L'Orissa est un État côtier de l'Inde d'une
superficie de
155 820 km². Il est limité à l'est
par le golfe du Bengale, au sud par l'Andhra Pradesh, à l'ouest par
le Chhattisgarh et au nord par le Jharkhand et le Bengale
occidental. La capitale de l'Orissa est Bhubaneswar
(env. 650 000 habitants).
Depuis le 4 novembre 2011, l'État de l'Orissa a changé son nom pour
"Odisha", ainsi que le nom de la langue nationale, qui est passé de
"oriya" à "odia"; le gouvernement a fait adopter une loi à ce sujet
(Loi de l'Orissa
sur la modification du nom, 2010).
Les dénominations Orissa (l'État) et oriya (la langue)
étaient considérées comme des graphies anglicisées, alors que la
nouvelle transcription s'inspire de l'hindi.
2 Données démolinguistiques L'État de l'Orissa (Odisha) est n État indien comptant une population de près de 42 millions d'habitants (recensement de 2011). La population de l'Orissa est équivalente à celle de l'Espagne ou de l'Ukraine. Malgré sa population nombreuse, l'Orissa ne représente que 3,4 % de celle de l'Inde (1,2 milliard). Cet État est également relativement homogène au point de vue linguistique. En effet, l'oriya (odia) est la langue maternelle de 83,1 % des locuteurs de cet État. L'oriya est une langue indo-iranienne (ou indo-aryenne) assez proche de l'hindi, qui est aussi parlée dans les États du Bengale occidental, du Jharkhand, du Chhattisgarh et de l'Andhra Pradesh. Comme beaucoup d'autres langues en Inde, l'oriya (odia) est une langue fragmentée en plusieurs variétés dialectales (env. une dizaine). L'oriya (odia) est l'une des 22 langues constitutionnelles de l'Inde. |
La langue oriya (ou odia) s'écrit avec un alphabet particulier appelé «alphasyllabaire» oriya; elle peut s'écrire aussi en devanagari. C'est un type d'alphabet similaire à la plupart des langues de l'Inde, dont le devanagari utilisé par l'hindi, mais aussi le bengali, le télougou, etc. Linguistiquement, la langue oriya est voisine du bengali. L'oriya est une langue ancienne d’inspiration brahmique, qui est apparue vers le IIIe siècle avant notre ère; la littérature écrite remonte au VIIe siècle de notre ère. Grammaticalement, c’est une langue à déclinaisons (huit cas) tout comme le sanscrit dont elle est issue. Elle possède trois genres (masculin, féminin et neutre), deux nombres (singulier et pluriel) et les trois temps habituels (passé, le présent et futur). |
2.1 Les minorités linguistiques
Dans l'État de l'Orissa, les langues minoritaires sont d'abord l'hindi (2,8 %), le télougou (1,9 %), le santali (1,9 %), l'ourdou (1,6 %) et le bengali (0,6 %). Ces langues comptent au moins 250 000 locuteurs, voire un million comme l'hindi. Les langues parlées dans l'État de l'Orissa appartiennent toutes au groupe indo-iranien (ou indo-aryen) de la famille indo-européenne ou à la famille dravidienne.
Langue maternelle |
Population (recensement 2001) | Pourcentage | Groupe linguistique |
Oriya (ou odia) | 30 563 507 | 83,1 % | langue indo-iranienne |
Hindi | 1 043 243 | 2,8 % | langue indo-iranienne |
Télougou | 712 614 | 1,9 % | famille dravidienne |
Santali | 699 270 | 1,9 % | langue indo-iranienne |
Ourdou | 611 509 | 1,6 % | langue indo-iranienne |
Bengali | 247 991 | 0,6 % | langue indo-iranienne |
Panjabi | 21 574 | 0,0 % | langue indo-iranienne |
Gujarati | 15 820 | 0,0 % | langue indo-iranienne |
Malayalam | 10 440 | 0,0 % | famille dravidienne |
Népalais (népali) | 9 927 | 0,0 % | langue indo-iranienne |
Marathi | 8 863 | 0,0 % | langue indo-iranienne |
Tamoul | 8 709 | 0,0 % | famille dravidienne |
Konkani | 3 280 | 0,0 % | langue indo-iranienne |
Sindhi | 2 568 | 0,0 % | langue indo-iranienne |
Maithili | 2 016 | 0,0 % | langue indo-iranienne |
Autres langues | 2 746 569 | 7,4 % | - |
Total du recensement de 2001 | 36 707 900 | 100 % | - |
L'Orissa (Odisha) est l'un des États indiens les plus homogènes au point de vue de la religion. Plus de 95 % de la population pratique l'hindouisme. Selon le recensement de 2001, les chrétiens de cet État représentaient environ 2,8 % de la population et les musulmans, 2,2 %. Il reste un maigre pourcentage de 0,1 % pour les sikhs, les bouddhistes et les jains.
3 Brèves données historiques
Dès l'Antiquité, l'Orissa était situé sur la route des envahisseurs du Nord-Ouest. Comme d'autres États indiens, l'Orissa a connu une histoire étroitement liée à celle de l'Inde du Nord. La plupart des envahisseurs du nord de l'Inde ont passé par les plaines du Gange et se sont assuré le contrôle de la région. La première civilisation importante se constitua aux environs de 2500 avant notre ère le long de la vallée de l'Indus (actuellement le Pakistan); cette civilisation subit les invasions des Indo-Aryens jusqu'au golfe du Bengale, donc l'Orissa; ces Indo-Aryens implantèrent l'hindouisme, ainsi que leur culture et les structures sociales (dont les castes) encore en vigueur aujourd'hui. Les Indo-Aryens sont également à l'origine des langues parlées dans tout le nord de l'Inde (hindi, panjabi, marathi, oriya, etc.), langues que l'on classe aujourd'hui comme les langues du groupe indo-iranien (sous-groupe indien ou aryen) appartenant à la famille indo-européenne.
Au cours des siècles suivants, soit de 1500 à 200 avant notre ère, les Indo-Aryens prirent le contrôle de tout le nord de l'Inde en expulsant les Dravidiens plus au sud du sous-continent. On en constate aujourd'hui les conséquences linguistiques de cette répartition territoriale: les langues indo-aryennes (ou indo-iraniennes) occupent le Nord, alors que les langues dravidiennes sont confinées au sud de l'Inde (voir la carte linguistique). C'est durant cette période que les Vedas (écritures sacrées hindoues) furent écrites et que le système de castes fut définitivement établi pour assurer le statut de Brahman (prêtres issus de la 1re civilisation). Vers -500, le bouddhisme et le jaïnisme firent leur apparition dans la région.
La dynastie Maurya prit le pouvoir en -321 et devint le premier grand empire de l'histoire indienne (-324-185 av. notre ère); la région s'appelait alors «Kalinga». L'apogée sera atteinte par le règne d'Asoka sur tout le pays (-273-236). Cet empire s'écroula en -185. L'empereur Ashoka joua un rôle crucial dans l'expansion du bouddhisme et du sanskrit. Ashoka est devenu une figure importante de l'histoire indienne au point où le chapiteau du pilier de Sarnath portant l'inscription d'un de ses édits a été choisi pour devenir l'emblème national de l'Inde lors de son indépendance. La devise en sanskrit (Satyameva jayate) fait partie intégrante de l'emblème. Elle signifie: «Seule la vérité triomphe».
Par la suite, il s'ensuivit une période de créations multiples d'empires jusqu'en 319 de notre ère, date de la fondation de l'empire Gupta, qui dura jusqu'en 606, alors que le nord de l'Inde se fragmenta en plusieurs royaumes hindous séparés; il ne se réunifia plus jusqu'à l'arrivée des musulmans (au XIe siècle). L'âge d'or de la civilisation hindoue coïncida avec le règne d'Harsa (606-647).
À partir du Ve siècle de notre ère, les villes se sont multipliées dans la région de l’Orissa, comme en témoignent les suffixes -pura, -nagari et -pattana utilisés pour désigner certains lieux tels Dantapura, Kalinganagari, Simhapur, Suvarnapura, etc. Le port de Manikpata permettait aux habitants de l'Orissa de tisser des contacts avec le reste du monde. À partir de la création du sultanat de Delhi en 1206, les musulmans envahirent le nord de l'inde et accrurent leur influence. De nombreux empires musulmans se succédèrent et certains disparurent jusqu'à l'arrivée des Moghols. À partir du XVIe siècle, pratiquement toute l'Inde allait être sous la domination des Moghols, y compris l'Orissa.
En 1556, Jalâluddin Muhammad Akbar succéda à son père Humâyûn à la tête d'un royaume musulman au nord de l'Inde que
ce dernier avait regagné à la fin de sa vie, une fois revenu de son
exil de Perse. Akbar agrandit son royaume dès 1561 autour de Delhi.
À partir de ce moment, il commença à régner en maître incontesté sur
tout le nord de l'Inde, ce qui comprenait l'Orissa et le Bengale. Il conquit le Gujarat en 1573, puis le
Bengale en 1576, le Sind en 1590, l'Orissa en 1592 et le Baloutchistan
(Pakistan) en 1594. Par la suite, il hérita du Cachemire et du royaume de
Kaboul (Afghanistan). À son décès en 1685, l'empire d'Akbar s'étendait dans tout
le nord de cette grande région, de Kaboul à Dacca, ce qui équivaut
aujourd'hui à une partie de l'Afghanistan, le Pakistan, le nord de
l'Inde (y compris le Népal) et le Bangladesh.
Du fait que les Moghols contrôlaient un empire musulman, c'est le persan qui servait de langue administrative en employant l'alphabet arabo-persan. C'est Akbar qui fit traduire les classiques hindous en langue persane, qui organisa des discussions théologiques entre chrétiens, hindous, sunnites, chiites, zoroastriens et sikhs, et qui supprima la jizyia, une taxe prélevée sur les non-musulmans, rendant ainsi égaux devant l'impôt tous les sujets de son empire. C'est sous le règne de son fils, Jahângîr (1569-1627), que l'Empire moghol devint la plus grande puissance du monde de son temps, sans pour autant être tenté de partir à la conquête de l'Occident. De cette forte invasion musulmane naquit une langue commune aux hindous et aux musulmans: l'ourdou (hindoustani) qui est resté la langue d'une grande partie du nord de l'Inde et du Pakistan. Mais aujourd'hui l'ourdou qui s'écrit avec l'alphabet arabo-persan est perçu comme la langue des musulmans, alors que l'hindi qui s'écrit avec l'alphabet devanagari reste la langue des hindous. |
Au cours du XVIIe siècle, les frontières politiques méridionales et orientales de l'Orissa furent modifiées et certaines parties de la région passèrent sous la domination des États voisins. Les Moghols transformèrent l'Orissa en l'intégrant à la province du Bengale. Les ports du sud de l'Orissa périclitèrent, car les Moghols privilégièrent les ports du Nord. C'est à cette époque que le bengali et l'oriya se rapprochèrent et se mélangèrent.
Affaiblie, la partie méridionale de
l'Orissa devint une proie pour les Portugais qui y établirent des comptoirs. La
ville de Pipli devint le premier établissement portugais en 1514, car l’approche
par la mer paraissait facilitée; les Anglais et les Hollandais y ouvrirent
leurs postes de commerce respectivement en 1634 et en 1637; les marchands
asiatiques la fréquentaient également. La première manufacture anglaise fut
établie dans la région en 1640.
Le port de Balasore (en Orissa) était alors l'un des plus réputés de l'Inde
pour son commerce international; les navires anglais, français, portugais et
hollandais y faisaient escale, ce qui perdura jusqu'au début du XVIIIe siècle.
Les villes de Balasore et de Serampore (ou Srirampur) firent partie de la colonie danoise des Indes en 1763 à 1845; il s'agissait alors de Frederiksnagore. La colonie danoise était gouvernée depuis Fort-Dansborg à Trankebar dans le Sud où se trouvait aussi Colachel (ou Kulachal). En 1829, une université danoise fut fondée à Serampore. Dans la colonie danoise, les langues principales étaient le bengali et le télougou, en plus du danois. Mais le 7 novembre 1845, l'ensemble de l'Inde danoise (comprenant aussi les îles Nicobar dans le golfe du Bengale) fut vendu aux Britanniques, qui l'intégrèrent à l'Inde britannique. |
Par la suite, les Britanniques fragmentèrent administrativement la province de l’Orissa et prirent des mesures politiques et économiques qui eurent pour effet de sonner le glas de la prospérité de la région, ce qui entraîna une modification profonde de la structure sociale et le déclin de toute la région. L'Orissa disparut en 1905 pour être intégrée dans la province du Bengale qui, elle-même faisait partie de la «présidence du Bengale» ("Bengal Presidency"), laquelle englobait presque tout le nord de l'Inde, c'est-à-dire aujourd'hui le Bangladesh, le Bengale occidental, l'Assam, le Bihar, l'Orissa, l'Uttar Pradesh, l'Uttarakhand, le Panjab, l'Haryana, l'Himachal Pradesh, la Birmanie et certaines parties du Chhattisgarh, du Madhya Pradesh et du Maharashtra.
En 1911, l'Odissa et le Bihar furent séparés de la province du Bengale et formèrent ensemble une nouvelle province. Le 1er avril 1936, la province d'Orissa obtint le statut de province distincte sur la base des frontières linguistiques, ce qui donnait les provinces du Bihar, de l'Orissa, du Bengale occidental et du Bengale oriental. En novembre 2000, le Jharkhand fut détaché du Bihar pour former un État disticnt. Auparavant, Gandhi avait lancé sa campagne nationale contre l'usage de l’anglais, car il préconisait le recours aux langues indiennes. En 1917, il avait précisé les critères de la future langue nationale. Celle-ci devait être facile à apprendre pour les fonctionnaires et les dirigeants politiques, ainsi que pour les citoyens. Elle devait aussi être adéquate pour servir de langue véhiculaire entre tous les Indiens dans les domaines de la religion, de l'économie et de la politique. Enfin, cette langue devrait être celle qui regroupe le plus grand nombre de locuteurs. Selon Gandhi, c'était l'hindi qu'il convenait de restaurer son rôle naturel de «langue nationale». En fait, lorsque Gandhi parlait de l'hindi, il désignait l'hindoustani, cette langue commune qui, à la suite de tensions de plus en plus fortes entre les communautés musulmane et hindouiste, allait donner naissance à l'ourdou et à l'hindi. |
La fin de la Seconde Guerre mondiale amena les Britanniques à réaliser que l'indépendance était inévitable: ils n'avait plus le pouvoir ou la volonté de maintenir un si vaste empire, le «joyau de la Couronne britannique». Durant la colonisation britannique, les hindous avaient été le groupe privilégié parce qu'ils étaient détenteurs du trône de Delhi. Par conséquent, les musulmans de l'Inde se sont vite trouvés marginalisés dans le cadre colonial, tandis que les hindous y prospéraient, notamment grâce à leur nouveau système d'éducation anglophone. Une nouvelle réalité surgit pour l'importante minorité musulmane: l'indépendance de l'Inde allait forcément entraîner une domination hindoue sur tout le pays. Le 15 août 1947, l'Inde obtint son indépendance et Nehru devint premier ministre. Au plan linguistique, l'hindi devint la langue officielle de l'Union indienne le 14 septembre 1949, mais l'anglais devait conserver ses prérogatives durant encore quinze ans. Le 1er août 1949, quelque 24 États princiers intégrèrent le nouvel État de l'Orissa.
En 1954, l'Assemblée législative de l'Orissa adoptait la Loi sur la langue officielle, qui faisait de l'oriya la seule langue officielle de l'État. En 1963, l'État officialisait le report de l'anglais à la Législature. En 2010, une loi modifiait le nom de l'État de l'Orissa en État de l'Odisha et le nom de la langue qui devenait odia au lieu de oriya. La loi nécessitait aussi un changement de certains articles de la Constitution indienne, notamment les articles 164 et 273, ainsi que les annexes I et VI de la Constitution. La loi et les modifications constitutionnelles ont été approuvées par le gouvernement central le 4 novembre 2011.
4 La politique linguistique
L'État de l'Orissa (Odisha) pratique une politique linguistique relativement simple portant sur la langue officielle, l'oriya (ou odia). La Loi sur la langue officielle (1954) déclare que l'oriya est la langue que doit utiliser l'État à des fins officielles:
Article 2
Langue officielle à des fins officielles de l'État |
L'article 3 de la Loi sur la langue officielle précise que l'oriya est obligatoire pour tout ce qui relève de la juridiction de l'Assemblée législative de l'Orissa, y compris les textes d'application et les ordonnances promulguées par le gouverneur:
Article 3
Langue d'usage dans les projets de loi et autres Selon la forme et la date que le gouvernement de l'État peut, par un avis, désigner dans ce nom, la langue d'usage dans :
doit être l'oriya: |
Article 3-A
Maintien de la langue anglaise pour usage à l'Assemblée
législative |
Article
3 Modification du nom de l'État de l'Orissa À partir du jour désigné, l'État de l'Orissa doit être connu comme l'État d'Odisha. Article 4 Modification de l'article 164 Dans le paragraphe 1 de l'article 164 de la Constitution, dans la disposition, le mot «Orissa» est remplacé par le mot «Odisha». Article 5 Modification de l'article 273. Dans le paragraphe 1 de l'article 273, le mot «Orissa» est remplacé par le mot «Odisha». |
Cette loi modifiait non seulement le nom de l'État, mais également le nom de la langue qui devenait odia au lieu d'oriya, ainsi que le changement de leurs traductions en hindi. La loi nécessitait aussi un changement de certains articles de la Constitution indienne, notamment les articles 164 et 273, ainsi que les annexes I et VI de la Constitution. La loi et les modifications constitutionnelles ont été approuvées par le gouvernement central en novembre 2011. Il semble que les mots Orissa et oriya étaient des graphies anglicisées et qu'il fallait les rendre plus conformes à la langue d'origine.
Par exemple,
l'article 7 du
Règlement sur les services correctionnels subalternes
(1992) exige que qu'un candidat admissible à se présenter à un
concours pour un recrutement dans les services correctionnels doit être
capable
de parler, de lire et d'écrire l'oriya (odia) :
|
À partir de cet exemple, on peut croire que cette exigence linguistique s'étend à toute la fonction publique. D'ailleurs, l'article 7 du Règlement de la Commission sur la sélection du personnel (1993) exige également la maîtrise de l'oriya :
Article 7
|
Un rapport de 2010 du gouvernement central révèle que les règlements de l'État ne sont jamais traduits à l'intention des communautés linguistiques minoritaires.
4.2 Les langues de la justice
Il en est ainsi dans le domaine de la justice puisque la Loi sur la langue officielle ne fait aucune allusion aux tribunaux. Cependant, l'article 18 du Règlement sur les services judiciaires supérieurs et les services judiciaires de l'Orissa (2007) exige qu'un juge doit être capable de parler, de lire et d'écrire couramment l'oriya et avoir réussi un examen en dans la langue oriya, équivalent à celui de la norme dans une école du Middle English :
Article 18 Admissibilité des candidats au poste de juge civil 1) Afin d'être admissible pour le recrutement dans le service judiciaire comme juge civil, un candidat doit : (a) détenir un diplômé en droit d'une université ou d'institutions reconnues par le gouvernement; (b) ne pas être âgé de moins de vingt et un ans et ne dépasser trente-deux ans le 1er jour du mois d'août de l'année dans laquelle est présentée la demande de candidature: À la condition que la limite d'âge soit assouplie de cinq ans dans le cas des castes, des tribus, des femmes et des candidats handicapés orthopédiques et de trois ans dans le cas des candidats appartenant à la SEBC (classe arriérées au point de vue social et éducatif); (b) être capable de parler, de lire et d'écrire couramment l'oriya et avoir réussi un examen en dans la langue oriya, équivalent à celui de la norme dans une école de Middle English; (d) être de bonne moralité; (e) être en bonne santé et exempt de tout défaut organique et d'infirmité physique; |
Autrement dit, la loi semble laisser croire que
l'anglais est aussi exigé. D'ailleurs, le
Règlement de la Haute Cour (1948)
précise bien que l'anglais est la langue de la Haute Cour:
Chapitre VI Article 1er Toute demande devant la Haute Cour doit être une requête rédigée dans la langue anglaise. |
Il ne faut pas oublier que les hommes de loi sont tous formés en anglais en Inde et qu'ils sont très attachés à cette langue. Bien souvent, ils connaissent beaucoup mieux l'anglais que leur langue maternelle en cette matière. L'anglais est également la seule langue officielle de la Cour suprême de l'Inde.
4.3 Les langues en éducation
Dans l'État de l'Orissa (Odisha), le système scolaire compte quatre niveaux d'enseignement :
1) le «pré-primaire» (maternelle) appelé "pre-primary school", non obligatoire;
2) le primaire ("primary"), obligatoire; le primaire du second cycle ("upper primary"), obligatoire;
3) le secondaire ("secondary"), obligatoire au premier cycle; non obligatoire au second cycle "higher secondary");
4) l'enseignement supérieur.
En 2011, le taux d'alphabétisation des adultes de l'Orissa était de 72,9 %. Dans les zones rurales, le taux d'alphabétisation était de 70,2 % (dont 79,6 % pour les hommes et 60,7 % pour les femmes), alors que dans les zones urbaines il était de 85,7 % (dont 90,7 % pour les hommes et 80,4 % pour les femmes).
L'Orissa comptait 34 234 écoles primaires de premier cycle ("primary"), 6429 écoles primaires de second cycle ("upper primary"), 232 écoles secondaires de premier cycle ("secondary")et 15 écoles secondaires de second cycle ("highter secondary"). Si la plupart des écoles ont l'oriya comme langue d'enseignement, les autres ont l'anglais ou l'hindi. Dans le domaine de l'enseignement, l'article 350A de la Constitution indienne oblige tout État à assurer, au primaire, l'enseignement de la langue maternelle aux enfants appartenant à des groupes minoritaires:
Article 350A Chaque État et chaque autorité locale de cet État devra faire en sorte de fournir aux enfants appartenant à des groupes linguistiques minoritaires des installations adéquates pour l'enseignement dans leur langue maternelle au niveau primaire; et le président, s'il juge nécessaire ou approprié que ces installations soient fournies, pourra donner des directives à cet effet à tout État. |
Pour ces langues minoritaires, il
suffit d'une demande de 10 élèves sur 40 pour que
l'État, par exemple l'Orissa, soit obligé de fournir
un enseignement dans une langue donnée. L'article 2
de la
Loi sur
l'éducation (1969) ne traite pas formellement des langues
d'enseignement, mais prévoit que les minorités ont
le droit de choisir un établissement scolaire tel
que le reconnaît l'article 30 de la Constitution
indienne:
Article 2 Loi ne s'appliquant pas à certains établissements Rien dans ce qui est contenu dans la présente loi ne s'applique aux établissements d'enseignement de leur choix, créés et administrés par les minorités qui en ont le droit, en vertu du paragraphe 1 de l'article 30 de la Constitution. |
Rappelons que cet article 30 énonce que «toute minorité, par sa religion ou par sa langue, a le droit de créer et d'administrer les établissements scolaires de son choix». Les langues minoritaires les plus importantes enseignées dans les programmes scolaires sont le télougou (135 écoles), le santali (100 écoles), l'ourdou (64 écoles), le bengali (24 écoles), le kannada (5 écoles), l'assamais, le sanskrit, le panjabi, le népalais (trois écoles chacune) et le sindhi (une école).
L'Orissa a adopté le formule d'enseignement trilingue. La première langue peut être l'oriya ou l'une des langues minoritaires (télougou, santali, ourdou, etc.), mais la seconde langue obligatoire est l'anglais, alors que la troisième langue peut être l'hindi, le sanskrit ou le persan.
En 2010, il existait 12 universités d'État, une université «fédérale» à Koraput, trois instituts d'importance nationale et deux universités privées, sans oublier des dizaines de collèges professionnels. La plupart de ces établissements enseignent en oriya et en anglais.
La plupart des journaux sont originaires de Bhubaneswar et son
publiés en oriya, comme le Dharitri, le Dinalipi, le
Sambad, le Samaya, le I, l'Anupam Bharat, le
Prajatantraetc, etc., mais plusieurs autres sont en anglais (Odisha
Diary, Orissa Barta, Orissa Post, etc.).
Les médias électroniques sont très nombreux. Toutes les stations de radio diffusent en oriya (odia), mais plusieurs diffusent aussi en anglais et en hindi; les stations locales peuvent émettre des émissions en assamais, en bengali, en bhojpouri, en gujarati, en kannada, en malayalam, en marathi, en panjabi, en tamoul et en télougou. Quant aux canaux de télévision (Odisha TV, Tarang TV, Colors Odia, Chandrika TV, Chilika TV, etc.), les émissions paraissent généralement en oriya (odia), en anglais ou en hindi, mais certaines émissions peuvent être en bengali, en assamais, en panjabi et en télougou. |
L'État de l'Orissa (Odisha) pratique une politique d'unilinguisme oriya (odia) parce que la concurrence linguistique est minime. Cependant, cette concurrence existe bel et bien avec l'anglais et l'hindi, qui sont les deux langues officielles de l'Union indienne. Pour le reste, la langue oriya occupe une place prépondérante dans les activités de communication dans l'État. En ce qui concerne les minorités, l'État de l'Orissa s'en tient au respect minimal des dispositions constitutionnelles en matière d'éducation. Les principales minorités linguistiques ont à leur disposition un nombre suffisant d'écoles dans leur langue (télougou, santali, ourdou, bengali, etc.), mais l'État n'assure pas une quelconque promotion à cet égard. Bref, l'Orissa ne maltraite pas ses minorités, mais il ne s'en préoccupe pas vraiment. Comme ailleurs en Inde, l'État assure une place plus importante à l'anglais qu'aux langues minoritaires, mais c'est un État qui a su conserver avec succès sa langue nationale (oriya ou odia).
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