[Netherlands Antilles flag, 1959-86] Nederlandse overzeese gebiedsdelen

Territoires néerlandais d'outre-mer

Aruba - Bonaire - Curaçao - Saba - Sint Eustatius - Sint Maarten

 

Capitale: Willemstad (Curaçao)
Population:
306 000 (2009)
Langue officielle: néerlandais
Groupe majoritaire: papiamento (84 %)
Groupes minoritaires: néerlandais (12 %), anglais, espagnol, créoles divers, etc.
Système politique: États autonomes au sein du Royaume des Pays-Bas
Langue coloniale: néerlandais
Articles constitutionnels (langue):
aucune disposition linguistique dans la Constitution de 1983.
Lois linguistiques:
 
Loi sur l'enseignement primaire (1981) ; Convention relative aux peuples indigènes et tribaux (1989) de OIT ; Loi du 4 juin 1992, relative aux règles générales du droit administratif (1992) ; Loi sur les médias (1987) ; Décret sur les médias (1987) ; Loi du 15 octobre 1995 sur l'enseignement professionnel (1995) ;  Loi du 15 septembre 2005 sur l'orthographe ; Loi provisoire sur les langues officielles des îles BES (2010) ; Loi sur les traducteurs assermentés des îles BES (2010) ; Loi d'exécution des organismes publics de Bonaire, de Sint Eustatius et de Saba (2011).

1 Données géographiques

En plus des Pays-Bas, le royaume des Pays-Bas est composé de six territoires d'outre-mer: Aruba, Bonaire, Curaçao, Saba, Saint-Eustache et Sint Maarten. Parmi ces territoires, trois d'entre eux disposent d'une autonomie politique et territoriale : Aruba, Curaçao et Sint Maarten. Les anciennes Antilles néerlandaises (en néerlandais: Nederlandse Antillen) ont été dissoutes le 10 octobre 2010 pour laisser la place aux Territoires néerlandais d'outre-mer (néerl.: "Nederlandse overzeese gebiedsdelen"), dont font partie les six territoires précités.
 
Les Territoires néerlandais d'outre-mer comprennent deux groupes d'îles, dont l’un —  les Îles-du-Vent ou Windward Islands — est situé l'est de Porto Rico et de la République Dominicaine, l'autre  — les Îles-sous-le-Vent ou Leeward Islands — est à quelque 60 km au nord du Venezuela, soit à près de 880 km de distance.

Dans les Îles-sous-le-Vent, on trouve les îles d'Aruba, de Bonaire et de Curaçao (désignées comme les îles ABC. Cet archipel néerlandais a une superficie totale de 925 km². Ces îles sont également connues sous le nom de Caraïbes néerlandaises (Caribisch Nederland). Dans les Îles-du-Vent, il y a les îles Sint Maarten (en fr.: Saint-Martin), Saba et Sint Eustatius (en fr.: Saint-Eustache) ; cet archipel couvre une superficie totale d'environ 67 km².

Willemstad (à Curaçao) est la capitale et la plus grande ville, dont la population s'élève à (est. 1985) plus de 125 000 habitants.

Soulignons que l'île de Saint-Martin est administrée par deux États: la France (Guadeloupe) administre la partie nord (Saint-Martin: 53 km²), alors que les Pays-Bas occupent la partie sud (Sint Maarten: 34 km²). On peut visualiser la carte générale des Territoires néerlandais d'outre-mer

Aruba, Curaçao et Sint Maarten forment des États autonomes, alors que Bonaire, Sint Eustatius et Saba les îles BESsont des «communes néerlandaises à statut particulier», le tout au sein du royaume des Pays-Bas. Dans les faits, tous ces territoires ne forment entre eux aucune unité, sauf d'avoir eu le même colonisateur. Tout au plus, les territoires des Îles-sous-le-Vent coopèrent un peu au point de vue commercial, mais les contacts demeurent très ténus avec les territoires néerlandais des Îles-du-Vent.  

2 Données démolinguistiques

Selon le Centraal Bureau voor de Statistiek (CBS), le Bureau central de la statistique des Pays-Bas, la population totale des Territoires néerlandais d'outre-mer (incluant Aruba) a été évaluée à 306 452 (en 2009), des Noirs et des Mulâtres pour la plupart. L’île de Curaçao à elle seule comptait quelque 141 000 habitants, soit 46 % de l’ensemble; sans l’île d’Aruba qui ne fait pas partie de jure des Territoires néerlandais, Curaçao comptait pour 71 % de la population.

Île

Superficie

Population

%

Capitale

Aruba (Leeward)

193 km2

106 523 (2009)

34,7 %

Oranjestad

Bonaire (Leeward)

288 km2

 12 877 (2009)

4,2 %

Kralendijk

Curaçao (Leeward)

444 km2

141 766  (2009)

46,2 %

Willemstad

Saba (Windward)

13 km2

     1 601 (2009)

0,5 %

De Bottom

Sint Eustatius (Windward)

21 km2

     2 768 (2009)

0,9 %

Oranjestad

Sint Maarten (Windward)

34 km2

    40 917 (2009)

13,3 %

Philipsburg

Total  

 306 452 (2009)

100,0 %  

2.1 Les Îles-sous-le-Vent (Leeward Islands)

Il s'agit des îles d'Aruba, de Bonaire et de Curaçao.

- Aruba

L’île d’Aruba est située à l’ouest de Curaçao à proximité nord-ouest des côtes vénézuéliennes. La langue officielle est le néerlandais, mais la plupart des 106 500 habitants parlent le papiamento, un créole à base de portugais, d’espagnol et de néerlandais. Le papiamento est un créole particulier du fait qu’il n’est pas constitué d’une seule langue de base (comme le créole haïtien), mais de plusieurs: d’abord le portugais, puis l’espagnol, sans oublier le néerlandais, un peu d’arawak, de français et d’anglais.  De plus, l'espagnol, l'anglais, le français et le portugais sont également présent dans l'île. L’anglais est très répandu comme langue seconde.

- Bonaire

L’île Bonaire est située à 48 km à l’est de Curaçao et à quelque 80 km au nord du Venezuela. La plupart des 12 000 habitants parlent le papiamento comme langue maternelle, mais comprennent aussi le néerlandais, la langue officielle, souvent l’espagnol et/ou l’anglais. Près de 90 % des insulaires sont des Noirs ou des Mulâtres. Les insulaires sont majoritairement des adeptes de l’Alliance évangélique, les autres étant protestants ou catholiques.

- Curaçao

Située entre Aruba et Bonaire au nord du Venezuela, Curaçao constitue la plus grande île (444 km²) des Territoires néerlandais d'outre-mer, mais aussi la plus importante avec ses 141 600 habitants. Elle mesure 60 km de long, par 11 km de large, et son chef-lieu est Willemstad; cette ville est également la capitale des Antilles néerlandaises. À l'origine, plus de 40 nationalités peuplaient l’île, mais les habitants parlent très majoritairement le papiamento, les autres parlant le néerlandais (surtout comme langue seconde), l’espagnol ou l’anglais. Beaucoup de locuteurs parlent les quatre langues. Environ 85 % de la population est d'ascendance africaine, les autres ont des ancêtres arawaks, espagnols, anglais ou hollandais.

Dans les trois îles Sous-le-Vent, la plupart des insulaires sont de religion catholique (82 %), méthodiste ou anglicane, mais on trouve aussi des juifs et des musulmans.

2.2 Les Îles-du-Vent (Windward)

Ces îles comprennent Saba, Sint Eustatius (Saint-Eustache) et Sint Maarten (Saint-Martin).

- Saba

Au sein des Petites Antilles, soit à 880 km au nord des Îles-sous-le-Vent, puis à 45 km au sud de l’île Saint-Martin et à 27 km à l’ouest de Saint-Eustache, Saba est la plus petite île (13 km²) des Territoires néerlandais d'outre-mer, avec un peu moins de 1600 habitants. La moitié des habitants sont les descendants de colons hollandais et anglais, alors que les autres ont pour ancêtres des esclaves noirs. La langue maternelle de la plupart des habitants est l’anglais, mais le papiamento est aussi utilisé de même que l’anglais et espagnol. La langue officielle demeure le néerlandais, mais l’anglais est devenu la véritable langue véhiculaire de l’île parce que c’est la langue maternelle de la plupart des insulaires.

- Sint Eustatius

À 58 km au sud-est de l’île de Saint-Martin, l’île de Sint Eustatius (en français: Saint-Eustache) constitue la seconde plus petite île de l’archipel (21 km²). Sa population est de 2700 habitants, avec plus de 20 nationalités représentées, et parle l’anglais comme langue maternelle. Ici aussi, le papiamento est aussi utilisé de même que l’espagnol. Le néerlandais reste la langue officielle de ce quasi-îlot.

- Sint Maarten

L’île de Saint-Martin, située à 25 km à l’ouest de Saint-Barthélemy, paraît particulière au point de vue géopolitique. En effet, depuis 1648, Saint-Martin/Sint Maartin est partagée entre la France (53 km²) et les Pays-Bas (34 km²); la partie française, appelée Saint-Martin, occupe la partie nord avec Marigot comme chef-lieu. La partie néerlandaise, appelée Sint Maarten, avec Philipsburg comme chef-lieu, forme avec Saba et Sint Eustatius les Îles-du-Vent (Windward), qui font partie des ex-Antilles néerlandaises. Avec ses quelque 35 000 insulaires dans la partie française (53 km²) contre 40 000 dans la partie néerlandaise (32 km²), Saint-Martin a la particularité d’être l’île la plus cosmopolite et la plus multilingue des Petites Antilles, car elle compte plus de 40 nationalités sur l’ensemble du territoire. En raison de la forte densité d'immigration haïtienne (près de 50 % des Noirs), dominicaine, guadeloupéenne, martiniquaise, française, américaine, néerlandaise ou sud-américaine, on y parle français, anglais, espagnol, néerlandais, mais aussi le créole haïtien, le créole guadeloupéen, le créole martiniquais, le créole dominicain, l'incontournable papiamento, etc. 

Bien que le français reste la langue officielle de la partie française et le néerlandais celle de la partie néerlandaise, l’anglais est devenu la langue véhiculaire (et non le créole ou le papiamento) sur l'ensemble de l’île de Saint-Martin.

Dans les Îles-du-Vent, la plupart des habitants sont de religion catholique, méthodiste ou anglicane, avec de minuscules minorités juives.

3 Données historiques

Rappelons qu’en 1494 le pape Alexandre VI Borgia (1431-1503) avait contraint les Espagnols et les Portugais à signer le traité de Tordesillas qui traçait les limites territoriales entre l'Espagne et le Portugal: tout ce qui serait découvert à l'ouest du méridien appartiendrait à l’Espagne et à l'est (Brésil et Afrique), au Portugal. En réalité, l’Église catholique avait attribué aux deux puissances péninsulaires, non pas des zones de colonisation, mais des zones d'évangélisation, mais cette distinction ne résista pas longtemps aux appétits coloniaux. Les autres pays de l'Europe furent incapables de s'opposer au traité de Tordesillas jusqu'à la fin du XVIe siècle. En principe, les Antilles devaient appartenir aux Espagnols, puisque les Portugais y étaient écartés. C’est ce qui explique pourquoi les Espagnols furent les premiers à prendre possession des Antilles, même si elles devinrent avec le temps «néerlandaises», puis «françaises» et «anglaises». Paradoxalement, il n’existe pas d’«Antilles espagnoles» pour la simple raison que les Espagnols se désintéressèrent de la région pour concentrer leurs efforts en Amérique du Sud.

3.1 Les Espagnols

Christophe Colomb, lors de son premier voyage (1492), avait découvert les Grandes Antilles dont Cuba et Haïti (nommé Hispaniola). Au voyage suivant (1493-1496), il découvrit la Dominique, la Guadeloupe, Porto Rico, la Jamaïque, mais aussi les îles de Saba, de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy. Sa découverte fut à l’origine du traité de Tordesillas signé entre l’Espagne et le Portugal. Ensuite, lors de son troisième voyage (1498-1500), il parvint aux îles de la Trinité, de Tobago et de Grenade. N’ayant plus sa fonction de vice-roi, Colomb entreprit une dernière expédition en 1502 au cours de laquelle il longea la côte de l’Amérique centrale, à partir du Honduras. Il n’atteignit jamais lui-même l’Amérique du Sud.

Entre-temps, l’Espagnol Alonso de Ojeda et l’Italien Amerigo Vespucci au service de l’Espagne (d’où provient le nom d’Amérique) approchèrent, contrairement à Colomb, des côtes de l’Amérique du Sud en abordant en 1499 les îles d’Aruba, de Bonaire et de Curaçao. L’explorateur Alonso de Ojeda prit possession des trois îles au nom de l’Espagne. Des tentatives de colonisation furent envisagées un peu partout dans les Antilles, mais l’agressivité et la réputation d’anthropophagie des Caraïbes (peuple amérindien) incitèrent les Espagnols à négliger la plupart des petites îles (notamment les Îles-du-Vent au nord), qui servirent surtout d’escale entre les Antilles et l’Europe, ce qui laissait éventuellement la place aux Français, aux Anglais et aux Hollandais.

On retiendra que la colonisation européenne a exercé une influence déterminante et durable sur le peuplement, la langue et la culture des Antillais. La grande majorité de la population antillaise est de race noire ou mulâtre, en raison du commerce des esclaves auquel se livrèrent d’abord les Portugais, puis les Hollandais, les Britanniques et les Français (suivis, plus tard, par les Américains) dans cette région du monde.

3.2 Les Hollandais

En ce qui a trait aux Hollandais, rappelons que ceux-ci, après avoir chassé, entre 1637 et 1641, les Portugais d’Afrique occidentale en prenant les forteresses d'Elmina (Ghana), de Luanda (Angola) et de São Tomé, organisèrent à leur profit leurs propres réseaux de la traite négrière (jusqu’en 1863, au moment de l’abolition de l’esclavage). Les Hollandais, avec la création de la première Compagnie des Indes occidentales en 1621, s'arrogèrent le monopole de la traite pour le compte des Espagnols et, dès 1634, possédaient déjà les îles de Saint-Martin, Saint-Eustache, Aruba, Bonaire et Curaçao.

Pendant que les Anglais s'approprièrent Saint-Christophe (1620), le nord des Petite Antilles, Sainte-Lucie (1631) et la la Jamaïque en 1655, les Français revendiquèrent la Guadeloupe, La Martinique (1635) et l'île de la Tortue. Entre 1734 et 1750, le monopole espagnol de la traite des esclaves chancela, la traite s'universalisa de plus en plus. L'Angleterre tenta d'intercepter la traite des Noirs qui constituait une source de richesse pour l'Espagne ou pour ses alliés. Finalement, l'Europe entière, y compris la France et la Hollande, participa à la traite. Suivant un rapport présenté en 1787 au ministère anglais des Colonies, la traite avait atteint l’année précédente 100 000 nègres, ainsi répartis: Angleterre, 38 000; France, 31 000; Portugal, 25 000; Hollande, 4000; Danemark, 2000. Bref, les Hollandais furent de bien petits commerçants au XVIIIe siècle, alors qu'ils furent de grands commerçants un siècle plus tôt. Au total, certains historiens estiment à 40 ou 50 millions le nombre d'individus déplacés par la traite, entre 1511 et 1789. Au total, les Hollandais importèrent plus d’un demi-million d’esclaves aux Antilles et au Surinam, mais l’île de Curaçao en reçut la quasi-totalité, suivie du Surinam (37 000 esclaves). Rappelons que c'est le pape Nicolas V qui autorisa, le 8 janvier 1454, le roi du Portugal à pratiquer la traite (itinéraire Afrique-Portugal).

Après l’abolition de l’esclavage en 1863 — contre 1838 en Angleterre, 1848 en France et 1863-1868 aux États-Unis —, les Hollandais importèrent des immigrants dans leurs colonies des Antilles et du Surinam (Guyane hollandaise). Il y eut les importations de travailleurs sous contrat venus des Indes britanniques, de l’Indonésie et de la Chine au Surinam, mais il y eut également beaucoup de métissages dans les îles néerlandaises: Aruba (Vénézuéliens, Saint-Martinois, Américains), Bonaire (Anglais et Américains), Curaçao (Sud-Américains, Britanniques antillais, Américains, Français antillais), Saba (Américains), Sint Eustatius (Américains), Sint Maarten (plus de 40 ethnies).

3.3 Les Antilles néerlandaises

La première Constitution des Antilles néerlandaises a été adoptée par le Parlement néerlandais en 1865; elle a été plusieurs fois modifiée depuis cette époque. La modification la plus importante fut celle de 1954, qui aboutit à l'établissement de la Charte du royaume des Pays-Bas, l'organisme législatif principal qui réglemente l'autonomie interne pour les îles des Antilles néerlandaises, à l’exception d’Aruba. Seul le Surinam, devenu un État indépendant en 1975, a coupé tous les ponts avec les Pays-Bas, mais a conservé le néerlandais comme langue officielle.

Dans le cas des Antilles néerlandaises, nous ne retiendrons que les îles faisant actuellement partie du royaume des Pays-Bas: Aruba et les îles de Bonaire, Curaçao, Saba, Saint-Eustache et Saint-Martin, ce qui exclut le Surinam indépendant depuis 1975.

3.4 Les Territoires néerlandais d'outre-mer

Depuis le 1er juillet 2007, la Fédération des Antilles néerlandaises avait commencé sa dissolution qui aurait dû être effective le 15 décembre 2008, mais, après un délai, le transfert des compétences souveraines vers Curaçao et Sint Maarten fut officialisé le 10 octobre 2010. Dès lors, les compétences de l’État fédéral autonome des Antilles néerlandaises furent transférés aux deux nouveaux territoires autonomes de Curaçao et de Sint Maarten; ceux-ci formant deux États autonomes au sein du royaume des Pays-Bas.

Le royaume des Pays-Bas a ainsi subi une profonde réforme constitutionnelle, qui est maintenant arrivée à maturité. Les modifications concernent notamment les anciennes Antilles néerlandaises qui jusqu'à récemment, était composé des îles de Curaçao, Sint Maarten, Bonaire, Saint-Eustache et Saba. Les réformes reposent sur les résultats des référendums et des décisions prises par des assemblées représentatives sur le statut constitutionnel des îles. Les résultats, à une exception près, furent sans équivoques: les îles ne voulaient plus faire partie des Antilles néerlandaises, mais elles ne voulaient pas non plus rompre leurs liens avec le royaume des Pays-Bas. L'exception fut Saint-Eustache qui a voté pour rester dans les Antilles néerlandaises.

Sur la base d'un accord-cadre conclu en 2005, qui énonce les accords sur les réformes constitutionnelles, les questions financières et économiques, l'application des lois et la bonne gouvernance, des conférences ont été amorcées dans le but d'adopter une approche coordonnée et en parallèle pour faire face à la complexité du processus. Le résultat a conduit en 2006 à la déclaration finale sur la position constitutionnelle de Bonaire, Saint-Eustache et Saba, et de Curaçao et Sint Maarten. Lors de la Conférence de la Table ronde à Curaçao, le 15 décembre 2008, les Pays-Bas et les autres partenaires du Royaume sont parvenus à un accord sur la nouvelle structure constitutionnelle. Les conclusions de la conférence finale de la Table ronde ont été signées le 9 septembre 2010. La nouvelle Charte du royaume des Pays-Bas (Statuut voor het Koninkrijk der Nederlanden) entrait en vigueur comme prévu le 10 octobre 2010. Dès lors, les Antilles néerlandaises cessaient d'exister. Voici l'article 1er de la Charte du royaume des Pays-Bas:

Artikel 1

1)
Het Koninkrijk omvat de landen Nederland, Aruba, Curaçao en Sint Maarten.

2) Bonaire, Sint Eustatius en Saba maken elk deel uit van het staatsbestel van Nederland. Voor deze eilanden kunnen regels worden gesteld en andere specifieke maatregelen worden getroffen met het oog op de economische en sociale omstandigheden, de grote afstand tot het Europese deel van Nederland, hun insulaire karakter, kleine oppervlakte en bevolkingsomvang, geografische omstandigheden, het klimaat en andere factoren waardoor deze eilanden zich wezenlijk onderscheiden van het Europese deel van Nederland.
Article 1er

1)
Le Royaume comprend les États des Pays-Bas, d'Aruba, de Curaçao et de Sint Maarten.

2) Bonaire, Saint-Eustache et Saba représentent chacun une partie du régime politique des Pays-Bas. Ces îles peuvent élaborer des règlements et autres mesures spécifiques pour respecter leurs conditions économiques et sociales, leur éloignement de la partie européenne des Pays-Bas, leur insularité, leur faible superficie et la taille de leur population, leur géographie, leur climat et autres facteurs insulaires, qui diffèrent sensiblement de la partie européenne des Pays-Bas.

Dans la nouvelle structure constitutionnelle, Curaçao et Sint Maarten ont acquis le statut d'«État» dans le Royaume (comme Aruba dans les anciennes Antilles néerlandaises avant les modifications). Ainsi, depuis le 10 octobre 2010, le Royaume se compose de quatre États autonomes, au lieu de trois: Curaçao et Sint Maarten ne constituent pas des dépendances d'outre-mer dans le royaume des Pays-Bas, mais des partenaires autonomes égaux au sein du Royaume, à côté des Pays-Bas, et chaque entité possède une degré élevé d'autonomie interne. Aruba conserve le statut d'État distinct qu'il avait depuis 1986.

Les trois autres îles, Bonaire, Saint-Eustache et Saba sont appelées «îles BES» (en néerlandais: BES eilanden): Bonaire + Eustatius + Saba. Les habitants de ces îles ont voté en faveur des liens directs avec les Pays-Bas et elles font maintenant partie des Pays-Bas, constituant ainsi «la partie des Caraïbes des Pays-Bas». Chacune des îles a le statut d'un organisme public au sens de l'article 134 de la Constitution néerlandaise. En fait, le statut est maintenant celui des communes néerlandaises, avec des ajustements pour leur petite taille, leur éloignement par rapport aux Pays-Bas et leur situation géographique dans la région des Caraïbes. Les articles 1a et 2 de la Charte du royaume des Pays-Bas définissent le rôle du souverain néerlandais dans les États:

Artikel 1a

De Kroon van het Koninkrijk wordt erfelijk gedragen door Hare Majesteit Juliana, Prinses van Oranje-Nassau en bij opvolging door Hare wettige opvolgers.

Artikel 2

1)
De Koning voert de regering van het Koninkrijk en van elk der landen. Hij is onschendbaar, de ministers zijn verantwoordelijk.

2) De Koning wordt in Aruba, Curaçao en Sint Maarten vertegenwoordigd door de Gouverneur. De bevoegdheden, verplichtingen en verantwoordelijkheid van de Gouverneur als vertegenwoordiger van de regering van het Koninkrijk worden geregeld bij rijkswet of in de daarvoor in aanmerking komende gevallen bij algemene maatregel van rijksbestuur.

3) De rijkswet regelt hetgeen verband houdt met de benoeming en het ontslag van de Gouverneur. De benoeming en het ontslag geschieden door de Koning als hoofd van het Koninkrijk.
Article 1a

La Couronne du Royaume, qui est héréditaire, est tenue par Sa Majesté la reine Juliana, princesse d'Orange-Nassau, ainsi que par ses successeurs légitimes.

Article 2

1)
Le souverain règne sur le Royaume et sur chaque État. Il est inviolable, mais les ministres sont responsables.

2) Le souverain est représenté à Aruba, Curaçao et Sint Maarten par le gouverneur. Les pouvoirs, les obligations et les responsabilités du gouverneur, en tant que représentant du gouvernement du Royaume, sont régis par la loi ou, le cas échéant, par décret en conseil.

3) La loi réglemente ce qui est lié à la désignation et à la révocation du gouverneur. La nomination et la révocation sont décidées par le souverain comme chef du Royaume.

Les relations étrangères et la défense restent l'affaire du Royaume. Ces aspects sont abordés au sein du Conseil des ministres pour le Royaume, qui se réunit à La Haye. Les gouvernements des États des Caraïbes sont représentés au Conseil par un ministre plénipotentiaire. Le gouvernement d'Aruba a son siège à Oranjestad, le gouvernement de Curaçao est à Willemstad et le gouvernement de Sint Maarten réside à Philipsburg. Le ministre des Affaires étrangères a la responsabilité ultime pour les relations étrangères du Royaume dans son ensemble. Néanmoins, les États des Caraïbes, Aruba, Curaçao et Sint Maarten, ont chacun leur propre ministère des Affaires étrangères. Bien que les traités et conventions peuvent être conclus que par le Royaume et non pas par ses éléments constitutifs, leur application peut être limitée à un ou États. En d'autres termes, ces accords peuvent être conclus par le Royaume pour une ou plusieurs constituants individuels du Royaume.

Comme pour Aruba, les nouveaux États, soit Curaçao et Sint Maarten, ont chacun leur propre gouvernement et leur parlement. Ces institutions sont habilitées à adopter des lois en ce qui concerne les affaires de leur propre État. Les organismes publics néerlandais de Bonaire, Saint-Eustache et Saba ont le pouvoir de réglementer leurs affaires intérieures. Chaque organisme public dispose d'un exécutif local et un conseil local. Les habitants des organismes publics sont aptes à voter lors des élections à la Chambre néerlandaise des représentants, ainsi qu'aux élections au Parlement européen. Bonaire, Saint-Eustache et Saba ont maintenant deux niveaux de gouvernement, à savoir l'autorité locale et le gouvernement central néerlandais. D'une manière générale, le gouvernement central a repris les fonctions exercées antérieurement par les autorités des Antilles néerlandaises. Le gouvernement local demeure sous le contrôle de l'ensemble des représentants locaux («le conseil de l'île»). En plus de prendre en charge les tâches des autorités des Antilles néerlandaises, le gouvernement néerlandais a également repris certaines tâches qui relevaient auparavant de la responsabilité des îles, par exemple la gestion des services d'incendie.

Si les Pays-Bas constituent un État membre de l'Union européenne, Aruba, Curaçao, Sint Maarten, Bonaire, Saint-Eustache et Saba n'en font pas partie. Au contraire, ils ont le statut d'État et de territoire d'outre-mer (PTOM). Les PTOM sont reconnus comme des Pays et territoires d'outre-mer de l'Union européenne. En vertu de l'article 182 (Journal officiel no C-325 du 24 décembre 2002) du Traité instituant la Communauté européenne, ces territoires sont des dépendances des États associés aux Pays-Bas:

QUATRIÈME PARTIE

L'ASSOCIATION DES PAYS ET TERRITOIRES D'OUTRE-MER

Article 182

 

Les États membres conviennent d'associer à la Communauté les pays et territoires non européens entretenant avec le Danemark, la France, les Pays-Bas et le Royaume-Uni des relations particulières. Ces pays et territoires, ci-après dénommés "pays et territoires", sont énumérés à la liste qui fait l'objet de l'annexe II du présent traité.

Le but de l'association est la promotion du développement économique et social des pays et territoires, et l'établissement de relations économiques étroites entre eux et la Communauté dans son ensemble.

Conformément aux principes énoncés dans le préambule du présent traité, l'association doit en premier lieu permettre de favoriser les intérêts des habitants de ces pays et territoires et leur prospérité, de manière à les conduire au développement économique, social et culturel qu'ils attendent.

En conséquence, les îles néerlandaises de Bonaire, Saint-Eustache et de Saba jouissent d'un certain nombre d'avantages, par exemple lorsqu'il s'agit d'exportation de biens vers l'Union européenne. En outre, ces îles reçoivent des subventions du Fonds européen de développement (FED). Puisque les citoyens de ces territoires néerlandais sont des ressortissants néerlandais, ils peuvent aussi voter aux élections au Parlement européen.

4 Les politiques linguistiques des Territoires néerlandais d'outre-mer

On ne peut parler d'une politique commune en matière de langue dans les Territoires néerlandais d'outre-mer, car chacun a adopté une politique particulière, bien que le néerlandais serve de langue officielle à peu près partout. En tant que membres des Territoires néerlandais d'outre-mer, les îles Sous-le-Vent (Aruba, Bonaire et Curaçao) ainsi que les Îles-du-Vent (Saba, Sint Eustatius et Sint Maarten) ont en effet conservé comme langue officielle le néerlandais, mais le papiamento et l'anglais sont tout aussi présents, voire davantage. Le gouvernement des ex-Antilles néerlandaises et celui d’Aruba avaient projeté de présenter une loi qui aurait fait du papiamento et de l’anglais des langues officielles au même titre que le néerlandais. Le projet de loi a adopté le 1er juillet 2007; les anciennes Antilles néerlandaises bénéficiaient dès lors de trois langues officielles: le néarlandais, le papiamento et l'anglais. En 2010, le gouvernement néerlandais avait adopté la Loi provisoire sur les langues officielles des îles BES. Cette loi reconnaissait l'existence de trois langues officielles: le néerlandais, le papiamento et l'anglais.

Artikel 2

De officiële talen zijn het Engels, het Nederlands en het Papiamentu.

Artikel 3

1) In de schriftelijke en mondelinge communicatie met ingezetenen bedient de overheid zich van één van de officiële talen.

2) Indien door een ingezetene een voorkeur voor één van de officiële talen kenbaar is gemaakt, bedient de overheid zich voor zover mogelijk van die taal. Indien de overheid zich niet van die taal bedient, wordt zulks gemotiveerd.

3) Indien schriftelijke communicatie een beschikking inhoudt of belangrijke rechtsgevolgen kan hebben, is het tweede lid niet van toepassing.

Artikel 4

Algemene informatieverstrekking door de overheid geschiedt in ten minste één officiële taal.

Article 2

Les langues officielles sont l'anglais, le néerlandais et le papiamento.

Article 3

1) Les communications écrites et orales entre les résidents et le gouvernement se font dans l'une des langues officielles.

2) Si un résident manifeste une préférence pour l'une des langues officielles, le gouvernement doit dans la mesure du possible le servir dans cette langue. Si le gouvernement n'utilise pas cette langue, il doit être motivé de le faire. 

3) Si une communication écrite ou une décision peut avoir d'importantes conséquences juridiques, le deuxième paragraphe ne s'applique pas.

Article 4

Les informations générales de la part des pouvoirs publics doivent être transmises au moins dans une langue officielle.

Cependant, la loi n'est pas contraignante, car elle n'oblige pas à employer trois langues officielles, seulement deux, parfois une seule. D'ailleurs, seul l'État de Curaçao a trois langues officielles; Sint Maarten en a deux (néerlandais et anglais); Bonaire, deux (néerlandais et papiamento); Saba, deux (néerlandais et anglais); Sint Eustatitus, deux (néerlandais et anglais).

Puis, en janvier 2011, le Parlement néerlandais adoptait la Loi d'exécution des organismes publics de Bonaire, de Sint Eustatius et de Saba. Cette loi vient clarifier l'emploi des trois langues en matière administrative dans les IBES: néerlandais, papiamento et anglais. Dans le texte de la loi de 2001, le mot «officielle» pour qualifier une langue n'est jamais utilisé. Pour résumer, on peut dire que l'emploi des langues dans les îles BES demeure très souple. En principe, le néerlandais est la langue de l'État, mais le papiamento à Bonaire et l'anglais à Saba et Sint Eustatius sont facultatifs en matière administrative. En fait, tout citoyen peut demander de recevoir des services dans la langue de son choix :

Artikel 4d

1) Een ieder kan de Nederlandse taal gebruiken in het verkeer met de in artikel 4b, eerste lid, bedoelde organen en personen.

2) Een ieder kan:

a. het Papiaments gebruiken in het verkeer met de organen van het openbaar lichaam Bonaire;

b. het Engels gebruiken in het verkeer met de organen van het openbaar lichaam Sint Eustatius of Saba.

3) Een ieder kan het Papiaments ofwel het Engels gebruiken in het verkeer met de Rijksvertegenwoordiger en met personen die in de openbare lichamen werkzaam zijn onder verantwoordelijkheid van de centrale overheid.

4) Het tweede en derde lid gelden niet, indien het orgaan of de persoon heeft verzocht de Nederlandse taal te gebruiken op de grond, dat het gebruik van het Papiaments of het Engels tot een onevenredige belasting van het bestuurlijk verkeer zou leiden.

Article 4d

1)
Quiconque peut employer la langue néerlandaise dans ses relations avec les organismes et les individus, conformément au premier paragraphe de l'article 4b.

2) Quiconque peut:

a. employer le papiamento dans ses relations avec les institutions de l'organisme public de Bonaire;

b. employer l'anglais dans ses relations avec les institutions de l'organisme public de Sint Eustatius et de Saba.

3) Quiconque peut employer l'anglais ou le papiamento dans ses relations avec le représentant de l'État et avec les employés des organismes publics œuvrant sous la responsabilité du gouvernement central.

4) Les paragraphes 2 et 3 ne s'appliquent pas si un organisme ou un individu a demandé d'employer la langue néerlandaise, alors que l'emploi du papiamento ou de l'anglais se traduirait par un fardeau excessif en matière administrative.

Mais le paragraphe 4 prévoit une dérogation au libre choix. Il ne faut pas que l'emploi du papiamento ou de l'anglais se traduise par un fardeau excessif en matière administrative, que ce soit au point de vue des coûts ou des services. Même un document officiel peut ne pas être traduit en néerlandais, «à moins qu'il soit raisonnable de croire que ce n'est pas nécessaire» (art. 4j).

4.1 Parlement et justice

Les parlements ou conseils locaux n’utilisent que le néerlandais dans la rédaction et la promulgation des lois; les parlementaires ou conseillers ne font usage de cette langue qu'à l'écrit. Cependant, dans les discussions orales, le papiamento est courant, surtout à la Législature d'Aruba, à Curaçao et à Bonaire. À Sint-Maarten, Saba et Sint Eustatius, l'anglais est une langue à égalité avec le néerlandais.

En principe, les tribunaux ne reconnaissent que le néerlandais, mais dans les communications orales le papiamento dans les îles «Sous-le-Vent» et l’anglais dans les «Îles-du-Vent» sont également utilisés. L'anglais est aussi autorisé à Sint-Maarten, à Saba et à Sint Eustatius. Cependant, dans les tribunaux de haute instance, dont la Cour commune de justice d’Aruba et des Antilles néerlandaises ainsi que la Cour suprême des Pays-Bas, seul le néerlandais est admis.

4.2 Les langues de l’Administration

Dans les services administratifs, le système fonctionne à peu près de la même façon. Bien que le néerlandais soit la langue officielle de l’Administration, le papiamento est concurremment employé avec le néerlandais dans les îles «Sous-le-Vent» (Aruba, Bonaire et Curaçao), alors que l’anglais remplace le papiamento dans les «Îles-du-Vent» (Saba, Sint Eustatius et Sint Maarten). Évidement, dans l’Administration du royaume des Pays-Bas, le néerlandais reste en principe la seule langue d’usage. Quant à la partie française de Saint-Martin, le français et l'anglais sont tous les deux employés.

4.3 Le système d’éducation et l'enseignement des langues

Dans les écoles des îles «Sous-le-Vent» (Aruba, Bonaire et Curaçao), le papiamento et le néerlandais étaient utilisés, jusqu’à récemment, comme langues d’enseignement dans les deux premières années du primaire. Dans les écoles des «Îles-du-Vent» (Saba, Sint Eustatius et Sint Maarten), l’anglais remplaçait le papiamento. Ensuite, seul le néerlandais était enseigné jusqu’à la fin du secondaire. 

Toutefois, les administrations scolaires ont constaté un taux d’échec très élevé chez les élèves. En effet, 76 % des élèves échouaient à un moment donné de leur cursus scolaire. On croit que l’utilisation du néerlandais comme unique langue d’enseignement empêchait la majorité des élèves, qui ont le papiamento ou l’anglais comme langue maternelle, de réussir leurs études sans difficulté majeure. De plus, les méthodes d’enseignement de la langue sont réputées comme étant trop conditionnées par la réalité et le contexte néerlandais plutôt que par la culture des îles. 

Pour remédier à la situation, un nouveau programme a été élaboré par les administrations scolaires des Territoires néerlandais d'outre-mer et d'Aruba: il a commencé en septembre 2000 (première année du primaire) et devait se terminer en 2013 (dernière année du secondaire).

Dans le cadre de ce programme, la langue maternelle de la majorité de la population sous contrôle néerlandais devra être la langue d’enseignement, c’est-à-dire l’anglais dans les «Îles-du-Vent» (Saba, Sint Eustatius et Sint Maarten) et le papiamento dans les îles «Sous-le-Vent» (Aruba, Bonaire et Curaçao). Afin de garantir aux élèves la possibilité de poursuivre des études supérieures, on ajoute, dès le primaire, l’enseignement de trois langues secondes: le néerlandais, l’anglais et l’espagnol seront obligatoires. À Sint Maarten, l’espagnol peut être remplacé par le français.

Selon les administrations scolaires des ex-Antilles néerlandais et d’Aruba, la nouvelle politique linguistique devrait permettre au papiamento et à l’anglais de devenir des langues d’enseignement durant tout le primaire. Pour ce faire, des équipes de linguistes et de pédagogues ont normalisé le papiamento écrit. D'ailleurs, depuis près de cinq ans, les enseignants reçoivent une formation spécifique leur permettant d’enseigner cette langue. On veut également évaluer systématiquement les méthodes d’enseignement du néerlandais et proposer éventuellement de nouvelles méthodes d’enseignement de cette langue au premier cycle du secondaire.

4.4 Médias et vie économique

On sait que les îles néerlandaises attirent beaucoup de touristes venant de toutes les parties du monde, surtout à Aruba, Curaçao et Sint Maarten. On peut donc s’attendre à ce que les activités économiques se déroulent à la fois en néerlandais, en anglais, en papiamento (à l’oral), en espagnol, mais aussi en français dans les «Îles-du-Vent» (Saba, Sint Eustatius et Sint Maarten).

Dans les médias, c’est le pragmatisme qui prime. En effet, concurremment aux journaux officiels publiés en néerlandais, on trouve des journaux non seulement en espagnol, en anglais et en français (Sint Maarten), mais aussi en papiamento (ce dernier cas étant rare dans le monde). Les stations de radio-télévision diffusent en néerlandais mais aussi en papiamento, en anglais, en espagnol et en français (Sint Maarten). La Radio Pays-Bas Internationale (Radio Nederland Wereld Omroep), une station publique indépendante des Pays-Bas, diffuse dans le monde entier, notamment aux Antilles néerlandaises, des programmes de radio et de télévision à l'intention des néerlandophones et étrangers intéressés par les Pays-Bas et la culture néerlandaise. Elle émet quotidiennement des programmes non seulement en en néerlandais, mais aussi en papiamento, en anglais, en espagnol (et indonésien ou bahasa indonesia).

En somme, les politiques linguistiques des Territoires néerlandais d'outre-mer en sont une de pragmatisme. Elles sont basées sur le multilinguisme de stratégie dans lequel le néerlandais, l’anglais, l’espagnol, le papiamento (et le français à Sint Maarten) jouent un rôle complémentaire. L’histoire a fait en sorte que les insulaires ont inventé leur langue locale, le papiamento, la colonisation a imposé le néerlandais, mais la proximité des États voisins et les nécessités du commerce international ont imposé l’anglais et l’espagnol, mais aussi le français (Sint Maarten). Plutôt que de choisir l’une d’entre elles et risquer d’y perdre au change, les autorités ont préféré recourir à toutes ces langues. Il est possible que, à long terme, ce soit le néerlandais qui en paie le prix. 

Outre dans les Territoires néerlandais d'outre-mer, cette langue est demeurée en usage seulement au Surinam (comme langue officielle, bien que le Surinam ait acquis en 1975 le statut de république indépendante), mais là aussi les habitants ont recours à une douzaine d’autres langues dont les plus importantes sont le créole surinamien à base d’anglais (120 000) appelé aussi sranan tongo, l’hindi (150 000), le javanais (60 000), le créole guyanais (50 000), deux langues amérindiennes, l’aukaans (25 000) et le créole saramaccan (23 000), le chinois hakka (6000), le néerlandais (1000), etc. Précisons qu’au Surinam (425 000 habitants), outre les 120 000 locuteurs du créole surinamien, plus de 120 000 autres le parlent comme langue seconde, contre 100 000 en néerlandais.

Du fait que l’anglais soit devenu l’une des langues officielles de Sint Maarten, le néerlandais risque de ne pas faire le poids et de ne pas tenir le coup face à une langue aussi puissante. Les faits démontrent qu’une fois que l’anglais est admis comme langue officielle au sein d’un organisme international ou national, les Américains, souvent aidés des Britanniques, font tous les efforts nécessaires pour éliminer les autres langues qui ne deviennent plus que des véhicules de traduction. Dans toutes les multinationales américaines basées à l’étranger, l’anglais sert de véhicule obligatoire dans l’utilisation des méthodes comptables pour les rapports de fin d’exercice. Dans la plupart des cas, les compagnies américaines fournissent à leurs succursales des logiciels made in USA qui accompagnent la même documentation que celle disponible aux États-Unis. Manifestement, les Américains ignorent la plus-value de la langue du pays lorsqu’ils y font des affaires. C’est pourquoi la co-officialité de l’anglais aux côtés du néerlandais et du papiamento ne saurait que rendre précaire la situation du néerlandais dans les Territoires néerlandais d'outre-mer. C’est à se demander si la disparition du néerlandais en Asie (par exemple, en Indonésie) et son utilisation formelle au Surinam ne préfigurent pas son extinction dans le reste des Antilles. Mais, bien sûr, il ne s'agit là que d'une hypothèse!

Dernière mise à jour: 19 déc. 2015

Bibliographie

ABENON, Lucien-René. Petite histoire de la Guadeloupe, Éditions L'Harmattan, Paris, 1992, 240 p.

Robert ALDRICH, Robert et John CONNELL. France's oversea's frontier, Cambridge University Press, Cambridge, 1992, 358 p.

BURAC, Maurice. Les Petites Antilles — Étude géographique des disparités régionales de développement, Presses Universitaires de Bordeaux, Bordeaux, 1989, tomes I (585 p.) et tome III (363 p.).

HARTOG, Johan. Curaçao Short History, trad. du néerlandais Virginia Gildeon Oenes, De Wit Stores N.V., Aruba (Antilles néerlandaises), 1979, 80 p.

MOREAU, Jean-Pierre. Les Petites Antilles de Cristophe Colomb à Richelieu, Éditions Karthala, Paris, 1992, 320 p.

PAGES, R. et Jean-Baptiste DU TERTRE. Histoire générale des Antilles, Éditions des Horizons caraïbes, Fort-de-France, 1973, tome I (590 p.), tome II (506 p.), tome IV (340 p.).

 
 

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