Canada

1) Données démolinguistiques

Recensements 2016- 2021

(par province)

 
Capitale: Ottawa 
Population: 34,7 millions (2016) 
Langues officielles: français et anglais  
Groupe majoritaire: anglais (56,9 %) 
Groupes minoritaires: français (21,3 %), chinois, italien, allemand, panjabi, ukrainien, arabe, néerlandais, tagalog, grec, vietnamien, langues autochtones, etc.
Système politique: fédération de 10 provinces et de trois territoires 
Articles constitutionnels (langue): art. 133 de la Constitution de 1867; art. 14, 16-23, 55, 57 de la Constitution de 1982 
Lois linguistiques: Loi sur les langues officielles (1969, abrogée); Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec (1984); Code criminel canadien  (1985); Règlement sur l'emballage et l'étiquetage des produits de consommation (1985); Loi sur le multiculturalisme canadien (1988); Loi sur les langues officielles (1988); Règlement sur l’inspection des viandes (1990);
Loi constituant l'Institut canadien des langues patrimoniales (1991); Loi sur la radiodiffusion (1991); Règlement sur les langues officielles (1992); Loi sur le Nunavut (1993); Loi sur le ministère du Patrimoine canadien (1995); Règlement sur les langues officielles lors de nominations dans la Fonction publique (1999); Loi sur la réédiction de textes législatifs (2002;  Loi sur le Yukon (2002); Loi modifiant la Loi sur les langues officielles (promotion du français et de l’anglais) (2005); Loi concernant les compétences linguistiques (2013); Loi sur les langues officielles (2023).
Documents historiques:
Proclamation royale (1763); Acte de Québec (1774); Loi constitutionnelle de 1791; Acte d'Union (1840); Loi sur l'usage de la langue anglaise à la Législature du Canada (1848).
Lois provinciales: voir la liste des lois pour tout le Canada.

1 La population du Canada

Le recensement de 2016 (Statistique Canada) établissait la population du Canada à 34,7 millions d'habitants. Il semble que la population du pays soit restée relativement stable depuis une décennie. Les citoyens du Canada ne sont pas également répartis à la grandeur du pays (voir la carte du Canada), certaines provinces étant plus populeuses que d'autres.

1.1 La densité de la population

Avec ses 3,3 habitants par kilomètre carré, le Canada a une densité de population qui compte parmi les plus faibles de la planète. Mais on constate aussi que la population canadienne est concentrée dans le sud du pays, le long de la frontière américaine. En 2016, la plupart des 34 millions de Canadiens vivaient à moins de 200 kilomètres des États-Unis. Ceux qui habitent dans l'une des trois plus grandes villes du pays — Toronto, Montréal et Vancouver — peuvent atteindre la frontière en moins de deux heures de route. Plus au nord, à des milliers de kilomètres, le territoire du Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut couvrent une région polaire plutôt déserte qui représente 41 % de la masse continentale du Canada, mais ne compte que 0,3 % de la population.

 

Source: Statistique Canada, Ciberlivre du Canada, 2001

En consultant le tableau ci-contre, on constate que c'est la province de l'Île-du-Prince-Édouard (23,8) qui compte le plus d'habitants au kilomètre carré. Elle est suivie de la Nouvelle-Écosse (17,1), de l'Ontario (12,5) et du Nouveau-Brunswick (10,2). À l'opposé, les territoires, ainsi que la Saskatchewan (1,6), le Manitoba (2,0) et Terre-Neuve-et-Labrador (1,3) comptent le moins d'habitants au kilomètre carré. Pour les territoires du Nord, les densités de population sont très faibles: Yukon (0,06 hab./km²), Territoires du Nord-Ouest (0,03 hab./km²) et Nunavut (0,01 hab./km²).

On pourrait croire que la densité de la population canadienne est l'une des plus faibles de la planète, ce qui est vrai, mais ce serait oublier aussi que dans certaines villes la densité de population est comparable à celle de nombreuses villes ailleurs dans le monde: Toronto (3939,35 hab./km²), Montréal (3625,10 hab./km²), Winnipeg (1060,52 hab./km²). Selon l’Annuaire du Canada 1999 (Statistique Canada), quelque 60 % de la population canadienne serait concentrée sur une étroite bande de terre équivalant à 2,2 % du territoire situé entre Windsor (en Ontario) et la ville de Québec (au Québec). C’est dans cette zone que se trouvent certains des plus grands centres urbains du Canada.

1.2 La population par province

Tableau 1

Population du Canada par province

Province 2021 Pourcentage
Ontario 14 099 790 38,5 %
Québec 8 406 905 22,9 %
Colombie-Britannique 4 951 655 13,5 %
Alberta 4 221 835 11,5 %
Manitoba 1 326 810 3,6 %
Saskatchewan 1 116 045 3,0 %
Nouvelle-Écosse 958 990 2,6 %
Nouveau-Brunswick 764 630 2,0 %
Terre-Neuve-et-Labrador 504 805 1,3 %
Île-du-Prince-Édouard 152 455 0,4 %
Territoires du Nord-Ouest (T) 40 545 0,1 %
Nunavut (T) 36 645 0,1 %
Yukon (T) 39 840 0,1 %
TOTAL CANADA Source: Statistique Canada, recensement 2021. 36 620 955 100 %

Le tableau 1 fait état de la population du Canada, par province selon les recensements de 2021:
 

On constate que l’Ontario est la province plus populeuse avec 38,5 % de la population canadienne, suivie du Québec (22,9 %) et de la Colombie-Britannique (13,5 %). Suivent l’Alberta (11,5 %), le Manitoba (3,6 %) et la Saskatchewan (3,0 %). Chacune des autres provinces — Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick, Terre-Neuve-et-Labrador, Île-du-Prince-Édouard — compte moins d’un million d’habitants. En 2021, la province de l'Île-du-Prince-Édouard ne comptait que 152 455 citoyens.

Quant aux trois territoires fédéraux, on dénombre à peine plus de 117 000 personnes au total.

2 La répartition linguistique

Cela étant dit, le recensement de 2011 établit la population du Canada à 33,1 millions d'habitants. Sur ce nombre (au recensement de 2011), on compte 18,8 millions de citoyens dont la langue maternelle est l'anglais, 6,5 millions dont la langue maternelle est le français et 6,5 millions dont la langue maternelle est une langue non officielle (autre). 
 

Années Anglais Français Autre langue
Nombre Pourcentage Nombre Pourcentage Nombre Pourcentage  Total
1996 17 072 435 59,8 % 6 711 630 23,5 % 4 744 060 16,6 % 28 528 125
2001 17 521 880 59,1 % 6 782 320 22,9 % 5 334 845 18,0 % 29 639 045
2006 18 055 685 57,8 % 6 892 230 22,1 % 6 293 110 20,1 % 31 241 025
2011 18 858 980 56,9 % 7 054 975 21,3 % 6 567 685 19,8 % 32 481 640
2016 20 193 335 56,7 % 7 452 075 20,9 % 7 962 350 22,3 % 35 607 760
Sources : Statistique Canada, recensements de la population, 1996 à 2016.

Les anglophones constituent donc le groupe majoritaire avec 56,7 % de la population. Leur situation s'avère d'autant plus confortable qu'ils forment avec 86 % des Américains la majorité linguistique du continent. Cependant, même si le Canada est un pays à prédominance anglaise, la part des anglophones baisse progressivement au profit de celle des allophones. Les anglophones sont passés de 59,1 % en 2001 à 57,8 % en 2006, à 56,9 % en 2011 et à 56,7 % en 2016. Il s'agit de la plus forte baisse de la proportion d'anglophones depuis plus d'un demi-siècle.

Quant aux francophones, ils constituent la minorité linguistique la plus importante du Canada avec 20,9 % de la population (2016). Bien qu'ils représentent le quart de la population du pays, ils ne forment que 2 % de celle de toute l'Amérique du Nord. Entre 1996 et 2016, l'augmentation de l'effectif de la population francophone était de 740 000 personnes. Les francophones affichent le taux de croissance le plus faible de leur effectif, soit 1,6 %, en comparaison de ceux des anglophones (+3,0 %) et des allophones (+18 %). Enfin, les peuples autochtones et les communautés immigrantes, pour leur part, représentent 19,5 % des locuteurs parlant une autre langue (voir le tableau 2). Pour ce qui est des autochtones au Canada, la plupart d'entre eux parlent en général une autre langue que celles que leur ont léguées leurs ancêtres.

3 Les anglophones du Canada par province

La prédominance anglaise devient encore plus évidente lorsqu'on analyse la répartition de la population selon la langue maternelle par province (voir le tableau 2). 

Tableau 2 

La langue maternelle par province (2021)

Province

Population totale

Anglais

Français

Langues non officielles

Réponses multiples
Ontario
14 099 790
9 179 660
(65,1 %)
463 115
(3,2 %)
3 833 670
(27,1 %)
623 345
(4,4 %)
Québec
8 406 905
 639 365
(7,6 %)
6 291 440
(74,8 %)
1 177 320
(14,2 %)
298 780
(3,5 %)
Colombie- Britannique
4 951 655
3 325 035
(67,1 %)
57 420
(1,1 %)
1 395 790
(28,1 %)
173 405
(3,5 %)
Alberta 
4 221 835
3 083 840
(73,0 %)
64 755
(1,5 %)
918 785
(21,7 %)
154 345
(3,6 %
Manitoba 
1 326 810
935 110
(70,4 %)
36 735
(2,7 %)
300 600
(22,6 %)
54 365
(4,0 %)
Saskatchewan 
1 116 045
911 765
(81,6 %)
12 565
(1,1 %)
160 390
(14,3 %)
31 320
(2,8 %)
Nouvelle-Écosse 
958 990
851 545
(88,7 %)
27 340
(2,8 %)
62 965
(6,5 %)
17 135
(1,7 %)
Nouveau- Brunswick 
764 630
487 010
(63,6 %)
225 560
(29,4 %)
33 550
(4,3 %)
18 510
(2,4 %)
Terre-Neuve-et-Labrador
504 805
486 560
(96,3 %)
2 215
(0,4 %)
12 795
(2,5 %)
3 240
(0,6 %)
Île-du-Prince-Édouard 
152 455
132 430
(86,8 %)
4 560
(2,9 %)
13 090
(8,5 %)
2 380
(1,5 %)
Territoires du Nord-Ouest 
40 545
30 795
(75,9 %)
1 130
(2,7 %)
7 020
(17,3 %)
1 600
(3,9 %)
Yukon
39 840
31 995
(80,3 %)
 1 785
(4,4 %)
4 790
(12,0 %)
1 275
(3,2 %)
Nunavut
36 645
12 100
(33,0 %)
520
(1,4 %)
20 150
(54,9 %)
3 875
(10,5 %)
Canada

 36 620 955
(100 %)

20 107 200
(54,9 %)

7 189 245
(19,6 %)

7 940 915
(21,6 %)

1 383 595
(3,7 %)

Source: Statistique Canada, Recensement de la population de 2021.

On constate que les provinces maritimes de Terre-Neuve (96,3%), de l'Île-du-Prince-Édouard (86,8%) et de la Nouvelle-Écosse ((88,7%) sont les plus anglophones du pays; que toutes les autres provinces, à l'exception du Québec (7,6%), du Nouveau-Brunswick (63,6%) et du Nunavut (33,0%), le sont à plus de 70 %. Au Nouveau-Brunswick, les anglophones ne sont majoritaires que dans une proportion de 63,6%. Bref, les anglophones sont partout majoritaires, sauf au Québec, où ils représentent moins de 8% de la population, et au Nunavut (33,0%).

4 Les francophones du Canada par province

Bien que les francophones soient présents dans toutes les provinces du Canada, ils sont très inégalement répartis. Par exemple, ils ne constituent que 0,5 % de la population de la province de Terre-Neuve-et-Labrador, 2,1 % en Alberta, 3,6 % au Manitoba, 32,4 % au Nouveau-Brunswick, mais 79 % au Québec. On constate que les francophones du Canada sont concentrés principalement dans trois provinces limitrophes: le Québec, le Nouveau-Brunswick et l’Ontario. En effet, les francophones de ces provinces, soit 7,1 millions de locuteurs) représentent 96,4 % de tous les francophones du Canada. Cela signifie que le Québec, à lui seul, compte pour 85,5 % des francophones; l’Ontario, 7,6 %; le Nouveau-Brunswick, 3,2 % (voir le tableau 2).

Si les trois provinces du Nouveau-Brunswick, de l'Ontario et du Québec comptent pour 96,4 % de tous les francophones du pays, cela signifie que la proportion de ceux-ci dans l'ensemble des sept autres provinces et des deux territoires est extrêmement faible. En effet, ces francophones ne représentent que 3 % de leur groupe linguistique au pays. Bref, la distribution linguistique des francophones hors du Québec, du Nouveau-Brunswick et de l’Ontario est extrêmement faible. Il faudrait même parler de dispersion linguistique.

De fait, la situation des minorités francophones hors Québec est extrêmement précaire: peu nombreuses, dispersées sur un immense territoire, exclues des pouvoirs politiques (sauf au Nouveau-Brunswick) et économiques, ces minorités constituent une présence bien plus symbolique (sauf en Ontario et au Nouveau-Brunswick) que réelle. D’ailleurs, elles doivent résister à une assimilation galopante causée principalement par la dispersion géographique, l'immigration anglophone, les mariages mixtes et une situation socio-économique parfois anémique.

5 Les langues autochtones et immigrantes

Cette troisième catégorie de locuteurs regroupant ceux qui ne parlent ni l’anglais ni le français comme langue maternelle est appelée allophone Depuis le recensement de 2011, on utilisait l'expression «langue non officielle».

L’un des problèmes de ces appellations vient du fait qu’elles ne font pas de distinction entre les autochtones (les Inuits, les Amérindiens et les Métis) et les immigrants. D’ailleurs, il s’agit là l’une des récriminations les plus décriées par les représentants des Premières Nations qui n’acceptent pas que leurs peuples fassent partie des immigrants ou des allophones.

Au recensement de 2016, on distinguait les langues autochtones des langues immigrantes. Il faut aussi comprendre que, si les autochtones sont répartis dans l'ensemble des provinces du Canada (voir la carte de gauche), ils ne forment que de petites communautés généralement isolées, alors que les populations «blanches» sont concentrées le long de la frontière canado-américaine dans des villes beaucoup plus fortement peuplées. 

5.1 Les populations autochtones

Catégorie 2016

Nombre Pourcentage
Population totale d'identité autochtone 1 673 785 100,0 %
Indiens 977 230 58,4 %
Métis 587 545 35,1 %
Inuits 65 025 3,9 %
Selon le recensement de 2016, il y avait 1,6 million de Canadiens au total, qui se réclamaient d'une identité autochtone. Certains autochtones ne s'identifient pas officiellement comme ,«autochtones» (env. 3 %). Par rapport à la population totale du Canada (34,7 millions), la population autochtone (1,6 million) représente 1,0 % de cette population. De plus, près d'un quart de la population autochtone vit dans des régions métropolitaines de recensement. Au Canada, on distingue trois catégories d'autochtones: «Indiens de l'Amérique du Nord» ou Premières Nations (58,4 %); «Métis» (35,1 %); «Inuits» (3,9 %).

Les autochtones (tableau ci-dessous) sont surtout concentrés en Ontario (22,15 %), en Colombie-Britannique (16,17 %) et en Alberta (15,55 %). Le Manitoba (13,52%), la Saskatchewan (10,60 %) et le Québec (10,79%) affichent des proportions relativement importantes. L'Ontario (120 585) et l'Alberta (114 375) sont les provinces de choix des Métis avec la Colombie-Britannique (89 405). Les Inuits se concentrent dans quatre régions : le territoire du Nunavut (30 140), le Québec (13 945), Terre-Neuve-et-Labrador (6450) et les Territoires du Nord-Ouest (4080). Quant aux Indiens (Premières Nations), ils sont plus nombreux en Ontario (236 680), en Colombie-Britannique (172 520), en Alberta (136 585), au Manitoba (130 505) et en Saskatchewan (114 570).

Province 2016 Population provinciale totale Indiens Métis Inuits Total des autochtones Pourcentage
des autochtones
Locuteurs d'une langue autochtone
Terre-Neuve-et-Labrador 515 675 28 375 7 790 6 450 42 615 2,61 % 2 720
Île-du-Prince-Édouard 141 015 1 875 710 75 2 660 0,03 % 65
Nouvelle-Écosse 912 295 25 830 23 310 795 49 935 3,06 % 4 560
Nouveau-Brunswick 736 285 17 575 10 200 385 28 160 1,72 % 2 325
Québec 8 066 560 92 655 69 360 13 945 175 960 10,79 % 47 025
Ontario 13 312 870 236 680 120 585 3 860 361 125 22,15 % 25 730
Manitoba 1 261 615 130 505 89 360 610 220 475 13,52 % 32 750
Saskatchewan 1 083 235 114 570 57 880 360 172 810 10,60 % 31 370
Alberta 4 026 650 136 585 114 375 2 500 253 460 15,55 % 27 170
Colombie-Britannique 4 598 410 172 520 89 405 1 615 263 540 16,17 % 10 455
Yukon 35 560 13 185 1 015 225 14 425 0,88 % 825
Territoires du Nord-Ouest 41 380 6 690 3 390 4 080 14 160 0,86 % 4 945
Nunavut 35 695 190 165 30 140 30 495 1,87 % 23 280
Canada 34 767 255 977 235 587 545 65 025 1 629 805

100,0 %

213 230

Par rapport à la population totale des autochtones, l'Ontario (361 125), la Colombie-Britannique (263 540), l'Alberta (253 460), le Manitoba (220 475) et le Québec (175 960) sont les provinces comptant le plus d'autochtones. Cependant, là où leur proportion est la plus importante, ce sont les trois territoires:

- le Yukon (14 425/35 560 = 40,5%);
- le Nunavut (30 495/35 695 = 85,4%):
- les Territoires du Nord-Ouest (14 160/41 380 = 34,2%).

On dénombre finalement peu d'autochtones dans les provinces Maritimes comme l'Île-du-»Prince-Édouard (2660), le Nouveau-Brunswick (28 160) et la Nouvelle-Écosse (49 935).

5.2 Les langues autochtones

D'après les statistiques officielles, nous devons relever le fait que les populations autochtones du Canada 1,6 million) sont plus nombreuses que leurs locuteurs 213 230). En fait, 13,0 % des autochtones ont conservé leur langue ancestrale, les autres étant passés à l'anglais (environ 67%) ou au français (environ 6 %). Ainsi, la majorité des autochtones du Canada, soit 67,8 %, ont déclaré que l'anglais était leur langue maternelle, alors que 5,8 % ont fait de même avec le français. Cela signifie que 73,6 % des habitants autochtones ont été linguistiquement assimilés, massivement par l'anglais, puis un peu par le français au Québec.  

Ainsi, selon le recensement de 2016 (voir le tableau 5), on peut observer que le cri est la langue la plus utilisée (96 575), suivie de l'inuktitut (39 770), de l'ojibwé (28 130), de l'oji‑cri (15 585), du déné (13 005) et de l'innu (11 360).

On compte environ 70 langues autochtones au Canada. Plusieurs des langues parlées par les peuples autochtones ne comptent que quelques dizaines de locuteurs, parfois encore moins (p. ex., le chinook, le comox, le kutenai, etc.).

La plupart des langues amérindiennes appartiennent à cinq familles importantes: la famille eskimo-aléoute au nord, la famille iroquoienne au centre-est du Canada, la famille algonkine de l’est des Grands Lacs aux Maritimes et la famille na-déné au nord et à l’ouest du pays.

On compte aussi plusieurs petites familles de langues dans l'ouest : les familles salishenne, sioux, wakashane, pénutienne (tsimshiane), ainsi que les isolats linguistiques que sont le haïda, le kootenai et le tlingit.

 Rang des familles

Famille

Nombre des langues

1 Famille na-déné (athabascane)  14
 2 Famille algonkienne  11
 3 Famille salishane  11
 4 Famille iroquoienne  6
 5 Famille wakashane  4
 6 Famille sioux  3
 7 Famille pénutienne (tsimshiane)  3
 8 Famille haïda (isolat)  1
 9 Famille kootenaise (isolat)  1
 10 Famille tlingit (isolat)  1
11 Famille eskimo-aléoute  1
 

TOTAL

56

5.3 Les langues immigrantes

Province 2016

Nombre des allophones

Pourcentage
Terre-Neuve-et-Labrador 12 075 0,16%
Île-du-Prince-Édouard 8 940 0,11%
Nouvelle-Écosse 55 675 0,73%
Nouveau-Brunswick 33 815 0,44%
Québec 1 091 305 14,47%
Ontario 3 852 150 51,08%
Manitoba 227 465 3,01%
Saskatchewan 112 490 1,49%
Alberta 845 215 11,20%
Colombie-Britannique 1 292 675 17,14%
Yukon 4 410 0,05%
Territoires du Nord-Ouest 3 685 0,04%
Nunavut 920 0,01%
  7 540 820 100,0%
Les langues immigrantes sont parlées par ceux qu'on appelle aux Canada les allophones (les autres langues): ils représentent aujourd’hui 22,1 % de la population du Canada.

Parmi les provinces canadiennes, trois d'entre elles comptent proportionnellement plus d’allophones: l'Ontario (51,0% des immigrants), la Colombie-Britannique (17,4%) et le Québec (14,4%). Dans les autres provinces, la présence des allophones demeure encore faible. Les données démolinguistiques du tableau 2 (plus haut) révèlent qu’au Québec les allophones (12,0 %) devancent maintenant les anglophones (8,9 %).

L'Asie (y compris le Proche-Orient) demeure toutefois la principale source de l'immigration récente au Canada. En 2016, la majorité (61,8 %) des nouveaux immigrants étaient nés en Asie. Il s'agit d'une part un peu plus élevée que celle observée au recensement de 2006 (58,3 %). De fait, en 2016, sept des dix principaux pays de naissance des immigrants récents étaient des pays asiatiques: il s'agit des Philippines, de l'Inde, de la Chine, de l'Iran, du Pakistan, de la Syrie et de la Corée du Sud.

La figure de Statistique Canada 2016 montre les pays d'où proviennent les principaux groupes d'immigrants au Canada. Ce sont d'abord les Philippines (188 805), l'Inde (147 190), la Chine (129 020), puis l'Iran (42 070), le Pakistan (41 480), les États-Unis (33 060), la Syrie (29 945), le Royaume-Uni (24 445), la France (24 155) et la Corée du Sud (21 710).

En 2016, l'Afrique représentait 13,4 % des immigrants récents, soit un pourcentage quatre fois plus élevé que celui observé lors du recensement de 1971 (3,2 %). L'Afrique est maintenant le deuxième continent en importance du point de vue de l'immigration récente au Canada, ayant surpassé l'Europe à ce chapitre, qui occupe la troisième place. Le Nigéria, l'Algérie, l'Égypte, le Maroc et le Cameroun étaient en 2016 les cinq premiers pays de naissance des immigrants récents nés en Afrique.

Au fil des modifications apportées aux politiques d'immigration du Canada et des différents événements internationaux liés aux mouvements des migrants et des réfugiés, le pourcentage des immigrants récents nés en Europe a diminué d'un recensement à l'autre, passant de 61,6 % en 1971 à 16,1 % en 2006, et à 11,6 % en 2016. Quant aux nouveaux arrivants des Amériques et de l'Océanie, ils représentaient respectivement 12,6 % et 0,7 % de l'immigration récente au Canada.


 

  Langues immigrantes (2016)

7 749 120 (total Canada)

%

Filiation linguistique

1 chinois mandarin 610 835 7,9 %

langue sino-tibétaine

2 chinois cantonais 594 030 7,7 %

langue sino-tibétaine

3 pandjabi 543 495 7,0 %

langue indo-iranienne

4 filipino (tagalog) 510 425 6,6 %

langue austronésienne

5 espagnol 495 090 6,4 %

langue romane

6 arabe 486 525 6,3 %

langue afro-asiatique

7 italien 407 450 5,3 %

langue romane

8 allemand 404 745 5,2 %

langue germanique

9 ourdou 243 090 3,1 %

langue indo-iranienne

10 portugais 237 000 3,1 %

langue romane

11 persan (farsi) 225 155 2,9 %

langue indo-iranienne

12 russe 195 920 2,5 %

langue slave

13 polonais 191 770 2,5 %

langue slave

14 vietnamien 166 830 2,2 %

langue austro-asiatique

15 coréen 160 455 2,1 %

langue coréenne

16 tamoul 157 125 2,0 %

langue dravidienne

17 hindi 133 925 1,7 %

langue indo-iranienne

18 gujarati 122 455 1,6 %

langue indo-iranienne

19 grec 116 460 1,5 %

langue grecque

20 ukrainien 110 580 1,4 %

langue slave

21 néerlandais 104 505 1,3 %

langue germanique

22 roumain 100 615 1,3 %

langue romane

Le tableau ci-dessus présente les langues parlées par plus de 100 000 locuteurs. On constate que les langues européennes telles que l'espagnol, l'italien ou l'allemand sont surpassées par les langues chinoises, austronésiennes (filipino), afro-asiatiques (arabe) et indo-iraniennes (ourdou, persan, hindi, gujarati). Pour la première fois, l'Afrique a devancé l'Europe et est le deuxième continent en importance de l'immigration récente (13,4 %).

Le recensement fédéral de 2016 confirme que le chinois mandarin et le chinois cantonais arrivent au premier et au second rangs (après l'anglais et le français) des langues maternelles les plus répandues au Canada. Plus d'un million de locuteurs ont déclaré l'un de ces langues chinoises comme langue maternelle. Suivent le pandjabi, le filipino (tagalog), l'espagnol, l'arabe, l'italien, l'allemand, l'ourdou et le portugais.

Cependant, depuis 1996, les groupes linguistiques en provenance d'Asie et du Proche-Orient ont enregistré depuis gains importants. Ces groupes linguistiques, qui incluent le chinois, le panjabi, l'arabe, l'ourdou, le tagalog et le tamoul, comprennent maintenant des langues dravidiennes (Inde et Sri Lanka), le pachtou (Pakistan et Afghanistan), le twi(Ghana) et le konkani (Inde).  

Le tagalog (+35 %), l'arabe (+30 %), le persan (+26,7 %), l'hindi (+26,1 %) et l'ourdou (+25 %) ont connu les plus fortes croissances, tandis que le nombre de personnes parlant une langue chinoise a crû de près de 17 %. L'italien, le polonais, l'allemand et le grec poursuivent leur décroissance. Cette tendance s'explique surtout par les différentes vagues d'immigration au fil des décennies.

Si le Canada de 2011 comptait 25,6 % d'allophones, ce sera différent en 2031, selon les projections de Statistique Canada. Le pays sera de plus en plus multiculturel et multilingue. Comme le Canada est l'un des pays qui ont la plus forte proportion de personnes nées à l'étranger, il se compare à l'Australie, à la Nouvelle-Zélande et aux États-Unis. En 2031, le Canada sera composé de 28 % d'allophones. En 2031, selon le scénario de référence, les groupes de minorités visibles représenteraient 63 % de la population de Toronto, 59 % de celle de Vancouver et 31 % de celle de Montréal. En revanche, ils constitueraient au plus 5 % de la population de St. John's (Terre-Neuve), du Grand Sudbury (Ontario), des villes québécoises de Trois-Rivières, de Québec ou de Saguenay. D'après les scénarios élaborés aux fins des projections, la population de minorités visibles au Canada continuerait de s'accroître en raison d'une immigration soutenue, d'une fécondité légèrement plus élevée et d'une structure par âge plus jeune.  

Proportion de personnes nées à l'étranger et de personnes appartenant à un groupe de minorités visibles
par région métropolitaine de recensement, 2006 et 2031 (scénario de référence Statistique Canada, 2010)
 

  Née à l'étranger De minorités visibles
  2006 2031 2006 2031
  Pourcentage de la population
Canada 20 26 16 31
Abbotsford–Mission (C.-B.) 24 29 23 39
Barrie (Ont.) 13 13 6 11
Brantford (Ont.) 12 13 5 10
Calgary (Alb.) 24 30 22 38
Edmonton (Alb.) 19 22 17 29
Grand Sudbury (Ont.) 7 5 2 5
Guelph (Ont.) 20 25 13 25
Halifax (N.-É.) 7 11 7 12
Hamilton (Ont.) 24 27 12 25
Kelowna (C.-B.) 15 14 5 10
Kingston (Ont.) 12 14 6 11
Kitchener (Ont.) 23 28 14 28
London (Ont.) 19 23 11 22
Moncton (N.-B.) 3 5 2 5
Montréal (QC) 21 30 16 31
Oshawa (Ont.) 16 19 10 21
Ottawa–Gatineau (partie Ottawa, Ont.) 22 29 19 36
Ottawa–Gatineau (partie Gatineau, QC) 8 15 6 14
Peterborough (Ont.) 9 11 3 8
Québec (QC) 4 7 2 5
Regina (Sask.) 8 10 7 12
Saguenay (QC) 1 2 1 2
Saint John / Saint-Jean (N.-B.) 4 6 3 8
Saskatoon (Sask.) 8 10 6 13
Sherbrooke (QC) 6 11 4 10
St. Catharines–Niagara (Ont.) 18 19 7 14
St. John's (T.-N.) 3 4 2 5
Thunder Bay (Ont.) 10 8 3 7
Toronto (Ont.) 46 50 43 63
Trois-Rivières (QC) 2 5 2 4
Vancouver (C.-B.) 40 44 42 59
Victoria  (C.-B.) 19 20 10 17
Windsor (Ont.) 23 28 16 33
Winnipeg (Man.) 18 24 15 27

La population sud-asiatique, par exemple, qui continuerait de former le groupe de minorités visibles comptant la plus importante population, pourrait plus que doubler et atteindre entre 3,2 millions et 4,1 millions de personnes, contre environ 1,3 million de personnes en 2006. La taille de la population chinoise se situerait entre 2,4 millions de personnes et 3,0 millions de personnes comparativement à 1,3 million de personnes en 2006. La proportion de Sud-Asiatiques au sein de la population de minorités visibles passerait de 25 % à 28 %, alors que le pourcentage de Chinois diminuerait de 24 % à 21 %. Cette situation s'explique par le fait que les femmes chinoises présentent l'une des plus faibles fécondités au Canada, contrairement aux femmes sud-asiatiques. De plus, les personnes nées en Chine ont une plus forte propension à émigrer que les Sud-Asiatiques. Enfin, les populations noire et philippine du Canada, qui se classaient aux troisième et quatrième rangs des groupes de minorités visibles en 2006, doubleraient aussi en taille. Les populations des Arabes et des Asiatiques occidentaux pourraient plus que tripler, ce qui correspondrait à la croissance la plus rapide parmi l'ensemble des groupes.

6 Les taux de bilinguisme au Canada

Des dix provinces canadiennes, le Québec, le Nouveau-Brunswick et l'Ontario sont celles où l'on compte le plus de Canadiens bilingues, c'est-à-dire sachant s'exprimer dans les deux langues officielles, selon l'auto-évaluation des répondants.

6.1 Le bilinguisme par province

En effet, le Québec demeure la province qui présente le plus haut taux de bilinguisme: 44,5 %. En comparaison, au Nouveau-Brunswick, seule province officiellement bilingue, 33,9 % des résidants se disaient bilingues. Dans les autres provinces, ce taux varie entre 3 % et 12 %. En Ontario, le taux s'élevait à 11,2 % en 2016.

Taux de bilinguisme anglais-français    
Province/Territoire 1971 1981 1991 1996 2001 2016
Colombie-Britannique 4,6% 5,7% 6,4% 6,7% 7,0 % 6,8 %
Alberta 5,0% 6,4% 6,6% 6,7% 6,9 % 6,6 %
Saskatchewan 5,0% 4,6% 5,2% 5,2% 5,1 % 4,7 %
Manitoba 8,2% 7,9% 9,2% 9,4% 9,3 % 8,6 %
Ontario 9,3% 10,8% 11,4% 11,6% 11,7 % 11,2 %
Québec 27,6% 32,4% 35,4% 37,8% 40,8 % 44,5 %
Nouveau-Brunswick 21,5% 26,5% 29,5% 32,6% 34,2 % 33,9 %
Île-du-Prince-Édouard 8,2% 8,1% 10,1% 11,0% 12,0 % 12,6 %
Nouvelle-Écosse 6,7% 7,4% 8,6% 9,3% 10,1 % 10,5 %
Terre-Neuve-et-Labrador 1,8% 2,3% 3,3% 3,9% 3,7 % 5,0 %
Yukon 6,6% 7,9% 9,3% 10,5% 10,1 % 13,8 %
Territoires du Nord-Ouest 6,1% 6,1% 6,1% 6,3% 8,3 % 10,3 %
Nunavut - - - 4,1 % 3,8 % 4,3 %
Canada 13,5% 15,3% 16,3% 17,0% 17,7 % 17,9 %
Source: Statistique Canada, Le Quotidien, 2 décembre 1997 / Recensement 2001.    

 

Systèmes d'éducation de langue française

Systèmes d'éducation de langue anglaise

Quelque 591 615 élèves apprennent l'anglais langue seconde au Québec et au Nouveau-Brunswick.

Les statistiques ne sont pas disponibles pour les autres provinces et territoires.

Quelque 2 060 322 élèves apprennent le français langue seconde, dont 328 451 en immersion française.

Les statistiques ne sont pas disponibles pour les programmes réguliers d'enseignement du français langue seconde dans les écoles anglophones du Québec

Source : Données 2001-2002. Centre des statistiques sur l'éducation, Statistique Canada

6.2 Le bilinguisme selon la langue maternelle

Statistique Canada révèle que le taux de bilinguisme est plus élevé chez les francophones que chez les anglophones et les allophones. À l'échelon national, 43,4 % des francophones ont déclaré être bilingues, par comparaison à 11,8 % des allophones et 9,0 % des anglophones.

Taux de bilinguisme français-anglais selon le groupe linguistique, Canada, provinces, territoires et Canada moins Québec, 1991, 1996 et 2001

  Anglophones

%

1991 1996 2001
Canada 8,2 8,8 9,0
Terre-Neuve-et-Labrador 2,8 3,5 3,7
Île-du-Prince-Édouard 6,4 7,2 8,3
Nouvelle-Écosse 4,8 5,7 6,4
Nouveau-Brunswick 12,0 14,0 15,0
Québec 58,4 61,7 66,1
Ontario 7,5 8,1 8,2
Manitoba 5,8 6,3 6,5
Saskatchewan 3,5 3,7 3,6
Alberta 4,9 5,1 5,3
Colombie-Britannique 5,2 5,7 6,0
Territoire du Yukon 6,5 7,3 7,3
Territoires du Nord-Ouest  - 6,2 7,0
Nunavut  - 8,5 7,3
Canada moins Québec 6,3 6,9 7,1
 

Francophones

%
1991 1996 2001
Canada 38,6 40,8 43,4
Terre-Neuve-et-Labrador 86,0 88,4 85,8
Île-du-Prince-Édouard 88,0 91,3 90,1
Nouvelle-Écosse 91,6 92,4 93,7
Nouveau-Brunswick 62,5 68,9 71,5
Québec 31,3 33,7 36,6
Ontario 86,7 88,4 89,4
Manitoba 90,4 91,5 91,6
Saskatchewan 89,5 88,0 87,8
Alberta 89,2 89,7 89,6
Colombie-Britannique 88,1 88,6 89,0
Territoire du Yukon 91,2 93,5 89,3
Territoires du Nord-Ouest  - 92,1 86,2
Nunavut 93,8 86,3
Canada moins Québec 81,2 83,8 85,1
  Allophones
%
1991 1996 2001
Canada 11,3 11,2 11,8
Terre-Neuve-et-Labrador 7,1 7,0 6,5
Île-du-Prince-Édouard 6,6 11,7 10,0
Nouvelle-Écosse 9,7 8,9 10,7
Nouveau-Brunswick 14,8 15,7 17,5
Québec 46,5 46,7 50,4
Ontario 6,3 6,3 6,8
Manitoba 2,6 2,5 2,9
Saskatchewan 1,8 1,8 2,0
Alberta 3,8 3,9 4,1
Colombie-Britannique 4,5 4,3 4,4
Territoire du Yukon 5,3 5,8 8,2
Territoires du Nord-Ouest  - 2,5 3,2
Nunavut  - 0,6 0,7
Canada moins Québec 5,3 5,3 5,7

Cependant, au Québec, c'est la minorité de langue maternelle anglaise qui présente le plus fort taux de bilinguisme. En effet, 66,1 % des anglophones se sont déclarés bilingues en 2001, contre 50,4 % des allophones et 36,6 % des francophones, des proportions en hausse dans les trois groupes. Au Nouveau-Brunswick, le taux de bilinguisme est de 71,5 % pour les francophones, 15 % pour les anglophones et 17,5 % pour les allophones. En Ontario, il est de 89,4 % pour les francophones, 8,2 % pour les anglophones et 6,8% pour les allophones. Dans toutes les autres provinces du Canada, les francophones accusent les plus forts taux de bilinguisme: 91,6 % au Manitoba, 90,1 % à l'Île-du-Prince-Édouard, 89,6%, etc.

Le constat est frappant: la majorité des personnes bilingues sont de langue maternelle française. En 2016, au Canada, les personnes de langue maternelle française (réponses uniques) représentaient 53,2 % de la population bilingue français‑anglais. Elles affichaient un taux de bilinguisme de 46,2 % en 2016, en hausse de près de deux points de pourcentage par rapport à 2011 (44,4 %). Toujours en 2016, le taux de bilinguisme était de 11,7 % chez les personnes de langue maternelle tierce. Chez les personnes de langue maternelle anglaise, le taux de bilinguisme était de 9,2 % en 2016. Il s’agit d’une croissance de 0,3 point de pourcentage par rapport à 2011 (8,9 %).

Le bilinguisme a progressé depuis un siècle dans le Canada hors Québec, mais il demeure relativement faible. Ainsi, moins d’un anglophone sur douze (7,4 %) arrive à comprendre le français, ce qui représente néanmoins davantage que les 2 % de 1901. Chez les allophones hors Québec, seulement 6,4 % parlent les deux langues officielles. Statistique Canada constate une légère baisse du taux de bilinguisme français-anglais dans ces groupes depuis 2001, baisse attribuée à la croissance de la population canadienne qui se fait principalement grâce aux immigrés, qui dans leur vaste majorité ne parlent pas les deux langues officielles à leur arrivée. Si le bilinguisme a fait un bond de géant chez les anglophones du Québec, les francophones hors Québec demeurent les champions incontestés. Le taux de bilinguisme de ce groupe (85,3 %) est demeuré significativement plus élevé que dans le reste de la population canadienne depuis 1901. Déjà à cette époque, les deux tiers parlaient les deux langues officielles.

La concentration de la population bilingue n’est pas un phénomène récent. En 1961, 87 % de la population bilingue du pays résidait soit au Québec, soit en Ontario, soit au Nouveau-Brunswick. Et d’un recensement décennal à l’autre, 55 % à 60 % des Canadiens bilingues habitaient le Québec (57 % en 2011). Le bilinguisme français-anglais a aussi progressé fortement chez les Québécois n’ayant pas le français ou l’anglais comme langue maternelle. Plus de la moitié (55,1 %) des allophones du Québec disent aujourd’hui comprendre les deux langues officielles, soit un taux plus élevé que chez les francophones. Statistique Canada y voit là encore un effet de l’application de la Charte québécoise de la langue française, qui a ajouté des balises « sur la fréquentation scolaire des enfants d’immigrants et sur la langue de travail ». Dans l’ensemble du Canada, les francophones présentaient un taux de bilinguisme de 44 % en 2011, comparativement à 8 % pour les anglophones.

Le bilinguisme a aussi fait d’importants progrès chez les francophones du Québec, même si ces gains sont plus modestes que chez les anglophones et les allophones de la province. Statistique Canada attribue le ralentissement de cette progression au fait que « moins de 40 % de la population de langue maternelle française résidait à Montréal », principale région de la province où les deux langues se côtoient quotidiennement. Contrairement aux deux autres groupes, la progression du bilinguisme n’a pas plafonné et continue à croître.

6.3 La perception du bilinguisme, selon la langue maternelle officielle

D’après un sondage du ministère du Patrimoine commandé par la ministre Mélanie Joly dans la foulée de la préparation des fêtes du 150e anniversaire de la fédération canadienne (2017), les deux grandes communautés linguistiques du Canada perçoivent différemment l’importance du bilinguisme.

En ce qui a trait aux points communs entre anglophones et francophones, la dualité linguistique est perçue comme un atout qui «facilite la compréhension entre les Canadiens», d'après 82% des répondants. Cet élément fait également partie de l'identité canadienne comme pays (70 % d’accord, dont 54 % fortement d’accord). Parler le français et l’anglais améliorerait aussi les chances de trouver un emploi pour 80 % des personnes sondées.

Cependant, seuls les francophones croient que le français est menacé au Canada: 74 % contre 43 % pour les anglophones.

Perception du bilinguisme au Canada Francophones (Québec) Anglophones (provinces anglaises)
Le français est menacé au Canada 74 % 34 %
Intéressé par les produits culturels dans l'autre langue 71 % 32 %
Les diplômés devraient connaître les deux langues 95 % 62 %
L'autre langue officielle est la plus importante langue seconde 83 % 52 %

Si au Québec 83 % des personnes sondées jugent que l'autre langue officielle est la plus importante langue seconde, il en est autrement pour les provinces anglophones, car pour la plupart d’entre elles l’importance du bilinguisme se situe autour de 50 % et encore moins pour les provinces de l’Ouest. Si l’autre langue officielle demeure la langue seconde la plus importante à apprendre pour une majorité de Canadiens, là encore, c’est le cas à des degrés très variables. Alors que 83 % des francophones unilingues optent pour l’anglais, suivi de l’espagnol (12 %), les anglophones priorisent ces langues dans une proportion de 52 % et de 21 %, suivies du mandarin (6 %). Lorsque vient le temps de consommer des produits culturels dans l’autre langue, plus de sept francophones sur dix démontrent un intérêt, contre trois anglophones sur dix. Alors que 95 % des répondants de langue française croient que les diplômés du secondaire devraient connaître les deux langues, seuls 62 % des anglophones partagent ce point de vue.

Bref, l'avenir du bilinguisme au Canada est pour l’essentiel une affaire de francophones. Les Canadiens nés à l’étranger ont tendance à être plus positifs que les anglophones nés au Canada quant au bilinguisme. Les jeunes de 18 à 34 ans semblent nettement moins préoccupés par ces enjeux que leurs aînés.

Ces perceptions en disent long sur le manque de considération des Canadiens de langue anglaise envers les francophones. Toutefois, ces différences de perception, si elles peuvent étonner, n’en restent pas moins normales entre majoritaires et minoritaires. Si pour les francophones le bilinguisme est considéré comme une manière impérative de s'ouvrir à la diversité, il est plutôt perçu par les anglophones comme un compromis ou un accommodement acceptable.

En conclusion, on peut dire que le Canada n’est pas un pays très homogène au plan linguistique puisque sa population majoritaire ne parle anglais que dans une proportion inférieure à 60%. Cependant, le taux d’assimilation des francophones hors-Québec, des allophones et des autochtones viendra, à long terme, vraisemblablement augmenter la proportion des anglophones.

Dernière mise à jour: le 10 février, 2024

 

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