Castilla-La Mancha

Castille-La Manche

(Castilla-La Mancha)

Capitale: Tolède
Population: 2,0 million (2021)
Langue officielle: castillan   
Groupe majoritaire: castillan (plus de 90 %) 
Groupes minoritaires: valencien (catalan), aragonais, portugais, arabe marocain, basque, etc.
Système politique: l’une des 17 communautés autonomes d’Espagne  
Articles constitutionnels (langue): art. 3 de la Constitution espagnole de 1978; aucune disposition dans le
Statut d’autonomie de 1982.
Lois à portée linguistique: Loi organique n° 2 sur l'éducation (2006); Loi n° 4 sur le patrimoine historique de la Castille-La Manche (1990); Loi n° 3 sur le statut des consommateurs (2019); Arrêté n° 133 du ministère de l'Éducation, de la Culture et des Sports, réglementant la reconnaissance de l'accréditation des niveaux de compétence communicative en langues étrangères, conformément au Cadre européen commun de référence pour les langues dans la Communauté autonome de Castille-La Manche (2021).

1 Situation géographique

La Castille-La Manche (esp.: Castilla-La Mancha) constitue une Communauté autonome d'Espagne d'une superficie de 79 463 km², soit 16 % du territoire national; c'est l'une des plus grandes du pays (504 748 km²) avec la Castille-et-Léon (94 223 km² ) et l'Andalousie (87 268 km²).

Cette région est entourée au sud par l'Andalousie, à l'ouest par l'Estrémadure, au nord par la Communauté de Madrid, la Castille-et-Léon et l'Aragon (nord-est), à l'est par le Pays valencien et la Murcie (sud-est). Voir la carte des 17 Communautés autonomes.

La Communauté autonome de la Castille-La Manche (ou Comunidad Autónoma de Castilla-La Mancha) est composée de cinq provinces (voir la carte de gauche): Guadalajara, Cuenca, Tolède, Ciudad Real et Albacete.  La ville de Tolède (Toledo) est la capitale de la Castille-La Manche.

Cette Communauté autonome est l'héritière de la région historique de la Nouvelle-Castille, hormis la Communauté de Madrid, qui constitue une Communauté autonome distincte. Le drapeau de la Communauté autonome est formé de deux rectangles égaux: l'un est blanc, l'autre rouge avec un château doré symbolisant l'ancien royaume de Castille. 

2 Données démolinguistiques

La Castille-La Manche comptait en 2008 une population de 2,0 millions d'habitants, soit 4,3 % de celle de l'Espagne. D'après l'Instituto Nacional de Estadística, les provinces les plus populeuses sont Tolède (668 647), Ciudad Real (520 114), suivies de l'Albacete (392 110), de la Guadalajara  (237 759) et de la Cuenca (215 089).

2.1 Le castillan

La très grande majorité de la population parle le castillan comme langue maternelle, ce qui représente près de 90 % des locuteurs, mais il n'existe guère de statistiques officielles à ce sujet. On sait que les immigrants représentent environ 10 % de la population totale et qu'ils devraient parler leur langue d'origine (galicien, portugais, arabe marocain, etc.). Le plus grand nombre des étrangers se trouve d'abord dans la province de Tolède (74 024), suivi de loin par la province de Ciudad Real (40 231), puis Guadalajara (34 299), Albacete (31 063) et finalement celle de Cuenca (24 230).

2.2 Le manchego

Par ailleurs, une proportion indéterminée des castillanophones parle en plus du castillan officiel une variante régionale de la même langue: le manchego. On utilise les termes dialecto manchego («dialecte manchego») et habla manchega («parler manchego») pour désigner cette variante. Son aire géographique correspondrait à une grande partie des provinces d'Albacete et de Ciudad Real, ainsi que les zones situées au sud de la province de Cuenca et à l'est de la province de Tolède (voir le quadrillé "aire du castillan manchego" sur la carte ci-dessus). Les «purs» locuteurs du «parler manchego» sont en nombre extrêmement réduit, car en général ils parlent plutôt un castillan parsemé de mancheguismes («mancheguismos»). Outre certaines variations phonétiques, les locuteurs du manchego utilisent un vocabulaire teinté d'archaïsmes castillans, d'aragonismes («aragonesismos»), de mozarabismes («mozarabismos»), de valencianismes («valencianismos»), de néologismes («neologismos»), voire des murcianismes («murcianismos») et des andaloucismes («andalucismos»). Les plus grandes différences en ce qui concerne le castillan standard résident dans des termes spécialisés et d'usage peu commun comme ceux relatifs à des équipements ou à des tâches agricoles : esteva, toza, pescuño, varijá, bóllega, abujo, finarte, empiedro, trócola. Toutefois, certains termes ont acquis d'autres significations par analogie, au sens figuré, etc.

De façon générale, les locuteurs du manchego perçoivent très négativement leur parler qu'ils considèrent comme «vulgaire». Or, le manchego est simplement le résultat de l'histoire de ses locuteurs qui ont été influencés à la fois par l'aragonais, l'andalou, le mozarabe, le valencien (catalan) et le murcien. La région de Castille-La Manche est entourée par d'autres communautés linguistiques (Aragon, Catalogne, Valence, Andalousie, Murcie), du nord au sud, de l'est à l'ouest, qui ont exercé des influences manifestes, et ce, depuis le Moyen Age jusqu'à nos jours.

3 Données historiques

La Communauté autonome de la Castilla-La Manche est une entité politique et administrative relativement récente puisqu'elle fut créée en 1982. Dès l'Antiquité, de nombreux peuples ont habité la région et y ont laissé leurs traces, dont les Ibères et les Celtibères (IVe siècle avant notre ère).

3.1 La romanisation

Vers la fin du IIe siècle avant notre ère, la région fit partie de l'Empire romain. L'influence des Romains fut indélébile, car ils y ont laissé leur langue, le latin vulgaire qui est devenu le castillan et ses variantes. La présence de Rome en Espagne dura sept siècles, elle forgera le destin de toute l'Espagne romane. Après plus d'un siècle sans présence étrangère, les Wisigoths s'installèrent dans la région au VIe siècle et choisirent Tolède comme capitale politique et religieuse. Puis le royaume wisigoth fut menacé au début du VIIIe siècle par l'invasion arabe.

3.2 La conquête arabo-musulman

Les guerriers arabo-musulmans s'approprièrent presque toute la péninsule Ibérique en moins de sept années, sauf pour les îles Baléares. Le Sud était acquis dès 711, puis la Catalogne en 712, le royaume de Valence en 714, les Baléares seulement en 903. Le califat de Cordoue (VIIIe - Xe siècle), fondé en 756, connut son apogée sous Abd al-Rahmān III (912-961). Les chrétiens d’Espagne se réfugièrent dans les royaumes restés indépendants au nord (les Asturies, le Léon, l'Aragon et les Pyrénées), tandis que la religion et la civilisation musulmanes s’implantaient rapidement dans le reste de la Péninsule.

Avec Fernán González (950), comte de Castille, de Burgos, d'Álava, de Lantarón et de Cerezola, la Castille devint un comté héréditaire, encore vassal du Léon, jusqu'à ce que, en 1029, elle soit acquise par le roi Sanche III de Navarre et, à son décès, elle soit passée entre les mains de son fils Ferdinand Ier, premier roi de Castille.

Au début du XIe siècle (1031), la désintégration du califat de Cordoue entraîna dans la péninsule l'apparition de nombreux «royaumes de taifas», c'est-à-dire des émirats musulmans indépendants formés après la dissolution du califat de Cordoue en 1031. Parmi ces royaumes se détacha le royaume médiéval de Tolède, dont le territoire coïncide en partie avec l'actuelle Castille-La Manche. Le règne de ces taifas connut un important essor artistique et culturel, mais leur faiblesse politique les rendit plus vulnérables aux royaumes chrétiens, qui progressèrent depuis le Nord, conquérant les principales villes et territoires sous le pouvoir musulman.

3.3 La Reconquête

De fait, Alphonse VI conquit Tolède en 1085, l'une des villes les plus importantes, alors qu'Alphonse VIII prit la ville de Cuenca en 1177, Alphonse X fonda Villa Real en 1255, qui devint par la suite Ciudad Real. Bref, le territoire fut le résultat de conflits frontaliers disputés entre les chrétiens et les musulmans. Dans ce contexte militaire, la Couronne de Castille bénéficiait du soutien des ordres militaires qui, en échange de leurs services, se voyaient octroyés des territoires très étendus et devenaient ainsi de puissants seigneurs.

Dès lors, s'amorça un long déclin des autres langues que le castillan. La castillanisation se fit aux dépens des langues concurrentes: le basque, le galégo-portugais, l'asturo-léonais, le navarro-aragonais et le catalan (cliquer ICI, s.v.p.). Au fur et à mesure que le castillan prenait de l'expansion, le léonais, l'asturien, l'aragonais, le galégo-portugais, etc., périclitaient.

C'est sous le règne de Charles Quint (1516-1556) que furent menées l’exploration et la conquête des Amériques : conquête de l’Empire aztèque au Mexique par Hernán Cortés, de 1519 à 1521, et conquête de l’Empire inca au Pérou par Francisco Pizarro, de 1531 à 1533. Vers 1550, l’Espagne contrôlait presque tout le continent sud-américain, l’Amérique centrale, la Floride, Cuba et, en Asie, les Philippines. Évidemment, l'expansionnisme de l'Espagne allait contribuer à exporter le castillan (mais aussi le castillan méridional d'Andalousie) dans les Amériques et en Asie.
 

Néanmoins, l'emploi généralisé du castillan dans toute l'Espagne débuta avec l'avènement de la dynastie des Bourbons. Après la guerre de Succession d’Espagne (1705-1715), le règne de Philippe V (1700-1746), petit-fils de Louis XIV, fut marqué par une politique de centralisation, inspirée du modèle absolutiste français. Philippe V occupa Barcelone, fit appliquer les lois castillanes et abolit toutes les institutions gouvernementales qui existaient en Catalogne et à Valence, dont les Généralités. Le castillan devint la seule langue officielle de l’administration publique dans toute l'Espagne, même si les habitants continuaient de parler, selon les régions, le catalan, le basque, l'aragonais, l'asturien, le léonais, l'andalou, etc.

Au XVIIIe siècle, il eut lieu un essor démographique accompagné de l'expansion générale de l'agriculture. Les crises successives de la monarchie, l'étape de la dictature de Primo de Rivera et l'avènement de la IIe République furent vécues dans la région avec une intensité comparable aux autres territoires espagnols.

Cette situation se perpétua jusqu'au régime du général Franco, de 1939 à 1975.  Au plan linguistique, le caudillo ("chef") pratiqua une politique répressive à l'égard des diverses langues parlées autres que le castillan. Non seulement le basque et le catalan furent pourchassées et interdites dans la vie publique, mais également l'aragonais, l'asturien, l'andalou, etc. On entendait souvent à cette époque des slogans du genre: Si eres español, habla la lengua del imperio («Si tu es espagnol, parle la langue de l'Empire») ou encore habla en cristiano («Parle chrétien»), ce qui pourrait être l'équivalent ibérique du Speak white des anglophones du Canada à l'égard des francophones!

3.4 La Constitution de 1978

La promulgation de la Constitution espagnole de 1978 et la création des 17 Communautés autonomes constituèrent le point de départ pour une nouvelle ère d'organisation politique. C'est ainsi que la Castille fut fragmentée en diverses entités, dont la Castille-et-Léon (la Vieille-Castille), la Communauté de Madrid, la Castille-La Manche (la Nouvelle-Castille), sans oublier l'Estrémadure, la Murcie, etc. L'adoption du Statut d'autonomie de 1982 (Ley Orgánica 9/1982, de 10 de agosto) a créé la Communauté autonome de la Castille-La Manche.

La nouvelle Constitution espagnole a aussi permis la reconnaissance de certaines langues. Si ce fut le cas pour le catalan (Catalogne, Valence, Baléares), le basque (Pays basque et Navarre) et le galicien (Galice), il n'en fut pas ainsi pour les langues des minorités historiques de la Communauté autonome de la Castille-La Manche. En effet, rien dans le Statut d'autonomie de 1982 ne fut prévu pour quelque langue que ce soit, y compris le castillan. Il n'existait aucune disposition relative à la langue officielle ou une langue co-officielle. Selon la Constitution espagnole, en ce cas, le castillan sert d'unique langue officielle.

4 La politique linguistique

La Communauté autonome de la Castille-La Manche pratique avant tout une politique de non-intervention. Il n'existe aucune disposition d'ordre linguistique dans les différents instruments juridiques de la Communauté autonome. Tout au plus trouve-t-on, dans le Statut d’autonomie de 1982 (Ley Orgánica 9/1982, de 10 de agosto), un article sur le patrimoine monumental, historique artistique et archéologique:
 

Article 31

1) La junte de la Communauté de Castille-La Manche assume les compétences exclusives suivantes :

16e. Le patrimoine monumental, historique, artistique et archéologique et autres centres culturels dans l'intérêt de la région, sans préjudice des dispositions sous le numéro 28 du paragraphe 1 de l'article 149 de la Constitution.


 
Quoi qu'il en soit, il ne s'agit guère de langue. Même la Loi n° 4 sur le patrimoine historique de la Castille-La Manche (Ley 4/1990, de 30 de mayo, del Patrimonio Histórico de Castilla-La Mancha) ne traite aucunement d'une quelconque langue.

Manifestement, les «biens d'intérêt culturel» ne concernent pas la langue, puisque sont mentionnés plutôt les moulins à vent (voir la photo) âgés d'au moins cent ans, puis les silos, les instruments à percussion ou à vent et l'architecture négro-africaine existant sur le territoire de la Castille-La Manche.

Voici le libellé de l'article 23 et l'article 24 de la loi 4/1990 du 30 mai sur le patrimoine historique de la Castille-La Manche:
 

Article 23

Patrimoine ethnologique

1)
Dans les activités de protection du patrimoine historique de la Castille-La Manche, la Junte des Communautés doit s'occuper de façon particulière de la conservation et de la visibilité
des biens d'intérêt culturel, qui caractérisent la région et qui sont spécifiques quant aux expériences culturelles de la Castilla-La Manche.

2) Sont considérés les questions devant être déclarés comme biens d'intérêt culturel tous les moulins de vent existant sur le territoire de la Castille-La Manche avec une ancienneté supérieure à cent ans.

3) Sont considérés les questions devant être déclarés comme biens d'intérêt culturel toutes les manifestations d'architecture populaire, comme les silos, les instruments à percussion ou à vent et l'architecture noire, existant sur le territoire de la Castille-La Manche, avec une ancienneté supérieure à cent ans.

4) Le ministère de l'Éducation et de la Culture doit rendre propice ou effectuer des études, favoriser la recherche et la documentation des matériaux constitutifs du patrimoine ethnologique de la Castille-La Manche.

Article 24

Concept des archives, bibliothèques et musées

1)
Sont des
archives les ensembles organiques de documents ou la collecte de plusieurs d'entre eux, des produits reçus ou rassemblés par des personnes physiques et morales, publiques ou privées, dans l'exercice de leurs activités, au service de leur utilisation, la recherche administrative, l'information, la recherche et la culture. De même, on comprend par archives les institutions culturelles où elles se réunissent, conservent, organisent et diffusent pour les fins précédemment établies ces ensembles organiques.

2) Sont des
bibliothèques les institutions culturelles où sont conservés, assemblés, sélectionnés, inventoriés, catalogués, classifiés et diffusés des ensembles ou des collections de livres, manuscrits et autres matériaux bibliographiques ou reproduits par tout moyen pour leur lecture en salle publique ou par prêt temporaire, au service de l'éducation, de la recherche, de la culture et de l'information.

3) Sont des musées les institutions à caractère permanent qui acquièrent, conservent, font des recherches, communiquent et exhibent à la fois à des fins d'étude, d'éducation et d'observation des collections à valeur historique, artistique, scientifique et technique ou de tout autre nature culturelle.

Les seuls documents juridiques portant sur la langue sont des lois, décrets portant sur l'enseignent du castillan dans les écoles, mais pour la matière concernant l'enseignement des langues étrangères. 

4.1 La langue de la Communauté autonome

Le Statut d'autonomie accordé à cette région autonome en 1982 n'accordait aucune reconnaissance officielle ni au castillan ni à aucune autre langue. En conséquence, seul l'article 3 (trois paragraphes) de la Constitution espagnole s'appliquait dans la Communauté autonome d'Estrémadure, car le castillan est la langue espagnole officielle de l'État, donc de celle de ses États constitutifs :

Article 3

1) Le castillan est la langue espagnole officielle de l'État. Tous les Espagnols ont le devoir de le connaître et le droit de l'utiliser.

2) Les autres langues espagnoles seront également officielles dans les Communautés autonomes respectives en accord avec leurs Statuts. 

3) La richesse des diverses modalités linguistiques de l'Espagne est un patrimoine culturel qui doit être l'objet d'une protection et d'un respect particuliers.

De toute façon, il n'existe aucune loi particulière adoptée par le parlement de la Castille-La Manche proclamant le castillan comme langue officielle. Le castillan est par conséquent la «langue officielle par défaut». Ce fait témoigne aussi de l'absence de «problèmes» en matière de langue.

Rappelons que, si tous les Espagnols ont le devoir de connaître le castillan, cette obligation ne s'applique pas au catalan, au basque et au galicien, encore moins aux autres langues non reconnues comme le castillan manchego. L'utilisation de ces «langues» minoritaires en Espagne ne constitue pas une obligation, mais simplement un droit. Les langues ne sont donc pas officielles au même degré: la langue officielle de toute l'Espagne demeure le castillan, ce qui lui assure une préséance certaine.  Il faut bien comprendre que, en termes de droits linguistiques, la Constitution espagnole reconnaît deux catégories de citoyens et deux catégories de territoires.

Ainsi, la Constitution prévoit un État espagnol unilingue composé de territoires officiellement unilingues (les castillanophones) et de territoires officiellement bilingues (pour les Catalans, les Basques et les Galiciens). Comme la Constitution espagnole est muette sur toute autre langue et que le Statut d'autonomie n'en fait pas davantage mention, seul le castillan bénéficie du statut d'officialité. Néanmoins, les diverses langues du territoire de la Communauté bénéficient d'une certaine reconnaissance en tant que «patrimoine culturel» ou «bien d'intérêt culturel».

Aucun autre texte juridique ne fait aucune allusion à la langue officielle de la Communauté autonome, ni à d'autres langues, sauf dans le domaine de l'éducation. La Communauté autonome de l'Estrémadure est de langue castillane, ce qui ne surprend guère, car ce territoire est à la source de l'expansion de cette langue dans toute l'Espagne.

Quoi qu'il en soit, aucune autre langue n'est utilisée au parlement de la Castille-La Manche, ni dans les tribunaux, ni dans l'Administration. Comme le castillan est la langue officielle et que tous les citoyens connaissent cette langue, seul le castillan est employé. Les seuls documents écrits et déposés dans un tribunal doivent être rédigés en castillan.

En ce qui a trait aux services gouvernementaux, tant ceux du pouvoir central que ceux de la Communauté autonome, l'Administration s'en tient aux dispositions constitutionnelles qui déclarent que le castillan est la langue officielle. Si, par inadvertance, un citoyen fait parvenir une lettre dans une autre langue dans un bureau du gouvernement, l'Administration se contente de retourner le document sans même y répondre.

Il semble tellement évident que tout doit se passer en castillan que la Loi n° 3 sur le statut des consommateurs (2019) mentionne la nécessité d'indiquer la langue d'un contrat, sans préciser laquelle:
 

Article 80

Informations antérieures sur les entreprises prestataires de services

1)
Sans préjudice des autres exigences d'information établies dans la réglementation générale ou sectorielle, les prestataires de services doivent mettre à la disposition des consommateurs de manière claire, non équivoque et accessible, avant la conclusion du contrat et, en tout état de cause, avant la fourniture du service, l'information suivante:

n) La langue ou les langues d'un contrat, lorsqu'il ne s'agit pas de celle dans laquelle les informations contractuelles préalables ont été présentées.

4.2 L'enseignement

Compte tenu de la législation en vigueur, les écoles publiques dans la Communauté autonome de la Castille-La Manche sont dans l'obligation d'offrir un enseignement en castillan. La Ley de Educación de la Castille-La Manche ne contient aucune disposition linguistique.

En ce sens, la Castille-La Manche respecte les dispositions de la législation espagnole, la Loi organique n° 2 sur l'éducation (Ley Orgánica 2/2006, de 3 de mayo, de Educación). Dans l'enseignement primaire, c'est l'article 17 qui s'applique:

Article 17

Objectifs de l'éducation primaire

L'éducation primaire doit contribue à développer chez les filles et les garçons des habiletés qui leur permettent :

e. De connaître et d'utiliser de manière appropriée la langue castillane et, s'il y a lieu, la langue co-officielle de la Communauté autonome et de développer des habitudes de lecture.

f. D'acquérir dans au moins une langue étrangère les compétences de base en communication, qui leur permettent d'exprimer et de comprendre des messages simples et de fonctionner dans des situations quotidiennes.

Quant à l'enseignement secondaire, c'est l'article 23 de la même loi:

Article 23

Objectifs

L'éducation secondaire obligatoire doit contribuer à développer chez les élèves les habiletés qui leur permettent :

h. De comprendre et d'exprimer correctement, à l'oral et à l'écrit, dans la langue castillane et, s'il y a lieu, dans la langue co-officielle de la Communauté autonome, des textes et des messages complexes, et débuter leurs connaissances par la lecture et l'étude de la littérature.

i. De comprendre et de s'exprimer dans une ou plusieurs langues étrangères de manière appropriée.

Étant donné que la Communauté autonome de la la Castille-La Manche n'a pas de «langue co-officielle», la seule langue d'enseignement est le castillan. De plus, dans toutes les écoles, on n'enseigne que la langue et l'histoire de la Castille et de la Vieille-Castille. Les études universitaires se font exclusivement en castillan.

L'Arrêté n° 133 du ministère de l'Éducation, de la Culture et des Sports, réglementant la reconnaissance de l'accréditation des niveaux de compétence communicative en langues étrangères, conformément au Cadre européen commun de référence pour les langues dans la Communauté autonome de Castille-La Manche (2021) exige les niveaux de compétence du Cadre commun européen de référence pour les langues pour tout personne désirant enseigner dune langue étrangère:

Article 1er

Objet et champ d'application

1)
Le présent arrêté a pour objet de réglementer, dans la Communauté autonome de Castille-La Manche, la reconnaissance de l'accréditation des niveaux de compétence en communication, comme langues étrangères,
en allemand, en espagnol, en français, en anglais, en italien et en portugais, conformément à le Cadre commun européen de référence pour les langues.

2) Dans tout ce qui ne s'oppose pas aux règles de base, cette reconnaissance sera applicable dans les procédures appelées ou financées par le ministère compétent en matière d'éducation et dans les actions menées par les établissements d'enseignement soutenus par des fonds publics en Castille-La Manche lorsque des évaluations se référant à la compétence en communication dans les langues sont requises, ou lorsque cette reconnaissance constitue une exigence ou un mérite.

Il existe un grand nombre d'ordonnances en matière d'enseignement de la langue, mais il s'agit généralement de programmes portant sur l'enseignement du castillan comme discipline obligatoire ou comme langue étrangère destinés aux immigrants.

4.3 Les médias

Dans le territoire de la Communauté autonome de la Castille-La Manche, la totalité des journaux et magazines est en castillan, peu importe la province où ils sont diffusés, que ce soit dans la province de Guadalajara, de Cuenca, de Tolède, de Ciudad Real ou d'Albacete. Les médias électroniques sont également en castillan, tant à la radio qu'à la télévision (Estremadura TV).

La politique de la Communauté autonome de la Castille-La Manche est caractérisée par la non-intervention en matière de langue officielle. Il est inutile de protéger le castillan, une langue parlée par toute la population, si l'on fait exception des immigrants arrivés plus récemment. Quant aux variétés minoritaires comme le manchego, elles ne sont même pas déclarées «bien d'intérêt culturel», ni ne font partie du patrimoine historique de la Communauté autonome. Or, celles-ci ne sauraient constituer une menace pour la toute-puissante langue castillane. Mais la tradition en Espagne est de n'accorder des droits qu'aux langues co-officielles (galicien, catalan et basque) reconnues par la Constitution et les statuts d'autonomie. La Communauté autonome de la Castille-La Manche ne fait pas exception. En somme, la Communauté autonome de la Castille-La Manche demeure l'une des communautés autonomes les plus castillanophones de toute l'Espagne.

Dernière mise à jour: 01 juil. 2022
   

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