L'empire des Indes

De 1858 à 1947

1. L'Inde britannique

Durant plus de deux siècles, les Britanniques grugèrent petit à petit les petites colonies portugaises, hollandaises, danoises et françaises, au point où seules quelques enclaves portugaises et françaises ont pu résister. Après la guerre anglo-indienne avec les guerres afghanes (1839-1842 et 1878-1880), les guerres sikh (1845-49) et la révolte des Cipayes (1857-1858), l'Inde resta sous la tutelle des Britanniques jusqu'à l'indépendance en 1947.

Il y eut cinq empereurs des Indes (Victoria, Édouard VII, George V, Édouard VIII et George VI). La reine Victoria fut la première, George VI, le dernier. Cependant, c'est un gouverneur général à titre de vice-roi qui représentait la monarchie britannique dans les colonies.

L'Inde britannique commença en 1858 par le transfert des possessions de la Compagnie des Indes orientales à la Couronne britannique en la personne de la reine Victoria, proclamée en 1876 «impératrice des Indes» (en anglais: Queen Victoria, "Empress of India").

Les Britanniques administrèrent un territoire immense, qui s'étend aujourd'hui du Pakistan jusqu'à la Birmanie en incluant l'Inde et le Bangladesh. Le territoire regroupait des «provinces» sous administration directe et des États princiers sous suzeraineté britannique.

Trois «présidences» (anglais: "Presidencies") furent créées: la présidence du Bengale (1773), la présidence de Madras (1864) et la présidence de Bombay (1847). Les villes de Calcutta, Madras et Bombay devinrent des capitales administratives, mais le vice-roi résidait à Calcutta.

En raison de ces trois «présidences», il y donc eu plusieurs «Indes», d'où l'expression «empire des Indes». Mais les Britanniques n'utilisèrent que très rarement le mot «India» au pluriel ("Indias"); on utlisait l'expression Indian Empire, ce qui équivalait en français à «Empire indien». Par exemple, on emploie en français l'appellation «Compagnie britannique des Indes orientales», mais en anglais c'était la British East India Company.

L'Inde coloniale britannique s'étendit principalement sur les territoires qui forment aujourd'hui l'Inde, le Pakistan et le Bangladesh, ainsi que sur la Birmanie jusqu'en 1937, ce qui justifiait l'emploi du pluriel: les Indes.

En 1911, le gouvernement britannique déplaça la capitale de Calcutta jugée trop éloignée à New Delhi, nouvelle ville construite au sud de la vieille ville de Delhi. New Delhi devint alors la capitale de l'Empire britannique des Indes. Les Britanniques considérèrent le pays avant tout comme une zone de prospérité économique; ils ne s'intéressèrent pas à la culture, aux croyances et aux religions des peuples du sous-continent indien. Sous la Couronne britannique, l'Inde demeura un ensemble d'États hétéroclites avec des États princiers gouvernés par des maharadjas et des nawabs, dont plusieurs restèrent relativement indépendants. Par leur intérêt pour le commerce et le profit, les Britanniques exploitèrent les mines de charbon et de fer, développèrent la production de thé, de café et de coton, élaborèrent des plans d'irrigation révolutionnant l'agriculture de l'époque et construisirent même un vaste réseau de chemins de fer. Au plan administratif et législatif, les Britanniques développèrent des structures solides et organisées, lesquelles se révèleront très utiles par la suite aux Indiens lors de l'indépendance.

2. La langue anglaise

En 1835, la English Education Act («Loi sur l'enseignement en anglais») changea la donne en matière d'enseignement dans le sous-continent indien. Alors qu'auparavant les Britanniques avaient favorisé l'instruction traditionnelle, musulmane et hindoue, et les publications de la littérature dans les langues savantes comme le sanskrit, l'arabe et le persan, ils imposèrent dorénavant des établissements d'enseignement de type occidental avec l'anglais comme langue d'enseignement. Par la suite, d'autres mesures suivirent en faveur de l'anglais comme la langue de l'administration et des tribunaux supérieurs (en lieu et place du persan).

Vers la fin du XIXe siècle, les Britanniques commencèrent à préparer l'indépendance future de l'Inde en déléguant des pouvoirs aux Indiens tout en gardant le contrôle des colonies. À partir de 1882, les Britanniques établirent la Local Self-Government Act («Loi sur l'autonomie locale») un système politique fondé sur l'élection qui s'étendra au plan des provinces avec les réformes de 1909, 1919 et 1935. En 1885, fut fondé le Congrès national indien par une intelligentsia hindoue soucieuse de prendre pied dans l'Administration. Les Britanniques vassalisèrent le Cachemire pour le compte des héritiers du rajah Gulab Singh; pour les populations assujetties au rajah, la dynastie Dogra laissait un amère souvenir d'occupation étrangère difficile à supporter.

Les Britanniques avaient jugé que, parmi toutes les langues étrangères, l'anglais était celle qui leur paraissait la plus utile à leurs «sujets indigènes» ("native subjects"). Finalement, du statut de langue maternelle des souverains étrangers, l'anglais devint l'une des principales langues véhiculaires de l'Inde. L'imposition de l'anglais permettait aussi aux colons britanniques de maintenir une certaine supériorité par rapport aux peuples colonisés. En même temps, les Britanniques favorisèrent l'alphabet devanagari dans toute l'Inde sur les autres écritures (bengali, gujarati, gurmukhi, oriya, tamoul, télougou, etc. L’Inde fut le joyau de la couronne anglaise et le cœur de la construction impériale britannique durant plus d'un siècle; ce souvenir habite encore les nostalgiques d’un empire maintenant révolu! Bien sûr, l'expression «empire des Indes» allait tomber en désuétude à la suite de l'indépendance de l'Inde, le 15 août 1947, mais parmi les populations l'expression au pluriel «les Indes» ou «aux Indes» allait subsister jusqu'à nos jours; beaucoup de gens parlent encore aujourd'hui «des Indes», et non de l'Inde.


 

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