueur à un moment à déterminer par décret national, quatre semaines après son dépôt, à moins que le Parlement n'exprime le souhait dans ce délai que la notation des langues officielles soit approuvée par ordonnance nationale. Dans ce cas, un projet d'ordonnance nationale à cet effet sera présenté au Parlement dans les plus brefs délais. 3) Les règlements visés en vertu du premier paragraphe doivent être respectés dans :
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- Les banques
L'Annexe appartenant au décret national du 7 novembre 2019, n° 19/2008, établissant le texte consolidé de l'ordonnance nationale sur la surveillance des fiducies (2019) énonce que les informations des banques à des contrevenants doivent lui être communiquées dans une langue qui lui est compréhensible, donc l'anglais, le papiamento, l'espagnol ou éventuellement le néerlandais:
Article 22g 1) La Banque donne, sur demande, au contrevenant la possibilité de consulter les données sur lesquelles se fonde l'imposition de l'amende administrative ou l'intention de le faire et d'en faire des copies. La Banque peut décider d'exclure certains documents de la communication dans un souci de protection de la vie privée ou pour des motifs impérieux tirés de l'intérêt général. 2)
Dans la mesure où il apparaît que la
défense du contrevenant l'exige raisonnablement, la
Banque veillera autant que possible à ce que ces
informations soient communiquées au contrevenant
dans une langue
qui lui est compréhensible. 1) La décision d'infliger une amende administrative doit en tout état de cause indiquer :
2) A la demande du contrevenant qui ne comprend pas suffisamment la décision en raison de sa connaissance insuffisante des langues officielles au sens de l'Ordonnance nationale sur les langues officielles, la Banque veillera autant que possible à ce que le contenu de la décision sont communiquées à la personne concernée dans une langue qui lui compréhensible. |
En somme, le multilinguisme adopté par l'État de Curaçao facilite grandement la tâche de tous les intervenants, que ce soit le gouvernement ou les entreprises privées.
- L'affichage
À Curaçao, l'anglais a le haut du pavé en raison du caractère touristique de l'île: University of Curacao, No smoking, Turn engine of, Social Insurance Bank, o parking, Private property, Toilet, Hiltonm, Market, supermarket, etc.). On y trouve aussi des inscriptions en néerlandais (Apotheek Bergeijk, Politie, Ijssel land ziekenhuis, Motor Afzetten, Sociale Verzekeringbank) et en papiamento (Gobièrnu di Kòrsou, Banko di Seguro Sosial) ou en espagnol (Cafe del Mar, Optica la Curacao).
Autrement dit, c'est le libre choix, sauf pour certaines inscriptions relevant des autorités officielles comme la police ou la santé.
4.4 L'enseignement des langues
Depuis l'introduction d'une loi sur l'enseignement primaire (Wet op het primair onderwijs) en 1992, la scolarité obligatoire débute à l'âge de six ans et est d'une durée de six ans; le programme du secondaire dure cinq ans. Dans les écoles de Curaçao, le papiamento et le néerlandais étaient employés jusqu’à récemment comme langues d’enseignement dans les deux premières années du primaire. Ensuite, seul le néerlandais fut enseigné jusqu’à la fin du secondaire. L'instruction publique reste basée sur le système d'éducation néerlandais.
- Les langues d'enseignement
Lorsqu'on lit le Cadre de base pour l'éducation fondamentale et spéciale (2019), on se rend compte que le papiamento et le néerlandais sont les langues d'enseignement:
Article 1.2
Les résultats des élèves
en papiamentu, en
néerlandais et
en arithmétique et en mathématiques pendant la période
scolaire sont au moins au niveau que l’on peut attendre sur
la base des caractéristiques de la population scolaire. Dans le contenu d’apprentissage offert pour le papiamentu, la langue néerlandaise, l’arithmétique et les mathématiques, l’école doit inclure tous les objectifs fondamentaux comme objectifs à atteindre. 2.1.1 Dans le contenu d’apprentissage offert pour la langue néerlandaise, l’école doit inclure tous les objectifs fondamentaux comme objectifs à atteindre. 2.1.2 Dans le contenu d’apprentissage offert pour l’arithmétique et les mathématiques, l’école doit inclure tous les objectifs de base comme objectifs à atteindre. Article 2.2 Le contenu d’apprentissage pour le papiamentu, la langue néerlandaise et pour l’arithmétique et les mathématiques est offert à un nombre suffisant d’élèves jusqu’au niveau de la 8e année. 2.2.1 Le contenu d’apprentissage de la langue néerlandaise est proposé à un nombre suffisant d’élèves jusqu’au niveau de la 8e année incluse. L’école qui compte un nombre important d’élèves ayant un poids suffisant d’élèves doit offrir un contenu d’apprentissage en papiamento et en néerlandais, qui répond aux besoins pédagogiques des élèves ayant un retard de langue. |
Aujourd'hui, l'enseignement primaire peut être uniquement en néerlandais ou entièrement bilingue, c'est-à-dire en papiamento et en néerlandais. Étant donné que le papiamento est une langue dotée de peu de prestige, beaucoup de parents préfèrent que leurs enfants apprennent le néerlandais puisque ceux-ci savent déjà le papiamento. Il en résulte que le papiamento est peu enseigné dans les écoles. L'espagnol et l'anglais sont enseignés comme langues secondes dans la dernière année de l'enseignement primaire, puis il se poursuit tout au long du secondaire. Des écoles privées, en néerlandais ou en anglais, existent également sur l'île. Seules les écoles maternelles n'enseignent qu'en papiamento.
Les résultats scolaires sont décevants dans l'ensemble, car
le taux d'échec est élevé, ainsi que le taux d'abandon (jusqu'à 70 % avant
la fin du secondaire). À Curaçao, les parents choisissent parfois de parler
le néerlandais avec leurs enfants en espérant que cela améliorera leurs les
résultats scolaires. Des débats politiques récents ont porté sur la question
du papiamento comme seule langue d'enseignement. Les partisans pour
l'instauration du papiamento en tant qu'unique langue d'enseignement font
valoir que cet enseignement aiderait à préserver la langue et améliorer la
qualité de l'enseignement primaire et secondaire. Il faut changer la langue
principale de l'école, le néerlandais, pour le papiamento. Les partisans
pour l'enseignement en néerlandais soutiennent que les élèves qui étudient
en néerlandais seraient mieux préparés pour l'enseignement universitaire
gratuit offert aux résidents de Curaçao aux Pays-Bas.
Pour plusieurs, si l'État de Curaçao devait parvenir à la
pleine indépendance, ses langues officielles devraient être le papiamento,
l'anglais et l'espagnol, car il est certain que le néerlandais tomberait. Pour certains, le néerlandais n'a plus sa place à
Curaçao. C'est le point de vue de Helmin Wiels, le leader du Parti Pueblo
Soberano (juillet 2010):
Dutch is a dead language the same as Greek or Latin. So in a way, Papiamentu is a symbol of Curaçao independence. The preservation of Papiamentu would allow us to absorb the influences of our South American brothers while keeping alive that which makes us unique. | [Le néerlandais est une langue morte, de même que le grec ou le latin. D'une certaine manière, le papiamento est un symbole de l'indépendance de Curaçao. La préservation du papiamento nous permettrait d'absorber les influences de nos frères de l'Amérique du Sud, tout en gardant vivant ce qui nous rend uniques.] |
Helmin Wiels vise ouvertement l'indépendance totale pour l'État de Curaçao. Il a aussi demandé la fermeture de la base américaine de l'île en affirmant que Curaçao devait rester en bons termes avec l'ensemble de ses voisins.
Par ailleurs, la Fundashon pa di Planifikashon Idioma ("Fondation pour l'aménagement linguistique") a déposé un rapport pour proposer du matériel pédagogique en papiamento, tandis que les autorités scolaires ont lancé un appel en ce sens, mais des désaccords entre partisans du papiamento et partisans du néerlandais, de même qu'entre catholiques (majoritaires) et protestants (minoritaires), n'ont pas permis d'en arriver à une entente.
- Les écoles secondaires
Pour les écoles secondaires, la loi stipule que la langue d'enseignement est l'une des trois langues officielles, l'anglais, le néerlandais ou le papiamento. La langue d'enseignement est définie comme la langue employée dans une école pour le transfert des connaissances tant orales qu'écrites ainsi que pour tous les tests et examens. Mais c'est l'école qui choisit la langue d'enseignement. La plupart optent pour le néerlandais. Il ressort des listes de cours prescrits que le néerlandais est valorisé comme langue d'enseignement dans le programme de base de l'enseignement secondaire.
Il existe trois orientations dans l'enseignement secondaire.
Sigle | Orientation | Transcription française |
VSBO | Voorbereidend Secundair Beroeps Onderwijs | Enseignement secondaire professionnel préparatoire |
HAVO | Hoger Algemeen Vormend Onderwijs | enseignement général secondaire supérieur |
VWO | Voorbereidend Wetenschappelijk Onderwijs | enseignement secondaire pré-universitaire |
L'école secondaire est remboursée par le gouvernement, seuls les frais de manuels scolaires doivent donc être payés. La durée des études secondaires dépend de la direction choisie. Contrairement aux écoles primaires, la grande majorité des écoles secondaires enseignent en néerlandais.
Par ailleurs, le matériel pédagogique est souvent
basé sur la société néerlandaise; l’enfant doit imaginer des trains
et des tramways, des garçons nommés "Achmed" et du chou frisé avec
des saucisses. Or, ce ne sont pas là des éléments de la culture de
Curaçao. L’offre est trop faible (quantité) et parfois inférieure au
niveau (qualité), ce qui rend l’apprentissage et la compréhension du
matériel de cours plus difficiles.
- Les études supérieures
Le LOFO de l’UoC (Université de Curaçao, anciennement Université des Antilles néerlandaises, UNA) forme des enseignants pour l’enseignement primaire, l’éducation de base. Ces enseignants sont formés en tant qu’enseignants «généraux». Ils fournissent traditionnellement les huit domaines d'enseignement à l’école. En 2012, la Faculté générale a rédigé un plan étape par étape pour accroître les compétences linguistiques des étudiants LOFO (Plan étape par étape, 2012). Ce plan indique qu’une combinaison de facteurs influence la qualité de l’enseignement offert au LOFO. Il s’agit notamment du nombre de langues proposées (papiamentu, néerlandais, anglais et espagnol), de la différenciation des niveaux linguistiques qui y est associée (allant de B-1 à C-1/C-2), de la différenciation de la didactique linguistique pour l’apprentissage de ces langues (langue maternelle le papiamentu comme langue d’enseignement, langue étrangère, néerlandais comme langue d’enseignement, familiarisation avec les langues étrangères, anglais et espagnol) et du temps d’enseignement limité (un diplôme hbo de quatre ans) dans lequel tout cela doit être intégré et Courir. L’une des conclusions est que les conditions d’entrée doivent être fixées pour le néerlandais.
4.5 Les médias et la vie économique
On sait que les îles néerlandaises attirent beaucoup de touristes venant de toutes les parties du monde, surtout à Aruba, Curaçao et Saint-Martin. On peut donc s’attendre à ce que les activités économiques se déroulent à la fois en néerlandais, en anglais, en papiamento et/ou en espagnol.
Dans les médias, c’est le pragmatisme qui prime. En effet, concurremment aux journaux officiels publiés en néerlandais (Amigoe et Antilliaans Dagblad), on trouve des journaux en anglais (Amigoe) et en papiamento (Vigilante et Èxtra). Il existe plusieurs périodiques publiés en papiamento.
Les stations de radiotélévision diffusent en néerlandais, mais aussi en papiamento, en anglais et en espagnol. La Radio Pays-Bas Internationale (Radio Nederland Wereld Omroep), une station publique indépendante des Pays-Bas, diffuse dans le monde entier, notamment à Curaçao, des programmes de radio et de télévision à l'intention des néerlandophones et étrangers intéressés par les Pays-Bas et la culture néerlandaise. Elle émet quotidiennement des programmes non seulement en en néerlandais, mais aussi en papiamento, en anglais, en espagnol. Les Curaçaoens bénéficient aussi d'une station de télévision locale, Teleocho (Télé-Curaçao) qui diffuse en papiamento. Ils peuvent capter aussi Télé-Aruba et Télé-Bonaire. De plus, les stations de radio et de télévision du Venezuela peuvent être clairement reçues à Curaçao, et de nombreux livres de littérature et des magazines en espagnol sont vendus sur l'île.
La politique de l'État de Curaçao est une politique de multilinguisme pragmatique. Le néerlandais demeure la première langue officielle, même s'il est peu employé en public par la population. C'est la langue des lois, de l'administration et des médias publics. Le néerlandais est offert dans les écoles comme langue maternelle, alors qu'il est une langue seconde pour la quasi-totalité des insulaires. C'est donc dans le domaine scolaire que la politique linguistique est la plus faible. Dans la vie quotidienne, le papiamento demeure la grande langue véhiculaire que tous utilisent pour communiquer. L’histoire a fait en sorte que les insulaires ont inventé leur langue locale, le papiamento, alors que la colonisation a imposé le néerlandais, mais la proximité des États voisins et les nécessités du commerce international ont imposé aussi l’anglais et l’espagnol. Plutôt que de devoir choisir l’une d’entre elles, les autorités de Curaçao ont préféré recourir à toutes ces langues. Il est possible que, à long terme, ce soit le néerlandais qui en paie le prix, car il ne fait pas le poids au sein de la population.
Bibliographie
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