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République démocratique du Timor oriental

Timor oriental

3) La politique linguistique

Le Timor oriental (ou officiellement Timor Leste) est une république parlementaire multipartite, où le président de la République est chef de l'État et le premier ministre chef du gouvernement. Le pouvoir exécutif est détenu par le gouvernement, tandis que le pouvoir législatif est partagé entre le gouvernement et le Parlement. Le pouvoir judiciaire est indépendant des deux premiers. La Constitution du Timor oriental du 20 mai 2002 fut rédigée sur le modèle de celle du Portugal. En raison de son indépendance relativement récente, le pays est toujours dans une phase de reconstruction de son administration et de ses institutions gouvernementales. Le Timor Leste est le 191e État admis à l'ONU, le 27 septembre 2002. 

1 Le statut des langues

La Constitution du Timor Oriental mentionne formellement quatre langues, le tétoum, le portugais, l'indonésien et l'anglais, mais dont le statut est différent pour les deux premières. En réalité, deux langues ont le statut de co-officialité: le portugais (en premier), le tétoum (en second).

1.1 Les langues officielles

En vertu de l'article 13 de la Constitution timoraise, le pays compte deux langues officielles, le tétoum et le portugais: 

Article 13

Langues officielles et langues nationales

1) Le tétoum et le portugais sont les deux langues officielles de la République démocratique du Timor oriental.

2)
Le tétoum et les autres langues nationales
sont encouragés et développés par l'État.

L'article 8 de la Constitution énonce que l'État doit maintenir des liens privilégiés avec les pays dont la langue officielle est le portugais :
 

Article 8

Relations internationales

3) La République démocratique du Timor oriental maintient des liens privilégiés avec les pays dont la langue officielle est le portugais.

Évidemment, la proclamation du portugais comme l'une des langues officielles demeure problématique. D'une part, on ne comptait en 2010 que 595 locuteurs du portugais langue maternelle (0,1%) et moins de 200 000 personnes (environ 30%) ayant une certaine connaissance de cette langue. D’autre part, au Timor oriental comme partout dans les anciennes colonies portugaises d’Asie, le portugais semble plus ou moins condamné, car il ne reste que Macao, une enclave de 472 000 habitants à 96 % de langue chinoise cantonaise. Quatre principaux facteurs entravent l'apprentissage du portugais au Timor Leste:

1) la partie infime de la population qui peut s'exprimer dans cette langue;
2) la concurrence active des autres langues, notamment l'indonésien et anglais;
3) le choix des décisions politiques;
4) la pénurie d'enseignants qualifiés.

Même les principaux dirigeants timorais actuels sont peu nombreux à pouvoir parler le portugais, et ce, à des degrés divers. À long terme, après une période de normalisation accompagnée de conflits probables, c’est le tétoum qui devrait prendre la relève, mais cette éventualité n’est certainement pas pour demain, la langue n’étant pas prête à assurer la transition, y compris dans l’enseignement et les tribunaux. En effet, les normes d'écriture ne sont pas encore toutes définies et il existe plusieurs formes dialectales de tétoum; par comparaison avec le portugais ou l'anglais, cette langue n'est pas suffisamment adaptée aux technologies modernes, mais cela viendra sans nul doute.

Les observateurs sur le terrain affirment que, bien que le tétoum soit la langue officielle, le portugais apparaît comme prioritaire car c'est la langue de communication de l'élite politique et sociale. Donc, le portugais serait une langue élitiste au Timor Leste, ce qui implique des défis particuliers.

1.2 Les langues de travail

L'article 159 de la Constitution énonce que l'indonésien et l'anglais sont les langues de travail dans la fonction publique, côte à côte avec les langues officielles, aussi longtemps qu'il paraîtra nécessaire:

Article 159

Langues de travail

L'indonésien et l'anglais sont les langues de travail dans la fonction publique, côte à côte avec les langues officielles, aussi longtemps qu'il paraîtra nécessaire.

Qu'est-ce qu'une langue de travail (en portugais: "línguas de trabalho")? En principe, une langue de travail est une langue qui se voit attribuer un statut juridique particulier dans une entreprise supranationale, un État ou tout autre organisme en tant que principal moyen de communication. Par exemple, l'ONU a deux langues de travail: l'anglais et le français. Compte tenue que la plupart des Timorais , au moment de l'indépendance, possédaient une grande maîtrise de l'indonésien, il apparut difficile d'évincer complètement cette langue du jour au lendemain. Sous l'égide des Nations unies, l'anglais est également entré au Timor oriental.

Au cours des premières années de l'indépendance, l'indonésien est demeuré la langue la plus employée dans les tribunaux, la fonction publique et l'éducation. Cette langue était comprise par environ 70% de la population en 2002. Au recensement de 2010, cette proportion était tombée à 36,0%, contre 53,4% pour le tétoum et 23,6% pour le portugais. Bref, l'indonésien semble de moins en moins employé, car après deux décennies c'est le portugais qui a pris la relève.

Quant à l'anglais, il représente une langue importante, presque incontournable dans le monde actuel. Par exemple, pour accéder à l'information scientifique et technologique, au commerce international ou aux marchés financiers, l'anglais peut être très utile. Toutefois, le fait qu'une langue ait un usage régional ou mondial ne conduit pas inévitablement à la conclusion qu'il faut abandonner ses racines historiques et culturelles et en faire une langue officielle. Quoi qu'il en soit, l'anglais n'était maîtrisé que par 11,5% de la population en 2010. Il n'est à peu près jamais employé comme langue de travail.

2 Les organismes linguistiques

C'est pour cette raison que les autorités du Timor oriental ont dû se doter d'organismes linguistiques afin de mettre à niveau la langue tétoum. Il convient de mentionner au moins trois organismes: l'Institut national de linguistique, le Conseil spécialisé pour le développement du tétoum juridique et le Département de traduction et de retraduction.

2.1 L'Institut national de linguistique (INL)

L'Institut national de linguistique (en portugais: Instituto Nacional de Linguística; en tétum : Institutu Nasionál Linguístika nian), abrégé en INL, est l'institution timoraise officiellement responsable de l'étude et du développement de la langue tétoum et des autres langues régionales parlées dans le pays. Cet institut a été créé en 2001 à l'initiative du gouvernement du Timor oriental et de la communauté internationale.

L'INL est liée à la Faculté d'éducation, des arts et des sciences humaines, une institution de l'Université nationale de Timor Lorosa'e.  Par décret n° 1 du 14 avril 2004 du gouvernement du Timor Leste, l'INL a été chargé d'être le «gardien scientifique du tétoum officiel» (art. 4) sur la base du tétoum-prasa, la variété choisie comme norme standard.

Les articles 1 et 2 du Décret gouvernemental n° 1/2004 sur les normes d'orthographe de la langue tétoum définissent la norme orthographique du tétoum:
 

Article 1er

Norme orthographique

1)
La
norme orthographique officielle en tétoum, élaborée par l'Institut national de linguistique (INL) de l'Université nationale du Timor Leste, est adoptée.

2) La norme orthographique adoptée ne doit pas entraver le processus de recherche et de développement de la langue tétoum par l'INL.

Article 2

Orthographe officielle du tétoum

1)
L'
orthographe officielle du tétoum est le système phonémique promu, administré et élaboré par l'INL sur la base de critères scientifiques.

2) La variété du tétoum affirmée comme langue officielle et nationale est le tétoum officiel, une forme littéraire moderne de la langue vernaculaire la plus répandue dans le pays, basée sur le tétoum-praça.

3) Cette option est sans préjudice des variantes du tétoum limitées à certaines régions que l'État préserve et promeut comme langues nationales.

L'article 3 du décret n° 1/2004 énonce que l'orthographe du tétoum officiel doit être respectée dans l'enseignement, les publications officielles et les médias:
 

Article 3

Portée de la mise en œuvre

1)
La norme orthographique officielle du tétoum doit être respectée dans le système d'enseignement général, dans les publications officielles et dans les médias.

2) La priorité devrait être donnée à l'emploi du tétoum officiel et du portugais
dans l'iconographie et la signalisation publiques.

3) L'anglais et le malayo-indonésien,
en tant que simples langues de travail, ne doivent pas être utilisés dans l'iconographie et la signalisation publiques à moins d'être accompagnés de textes clairement visibles en tétoum et en portugais.

Ce même article précise que les «simples langues de travail» que sont l'anglais et l'indonésien ne doivent pas être employées, à moins d'être accompagnées d'un texte en tétoum et en portugais.

L'article 4 du décret n° 1/2004 porte sur le rôle de l'INL, l'Institut national de linguistique comme «gardien scientifique du tétoum officiel». Cet institut est également responsable des activités scientifiques du tétoum et des autres «langues nationales restantes», notamment les normes orthographiques de ces langues.

2.2 Le Conseil spécialisé pour le développement du tétoum juridique

L'autre organisme linguistique est le CEDTJ: le "Conselho Especializado para o Desenvolvimento do Tétum Jurídico", c'est-à-dire un Conseil spécialisé pour le développement du tétoum juridique. Cet organisme est prévu à l'article 14 du Décret-loi n° 11/2017 sur le régime d'emploi des langues officielles dans le domaine de la justice dans le but de normaliser le tétoum juridique et judiciaire. Ce conseil doit, entre autres, établir une méthodologie de traduction juridique adaptée à la situation timoraise, garantir la rigueur technique et juridique, uniformiser la terminologie juridique dans les versions portugaise et tétoum et adopter des instruments juridiques permettant d'établir des critères pour résoudre les divergences d'interprétation résultant de l'existence de deux versions authentifiées d'un même acte normatif.

Il ne faut pas oublier que, pour toutes sortes de raisons, le tétoum demeurait encore une langue orale avant l'indépendance. Or, cette langue n'était pas encore apte à intégrer la terminologie juridique et judiciaire, mais le portugais pouvait alors remédier à cette lacune. 

2.3 Le Département de traduction et de retraduction

Le Departamento de Tradução e Retroversão (Département de traduction et de retraduction) doit fournir des services linguistiques dans les langues portugaise, tétoum, anglaise et indonésienne; ces services sont demandés notamment par le Conseil des ministres, le premier ministre et les membres du gouvernement relevant du Conseil des ministres. L'article 10 de l'Arrêté ministériel n° 001 approuvant la structure organique des services du Secrétariat d'État du Conseil des ministres (2012) précise les attributions suivantes de ce département:
 

Article 10

Département de traduction et de retraduction

Le Département de la traduction et de la retraduction (DTR) a les attributions suivantes :

a) fournir des services linguistiques dans les domaines du portugais, du tétoum, de l'anglais et de l'indonésien demandés par le Conseil des ministres, le premier ministre et les membres du gouvernement relevant du Conseil des ministres;

b)
effectuer une traduction, une retraduction ou une interprétation consécutive ou simultanée vers le portugais, le tétoum, l'anglais et l'indonésien;

c) fournir le soutien nécessaire en termes de traduction ou de retraduction dans les questions de nature administrative;

d) procéder à un examen détaillé de toute
la documentation produite dans les langues
dont le département est responsable;

e) effectuer d'autres tâches assignées par la loi ou par délégation de pouvoirs.

N'oublions pas que les services linguistiques doivent souvent effectuer des triples traductions, ce qui implique des «retraductions», généralement de l'indonésien ou de l'anglais vers le tétoum et le portugais.

Par le fait même, le Département de révision linguistique ("Departamento de Revisão Linguística") a comme mission de coordonner la terminologie juridique et technique appliquée au sein du gouvernement :
 

Article 11

Département de révision linguistique


Le Département de la révision linguistique (DRL) a les attributions suivantes:

a) coordonner la terminologie juridique et technique appliquée au sein du gouvernement par l'intermédiaire du Secrétariat d'État du Conseil des ministres, en coordination avec les différents ministères, et garantir l'exactitude terminologique conceptuelle ;

b)
conseiller et coordonner les projets terminologiques
;

c) contribuer et promouvoir la standardisation et la normalisation de la terminologie afin de réduire la variabilité de la terminologie de la langue tétoum utilisée au sein du gouvernement, sans nuire à sa flexibilité ni à son origine ;

d) coopérer avec des entités publiques et privées œuvrant pour la recherche, la normalisation et la diffusion de tétoum, en maintenant des relations culturelles et des accords de collaboration avec des universités et des institutions créées et dédiées à la recherche dans le domaine de la langue ;

e) développer et maintenir une base de données terminologique basée sur des critères lexicographiques et terminologiques.

Bien sûr, le Timor oriental étant aux prises avec quatre langues, dont l'une venait à peine d'être écrite (le tétoum). Mais le tétoum est toujours en passe de devenir une langue pleinement fonctionnelle face aux défis de la modernité. Des milliers de termes ont été empruntés au portugais, certains à l'indonésien et à l'anglais, et il est probable que le tétoum ait encore besoin de dix ou de vingt ans pour devenir une langue dynamique et riche.

3 Les langues de la législation

Le chef de l'État de la république du Timor Leste est le président, lequel est élu au suffrage universel pour un mandat de cinq ans. Bien que le rôle soit largement symbolique, le président dispose d'un droit de veto sur certains types de législation. Après les élections, le président nomme le chef du parti majoritaire ou de la coalition majoritaire au poste de premier ministre. En tant que chef du gouvernement, le premier ministre préside le Conseil d'État ou le cabinet.

Le parlement monocaméral timorais est le Parlement national (ou "Parlamento Nacional"), dont les membres sont élus au suffrage universel pour un mandat de cinq ans. Le nombre de sièges peut varier d'un minimum de 52 à un maximum de 65. La Constitution du Timor Leste a été calquée sur celle du Portugal. Le pays est encore en train de construire son administration et ses institutions gouvernementales.

L'article 98 du Règlement intérieur du Parlement national (2016)

Article 98

Exigences formelles des projets de loi et des propositions de loi

1) Les projets et les propositions de loi doivent :

a) être rédigés dans n’importe quelle langue officielle, le texte en langue portugaise faisant foi en ce qui concerne les versions dans d’autres langues, et les députés peuvent s’exprimer dans n’importe quelle langue de travail;

b) être rédigés sous forme d'articles, éventuellement divisés en numéros et en paragraphes ;

c) avoir un titre qui traduit son objet principal ;

d) être précédé d'une brève justification ou d'un exposé des motifs.

En principe, cela signifie que les députés peuvent s'exprimer en tétoum, en portugais, en indonésien ou en anglais. En pratique, la plupart des députés peuvent s'exprimer en tétoum et en indonésien, car peu maîtrisent le portugais et/ou l'anglais. En novembre 2010, les parlementaires timorais ont approuvé une résolution qui exige la tenue d'une session plénière mensuelle en portugais. Il y a des sessions plénières en portugais, mais pour toutes sortes de raisons ou en l'absence de quorum les assemblées en portugais peuvent être annulées. Finalement, des dates fixes ont été choisies, puis le recours à deux sessions par mois, tandis que le Parlement offre des cours de portugais aux députés.

Cette décision a été prise afin d'assurer le respect de la langue officielle du pays et d'améliorer son usage par certains députés. Cependant, cet emploi du portugais dans les débats a pour effet de réduire les prises de parole chez de nombreux députés peu familiers avec cette langue, puisque dans les faits ils utilisent le tétoum. Certains députés estiment que l'usage du portugais devrait être «définitivement exclu» dans les débats parlementaires afin de faciliter la compréhension des députés.
 

En plus des débats parlementaires, l'adoption des projets de loi doit se faire dans les langues officielles, donc en tétoum et en portugais. Dès 2002, la Loi sur la publication des actes prescrivait la création du Journal de la République, en portugais le Jornal da República. L'en-tête du Journal de la République montre l'emblème de la République démocratique du Timor Leste, sa dénomination en portugais, l'une des deux langues officielles, le numéro et l'année respectifs, la série, la date de publication et l'index de son contenu ainsi que les autres éléments jugés nécessaires.

Selon l'article 3 de la  Loi sur la publication des actes, le Journal de la République doit être publié dans les deux langues officielles, les versions portugaise et tétoum étant publiées côte à côte, la première à gauche:

Article 3

Publication dans les langues officielles

1) Le Journal de la République est publié dans les deux langues officielles.

2) Les versions portugaise et tétoum sont publiées côte à côte, la première étant à gauche.

3) En cas de divergence entre les deux textes, le texte en portugais prévaudra.

Jusqu'au 31 décembre 2002, le Journal de la République ne pouvait être édité que dans l'une des versions prévues. Lorsqu'une loi est publiée uniquement en portugais, un résumé informatif doit être présenté en tétoum. Aujourd'hui, toutes les lois sont adoptées en portugais, mais certaines le sont en deux versions, portugaise et tétoum.

L'article 44 de la Loi sur l'organisation et le fonctionnement de l'administration parlementaire (2017), le personnel parlementaire est choisi de préférence parmi ceux et celles qui maîtrisent les deux langues officielles:
 

Article 44

Disposition

1) Les directeurs et chefs de division sont nommés par arrêté du président de l'Assemblée nationale, sur proposition du secrétaire général et après un avis favorable du conseil d'administration.

2) Les directeurs et chefs de division sont choisis de préférence parmi le personnel du Parlement national, et doivent avoir des qualifications universitaires et des compétences professionnelles pour exercer leur fonction,
ainsi que la maîtrise des langues officielles.

3) Le président de l'Assemblée nationale peut choisir de procéder à un appel d'offres public pour la sélection des candidats, les dispositions contenues dans le statut des fonctionnaires du Parlement étant applicables au déroulement de la procédure.

On comprendra pourquoi près de 90 % du personnel parlementaire timorais suit une formation en portugais.

4 Les langues des tribunaux

 
Dans le texte de la Constitution du Timor Leste, il est écrit à l'article 124 que la Cour suprême de justice, tant que dure la période de transition, est appelée «Cour d'appel du Timor Leste». C'est l'organisme le plus élevé dans la hiérarchie des tribunaux judiciaires du pays; elle garantit l'application uniforme de la loi, avec compétence sur tout le territoire national et également compétent pour administrer la justice dans les matières de nature juridique, constitutionnelle et électorale.

Les articles 104 et 105 du Décret-loi portant approbation du Code de procédure civile (2006) résument bien comment fonctionne le système judiciaire au Timor Leste:

Article 104

Langue des actes

1)
Les langues officielles de la République démocratique du Timor Leste seront utilisées dans la procédure judiciaire : le tétoum et le portugais.

2) Lorsqu'une personne qui ne connaît aucune de ces langues doit être entendue, elle peut s'exprimer dans une langue différente, et
un interprète doit être désigné, s'il y a lieu, afin que, sous serment de fidélité, il établisse la communication. L'intervention de l'interprète est limitée au strict minimum.

Article 105

Traduction de documents rédigés dans une langue étrangère

1)
Lorsque des documents rédigés en langue étrangère à traduire sont proposés, le juge, d'office ou à la demande de l'une des parties, ordonne au présentateur d'y joindre la traduction.

2) En cas de doutes fondés sur la pertinence de la traduction, le juge ordonne au requérant de joindre une traduction faite par un notaire ou authentifiée par un agent diplomatique ou consulaire de l'État respectif ; s'il est impossible d'obtenir une traduction ou si la décision n'est pas respectée dans le délai prescrit, le juge peut décider que le document soit traduit par un expert désigné par le tribunal.

Mais c'est le Décret-loi n° 11/2017 sur le régime d'emploi des langues officielles dans le domaine de la justice (2017) qui décrit le mieux l'emploi des langues dans les tribunaux. Selon le décret-loi n° 11/2017, le régime d'emploi des langues officielles dans le domaine de la justice s'applique aux activités e tous les organismes et services de l'administration de la justice dans le cadre des procédures législatives, administratives et judiciaires. L'article 3 décrit les principes généraux:

Article 3

Principe général

1) La langue portugaise et la langue tétoum, en tant que langues officielles, ont une dignité égale et sont toutes deux un moyen valable d'expression de tous les actes relevant du domaine de la justice et des activités des organismes et services respectifs.

2) L'égalité de statut officiel des langues portugaise et tétoum doit s'effectuer graduellement et progressivement, conformément aux conditions existantes à cet effet.

L'article 5 du même décret-loi n° 11/2017 énonce que les actes normatifs doivent être rédigés dans l'une des langues officielles et doivent être accompagnés de la traduction correspondante dans l'autre langue officielle:

Article 5

Élaboration des actes normatifs

L'élaboration des actes normatifs tels que les propositions de loi, les projets de décrets-lois, les projets de décrets, les arrêtés ministériels, les règlements et ordonnances, ainsi que d'autres actes normatifs nécessaires au développement des politiques concernant la justice, doivent être rédigés dans l'une des langues officielles et doivent être accompagnés de la traduction correspondante dans l'autre langue officielle.

L'article 7 du décret-loi n° 11/2017 autorise les citoyens à utiliser la langue officielle de leur choix lorsqu'ils communiquent avec l'administration de la justice, à l'oral comme à l'écrit:  

Article 7

Relation des services administratifs avec les citoyens

1) Les organismes et les services de l'administration du domaine de la justice doivent employer les deux langues officielles dans leurs relations avec les citoyens.

2) Chacun a le droit de s'adresser dans l'une des langues officielles, oralement ou par écrit, à tout organisme ou service de l'administration du domaine de la justice, et de recevoir la réponse dans la langue officielle de son choix.

3) La procédure administrative doit se dérouler selon les termes de la loi applicable
dans l'une des langues officielles, qui peut être dans la langue de l'intéressé ou dans la langue choisie par l'intéressé par un acte de volonté expresse.

4) L'émission d'un acte notarié ou d'un enregistrement ou d'un document contenu dans des archives publiques ou un acte administratif doit être
accompagnée d'une traduction
émise par un organisme certificateur lorsque la langue de l'acte ou du document, alors qu'elle est officielle, n’est pas la langue choisie par la personne concernée, et sans frais supplémentaires pour celle-ci.

5) Les dispositions des paragraphes précédents s'appliquent également à l'activité de nature administrative exercée dans le cadre de sa juridiction.

Dans le cas où un justiciable ne parle pas l'une des deux langues officielles, il est assuré d'obtenir les services d'un interprète de façon  à ce qu'il ait connaissance des accusations et des preuves portées contre lui et qu'ils soient en mesure d'exercer son droit à la défense (art. 11):

Article 11

Droit à l'interprétation et à la traduction dans la procédure pénale

1) Dans le cadre d'une procédure pénale, lorsque la langue de la procédure n'est pas la langue du suspect ou du prévenu et qu'il ne la comprend pas, il est assuré :

a) d'une  l’interprétation au cours de la procédure pénale devant les autorités chargées de l’enquête et les autorités judiciaires, y compris lors des interrogatoires de police, des audiences judiciaires et des audiences provisoires qui s’avèrent nécessaires;

b) de la traduction des documents indispensables à la sauvegarde de l'exercice du droit de la défense et à la garantie de l'équité du procès, notamment des décisions portant privation de liberté, de l'acte d'accusation et des peines.

2) L'interprétation et la traduction fournies en vertu du paragraphe précédent doivent être d'une qualité suffisante pour garantir l'équité du procès, c'est-à-dire assurer que le suspect ou l'inculpé a connaissance des accusations et des preuves portées contre lui et est en mesure d'exercer son droit à la défense.

L'article 12 du  décret-loi n° 11/2017 autorise le ministère de la Justice à offrir des cours de formation obligatoires dans les langues officielles aux personnes qui se porteraient candidates à une carrière professionnelle dans le domaine de la justice:

Article 12

Formation et enseignement des langues officielles dans le domaine de la justice

1)
Le ministère de la Justice, au moyen du Centre de formation juridique et judiciaire (CFJJ), en collaboration avec les organismes des autres entités du domaine de la justice,
promeut l'enseignement et la formation des langues officielles.

2) Aux fins du paragraphe précédent, une formation obligatoire est offerte dans les deux langues officielles dans le cadre des cours d'entrée et d'accès aux carrières professionnelles dans le domaine de la justice, à savoir pour les magistrats, les défenseurs publics, les avocats, les huissiers, les enquêteurs au criminel, les auditeurs, les greffiers et les notaires et autres professionnels qui exercent leurs fonctions dans la région
juridique ou judiciaire.

3) Tous les candidats sélectionnés dans le cadre des concours de recrutement et de sélection pour l'exercice des emplois et des fonctions dans les organismes et les services du domaine de la justice sont assurés d'effectuer un stage de formation en portugais ou en tétoum, selon le besoin démontré.

Dans la pratique, la langue utilisée dans la requête initiale des affaires civiles par année d'entrée est le tétoum dans une proportion de 60%; il en est ainsi la langue employée par la partie défenderesse dans la préparation du dossier. Cependant, il n'en est pas ainsi pour les juges, car ils doivent employer le portugais dans l'élaboration d'une cause, ce qui cause des difficultés pour les juges ne maîtrisant pas la langue. Le problème de la langue et les lacunes en matière de formation entraînent un impact énorme sur l'exécution des fonctions judiciaires. En principe, le juge doit prononcer sa sentence en portugais.

Évidemment, les acteurs judiciaires doivent généralement formuler une triple traduction : d'abord en portugais au moment de la production de la sentence, puis en tétoum et ensuite dans une langue compréhensible pour le citoyen peu familier dans les deux premières langues.

5 Les langues des services publics

À la suite de l'indépendance, le nouvel État a dû choisir une langue de travail pour les employés et fonctionnaires. Pour des raisons pratiques, l'indonésien et l'anglais furent choisis comme langues de travail sur une base temporaire. Cependant, après une dizaine d'années, l'indonésien a reculé au profit du tétoum et du portugais. Le 26 octobre 2010, l'Assemblée nationale adoptait la résolution suivante (Résolution du Parlement sur l'emploi des langues officielles) au sujet des langues officielles:

1. Recommande au gouvernement la poursuite d'une politique efficace de bilinguisme dans l'administration publique en favorisant l'usage des langues officielles dans tous les domaines d'activité et en créant les conditions appropriées pour cela dans tous les organismes et services publics ;

2. Recommande au gouvernement de prendre toutes les mesures appropriées pour assurer
l'usage du tétoum et du portugais dans tous les actes de l'administration publique, notamment dans les communications internes et externes et dans toutes les annonces publiques, et en investissant dans les services d'interprétation et de traduction ;

3. Exhorte le gouvernement à poursuivre
les politiques de diffusion du tétoum et du portugais dans tous les domaines de la vie sociale, de l'éducation à l'administration, dans les sphères publiques et privées ;

4. Recommande au gouvernement le renforcement de l'appui à l'Institut des langues de l'Université nationale du Timor Leste (UNTL), en vue de soutenir le développement du tétoum, notamment par l'allocation de fonds supplémentaires pour le recrutement de linguistes, pour la recherche et pour les publications relatives à la langue tétoum ;

5. Recommande au gouvernement d'
accroître les investissements en portugais, notamment par des allocations budgétaires spécifiques pour le recrutement d'enseignants de langue portugaise, en vue d'intensifier l'enseignement et de promouvoir la diffusion du portugais dans le pays ;

6. Exhorte le gouvernement à
renforcer les liens de coopération avec les pays frères de la CPLP, en matière de développement linguistique ;

7. Charge Son Excellence le président du Parlement national de prendre les mesures et de développer les actions nécessaires et appropriées en vue de
renforcer la connaissance et l'usage des langues officielles
dans tous les domaines de l'activité parlementaire, notamment en matière de services d'appui ;

8. A chaque session législative, au moins une fois par mois, les travaux des séances plénières se tiennent en portugais ;

9. A chaque session législative, au moins une fois par mois, les réunions des commissions parlementaires se tiennent en portugais.

Les députés du Parlement national proposaient ainsi une politique de bilinguisme tétoum-portugais dans toute l'administration générale du pays.

5.1 L'administration publique

Dans les faits, la plupart des communications entre l'administration publique et les citoyens se font en tétoum, à peu près jamais en portugais, puisqu'il faut deux interlocuteurs parlant la même langue pour employer l'une des deux langues officielles. L'article 41 de la Loi portant approbation du statut de la fonction publique (2004) impose l'emploi actif du portugais et du tétoum comme langue de l'administration publique:

Article 41

Obligations particulières des employés et agents

Les fonctionnaires et agents de l'Administration publique doivent :

a) respecter et honorer la Constitution, les symboles nationaux, les lois et les principes du gouvernement de la République démocratique du Timor Leste ;

b) employer activement et promouvoir l'usage du portugais et du tétoum comme langues de l'administration publique ;

Le Décret-loi sur la procédure administrative (2008) oblige les organismes de l'administration publique à employer une langue officielle, le tétoum faisant très bien l'affaire :

Article 3

Principe d'égalité et de proportionnalité

1)
Dans ses relations avec les citoyens, l’administration publique doit être régie par le principe de l’égalité et elle ne peut bénéficier, ni nuire, ni priver d'un droit, ni exempter d'aucune obligation en raison de l’ascendance, du sexe, de la race,
de la langue, de l’origine, de la religion, des convictions politiques ou idéologiques, de l’éducation, de la situation économique ou de la condition sociale.

Article 4

Principe d'utilisation des langues officielles


Les organismes de l'administration publique, dans l'exercice de leurs activités,
doivent employer une langue officielle.

Il existe au Timor oriental un Instituto Nacional da Administração Pública (Institut national d'administration publique (INAP).  Il s'agit d'un service autonome dont la mission est de favoriser le développement et la qualification des ressources humaines dans l'Administration publique, en tenant compte de la gestion des compétences et l'évaluation des besoins en personnel au regard de la mission, des objectifs et activités de service public. L'article 21 du Décret-loi n° 15 sur l'Institut national d'administration publique (2017) impose l'usage du portugais ou du tétoum dans tous les documents:

Article 21

Langue et traductions

1) Tous les documents soumis à des fins d'inscription doivent être rédigés en portugais ou en tétoum.

2) Les documents rédigés dans une langue étrangère doivent être accompagnés d'une
traduction
certifiée par l'une des entités suivantes :

a) une représentation diplomatique du Timor Leste à l'étranger ;
b) une représentation diplomatique accréditée au Timor Leste ;
c) l'Institut national de linguistique, aux termes de la loi ;
d) un notaire ou un traducteur assermenté, selon les termes de la loi;
e) un avocat avec inscription active au Timor Leste.

Enfin, le Décret-loi n° 20 sur le régime des carrières et des postes de direction et chef de l'Administration publique (2011) précise que, en plus de la connaissance d'au moins l'une des langues officielles, la connaissance d'une ou de plusieurs autres langues peut être exigée s'il est nécessaire:

Article 8

Maîtrise des langues


Lorsque la nature des fonctions l'exige, la connaissance d'une ou de plusieurs langues peut être exigée dans l'annonce d'ouverture de concours,
en plus de la connaissance d'au moins l'une des langues officielles.

Bien que le portugais soit la langue utilisée pour les textes législatifs et qu'elle fait partie des communications officielles, le tétoum est clairement la langue la plus employée dans l'administration publique. Afin de favoriser l'usage du portugais, une ordonnance émise en mars 2019 par le Secrétariat d'État à la communication sociale impose l'emploi obligatoire à l'oral du portugais, sur une base hebdomadaire, le mardi matin, de 8h00 à 12h00, pour tous les employés affectés au secrétariat d'État à la communication sociale. L'ordonnance rappelait que le portugais est, avec le tétoum, la langue officielle au Timor Leste et que «les langues officielles doivent être utilisées par les travailleurs de l'administration directe et indirecte de l'État».

5.2 La citoyenneté

L'une des conditions pour obtenir la citoyenneté timoraise est de savoir parler l'une des langues officielles. Les articles 11 et 12 de la Loi sur la nationalité (2002) sont clairs à ce sujet:

Article 11

Acquisition par mariage

1) un étranger marié à un ressortissant timorais peut acquérir la nationalité timoraise à la condition qu'il en fasse la demande et qu'il remplisse cumulativement, au moment de la demande, les conditions suivantes :

a) être marié depuis plus de cinq ans ;
b) résider sur le territoire national depuis au moins deux ans ;
c)
savoir parler l'une des langues officielles.

2) Un étranger marié à un ressortissant timorais acquiert également la nationalité timoraise si, du fait du mariage, il perd sa nationalité antérieure.

Article 12

Acquisition par naturalisation

1) Le ministre de la Justice peut accorder la nationalité timoraise à un étranger qui en fait la demande et qui, au moment de la demande, satisfait cumulativement aux conditions suivantes :

a) être majeur au regard de la loi timoraise et de la loi de l'État d'origine ;
b) résider habituellement et régulièrement au Timor Leste depuis au moins dix ans au 7 décembre 1975 ou au 20 mai 2002 ;
c)
savoir parler l'une des langues officielles ;

L'article 9 du Règlement concernant la Loi sur la nationalité (2004) exige les mêmes conditions:

Article 9

Acquisition de la nationalité par mariage

3)
Le candidat appuie sa candidature avec les documents suivants :

a) le certificat de naissance du conjoint timorais ;
b) l'acte de mariage, qui doit être légalisé par l'autorité consulaire correspondante, s'il a été célébré à l'étranger ;
c) le titre de séjour valable émis par l'autorité nationale compétente ;
d)
le document prouvant la connaissance de l'une des langues officielles du Timor oriental, émis par une entité reconnue par le ministère de la Justice.

Bref, il faut savoir parler l'une des langues officielles pour être citoyen timorais. Cependant pour faire une demande de citoyenneté, la Loi sur la migration et l'asile (2017), le requérant doit être avisé de ses droits et obligations dans une langue officielle et dans une langue qu'il connaît:
 

Article 100

Présentation de la demande

4
) Avec la notification visée au paragraphe précédent, le requérant reçoit une déclaration prouvant le dépôt de la demande et il doit être informé,
dans une langue officielle et dans une langue qu'il connaît, de ses droits et obligations, à savoir de tenir ce service informé de sa résidence actuelle et s'y présenter tous les quinze jours, le jour de la semaine qui lui est fixé, sous peine que la procédure n'aboutisse pas.

Article 106

Effets du refus de commande

1) La décision de rejet de la demande est notifiée, dans une langue officielle et dans une langue que connaît le requérant, dans les vingt-quatre heures, à ce lui-ci avec la mention qu'il doit quitter le territoire national dans les cinq jours ouvrables, sous peine d'expulsion immédiatement après l'expiration de ce délai.

Article 109

Examen de la demande et décision

1)
Le service public chargé des migrations communique le dépôt des demandes d'asile visées à l'article précédent au représentant de l'ACNUR*, qui peut prendre la parole dans les quarante-huit heures et interroger le requérant, s'il le souhaite, et en cela il y consent.

2) Dans le délai visé au paragraphe précédent, le requérant doit être informé par écrit dans une langue officielle et dans une langue qu'il connaît, de ses droits et obligations, et fournit ses déclarations

4) La décision prévue au paragraphe précédent est présentée dans une langue officielle et dans une langue qu'il connaît, au requérant avec l'information sur les voies de recours dont il dispose et, en même temps, communiquée au représentant de l'ACNUR.
______

ACNUR*:  Agence des Nations unies pour les réfugiés.

5.3 La protection des citoyens consommateurs

Étant donné que le Timor oriental est une petit pays avec une faible population parlant une langue austronésienne peu connue à travers le monde, l'État a adopté, après quinze ans, une Loi sur la protection du consommateur (2016). Signalons que l'article 53 de la Constitution avait déjà abordé cette question dans les termes suivants:

Artigo 53.º

Direitos dos consumidores

1) Os consumidores têm direito à qualidade dos bens e serviços consumidos, a uma informação verdadeira e à protecção da saúde, da segurança e dos seus interesses económicos, bem como à reparação de danos.

2) A publicidade é disciplinada por lei, sendo proibidas todas as formas de publicidade oculta, indirecta ou enganosa.

Article 53

Les droits des consommateurs

1) Les consommateurs ont droit à la qualité des biens et services consommés, à une information véridique et à la protection de la santé, de la sécurité et de leurs intérêts économiques, ainsi qu'à l'indemnisation des dommages.

2) La publicité est réglementée par la loi et toute forme de publicité cachée, indirecte ou mensongère est interdite.

Or, les articles 7 et 8 de la Loi sur la protection du consommateur imposent l'emploi d'une des deux langues officielles pour les biens et services destinés à la consommation:

Article 7

Qualité des biens et services

1) Les biens et services destinés à la consommation doivent pouvoir satisfaire aux fins auxquelles ils sont destinés et produire les effets qui leur sont attribués, selon les normes légalement établies et d'une manière appropriée aux attentes légitimes du consommateur.

4) Aux fins des dispositions des paragraphes 2 et 3, les garanties doivent :

a) être présentées par écrit dans l'une des deux langues officielles ou dans l'une des langues de travail ;

Article 9

Informations générales

2)
Les informations destinées aux consommateurs doivent être fournies dans les langues officielles.

L'article 10 de la Loi sur la protection du consommateur est explicite, car il implique le contenu des étiquettes, des emballages, des prospectus, des catalogues, des modes d'emploi, etc.:
 

Article 10

Droit à l'information notamment

4)
Les informations sur la nature, les caractéristiques et les garanties des biens ou des services offerts au public sur le marché national, qu'elles soient contenues dans des étiquettes, des emballages, des prospectus, des catalogues, des modes d'emploi ou d'autres moyens d'information, ou celles fournies dans les points de vente ou divulguées par tout moyen de publicité,
doivent être offertes dans l'une des deux langues officielles.

5) Les informations relatives aux marchandises produites, transformées ou emballées au Timor Leste, qui ne sont pas destinées exclusivement à l'exportation,
doivent être offertes dans les langues officielles,
sans préjudice d'être également présentées, de manière complémentaire, dans d'autres langues.

6) Les marchandises en provenance de l'étranger, quelle que soit leur origine, peuvent être introduites dans le commerce intérieur, si les informations
s'y rapportant sont rédigées dans l'une des langues de travail, auquel cas un résumé des informations essentielles
dans l'une des langues officielles doit figurer à un endroit visible et lisible.

7) Pour les informations écrites relatives à des biens et services qui sont rédigées dans d'autres langues étrangères, lorsqu'elles sont vendues, louées ou mises à disposition de quelque manière que ce soit sur le marché national,
leur traduction intégrale dans l'une des deux langues officielles est obligatoire et, le cas échéant, le texte traduit doit être apposé sur des étiquettes ou des emballages ou ajouté sur les supports d’information visés au paragraphe précédent, y compris les informations relatives à sa sécurité, son mode d’emploi, ses garanties et son système de poids et mesures, qui doivent être compatibles avec le système applicable dans le pays.

8) Nonobstant le fait qu'ils contiennent une version dans une langue ou des langues étrangères, les contrats qui ont pour objet la vente de biens ou de produits ou la prestation de services dans le marché intérieur, ainsi que l'émission de factures ou de reçus,
doivent être rédigés dans l'une des deux langues officielles.

La loi timoraise présente certaines similitudes avec la loi portugaise (Lei nº 24/96 Estabelece o regime legal aplicável à defesa dos consumidores), mais elle va beaucoup plus loin que la loi portugaise qui ne compte qu'un seul petit alinéa dans son article 7.  Cependant, la loi timoraise doit également prévoir réglementer certaines questions, telles que l'imposition d'amendes. En réalité, les Timorais ne sont pas nécessairement au courant de l'existence de «leur» loi. Les produits arrivent de presque tous les pays et pas toujours en portugais, encore moins en tétoum. Tout ce qui vient des grandes entreprises commerciales étrangères est en anglais.

En 2018, il s'est créé une "Associação Tane – Consumidores de Timor Leste". Ainsi, l'objectif de cette association est de défendre les droits et intérêts légitimes des consommateurs au Timor Leste, à savoir, mais non exclusivement, la garantie de la salubrité des produits vendus, leur concordance avec la publicité présentée, la lutte contre les pratiques commerciales illégales et illégitimes, entre autres; l'association peut à cette fin élaborer toutes les activités appropriées.

Pour ce faire, l'Association de protection des consommateurs du Timor Leste a établi un protocole de coopération avec la DECO (l'Association portugaise de protection des consommateurs) et prépare en même temps, une demande d'adhésion en tant que membre de la CONSUMARE ("Organização Internacional das Associações de Consumidores de países, territórios e regiões administrativas de língua oficial portuguesa"), une organisation internationale des associations de consommateurs des pays, territoires et régions administratives lusophones. On peut affirmer que cette association comblait une sérieuse lacune.

5.4 Les sociétés commerciales

Dans les circonstances actuelles, il est plus probable que c’est la langue anglaise qui, avec la dollarisation de l’économie, risquait de progresser au Timor oriental comme ailleurs. Dans les faits, la jeune génération timoraise qui ne parle surtout que le tétoum et rêve d'apprendre l'anglais, promesse d'emploi, n'a que peu de propension à apprendre le portugais. On sait très bien que l’officialisation du portugais est une décision politique d’identification, mais il est possible que son implantation à long terme prenne encore une bonne décennie.  Les chances seraient plus grandes de faire prédominer le tétoum, mais il faudra en même temps avoir recours à une langue internationale pour communiquer avec le monde entier en matière de commerce. La langue portugaise, comme l'anglaise, peut envisager cette possibilité.

La Loi sur les sociétés commerciales (2004) exige que l'acte constitutif des sociétés commerciales soit rédigé dans l'une des langues officielles du Timor Leste, parfois dans les deux langues:

Article 7

Forme et contenu minimal d'un acte constitutif

10)
L'acte constitutif doit être rédigé
dans l'une des langues officielles du Timor Leste.

Article 89

Principes généraux

3)
Les modifications des statuts de la société doivent être rédigées
dans l'une des langues officielles du Timor Leste.

Article 155

Publication

1)
La publication des statuts, prévue par la loi ou dans les statuts, doit être effectuée selon les conditions prévues par la présente loi.

2) Lorsque les publications doivent être faites
dans les deux langues officielles,
la traduction d'une langue dans l'autre doit contenir une déclaration, faite devant le secrétaire de la société ou, à défaut, devant un administrateur, et attestée par eux, que le texte a été fidèlement traduit.

Selon l'article 21 du Décret-loi n° 16 sur le Registre commercial (2017), tous les documents soumis à des fins d'inscription doivent être rédigés en portugais ou en tétoum, ou être  accompagnés d'une traduction certifiée:

Article 21

Langue et traductions

1) Tous les documents soumis à des fins d'inscription doivent être rédigés en portugais ou en tétoum.

2) Les documents rédigés dans une langue étrangère doivent
être accompagnés d'une traduction certifiée
par l'une des entités suivantes :

a) une représentation diplomatique du Timor Leste à l'étranger ;
b) une représentation diplomatique accréditée au Timor Leste ;
c) l'Institut national de linguistique, aux termes de la loi ;
d) un notaire ou un traducteur assermenté, selon les termes de la loi;
e) un avocat avec inscription active au Timor Leste.

3) La certification des traductions établies par des avocats, aux termes de l'alinéa e) du paragraphe précédent, n'est valable qu'aux fins de l'enregistrement commercial et doit respecter, avec les adaptations nécessaires, les formalités prévues par le règlement notarial et dans le Régime juridique des notaires, et contenir en annexe les données d'identification et professionnelles de l'avocat traducteur, ainsi qu'une déclaration de responsabilité personnelle pour le contenu de la traduction.

Article 26

Publication

1) Une fois l'inscription effectuée, le conservateur favorise la publication de son résumé ou, s'il fait l'objet d'une publication obligatoire, du texte intégral, dans le délai d'un jour ouvrable.

2) La publication doit se faire
dans l'une des langues officielles, sur le site internet dédié à la publication des avis gérés par le SERVE.

Le sigle SERVE correspond à "Serviço de Registro e Verificação Empresarial", le Service d'enregistrement et de vérification des entreprises.

Quant à l'article 32 du  Code d'enregistrement commercial (2017), il énonce que «les documents rédigés dans une langue étrangère ne peuvent être acceptés que s'ils sont traduits conformément à la loi», sauf pour certaines restrictions (en anglais, en espagnol ou en français):

Article 32

Preuve documentaire

1) Seuls les faits contenus dans des documents les prouvant légalement peuvent être enregistrés.

2) Les documents rédigés dans une langue étrangère ne peuvent être acceptés que s'ils sont traduits conformément à la loi, à moins qu'ils ne contiennent des faits soumis à enregistrement par transcription, qu'ils soient rédigés en anglais, en français ou en espagnol, et que le fonctionnaire compétent parle couramment cette langue.

3) Sans préjudice des dispositions des paragraphes précédents, les traductions de documents relatifs à des actes soumis à l'enregistrement dans une langue officielle de l’Union européenne peuvent être déposées dans le registre de l’entité soumise à enregistrement et effectuée conformément à la loi, selon des termes à définir par arrêté d'un membre du gouvernement responsable du domaine judiciaire.

Il sera toujours difficile pour le tétoum de concurrencer une grande langue internationale dans cette partie du monde, en l'occurrence l'anglais qui demeure une langue véhiculaire presque incontournable en raison de la proximité avec l'Australie et les pays du Pacifique. Néanmoins, en s'appuyant sur le portugais, les chances sont plus adéquates. Parlé par plus de 215 millions de personnes, le portugais est présent sur trois continents. De ce fait, selon l'Unesco, le portugais est l'une des langues avec le plus grand potentiel de croissance du monde, ce qui explique sa grande popularité dans le monde des affaires et des relations internationales.Dans un monde toujours plus connecté, au sein duquel les échanges de biens, services et capitaux à l’échelle mondiale sont chaque jour plus nombreux, dominer une ou plusieurs langues est une condition indispensable des acteurs du commerce international. Les langues les plus importantes pour le moment sont l'anglais, l'espagnol, le chinois, le portugais, l'arabe et l'allemand pur l'Europe, mais le français pour l'international.

5.5 Les langues dans l'affichage

Dans l'affichage public, l'emploi du portugais est quasiment la seule langue employée par les différences instances et agences gouvernementales: Polícia Nacional, Ministério Público, Camões Instituto da Cooperação e da Língua Portugal,  Instituto de Ciências da Saúde, etc. C'est comme si le portugais était la seule langue officielle.

Dans les entreprises privées, l'anglais semble plus fréquent que le portugais, tandis que le tétoum n'apparait que très rarement.

En portugais: Serveja, Páteo, Produto fun iha ona, Istana Farmacia, La bele foti Lenuix, Sem Estacionamento Aqui, Favor Fo Saida Mak O Bele Fe.

En anglais: Hotel Timor, Community Pantry, Your star shines in Dili, W Four supermarket, Now Open, Home of the Whopper, No Parkink here, etc.

En tétoum: Dilarang Parkir Disini, Foti Saida Mak O Presija Ba Loron Ida.

6 Les langues en éducation

Avant le départ des Indonésiens, presque tous les bâtiments scolaires avaient été détruits (environ 90 %), alors qu'il y avait environ 900 écoles primaires et secondaires. Ces écoles détruites employaient autrefois 6 000 enseignants et scolarisaient 240 000 enfants. Par la suite, ce fut un long travail de reconstruction qui devait s'étendre sur plusieurs années. De plus, la pénurie d'enseignants aggravait encore les problèmes liés au système d'enseignement. La plupart des enseignants étaient indonésiens; ils ont  quitté le Timor oriental après l'annonce des résultats du référendum sur l'indépendance. Sur la base des statistiques de décembre 1998, seulement 6 % du total des enseignants du primaire (timorais et indonésiens) possédaient les qualifications minimales requises pour leur fonction. Au moment de l'indépendance, les enseignants sont dû faire ce qu'ils ont pu, mais il a fallu assurer une formation au plus grand nombre, notamment en tétoum et en portugais. Au début, les activités pédagogiques ont dû se dérouler à la fois en tétoum, en indonésien, en portugais et/ou en anglais.

6.1 Au moment de l'indépendance (2002)

En 2000, l'UNICEF a lancé un «Programme national de formation des professeurs», lequel a comme objectif de former des éducateurs au niveau de l'enseignement primaire, afin qu'ils puissent ensuite transmettre leur formation à leurs collègues dans les divers districts du pays. Par ailleurs, à la demande du CNRT (Conseil national de la Résistance timoraise), le gouvernement portugais a lancé des cours de recyclage d’enseignants en langue portugaise. Pour sa part, l'Église catholique du Timor oriental prônait l'adoption du portugais en éducation. Comme l'indonésien représentait la langue de l'occupant, il fut rejeté par le gouvernement.

Cependant, parce que c'était la langue de l'enseignement depuis longtemps, l'impression de manuels scolaires en indonésien fut acceptée comme une solution temporaire, avec la mention «malais» plutôt que bahasa indonesia ou indonésien (dont il constitue une variante). On s'attendait à ce que cette situation temporaire puisse durer au moins cinq ans. Dès l'année scolaire 2001-2002, le gouvernement se dota d'un plan progressif de remplacement de la langue indonésienne par la langue portugaise dans le système d'enseignement; les deux premières années de l’école primaire ont commencé à offrir des cours en portugais et tétoum, puis progressivement à partir de ce moment les élèves ont reçu des cours en portugais à l’école, jusqu’à ce que l’ensemble du système d’éducation primaire soit en tétoum et en portugaise, tandis que le secondaire passait exclusivement au portugais.

En 2004, un recensement  (National Priority Census) révélait 36,8% des Timorais avaient déclaré savoir parler, lire et écrire en portugais et 85,6% avaient déclaré savoir parler, lire et écrire le tétoum. Cette proportion, qui semble élevée, n'enregistrait pas les différents niveaux de maîtrise de la langue, qui peuvent varier à partir des compétences de communication essentielles jusqu'à éventuellement une maîtrise avancée de la lecture et de l'écriture. Cependant, les données révèlent une expansion de la langue portugaise et aussi du tétoum officiel depuis la période de l'indépendance, alors que les indicateurs révélaient que cette proportion nombre n'était pas supérieur à 5%, ce qui révélait une situation quasi symbolique du portugais à cette époque.

6.2 Après l'indépendance

Le rapport 2010 de la Banque mondiale sur les progrès du pays au cours de la dernière décennie révélait que « le portugais n’était parlé que par 5 % de la population » et ajoutait qu’«en 2009, plus de 70 % des élèves évalués à la fin de la première année n’étaient pas capables lire un seul mot dans un texte clair en portugais». C'était là une piètre performance après dix ans d'efforts, sans oublier qu'une partie substantielle de la population était être fonctionnellement analphabète.

Environ 78% des jeunes (âgés de 15 à 24 ans) étaient alphabétisés dans une ou plusieurs des principales langues du Timor Leste. La situation était plus préoccupante dans les zones rurales où seulement 70,5 % des jeunes étaient analphabètes. Les taux d'alphabétisation des jeunes hommes et femmes étaient similaires, bien que les hommes aient légèrement plus alphabétisés que les femmes, avec un taux d'alphabétisation des jeunes de 80,0 % contre 78,1 %. Les adultes étaient moins alphabétisés que les jeunes avec seulement 57,8 % des adultes (âgés de 15 ans et plus) alphabétisés. La différence entre les hommes et les femmes était beaucoup plus importante. Dans l'ensemble, le taux d'alphabétisation des femmes adultes était de 52,5 % et celui des hommes adultes de 63,1 %.

En 2010, la Banque mondiale a mis en place son projet d'éducation de la «deuxième chance» afin d'augmenter le nombre de jeunes et d'adultes non scolarisés qui avaient accès à un programme d'équivalence pour recevoir l'enseignement qu'ils avaient manqué. Le projet d'éducation de la «deuxième chance» s'est déroulé de décembre 2010 à décembre 2015, soutenant le ministère de l'Éducation du Timor Leste. Ses principaux objectifs comprenaient la formation des membres du personnel, l'élaboration de programmes scolaires et l'amélioration des programmes d'alphabétisation des adultes existants. La même année, le gouvernement a cherché à accélérer l'achèvement de l'éducation fondamentale pour les élèves non scolarisés en raison du manque de disponibilité, tout en essayant de reconstruire le système éducatif. Les dépenses publiques d'éducation sont passées de 13 % en 2004 à 25 % en 2010.

- La situation en 2015 et 2019

En raison de l'accent mis sur la reconstruction de l'éducation, le Timor oriental a pu faire des progrès rapides. Entre 2002 et 2014 , les inscriptions à l'école sont passées de 240 000 élèves et étudiants inscrits à 364 000. Le nombre d'enseignants a doublé pendant cette période, passant de 6000 à 12 000. La scolarisation dans le primaire est passée de 68 % en 2005 à 85 % en 2008. En dépit de l'augmentation de la scolarisation, de nombreux Timorais, jeunes et adultes, n'ont pas  encore l'éducation fondamentale nécessaire pour participer pleinement à la société et contribuer à l'économie. En 2019, on comptait 27 % de la population adulte comme semi-analphabète, mais 37 % était complètement analphabète, surtout dans les zones rurales.

La qualité de l'enseignement s'est améliorée. Si en 2009 quelque 70 % des élèves de première année du primaire ne savaient pas lire un seul mot écrit en portugais et en tétoum, ce pourcentage avait diminué à 40 % en 2015, à la fin de leur deuxième année de scolarité 40 % des enfants toujours toujours analphabètes.

En 2019, Il existait encore un écart important entre l'accès à l'éducation entre les zones rurales et urbaines. Pour les citadins, le taux de scolarisation aux niveaux présecondaire et secondaire était de 100 %, alors qu'en milieu rural il n'était que de 60 %. De même, le taux d'alphabétisation des jeunes âgés de 15 à 24 ans dans les zones urbaines du pays était de 94,3 %, mais de 78,5 % dans les zones rurales. Malgré les difficultés éprouvées dans l'enseignement de la langue portugaise, la progression constante de cet enseignement pourrait laisser présager un avenir plus encourageant à ce sujet.

6.3 La législation timoraise

Le Timor oriental dispose de plusieurs textes juridiques concernant l'enseignement dans le pays. Conformément à la Loi fondamentale sur l'éducation (2008), le portugais fut introduit au cours de l'année scolaire 2001-2002 pour la première année du primaire comme langue seconde, le tétoum servant de langue véhiculaire. L'article 8 de cette loi proclame que le tétoum et le portugais sont les langues d'enseignement et que, à partir de l'année 2010, seules les langues officielles peuvent faire partie du système d'éducation du Timor oriental:

Article 8

Langues du système éducatif

Les langues d'enseignement du système d'éducation timorais sont le tétoum et le portugais.

Article 35

Principes dans la planification des programmes

8) L'enseignement et l'apprentissage des langues officielles doivent être structurés de telle sorte que tous les autres éléments du programme d'études de l'enseignement primaire et secondaire contribuent systématiquement au développement des capacités dans la compréhension et la production d'énoncés, à l'oral et à l'écrit, en portugais et en tétoum.

Article 57

Éducation et établissements d'enseignement intégrés dans le système d'éducation

1) À partir de l'année 2010, ne peuvent faire partie du système d'éducation du Timor oriental que les établissements d'enseignement et de formation qui utilisent comme langues d'enseignement les langues officielles du Timor oriental.

La Loi organique du ministère de l'Éducation (2013) attribue, entre autres, au ministère de l'Éducation le pouvoir de consolider l'usage des langues officielles dans le système d'éducation (art. 2):

Article 2

Attributions

Les attributions du ministère de l'Éducation sont les suivantes:

a) promouvoir les mesures politiques, pédagogiques, planificatrices, législatives, réglementaires et administratives nécessaires à l'exercice des responsabilités dans les domaines de l'éducation, de la science et de la technologie ;

b)
consolider l'usage des langues officielles dans le système d'éducation et d'enseignement selon les termes définis par la Loi fondamentale sur l'éducation, comme présupposé pour le développement du système d'éducation;

c) promouvoir les cultures, l'histoire et les langues locales comme facteur de consolidation de l'identité du peuple timorais;

r) favoriser, soutenir et
diffuser une politique linguistique qui contribue au renforcement de l'identité et de l'unité nationales par la promotion de la diversité linguistique timoraise
et par la promotion de ses langues d'enseignement et de connaissance;

Article 36

Direction nationale de l'éducation récurrente

1)
La Direction nationale de l'éducation récurrente, en abrégé DNER, est le service chargé de l'élaboration et de la mise en œuvre des programmes nationaux d'alphabétisation et d'équivalence de l'éducation récurrente, destinés à la population hors du système d'éducation formel.

2) Il incombe notamment à la DNER, aux termes de la Loi fondamentale sur l'éducation

g) d'élaborer des programmes destinés à la population non scolarisée, dans les domaines de la langue, de l'alphabétisation et de l'arithmétique;

Concrètement, la Direction nationale de l'éducation récurrente ("Direção Nacional do Ensino Recorrente") ou DNR a la tâche d'élaborer des programmes à la population non scolarisée, dans les domaines de la langue, de l'alphabétisation et de l'arithmétique. L'éducation récurrente s'adresse aux personnes ayant dépassé l'âge scolaire et qui n'ont pas eu la possibilité de bénéficier d'un enseignement d'âge scolaire. Ce type d'enseignement comprend le programme national d'alphabétisation, mais aussi des cours de post-alphabétisation et des programmes d'éducation fondamentale et d'équivalence.

Dans l'enseignement supérieur, l'Ordonnance n° 854-B approuvant la réglementation des régimes spéciaux d'accès à l'enseignement supérieur (1999) assure un soutien  pédagogique complémentaire visant à éliminer les lacunes dans l'apprentissage de la langue portugaise:

Article 13

Accompagnement pédagogique complémentaire

1)
L'accompagnement pédagogique complémentaire couvre les matières de l'enseignement secondaire dans lesquelles les étudiants ont montré des déficiences d'apprentissage, qui sont jugées nécessaires pour l'admission dans la filière d'enseignement supérieur dans laquelle ils souhaitent s'inscrire.

2) Le soutien pédagogique complémentaire vise également à
éliminer les lacunes dans l'apprentissage de la langue portugaise.

Quant au Décret-loi sur le Statut de l'Université nationale du Timor Lorosa'e (2010), l'article 4 précise la mission de l'UNTL, dont celle de favoriser la préservation, le développement et l'articulation des valeurs timoraises à travers la promotion de son histoire, de sa culture et de ses langues:

Article 4

Mission

1)
L'UNTL est un centre de création, de diffusion et de promotion de la culture, de la science et de la technologie, articulant étude et recherche, afin de renforcer le développement humain, en tant que facteur stratégique pour le développement durable du pays.

2) L'UNTL poursuit, entre autres, les objectifs suivants :

a) promouvoir un enseignement d'excellence, à travers des programmes scolaires compétitifs au niveau national et international ;

b) favoriser la préservation, le développement et l'articulation de l'identité et des valeurs timoraises à travers la promotion de son histoire,
de sa culture et de ses langues ;

En ce qui a trait à la formation des enseignants, l'article 14 du Décret-loi n° 23 sur le statut de carrière des éducateurs de la petite enfance et des enseignants de l'éducation fondamentale et secondaire (2010) oblige tous les enseignants à acquérir un niveau exigeant  de maîtrise des langues tétoum et portugaise:

Article 14

Maîtrise des langues officielles

Dans le domaine des langues officielles par le personnel enseignant, le Cadre de compétences obligatoires est promu et évalué selon les critères suivants:

a) acquérir au cours de la formation initiale la maîtrise du tétoum et du portugais dans les domaines de l'oral, de l'écrit, de la compréhension et de la lecture;

b)
acquérir des niveaux de maîtrise plus exigeants des langues tétoum et portugaise comme condition préalable à la progression et à l'accès à la carrière d'enseignant;

c)
maîtriser la langue portugaise comme principale langue d'enseignement
et d'acquisition des sciences et des connaissances, notamment par l'usage d'un langage technique et de différentes ressources stylistiques, pour une meilleure compréhension des élèves.

Bien sûr, la transition vers l'indépendance du Timor oriental s'est avérée une période très difficile en termes de maintien du système d'éducation et d'enseignement, mais ce sont les efforts de nombreux Timorais, avec ou sans les qualifications d'enseignement appropriées, qui ont permis au système d'éducation de ne jamais cesser de fonctionner. Cependant, après avoir surmonté cette tâche difficile, il est apparu urgent d'organiser les activités pédagogiques avec des enseignants mieux qualifiés, notamment en matière de langues officielles.

6.4 L'enseignement préscolaire

Compte tenu du taux de fréquentation faible à l'école, l'enseignement préscolaire donne aux enfants des avantages substantiels dans la poursuite de leurs études. Afin de s'assurer que les enfants timorais partent du bon pied, le gouvernement a voulu étendre et améliorer les services préscolaires pour assurer la prise en charge et l'éducation de tous les enfants, en particulier les plus vulnérables et les plus défavorisés. Pour ce faire, le gouvernement s'est engagé en 2022 à construire au moins 250 nouvelles écoles maternelles et restaurer toutes les salles de classe actuellement délabrées, afin qu'il et ait suffisamment de salles de classe dans toutes les zones géographiques du pays. Toutes les nouvelles écoles et salles de classe seront correctement équipées.

Le gouvernement élabore aussi des programmes complets de formation pour les enseignants du préscolaire. L'objectif est de garantir qu'au moins la moitié de tous les enfants timorais âgés de trois à cinq ans reçoivent une éducation préscolaire de qualité. Afin d'améliorer l'accès à l'éducation et de s'assurer que les enfants possèdent une base solide de connaissances en termes de littérature et de numératie, les langues locales peuvent dans certains cas, et dans d'autres doivent être utilisées, comme langues d'enseignement et d'apprentissage, offrant ainsi une transition vers la maîtrise des langues officielles du Timor oriental. En principe, la langue maternelle est employée dans les maternelles, mais le tétoum oral est introduit dès le début et, en cas de pénurie du personnel le tétoum prend vite la relève. De plus, dans les centres urbains, des établissements préscolaires ont commencé à offrir des cours en portugais.

Selon le ministère de l'Éducation, de la Jeunesse et des Sports, seuls 25% des enfants fréquentaient ce type d'établissement en 2020, ce qui inclut 500 écoles maternelles publiques et privées, et 20 000 enfants.

6.5 L'école primaire

Après 1999, le Timor oriental a fait des grands efforts pour améliorer l'enseignement primaire, qui couvre actuellement les neuf premières années de scolarité, et a fait des progrès considérables, notamment dans la formation des enseignants et la construction des écoles. Cependant, de nombreux défis subsistants, notamment les nourrissons qui commencent l'école à un âge plus avancé, les enfants qui abandonnent l'école, les enfants qui mettent en place de nombreuses années pour terminer leur formation de base et un taux d'abandon plus élevé pour les filles que pour les garçons. Le gouvernement a néanmoins continué à renforcer le système pour assurer l'accès universel d'une éducation de base de qualité pour tous les enfants. Au Timor oriental, un enfant sur cinq doit redoubler sa première année d’école et la moitié des élèves qui s’inscrivent à l’école primaire ne terminent pas leur scolarité, selon le dernier Indice de développement humain des Nations unies.

Pour les Timorais, le portugais a une résonance historique, sociale et culturelle, mais il est vrai que, dans beaucoup de communautés du Timor, ni le tétoum ni le portugais ne constituent la première langue; l'usage des deux langues officielles, inconnues de certains jeunes enfants, peut handicaper la capacité de ceux-ci pour acquérir de nouvelles connaissances. Il semble évident que, dans ces circonstances, enseigner la langue portugaise comme si c'était la langue maternelle de la plupart des Timorais ne sera pas la meilleure option.

Comme dans les établissements préscolaires, l'école primaire privilégie en principe la langue maternelle jusqu'à la fin de la 3e année, mais pour diverses raisons c'est parfois impossible. En général, le tétoum (la variété du tétoum prasa) est enseigné oralement par des instructeurs de la 1re à la 3e année, et une matière supplémentaire de la 2e à la 3e année. Le portugais est employé oralement de la 1re à la 3e année, puis à partir de la 4e année, il est à la fois une langue d'enseignement et une matière avec le tétoum dans ce qui est essentiellement une transition dans un programme bilingue. Dans la mesure du possible, la langue maternelle peut continuer d'être utilisée comme support d'enseignement après la 4e année. Néanmoins, la proposition de reconnaître officiellement l’usage des langues autochtones dans les écoles primaires au Timor oriental a divisé les membres du gouvernement, la société civile et les éducateurs. Pour les opposants, l'instauration systématique des langues autochtones serait difficile à mettre en œuvre parce que la plupart de ces langues ne s’écrivent pas, n’ont qu’un vocabulaire limité et parfois qu'un nombre très réduit de locuteurs.

6.6 L'école secondaire

Le gouvernement doit veiller à ce que tous les élèves qui terminent l'enseignement primaire poursuivent leurs études dans l'enseignement secondaire. A cette fin, il est nécessaire d'élargir l'accès à l'enseignement secondaire, par la mise en place d'infrastructures, par la formation d'enseignants qualifiés dans les écoles secondaires et par l'adoption de programmes d'études adéquats pour répondre aux besoins de développement du pays, garantissant ainsi non seulement un accès facilité au marché du travail ainsi qu'une grande incitation des étudiants à poursuivre des études supérieures.

L'enseignement secondaire au Timor oriental compte deux types d'écoles: les écoles secondaires générales et les écoles secondaires techniques. L'enseignement secondaire général aura pour objectif de préparer les élèves à accéder à l'enseignement supérieur, tandis que l'enseignement secondaire technique préparera les élèves à entrer sur le marché du travail, tout en donnant accès à l'enseignement supérieur technique et à l'enseignement universitaire.

En principe, les deux langues officielles sont enseignées tout au cours du secondaire, dont l'objectif est de former des élèves bilingues. Alors que la politique linguistique tend à favoriser la langue portugaise, parfois au détriment du tétoum, les élèves et les parents ont le sentiment que l'anglais et l'indonésien peuvent être d'une plus grande utilité. Pour cette raison, et parce que de nombreux enseignants ne parlent pas suffisamment le portugais, l'anglais est resté la deuxième langue choisie; les cours d'anglais privés sont courants au Timor oriental. Par conséquent, et aussi à cause du sentiment que la politique linguistique actuelle contribue à l'échec scolaire, des questions subsistent quant à l'avenir des langues dans l'enseignement au pays. Il faut également tenir compte du rôle du portugais dans la formation d'une identité nationale pour cet État relativement nouveau. Le changement générationnel peut contribuer aux changements futurs de la politique linguistique, alors qu'une élite lusophone va se retirer de la vie politique.

Le nombre d’enfants inscrits à l’enseignement secondaire représente environ 16 % du nombre d’enfants, soit 10 481 sur 63 690.

6.7 L'enseignement supérieur

L'enseignement supérieur est essentiel pour renforcer les ressources humaines et assurer le développement national du Timor oriental. Il existe plusieurs universités et instituts: l'Universidade Nacional de Timor Lorosa'e, l'Universidade Católica Timorense São João Paulo II, l'Universidade da Paz, l'Institut polytechnique de Betano, l'Institut João Saldanha, l'Institut supérieur de philosophie et de théologie, l'Institute of Business, etc.

Les universités publiques utilisent en général le portugais, l'anglais et l'indonésien, parfois le tétoum, mais à des degrés divers. Ces établissements ont parfois des ententes avec des universités du Brésil et du Portugal afin de favoriser l'usage du portugais. Cependant, dans les milieux universitaires, la résistance à la langue portugaise est plus importante que dans les niveaux d'enseignement précédents. De nombreux étudiants préfèrent poursuivre leurs études en Indonésie ou en Australie. Bref, l'introduction du portugais dans les établissements d'enseignement supérieur n'est pas terminée.

C'est pourquoi le ministère de l'Éducation poursuit des programmes tels les suivants: le "Projeto de Reintrodução da Língua Portuguesa" (Projet de réintroduction de la langue portugaise), le PRLP), le "Projeto de Consolidação da Língua Portuguesa" (Projet de consolidation de la langue portugaise), le "Projeto de Formação Inicial e Contínua de Professores" (Projet de formation initiale et continue des enseignants). La coopération brésilienne joue également un rôle important dans le cadre de la réintroduction de la langue portugaise au Timor Leste. Bien que l'accord de coopération dans le domaine de l'éducation remonte à 2002, ce n'est qu'en 2003 avec le départ de la première mission de spécialistes brésiliens qu'a commencée une coopération plus étroite afin de répondre aux demandes les plus pressantes et à la formulation des politiques linguistiques en éducation.

Bien que les autorités aient fait en sorte que l'éducation au Timor oriental se soit considérablement améliorée depuis son indépendance en 2002, il reste encore beaucoup de travail à entreprendre. À long terme, les efforts aideront les Timorais à sortir de la pauvreté, mais l’analphabétisme a beau avoir reculé de façon considérable, il touche encore 30% de la population. Par ailleurs, l'absence d'une politique linguistique pour inclure des langues maternelles dans le système d'éducation semble être encore pour quelque temps une situation temporaire et non pas une exclusion définitive de ces langues de le système. Étant donné que l'implantation du tétoum et du portugais au moment de l'indépendance était une question prioritaire, il semble que tant que ce processus n'aura pas abouti, l'usage des langues locales pourra s'intensifier pour constituer des «passerelles d'apprentissage» en fonction des demandes de chaque communauté. L'existence de ces passerelles et l'intérêt des Timorais qui étudient désormais en portugais laissent croire que les langues timoraises ont un certain avenir dans lequel ces langues feront de plus en plus partie de l'école.

7 Les médias

Les émissions radiophoniques et télévisées sont encore dans une phase de transition. Après l'occupation indonésienne, des services temporaires organisés par l'ONU ont remplacé ceux mis en place par l'Indonésie. La radio s'adressait aux Timorais en anglais, en portugais, en tétoum et en indonésien. Ce sont les mêmes langues qui servent de véhicule dans les communications orales auprès des Timorais, que ce soit la Radio Nacional, la Radio Falintil/Voz de la Esperanza ou la Radio Timor Kmanek (RTK), représentant l'Église catholique, ou les autres stations maintenant disponibles. En terme de durée d'émissions, il paraît plus utile de diffuser en tétoum et en indonésien parce que presque tout le monde connaît ces deux langues.

7.1 La presse écrite

Le nombre des journaux au Timor oriental n'est pas très élevé. Les journaux les plus connues sont The Dili Weekly publié en tétoum et en anglais, le Jornal Nacional Diário (en tétoum), le Suara Timor Lorosae (en tétoum), le Tempo Semanal (en tétoum), le Timor Post (en tétoum) et le Guide Post (en portugais). Il existe un plus grand n ombre de magazines qui sont généralement publiés en tétoum, en anglais, parfois en indonésien et en portugais.

7.2 La radio et la télévision

La Radio e Televisao de Timor Leste (RTTL) est la chaîne nationale dans le pays. La branche radio de la RTTL est connue sous le nom de Radio Timor Leste (RTL), qui diffuse en tétoum, en portugais et en indonésien. La chaîne est diffusée sieze heures par jour avec 34 émissions produites localement.

La section télévision de la RTTL est connue sous le nom de Televisão de Timor Leste ou Televizaun Timor Lorosae ( Télévision du Timor oriental ), en abrégé TVTL. Sa grille se compose de certaines émissions réalisées localement à tétoum, ainsi que de relais d'émissions d'information et d' autres de la RTP Internacional. En septembre 2008, la TVTL a signé un accord avec Rede Globo du Brésil, ce qui lui permet d'accéder à la programmation de cette chaîne.

L'article 8 de la Loi sur la protection du consommateur (2016) impose à la radio et la télévision du Timor Leste d'intégrer dans leur programmation des espaces hebdomadaires dans les deux langues officielles, d'une durée de quinze minutes:
 

Article 8

Formation et éducation à la consommation

3)
La radio et la télévision du Timor Leste, conformément à leurs obligations de service public, doivent en vertu de la loi intégrer dans leur programmation des espaces hebdomadaires
dans les deux langues officielles, d'une durée de quinze minutes, destinés à l'éducation et à la formation des consommateurs.

Dans le Décret-loi n° 42 transformant la radio et la télévision du Timor Leste en entreprise publique (2008), on trouve en annexe les Statuts de la RTTL. Celle-ci peut exercer toute autre activité commerciale et industrielle liée aux activités de service public de radiodiffusion sonore et télévisuelle, notamment la fourniture de services de conseil technique et de formation professionnelle et coopération avec d'autres entités, nationales ou étrangères, en particulier avec des entités similaires de la Communauté des pays de langue portugaise. Les articles 6 et 7 de l'Annexe ont pour effet de favoriser nettement le portugais et les émissions en relation avec la Communauté des pays de langue portugaise:

Article 6

Finalités de la radiodiffusion sonore et de la télévision


Dans l'exercice de ses activités de concessionnaire du service public de radiodiffusion, la RTTL, E.P. doit respecter les finalités génériques et spécifiques des activités de radiodiffusion sonore et télévisuelle, à savoir :

a) promouvoir la défense et la diffusion des langues officielles de la République démocratique du Timor Leste;

h) favoriser une meilleure connaissance mutuelle, ainsi qu'un rapprochement, entre citoyens timorais et étrangers,
en particulier avec ceux qui emploient la langue portugaise
et d'autres qui entretiennent des liens particuliers de coopération et de communauté d'intérêts avec le Timor Leste;

Article 7

Obligations du concessionnaire

1)
Les obligations du concessionnaire du service public de radiodiffusion sont les suivantes:

a) assurer la couverture médiatique des principaux événements nationaux et étrangers;

b) garantir la diffusion d'émissions reflétant différents points de vue et répondant aux besoins d'information et aux intérêts du grand public;

c)
diffuser des émissions qui intéressent les différentes communautés ethniques et linguistiques du Timor Leste, ainsi que les différentes minorités du pays;

n) maintenir, en coordination avec le ministère des Affaires étrangères, des relations de coopération et d'échange avec l'Union de radiodiffusion d'Asie-Pacifique et d'autres organisations internationales, ainsi qu'avec des entités étrangères liées à la radiodiffusion, en négociant les accords nécessaires et
en donnant la priorité aux relations avec la Communauté des pays de langue portugaise.

En 2008, le gouvernement a transformé la RTTL en entreprise publique. Cette transformation visait à ce que la chaîne puisse couvrir les événements et en rendre compte de manière indépendante.

8 La Communauté des pays de langue portugaise

En 1996, le Portugal ainsi que sept de ses anciennes colonies ont fondé la Comunidade dos Países de Língua Portuguesa (CPLP), la Communauté des pays de langue portugaise. Les pays membres étaient les suivants: l'Angola, le Brésil, le Cap-Vert, la Guinée-Bissau, le Mozambique, le Portugal et Sao Tomé-et-Principe. Après son indépendance, le Timor oriental a rejoint l’organisation comme 8e pays membre, soit le 31 juillet 2002. La CPLP veut promouvoir la langue portugaise ainsi que la culture commune qui unit les pays membres. Plus particulièrement, les pays lusophones désirent collaborer dans le domaine de l'éducation, mais chercheront aussi à renforcer les liens culturels, politiques et économiques. La CPLP a son siège social à Lisbonne.

Grosso modo, les pays de la CPLP veulent encourager la diffusion et l'enrichissement de la langue portugaise, accroître les échanges culturels dans l’espace lusophone, renforcer la coopération entre les pays de langue portugaise dans le domaine de la concertation politique et diplomatique, encourager le développement d'actions de coopération interparlementaire, développer la coopération économique, dynamiser et approfondir la coopération dans le domaine universitaire, de la formation professionnelle et dans les différents secteurs de la recherche scientifique et technologique, mobiliser des efforts et des ressources en appui solidaire aux programmes de reconstruction et de réhabilitation, promouvoir la coordination des activités des institutions publiques et entités privées, associations de nature économique et organisations non gouvernementales oeuvrant au développement de la coopération entre les pays lusophones, etc. 

- La Déclaration constitutive des pays de langue portugaise  

Deux documents ont été signés par les États de la CPLP: la Déclaration constitutive des pays de langue portugaise (du 17 juillet 1996) et les Statuts de la Communauté des pays de langue portugaise, également du 17 juillet 1996.

La Déclaration constitutive a institutionnalisé la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP). L'article 3 de la Charte de la Communauté des pays de langue portugaise exprime clairement les objectifs de ces sept pays :

1) concertation politique et diplomatique entre ses membres en matière de relations internationales, principalement dans le but d'affirmer sa présence (de la CPLP) dans les congrès internationaux ;

2) la coopération, particulièrement dans les domaines économique, social, culturel, juridique, technique et scientifique;

3) la mise en œuvre de projets destinés à promouvoir et à diffuser la langue portugaise.

On peut consulter une version française de la Déclaration constitutive des pays de langue portugaise en cliquant ICI.

- Les statuts des pays de langue portugaise (CPLP)

La Déclaration constitutive est accompagnée des Statuts de la CPLP, qui comptent 22 articles.  Seul l'article 3 traite de la langue portugaise, les autres articles concernent le fonctionnement de la CPLP. Voici les objectifs tels qu'énoncés par l'article 3:

a) la concertation politique et diplomatique entre ses membres en matière de relations internationales, nommément en vue de renforcer leur présence aux fora internationaux;

b) la coopération, nommément dans les domaines économique, social, culturel, juridique, technique et scientifique;

c) la matérialisation de projets visant à la promotion et à la diffusion de la langue portugaise.

On peut consulter une version française du texte complet des Statuts de la Communauté des pays de langue portugaise en cliquant ICI.

 

L’expérience d’autres cas similaires au Timor oriental, soit la colonisation, la répression et la dictature, a démontré qu’une population ainsi conditionnée durant des décennies éprouve d’énormes difficultés à parvenir à la démocratie. Il pourrait être possible que le Timor retombe dans la dictature, dirigée cette fois-là par des Timorais. On n’a qu’à penser à ce qui s’est produit dans les anciennes colonies anglaises et françaises d’Afrique, sans oublier le Kosovo. C’est pourquoi les Nations unies avaient été chargées de mettre sur pied des institutions démocratiques avant que l’indépendance ne soit officiellement promulguée. On pouvait alors émettre des réserves sur la future démocratisation du Timor oriental, tout en espérant qu'elle se réalise.

Quoi qu’il en soit, le Timor oriental semble être sur la bonne voie. Il abrite une petite nation déterminée à continuer sa reconstruction. Les différentes élections déjà tenues dans le pays confirment son évolution ver la démocratie. Le pays reste déterminé à édifier un État de droit, une bonne gouvernance, à renforcer les institutions de l'État, à promouvoir les droits de l'homme et l'égalité entre les hommes et les femmes, et à lutter contre la pauvreté. Dans cette région de l'Asie et de l'Australie, on compte cinq «démocraties à part entière»: l'Australie, la Corée du Sud, le Japon, la Nouvelle-Zélande et Taïwan. Suivrait le Timor oriental s'il persiste dans cette voie.

Au point de vue linguistique, le Timor oriental se trouve dans la même situation que les pays lusophones d'Afrique. En effet, l'Angola, le Cap-Vert, la Guinée-Bissau, le Mozambique et Sao Tomé-et-Principe ont tous le portugais comme langue officielle, alors que les populations ont une autre langue maternelle. Dans tous les cas, le portugais conserve un certain prestige que n'ont pas les langues locales. Normalement, il s'instaure une diglossie où les communications formelles se font dans la langue portugaise, alors que les communications informelles ont lieu dans la langue maternelle. Il existe une différence au Timor et au Cap-Vert: la grande majorité de la population peut s'exprimer dans une langue locale commune, le tétoum au Timor, le créole capverdien au Cap-Vert. En définitive, la politique linguistique du Timor en est une de bilinguisme officiel dans le quel les deux langues peuvent se trouver en concurrence.   

Dernière mise à jour: 29 mai 2024

 

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1) Situation et données démolinguistiques

 

2) Données historiques

 

3) La politique linguistique

 

4) Bibliographie

 

 

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