Histoire de l'anglais
Section 4
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Le Modern English
(Anglais moderne)
(1) Early
Modern English
(2)
Late Modern English
(3)
Contemporary English |
L’anglais moderne commence avec le milieu
du XVe
siècle, alors que le franco-normand et l’anglo-saxon se fondirent pour donner naissance à
l’anglais d’aujourd’hui. Le Modern English
s'articule en trois temps: la première phase s'étend d'environ 1500 à 1750 (Early
Modern English), la deuxième, à partir de 1750-1800 jusqu'au
XXe siècle
(Late Modern English), alors qu'on parle
pour le XXe siècle lui-même du
Contemporary English.
1 La première
phase (Early
Modern English)
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La période dite du
Early Modern English
a commencé un peu avant la Renaissance
qui, comme on le sait, fut un mouvement
d'exaltation sans précédent en
raison de la fascination pour l'Italie, les nouvelles inventions, la découverte
de l'Amérique, etc. Ce fut une ère de prospérité pour l'aristocratie et la
bourgeoisie, mais généralement le peuple croupissait dans la misère et ignorait
tout des fastes de la Renaissance. La langue anglaise atteint sa structure définitive
au XVIe siècle, car c’est à cette époque
que l’orthographe commença à se fixer et que la grammaire acquit les
caractéristiques qu’on lui connaît aujourd'hui. À la fin de la première période,
qui correspond au mouvement de la Renaissance, la prononciation se transforma:
par exemple, to meet qui se prononçait [met] évolua en [mi:t]. Le
plus illustre représentant de cette période fut sans nul doute
William Shakespeare (1564-1616). |
1.1
L'apport du latin
Au plan
lexical, c'est encore l'emprunt massif au grec et au latin, qui transite souvent par le
français: à real et royal s'ajoute le latinisme regal. Les
grands littérateurs écrivaient en anglais (c'est l'époque de Shakespeare), mais
les écrits scientifiques étaient rédigés encore en latin. C'est pourquoi l'anglais puisa dans le
latin
et le
grec: maternity, esteem, education,
atmosphere, skeleton, catastrophe, drama, scheme,
genius, vacuum, anonymous, celebrate, confiscate,
etc., ne sont que quelques exemples du genre. En voici d'autres:
absurdity, adapt, agile, alienate, anachronism,
appropriate, assassinate, atmosphere, autograph, benefit, capsule, catastrophe,
chaos, climax, conspicuous, contradictory, crisis, criterion, critic, disability,
disrespect, emphasis, encyclopaedia, enthusiasm, epilepsy, eradicate, exact,
excavate, excursion, exist, expectation, expensive, explain, external,
extinguish, fact, glottis, habitual, halo, harass, idiosyncrasy, immaturity,
impersonal, inclemency, jocular, larynx, lexicon, lunar, monopoly. monosyllable,
necessitate, obstruction, pancreas, parenthesis, pathetic, pneumonia,
relaxation, relevant, scheme, soda, species, system, temperature, tendon,
thermometer, tibia, transcribe, ulna, utopian, vacuum, virus.
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Beaucoup de mots empruntés du
latin sont d'abord passés par le français, mais comme d'habitude il semble malaisé de faire le
départage. Cette époque a vu aussi apparaître de nouvelles complications dans
l'orthographe. De là une certaine dysharmonie entre les prononciations et les
graphies, une caractéristique aussi frappante en français qu'en anglais.
Certains érudits anglais, très attachés à l'étymologie latine,
réussirent à imposer des formes latinisantes. Par exemple, debt (< fr.
dette) et doubt (< fr. doute) acquirent un [b] graphique en
souvenir du latin debitum et dubitum. On ajouta un -g à
reign (règne) à cause du latin regnum et un -s à island en
raison de insula en latin. Or, dans ce cas, island ne vient pas du latin insula,
mais bien du vieil anglais iegland. Ajoutons également l'adjonction
de nombreux préfixes et suffixes latins:
Préfixes:
a-(amoral),
ab-, ac-, ad-, ante-, anti-, co-,
com-, con-, de-, di-, dis-, e-(eject),
em-, en-, ex-, it-, im-, in-, ir-,
ob-, op-, per-, pre-, pro-, re-,
sub-, super-.
Suffixes:
-age,
-al, -ance, -ant, -ar, -ate, -ence,
-ent, -ible, -ic, -id, -ile, -ion,
-ite, -ity, -ive, -or, -ous, -tion et
des noms comme -a (data), -is (crisis), -ude
(decrepitude), -um (datum) et -y (contingency).
Il faut comprendre que les «Latinate words» (mots issus du
latin) avaient un «statut» plus élevé que les «Anglo-Saxon words» ou «Germanic
words», surtout à la Renaissance, alors que
le vocabulaire technique (médecine, botanique, droit, etc.) est entré
massivement en anglais à partir du latin (directement) ou en passant par le
français. Ainsi, les «Latinate words» devinrent des indicateurs de la bonne
éducation anglaise et, par conséquent, du statut social des locuteurs qui les
employaient. Par exemple, on peut montrer comment des mots d'origine latine (ou
française) ont acquis une coloration sociale plus
élevée que les mots d'origine germanique. L'anglais possède aujourd'hui de
nombreux doublets de ce type:
amiable/friendly, lachrymose/weeping, librairy/book
store, city/town, journey/trip, couch/bed,
cuisine/kitchen, pork/pig, mutton/sheep,
etc.
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Dans son essai
Politics and the English Language,
l'auteur britannique George Orwell
(1903-1950) a tenté de démontrer ce qui
constituait pour lui la différence essentielle entre les «Latinate
words»
et les «Germanic words»: les premiers servent (encore aujourd'hui!) d'euphémisme pour modifier une
réalité jugée trop déplaisante; les seconds sont plus «grossiers» et plus
utilisés par les gens du peuple. Dans ce texte d'Orwell, les
mots d'origine latine sont en
bleu, tandis que les mots d'origine
germanique
sont en vert. D'après Orwell, les mots germaniques feraient voir au lecteur la
cruauté et la souffrance, alors que les mots latins auraient pour effet de supprimer
l'évocation d'images négatives:
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Defenceless villages
are bombarded
from the
air, the inhabitants
driven out into the countryside, the cattle
machine-gunned, the huts set on fire with
incendiary
bullets: this is called pacification.
Millions of peasants
are robbed of their farms and sent trudging along the roads with no more
than they can carry: this is called transfer
of
population or
rectification
of
frontiers.
People are
imprisoned for years
without trial, or shot in the back of the neck or sent to die of scurvy in
Arctic lumber camps: this is called
elimination of
unreliable
elements.
Such
phraseology is needed
if one wants to name things without calling up
mental pictures
of them... The
inflated style
is itself a kind of euphemism.
A mass of
Latin words falls upon
the facts like
soft snow, blurring the outlines and covering up all the details. The
great enemy of clear language is insincerity. |
Des
villages sans défense sont
bombardés
par les
airs, les
habitants
chassés dans la
campagne, le bétail lancé par les
machines
de guerre, les huttes
incendiées avec des balles
incendiaires: on appelle cela la
pacification. Des
millions
de paysans sont privés
de leurs fermes et envoyés en marchant tout en se traînant les pieds le
long des routes plus qu'ils ne peuvent le supporter: on appelle cela le
transfert de
population ou la
rectification des
frontières.
Les gens sont
emprisonnés pendant des années
sans procès ou tirés derrière la nuque ou envoyés pour mourir du scorbut
dans des camps arctiques faits en bois de charpente: on appelle cela l'élimination
d'éléments peu sûrs.
Une telle
phraséologie
paraît nécessaire
si l'on veut nommer des réalités sans rappeler certaines
images mentales
inhérentes... Le
style enflé
est une sorte d'euphémisme. Une
masse
de mots
latins
tombe sur la
réalité comme la neige douce,
effaçant les grands traits et dissimulant tous les détails. La grande
ennemie du langage clair, c'est la
non-sincérité. |
Cela étant dit, on trouve des mots en vert qui sont en fait des
mots d'origine
latine ou «française», mais ces
mots-là ne viennent pas confirmer la thèse d'Orwell.
Pour l'auteur, les mots latins sont des
euphémismes et, lorsqu'ils sont employés, ce serait pour transformer une réalité
déplaisante en une abstraction presque exsangue; par exemple, un killer («tueur»,
«assassin») devient un terminator («exterminateur»). Ainsi, des mots latins
peuvent être employés pour tromper les gens ou modifier une réalité jugée trop
négative. On dirait aujourd'hui que le bureau du dentiste semble un excellent endroit pour trouver des
exemples d'euphémismes: le mot injection a remplacé shot
(«piqûre») et les patients sentent un discomfort («inconfort» ou
«malaise») au lieu d'une pain («douleur»).
De fait, le malaise (discomfort) fait moins mal que la
douleur (pain). Néanmoins, il faut comprendre que
ce ne sont pas tous les mots d'origine latine qui servent
d'euphémisme!
Revenons maintenant au XVIe siècle. Il serait difficile de donner une liste même partielle des emprunts
au latin tellement ils sont nombreux; c'est pourquoi les termes cités ici
ne le sont qu'à titre indicatif: alienate, audible,
conflagration, consist, consolidate, conspicious,
dexterous, emanation, eradicate, excavate, excursion,
expectation, extinguish, hereditary, ingenuity,
meditate, sublime, etc. Il est malaisé de distinguer s'il y a eu
adoption directe des mots latins, car le français a contribué largement à
l'introduction de vocables qu'il avait lui-même empruntés antérieurement.
Les
humanistes anglais ont aussi emprunté au
grec,
soit directement soit par l'intermédiaire du latin. Plusieurs savants
connaissaient le grec et encourageaient son étude. Ils ont introduit
directement des mots comme criterion, acoustic, idiosyncracy,
pathos, topic, acoustic, anonymous, chorus,
crisis, critic, cylinder, dogma, drama,
enigma, isthmus, larynx, nectar, site, theory,
etc. De plus, l'anglais de la Renaissance a contribué à utiliser des composés
d'origine grecque comme anthropology, archeology, biography,
cacophony, geography, hydrography, physiology, etc.
On le sait, cette méthode d'enrichissement lexical connaîtra une vogue
considérable aux XVIIIe et
XIXe siècle.
Cela dit, ces nombreux termes latins ou grecs jugés furent
jugés «pompeux» («pompous terms»)
à la Renaissance. Appelés des
inkhorn terms
(«termes d'encrier»
ou «termes d'écritoire»), ils
semblaient particulièrement populaires dans les milieux universitaires.
Cependant, cette mode a entraîné en même temps une résistance croissante contre ces
emprunts considérés souvent comme inutiles. Quelques auteurs qui avaient employé ces «termes
d'écritoire» (inkhorn terms) ont été critiqués parce qu'ils étaient
perçus comme ennuyeux et
inintelligibles, voire pédants. On employa aussi l'expression
hard words
(«mots difficiles») pour désigner des termes qui devaient causer nécessairement
des problèmes de compréhension et d'intégration. Certains, comme Pettie,
n'hésitèrent pas à qualifier la langue anglaise de «langue barbare» («the
barbarousness of our language»). Sir Thomas Wilson fustigeait «ces savants qui
latinisent à ce point que l'homme de la rue se demande de quoi ils parlent». Plus tard, le latin fut même considéré comme la
«langue papiste» (Popish language) par les Anglais de religion protestante, qui
crurent que le latin avait été conçu pour tenir les gens ordinaires dans
l'ignorance et maintenir le pouvoir du clergé. D'ailleurs, un
changement s'amorça à la fin du XVIIe siècle: Newton rédigea en 1687
ses Principia mathematica en latin, mais en 1704 il publia Opticks
en anglais.
1.2 L'apport des langues modernes
En ce qui concerne les emprunts du XVIIe siècle,
l'anglais a continué d'aller chercher de nouveaux
mots
français, notamment par l'entremise des l'aristocratie et de la
bourgeoisie anglaise. En voici quelques-uns: aide-de-camp,
belles-lettres, burlesque, cabaret, canaille,
champagne, chef-d'oeuvre, commandant, compote,
cortège, contretemps, crayon, démarche, dishabille,
double entente, envoy (<envoyer), façade, faux
pas, group, liaison, muslin (<mousseline),
penchant, pis-aller, repartee, reverie, suite,
tableau, etc.
Mais la Renaissance, comme ailleurs en Europe, a aussi
apporté son contingent de
mots italiens, car
n'oublions pas que l'Italie exerçait alors une prépondérance dans presque tous
les domaines en raison de sa richesse économique, sa puissance militaire, son
avance technologique et scientifique, sa suprématie culturelle, etc. Aussi,
n’est-il pas surprenant que beaucoup d'Anglais aient été fascinés par ce pays et
qu'ils aient cédé à une vague d'italomanie, que la langue reflète encore
aujourd'hui. Entre 1500 et 1650, la masse des emprunts à l'italien semble assez
considérable. Mentionnons à titre indicatif artisan, bandit,
battalion, bankrupt, belvedere, cavelier, cornice,
madona, opera, partisan, pedant, populace,
balloon (< ballone), carnival, caprice, gazette,
disgrace, mustachio, tarot, etc.

Elizabeth Ire |
Malgré le courant d'anti-hispanisme soigneusement entretenu par
la reine Elizabeth Ire et ses conseillers, de nombreux Anglais parlaient l'espagnol,
surtout depuis le mariage de Marie Tudor, fille de Catherine d'Aragon, et de
Philippe II d'Espagne. Mais il faudra le milieu du XVIIe siècle pour
voir entrer par l'intermédiaire du français des termes
espagnols dans le vocabulaire anglais: sherry, cargo,
infante, renegade, creole, toreador, armada,
escalade, grenade, etc. Quelques mots furent empruntés de
l'espagnol des Amériques: ananas, banana, cannibal,
mosquito, potato, etc.
L'anglais a continué d'emprunter au
néerlandais (brandy, yacht, smack [bateau de
pêche], filibuster, waggon, frolic, snip, spetter,
etc.), sans oublier l'arabe
(alchemy,
admiral, alembic, azimuth, cotton, elixir,
alchhol, algebra, apricot, hashish, arsenal,
etc.), les
langues de l'Inde
(curry,
pariah, nabob, arsenic, check, chess,
lilac, etc.), du persan (bazaar, dervish, shah, etc.),
du
turc (caviar, coffee,
dolman, horde, janissary). |
Des XVIe et XVIIe
siècles, l'anglais doit aux
langues amérindiennes
des termes tels que canoe, lama, manioc, tobacco,
chocolate, condor, tomato, mocassin, sachem,
squaw, etc.
1.3 Une langue anglaise transformée
Tous ces apports démontrent hors de tout doute que l'anglais
se transformait considérablement dans son lexique par l'introduction de vocables
étrangers. En effet, l'anglais s'est trouvé à délaisser son patrimoine
germanique caractérisé par des mots courts pour privilégier les mots longs
légués par le latin et le grec, voire par le français ou le franco-normand. D'ailleurs, la plupart des écrivains anglais ont
recouru à cette mode. Il suffit de mentionner Chaucer au XIVe siècle,
Sidney, Spenser, Shakespeare et Bacon au XVIe siècle et Ben Jonson et
Milton au XVIIe siècle. Si certains Anglais ont «mal» réagi face à
l'intrusion de mots étrangers, surtout latins et grecs, d'autres ont cru que la
langue anglaise s'était en même temps enrichie de milliers de nouveaux mots et
qu'elle avait acquis une souplesse exceptionnelle en matière d'intégration
lexicale. On peut comprendre les réactions de certains, tels
que Edmud Spenser (1552-1599), devant l'afflux de ces termes étrangers à
l'anglais. Voici ce qu'écrivit Spenser au poète Gabriel Harvey: «Ils ont fait de
notre langue anglaise un galimatias et un salmigondis de toutes les autres
langues.» C'est l'impression que dut faire chez beaucoup d'Anglais cet afflux de
nouveaux mots provenant d'environ une cinquantaine de langues différentes. Il
n'en demeure pas moins que les emprunts les plus nombreux se sont faits par le
latin, le grec, le français, l'italien et l'espagnol, ce qui a eu pour
résultat de donner à la langue d'un «pays nordique» une curieuse «teinte
méditerranéenne», unique en son genre.
1.4 L'orthographe
C'est également au cours de cette époque que l'on commença à
se préoccuper des questions d'ordre orthographique. L'introduction de
l'imprimerie par Caxton en 1476 avait déjà contribué à uniformiser quelque peu
l'orthographe. Deux camps s'affrontèrent: les «révolutionnaires» et les
«réformistes». Les premiers souhaitèrent une refonte complète du système
d'écriture, alors que les seconds ne voulurent qu'émonder un peu l'orthographe.
Ce fut les réformistes qui l'emportèrent, ce qui eut comme résultat de laisser
l'orthographe anglaise dans un état relativement complexe. Une vaste campagne
menée au début de la seconde moitié du XVIIe siècle eut comme
objectif de fonder une académie anglaise inspirée de l'Académie française (1635)
et de l'Accademia della Crusca italienne (1582). Certains Anglais
désiraient diffuser et imposer un ensemble de normes susceptibles de fixer
la langue. L'institution ne vit jamais le jour, et ce, malgré l'appui de grands
écrivains tels que Dryden, Defoe et Swift. Cela dit, une certaine
standardisation allait quand même venir lors de la période suivante. Cependant,
malgré toutes les velléités de réforme, aucune ne parvint à modifier la
situation, sauf pour N. Webster qui, en 1828, publia aux États-Unis un
Dictionnaire consacrant des signes distinctifs de l'orthographe américaine.
Au début du XXe siècle,
on vit apparaître quelques sociétés consacrées à une réforme de l'orthographe,
telles la British Simplified Spelling Society en 1908 et le Simplified
Spelling Board en 1906, sans trop de succès. En ce qui a trait à la grammaire, l'anglais ne put jamais être vraiment codifié,
malgré les nombreuses tentatives depuis le XVIe siècle.
2 La seconde
phase (Late Modern English)
Comme on pouvait s'y attendre, la brèche
ouverte par les latiniseurs de la période précédente s'est agrandie au cours des
XVIIIe et XIXe siècles (Late
Modern English). En raison du développement de
l'industrialisation favorisa la création d'un très important vocabulaire
technique et scientifique puisé la plupart du temps aux sources gréco-latines.
Au cours de la deuxième période de l'anglais moderne (1750-1800), les premiers
essais de standardisation de l'anglais et de fixation de la langue prirent
naissance: ce fut les premières grammaires prescriptives et les premiers
dictionnaires.
2.1 La poursuite des emprunts
Puis
un fait nouveau est survenu vers la fin du XVIIe
siècle: on vit alors d'authentiques mots
latins
(par emprunts directs) pénétrer dans la langue anglaise: album,
antenna, desideratum, lumbago, mimimum, momentum,
nebula, status, stimulus, viscera, etc. Ce mouvement
s'est poursuivi au XVIIIe siècle dans des proportions moindres:
humus, insomnia, locus, maximum, extra, prospectus,
ultimatum, detritus, duplex, ego, excursus,
sanatorium, etc.
Le
français donna encore
des mots à l'anglais du XVIIIe siècle: chaperon, étiquette,
picnic, pirouette, roulette, valse, bouquet,
pompon, pot-pourri, canteen, chaise, connoisseur,
fauteuil, salon, denouement, vignette, bivouac,
manoeuvre, route, glacier, hors d'oeuvre, police,
soi-disant, vis a vis, etc. Pour le XIXe siècle, relevons format,
cliché, beret, blouse, bain-marie, bonbon,
gratin, mayonnaise, restaurant, sauté, coupé,
acrobat, secretaire, morgue, bête noire, mirage,
etc.
L'italien contribua aussi à enrichir
l'anglais aux XVIIe et
XVIIIe siècles par des mots tels
que impresario, largo, pergola, presto, solo,
sonata, soprano, virtuoso, casino, concerto,
prima dona, trio, imbroglio, etc. Au XIXe
siècle, on vit arriver intermezzo, scenario, studio,
tremolo, mafia, vendetta, etc.
C'est pourquoi certains Anglais se rebiffaient contre l'intrusion de mots
.étrangers dans la langue anglaise. En 1771, le journal The Spectator,
fondé par Joseph Addison (1672-1719), écrivain et homme politique anglais, mena
une campagne destinée à purifier l'anglais de ses emprunts; l'entreprise de
purification ne connut pas de suite.
Les emprunts aux langues étrangères se sont poursuivis tout au cours du
XXe
siècle et il y a tout lieu de croire qu'ils se poursuivront encore longtemps.
D'ailleurs, dans un éditorial de juillet 2003, un journaliste du prestigieux
Wall Street Journal écrivait:
Ce qui
fait la force de l'anglais, après tout, c'est son ouverture aux nouveaux
mots des quatre coins du monde. Alors que l'anglais est un creuset de
langages, les Français semblent considérer leur langue comme un soufflé —
extrêmement délicate et toujours en danger de tomber. |
Et le journaliste de ricaner en critiquant la décision du ministère français de
la Culture de bannir le mot e-mail (pour le courriel québécois) et
la qualifiant de «très stupide» (en français dans le texte). Le même journaliste
se garde bien se rappeler que, en mars 2003 (suite au refus de la France de
participer à la guerre en Irak), un élu républicain de l'Ohio avait décrété que
les French fries seraient dorénavant baptisées freedom fries (des
«frites libres»?) dans tous les
restaurants et annexes de la Chambre des représentants. Dans le même esprit
patriotique, les French toasts allaient aussi devenir des freedom toasts.
Bref, le terme French semble associé à la liberté!
2.2 L'extension de la langue anglaise
C'est à partir du milieu et surtout à la
fin du XVIIIe siècle que la civilisation britannique suscita
l'intérêt général, surtout dans les domaines de la politique et des mœurs, et
que l'anglais prendra une place grandissante dans les échanges internationaux.
Par le fait même, la langue anglaise exercera une influence grandissante et
c'est elle qui donnera massivement des mots aux autres langues. L'anglais devint
alors la langue européenne qui empruntait le moins et, par le fait même, prêtait
le plus. Disséminé aux quatre coins de la planète par les Britanniques,
l'anglais devint la langue des relations économiques et politiques. Par
contrecoup, cette langue acquit un prestige considérable sur le continent d'où
il titre son origine. Par la suite, Britanniques et Américains trouvèrent la
détermination et les moyens nécessaires pour propager leur langue... en même
temps que leurs marchandises.
- L'Irlande
Rappelons que l'île de l'Irlande fut d’abord occupée par
les Celtes au IVe siècle avant notre ère. L'irlandais est une langue
parlée dans cette région depuis l’an 350 avant notre ère. Comme langue écrite,
elle a véhiculé une littérature millénaire, la première langue européenne après
le latin, qui est demeurée, pendant trois siècles, la plus importante de
l’Occident. La religion catholique y fut introduite au Ve siècle. Par
la suite, l’Irlande connut plusieurs occupations: d’abord les Vikings
norvégiens, puis les Danois au XIe siècle, les Normands au
XIIe siècle et les Anglais au XVIe
siècle. À l’exception des Anglais, les
envahisseurs laissèrent peu de trace dans la langue irlandaise, car ils finirent
tous pas s’assimiler aux Irlandais.
Toutefois, tel ne fut pas le cas des Anglais. La conquête
militaire (1541) entamée par Henri VIII d’Angleterre a eu pour effet de détruire
toute autorité celtique et de favoriser l’expropriation de toutes les terres
cultivables pour les donner aux Anglais; toute la richesse s’est alors retrouvée
entre les mains des anglophones ainsi que tout le développement économique et
social. La langue de l’école est alors devenue l’anglais, l’irlandais, une
langue interdite. Pourtant, dans la vie quotidienne, la langue irlandaise
restait la seule langue utilisée en Irlande. Au cours du XVIIIe
siècle, les transferts linguistiques vers l'anglais se répandirent dans les
villes pour pénétrer plus lentement dans les zones rurales, ainsi que le long
d'un axe général est-ouest. Il semble que 45 % de la population parlait
irlandais au cours du dernier quart du XVIIIe siècle, puis ce
pourcentage aurait diminué pour passer à moins de 30 % vers le milieu du
XIXe siècle. Aujourd'hui, les locuteurs de l'irlandais ne forment que 2 % de la
population. Autrement dit, ils parlent l'anglais comme langue maternelle dans
une proportion de 98 %.
L'anglais irlandais s'appelle tantôt «Anglo-Irish», tantôt «Irish English»,
ou encore «Hiberno-English». Au XVIIe siècle, il s'apparentait à l'anglais des
premiers colons de l'ouest de l'Angleterre. Depuis, l'anglais s'est rapproché de
la langue standard, mais avec des variations phonétiques, ainsi que des emprunts
écossais et des termes dialectaux tombés en désuétude en Angleterre.
- L'Amérique du Nord
Par la suite, la puissance politique de l'Empire britannique réussit à imposer
l'anglais dans ses colonies. Tout au cours du XVIIIe siècle, le
Canada et les États-Unis sont devenus des colonies de peuplement anglaises.
Entre 1815 et 1860, plus de sept millions d'Anglais,
d'Écossais et d'Irlandais ont immigré non seulement aux États-Unis, mais aux
Antilles, en Australie, en Afrique, en Inde, à Hong-Kong, aux îles Fidji,
etc., toutes des colonies de cet empire dont on disait que «le soleil ne se
couchait jamais».
Si l'anglais continua
d'emprunter de très nombreux mots au latin et au grec, il fit
également des emprunts à plus d'une cinquantaine de langues différentes.
Évidemment, la colonisation de l'Amérique du Nord
s'est
traduite par un développement considérable de la langue anglaise. Les
différences les plus importantes entre l'anglais américain et l'anglais
britannique concernent surtout la prononciation et le lexique. Les parlers qui
se sont implantés en Nouvelle-Angleterre sont, d'une part, l'anglais cultivé de
Londres, d'autre part, celui du sud-est de l'Angleterre. Ces variétés d'anglais,
en contact avec les parlers des émigrants irlandais et ceux d'autres populations
(amérindiennes, allemande, du nord de l'Europe), commencèrent à se différencier
de l'anglais britannique. Une nouvelle vague d'émigrants en provenance, à la fin
du XVIIIe et au XIXe siècle, du nord et de l'ouest de
l'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande, accentua encore les différences. L'écart
entre ces deux variétés d'anglais atteignit son point culminant vers le milieu
du XIXe siècle.
Par la suite, l'influence prépondérante des États-Unis sur
la scène internationale conduisit à un rapprochement de l'anglais britannique
vers l'anglais américain. Depuis la période coloniale, l'anglais américain s'est
enrichi par l'emprunt aux langues amérindiennes (hickory, moose,
totem, wigwam), au néerlandais (boss, cookie,
coleslaw, waffle), au français (prairie, cache,
bateau), à l'allemand (hoodlum, suaerkraut, snorkel), à
l'espagnol (bonanza, corral, lasso, stampede), à
l'italien (pasta, pizza, spaghetti), etc.
Ces emprunts aux langues étrangères «aggravèrent» quelque peu la situation de la
langue écrite anglaise moderne. De fait, l'orthographe anglaise offre
aujourd'hui une image composite où se trouvent emmêlées des formes issues de
l'anglo-saxon, du français, du latin, du grec et de nombreuses langues plus ou
moins éloignées. Finalement, on peut dire que la complexité de l'orthographe
anglaise est comparable à celle que connaît le français. Rappelons que B.
Franklin (1706-1790) et N. Webster (1758-1853) ont constamment oeuvré pour une
simplification de l'orthographe. Les différence sentre la Grande-Bretagne et les
États-Unis n'indiquent pas de différences phonétiques, mais semblent la
manifestation de symboles identitaires ou du nationalisme linguistiques:
armor/armour, color/colour, honor/honour,
centre/center, apologise/apologize, defence/defense,
etc.
- L'Australie
Dès le début du XIXe siècle, la première vague
d'immigrants (des forçats) introduisit l'anglais du sud-est de Grande-Bretagne.
Une seconde vague de militaires et de fonctionnaires y transporta l'anglais
standard teinté d'anglais irlandais. En raison de sa colonisation relativement
récente, l'anglais australien s'apparente beaucoup plus à l'anglais britannique
que l'anglais américain, mais son rythme est plus lent.
De nombreux mots et expressions font référence au passé ou à
l'histoire de la colonisation australienne: prospector, convict
(«bagnard»), bushranger («bagnard évadé reconverti en bandit de grands
chemins»), emancipist («forçat libéré»), digger («fouilleur»
faisant référence aux chercheurs d'or), drover (cowboy australien),
station («ferme»), squatter («éleveur»), etc.
Les langues des aborigènes ont légué une cinquantaine de
mots, dont boomerang, corroboree («danse», par extension «fête»),
kangaroo, billabong («point d'eau», «mare»), wombat, etc.
Les Australiens privilégient la troncation: barbie (pour barbecue),
chook (pour chicken), crim (pour criminel), rego
(pour registration), rollies (pour les cigarettes roulées),
veges (pour vegetables), etc., sans oublier les Aussies pour
désigner les habitants de l'Australie et Abos (terme péjoratif pour
désigner les aborigènes).
- L'Afrique du Sud
Colonisée par les Hollandais depuis 1652, les Britanniques
ont pris la relève en 1822 (Le Cap) et en 1848 (Natal). En gros, l'anglais
d'Afrique du Sud correspond à l'anglais britannique du Sud postérieur au
XVIIIe
siècle. On note trois variétés d'anglais: conservatrice», «respectable»
et «extreme» (non standard). L'anglais sud-africain a fait des emprunts
multiples à l'afrikaans (bakkie «camionnette»; braai «baerbecue»;
drift «gué»; kloof «ravin»; platteland «espace rural»), aux
langues bantoues (dundi «expert»; muti «potion magique» ou «médicament»;
sangoma
«sorcier»), etc.
3 La troisième phase
(Contemporary English)
Comparativement à d'autres langues, l'anglais contemporain
peut paraître relativement hybride avec ses appariements non génétiques (eye/ocular,
mind/mental, mouth/oral, nose/nasal,
sun/solar, etc.), mais il témoigne aussi d'une grande souplesse.
Il compte un inventaire lexical immense estimé à plus de 500 000 mots,
d'ailleurs probablement plus près du million de termes.
Aujourd'hui, les différences sont beaucoup moins marquées
en ce qui a trait à l'orthographe et l'accent tonique. Néanmoins, l'anglais
américain écrit a tendance à être plus rigide en matière de grammaire et de
syntaxe, tout en étant plus tolérant dans l'usage des néologismes. Rappelons aussi le rôle colonial des États-Unis à la fin du XIXe
siècle. Ceux-ci se sont implantés en Asie du Sud-Est (Philippines), puis dans
les Caraïbes (îles Vierges, Porto Rico, etc.) et, après la Seconde Guerre
mondiale, dans une grande partie du Pacifique. Depuis lors, les États-Unis ont
joué un rôle prédominant grâce à leur puissance politique, militaire,
économique et culturelle. Cela dit, malgré des différences minimes, l'anglais
est facilement intercompréhensible partout dans le monde.
3.1 L'internationalisation de l'anglais
L'internationalisation des économies nationales et
la conquête des marchés extérieurs ont engendré l'utilisation de langues
véhiculaires internationales (dont l'anglais a le plus profité avec le russe,
le français, l'espagnol, le chinois). La chanson, le cinéma et la recherche
scientifique ont continué à favoriser l'expansion de l'anglais, sans compter
les communications et la technologie informatique. Cela dit,
c'est aussi et surtout dans le latin et le grec que l'anglais américain
puise encore aujourd'hui pour forger le vocabulaire scientifique et technique qui s'impose au
reste de la communauté scientifique et économique.
Depuis le milieu du XIXe siècle, le rôle de l'anglais dans le
monde n'a fait que croître. Le déclin de l'empire britannique n'a pas fait
reculer l'anglais, car la Grande-Bretagne a été relayée par les États-Unis.
L'anglais n'est pas une langue internationale comme le français, l'espagnol,
l'arabe ou le russe. C'est une langue mondiale. C'est le véhicule des science et
des techniques, de la médecine, de l'informatique, de la finance et des échanges
internationaux. L'anglais semble évoluer constamment vers une standardisation
supranationale, sans remettre en cause les variétés d'anglais nationales,
régionales et sociales. L'anglais s'est acclimaté en prenant des formes locales
diversifiées.
3.2 L'avenir
Par le fait même, il est possible que la langue anglaise soit un jour
fragmentée et dialectalisée, car le résultat ultime de l'expansion territoriale
est l'explosion. Plus une langue est parlée sur un vaste territoire, plus elle
aura tendance à se diversifier et à se fragmenter. Le linguiste Louis-Jean
Calvet suggère trois scénarios possibles:
1) L'anglais conserverait encore longtemps (quelques dizaines d'années) son statut actuel de véhicule mondial dans
les relations internationales, économiques et scientifiques.
2) Des alliances entre grands ensembles linguistiques telles que la
francophonie, l'hispanophonie, la lusophonie, l'arabophonie, etc., limitent
l'expansion de l'anglais. Un tel scénario impliquerait des interventions
politiques énergiques de la part de tous les gouvernements et organisations
concernés. Les pays nationalistes sont-ils prêts à livrer des batailles
internationales?
3) Grâce aux nouvelles technologies, notamment Internet, toutes les langues
pourront se développer librement. Toutefois, il est quasi certain que seul un
nombre limité de langues — dont l'anglais — pourrait bénéficier d'un tel
avantage.
Quel que soit le scénario, le rôle de l'anglais ne peut pas être éternel.
L'anglais sera forcément remplacé un jour par une autre langue, mais dans l'état
actuel des choses il est impossible de savoir laquelle prendra la relève, encore
moins quand exactement cette possibilité se réaliserait. Quant à savoir si
l'anglais se dialectalisera, il est peu probable qu'il le soit à moyen terme,
car les découvertes technologiques telles que la radio, la téléphonie, la
télévision, Internet, etc., ont eu pour effet de stopper la fragmentation
linguistique. Au contraire, on assiste de plus en plus à une standardisation de
la langue anglaise, tant écrite (surtout) que parlée, bien que certaines formes
locales continuent de coexister.
Par ailleurs, il s'est développé une forme d'anglais simplifié pour les
non-anglophones (c'est-à-dire la grande majorité des habitants de la planète),
qui a la cote. C'est le le
globish (contraction de Global English
ou Globalish)
que les anglophones ne comprennent pas. Avec son vocabulaire limité à 1500 mots
et à la syntaxe rudimentaire, ce sous-produit de l'anglais ne connaît ni
l'humour ni les métaphores, mais permet à tout le monde de se comprendre sans
peine. Cette manière de communiquer est déjà largement employée, un signe de la
mondialisation des rapports humains. En voici un exemple, avec une traduction
pour les personnes non encore familières avec le globish:
Globalish is really easy. Every one can speak globalish. And
everyone can understand it. Don't be afraid to speak globalish.
There is no particular rules. Except to be understanding.
With
globalish, you can get now a lot of friends around the World. For
example, if you want to meet a lot of new friends on Internet, you
must speak globalish.
Most of the people you can meet are not
english native. So, globalish is perfect to be understanding. If you
want to enter into the greatest world community, comes to join the globalish users. |
[Globish est vraiment facile. Chacun peut
parler globish. Et chacun peut le comprendre. N'ayez pas peur
de
parler globish. Il n'y a aucune règle particulière. Sauf
comprendre. Avec globish, vous pouvez
maintenant vous faire beaucoup
d'amis dans le monde entier. Par exemple, si vous voulez rencontrer
beaucoup de nouveaux amis sur Internet, vous devez parler globish.
La plupart des gens que vous pouvez rencontrer ne sont pas
anglophones de naissance. Comme ça, globish est parfait pour se comprendre. Si
vous voulez entrer dans la communauté la plus grande du monde, venez
rejoindre les utilisateurs de globish.] |
Pour le moment, on compterait quelques 350 000 utilisateurs
du globish, surtout sur Internet. Bref, il ne serait plus nécessaire
de maîtriser l'anglais pour communiquer dans le monde entier? C'est
sûrement une histoire à suivre!
3.3 Les difficultés de la langue
anglaise
Le dramaturge
anglais George Bernhard Shaw (1856-1950) avait
remarqué avec
esprit que l’anglais était certainement la langue la plus facile à mal
parler: «English is the easiest language to speak badly.» Ces propos
ont été repris par le célèbre linguistique américain d'origine lituanienne,
Edward Sapir (1884-1939), dans son ouvrage Linguistique. En 1908,
avec le soutien du président Theodore Roosevelt des États-Unis, de Bernard
Shaw et l'appui financier du philanthrope Andrew Carnegie, une société fut
fondée afin de simplifier l'orthographe anglaise sous le nom de "Simplified
Spelling Society". Cette Société estimait que la justification fondamentale
de toute modification de l'orthographe anglaise traditionnelle, c'était
qu'il devrait permettre d'améliorer l'alphabétisation et de réduire les
coûts d'apprentissage. En plus d'être plus rapide pour les enfants et les
étudiants étrangers à apprendre, la réforme de l'orthographe ne devait pas
placer d'obstacles inutiles pour ceux qui étaient déjà familiers avec
l'orthographe traditionnelle. Les résultats furent décevants.
De nombreux linguistes ont déjà évoqué le degré de difficulté
des langues, notamment de l'anglais. De là à penser qu'une langue «facile»
se répand mieux qu'une langue «difficile» apparaît comme une lapalissade.
Mais ce n'est pas aussi simple dans le merveilleux royaume des langues!
Évidemment, cette notion de difficulté repose sur des critères relatifs, car
une langue peut être considérée comme facile pour les uns, difficile pour
les autres. Le degré de difficulté dépend d'un grand nombre de causes
d'ordre social ou individuel. Par exemple, on répète souvent que la
proximité génétique entre deux langues rend plus facile l'acquisition d'une
autre langue. Selon ce principe, il peut paraître plus facile pour un
francophone d'apprendre l'espagnol (langue
romane) que l'anglais (langue
germanique) ou l'arabe (langue sémitique).
Mais ce n'est pas nécessairement aussi simple. Diverses considérations
peuvent entrer en ligne de compte de sorte qu'un francophone, par exemple
ayant toujours vécu au Maghreb, pourrait avoir plus de facilité à parler
l'arabe que l'espagnol ou l'anglais pour des raisons de proximité
géographique. Si la plupart des Hongrois instruits sont polyglottes, comment
expliquer que la plupart des Américains instruits soient plutôt unilingues?
Ce sont là des considérations sociales qui interviennent. Par ailleurs, une
langue peut se révéler aisée au plan phonétique, difficile au plan
grammatical; pour d'autres, ce serait l'inverse: facile au plan
morphologique, difficile au plan phonétique. Le japonais est réputé posséder
une grammaire facile, mais son écriture découragerait les personnes les plus
zélées.
Qu'en est-il de l'anglais? Le linguiste et professeur au
Collège de France Claude Hagège a tenté
de répondre à cette question dans son article «Difficiles (langues)» qu'on
trouve dans son Dictionnaire amoureux des langues (Paris, Plon /
Odile Jacob, 2009). Claude Hagège affirme d'abord que l'anglais est une
langue «assez hybride», puisqu'il est le résultat de trois rameaux
indo-européens: le celtique, le germanique et le latin.
- Le vocabulaire
Du fonds celtique, il ne reste plus beaucoup de traces, sauf dans la
toponymie anglaise de l'île de Grande-Bretagne: London, York, Kent,
Cornwall, Devon, etc. Ce sont tous d'anciens noms celtes. Si la base
germanique de l'anglais concerne presque tous les mots de la vie
quotidienne, la base latine touche pratiquement tous les mots savants. C'est
pourquoi cette triple appartenance lexicale rendrait l'anglais plus complexe
que d'autres langues. En réalité, la plus grande difficulté réside dans la
maîtrise des doublons, car ils sont nombreux anglais (liberty
/ freedom). Mais il s'agit là de difficultés plus théoriques
que réelles. Dans les faits, ceux qui apprennent l'anglais se heurtent à des
difficultés qui dépassent le vocabulaire.
- La phonétique
Ceux qui apprennent l'anglais constatent rapidement que cette langue possède
une grande variété de timbres vocaliques (voyelles) et diphtongués pour
lesquels les distinctions ne sont pas toujours aisées: bad
(«mauvais»), bat («chauve-souris»), bit («un peu»), bear
(«ours»), to bet («parier»), to bite («mordre»).
Les règles de prononciation de
l'anglais sont presque toutes soumises à de nombreuses exceptions, ce qui
rend imprévisibles un grand nombre de mots pour lesquels il est très facile
de trébucher. Un étranger doit apprendre que recipe («recette») se
prononce [resIpI], alors que
pipe («tuyau») est prononcé [pajp], mais receipt («reçu») est
prononcé [risit]. Bref, la prononciation de l'anglais apparaît totalement
irrationnelle pour un hispanophone ou un germanophone.
Quant à l'accent tonique, il présente
d'innombrables caprices pour un étranger qui croit que la prononciation de
chaque mot doit être apprise séparément.
En principe, l'accent tonique d'un mot est placé
par défaut
sur la première syllabe,
à moins qu'il n'y ait une
règle pour le placer ailleurs dans le mot. Le problème, c'est que la
présence de suffixes et de préfixes peut exiger le déplacement de l'accent
tonique, mais pas toujours et il faut tenir compte s'il s'agit d'un mot à
deux syllabes ou à trois syllabes. C'est ainsi
qu'on a dilatory («dilatoire, lent»), mais perfunctory
(«superficiel, de pure formalité»), mischief («mauvais coup»), mais
misgiving («soupçon»), to conquer («conquérir»), mais consanguinity
(«consanguinité»), etc.
- L'orthographe
Pour se moquer de l'orthographe anglaise, l'écrivain George
Bernard Shaw (1856-1950) rapporte que le mot fish devrait s'écrire «ghoti».
Il explique que le graphème se prononce [f] comme dans enough, le
graphème [o] se prononce [i] comme dans women et que [ti] se prononce
[sh] comme dans nation. Évidemment, il s'agit d'une blague,
mais elle témoigne de l'incohérence de
l'orthographe en anglais. Il est très important de comprendre que
l'orthographe anglaise et la prononciation anglaise semblent arbitraires,
surtout pour des scripteurs habitués à une écriture plus phonétique.
Par exemple, si le mot tongue («langue») se prononce [tong] sans -e
final, pourquoi argue («se disputer») ne se prononce-t-il pas [arg]
mais [agju]? Et si enough («assez») se prononce [enuff], pourquoi bough
(«branche») ne se prononce-t-il pas [buff] mais [baw]? Évidemment, on
trouverait des exemples similaires avec l'orthographe française, toute aussi
incohérente.
Des lettres ou groupes de lettres en anglais renvoient à des prononciations
différentes. Par exemple, dans les mots suivants, la graphie -ough
renvoie à une prononciation différente:
bough («branche») se prononce comme cow («vache»)
ou [baw];
cough («toux») se prononce comme off («hors circuit»);
rough («rude») se prononce comme puff («souffle»);
though («pourtant») se prononce comme Jo (prénom féminin);
through («à travers») se prononce comme too («trop»);
De nombreux mots écrits différemment se prononcent
exactement de la même façon (homophones):
sea / see = [si:];
for / four = [fòR]
hear / here = [hIëR]
one / won = [wAn]
knight / night = [naIt]
him / hymn = [hIm]
to / too / two = [tou] comme fr. toux.
Par ailleurs, des mots écrits de façon identique sont
prononcés différemment (homographes):
bow («proue») = [baw] se prononce comme dans
cow («vache»);
bow («ruban») = [bo] se prononce comme dans go («aller»);
lead («diriger») = [li:d] se prononce comme dans feed
(«nourriture»);
lead («plomb») = [ ] se prononce comme dans fed
(«nourri»);
wind («vent») = [wInd] ] se prononce comme
dans pinned («immobilisé»);
wind («essouffler») = [waInd ] se prononce
comme dans find («trouver».
Bref, il est difficile, voire
impossible, de déduire la prononciation d’un mot à sa simple lecture.
C'est encore George Bernard Shaw qui aurait dit que la Grande-Bretagne et
les États-Unis étaient «deux nations séparées par une même langue» ("two
nations divided by a common language"), parce que l'orthographe britannique
pouvait être différente de l'américaine: centre/center, colour/color,
traveller/traveler, etc. À l'expérience, la plupart des jeunes Chinois
et des jeunes Japonais n'atteignent pas les connaissances suffisantes pour
bien prononcer l'anglais, et ce, après
2000 heures d’études, alors qu'en 250 heures ces jeunes apprentis réussissent à prononcer
correctement l’espéranto.
- La grammaire
Les difficultés de l'anglais ne se limitent pas à la phonétique ni à
l'orthographe qui est proprement aberrante (comme en français).
La grammaire anglaise est également en cause. Nous pourrions évidemment
citer comme exemples la liste des 180 verbes irréguliers en anglais: be/was/been
(«être»), bear/bore/borne («porter»), begin/began/begun
(«commencer»), choose/chose/chosen («choisir»), do/did/done
(«faire»), etc. Cependant, bien que cette liste de verbes soit pénible
à apprendre, elle ne compte pas parmi les plus grandes difficultés de la
langue anglaise.
Pour beaucoup d'élèves qui apprennent l'anglais, la principale difficulté concerne
plutôt les expressions idiomatiques qu'on rencontre dans la combinaison des
verbes avec des adverbes ou des prépositions. Cette combinaison des
mots-outils aux verbes constitue parfois des problèmes redoutables. Citons quelques exemples:
Expression idiomatique |
Traduction |
to bear someone out |
«donner raison à quelqu'un» |
to buy someone off |
«acheter le silence de quelqu'un» |
to catch on |
«saisir l'occasion» |
to catch out |
«prendre quelqu'un sur le fait» |
to hold forth (to the crowd) |
«haranguer une foule» |
to hold in |
«réprimer» ses désirs |
to hold up |
«soutenir»; «lever quelqu'un» (en l'air) |
to come out |
«se dévoiler»; «dévoiler son homosexualité» |
to do in
|
«tuer» ; «assassiner» |
to do out
|
«faire nettoyer» (une chambre/salle) ou «améliorer» |
to do away with |
«se
débarrasser» ; «supprimer» |
to do over |
«refaire des
travaux (embellissement)» |
to for for someone
|
«s'en prendre à quelqu'un» |
to give in |
«capituler»; «céder» |
to give out |
«abandonner»; «distribuer»;
«tomber en panne» |
to give over |
«céder le pas» |
to sell out |
«liquider» ; «trahir» (ses principes) |
to
sell off |
«solder» ;
«écouler à bas prix» |
to
sell back |
«revendre» |
to
sell up |
«vendre son
affaire» ou «faire saisir»; «liquider» |
to take off |
«décoller»; «s'envoler» |
to take over |
«prendre en charge» |
to take down |
«décrocher» (un tableau);
«abattre (un mur) |
to take in |
«rentrer»; «recueillir» |
Ce genre de construction est typique aux
langues germaniques ; il est présent en allemand, en néerlandais, en suédois, etc.,
mais en anglais ces constructions ont pris avec les siècles une très grande
importance. L'anglais en possède un nombre considérable, c'est-à-dire beaucoup plus que
dans les autres langues germaniques. Le problème pour quiconque apprend
l'anglais, c'est que ces petits mots (adverbes ou prépositions), en apparence
tout à fait anodins, qui apparaissent parfois seuls, parfois en groupes de
deux ou de trois, en arrivent à modifier le sens des verbes, souvent de
façon radicale, sans oublier les variantes britanniques et américaines qui
entrent en ligne de compte. Pour beaucoup d'étrangers, ces constructions
paraissent arbitraires et absurdes, et extrêmement difficiles à maîtriser
dans la mesure où elles modifient le sens des verbes.
Mais l'anglais ne se contente pas de si peu. Il existe bien
d'autres difficultés, mais les exemples précédents peuvent suffire à
illustrer que l'anglais n'est pas aussi simple qu'on veut bien le laisser
croire. En France, même le ministère de l'Éducation nationale a fini par le
reconnaître dans le Bulletin officiel, no 6, du 25 août 2005, destiné au
«Programme de l'enseignement des langues vivantes étrangères au palier 1 du
collège» (annexe III):
Anglais (Langue vivante 1)
Il convient par ailleurs de garder à l'esprit le
statut spécifique de l'anglais au sein du système éducatif français et les
conséquences qui en découlent. L'anglais est en effet la seule langue présente
dans tous les types d'enseignement et elle est étudiée par la grande majorité
des élèves. On trouvera bien entendu les raisons de ce choix dans l'omniprésence
de la langue anglaise dans le monde contemporain, y compris dans la vie
quotidienne des Français. Mais cette impression de familiarité peut être
trompeuse : elle risque d'occulter le fait qu'apprendre
l'anglais nécessite implication et travail régulier.
L'anglais est en effet, contrairement aux idées reçues,
une langue difficile pour les francophones,
en particulier à l'oral. Une importance particulière doit être accordée
la maîtrise de la langue orale et cette maîtrise ne peut être acquise que dans
le cas d'un
entraînement systématique et substantiel. |
Si apprendre l'anglais nécessite une implication et un travail
régulier, ainsi qu'un entraînement systématique et substantiel, c'est que l’anglais est une langue difficile,
pas juste pour les francophones, même pour les
Britanniques et les Américains. Le linguiste Claude Hagège (2009) rappelle aussi
que «les locuteurs anglophones maîtrisent l'anglais plus tard que les
hispanophones ne maîtrisent l'espagnol et les sinophones, le chinois
(mandarin)» parlé. Pour lui, la conclusion est simple: «L'anglais est une langue
difficile.» Or, Claude Hagège est reconnu pour être polyglotte, avec des
connaissances dans une cinquantaine de langues, dont l'espagnol, le
portugais, l'italien, l'anglais, l'arabe, le chinois mandarin, l'hébreu, le
russe, le hongrois, le turc, le persan, le malais, l'hindi, le japonais,
etc. Le professeur Hagège possède notamment une
très bonne maîtrise de toutes
les grandes langues internationales dans lesquelles il lui est aisé de
donner des conférences dans le monde entier. S'il considère que l'anglais est une langue
«difficile», il peut avoir raison, car il
ne s'agit pas, de sa part, d'une affirmation gratuite.
 |
Du côté anglophone, le professeur
Joseph Kimble, de la Thomas M. Cooley Law School
(l'École de droit Thomas M. Cooley) à Lansing (Michigan) a étudié les implications
d'une langue anglaise «claire» dans les affaires des États, donc sans
fautes, ce qui signifie que les anglophones font beaucoup de fautes parce
qu'ils maîtriseraient mal leur langue. Si l'anglais était si facile, les
anglophones de naissance n'auraient sans doute aucune difficulté, mais ce
n'est pas aussi simple. Pour le Royaume-Uni, J. Kimble estime que le pays
perd six milliards de livres par année à cause des lettres
horriblement écrites de la part du personnel. La poste
britannique, la Royal Mail, économiserait 500 000 livres en neuf
mois en utilisant un anglais clair ("plain English") dans ses
formulaires. La société British Telecom a réduit ses formulaires
de 25 % (et des coûts équivalents) en employant un anglais sans
fautes. Aux États-Unis, la US Navy estime que l'anglais correct lui
permettrait d'économiser de 250 à 300 millions de dollars chaque année. Le
US Department of Veterans Affairs (ministère des Anciens Combattants), pour
sa part, économiserait 40 000 $ US par année. Quant à la société General
Electric, ce serait plus de 275 000 $ US. |
Par ailleurs, des études sur la dyslexie (problèmes de lecture ou de langue
écrite) — voir la revue Science d'avril 2001 — démontraient que les
langues réputées «difficiles» au plan phonétique, comme l'anglais, auraient un
fort taux de
dyslexie. Au contraire, des langues plus «régulières» comme l'espagnol,
l'italien ou l'allemand, semblent connaître un taux de dyslexie plus faible.
Ainsi, il y a deux fois moins de dyslexiques chez les petits Italiens de dix
ans que chez les Américains du même âge. Physiologiquement, Anglais,
Américains, Français, Italiens, etc., sont à égalité devant ce problème,
mais cette égalité s'arrêterait au cerveau. Le Royaume-Uni est le pays où se
trouve le taux le plus élevé de dyslexiques en Europe: les élèves
britanniques sont les derniers à savoir lire dans toute l'Europe. On peut se demander pourquoi les Italiens lisent-ils
mieux? Selon le professeur Eraldo Paulesu de l'Université Bicocca de Milan:
«La différence ne tient pas à la langue elle-même. Elle tient à leurs
systèmes d'écriture, qui varient en complexité pour des raisons d'ordre
historique.»
Pour les chercheurs, ces résultats ne semblent pas
très surprenants, si l'on observe la structure même des langues. Avec plus de
mille façons différentes (exactement 1120 graphèmes) d’écrire la quarantaine
de phonèmes de l'anglais, les dyslexiques anglophones apparaissent les plus
démunis, même devant les francophones, pourtant assez mal lotis eux aussi. Par contre,
la langue italienne ne nécessite que 33 combinaisons de
lettres pour orthographier ses 25 phonèmes. Par conséquent, lire l'italien
demanderait moins d'effort que lire l'anglais! En matière de complexité
linguistique, l’anglais tient le haut du pavé des langues appelées
«irrégulières». Au final, des spécialistes recommandent de dispenser les
dyslexiques sévères de l'apprentissage de l'anglais écrit.
Il
n'en demeure pas moins que
toutes les difficultés relatives à l'anglais ne sauraient empêcher la
planète entière de vouloir apprendre cette langue, ce qui ne les élimine pas
pour autant.
4 Les locuteurs de l'anglais dans le monde
Aujourd'hui, l'ensemble des pays qui ont subi, d'une façon ou d'une autre, la
colonisation britannique ou américaine comprend une soixantaine de nations
(voir le tableau) comptant au moins 1,6 milliard de personnes. Bien que l'implantation de la
langue anglaise dans ces pays soit très inégale, il n'en demeure pas moins qu'il
s'agit là de l'ensemble géolinguistique le plus important au monde, et ce, tant
par la quantité des locuteurs concernés que par la dispersion de ceux-ci sur la
planète.

Carte reproduite avec l'aimable
autorisation de
M. Mikael Parkvall de
l'Institutionen för lingvistik, Université de Stockholm.

Du point ce vue linguistique, comparativement aux autres langues germaniques
telles que l'allemand, le néerlandais, le danois, etc., l'anglais est resté une
langue très romanisée où l'influence du français et du latin a été déterminante.
La linguiste Henriette Walter, professeur émérite à l'université de
Haute-Bretagne de Rennes, estime qu'environ 60 % des mots anglais proviennent du
français ou du latin. En revanche, le français n'a fait qu'entre 3 % et 5 %
d'emprunts à l'anglais. De plus, l'anglais et le français ont en commun quelque
3222 mots. Par exemple, abandon, bizarre, fiancé,
important, moustache, objection ou troglodyte ont
exactement la même orthographe et le même sens, alors que d'autres se sont
adaptés, comme mushroom (<
fr. mousseron), laundry (<
fr. lavandier), powder (<
fr. poudre), school (<
fr. escole: école), etc. Pour ce qui est du français, il reste une langue
très germanisée par rapport aux autres langues romanes, telles que l'italien,
l'espagnol, le catalan, etc.
Rappelons que l’anglais est une langue germanique (comme l’allemand et le
néerlandais), alors que le français est une langue romane (comme l’espagnol et
l’italien). Or, d’une part, en raison de l’influence exercée par le français,
l’anglais est devenu une langue fortement romanisée dans son vocabulaire;
d’autre part, le français a été relativement germanisé par le francique lors de
la période romane, ce qui explique en partie certaines ressemblances étonnantes
entre les langues française et anglaise. De plus, l’anglais a toujours
abondamment puisé dans le latin et le grec pour acquérir les mots dont il avait
besoin. Comme le rapporte si bien Henriette Walter (L’aventure des mots
français venus d’ailleurs, Paris, Éditions Robert Laffont, 1997, p. 177),
l’anglais demeure un «vieux compagnon de route». En effet, depuis neuf siècles,
les rapports entre l’anglais et le français ont toujours été «intimes» et les
échanges entre les deux langues ont toujours été déséquilibrés, d’abord à
l’avantage du français, puis aujourd’hui à celui de l’anglais. En effet, entre
le XIe siècle et le XVIIIe
siècle, le français a transmis
à l’anglais des milliers de mots au point où l’on peut affirmer que 60 % du
vocabulaire anglais est d’origine française (ou latine). Toutefois, le processus
s’est inversé à partir du milieu du XVIIIe siècle et les mots anglais
ont alors nourri la langue française. Ensuite, depuis le milieu du XXe
siècle, la tendance s’est considérablement accélérée à partir, cette fois-ci,
des États-Unis d’Amérique.
Dernière mise à jour:
16 juil. 2023


États de langue officielle anglaise
(dans le site Aménagement linguistique dans le
monde)
Histoire de la langue anglaise
