Drapeau de l'Inde
État du Tamil Nadu

Tamil Nadu

Capitale:  Chennai (anciennement Madras)
Population: 62,4 millions (2001)
Langue officielle:
tamoul
Groupe majoritaire: tamoul (89,4 %)
Groupes minoritaires: télougou (5,6 %), kannada (1,6 %), ourdou (1,5 %), malayalam (0,8 %), gujarati (0,3 %), hindi (0,3 %), marathi (0,0 %), anglais  (0,0 %), bengali (0,0 %), sindhi (0,0 %), oriya (0,0 %), panjabi (0,0 %), konkani (0,0 %), népali (0,0 %), toulou (0,0 %), etc.
Système politique: territoire de l'Union indienne
Articles constitutionnels (langue): art. 15, 29, 30, 120, 210, 343 à 350 de la Constitution de 1956 (en vigueur)
Lois linguistiques de l'Union:
Code de procédure civile (1908); Ordonnance présidentielle de 1960; Loi sur les langues officielles (1963/1967); Loi sur les textes autorisés (lois fédérales) (1973); Règlements sur les langues officielles (1976/1987); Ordonnance n° 18 sur l'audition du procès et l'examen des témoins (1976); Loi sur la Commission nationale pour les minorités (1992); Loi sur les réseaux câblés de télévision (Réglementation) (1995); Loi sur la Commission nationale pour les établissements d'enseignement minoritaires (2004); Loi sur le droit à l'information (2005); Règlement sur la Commission nationale pour les établissements d'enseignement minoritaires (procédure d'appel) (2006); Directives relatives à la langue officielle de 2009; Loi sur le droit des enfants à une éducation gratuite et obligatoire (2009).
Lois de l'État: Loi sur la langue officielle du Tamil Nadu (1956); Loi sur le renouvellement de l'emploi de la langue anglaise (1964);
Loi sur l'apprentissage du tamoul (2006); Loi sur un système uniforme d'enseignement scolaire (2010); Règlement sur le système uniforme d'enseignement scolaire (2010); Loi sur la Commission pour les minorités de l'État du Tamil Nadu (2010).

1 Situation générale

La Tamil Nadu (littéralement: «le pays des Tamouls») est un État du sud de l'Inde, d'une superficie de 130 060 m² équivalant à la Grèce (Inde: 3 287 590 km²) et il est limité au nord par l'État de l'Andhra Pradesh, au nord-ouest par le l'État du Karnataka, à l'ouest par l'État du Kerala, à l'est et au sud par le golfe du Bengale et l'océan Indien. Il occupe la partie la plus méridionale de la péninsule indienne. La capitale de l'État est Chennai (prononcer [se-neij]), autrefois appelée Madras (jusqu'en 1996).

Le Tamil Nadu est aujourd'hui composé administrativement de 32 districts : Chennai, Coimbatore, Cuddalore, Dharmapuri, Dindigul, Erode, Kanchipuram, Kanyakumari, Karur, Krishnagiri, Madurai, Nagapattinam, Namakkal, Nilgiris, Perambalur, Ramanathapuram, Salem, Pudukkottai, Sivaganga, Thanjavur, Theni, Thoothukudi, Thiruchirapalli, Thirunelveli, Thiruvallur, Thiruvannamalai, Thiruvarur, Vellore, Villupuram, Virudhunagar, ainsi que les nouveaux districts de Ariyalur et Tirupur. 

De 1947 à 1969, le Tamil Nadu s'est appelé l'État de Madras. Avant l'indépendance de l'Inde (1947), l'État de Madras faisait partie de la «Présidence de Madras» ("Madras Presidency"), qui comprenait en plus du Tamil Nadu actuel les États de l'Andhra Pradesh, du Karnataka et du Kerala. L'Union territoriale de Pondichéry compte deux districts enclavés dans le Tamil Nadu: Pondichéry et Karaikal.

2 Données démolinguistiques

En 2001, la population du Tamil Nadu était de 62,4 millions (exactement 62 405 679) d'habitants, soit l'équivalent de la population de la France. Cet État est, comme souvent en Inde, une région plus ou moins multiethnique, multilingue et de confessions religieuses multiples. Les habitants du Tamil Nadu se partagent inégalement en deux grandes familles linguistiques: les langues dravidiennes et les langues indo-iraniennes (famille indo-européenne). Cependant, ce sont les locuteurs des langues dravidiennes, qui forment la population autochtone de cette région, car le Tamil Nadu est un État du Sud, les États du Nord étant indo-iraniens.

Le tableau qui suit illustre les langues parlées par plus de 1000 locuteurs.

Langue maternelle Locuteurs (2001) Pourcentage Groupe linguistique
tamoul  55 798 916 89,4 % famille dravidienne
télougou    3 527 594 5,6 % famille dravidienne
kannada    1 045 234 1,6 % famille dravidienne
ourdou       942 300 1,5 % langue indo-iranienne
malayalam       557 705 0,8 % famille dravidienne
gujarati       202 621  0,3 % langue indo-iranienne
hindi      189 474 0,3 % langue indo-iranienne
marathi        60 614 0,0 % langue indo-iranienne
anglais        25 151 0,0 % langue germanique
bengali          8 805   0,0 % langue indo-iranienne
sindhi         7 375 0,0 % langue indo-iranienne
oriya         6 154 0,0 % langue indo-iranienne
panjabi         5 696 0,0 % langue indo-iranienne
konkani        4 657 0,0 % langue indo-iranienne
népali         4 323   0,0 % langue indo-iranienne
toulou (ou tulu)        1 872 0,0 % famille dravidienne

On peut remarquer que les langues de la famille dravidienne sont nettement majoritaires par comparaison aux langues indo-iraniennes. Le tamoul est parlé par une forte majorité, soit par 89,4 % de la population de l'État du Tamoul Nadu.

2.1 La langue tamoule

Comme le tableau précédent l'indique, le tamoul (tamil en tamoul et en anglais) appartient à la famille des langues dravidiennes. C'est la plus vieille langue de cette famille (avec le kannada) à être utilisée et probablement l'une des plus anciennes au monde toujours employées. En effet, le tamoul est resté pratiquement inchangée depuis 2500 ans.

- L'écriture et les dialectes

Le tamoul utilise un système d'écriture dravidienne appelée alphasyllabaire. Il consiste en un ensemble de signes utilisés dérivé du grantha utilisé pour noter le sanskrit dans les régions tamoulophones de l'Inde jusqu'au XIXe siècle. Le système actuel sert à représenter les sons ou phonèmes de la langue tamoule, mais avec des signes représentant des syllabes pourvues d'une voyelle par défaut et d'autres signes modifiant, remplaçant ou supprimant cette même voyelle.

Le tamoul parlé en Inde est fragmenté en de nombreux dialectes relativement distincts les uns des autres. Chaque région possède sa variété de tamoul, sinon d'une ville à l'autre, voire d'un village à l'autre. De plus, il existe de grandes différences entre le tamoul écrit (le centamil) et le tamoul parlé (le koduntamil). Le tamoul littéraire (centamil), celui utilisé dans les livres et les journaux, respecte les règles d'orthographe, de grammaire et de syntaxe du tamoul standard. Quant au tamoul populaire (parlé), il varie beaucoup selon les régions et diffère du tamoul standard. Depuis le début du XXe siècle, les grammairiens et linguistes tamouls font des efforts pour rapprocher la langue écrite de la langue parlée, tout en conservant les particularités de cette écriture très ancienne.

- Les emprunts du tamoul aux autres langues

Au cours de son histoire, le tamoul a emprunté de nombreux mots aux autres langues. L'une de ses principales sources a été le recours au sanskrit, une langue indo-européenne qui a donné naissance à de nombreuses langues de l'Inde (hindi, bengali, marathi, bihari, gujarati, panjabi, oriya, népali, assamais, sindhi, konkani, pahari, cinghalais, ourdou, tsigane, domari, etc.). En plus du sanskrit, des emprunts au persan et à l'arabe ont aussi exercé une influence certaine sur le tamoul. Cependant, depuis l'époque coloniale britannique, l'anglais est devenu nettement la langue la plus influente, surtout en raison des chances d'emploi dans la fonction publique ou les affaires. Le lexique de l'automobile donne de bons exemples d'emprunts: kār (< car : «auto»), bas (< bus : «autobus»), taksi (< taxi), motorsaikel (< moto), saikel (< cycle : «bicyclette»), garedj (< garage), tayar (< tire : «pneu»), steshan (< station : «gare»). Il faut aussi considérer que le tamoul situé au nord de l'État a subi l'influence du télougou de l'Andhra Pradesh ou du kannada du Karnataka, alors que dans l'ouest le malayalam a joué le même rôle. Lorsque, par exemple, le tamoul résulte d'un mélange de tamoul et de malayalam, la communication peut être plus difficile.

- La valeur sociale du tamoul

Dans les faits, même au Tamil Nadu, le prestige social du tamoul laisse à désirer. En effet, le tamoul parlé est dans un état de diglossie, c'est-à-dire qu'il est généralement réservé aux communications informelles, l'anglais aux communications formelles. Les Tamouls ont donc développé un complexe d'infériorité à l'égard de leur langue. Tant qu'ils vivent en dehors des grands centres urbains, le tamoul peut suffire, mais dans les grandes villes l'anglais est omniprésent, comme langue seconde et comme langue véhiculaire.

En règle générale, les parents du Tamil Nadu sont fiers que leurs enfants maîtrisent l’anglais, même aux dépens du tamoul. De plus, l'hindi, l'une des deux langues officielles de l'Union indienne, a pour effet de menacer le statut du tamoul, puisque l'hindi a préséance sur cette langue au sein de l'Union indienne. Beaucoup de Tamouls affirment que le Tamil Nadu est gouverné par New Delhi par des politiciens hindiphones et anti-tamouls. Les Tamouls se voient forcés d'apprendre l'hindi parce que leur État, le Tamil Nadu, fait partie de l'Inde. Bref, le tamoul doit subir la concurrence de deux langues au prestige supérieur : l'anglais et l'hindi.

- Le tamoul dans le monde

Le tamoul est parlé non seulement en Inde, mais aussi au Sri Lanka, à Singapour, en Malaisie, à l'île Maurice, à l'île de La Réunion (France), en Guadeloupe (France), aux États-Unis, aux îles Fidji, en Thaïlande, aux Pays-Bas, au Canada, en Afrique du Sud, aux îles Maldives, dans les Émirats arabes unis, au Bahreïn, au Qatar, au Brunei, etc. Le tamoul parlé dans ces divers pays peut être différent et présenter des obstacles à la compréhension. Par exemple, le tamoul en usage au Sri Lanka est réputé pour être plus littéraire que celui parlé au Tamil Nadu. Il est probable qu'un tamoulophone de l'Inde aura beaucoup de difficulté à comprendre un tamoulophone de l'île Maurice. Le tamoul est une langue officielle non seulement au Tamil Nadu, mais il est aussi co-officiel à Pondichéry (avec l'anglais, le français, le télougou et le malayalam), à Singapour (avec le malais, l'anglais et le chinois) et au Sri Lanka (avec le cinghalais). On trouve probablement des Tamouls dans tous les États indiens, mais ce sont des minorités protégés uniquement par le statut du tamoul comme langue constitutionnelle, ce qui, dans les faits, demeure une protection théorique. Ailleurs dans le monde, le tamoul reste une langue immigrante, sans statut.

2.2 Les langues minoritaires

Les langues des principales minorités linguistiques parlent le télougou (5,6 %), le kannada (1,6 %), le malayalam (0,8 %), le gujarati (0,3 %), l'hindi (0,3 %), etc. Si le télougou, le kannada et le malayalam sont des langues dravidiennes, les autres, notamment l'ourdou, le marathi, le sindhi, l'oriya, le panjabi et le népali sont des langues indo-iraniennes. Quelques-unes de ces langues bénéficient d'une reconnaissance dans certains districts, notamment dans les écoles: le télougou, l'ourdou, l'hindi, le malayalam, le kannada et le gujarati. Les autres langues ne jouissent d'aucun statut, sauf l'anglais parlé par une toute petite minorité, soit 25 151 locuteurs, alors que l'État compte 62,4 millions d'habitants.

L'hindi (189 474 locuteurs) et l'anglais (25 000 locuteurs) sont des langues au statut particulier au Tamil Nadu. Ce sont les deux langues officielles de l'Union, ce qui leur confère un statut unique, y compris au Tamil Nadu. De nombreux Indiens hindiphones résident au Tamil Nadu parce qu'ils travaillent pour le gouvernement central (fédéral). Il en est ainsi pour l'anglais. Ce sont donc des langues bénéficiant d'un pouvoir d'attraction disproportionné par rapport au nombre des locuteurs de ces langues, notamment dans le cas de l'anglais. C'est l'anglais qui sert de langue véhiculaire entre le gouvernement de l'État et le gouvernement central.

Environ 88 % de la population s'identifie comme étant de confession hindoue. Les chrétiens et les musulmans forment ensemble plus de 11 % de la population.

3 Brèves données historiques

L'histoire du Karnataka est très ancienne, car elle remonte au paléolithique. La région est occupée depuis plus de 2000 ans. Les Tamouls furent les premiers occupants important dans la région. Ils se sont installés au nord de l'actuel Tamil Nadu bien avant le venue des Indo-Aryens (Indo-Européens), mais ils ont été repoussés dans le Sud, vers 1500 avant notre ère, lors de l'arrivée des Indo-Aryens.

3.1 Les empires hindous

Pendant que les empires Maures et Gupta, ainsi que d'autres dynasties médiévales, occupaient le Nord, le sud de l'Inde a été sous la domination des dynasties Chera, Chola, Pandya et Pallava. Les Pandyas et les Cheras ont été les maîtres de la région pendant l'ère préchrétienne et jusqu'au IIIe siècle de notre ère. Les Pallavas prirent le pouvoir du Ve au VIIIe siècle, et les Cholas du IXe au XIIe siècle.

L'histoire du Tamil Nadu s'est poursuivie sous l'empire des Chola, entre 990 et 1210. Les Chola connurent leur apogée sous Rajaraja Chola I et Rajendra Choladeva. C'est aussi sous leurs règnes que l'Inde connut l'unique période de puissance maritime de son histoire. Entre 1026 et 1343, ce fut le règne de la dynastie Hoysala, qui assura sa domination. L'expansion de l'empire Hoysala s'est étendu dans de grandes régions de l'Andhra Pradesh moderne et du Tamil Nadu.

3.2 La conquête musulmane

Au début du XIVe siècle, la conquête musulmane entraîna la chute de tous les royaumes hindous de l'Inde méridionale, mais sans toujours occuper ces régions de façon permanente. Les envahisseurs ont eu pour effet de susciter une forte réaction de nationalisme chez les hindous. Harihara Ier fonda la première dynastie vijayanagara des Sangama (1336-1486), pendant que son frère Bukka s'emparait du Hoysala en 1343.  Bukka I (1356-1377) finit par devenir le véritable maître du pays tamoul. Il proclama l'égalité des religions dans le royaume de Vijayanâgara (de religion hindoue), que ce soit le le judaïsme, le christianisme ou l'islam. 

Harihara II (1377-1404) succéda à son père Bukka et fit la conquête des ports occidentaux de Goa, Chaul et Dabhol sur la côte de Malabar. Il étendit son royaume vers le golfe du Bengale. C'est sous le règne de Devaraya II (1422-1446) que l'empire hindou des Vijayanagara connut sa plus grande extension. 

Toutes ces dynasties ont occupé l'aire tamoule avant l'arrivée de l'empire des Vijayanagara, qui étendit son hégémonie jusqu'au XIVe siècle. Puis, en 1429, les fermiers, les commerçants et les artisans tamouls amènent le pays à s'unir et se révolter contre les dirigeants Vijayanagara. Pour renforcer son armée contre les attaques des Bahmani (dynastie musulmane de l'Inde médiévale), Devaraya II, empereur du Vijayanagara,  autorisa l'intégration de soldats musulmans et la pratique de l'islam. Il renforça aussi le pouvoir central en contrôlant les chefs locaux. Le pouvoir royal des Vijayanagara diminua sous les règnes de Mallikarjuna (1446-1465), le fils de Devaraya II, et de Virupaksha (1465-1485), lesquels durent se départir de territoires au bénéfice des Bahmani, tandis que les gouverneurs locaux firent preuve d'indépendance. Krishna Deva Râya prit le pouvoir (1509-1529) et devint le plus grand roi de Vijayanagara.

L'empire des Vijayanagar déclina en 1564, soit après la bataille de Talikota. L'armée du royaume fut détruite par les sultanats du Deccan, le roi Ramaraya fut assassiné et la ville de Vijayanagara ainsi que les autres grandes villes du royaume furent pillées et mises à sac. La bataille de Talikota avait mis un terme au dernier grand empire du sud de l'Inde. L'ancien royaume de Vijayanagar se fragmenta en plusieurs petits royaumes entre les sultans victorieux, ce qui, en même temps, allait entraîner leur perte. Divisés, ils ne purent faire face ni au Moghols ni aux Britanniques.

3.3 Les colonisations européennes

Dès 1605, les Hollandais avaient fondé des comptoirs commerciaux le long de la côte est du Tamil Nadu, appelée «côte de Coromandel», mot provenant de la francisation de Chola mandalam, c'est-à-dire le «pays des Chola». De leur côté, la British East India Company (Compagnie britannique des Indes orientales) s'installa un peu plus au nord. Pendant ce temps, l'Empire moghol s'est étendu dans presque toute l'Inde, introduisant le religion musulmane dans le sous-continent, en rivalité avec l'hindouisme. En 1017, à la mort du dernier grand empereur moghol, Aurangzeb (1618-1707), l'empire commença une lente et continuelle fragmentation, tout en conservant un certain pouvoir pendant encore plus d'un siècle. L'administration du sud de l'Inde, donc celle du Tamil Nadu, se fractionna en de multiples chefs locaux (palayakkarars ou poligars) qui se combattaient les uns les autres, entraînant une sorte de chaos politique. Les Européens allaient pouvoir profiter de la situation et exploiter à leur avantage la confusion généralisée.

- La France

Dans ses efforts pour développer le commerce, le ministre de Louis XIV, Jean-Baptiste Colbert (1609-1683), fonda en 1664 une compagnie à monopole, la fameuse Compagnie des Indes orientales, qui était en réalité la première entreprise commerciale française, la seule à pouvoir échanger des marchandises avec l’Inde. La compagnie envoya aussitôt plusieurs flottes dans l’océan Indien dans le but d'y fonder des comptoirs. En Inde, le Grand Moghol Aurangzeb (1618-1707) autorisa les Français à s’établir à Surate dans le Gujarat. Après avoir tenté d'établir une colonie dans l'île de Ceylan (Sri Lanka), les Français remontèrent la côte du golfe du Bengale, le long de la côte de Coromandel et finirent par s'implanter à Pudu Cheri (francisé plus tard en Pondichéry), un village de pêcheurs situé à l’embouchure de la rivière d’Ariancoupam. La région était sous la souveraineté du sultan musulman de Bijapur. François Martin, un agent de la Compagnie française des Indes orientales, signa avec le sultan un accord lui permettant d’y fonder une «maison de commerce» en 1674.

Martin y érigea aussitôt un fort à la Vauban, puis des centaines d'habitations furent construites. En 1691, on y recensait quelque 20 000 habitants. La France avait acquis en 1675 un autre comptoir, Chandernagor, au nord de Calcutta (Bengale). Viendront s'ajouter en 1725 Mahé et Yanaon (Yanam), ainsi que Karaikal (Karaikal) en 1739. Seuls les comptoirs de Pondichéry et de Karaikal sont situés dans l'actuel État du Tamil Nadu. En 1739, Joseph François Dupleix était nommé gouverneur de Pondichéry, mais son influence allait dépasser les frontières de Pondichéry pour s'étendre sur une grande partie de la côte de Coromandel (Établissements français de l'Inde).

Le traité de Paris de 1763 allait mettre fin aux conflits entre les Français et les Britanniques. L'article 11 du traité restituait à la France les comptoirs commerciaux de Pondichéry sur la côte de Coromandel; le traité confirmait formellement confirmé Mahommed Ali Khan comme le légitime émir (nabob ou nawab: souverain indien de religion musulmane) de la côte de Carnatique correspondant à tout le Deccan méridional, c'est-à-dire l'ancien royaume de Vijayanagar.

- La Grande-Bretagne

Les Britanniques considérèrent le pays comme une zone de prospérité financière et ils ne touchèrent pas à la culture, aux croyances et aux religions du sous-continent. Sous la Couronne britannique, l'Inde resta un ensemble d'États hétéroclites États princiers gouvernés par des maharadjas et des nawabs dont plusieurs restèrent relativement indépendants. Par leur intérêt pour le commerce et le profit, les Britanniques exploitèrent les richesses naturelles du pays. Ils développèrent des structures solides et organisées, lesquelles se révèleront très utiles par la suite aux Indiens lors de l'indépendance. La langue anglaise fut imposée comme langue administrative, au Tamil Nadu comme ailleurs, ce qui permit aux colons britanniques de maintenir une certaine supériorité par rapport aux peuples colonisés.

Vers la fin du XIXe siècle, les Britanniques commencèrent à préparer l'indépendance future de l'Inde en déléguant des pouvoirs aux Indiens tout en gardant un grand contrôle. À partir de 1882, les Britanniques établirent la Local Self-Government Act ("Loi sur l'autonomie locale"), un système politique fondé sur l'élection, qui s'étendra dans les "provinces" avec les réformes de 1909, 1919 et 1935. En 1885, fut fondé le Congrès national indien par une intelligentsia hindoue soucieuse de prendre pied dans l'Administration.

Au début du XXe siècle, l'opposition du Parti du Congrès (parti établi par les Britanniques afin de favoriser l'autonomie de l'Inde) au pouvoir grandit et, après la Première Guerre mondiale, elle se concrétisa avec l'arrivée d'un leader pour le Parti du Congrès: le mahatma Mohandas Karamchand Gandhi (1869-1948), qui revenait d'Afrique du Sud où il exerçait la profession d'avocat et se battait contre la discrimination raciale envers les nombreux Indiens établis dans ce pays.

La fin de la Seconde Guerre mondiale amena les Britanniques à réaliser que l'indépendance de l'Inde était inévitable: ils n'avaient plus le pouvoir ou la volonté de maintenir un si vaste empire. Un autre problème surgit: l'importante minorité musulmane de l'Inde constata que l'indépendance signifierait également une domination hindoue sur tout le pays. C'est pourquoi les musulmans se sont vite trouvés marginalisés dans le cadre colonial, tandis que les hindous y prospéraient, notamment grâce à leur nouveau système d'éducation anglophone. Le pays assista à plusieurs affrontements entre les deux camps jusqu'à ce que le Royaume-Uni nomme lord Louis Mountbatten (le second fils du prince Louis de Battenberg) pour essayer de calmer les esprits et de préparer l'indépendance prévue pour le 15 août 1947.

3.4 L'indépendance de l'Inde

La partition de l'Inde de 1947 n'eut guère d'impact religieux au Tamil Nadu alors appelé État de Madras et il n'y eut aucune violence sectaire contre les différentes religions. Cependant, les conflits linguistiques commencèrent dans l'État du Madras (ancienne «Présidence de Madras») entre les locuteurs du tamoul, du kannada, du télougou et du malayalam. Il fallut diviser l'État de Madras en fonction des frontières linguistiques. En 1953, les régions côtières de l'Andhra devinrent le nouvel État de l'Andhra Pradesh de langue télougou. En 1956, le sud du Karnataka, de langue kannada, fut transféré à l'État de Mysore; le district de Malabar sur la côte ouest fut réuni pour former le nouvel État du Kerala, sur la base de la langue malayalam. En 1973, le nom de Mysore pour l'État fut changé en Karnataka. Le 14 janvier 1969, l'État de Madras changea son nom en Tamil Nadu («le pays des Tamouls»), puis ce fut le tour de la capitale (anciennement Madras) en 1996 de prendre le nom de Chennai. Les frontières actuelles du Tamil Nadu datent de 1956.

- Le nationalisme tamoul

Comme pour la plupart des États indiens, le Tamil Nadu avait adopté, cette année-là, sa loi sur les langues officielles: Madras Official Language Act 1956 (Madras Act No, XXXIX of 1956). Plus tard, la loi devint la Tamil Official Language Act.  C'était l'époque où se développait un fort nationalisme tamoul par rapport à l'hindi, la langue du gouvernement central. L'État du Tamil Nadu s'est senti dans l'obligation d'adopter sa loi sur la langue officielle qui rendait le tamoul langue officielle de l'État.

En prenant la parole à une assemblée publique à Madras (Chennai), le 29 avril 1963, C. N. Annadurai (1909-1969), un scénariste tamoul célèbre, qui allait devenir premier ministre du Tamoul Nadu en 1967, avait affirmé au sujet de l'hindi et du tamoul:
 
We will go to every part of Tamil Nadu and tell the people that Hindi is coming and that it is like a thunder strike on the heads of Tamil and Dravidian people.... If Hindi were to become the official language of India, Hindi-speaking people will govern us. We will be treated like third rate citizens. [Nous allons passer dans chaque partie du Tamil Nadu et dire aux gens que l'hindi s'en vient et qu'il est comme un coup de tonnerre sur la tête des Tamouls et des peuples dravidiens [...]. Si l'hindi devait devenir la langue officielle de l'Inde, les hindiphones nous dirigeront. Nous serons traités comme des citoyens de troisième zone.]

Annadurai était bien connu pour son éloquence oratoire en tamoul et était un personnage acclamé au Tamil Nadu.

C. N. Annadurai fut cité en justice le 3 décembre 1963 pour conspiration en vue de brûler la Constitution indienne. Il a donné des détails au juge en expliquant pourquoi il s'opposait à l'hindi comme langue officielle de l'Inde :

Making a language (Hindi) that is the mother tongue of a region of India the official language for all the people of India is tyranny. We believe that it will give benefits and superiority to one region (the Hindi-speaking region).... Danger to the people of Tamil Nadu because of Hindi becoming the official language of India is great. [Rendre une langue (l'hindi), qui est la langue maternelle d'une région de l'Inde, officielle pour tous les citoyens de l'Inde, c'est de la tyrannie. Nous croyons que cette langue apportera des avantages et la supériorité à une région (la région hindiphone) [...]. Le danger pour la population du Tamil Nadu est grand à cause du fait que l'hindi deviendrait la langue officielle de l'Inde.]

Lorsque l'Inde est devenue une république avec sa propre constitution en 1950, cette dernière accordait un statut spécial à l'hindi, celui d'acquérir un statut officiel après quinze ans, soit en 1965. Cette mesure a toujours été perçue avec une certaine anxiété dans les États du Sud, particulièrement dans l'État du Madras (Tamil Nadu). En 1956, l'État du Madras adoptait la Madras Official Language Act, devenue en 1969 la Tamil Nadu Official Language Act, c'est-à-dire la Loi sur la langue officielle du Tamil Nadu.

Au sujet de l'hindi comme langue officielle de l'Inde, Annadurai n'acceptait pas que l'hindi soit la langue commune de l'Inde sous prétexte qu'il était parlée par une majorité de locuteurs. Selon Annadurai, il faudrait alors proclamer le rat comme l'animal national de l'Inde au lieu du tigre, puisque les rats sont beaucoup plus nombreux que les tigres. De même, il faudrait délaisser le paon comme emblème aviaire parce que le croassement du corbeau est omniprésent, pas le cri du paon. Étant donné qu'était toujours maintenue la menace d'imposer l'hindi, le DMK (le Dravida Munnetra Kazhagam : "Dravidian Progress Federation") a tenu en août 1960 un grand forum en plein air pour protester contre l'imposition de l'hindi à Madras (Chennai), une forum que Annadurai présidait. Il a alors distribué des drapeaux noirs aux fonctionnaires présents pour qu'ils les exhibent devant le président de l'Inde lors de sa visite officielle. Voyant le soulèvement augmenter, le premier ministre de l'Inde, Nehru, assura les Tamouls au Parlement que l'anglais continuerait d'être la langue officielle de l'Inde, aussi longtemps que les non-hindiphones le désireraient.

Finalement, le DMK renonça à la manifestation d'exhiber les drapeaux noirs et Annadurai lança un appel au gouvernement de l'Union pour introduire une modification constitutionnelle dans le but d'apporter cette assurance que l'anglais continuerait à être utilisé. Comme il n'y eut aucune demande de modification constitutionnelle de la part du gouvernement central, Annadurai proclama «jour de deuil», le 26 janvier 1965, c'est-à-dire le jour du 15e anniversaire de la république de l'Inde et aussi l'anniversaire de la Constitution qui consacrait l'hindi comme langue officielle de l'Inde, laquelle mesure entrait en vigueur. Cette intervention de N. Annadurai fut jugée «blasphématoire» par le ministre en chef (Chief Minister) de l'État de Madras, M. Bhakthavatchalam. Dès lors, Annadurai, qui avait essayé de stimuler les membres sécessionnistes de son parti, proclama plutôt le 24 janvier comme «jour de deuil». Il a aussi remplacé le slogan des protestations pour «À bas l'hindi! Vive la République!» Néanmoins, la violence populaire éclata le 26 janvier, d'abord à Madurai, puis dans les jours qui suivirent dans tout l'État. Le gouvernement indien a ensuite accusé le DMK d'avoir soulevé les mouvements gauchistes, mais en fait il existait de véritables frustrations et un grand mécontentement parmi toute la population de l'État.

Voyant la violence augmenter, Annadurai demanda aux étudiants de renoncer aux protestations et aux manifestations, mais certains dirigeants du DMK ont préféré voir les manifestations continuer et s'amplifier. Mais c'est Annadurai qui fut arrêté pour avoir provoqué les manifestations. Ces événements ont par la suite aidé le DMK à gagner les élections de 1967 et Annadurai est devenu le ministre en chef de l'État de Madras. Annadurai est décédé en 1969 des suites du cancer, mais il était devenu un héros pour les Tamouls.

- Le conflit ethnique du Sri Lanka et les Tamouls

Au cours des années soixante-dix, le Tamil Nadu fut impliqué dans le conflit ethnique du Sri Lanka, alors que les Tamouls srilankais se rebellèrent contre le gouvernement pro-cinghalais. Le Tamil Nadu dut recevoir des milliers de réfugiés tamouls en provenance du Sri Lanka. Le gouvernement tamoul exerça alors des pressions pour que l'Inde intervienne auprès du gouvernement srilankais. À partir de 1983, les dissidents tamouls, regroupés au sein des Tigres de la libération de l'Eelam tamoul (LTTE) entrèrent en rébellion armée contre le régime de Colombo. La volonté de sécession fut exacerbée par les émeutes anti-tamoules, dont les actions se caractérisèrent par des attentats terroristes et des commandos-suicides.

En 1987, après que les forces armées cinghalaises eurent mis fin à une offensive sur la ville de Jaffna (à l'extrême nord, dans la région tamoule), les gouvernements de l'Inde et du Sri Lanka signèrent un accord (l'accord dit «indo-srilankais») qui prévoyait une action politique et militaire concertée en vue de mettre un terme au conflit dans le nord du Sri Lanka. Les sécessionnistes tamouls acceptèrent de ne pas affronter les troupes indiennes, en échange de promesses d'autonomie, mais ils revinrent sur leur position un peu plus tard. Cet Accord indo-srilankais de 1987 reconnaissait quelques concessions aux Tamouls et précisait que le tamoul et l'anglais étaient aussi des langues officielles. De fait, la Constitution de 1987 du Sri Lanka amenait des changements notables dans le domaine des droits de la minorité tamoule. Le tamoul devint l’une des deux langues nationales du Sri Lanka (articles 19 et 22). En 1991, les Tigres de la libération de l'Eelam tamoul (LTTE) se sont mis à dos leur plus important allié, l'Inde, en envoyant une kamikaze tamoule assassiner le premier ministre indien Rajiv Ghandi (1944-1991) en représailles contre une mission indienne de maintien de la paix, qui a mal tourné. Les Tigres avaient utilisé un engin explosif caché dans une composition florale (une guirlande de fleurs piégée placée autour du cou), alors que Rajiv Ghandi était en campagne pour sa réélection dans l'État du Tamil Nadu.

- Le rôle de l'anglais

L'anglais, langue néocoloniale, pénètre plus volontiers les structures des États régionaux, surtout dans le Sud, parce qu'il ne représente pas une menace centralisatrice. Voici le point de vue d'un nationaliste tamoul, Thanjai Nalankilli, paru dans le mensuel Tamil Tribune, en avril 1999 et intitulé "Why Independence (Freedom) for Tamil Nadu from Indian Rule?» ("Pourquoi l'indépendance [liberté] pour le Tamil Nadu sous le régime indien?"):

As long as Tamil Nadu is a state in the Indian Union, Hindi imposition on the people of Tamil Nadu will continue irrespective of who is in power in the state or center. Hindi imposition is not just domination in the linguistic arena; it also affects the future welfare of Tamils seeking employment in the Indian central government and Indian central government undertakings (insurance, airlines, oil-gas exploration, etc.) as well as in many private companies inside Tamil Nadu. Figures already show the negative impact on the earnings and promotions of Tamils graduated during the past three decades and sought employment in these sectors. [Tant que le Tamil Nadu est un État au sein de l'Union indienne, l'imposition de l'hindi sur les habitants du Tamil Nadu continuera indépendamment de qui est au pouvoir dans l'État ou au gouvernement central. L'imposition de l'hindi n'est pas uniquement une domination dans le domaine linguistique; elle affecte aussi le bien-être futur des Tamouls dans la recherche d'un emploi au gouvernement central indien et dans les sociétés du gouvernement central (assurances, lignes aériennes, exploration du gaz ou du pétrole, etc.) ainsi que dans de nombreuses sociétés privées à l'intérieur du Tamil Nadu. Les chiffres montrent déjà les effets négatifs sur les gains et les promotions des Tamouls qui ont obtenu un diplôme au cours des trois dernières décennies, ainsi que dans les emplois recherchés dans ces secteurs.]

En 2003, dans un article intitulé "Why India's Official Language Policy is Unfair to Non-Hindi Peoples" (en français: «Pourquoi la politique des langues officielles de l'Inde est injuste envers les locuteurs non hindiphones?»), Thanjai Nalankilli écrivait dans le même journal, le Tamil Tribune, en avril 2003 :
 

This is not that Tamil people have a special love for English and hatred for Hindi. This is the only equitable, fair official language policy for an artificial country like India that consists of many nations with their different languages, each spoken by tens of millions of people. [...]

The one and only equitable solution is to make English the sole official language of India. English is taught in every school in India, it is a necessary language for international communication and advanced studies in science and technology, and it gives no unfair advantage to any linguistic group in India. Ideally Tamils would like to see Tamil as the official language but as part of a multi-lingual country it is not possible. So we offer English as the compromise. It is not because we love English and hate Tamil. What Hindians want is to make Hindi the official language of India and get unfair advantages over others. If they are so proud of their language and could not accept English, I suggest that Hindi states form their own country, call it India or Hindia or whatever.

[Ce n'est pas que les Tamouls ont une affection particulière pour l'anglais et qu'ils détestent l'hindi. Ce n'est la seule politique juste et équitable pour des langues officielles pour un pays artificiel comme l'Inde, qui se compose de nombreuses nations avec leurs langues différentes, chacune étant parlée par des dizaines de millions de locuteurs [...].

La seule solution équitable est de rendre anglais la seule langue officielle de l'Inde. L'anglais est enseigné dans toutes les écoles de l'Inde, c'est une langue indispensable pour la communication internationale et les études supérieures en sciences et en technologie, et il n'occasionne aucun avantage injuste à un groupe linguistique particulier en Inde. Idéalement, les Tamouls aimeraient voir le tamoul comme langue officielle, mais ce n'est pas possible en faisant partie d'un pays multilingue. C'est pourquoi nous proposons l'anglais comme un compromis. Ce n'est pas parce que nous aimons l'anglais et que nous détestons le tamoul. Quels sont les «Hindiens» qui veulent rendre l'hindi langue officielle de l'Inde et obtenir des avantages injustes par rapport aux autres. S'ils sont si fiers de leur langue et s'ils ne peuvent pas accepter anglais, je suggère que les États hindiphones forment leur propre pays, qu'ils appelleront «Inde» ou «Hinde» ou tout autrement.]

Lorsque Thanjai Nalankilli emploie les mots Hindians  («Hindiens») et Hindia («Hinde»), il fait référence aux hindiphones qu'il associe à une Inde hindiphone, d'où «Hinde» ("Hindia"). Quoi qu'il en soit, ces questions d'ordre linguistique témoignent du malaise de tous les dravidophones (tamoul, télougou, malayalam, kannada, etc.) devant l'imposition de l'hindi comme langue officielle.

Cependant, le fait de choisir l'anglais ne résout pas tous les problèmes, car le co-officialité de l'anglais avec l'hindi entraîne un autre inconvénient majeur. Les langues dravidiennes doivent tenir tête à deux langues de grand prestige plutôt qu'à une seule. Il aurait été plus facile de contrecarrer le poids de l'hindi seulement que celui à la fois de l'hindi et de l'anglais, et ce, d'autant plus que l'anglais est manifestement plus fort. Idéalement, il aurait été préférable que, en 1947, les dirigeants indiens aient pu trouver une langue dravidienne, soit le télougou soit le tamoul, pour devenir co-officielle avec l'hindi. Mais ce n'est pas se qui s'est passé et il est probable qu'un tel choix aurait été impossible sans susciter une guerre interne entre les États dravidophones concernés, aucun des États n'aurait sans doute accepté la dominance linguistique d'un autre État. L'anglais est apparu comme la solution miracle, mais c'était en même temps un piège, celui de perpétuer le colonialisme et la dépendance des langues indiennes, y compris les langues dravidiennes.  

4 La politique linguistique

L'État du Tamul Nadu a élaboré une politique linguistique destinée à valoriser la langue officielle locale, le tamoul, tout en assurant certains droits aux membres d'une minorité linguistique de plus de 15 %. Bien que la langue officielle de l'État soit le tamoul, certaines langues minoritaires ont été reconnues par l'Administration dans plusieurs districts: le télougou, l'ourdou, l'hindi, le malayalam, le kannada et le gujarati. Les autres langues ne jouissent d'aucun statut, sauf l'anglais.

4.1 Le tamoul comme langue officielle

En 1956, l'Assemblée législative du Madras, aujourd'hui le Tamil Nadu, a adopté la Loi sur la langue officielle, proclamant ainsi le tamoul comme langue officielle de l'État. L'article 2 de la loi proclame que le tamoul est la langue officielle de l'État :   

Article 2

Le tamoul comme langue officielle de l'État

La langue officielle de l'État du Tamil Nadu est le tamoul.

L'article 5 de la Loi sur la langue officielle du Tamil Nadu (1956) énonce que le tamoul doit être la langue d'usage des projets de loi, des ordonnances, des règlements, etc.,

Article 5

Langue d'usage dans les projets de loi et autres

La langue d'usage :

(i) dans les projets de loi introduits, les modifications devant être déposées ou les lois adoptées par la Législature de l'État du Tamil Nadu;

(ii) dans les ordonnances promulguées en vertu de l'article 213 de la Constitution;

(iii) dans les ordonnances, les règles, les règlements et les arrêtés émis par le gouvernement de l'État en vertu de la Constitution ou en vertu d'une loi adoptée par le Parlement ou la Législature de l'État,

doit être le tamoul et à une date que le gouvernement de l'État peut, par un avis, préciser:

À la condition que le gouvernement de l'État puisse, désigner des dates différentes en ce qui concerne les éléments des diverses dispositions aux paragraphes (i) à (iii).

En 1976, l'article 4-A a été ajouté à la Loi sur la langue officielle afin de déclarer le tamoul comme langue des tribunaux:

Article 4-A (1)

Déclaration du tamoul comme langue des tribunaux pour enregistrer les témoignages dans une procédure

Nonobstant une disposition contraire aux articles 2, 3 et 4 de la présente loi ou du Code de procédure civile de 1908 (loi centrale V de 1908) ou du Code de procédure pénale de 1973 (loi centrale 2 de 1974), le tamoul doit être la langue :

(i) de tous les tribunaux civiles et pénaux subordonnés à la Haute Cour;
(ii) de tous les tribunaux; et
(iii) de tous les tribunaux des loyers et des tribunaux du fisc,

pour les fins d'enregistrement des témoignages dans toute la procédure [...]
_____________

(1) Le présent article a été inséré par l'article 2 de la Loi sur la langue officielle du Tamil Nadu (amendement) de 1976 (loi du Tamil Nadu n° 41 de 1976).

Cependant, comme il est prévu dans la Constitution indienne, l'article 3 de la Loi sur la langue officielle déclare que l'anglais peut conserver ses prérogatives, ce qui signifie, dans le cas du Tamil Nadu, qu'il pouvait être employé pour toutes les fins officielles, en plus du tamoul:

Article 3

Poursuite de l'usage de l'anglais à des fins officielles jusqu'à ce que le gouvernement en décide autrement

Nonobstant toute disposition de l'article 2 et sans préjudice des dispositions des articles 346 et 347 de la Constitution, la langue anglaise doit continuer à être utilisée pour toutes les fins officielles de l'État pour lesquelles il a été utilisé avant le début de la présente loi et jusqu'à ce que le gouvernement de l'État, par un avis en vertu de l'article 4, ordonne une directive contraire à l'égard d'une fin officielle spécifiée dans ledit avis.

Comme si c'était insuffisant, la Loi sur le renouvellement de l'emploi de la langue anglaise (1964) reconduit l'usage de la langue anglaise à des fins officielles, et ce, malgré l'expiration de la période de quinze ans reconnue à l'article 343 de la Constitution fédérale de 1956 :

Article 1er

Titre abrégé et portée

1) La présente loi peut être désignée comme la Loi sur la Législature de l'État du Tamil Nadu (Renouvellement de l'emploi de la langue anglaise ) de 1964.

2) Elle entre en vigueur le 26e jour de janvier 1965.

Article 2

Renouvellement de l'emploi de la langue anglaise dans la Législature de l'État

Malgré l'expiration de la période de quinze ans à compter de l'entrée en vigueur de la Constitution, la langue anglaise peut continuer d'être employée pour la conduite des affaires à l'Assemblée législative de l'État du Tamil Nadu.

Considérant que la Loi sur la langue officielle est en vigueur dans le Tamil Nadu, le ministère tamoul au Développement a pris les mesures nécessaires pour employer le tamoul comme la langue officielle dans les bureaux du gouvernement. Il faut compter aussi les secrétariats, les directions, les "collectorats" et les bureaux des districts. Au cours de l'année 2007-2008, les 26 ministères ("departments") ont été inspectés pour rappeler que le tamoul doit être employé comme langue officielle dans chaque ministère (ou département). Le gouvernement a aussi prévu des cours de formation dans la langue officielle, qui sont sous la responsabilité du Directorat tamoul au développement. Les fonctionnaires des divers ministères ("departments") ont été invités à recevoir une formation dans la langue officielle. Des agents du ministère tamoul au Développement dispensent une formation pour la mise en œuvre de la langue officielle à l'Institut de formation des fonctionnaires de Bhavanisagar. Les règlements, lois, codes, manuels, formulaires, etc., sont traduits par le gouvernement afin de s'assurer de l'emploi du tamoul dans les différents ministères. Le gouvernement prépare des glossaires pour les administrations tamoules, notamment des lexiques anglais-tamouls destinés au personnel.

4.2 Les langues et l'éducation

Le système scolaire du Tamil Nadu est basé sur le modèle national avec 12 années de scolarité, composé de huit années d'enseignement primaire, soit cinq années élémentaires et trois ans d'enseignement moyen pour les groupes de 6-11 ans et de 11-14 ans. Suivent l'éducation secondaire secondaire et l'éducation secondaire supérieur, de deux ans chacune, en plus de deux ans de l'enseignement pré-primaire. Le certificat de l'enseignement secondaire supérieur permet aux élèves de poursuivre leurs études dans des universités ou dans des collèges d'enseignement supérieur, y compris les filières universitaires générales et les cours techniques et professionnels.

À la fin des années 1990, l'Inde a adopté une série de politiques et de programmes pour améliorer la qualité de son système d'éducation. De fait, la Loi sur le droit des enfants à une éducation gratuite et obligatoire (2009) prévoit un enseignement dans les écoles primaires obligatoire et gratuit pour tous les enfants âgés de 6 à 14 ans. Aucun parent n'est tenu de payer une taxe ou des frais quelconques pour qu'un enfant puisse fréquenter une école publique. L'article 21.2 énonce qu'une école doit prévoir un comité de gestion scolaire qui doit être constitué en tenant compte des écoles établies et administrées par une minorité, que celle-ci soit fondée sur la religion ou sur la langue. Selon l'article 1, cette loi s'applique à l'ensemble de l'Inde, c'est-à-dire tous les États, sauf celui de Jammu-et-Cachemire.

Au Tamil Nadu, non seulement l'enseignement au primaire est obligatoire et gratuit, mais également l'apprentissage du tamoul et de l'anglais. Tel est l'énoncé de l'article 3 de la Loi sur l'apprentissage du tamoul (2006):

Article 3

Le tamoul comme matière

1) Le tamoul doit être enseigné comme matière dans les classes I à X dans toutes les écoles, de manière progressive, à compter de l'année scolaire 2006-2007 pour la classe I, à partir de l'année scolaire 2007-2008 pour les classes I et II, et cet enseignement sera prolongé jusqu'à la classe X de la même manière.

2) Aux fins du paragraphe 1, le modèle d'enseignement doit être le suivant :

Partie I : le tamoul (obligatoire)
Partie II : l'anglais (obligatoire)
Partie III : les autres matières (mathématiques, sciences, sciences sociales, etc.)
Partie IV : les élèves qui n'ont pas le tamoul ou l'anglais comme langue maternelle peuvent étudier leur langue maternelle comme matière facultative.

Ainsi, le tamoul et l'anglais sont les langues d'enseignement pour tous les enfants, peu importe leur langue maternelle. La plupart des établissements d'enseignement privés ont l'anglais comme langue d'enseignement, bien que le gouvernement tente par tous les moyens de faire fonctionner les écoles en tamoul. En 2008, le ministère de l'Éducation (Department of Education) du Tamul Nadu publiait sa stratégie concernant la politique linguistique. Les objectifs sont indiqués dans le tableau qui suit:


Manuel de classe du primaire en tamoul

 

Secteur

Approche

1 Application effective de la Loi sur la langue officielle Accélérer le contrôle de la langue officielle; création d'un Centre de formation.
2 Encourager la création de textes en langue et littérature tamoules Élaborer une encyclopédie sur la littérature et l'art tamoul afin de découvrir la grandeur et la richesse de la littérature tamoule; élaborer une documentation au sujet d'auteurs tamouls.
3 Faire du tamoul une langue moderne. Compilation d'un lexique à jour présent avec des mots nouveaux élaborés pour les sciences et la technologie
4 Grammaire tamoule Préparer une grammaire et une encyclopédie tamoule.
5 Développement du tamoul scientifique Élaborer une encyclopédie générale sur la science et une encyclopédie sur les termes techniques afin de promouvoir le développement du tamoul scientifique.
6 Accroître l'usage du tamoul dans l'informatique Préparer un logiciel tamoul, un dictionnaire tamoul numérique, un vérificateur d'orthographe tamoul afin d'accroître l'usage du tamoul en informatique. 
7 Publier d'autres littératures en tamoul et vice versa. Traduction des meilleures littératures de l'Inde et d'autres pays en tamoul; traduction de la meilleure littérature tamoule en hindi; traduction des prix littéraires de la littérature indienne en tamoul.
8 Art et culture tamoul. Préparation d'une encyclopédie sur la culture et l'art tamoul; compilation des lieux historiques, culturels, linguistiques ou leur pertinence sociale dans le Tamil Nadu.

4.4 Les minorités linguistiques

En principe, le gouvernement du Tamil Nadu doit autoriser l'instruction au primaire dans la langue d'une minorité. D'ailleurs, l'article 30 de la Constitution fédérale de 1956 prescrit que toute minorité a le droit de créer et d'administrer les établissements scolaires de son choix:

Article 30 (Constitution indienne)

Droit des minorités de créer et d'administrer des établissements scolaires

1) Toute minorité, par sa religion ou par sa langue, a le droit de créer et d'administrer les établissements scolaires de son choix.

1A) Au moment de promulguer une loi prévoyant l'acquisition obligatoire de toute propriété appartenant à un établissement scolaire créé et administré par une minorité telle qu'elle est décrite au paragraphe 1, l'État doit s'assurer que le montant fixé en vertu de cette loi pour ladite acquisition est tel qu'il ne restreint ni n'abolit les droits garantis par la présente.

2) Au moment d'accorder son aide à des établissements scolaires, l'État ne doit pas faire preuve de discrimination à l'endroit de quelque établissement scolaire que ce soit, sous prétexte qu'il est administré par une minorité religieuse ou linguistique.

La situation des minorités a bien changé depuis l'adoption en 2006 de la Loi sur l'apprentissage du tamoul. Selon cette loi, l'apprentissage du tamoul et de l'anglais a été rendue obligatoire pour tous les enfants, sans aucune mesure pour toute autre langue. Toutefois, le gouvernement a autorisé l'usage d'une autre langue maternelle comme «matière facultative» ("an optional subject."). Cet usage n'est possible qu'en dehors du calendrier scolaire et il ne donne pas lieu à des examens reconnus par l'État.

Ce type d'enseignement pour l'apprentissage de la langue des minorités va sans doute disparaître au cours des prochaines années, comme d'ailleurs c'est la cas pour les langues dites «classiques» telles le sanscrit et l'arabe. Par conséquent, toutes les minorités linguistiques, y compris ceux qui parlent l'hindi et l'ourdou, risquent de perdre intérêt pour leur langue maternelle. Durant quatre ans, toutes les représentations qui ont été faites auprès du gouvernement du Tamil Nadu ont n'ont donné aucun résultat.

Dans les faits, cette disposition concernant l'apprentissage facultatif d'une langue minoritaire est avant tout destinée à satisfaire les prescriptions constitutionnelles relatives aux droits linguistiques des minorités, mais à long terme elle vise l'élimination de toutes les autres langues que le tamoul et l'anglais. Une exemption pour éviter de recevoir un enseignement en tamoul comme matière obligatoire est possible pour les élèves dont les parents résident dans l'État sur une base temporaire. C'est cette disposition de l'article 5 de la Loi sur l'apprentissage du tamoul :

Article 5

Exemption

Le gouvernement peut, sous réserve des conditions qu'il juge opportunes, par ordonnance générale ou spéciale, exempter une classe ou une catégorie d'élèves pour la totalité ou une partie des dispositions de la présente loi.

Auparavant, les enfants appartenant à certaines minorités avaient le droit de recevoir leur instruction dans leur langue maternelle à la condition de recueillir un minimum de 10 élèves dans chacune des classes de V à VII ou plus de 30 élèves dont on a demandé un enseignement dans une langue minoritaire. Le télougou, l'ourdou, le malayalam, le kannada, l'hindi et le gujarati étaient ainsi reconnus comme des langues d'enseignement. Le nombre d'écoles primaires en 2001 était le suivant : 279 écoles en ourdou, 352 écoles en télougou, 90 écoles en malayalam, 47 écoles en kannada, 4 écoles en hindi et 2 écoles en gujarati. Les manuels étaient fournis par le gouvernement du Tamil Nadu et ils étaient toujours disponibles.

Comme le Tamil Nadu préfère la formule bilingue ("two-language formula") à la formule trilingue ("three-language formula"), il ne restait comme possibilité que la langue de la minorité et l'anglais, ce qui permettait de laisser tomber le tamoul. Or, le gouvernement de l'État a informé que les élèves qui étudient au Tamil Nadu sont tenus de connaître la langue officielle, le tamoul, ce qui devrait leur permettre de garantir du travail dans le territoire de l'État. Dans ces conditions, à part le tamoul, il faut faire un choix entre la langue de la minorité et l'anglais, ce qui risque de pénaliser la langue minoritaire au bénéfice de l'anglais.

L'article 4 de la Loi sur un système uniforme d'enseignement scolaire (2010) énonce que toutes les matières autres que la langue peuvent être enseignées en tamoul, en anglais ou en toute autre langue: 

Article 4

Toutes les autres matières que celles relative aux langues peuvent être enseignées en tamoul, en anglais ou dans une autre langue qui pourrait être décidée par une école avec l'approbation des autorités compétentes.

En 2016, soit dix ans après l'adoption de la Loi sur l'apprentissage du tamoul (2006), il reste de 10 000 à 12 000 élèves dans les écoles minoritaires, car l'État n'a pu former à temps les enseignants destinés à enseigner en langue tamoule. En fait, plusieurs problèmes se sont présentés. Non seulement il existe une pénurie d'enseignants pour répondre aux besoins des enfants appartenant à des minorités, mais beaucoup d'établissements n'ont même pas essayé de recruter des professeurs et ont apparemment refusé d'appliquer la loi. De plus, de nombreuses écoles ont donné leur enseignement uniquement en anglais au lieu du tamoul. Quant au gouvernement du Tamoul Nadu, il n'est pas intervenu et a laissé ses fonctionnaires en éducation ne rien faire pour corriger la situation. Bref, la loi semble être demeurée peu appliquée.

L'État du Tamil Nadu dispose d'un organisme appelé la Tamil Nadu Minorities Commission (TAMCO), c'est-à-dire la Commission pour les minorités du Tamil Nadu. L'objectif officiel du gouvernement est de protéger les droits et les intérêts des minorités. L'article 3 de la Loi sur la Commission pour les minorités de l'État du Tamil Nadu (2010) reconnaît la création de la Commission pour les minorités:
 

Article 3

Constitution de la Commission

1) Le gouvernement doit, par un avis, créer un organisme qui sera désigné comme la Commission des minorités de l'État du Tamil Nadu afin d'exercer les pouvoirs conférés et à remplir les fonctions assignées aux termes de la présente loi.

 L'article 8 de la Loi sur la Commission pour les minorités (2010) énumère les fonctions de la Commission:

Article 8

Fonctions de la Commission

1) Sous réserve de l'exercice des fonctions de la Commission nationale pour les minorités, conformément à l'article 9 de la Loi sur la Commission nationale pour els minorités de 1992, les fonctions de la Commission sont les suivantes:

(a) examiner le fonctionnement des diverses mesures de protection prévues dans la Constitution et dans les lois adoptées par la législature de l'État concernant la protection des minorités;

(b) faire des recommandations en vue d'assurer la mise en œuvre effective et l'application de toutes les mesures de protection;

(c) surveiller le fonctionnement des mesures de protection prévues dans la Constitution, dans les lois promulguées par la législature de l'État ainsi que dans les politiques et les programmes du gouvernement concernant les minorités;

(d) réaliser des études, des recherches et des analyses sur les questions de prévention de la discrimination contre les minorités;

(e) faire une évaluation factuelle de la représentation des minorités dans les services des entreprises publiques, des organismes gouvernementaux et quasi-gouvernementaux et, dans cas où cette représentation serait insuffisante, proposer des voies et des moyens pour atteindre le niveau désiré ;

(f) faire des recommandations visant à assurer, à maintenir et à promouvoir l'harmonie entre les communautés dans l'État;

(g) présenter des rapports périodiques à des intervalles prescrits par le gouvernement;

(h) étudier toute autre question qui, de l'avis de la Commission, est importante du point de vue de la protection sociale et du développement des minorités, et de faire des recommandations appropriées;

(i) examiner les griefs des minorités et proposer périodiquement des solutions appropriées;

(j) examiner les plaintes spécifiques concernant la suppression des droits et des mesures de protection des minorités et reprendre cette question auprès des autorités compétentes; et

(k) toute autre question qui peut être saisie par le gouvernement.

En réalité, ces fonctions de la Commission pour les minorités n'ont aucunement pour objet d'accorder de nouveaux droits aux minorités, mais plutôt d'éviter la discrimination pour de motifs de religion ou de langue. Cette commission, conformément à l'article 8.2, détient tous les pouvoirs d'un tribunal civil en intentant des poursuites judiciaires en vertu du Code de procédure civile de 1908   

4.3 Les langues des médias


Daily Thanthi

Il n'y a pas de législation restreignant l'utilisation de la langue dans les médias dans le Tamoul Nadu.  La plupart des journaux sont publiés en tamoul (Daily Thanthi, Dinakaran, Dinamani, Kumudam, Thinaboomi, etc.) et en anglais (The Hindu, The New Indian Express, The Deccan Chronicle etThe Times of India), mais la majorité des magasines sont en tamoul: Ananda Vikatan, Kumudam, Kalki, Kungumam, etc.

La société nationale Doordarshan diffusent des émissions sur deux canaux à Chennai, en tamoul, en anglais et en hindi. Des stations privées de télévision diffusent en tamoul: Sun TV, Raj TV, Zee Tamil, Star Vijay, Jaya TV, Makkal TV, Vasanth TV et Kalaignar TV. Quant aux stations de radio, elles sont innombrables au Tamil Nadu. La principale langue employée est le tamoul, mais plusieurs stations émettent également en anglais, en hindi ou en d'autres langues (télougou, kannada, malayalam, gujarati, etc.).

L'État du Tamil Nadu a élaboré une politique relativement forte à propos de la valorisation de la langue officielle, le tamoul. Cette protection dont bénéficie le tamoul concerne les domaines  de la législation (la rédaction des lois), de la justice (les tribunaux) et de l'éducation (les écoles). Cependant, cette politique de valorisation de la langue officielle est partagée avec l'anglais. Pour le reste, c'est la politique de l'intervention modérée en matière administrative.

Dans le domaine des langues minoritaires, le Tamil Nadu respecte en principe les dispositions de la Constitution de l'Union (art. 29, 30 et 350-A), mais du bout des lèvres, car la politique linguistique du Tamil Nadu a pour effet d'assimiler les langues minorités parlant le télougou, l'ourdou, le malayalam, le kannada, le gujarati et même l'hindi. Les mesures de protection pour ces langues sont pratiquement inexistantes. Bref, les locuteurs des plus petites langues appelées «tribales» ne se voient pas reconnaître de droits, cette situation étant d'ailleurs généralisée dans toute l'Inde.

Dans l'ensemble, le Tamul Nadu est un État qui demeure bilingue dans les faits avec le tamoul et l'anglais. Dans l'état actuel des choses, beaucoup de Tamouls semblent satisfaits de la situation, mais les plus nationalistes considèrent que la politique linguistique n'est guère adéquate, pas assez radicale, trop pro-anglaise, pas assez anti-hindiphone. Quant aux minorités, elles voudraient davantage de protection. Seuls les anglophiles sont totalement satisfaits de la situation actuelle. Il existe même une loi spéciale pour la protection de l'anglais: la Loi sur le renouvellement de l'emploi de la langue anglaise (1964).

Dernière mise à jour: 21 févr. 2024

L'Inde

 

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