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Lettonie (Latvija) (1) Généralités |
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La république de Lettonie (en letton: Latvijas Republikas; en angl.: Republic of Latvia) est un pays dEurope du Nord-Est, bordé au nord-ouest par la mer Baltique et limité au nord par lEstonie, à lest par la Russie, au sud par la Biélorussie et la Lituanie (voir la carte). Par rapport à la Russie (9 725 200 km²), la Lettonie est un bien petit pays de 64 856 km², soit l'équivalent de la Lituanie (65 200 km²) ou du Sri Lanka (65 610 km²).La Lettonie fait partie des États baltes avec l'Estonie et la Lituanie. Les pays baltes représentent au total 175 000 km², avec une population de 7,5 millions d'habitants. Bordés par la mer Baltique à l'ouest, ils partagent leurs frontières avec la Russie, la Biélorussie et la Pologne. L'oblast de Kaliningrad, l'ancienne Königsberg allemande, enclavé entre la Lituanie et la Pologne, appartient à la Russie. La Lettonie est divisée administrativement en neuf republikas pilsētas ("municipalités") et et 110 novadi ("régions" ou "comtés") qu'il serait inutile de citer ici: Daugavpils, Jēkabpils, Jelgava, Jūrmala, Liepāja, Rēzekne, Rīga, Valmiera et Venspils. Il existe aussi quatre grandes «régions historiques» appelées vēsturiskie novadi : Kurzeme (ou Courlande), Zemgale, Vidzeme et Latgale (ou Latgalie). Ces régions n'ont pas de réel statut officiel (voir la carte ci-dessous). |
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En 2004, la Lettonie comptait 2,3 millions dhabitants. Des trois pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), la Lettonie est celui où la langue de la majorité, le letton, est numériquement la plus faible: 57,7 % de la population de la Lettonie parle la langue officielle, comparativement à 61,5 % en Estonie et 75,5 % en Lituanie. Le pays étant fortement urbanisé, plus d'un tiers de la population habitant la capitale, Riga. On peut dire, que, selon les quatre grandes régions historiques et culturelles de la Lettonie, la population est assez également répartie : 6,4 % pour le Latgale, 13,5 % pour le Kurzeme, 12,4 % pour le Zemgale et 11,2 % pour le Vidzeme. Le Latgale est la région la plus multi-ethnique du pays, car on y trouve des latgalophones, des russophones et des polonophones. |
2.1 La diversité ethnique
Les statistiques révèlent qu’en 1987 la Lettonie était composée de quelque 130 ethnies, alors que les Lettons ne formaient qu'une faible majorité de plus de 52 %. Aujourd'hui, la Lettonie ne compte plus qu'une trentaine de groupes ethniques, ce qui demeure énorme pour un pays de 2,3 millions d'habitants et c'est ce qui explique que la question linguistique puisse préoccuper autant les citoyens de ce petit pays, et ce, d'autant plus que les habitants «de souche», les Lettons, ne comptent que pour moins de 60 % de la population totale. Les habitants, quelle que soit leur origine ethnique, sont appelés Lettoniens ou, historiquement, Latviens. Cependant, pour les autorités lettones, le terme de
«Lettonien» n'a aucune valeur juridique. Seuls les Lettons, les Lives (Livoniens) et les Latgaliens (habitants du Latgale) constituent une «population autochtone», les autres sont considérés comme des «étrangers», même si certaines communautés (tsigane, juive, allemande, polonaises, russe, etc.) sont installées dans la région depuis quelques siècles. La plupart des Lettons sont des chrétiens luthériens, mais les populations slaves, notamment les Russes, les Ukrainiens et les Biélorusses, appartiennent à l'Église orthodoxe russe.
Dès le lendemain de l'indépendance, la Lettonie a adopté, le
15 octobre 1991, la Loi sur la citoyenneté. En 1997, on comptait encore plus de 300 000 «non-citoyens»
détenteurs dun permis de résidence. Le problème de
lintégration des «non-Lettons» nest pas facile à régler,
car les russophones sont massivement concentrés dans les centres
urbains industrialisés. Dans certaines villes, telles que Daugavpils,
Liepaja, Rezekne, Valmiera, Talsi et Riga, la capitale, les Lettons «de
souche» constituent même des minorités. Exception faite des conditions
reliées à d'âge,
il est exigé à quiconque est «non letton» la résidence
permanente, ainsi qu'une source légale de revenus, l'abandon de la double
citoyenneté (lire: russe), une connaissance de la langue
lettone, de l'histoire et de la Constitution du pays et une prestation
de serment à lÉtat letton. Pour ceux qui ne peuvent pas
demander la naturalisation, la Lettonie a légiféré
sur le statut des «non-citoyens» appelés maintenant «citoyens de
l'ex-URSS qui n'ont pas la citoyenneté lettone ou une autre citoyenneté». Le
tableau qui suit indique le nombre et la proportion des «citoyens», des «non-citoyens»
et des «étrangers». Le statut juridique
des groupes ethniques en 2005 Groupe ethnique Citoyens de Lettonie Non-citoyens Étrangers Total Groupe ethnique en
tant que pourcentage de la population totale Pourcentage de
citoyens
(Source: Institut letton)
dans le groupe ethnique
Lettons
1 349 539
2 120
1 033
1 352 692
58,9 %
99,8 %
Russes
346 746
288 207
21 084
656 037
28,6 %
52,9 %
Biélorusses
28 551
56 829
2 024
87 404
3,8 %
32,7 %
Ukrainiens
13 812
40 952
3 813
58 577
2,6 %
23,6 %
Polonais
40 642
14 885
556
56 083
2,4 %
72,5 %
Lituaniens
17 655
12 263
1 571
31 489
1,4 %
56,1 %
Juifs
6 418
2 796
360
9 574
0,4 %
67,0 %
Estoniens
1 522
658
349
2 529
0,1 %
60,2 %
Autres
21 919
14 159
5 599
41 677
1,8 %
52,.6 %
TOTAL
1 826 804
432 869
36 389
2 296 062
100,0 %
79,6 %
Force est de constater que la politique de naturalisation de la Lettonie n'a connu qu'un succès mitigé, car à l'exception des «Lettons» qui sont «citoyens» dans une proportion de 99,8 %, et les Polonais (72,5 %), le taux est demeuré relativement bas également chez les Russes (52,9 %), les Biélorusses (32,7 %), les Ukrainiens (23,6 %), les Lituaniens (56,1 %), les Estoniens (60,2 %), etc. En moyenne, cela signifie que plus de 18 % des 2,3 millions d'habitants (soit 432 869) n'ont pas leur citoyenneté. La question des naturalisations (loi du 22 juillet 1994) et du statut des anciens citoyens soviétiques (loi du 12 avril 1995) est restée à l'ordre du jour et elle na pas encore été réglée de façon définitive.
Par ailleurs, la question de l'émigration semble constituer une épine au
pied pur les autorités lettones. Depuis l'adhésion de la Lettonie à l'Union
européenne en 2004, le pays voit partir chaque année des dizaines de milliers
de citoyens vers l'Europe de l'Ouest, surtout en Irlande, au Royaume-Uni et en
Suède, là où les contraintes d'accès au travail sont minimes. La Lettonie est
considérée comme l'un des pays les plus pauvres d'Europe (avec la Moldavie).
Or, depuis que les Lettons ont accès aux marchés du travail de certains autres
pays, ils quittent leur pays. Ce sont en général des Lettons peu instruits,
disposant de peu de qualifications et qui gagnent de bas salaires, qui partent.
Facteur aggravant: ceux qui partent n'ont pas l'intention de revenir. 2.2 La
langue lettone Le
letton (en letton : latviešu) est la langue parlée par une faible majorité de la population: 58,7 %
(en 2004). Au point
de vue linguistique, le
letton est une langue
indo-européenne faisant partie des langues baltes
(avec le lituanien). Le letton est donc une langue très apparentée au
lituanien, mais il a subi davantage de transformations que le lituanien au
cours de son histoire. Le letton possède
des voyelles simples brèves dans les syllabes finales des mots, tandis que le
lituanien présente des diphtongues longues. Au plan grammatical, le letton, à
l'exemple du lituanien, est une langue dite flexionnelle, avec des déclinaisons
pour les noms (sept cas) et six groupes de conjugaison pour les verbes.
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Le letton compte trois principales variétés dialectales: les dialectes livoniens (letton: Lībiskais dialekts), les dialectes centraux ou letton occidental (letton: Vidus dialeks) et les dialectes latgaliens ou letton oriental (letton: Augšezemnieku dialeks). ļa) et dialectes de la région du Vidzeme. - Moyen-letton ou dialectes centraux (moyen letton): dialectes couroniens (Courlande), dialectes sémigaliens et dialectes du Vidzeme. - Haut-letton ou dialectes latgaliens (haut letton): dialectes séloniens et non séloniens. Chacune des ces grandes variétés est divisée en plusieurs sous-variétés. Il resterait environ une centaine de ces dislectes toujours en usage, surtout dans la région du Latgale où on emploie régulièrement les parlers locaux. Il ne faut pas confondre les dialectes avec les langues livonienne, couronienne, sémigalienne et sélonienne (latgalienne), aujourd'hui toutes disparues comme langues maternelles, sauf le latgalien. C'est le dialecte central du Vidzeme qui, depuis 1922, constitue la base de la norme standard du letton. Le letton utilise l'alphabet latin enrichi de signes diacritiques. |
Voici un exemple des variations dialectales du letton (source:
Laimute Balode
et
Axel Holvoet,
1999):
Français (trad.) | En pâturage, j'ai cousu une chemise, ayant pris la mesure près du chêne. |
Dialecte central | Ganos gāju, kreklu šuvu, pie ozola mēru ņēmu. |
Dialecte livonien | Ganes gāj, krekal šuj, pe ozal mēr jēm. |
Dialecte largalien | Gonūs goju, kraklu šyvu, pī ūzula māru jiemu. |
Les premiers
documents imprimés en letton sont des documents religieux tels qu'un catéchisme
romain catholique (1585), une version luthérienne (1586) et une traduction de
la Bible (1685). La première grammaire du letton est apparue au
XVIIIe siècle. La langue littéraire
moderne s'est développée au XIXe à partir de
l'une des variétés lettones du centre de la Lettonie.
Précisons que, dans le pays voisin, l'Estonie, l'estonien ne fait pas partie
des langues baltes, car il appartient
à la famille
ouralienne avec le finnois, le hongrois, le permiak, etc. Ainsi,
seuls la Lettonie et la Lituanie peuvent, linguistiquement parlant, prétendre
constituer un «État balte». Toutefois, en raison des caractéristiques géographiques,
politiques et démographiques, on a l'habitude de dire que la Lettonie, la Lituanie
et lEstonie font partie des «États baltes». La
Lituanie est à majorité catholique, tandis que la Lettonie et l'Estonie sont
protestantes. Il existe néanmoins une unité culturelle balte, visible par
exemple dans l'architecture hanséatique des grandes villes comme Tallinn, Riga
ou Vilnius.
- Le livonien
Soulignons que le live ou livonien est une
langue ouralienne maintenant
éteinte. Au recensement de 1925, il ne restait plus qu'environ 1200 locuteurs
du livonien. Leur nombre était descendu à une centaine en 1989 et à moins d'une
vingtaine aujourd'hui, toute des personnes âgées. L'État letton considère que
le live est une «langue autochtone» en Lettonie, alors que toutes les
langues autres que le letton sont des «langues étrangères». Le nombre de
personnes se considérant comme des Lives (Livoniens), sans toutefois parler la langue,
serait d'environ 230 individus. Rappelons qu'une assez bonne partie des Lettons ont des
Livoniens comme ancêtres.
- Le latgalien Le
latgalien, appelé latgalu volûda, est une langue
balte à l'instar du letton. C'est une langue à l'origine fortement apparentée au lituanien, avec lequel
elle partageait
des traits phonétiques, morphologiques, lexicaux et syntaxiques. À la
suite de nombreux emprunts lexicaux et syntaxiques, le latgalien est progressivement
devenu plus proche du letton. Au début du XXe
siècle, le nombre des locuteurs du latgalien était estimé à un million. Le latgalien fut
même déclaré la langue officielle de la région du Latgale en 1919. Mais il perdit
aussitôt son statut de langue officielle en 1920 et ne fut plus considéré par
les autorités que comme un «dialecte du letton». Lors de la Seconde Guerre
mondiale, les Latgaliens adoptèrent massivement le letton comme langue
maternelle. Les locuteurs du latgalien seraient
aujourd'hui d'environ 150 000 à le parler comme langue maternelle, mais,
ne l'oublions pas,
dans les statistiques officielles le latgalien est confondu avec le letton. La
plupart des Latgaliens habitent le Latgale, la partie orientale de la Lettonie. 2.2 Les langues minoritaires
Groupe ethnique
Lettons
52,2
%
1 396
100
58,7
%
1 356 081
Russes
34,0
%
902
300
28,8
%
664 082
Biélorusses
4,4
%
117 200
3,
9
%
88 998
Ukrainiens
3,4
%
89 300
2,6
%
59 403
Polonais
2,2
%
59 700
2,5
%
56 798
Lituaniens
1,3
%
34 100
1,4
%
31 840
Juifs
0,6
%
16 300
0,4
%
9 820
Tsiganes
0,3
%
7 200
0,3
%
8 436
Allemands
0,1
%
2 900
0,2
%
3 311
Autres
1,2
%
31 900
1,2
%
28 030 TOTAL
2 657000
2 309 339
Source: Recensement de 1989 et
1989
2004
- Les russes
Les Russes de Lettonie constituent une puissante minorité en Lettonie, car ils
représentent près de 30 % de la population. La moitié des Russes habitent dans
les grands centres urbains du pays. Ils forment, par exemple, quelque 43 % de la
population à Riga, 55 % à Daugavpils (dans le Sud), 50 % à Rēzenkne
(sans l'Est) et 32 % à Ventspils (près de la Baltique).
Les russophones sont majoritaires dans sept des huit plus grandes villes du
pays. Les
autres russophones sont dispersés un peu partout dans le pays, mais seuls 5 %
d'entre eux habitent dans des zones rurales ou dans de petites agglomérations
comptant moins de 1000 habitants. Le russe est également une langue seconde pour presque tous les
peuples minoritaires, et il est également compris par la majorité des «Lettoniens»
(habitants de la Lettonie).
Ces russophones parlent une variété de russe qui a subi l'influence du letton
dans son lexique et parfois dans la syntaxe. Bien que ce type de russe soit
compris à Moscou, il peut sembler archaïsant par rapport au russe moscovite.
Par ailleurs, on peut distinguer quatre catégories de locuteurs russophones:
1) les russophones résolument bilingues (env. 4 %); Il ne faut pas oublier que si près de 30 % de la population
parle le russe comme langue maternelle, presque tous les autres le
connaissent comme langue seconde. Il en résulte que 95 % de la population
peut s'exprimer en russe, soit comme langue maternelle soit comme langue
seconde. Il s'agit là d'un des héritages de l’occupation soviétique, alors
qu'il était obligatoire d’apprendre le russe.
- Les Biélorusses et les Ukrainiens
Comme les Russes, les Biélorusses (3,9 %) et les Ukrainiens (2,6 %) parlent des
langues slaves relativement proches
l'une de l'autre. Beaucoup de Biélorusses et d'Ukrainiens, installés en
Lettonie depuis longtemps, ont finalement perdu leur langue et se sont
russifiés. Rares sont ceux qui se sont lettonisés. Chez les Biélorusses,
certains sont même des descendants de Lettons russifiés, mais qui ont conservé
leurs patronymes lettons. Les mariages mixes ont souvent eu pour effet
d'avantager la russe aux dépens du biélorusse. Seul un cinquième des
Biélorusses auraient conservé l’usage de leur langue maternelle. Environ un
dixième des Biélorusses lettons sont nés en Lettonie, et presque un tiers
d’entre eux est de nationalité lettone.
Quant aux Ukrainiens (environ 60 000), la plupart sont nés en Ukraine et vivent
en Lettonie depuis une ou deux décennies. Aujourd’hui, la moitié des Ukrainiens
de Lettonie habitent Riga, les autres étant dispersés travers le pays, surtout
dans les villes telles que Liepaja et Ventspil.
- Les Polonais Les Polonais (2,5 %) sont
installés en Lettonie depuis le XVIe
siècle, alors que le territoire peuplés par les Lettons étaient sous la
souverainement de la Pologne. Les historiens croient que la majorité des
Polonais de la région du Latgale seraient en fait d'anciens Lettons et de
Biélorusses jadis polonisés, car il n'y a jamais eu d'immigration importante
des Polonais vers la Lettonie, sauf dans les années trente, alors que 20 000
ouvriers polonais ont quitté leur pays pour venir travailler dans des zones
rurales comme le Zemgale, puis le Kurzeme et le Vidzeme. On estime qu'à peine
20 % des Polonais de Lettonie parlent encore leur langue ancestrale. On trouve
des communautés polonaises importantes à Daugavpils (17 000) et à Riga (16
000), mais aussi dans le canton de Daugavpils (5000), où ils sont répartis dans
quelques communes (Svente, Demene et Medumi). - Les Lituaniens et les Estoniens Étant donné que la Lettonie a comme pays voisins l'Estonie au nord et la
Lituanie au sud, il est normal qu'il y ait eu des mouvements de
population entre les trois pays. On compte près de 35 000 Lituaniens (1,4 %) et
2600 Estoniens (0,1 %) vivant en Lettonie. Au point de vue culturel et
historique, ces deux communautés sont bien intégrées à la société lettone, et
près de la moitié de ces immigrants ont changé de langue maternelle (lituanien
ou estonien) pour adopter le letton. Lituaniens et Estoniens habitent soit
Riga, soit le long de la frontière avec la Lituanie ou de l'Estonie.
- Les Allemands Rappelons qu'au
XIIIe siècle
la Livonie constituait le «pays des chevaliers teutoniques» et qu'ils avaient
conquis le pays. Certains Allemands ont pu ainsi jouir de privilèges dans les
domaines de la vie politique, de la vie économique et de l'éducation
jusqu’à la fin du XIXe
siècle, alors qu'ils furent progressivement remplacés par les Russes. Ce n'est
qu'à la Seconde Guerre mondiale que la plupart des Allemands quittèrent la
Lettonie, mais plusieurs restèrent. De nos jours, moins de 3000 Allemands
vivent encore en Lettonie. - Les Tsiganes Les Tsiganes (0,3 %) de Lettonie sont installés dans le pays depuis
longtemps, soit environ quatre siècles. Ils parlent une des variétés de
tsigane, mais beaucoup d'entre eux sont bilingues (tsigane-letton), sinon
trilingues (tsigane-letton-russe). Les Tsiganes sont quelque peu défavorisés au
plan socio-économique dans la mesure où ils sont moins instruits et sont
souvent au chômage. - Les Juifs Les premiers Juifs sont arrivés en Lettonie il y a moins de quatre siècles.
Avant la Première Guerre mondiale, la communauté juive pouvait compter sur
environ 95 000 membres, soit environ 5 % de la population totale du pays. Mais
la population avait baissé à moins de 15 000 après la Seconde Guerre mondiale
pour remonter autour de 35 000 dans les années soixante-dix. Puis la moitié
d'entre eux ont immigré en Israël, attirés par les politiques d'immigration
avantageuses dans ce pays. Aujourd'hui, on dénombre plus de 15 000 Juifs en
Lettonie. Jusqu'au début du XXe siècle, la plupart des Juifs de Lettonie parlaient le
yiddish, une langue germanique, notamment dans le Latgale, mais ceux qui
habitaient le Kurzeme parlaient surtout l’allemand. Plus de 800 locuteurs
parleraient encore le yiddish (8 % des Juifs) aujourd'hui, les autres employant plutôt le russe
(79 %) ou le letton (9 %). Le yiddish demeure surtout une langue d'enseignement
pour les enfants de cette minorité religieuse. - Les autres minorités
Quant aux autres minorités, elles sont réparties
dans les centres urbains et industriels, notamment à Riga. Voici
la liste de tous les groupes ethniques transmise Groupe ethnique
Population Affiliation Langue Pourcentage 2,7 % 0,04 % 0,02 % - 100 %
Autrement dit, les Lettoniens parlent
des langues appartenant à divers groupes linguistiques: aux langues
slaves (russe, biélorusse, ukrainien, polonais), aux langues
baltes (lituanien), aux langues
germaniques (yiddish), aux
langues indo-iraniennes (tsigane, ossète, tadjik), ainsi qu'aux langues des familles ouralienne
(estonien), altaïque (tatar) et
caucasienne (géorgien et lesghien). 2.3 La langue maternelle des
minorités ethniques
De plus, il faut savoir que le recensement letton de l'année
2000 révèle la langue maternelle des membres des minorités nationales et
ethniques.
Groupe
ethnique
Nombre
Langue
%
letton
%
russe
%
autre
%
Lettons
1 370 703
1 311 093
96 %
1 311 093
96 %
48 242
4 %
11 368
1 %
Russes
703 243
664 743
95 %
31 141
4 %
664 743
95 %
7 359
1 %
Biélorusses
97 150
18 265
19 %
6 347
7 %
70 717
73 %
1 821
2 %
Ukrainiens
63 644
17 301
27 %
2 309
4 %
43 159
68 %
875
1 %
Polonais
59 505
11 529
19 %
11 727
20 %
34 340
58 %
1 909
3 %
Lituaniens
33 430
13 187
39 %
14 203
42 %
5 437
16 %
603
2 %
Juifs
10 385
825
8 %
918
9 %
8 211
79 %
431
4 %
Allemands
3 465
541
16 %
854
25 %
1 970
57 %
100
3 %
Source:
Recensement letton
de
l'année
2000
Le tableau qui précède montre que 96 % des Lettons connaissent le letton comme
, contre 4 % pour les Russes, 7 % pour les Biélorusses, 4 % pour les
Ukrainiens, 20 % pour les Polonais, 42 % pour les Lituaniens, 9 % pour les
Juifs et 25 % pour les Allemands. Quant au russe, il est parlé par 95 % des
Russes, 4 % des Lettons, 73 % des Biélorusses, 68 % des Ukrainiens, 58 % des
Polonais, 16 % des Lituaniens, 79 % des Juifs et 57 % des Allemands. Si les
Lettons et les Russes parlent surtout leur langue maternelle dans une
proportion de 96 % et 95 %, les Biélorusses l'ont conservée dans une proportion
de 19 %, les Ukrainiens 27 %, les Polonais 16 %, les Lituaniens 39 %, les Juifs
(yiddish) 8 %, les Allemands 16 %.
De son côté, depuis 1996, l' Institut balte des sciences sociales (IBSS) publie
des statistiques annuelles sur l’emploi des langues parmi les «non-Lettons».
Alors que, en 1996, quelque 36 % de ces derniers possédaient une bonne maîtrise
du letton et 22 % ne connaissaient pas du tout le letton, en 2000, cette
proportion était de 41 % et de 9 % (à titre de comparaison, environ 85 %
des Lettons auraient une bonne connaissance du russe). Moins de 30 % des
personnes âgées de plus que 50 ans semblent connaître assez bien le letton. Les
plus jeunes, qui ont passé par l'enseignement après l'indépendance, ont
généralement une meilleure connaissance du letton.
La situation géographique de la Lettonie, à
proximité de l'Estonie au nord, de la Lituanie au sud et de la Russie à l’est,
place ce pays dans une position stratégique à la jonction des aires d’expansion
des Allemands, des Polonais, des Suédois et des Russes. Ce n'est pas un hasard
si cette région fut la scène au cours des siècles de nombreux conflits
militaires entre les différents peuples qui ont occupé la Lettonie qu'on a
appelé, selon les époques, Ordre teutonique, Livonie, Courlande,
Lettonie indépendante, Ostland, Lettonie soviétique,
République de Lettonie.
Les tribus baltes arrivèrent sur leur
territoire actuel durant le troisièm
2) les russophones qui utilisent le letton de façon occasionnelle;
3) les russophones qui l'utilisent rarement et seulement lorsqu'ils ne peuvent
faire autrement;
4) les russophones strictement unilingues (la majorité).
linguistique
maternelle
Lettons
1
324 000
groupe balte
letton
57,7 %
Russes
679 000
groupe slave
russe
29,5 %
Biélorusses
94 000
groupe slave
biélorusse
4,1 %
Ukrainiens
62 000
groupe slave
ukrainien
Polonais
57 000
groupe slave
polonais
2,4 %
Lituaniens
32 000
groupe balte
lituanien
1,4 %
Juifs
10 000
groupe balte (letton)
groupe germanique
(yiddish)letton/yiddish
0,4 %
Tsiganes de la Baltique
8 000
groupe indo-iranien
tsigane
0,3 %
Allemands
3 400
groupe germanique
allemand
0,1 %
Tatars
3 400
famille altaïque
tatar
0,1 %
Moldaves
3 000
langue romane
moldave
(roumain)
0,1 %
Azerbaïdjanais (Azéris)
2 900
famille altaïque
azéri
0,1 %
Estoniens
2 600
famille ouralienne
estonien
0,1 %
Arméniens
2 000
isolat indo-européen
arménien
0,09 %
Tchouvaches
1 600
famille altaïque
tchouvache
0,07 %
Géorgiens
1 200
famille caucasienne
géorgien
0,05 %
Mordves
1 100
famille ouralienne
erzya
0,05 %
Kazakhs
1 100
famille altaïque
kazakh
0,05 %
Roumains
1 000
langue romane
roumain
0,04 %
Ouzbeks
900
famille altaïque
ouzbek
Bachkirs
700
famille altaïque
bachkir
0,03 %
Finnois
500
famille ouralienne
finnois
0,02 %
Ossètes
500
groupe indo-iranien
ossète
0,02 %
Oudmourtes
500
famille
ouralienne
oudmourte
Bulgares
400
groupe slave
bulgare
0,02 %
Hongrois
400
famille ouralienne
hongrois
0,02 %
Caréliens
400
famille ouralienne
carélien
0,02 %
Mari
400
famille ouralienne
mari
0,02 %
Tadjiks
400
groupe indo-iranien
tadjik
0,02 %
Grecs
300
groupe grec
grec
0,01 %
Lesghiens
300
famille caucasienne
lesghien
0,01 %
Livoniens (Lives)
20
famille ouralienne
live
(livonien)
0,0 %
Total
2 295 000
-
maternelle
correspondant
à l’ethnicité
Autre
langue
maternelle
3 Données historiques
3.1 Les Allemands, les Polonais et les Suédois
Ce fut dabord les croisés allemands qui, de 1237 à 1561,
convertirent de force les peuples baltes au christianisme, alors que la Lettonie
faisait partie de la Livonie (ou «État de Livonie»), le «pays des chevaliers teutoniques».
À cette époque,
la Livonie comprenait la
plupart des territoires de l'Estonie et de la
Lettonie. En 1561, la Pologne absorba une partie du pays, mais la Livonie fut
amputée de la Courlande et de l'Estonie, lesquelles passèrent sous le contrôle
des Suédois. La Pologne dut rendre le pays en 1621 aux
Suédois qui le perdirent à leur tour au
début du XVIIIe siècle,
annexé par les Russes lors du traité de Nystad (1721). Les premiers textes écrits en letton remontent au XVIe
siècle, alors que l’orthographe figurant dans les premiers ouvrages imprimés
était fondée sur les principes
orthographiques du bas-allemand du Moyen Âge, en recourant aux lettres
gothiques. Progressivement, le letton développa une écriture quasi phonétique,
les graphèmes du letton correspondant à leurs phonèmes
respectifs, un système qui est demeuré dans l’orthographe lettone moderne.
Enfin, après quelques guerres entre la Pologne et l'Empire russe, l’ensemble de la
Lettonie finit par être soumis au contrôle de cette dernière puissance en 1795. Les
Lettons ont tissé des liens avec différents peuples et ils ont emprunté de
nombreux mots au live, à l'allemand, au suédois, au polonais, à l'estonien, au
lituanien et au russe. En même temps, le latin fut utilisé pour les cérémonies
religieuses de l’Église catholique. Les lettres gothiques utilisées pour
transcrire le letton furent en vigueur jusqu’au début du XXe
siècle, sauf pour les volumes imprimés dans la partie orientale de la Lettonie.
En 1908, une nouvelle orthographe fut mise en place et remplaça les lettres
gothiques par l'alphabet latin et des ensembles de trois ou quatre consonnes
par une lettre d’orthographe ou par un digramme, en se servant de certains
signes diacritiques. Depuis la seconde moitié du XIXe
siècle, le letton devint une langue normalisée, riche en publications
linguistiques et en ouvrages littéraires. Au cours du
XVIIIe
siècle,
l'Empire russe prit possession des régions restées polonaises. Jusqu'à 1918,
la Livonie fut gouvernée par la Russie, même si les autorités locales
conservèrent leur pouvoir, notamment à Riga qui appartenait aux barons
baltes et/ou germaniques, les descendants des chevaliers teutoniques, ainsi
qu'aux Bürger, c'est-à-dire la bourgeoisie allemande. Dans les
principales villes, les Allemands, les Polonais, les Russes et les Juifs
contrôlaient entièrement la vie politique et économique, alors que les Lettons
étaient réfugiés dans les campagnes. C'est probablement cet isolement de la
société lettone qui a permis aux Lettons de conserver leur langue et leurs
traditions. Jusqu'à la fin du XIXe
siècle, malgré son ancienneté, le letton ne joua qu'un rôle de second plan en
Lettonie. C'était une langue essentiellement orale parlée surtout par les
paysans. Les grandes langues de culture du pays ont toujours été l'allemand et
le russe. 3.2 L'indépendance provisoire
(1918-1940) La Livonie fut partagée entre la Lettonie et
la Lituanie en 1918
Finalement,
Karlis Ulmanis, un
ancien dirigeant de l'Union des paysans,
fut élu chef du gouvernement provisoire
de la Lettonie. Les combats entre les
nationalistes, les bolcheviks et les Allemands se poursuivirent jusqu'en 1920,
alors que la Russie soviétique de Lénine signait un traité de paix avec la
république parlementaire de Lettonie en reconnaissant définitivement, le 11 août
1920, son indépendance.
Autoritaire et nationaliste, le président Ulmanis resta au pouvoir jusqu'en mai 1926, puis
de façon épisodique en 1931-1932, ainsi qu'en 1934 (après un coup d'État)
jusqu'en 1940. Au cours de cette période,
Karlis Ulmanis
entreprit de combattre les agressions extérieures allemandes ou russes, tout en
étant appuyé par la France et le Royaume-Uni.
En même temps, Ulmanis développa
Au cours de cette période, la
république lettone a néanmoins accordé aux minorités le droit de maintenir leurs
écoles en subventionnant les établissements d'enseignement en allemand, en
polonais, en russe et en ukrainien.
3.3
L'occupation russe
En 1939, l'URSS plaça des bases militaires en Lettonie, avant d'occuper le
pays et de proclamer, à la suite d'un semblant d'élections, la
«République socialiste soviétique de Lettonie», le 5 août 1940. La répression
policière débuta, alors que plus de 30 000 habitants qualifiés de «bourgeois»
ou d'«intellectuels» furent déportés en Sibérie. L'ancien président de la
république lettone, Karlis Ulmanis, fut déporté le 22 juillet 1940 dans le sud
de la Russie; il y mourra en 1942. Mais l'Allemagne nazie occupa la Lettonie en juillet 1941. Croyant que
c'était peut-être une bonne occasion de se libérer du «joug soviétique», de
nombreux Lettons s'enrôlèrent dans la Wehrmacht. Pendant ce temps, quelque 80
000 des 95 000 Juifs lettons furent exterminés par les nazis.
Il faut bien se souvenir quà partir
de 1940 le letton a perdu son statut de langue officielle de facto au profit du
russe. Le letton na plus été utilisé comme langue
de ladministration, sauf dans les bureaux locaux; les documents juridiques étaient dabord rédigés
en russe, puis traduits en letton au besoin; l’apprentissage du letton dans les
écoles russes était facultatif, etc., mais les écoles publiques ont
continué d'enseigner le letton aux seuls Lettons.
Néanmoins, le russe était une matière obligatoire dans les écoles lettones. Bref, les Lettons ont été dans l'obligation d’utiliser le russe dans la vie de tous les jours, bien que, il faut l'admettre, les Soviétiques n'aient jamais interdit la langue lettone en Lettonie.
Enfin, la
libéralisation politique en URSS, à la fin des années quatre-vingt, raviva le
nationalisme letton. Le gouvernement letton proclama l'indépendance en mai 1990
et le gouvernement soviétique la reconnut officiellement le 6 septembre 1991. Au
moment de l'indépendance, les Lettons ne formaient plus que 53 % de la
population de leur pays. 3.4 Le
rétablissement de l'indépendance On comprendra que la question de la préservation de la langue
lettone apparut comme une priorité avant même l'indépendance de facto. Les
dirigeants lettons avait développé la conviction que le letton était une
langue à la fois fonctionnellement minoritaire et en
danger de disparition. Il fallait donc instaurer le letton comme langue
officielle (unique) et placer son apprentissage et sa maîtrise comme une
condition préalable dans une politique d'intégration et d'accès à la
citoyenneté.
Dès 1988, le Parlement letton avait adopté la
Loi sur la langue afin de redonner au
letton son statut de langue officielle de la Lettonie. La même loi fut modifiée
en 1992 pour rendre au letton son rôle dans l’économie nationale et dans la vie
sociale. Mais le rétablissement L'actuelle république de Lettonie
a succédé légalement à la république
indépendante du même nom qui avait existé de 1918 à
1940. Cest pourquoi la Constitution de 1922, considérée
comme le texte juridique suprême, a continué à sappliquer
bien que des modifications aient été apportées en
1993 et en 1997; dautres modifications sont encore à prévoir
dans un proche avenir.
La situation linguistique lettonne connut de nombreux
changements, car les Russes refusèrent leur nouveau statut de «minorité».
L'objectif principal de la politique linguistique du gouvernement letton était
d'intégrer tous les citoyens et les «non-citoyens» sur la base de la langue
officielle, tout en ménageant et sauvegardant les langues des minorités
dites «ethniques» de la Lettonie. Le Parlement, appelé le Saeima, a
créé récemment une commission pour élaborer
une deuxième partie de la Constitution devant porter sur les droits
de l'homme. De nombreuses lois à incidence linguistique dans les
domaines de la justice, de l'éducation de l'Administration publique et des
médias furent adoptées entre 1991 et 2000. Ainsi, la Loi sur les langues
de 1989, jugée trop russophile, fut abrogée en 1999 lors de l'adoption de la
nouvelle Loi sur la langue officielle,
résolument lettonophile.
Depuis les années 1990, le letton
subit davantage l'influence de l'anglais à qui il a emprunté un certain nombre de mots.
En 1994, les Forces armées russes se retirèrent définitivement de la Lettonie.
En 1999, Mme Vaira Vike-Freiberga, une émigrante
lettone ayant vécu quarante-cinq ans au Canada, fut élue présidente de la
république de Lettonie; elle fut réélue en 2003 pour un nouveau mandat de
quatre ans. Lors d'un référendum tenu le 20 septembre 2003, la population s'est
prononcée dans une proportion de 67 % en faveur de l'adhésion à l'Union
européenne, le 1er mai 2004, la Lettonie
devenait membre de l'Union. La Lettonie a rejoint l'OTAN le 2 avril 2004.
Par ailleurs, le gouvernement de la Lettonie a approuvé, le 29 août 2006, un
projet de loi pour adhérer à l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF),
en tant qu'«observateur». Le projet ayant été approuvé par le Parlement, la
Lettonie a obtenu ce ce statut lors du Sommet de la Francophonie tenu en octobre
2008 à Québec (Canada).
Le 18 février 2012, la Lettonie devait organiser un référendum national
d'initiative populaire sur l’octroi d’un statut de «seconde langue
officielle» au russe, ce qui concerne le
Selon la Commission électorale de la Lettonie, à
la question «Voulez-vous que le russe soit la
deuxième langue officielle de la République balte?», 74,8 % des
personnes ont voté contre l'octroi du statut de langue co-officielle au
russe et 24,8 % ont voté pour ce statut à la langue russe. Le taux de
participation au référendum fut de 69 %, c'est-à-dire une très forte
participation pour un NON clair qui s'adresse en
particulier au mouvement pro-russe de Lettonie. De son côté, la Russie a
dénoncé le référendum jugeant que la victoire écrasante du non ne reflétait
pas la réalité, car quelque 319 000 «apatrides» — des immigrés russes de
l'époque soviétique, qui, à l’indépendance de la Lettonie en 1991, ont
échoué au test de langue lettone nécessaire à l’obtention de la nationalité
— ont été privés de leur droit de s'exprimer, alors que nombre d'entre eux
soient nés et vivent depuis longtemps en Lettonie. Le russe ne deviendra pas
la «seconde langue officielle» en Lettonie.Dernière mise à jour:
10 avr. 2022