AUPARAVANT |
Loi fédérale sur l'éducation |
Niveau (Nivel) |
Structure (Estructura) |
Âge (Edad) |
Structure (Estructura) |
Niveau (Nivel) |
Préscolaire (Preescolar) |
Jardin d'enfants (Jardín de Infantes) |
- de 3 |
Maternelle (Jardín Maternal) |
Initial (Inicial) |
3 / 5 |
Jardin d'enfants (Jardín de Infantes) |
Primaire (Primario) |
1º degré (grado) |
6 |
1º année (año) |
1º cycle (ciclo) |
E.
G.
B. |
2º degré |
7 |
2º année |
3º degré |
8 |
3º année |
4º degré |
9 |
4º année |
2º cycle |
5º degré |
10 |
5º année |
6º degré |
11 |
6º année |
7º degré |
12 |
7º année |
3º cycle |
Secondaire (Medio / secundario) |
1º année (año) |
13 |
8º année |
2º année |
14* (non obligatoire) |
9º année |
3º année |
15 |
1º année |
Polymodal (Polimodal) |
4º année |
16 |
2º année |
5º année |
17 |
3º année |
- L'enseignement polymodal
|
L'éducation appelée «polymodale» ─ on dirait
davantage en français «multimodale» ─ était un type d’enseignement
utilisé il y a quelques années en Argentine pour remplacer ce qui
correspondrait à un lycée en France. Depuis 2012, cet enseignement a
été remplacé par le cycle supérieur de l'enseignement secondaire,
lequel est achevé une fois le cycle inférieur de l'enseignement
secondaire terminé. L'enseignement dit polymodal, aujourd'hui aboli,
faisait partie de l’enseignement secondaire, mais il n'était pas
obligatoire, ni pour les élèves ni pour les autorités provinciales.
Dans les provinces d'Argentine qui ont adopté cet enseignement, sa
durée était de trois ans. Une fois le niveau polymodal terminé,
l’étudiant âgé de 15 à 17 ans, pouvait en principe entrer à
l'université.
L'enseignement polymodal est apparu en 1993, lors de
la mise en œuvre de la Loi fédérale sur l'éducation.
La principale innovation du «polymodal» fut de modifier la
distinction entre l'enseignement primaire (sept ans) et celui du
secondaire (cinq ans), puis de mettre en place une EGB (Educación
General Básica) obligatoire d'une durée de neuf ans, avec une
«polymodale» non obligatoire de trois ans. Cet enseignement voulait
offrir différentes orientations en fonction de l'intérêt de l'élève.
Les matières étudiées dans l'éducation polymodale étaient les
suivantes: l'espagnol, les mathématiques, les sciences sociales, les
sciences humaines, l'éducation physique, les langues étrangères, les
sciences de la nature, l'éthique et la formation à la citoyenneté et
les technologies. |
De nombreux éducateurs argentins ont critiqué le système
polymodal depuis ses débuts parce qu'il prolongeait l'enseignement fondamental
sans toutefois permettre l'incorporation de disciplines spécifiques et
nécessaires en vue de l'intégration future des étudiants sur le marché du
travail. De fait, on a reproché à cet enseignement de ne pas préparer
correctement l'étudiant à entrer pleinement dans le marché du travail, ni lui
assurer la formation nécessaire pour pouvoir poursuivre des études supérieures à
l'université.
Ce type d'enseignement a été remplacé en 2006, mais sa pratique
a été maintenue pendant plusieurs années, jusqu'à ce que les différentes
cohortes d'élèves qui l'avaient commencé puissent le compléter. La coexistence
du «polymodal» avec le système d'éducation traditionnelle (primaire/secondaire)
au niveau national a aussi créé une confusion et de nombreuses complications
diverses. Enfin, l'abolition de ce cycle scolaire a été bien accueillie dans le
monde de l'éducation en Argentine.
4.2 L'enseignement de l'espagnol
En matière d'éducation, l'État central a développé une activité intense, surtout dans le cadre de la réforme scolaire (''Reforma Educativa''). Dans de nombreux documents et les assemblées de consultation avec des intervenants en éducation, les autorités du ministère de l'Éducation nationale ont explicité les orientations de la politique linguistique. Dans les grandes lignes, il est convenu d'inculquer à tous les habitants du pays, que ce soit les hispanophones (''hispanoablantes'') ou les allophones (''alófonos''), un savoir pratique en communication orale et écrite (''comunicación verbal y escrita''), ce qui signifie en sous-entendu en castillan. Il est également prévu que l'anglais doit être une matière obligatoire enseignée à partir de la quatrième année de la scolarité, bien que la politique soit déclarée favorable au plurilinguisme (''plurilingüismo''). Le document officiel le plus explicite en matière d'éducation demeure, outre la Loi fédérale sur l'éducation de 1993 (qui est complété par la Loi sur l'éducation nationale de 2006), l'Accord-cadre pour l'enseignement des langues de 1998. Voici ce qu'indique le document du ministère la Culture et de l'Éducation au sujet de l'espagnol dans l'Accord-cadre de 1998 (art. 4):
Article 4
L'espagnol
L'espagnol est l'appellation standard utilisée par la majorité des constitutions latino-américaines de langue espagnole. Le castillan est le terme qui renvoie à une variété régionale de l'espagnol.
En Argentine, l'espagnol est la langue parlée par la majorité des habitants du pays; c'est la langue d'usage courant dans les documents officiels, à l'école et le monde du travail, et c'est pourquoi son acquisition et son maniement efficace est une condition fondamentale de l'équité et de la participation à la communauté nationale. En outre, l'espagnol est l'une des deux langues officielles du Mercosur; il permet l'intercompréhension avec le reste des pays de l'Amérique latine et constitue la seconde langue véhiculaire en Occident, avec un vertigineux rythme de croissance.
L'acquisition de l'espagnol dans les registres et les variétés normalisées, qui permet une insertion sociale positive au sein de la communauté nationale, doit être accompagnée du respect et de l'évaluation des règles linguistiques et culturelles dans son contexte familial et social.
Dans notre pays, il y a des communautés pour lesquelles l'espagnol n'est pas une langue maternelle, et c'est pourquoi l'intégration sociale de leurs membres suppose l'apprentissage de l'espagnol comme langue seconde au moyen de méthodologies spécifiques. |
Pour le gouvernement de l'Argentine, l'espagnol est jugé nécessaire pour les communautés allophones du pays parce que, d'une part, c'est «la langue parlée par la majorité des habitants du pays», d'autre part, c'est «la langue d'usage courant dans les documents officiels, à l'école et le monde du travail». Surtout, selon les autorités, l'acquisition de l'espagnol «permet une insertion sociale positive au sein de la communauté nationale».
L'article 27 de la Loi sur l'éducation nationale (2006) énonce que l'enseignement primaire a pour but d'offrir des possibilités équitables à tous les enfants pour l'apprentissage, entre autres, de la langue (nationale) et des langues étrangères:
Article 27
L'enseignement primaire a pour but d'offrir une formation intégrale, fondamentale et commune, et dont les objectifs sont :
c) d'offrir des possibilités équitables à tous les enfants pour l'apprentissage de savoirs significatifs dans les divers domaines de la connaissance, spécialement pour la langue et la communication, les sciences sociales, les mathématiques, les sciences naturelles et l'environnement, les langues étrangères, l'art et la culture, ainsi que la capacité de les appliquer dans des situations de la vie quotidienne. |
L'article 30 de la Loi sur l'éducation nationale est plus précis, car elle énonce que l'un des objectifs de cet enseignement est de développer les compétences linguistiques, orales et écrites, de la langue espagnole ("lengua española") et de comprendre et s'exprimer dans une langue étrangère ("una lengua extranjera"):
Article 30
L'enseignement secondaire dans toutes ses modalités et ses orientations a pour but d'habiliter l'adolescent et le jeune au plein exercice de la citoyenneté par le travail et la poursuite des études.
Les objectifs de cet enseignement sont :
d) de développer les compétences linguistiques, orales et écrites, de la langue espagnole et de comprendre et s'exprimer dans une langue étrangère. |
L'article 13 de la Loi n° 14.473 sur le statut d'enseignant (1958) impose la maîtrise de la langue castillane ("el idioma castellano") aux enseignants :
Article 13
Pour entrer dans l'enseignement selon les modalités fixées par la présente loi et ses règlements, le candidat doit remplir les conditions générales et simultanées suivantes:
a) Être un citoyen argentin, de naissance ou par naturalisation. Dans ce dernier cas, il faut avoir au moins cinq ans de résidence continue dans le pays et maîtriser la langue castillane; |
Il s'agit là d'une disposition normale pour enseigner dans la langue officielle d'un pays.
4.3 L'enseignement des langues étrangères
De nombreux parents considèrent que l'apprentissage d'une ou de plusieurs langues étrangères est un élément central de l'éducation de leurs enfants. Ainsi, les langues, en particulier l'anglais, seraient une exigence incontournable dans le monde d'aujourd'hui, car elles permettraient un grand nombre de possibilités d'emplois pour l'avenir des jeunes. L’importance de l’apprentissage des langues paraît donc indiscutable. Cependant, il n'y a pas d'accord sur ce que cet enseignement doit comprendre et quand il doit commencer. Il existe différentes manières d'apprendre une langue étrangère à l'école :
1. La méthode «Langues vivantes» ("Lenguas Vivas")
: les élèves suivent cinq heures d’enseignement en anglais ou en français par semaine. Au niveau secondaire, le latin (3 heures d'enseignement) et une seconde langue étrangère (3 heures supplémentaires) sont incorporés pendant trois ans.
2. Les écoles plurilingues ("Escuelas Plurilingües") : au primaire, les élèves ont 8 heures hebdomadaires de cours de langues étrangères commençant en 1re année. À partir de la 4e année, une deuxième langue étrangère est incorporée avec un apprentissage supplémentaire de 3 heures par semaine. En 6e et en 7e année, la première langue est réduite d'une heure par semaine, ce qui permet d'augmenter la charge de travail destinée à la deuxième langue étrangère.
3. Les cours intensifs en langues étrangères ("Intensificación en lenguas extranjeras") : principalement dans les écoles privées. Ce type d'enseignement dispose de 15 heures hebdomadaires consacrées à l’enseignement de la langue étrangère. Il commence au niveau initial et met l'accent sur le développement des compétences linguistiques.
4. Les écoles bilingues (Colegios bilingües ) : dans les écoles privées, leur charge de travail est plus importante (15 à 20 heures par semaine), car cet enseignement commence au niveau initial, alors que le contenu des cours est généralement enseigné dans la langue étrangère. Dans de nombreux cas, ces écoles offrent la possibilité de passer des examens internationaux.
En ce qui concerne le moment opportun pour commencer à enseigner une langue étrangère, il est proposé d'exposer les enfants aux langues étrangères dès leur plus jeune âge, car la croyance populaire laisse entendre qu’à ce moment les enfants sont plus réceptifs pour apprendre une ou plusieurs langues. En d’autres termes, tant que l’apprentissage d’une première langue étrangère commence avant la puberté, il devrait être possible d’atteindre d’excellents résultats, pourvu que certaines autres conditions soient remplies, que ce soit par exemple une exposition suffisante ou une motivation minimale, des méthodes d’enseignement adéquates, des enseignants qualifiés, etc.
L'Accord-cadre pour l'enseignement des langues (art.
2) de 1998 propose, dans le cas des communautés allophones, de «concevoir une organisation de la diversité linguistique et culturelle, permettant la participation effective des communautés linguistiques à travers les apprentissages formels de l'école», de «favoriser la pluralité linguistique et culturelle», de «favoriser l'interculturalité en facilitant la communication et l'intercompréhension avec les personnes parlant cette langue dans les différentes communautés d'origine étrangère»:
Article 2
Les objectifs
Le présent accord ordonne :
[...]
c. De concevoir une organisation de la diversité linguistique et culturelle permettant la participation effective des communautés linguistiques au moyen des apprentissages formels de l'école.
d. De favoriser par la suite la pluralité linguistique et culturelle, en respectant le rôle social de chaque langue par la promotion de processus d'éducation, d'apprentissages et d'acquisitions efficaces.
e. De faciliter l'enseignement de l'espagnol comme langue seconde tout au long des niveaux du système d'éducation argentin (Éducation initiale, Éducation générale de base et Éducation polymodale) dans les cas de communautés qui n'ont pas l'espagnol comme langue maternelle.
g. De favoriser l'interculturalité en facilitant la communication et l'intercompréhension entre les locuteurs parlant la langue des différentes communautés d'origine étrangère, qui habitent le pays.
h. D'établir les critères généraux pour l'enseignement de trois niveaux des langues étrangères tout au long du système d'éducation argentin (Enseignement initial, Enseignement général de base et Enseignement polymodal). |
Pour la réalisation des dispositions prévues dans les cycles de base pour l'enseignement des langues étrangères les provinces du pays doivent promouvoir l'introduction progressive de programmes disposant, d'une part, d'un minimum de deux niveaux d'enseignement des langues étrangères, dont un qui doit être en anglais (EGB: Educación General Básica); d'autre part, d'un autre niveau d'enseignement dans une des langues étrangères adoptées dans l'enseignement général de base ou un niveau d'une autre langue étrangère (enseignement polymodal). Les options sont les suivantes
(art. 6) :
a) au moins un niveau d'anglais comme langue des communications internationales et de deux niveaux dans une autre langue étrangère choisie;
b) au moins deux niveaux d'anglais et un niveau dans une autre langue étrangère choisie;
c) au moins trois niveaux d'anglais.
De façon générale, l'apprentissage d'une langue étrangère débute dès la 4e année de l'école primaire. En fonction des choix présentés, les provinces et la Ville de Buenos Aires doivent garantir l'enseignement progressif des langues étrangères à partir de la 7e année de l'enseignement général de base (EGB: Educación General Básica).
- L'anglais
En 2010, les élèves du primaire apprenaient l'anglais dans une proportion de 96 %, ce qui laissait peu de place à l'enseignement des autres langues telles que l'italien, le français, le portugais ou l'allemand. Au secondaire, la proportion de ceux qui étudiaient l'anglais était de 91%, le reste des 9 % se répartissait entre les autres langues. En Argentine, aucune langue étrangère en particulier, que ce soit l'anglais ou une autre langue, n'est obligatoire en vertu de la loi, bien que les écoles soient dans l'obligation d'enseigner au moins une langue étrangère, sans en préciser une en particulier. L'article 87 de la Loi sur l'éducation nationale (2006) impose «l'enseignement d'au moins une langue étrangère est obligatoire dans toutes les écoles primaires et secondaires du pays»:
Article 87
L'enseignement d'au moins une langue étrangère est obligatoire dans toutes les écoles primaires et secondaires du pays. Les stratégies et les modalités d'application de la présente disposition seront fixées par des résolutions du Conseil fédéral de l'éducation. |
L’Argentine est le seul pays d’Amérique latine à connaître un niveau relativement élevé de maîtrise de l’anglais. Selon la First English Proficiency Index, qui mesure l'indice de compétence en anglais, l'Argentine atteint 58,40 points (2018), ce qui est considéré comme «très bon», quand on sait que la France atteint 55,49 points; la Russie, 52,96; le Portugal, 60,02; la Suisse, 61,77; l'Allemagne, 63,74; la Finlande, 65,86; la Suède, 70,72. Cela signifie que les adultes en Argentine peuvent en principe «faire une présentation au travail» en anglais, «comprendre une émission de télévision» ou «lire un journal» dans cette langue.
Les bons résultats des jeunes Argentins en anglais contrastent cependant avec l'une des conclusions importantes que le classement mondial démontre: l'Argentine et le Brésil sont les deux pays d'Amérique latine, parmi les dix pays étudiés, avec les pires politiques d'enseignement public en matière d'apprentissage de l'anglais dans les écoles primaires et secondaires. Par exemple, les politiques publiques concernant la performance des élèves et des étudiants ne prévoient pas d'instrument de mesure pour la maîtrise des langues, que ce soit pour l'anglais ou pour toute autre langue, ni d’objectifs de maîtrise de la langue conformes à des normes prévues. Il n’existe pas non plus d’évaluations standardisées de l’apprentissage de l’anglais ou d'une autre langue dans le système scolaire. Enfin, la qualification des enseignants en anglais laisserait grandement à désirer, car ces derniers démontrent en général un faible niveau de maîtrise de cette langue.
- Le portugais
|
Nous savons que l'Argentine et le Brésil sont les deux plus importants pays en termes de superficie et de population en Amérique du Sud: 2,7 millions de km² pour l'Argentine et 8,5 millions de km² pour le Brésil. Ces deux pays sont relativement voisins et ont comme langue officielle, l'espagnol pour l'un et le portugais pour l'autre. Cependant, les deux pays ont des populations très différentes: 44 millions pour l'Argentine et 175 millions pour le Brésil.
Or, l'Argentine et le Brésil ont signé un accord pour l'enseignement de leur langue officielle dans l'autre pays. En Argentine, la Loi n° 25.181 approuvant l'Accord de coopération en matière d'éducation avec la République fédérative du Brésil (1997) rendait effective la convention entre les deux pays. L'article IV de la Convention stipulait que «chaque partie doit promouvoir [...] l'introduction dans l'enseignement du contenu des cours d'éducation fondamentale et/ou moyenne la langue officielle de l'autre partie». Les deux États s'engageaient à offrir pour 2016 des cours d'espagnol ou de cours de portugais, selon le cas. C'était l'offre de cours qui était obligatoire, pas le cours de langue lui-même, car celui-ci devait demeurer facultatif pour les élèves et les étudiants du primaire et du secondaire. Autrement dit, chaque État s'engageait à offrir une deuxième langue étrangère facultative dans le programme officiel de leur ministère de l'Éducation. C'était l'objet en Argentine de la Loi n° 26.468 établissant que toutes les écoles secondaires du système d'éducation nationale doivent inclure une offre de programme d'enseignement du portugais en tant que langue étrangère, conformément à la loi n° 25.181 (2009). |
Voici quelques articles de la loi n° 26.468 de 2009 :
Article 1er
Toutes les écoles secondaires du système d'éducation nationale, dans leurs différentes modalités, doivent inclure une offre de programme d'enseignement de la langue portugaise en tant que langue étrangère, conformément à la loi n° 25.181. Dans le cas des écoles situées dans les provinces limitrophes de la République fédérative du Brésil, cette offre doit être incluse dès le primaire.
Article 3
Le cursus de l'offre de programme d’enseignement de la langue portugaise doit avoir un caractère facultatif pour les étudiants.
En accord avec le Conseil fédéral de l’éducation, le ministère de l'Éducation, de la Science et de la Technologie doit organiser des mesures propres à stimuler leur participation à cette offre de programme. Article 5
Conformément à l'article 139 de la loi n° 26.206, l'Institut national de formation des enseignants doit élaborer et mettre en œuvre un plan pluriannuel visant à promouvoir la formation des enseignants de langue portugaise pour la période 2008-2016, comprenant un programme de formation continue en service, d'application progressive, pour l'enseignement du portugais.
Le ministère de l'Éducation, de la Science et de la Technologie, par l'intermédiaire des organismes compétents, doit inviter les universités à promouvoir des offres universitaires pour la formation des enseignants de portugais, lesquelles seront intégrées au plan pluriannuel susmentionné. |
Cette loi parrainée par des représentants de divers partis politiques et de différentes provinces, et soutenue par le ministère de l'Éducation, fut approuvée le 5 novembre 2008 à l'unanimité et sans modifications par la Commission de l'éducation du Sénat argentin, puis elle s'est rendue au Sénat pour approbation. La promulgation de la loi n° 26.468 a ouvert une série de possibilités pour améliorer la coopération entre le Brésil et l'Argentine, acquérant ainsi un caractère stratégique dans la relation bilatérale à long terme, et non seulement dans les domaines de l'éducation et de la culture. En effet, la loi implique des défis importants, notamment en ce qui concerne la formation et la qualification des enseignants de langue portugaise en Argentine, ainsi que la définition de l'échelle des programmes à appliquer.
Il convient de rappeler qu’en vertu de la loi brésilienne n° 11.161 du 5 août 2005, d’une durée de cinq ans pour parachever son application, le gouvernement brésilien avait déjà rendu obligatoire l’offre d’espagnol dans les contenus de ses programmes scolaires de niveau secondaire dans toutes les écoles brésiliennes, cela étant entendu que le cours lui-même demeurait facultatif pour les élèves.
À la fin des années 2010, le portugais occupait la seconde place (8,3 %) après l'anglais, et il était suivi par le français (7,6 %) et l'italien (6,9 %). Malgré les apparences, le développement des relations commerciales entre l’Argentine et le Brésil, surtout depuis le Mercosur, ont fait en sorte que beaucoup d'entreprises exigent maintenant de leurs employés qu'ils parlent le portugais. Par conséquent, le nombre d’étudiants universitaires qui souhaitent le connaître a augmenté, tandis que les postes vacants dans les instituts sont complets et les enseignants font défaut. Néanmoins, si le portugais vient en deuxième place après l'anglais, il traîne très loin derrière.
- Le français
La politique d'enseignement du français à l’égard de l’Argentine peut être divisée en deux grandes parties à partir de 1960. Auparavant, la France avait soutenu l’Alliance française et la formation d'enseignants, alors que la Maison de l'Argentine avait créé à la Cité universitaire de Paris en 1928 et le Collège français à Buenos Aires en 1934, puis l’Institut français d’études supérieures en 1942. Il s'agissait 'initiatives non encore inscrites dans une politique de l'État français. En revanche, vers 1959, une véritable politique linguistique du gouvernement français fut élaborée. Dans le cadre de la volonté gaulliste de renforcer l’image de la France à l’étranger et de promouvoir ses échanges commerciaux, la Ve République avait développé les échanges culturels et linguistiques. L'Argentine, engagée dans la modernisation de l'éducation, accueillit positivement les initiatives françaises visant à fournir des ressources pédagogiques en échange de la garantie de l'option de trois années de français et de deux années d'anglais dans les écoles d'enseignement secondaire.
Cependant, l’avenir de l'enseignement du français en Argentine ne dépend plus aujourd'hui des initiatives de la France, mais uniquement de la politique linguistique argentine. Après la réforme de l’enseignement de 1993, il a été décidé de remplacer le français par le portugais dans les écoles. Les influences du français parurent minimes comparativement au portugais du Mercosur, particulièrement pour l'intégration sud-américaine. Pour l'instant, toutes les enquêtes montrent que la connaissance du français va de pair avec l'âge et le statut social des individus, ce qui indique que la connaissance du français demeure limitée à une faible proportion de la population argentine.
Cette réalité met en quelque sorte en échec certaines dispositions de la Loi fédérale sur l'éducation (1993) sur la nécessité de promouvoir le multilinguisme dans les écoles. Il en résulte que, dans certaines provinces, l'enseignement du français a été supprimé, que des heures en français ont été réduites et ont été attribuées à d’autres matières, que dans de nombreuses écoles le français est devenu une matière optionnelle, que des enseignants ont dû se recycler pour ne pas perdre leur emploi, etc. La situation semble être aggravée par d'autres facteurs conjoncturels, notamment par la demande constante de la langue anglaise sur le marché du travail. Le résultat final pour les élèves et les étudiants fait en sorte que leur langue maternelle, l'espagnol, est employée avec beaucoup d'anglicismes: cool, outfit, thriller, crossfit, tablet, baby sitter, boom, CD, mouse, email, snob, break, marketing, comics, casting, gasfitter, jogging, lunch, meeting, shopping, running, etc.
Selon la Fundéu BBVA (Banco Bilbao Vizcaya Argentaria), la «Fondation de l'urgence espagnole», les anglicismes connaîtraient une augmentation exponentielle. L'objectif principal de la Fondation est d'assurer l'emploi correct de la langue espagnole dans les médias, en particulier dans l'actualité; elle bénéficie des conseils de l'Académie royale espagnole. La Fondation publie des recommandations ou des conseils sur une base quotidienne concernant l'emploi correct de l'espagnol. Ces conseils sont publiés sur son site Web et distribués au moyen des réseaux sociaux, des lignes de l'agence de presse internationale EFE et d'une liste de diffusion gratuite comptant plus de 50 000 abonnés.
D'autres langues sont également enseignées en Argentine, notamment l'italien et l'allemand, en raison de la présence de descendants et des liens bilatéraux existants avec d'autres pays, dont l'Italie et l'Allemagne. Nous trouvons également des écoles liées aux communautés juive, arménienne, japonaise et coréenne, qui enseignent respectivement l'hébreu, l'arménien, le japonais, le chinois ou le coréen. Dans ces établissements, différentes langues sont enseignées pour accéder aux cultures concernées, mais les contenus des matières ne sont pas nécessairement enseignés dans ces langues. Ce sont, autrement dit, des écoles bilingues, du type espagnol-arménien, espagnol-japonais, etc.
4.4 L'enseignement supérieur
L’Argentine est dotée de plusieurs catégories d’établissements d’enseignement supérieur, chacun ayant une fonction précise. L’offre est répartie presque équitablement entre les établissements publics, presque gratuits, et les établissements privés qui demandent des frais d’inscription nettement plus importants.
- Les universités
Elles offrent des formations de premier, de deuxième et de troisième cycle, et proposent des enseignements théoriques dans les domaines généraux de l’économie, du droit, de l’ingénierie, des sciences sociales, de la médecine, etc. On compte au moins 47 universités publiques en Argentine et 46 universités privées, auxquelles il convient d'ajouter une université étrangère et une université internationale offrant des cours en anglais. Sauf cette exception, tous les cours se donnent en espagnol.
- Les instituts universitaires
Ce sont des établissements spécialisés dans un seul domaine d’enseignement, contrairement aux universités qui sont multidisciplinaires. On retrouve des instituts spécialisés en espagnol dans l’aéronautique, la technologie, la santé, le commerce, l’informatique, etc. Ils proposent des diplômes de niveau "Licenciatura" ou "Maestria" dans des domaines précis d'ordre professionnel. Des "Doctorados" peuvent aussi être proposés, mais de façon plus limitée. On compte 7 instituts universitaires publics et 12 instituts universitaires privés.
L'article 2 de la Loi n° 24.521 sur l'enseignement supérieur (1995) reconnaît qu'il est de la responsabilité de l'État et des organismes sous sa juridiction de «garantir l'égalité des chances et des conditions d'accès», et des «promouvoir des politiques d'inclusion dans l'enseignement, qui reconnaissent également les différentes identités de genre et les démarches multiculturelles et interculturelles»:
Article 2
La responsabilité principale et non transférable de l’État national, des provinces et de la ville autonome de Buenos Aires, en matière d’enseignement supérieur, implique:
a) de garantir l'égalité de chances et des conditions d'accès, de permanence, de grade et d'accès dans les différentes alternatives et trajectoires d'enseignement du niveau pour tous ceux qui en ont besoin et qui remplissent les conditions légales établies dans la présente loi;
b) d'assurer équitablement, dans l'enseignement supérieur, la gestion de l'État, des bourses, des conditions d'infrastructures adéquates et des ressources technologiques appropriées pour tous ceux qui souffrent de déficiences économiques vérifiables;
c) de promouvoir des politiques d'inclusion dans l'enseignement, qui reconnaissent également les différentes identités de genre et les démarches multiculturelles et interculturelles; |
Dans l'enseignement supérieur, l'Argentine a toujours pratiqué une politique à caractère élitiste et exclusif en raison d'examens d'entrée très exigeants, ce qui ne peut que favoriser l'accès universitaire à des groupes économiquement aisés, alors que la société argentine présente un contexte avec différents groupes sociaux, parmi lesquels on trouve des immigrants et des peuples autochtones. Ainsi, il n'existe guère de mesures pour promouvoir des politiques d'inclusion dans l'enseignement, qui reconnaissent également les différentes identités de genre et les démarches multiculturelles et interculturelles. Il faudrait plutôt recourir à des mesures d'action positive ou de discrimination positive dans le but de favoriser l'accès à l'enseignement supérieur pour tous les citoyens, y compris les autochtones. Dans la situation actuelle, les Argentins se perçoivent comme un pays blanc, culturellement homogène et lié aux valeurs et aux traditions des immigrants européens.
5 Les médias argentins
À l’heure actuelle, les médias jouissent d’une entière liberté d’expression en Argentine. Depuis l’instauration de cette mesure dans la Constitution, la presse joue un rôle important dans le développement social et politique du pays. En plus de cette croissance avérée, les médias contribuent au déploiement de l’économie en Argentine qui bénéficie d'un large secteur de médias présentant une pluralité de points de vue. Après le Brésil, l'Argentine représente le second marché en termes de lectorat en Amérique latine. Rappelons que l'Argentine est un pays très étendu, car il s'agit du deuxième plus grand pays d'Amérique latine (2,7 millions km²; France : 547 030 km²)) et du huitième plus grand pays du monde. D'ailleurs, l'Argentine est la deuxième économie d'Amérique du Sud à faire partie du G20, ce qui la place parmi les pays les plus développés au monde.
5.1 La concentration des médias
La propriété des médias argentins demeure un domaine où la concentration est élevée. Les principaux médias sont aux mains de quelques sociétés qui déterminent ce que les Argentins vont lire, voir et entendre, et ce, pour la grande majorité des 44 millions d’Argentins. En effet, les quatre plus grands conglomérats concentrent près de la moitié de l'audience nationale dans tous les médias, et 25 % de cette audience est dans les mains du Groupe Clarín. Celui-ci détient, outre le journal Clarín («clairon» en français), le quotidien au plus fort tirage du pays (avec 400 000 exemplaires), Canal 13, la principale chaîne de télévision argentine, ainsi qu'une part significative des marchés de l'impression, de la diffusion et des services Internet.
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Selon une enquête menée par le Media Ownership Monitor (MOM) en Argentine, la plupart des médias appartiennent à quelques sociétés situées dans la zone métropolitaine de Buenos Aires. Ces sociétés concentrent des clientèles, des revenus de la publicité privée et officielle, ainsi que des réseaux de production et de distribution d’informations. Pendant ce temps, les médias nationaux deviennent moins influents. Les quatre secteurs de l'étude MOM (télévision, radio, presse et Internet) témoignent d'un niveau élevé de propriété et de concentration des médias. |
|
Le Groupe Clarín (Grupo Clarín) est le seul conglomérat à occuper une position dominante dans tous les secteurs de l'industrie des médias et des télécommunications. Sous la dictature militaire de 1976-83, Clarín fut soutenu par la junte; aujourd’hui, le groupe de presse détient une position quasi monopolistique sur les médias en Argentine, et il s’est senti particulièrement visé par la Loi n° 26.522 réglementant les Services de communication audiovisuelle sur tout le territoire de la République argentine, promulguée par le gouvernement de Cristina Fernández de Kirchner en octobre 2009. Les autres groupes moins importants, mais il y a d'autres entreprises moins grandes: le Groupe America, qui se consacre à la télévision et à la radio depuis la vente de sa chaîne de télévision Supercanal en 2018, le Groupe Indalo, qui a des intérêts dans la radio, la télévision et la presse, et le Groupe Viacom, qui jouit d’une vaste expérience dans les domaines de la production et de la programmation. |
À l'exception du réseau de télévision exploité par le Groupe Clarín, presque tous les signaux de télévision sont gérés par des investisseurs étrangers, notamment Viacom qui possède le plus grand réseau de télévision du pays.
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De plus, la crise économique actuelle et l'absence de politique de l'État visant à atténuer ses effets, associées à une législation qui favorise les grands groupes de médias, étouffe économiquement le journalisme critique et limite le droit des Argentins à avoir accès à la pluralité de voix. En raison de la fermeture de petits médias et de la perte d'emplois dans ce secteur, de plus en plus de journalistes ont décidé de créer des coopératives de nouvelles autogérées.
5.2 La presse écrite
La presse écrite compte plus de 150 titres de journaux, dont La Prensa (le plus vieux du pays), La Nación, Clarín, El Cronista (journal économique), Tiempo, El Crónista, La Gaceta, La Capital, El Diaro, El Mundo, La Jornada, etc. Il existe aussi un journal en anglais, le Buenos Aires Herald.
Parmi les dix journaux les plus importants, trois appartiennent au Groupe Clarín: Clarín, La Voz (Córdoba) et Los Andes (Mendoza). Ensemble, ils représentent 47,8% des lecteurs à travers le pays. La Nacion et le Diario Popular sont également des acteurs importants dans le domaine.
En plus des journaux papier, les journaux en ligne comme La Nacion, Clarín, et Pagina 12 occupent également une place importante dans la presse écrite. Dans toutes les provinces, les journaux en ligne sont accessibles aux citoyens. La majorité de la population argentine a actuellement accès à une connexion Internet; parmi les États du continent américain, le pays se trouve en cinquième position en termes de nouvelles technologies d’information grâce aux 20 millions d’internautes y étant connectés chaque jour, et ce, à 85% en espagnol. Parmi les journaux numériques en Argentine, nous devons mentionner en premier lieu Infobae. C’est le principal portail d’information du pays qui est également lu dans d’autres pays, dont le Mexique. C'est non seulement l'un des journaux les plus lus en espagnol en Amérique latine, mais aussi dans le monde, car il propose plusieurs versions adaptées (en espagnol) de son portail en ligne.
Ce sont surtout les jeunes travailleurs et les étudiants universitaires qui font usage de l’internet pour s’informer. Ces derniers ont le choix entre la connexion à haut débit, la fibre optique et la connexion par satellite pour obtenir les informations dont ils ont besoin le plus rapidement possible. Les fournisseurs d’accès Internet sont nombreux afin de répondre aux besoins respectifs des internautes, en fonction de leur budget. Les "locutorios" (cybercafés) sont également nombreux sur place pour ceux qui ne disposent pas d’un Smartphone ou d’un ordinateur pour naviguer sur la Toile. |
Outre sa politique de réglementation favorable aux entreprises, l’État argentin est l’un des principaux bailleurs de fonds directs (au moyen de directives officielles) et indirects (par le biais de l’aide, de la remise et de l’échange de dettes sociales et fiscales et de l’extension de licences, entre autres mécanismes) dans les entreprises de communication. En conséquence, l'influence du gouvernement est considérable, les lignes éditoriales de nombreux médias sont fortement influencées et de nombreux entrepreneurs en médias dépendent des changements de gouvernement.
5.3 La presse électronique
La radio a fait sa première apparition en Argentine à la fin du XIXe siècle. Jusqu’à ce jour, la radio garde encore sa place de pionnière auprès des Argentins en termes de média. Depuis le retour de la démocratie, les censures ne sont plus à l’ordre du jour et les radios sont ainsi devenues incontournables pour toute forme de propagandes, de débats, et de campagnes. Toutes les chaînes se sont réorientées vers l’information, car les divertissements n’accaparent plus totalement les antennes.
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On dénombre plus d'un millier de stations de radio en Argentine, presque toutes en espagnol. Nombre d'entre elles opèrent sur des licences temporaires dans l'attente d'une réforme réglementaire. Les stations de radio les plus écoutées en Argentine sont actuellement Radio Mitre et Radio Continental. Pour les habitants de la capitale, c’est surtout Espacio Buenos Aires qui prend la tête. Quant aux inconditionnels de la musique, les chaînes Metro et PoP s'assurent d'émissions en permanence.
La radio est le média ayant le plus de diversité et le plus de propriétaires, bien qu'elle soit plus concentrée en termes d'audience. Quatre groupes (Clarín, América, Indalo et Cadena 3) contrôlent une grande partie du marché de la radio au pays.
La LRA Radio Nacional, également appelée Radio Nacional Argentina, diffuse tout les jours des bulletins d'information de 9 à 12 minutes en anglais à partir de sa station du Río Grande (en Tierra del Fuego); ce "Boletín Malvinas" est destiné aux îles Malouines dans le but de témoigner de la présence de l'Argentine dans ces îles britanniques. |
De plus, de nombreuses émissions sont produites à des fins d'apprentissage des langues: anglais, français, portugais, italien, allemand, etc.
La télévision est également fortement représentée avec des dizaines de chaînes de télévision. L'Argentine est le pays d'Amérique latine où l'accès à la télévision par câble est le plus répandu. C’est au début des années 1950 que les Argentins ont commencé à s’informer par l’intermédiaire de la télévision. À l’époque, ce sont la TV Publica et la chaîne Canal 7 qui ont assuré la diffusion des évènements marquants dans toute l’Argentine. Depuis quelques décennies, au moins cinq stations de télévision privées se sont mises en place. Il s’agit, entre autres, de Telefe du groupe Telefonica, d’El Trece du Groupe Clarin, de l’America TV appartenant à Multimedios América, de Canal 9 du Goupe Prime Argentina S.A, et de la TV Pública Digital, une chaîne de télévision publique argentine. Les deux premières chaînes citées sont les plus regardées avec un taux d’auditoire de 8,3 %.
5.4 L'autorité de régulation
La Constitution de l'Argentine prévoit la liberté d'expression et des médias; elle empêche le Congrès d'adopter une législation qui affecterait ces libertés. Sous la présidence de Mauricio Macri (depuis 2015), les relations entre le gouvernement et les médias privés se sont améliorées. Il a été à l'origine d'une loi sur les médias visant a réduire la concentration des médias, et notamment l'influence du Groupe Clarín. Le but de la loi était de briser les monopoles de certains groupes de médias et d’améliorer la concurrence et la qualité des services, ce qui a valu au président d'être accusé de visées politiques partisanes.
L'autorité de régulation des médias argentins est l'ENACOM (Ente Nacional de Comunicaciones : Agence nationale des communications). Cette entité décentralisée qui opère dans le cadre du ministère argentin de la Modernisation a été créée en 2016 par décret présidentiel. La responsabilité de la Loi n° 26.522 réglementant les Services de communication audiovisuelle sur tout le territoire de la République argentine (2009) et de la Loi n° 27.078 sur les technologies de l'information et des communications (2014), dite Loi sur les télécommunications, jusque-là sous la responsabilité de l'AFSCA (Autoridad Federal de Servicios de Comunicación Audiovisual) et de l'AFTIC (Autoridad Federal de Tecnologías de la Información y las Comunicaciones), a été transférée à ce ministère. La législation actuelle a supprimé des restrictions sur le nombre de licences de radiodiffusion qu'un groupe de médias peut posséder et a permis aux sociétés de télécommunications de fournir des services de télévision par câble. Par ailleurs, le secteur de la publicité est réglementé par le CONARP (Consejo de Autorregulación Publicitaria : Conseil d'autorégulation de la publicité).
La législation fédérale vise à protéger l’industrie nationale, d'où la fixation de quotas de diffusion : les services de télévision hertzienne doivent transmettre un minimum de 60 % de productions nationales, avec un minimum de 30 % de productions propres qui contiennent des informations locales et 10 % de productions indépendantes. Quant aux services de télévision par câble non satellitaire, ils doivent inclure au minimum une diffusion de productions locales en espagnol. De plus, ces entreprises doivent prévoir dans leur grille des émissions diffusées par les pays du MERCOSUR et par des pays latino-américains, ce qui peut inclure des émissions en portugais.
5.5 La législation sur les médias
L’Argentine fait partie des pays les plus avancés du monde dans le domaine de la presse. Que ce soit sur papier ou sur le plan virtuel, les informations y passent à la vitesse de l’éclair et les Argentins disposent d’un large choix de supports pour se renseigner. De plus, le Congrès a adopté une législation dont les dispositions d'ordre linguistique sont contraignantes. En 1980, l'article 15 de la Loi n° 22.285 fixant les objectifs, les politiques et les bases à respecter par les services de radiodiffusion imposait l'emploi du castillan ("en idioma castellano") ou le doublage en castillan dans le cas de séries ou de films en langues étrangères:
Article 15 [abrogé]
Emploi de la langue
Les émissions de radiodiffusion doivent être diffusées en castillan. Celles qui sont diffusées en d'autres langues doivent être traduites dès que possible ou simultanément, à l’exception des cas suivants;
a) Les paroles des compositions musicales; b) Les émissions destinées à l'enseignement des langues étrangères; c) Les émissions de la Radiodiffusion argentine aux étrangers (RAE); d) Les émissions des communautés étrangères et celles dans lesquelles les peuples autochtones sont utilisés, avec l'autorisation préalable du Comité fédéral de la radiodiffusion.
Les séries ou les films en langues étrangères diffusés à la télévision doivent être doublés en castillan, de préférence par des professionnels argentins. |
En 1998, l'article 1er du Décret de nécessité et d'urgence n° 1062 du pouvoir exécutif national modifiait quelque peu ainsi cet article 15 :
Article 1er
L'article 15 de la loi n° 22.285 et ses modifications sont remplacés par le texte suivant:
"Article 15
Emploi de la langue
Les titulaires des services de radiodiffusion peuvent diffuser des émissions en langues étrangères avec l'autorisation du Comité fédéral de radiodiffusion (COMFER), sans préjudice du fait qu'ils doivent orienter leurs émissions par la diffusion de la langue castillane dans le but de promouvoir les langues autochtones de notre pays. Pour le doublage de films ou de séries parlés dans des langues étrangères qui doivent être doublés en castillan pour être diffusés à la télévision, la priorité doit être donnée aux professionnels argentins." |
Mais la loi la plus importante en la matière est manifestement la Loi n° 26.522 réglementant les Services de communication audiovisuelle sur tout le territoire de la République argentine (2009). Cette loi impose l'usage de la langue officielle ("el idioma oficial") ou les langues des peuples autochtones ("los idiomas de los Pueblos Originarios") dans la programmation télévisuelle, ce qui inclut les annonces publicitaires. De plus, les émissions produites en langues étrangères doivent être sous-titrées ou traduites:
Article 9
Langue
La programmation diffusée au moyen des services visés par la présente loi, y compris les annonces publicitaires et les promotions de programme, doit être faite dans la langue officielle ou dans les langues des peuples autochtones, à l’exception des cas suivants:
a) Les émissions destinées à des publics situés au-delà des frontières nationales; b) Les émissions d'enseignement en langues étrangères; c) Les émissions diffusées dans une autre langue et traduites ou sous-titrées simultanément; d) Les émissions spéciales destinées aux habitants des communautés étrangères ou aux résidents du pays; e) Toute programmation issue d'accords réciproques; f) Les paroles des compositions musicales, poétiques ou littéraires; g) Les signaux à portée internationale qui sont reçus sur le territoire national. Article 70
La programmation des services fournis dans la présente loi doit éviter les contenus qui encouragent ou incitent à un traitement discriminatoire basé sur la race, la couleur, le sexe, l'orientation sexuelle, la langue, la religion, les opinions politiques ou toute autre nature, l'origine statut national ou social, le statut économique, la naissance, l'apparence physique, la présence d'un handicap ou portant atteinte à la dignité humaine ou induisant des comportements préjudiciables à l'environnement ou à la santé des personnes et à l'intégrité des enfants ou des adolescents. |
Dans les Technologies de l'information et de la communication (TIC), la Loi sur les technologies de l'information et des communications (2014) oblige les titulaires de licences de services TIC de fournir à l'usager des informations dans la langue nationale ("idioma nacional") :
Article 62
Obligations
Les titulaires de licences de services TIC ont les obligations suivantes:
a) Fournir le service dans le respect des principes d’égalité, de continuité et de régularité dans le respect des niveaux de qualité établis par la réglementation en vigueur.
e) Fournir à l'usager des informations dans la langue nationale et de manière claire, nécessaire, honnête, ponctuelle, suffisante, fidèle et libre, qui ne conduisent pas à l'erreur et qui contiennent toutes les informations sur les caractéristiques essentielles du service fourni au moment de l'offre, de la conclusion du contrat, pendant et après son exécution. |
Il en est ainsi à l'article 14 du Règlement sur les services TIC à la clientèle (2017)
Article 14
Le fournisseur doit prévoir pour la clientèle toutes les informations associées aux caractéristiques essentielles des services qu’il commercialise. Les informations doivent être fournies de manière claire, détaillée, vraie, rapide, gratuite et dans la langue nationale, afin que le client puisse prendre des décisions éclairées. |
En somme, la législation sur les médias précise que la programmation, y compris la publicité, doit être faite dans la langue officielle ou dans les langues des peuples autochtones et, à défaut, de la doubler, sauf pour certaines exceptions : les émissions destinées à des publics situés au-delà des frontières nationales, les émissions d'enseignement des langues étrangères, les émissions diffusées dans une autre langue et traduites ou sous-titrées, les émissions spéciales destinées aux habitants des communautés étrangères ou aux résidents du pays, les paroles ou textes des compositions musicales, poétiques ou littéraires, ainsi que les signaux de portée internationale qui sont reçus sur le territoire national.
La politique linguistique de l'État fédéral d'Argentine en est une d'unilinguisme en faveur de la langue espagnole ("idioma español"), appelée aussi «castillan» ("idioma castellano") ou «langue nationale» ("idioma nacional"), très rarement «langue officielle» ("idioma oficial"). Quoi qu'il en soit, on réfère toujours à la même langue, l'espagnol. Que ce soit au Congrès, dans les tribunaux, l'administration publique, l'éducation, les affaires et le commerce, les médias, l'espagnol règne en maître absolu, sans qu'il soit nécessaire d'avoir fait adopter une quelconque loi sur la langue nationale (ou officielle). La quasi-totalité de la population s'exprime dans cette langue, soit comme langue maternelle, soit comme langue seconde. C'est pourquoi l'école a pour mission de favoriser l'hispanisation des autres langues et de construire un imaginaire argentin apte à réunir les différences marquées dans un idéal commun de la Nation argentine.
En Argentine, la notion de «minorités nationales» est inexistante, mais l’article 75 (paragraphe 17) de la Constitution nationale reconnaît aujourd'hui la «préexistence ethnique et culturelle des peuples indigènes argentins». C’est un peu court, car aucune mesure n’a suivi pour appliquer cette disposition. Il reste maintenant à analyser la politique linguistique concernant les peuples autochtones de l'Argentine. C'est l'objet de la partie 4 qui suit.
Dernière mise à jour:
02 mai 2024