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Croatie (1) Informations préliminaires |
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La république de Croatie (en croate Hrvatska) est un pays d'Europe orientale, situé dans la péninsule des Balkans. La Croatie est limitée nord par la Slovénie et la Hongrie, à l'est et au sud par la Bosnie-Herzégovine et à l'est par la Serbie.
C'est un pays d'une superficie de
56 542 km², soit l'équivalent de la Bosnie-Herzégovine ou de la Slovaquie
(Allemagne: 357 021 km²). L'ouest de la
Croatie, qui constitue la province de Dalmatie, est bordé par la mer
Adriatique et au sud par la république de Monténégro en Yougoslavie. La capitale est Zagreb. Le pays est divisé administrativement en 20 régions ou joupanies (zupanija) et la capitale qui constitue à elle seule un comitat* : Bjelovarsko-Bilogorska Zupanija, Brodsko-Posavska, Zupanija, Dubrovacko-Neretvanska Zupanija, Istarska Zupanija, Karlovacka Zupanija, Koprivnicko-Krizevacka Zupanija, Krapinsko-Zagorska Zupanija, Licko-Senjska Zupanija, Medimurska Zupanija, Osjecko-Baranjska Zupanija, Pozesko-Slavonska Zupanija, Primorsko-Goranska Zupanija, Sibensko-Kninska Zupanija, Sisacko-Moslavacka Zupanija, Splitsko-Dalmatinska Zupanija, Varazdinska Zupanija, Viroviticko-Podravska Zupanija, Vukovarsko-Srijemska Zupanija, Zadarska Zupanija, Zagreb, Zagrebacka et Zupanija (voir la carte 1 détaillée).On peut consulter aussi la carte des régions historiques : la Slavonie, la Croatie centrale, la Lika et le Gorski Kotar, l'Istrie et la Dalmatie (voir la carte 2 détaillée). La Loi sur l'autonomie locale du 10 avril 2001 a transféré des compétences de l'État vers les collectivités territoriales et garantit leur autonomie. |
Les municipalités sont responsables, outre l'enseignement primaire, de l'organisation des opérations électorales, de l'entretien de la voirie et de l'habitat, de l'urbanisme et de l'aménagement du territoire, de l'action sociale, de l'action culturelle, de l'aide médicale élémentaire, de la protection civile, de la protection du consommateur et de la protection de l'environnement. À l'exception des compétences des communes, les joupanies (zupanija) et les villes de plus de 30 000 habitants contrôlent les domaines suivants : l'enseignement secondaire et universitaire, la santé, le développement économique et les transports.
L'organisation territoriale de la Croatie comprend deux niveaux: les
collectivités régionales (21 zupanija) et les
collectivités territoriales
ou municipalités (423 communes et 123 villes). La capitale, Zagreb, constitue à
elle seule une zupanija. Les communes, au nombre de 423,
comprennent généralement plusieurs localités habitées, dont le nombre sur
l'ensemble du territoire croate s'élève à quelque 6700; les communes comptent au
maximum 30 000 habitants. Le statut de ville est attribué aux chefs-lieux
des zupanije, aux agglomérations de plus de 10 000 habitants et, à titre
exceptionnel, aux villes qui peuvent y prétendre pour des raisons historiques,
économiques, urbanistiques, etc.
De statut comparable, les communes et les villes sont des municipalités.
Quant à la zupanija, elle est caractérisée par un territoire qui
se veut le reflet d'une unité géographique, historique, économique, défini dans
l'intention de favoriser le développement coordonné de la région dans son
ensemble.
D'après le recensement de 1991, la population de la Croatie s'élevait à 4,7 millions d’habitants. En 1993, elle était estimée à 4,6 millions d’habitants; en raison de l'exode massif des Serbes de la Krajina en 1995, la population a sans doute encore baissé depuis. Les Croates représentent le groupe majoritaire avec 78 % de la population.
2.1 La Croatie yougoslave
Avant la proclamation de l’indépendance (1991) de l’ex-Yougoslavie, la Croatie avait fait partie au cours de l'histoire de différents États sur le territoire desquels des groupes de population se sont déplacés. C'est pourquoi le territoire de la Croatie est aujourd'hui habité par des membres d'autres nations avec lesquelles la Croatie, ou certaines de ses régions, ont coexisté dans le même État. C’est alors que des minorités serbe, italienne, hongroise, tchèque, slovaque, allemande et autrichienne, ukrainienne et ruthène vivent sur le territoire de la république de Croatie en tant que minorités nationales. Selon le recensement de 1991, les «nationaux» de la république de Croatie se sont déclarés membres de 23 nationalités différentes, mais la plupart d'entre elles n'ont pas le statut de «minorité nationale».
Selon le recensement officiel de 1991, le gouvernement de la Croatie établissait les membres des minorités nationales comme suit:
Minorité |
Nombre (%) |
Langue maternelle |
Nombre |
|
Serbes Hongrois Italiens Tchèques Slovaques Ruthènes Allemands Ukrainiens |
581 663 |
12,3 % |
serbe |
207 300 |
2.2 La Croatie indépendante
Au recensement de 2001, la population se répartissait de la façon suivante:
Minorité |
Nombre (%) |
Langue maternelle |
|
Croates Serbes Bosniaques Italiens Hongrois Albanais Slovènes Autres |
3 977 171 |
89,6 % |
croate |
D’après ce second tableau illustrant une situation dix ans plus tard, ce sont les Serbes (ou Srbi) qui constituent la minorité la plus importante, car ils forment 4,5 % de la population, contre 12,3 % dix ans plus tôt: quelque 380 000 Serbes ont quitté la Croatie, soit près des deux tiers.
- Les minorités nationales
La grande majorité des Serbes vivent dans les enclaves de la
Slavonie orientale (à la frontière avec la Serbie) et de la Slavonie
occidentale, notamment dans la région d'Okucani. Auparavant très présents
dans la Krajina (Croatie occidentale et centrale), les Serbes ont dû fuir de
force cette région qui s’est ensuite peuplée de Croates venus de Bosnie. La
communauté serbe reste néanmoins importante dans les zupanije
(régions) de Vukovar-Srijem (15,4 %),
Sisak-Moslavina (11,7 %),
Lika-Senj (11,5 %),
Karlovac (11,0 %),
Sibenik-Knin (9,1 %) et
Osijek-Baranya (8,7 %). Par ailleurs,
les Serbes constituent 2,4 % de la population de Zagreb (capitale) et
32,9 % des 32 000 habitants de la ville de Vukovar.
Les autres minorités nationales présentes en Croatie sont les Bosniaques ou Bošnjaci en croate(0,47 %), les Italiens ou Talijani (0,44%), les Hongrois ou Mađari (0,37 %), les Albanais ou Albanci (0,34 %) et les Slovènes ou Slovenija (0,30 %). Cependant, il s’agit là de la liste des minorité officiellement reconnues. Les autres minorités réunies (3,8 %) regroupent différentes petites nationalités telles que les Ruthènes, les Allemands et les Autrichiens, les Ukrainiens, les Monténégrins, les Macédoniens, les Polonais, les Roumains, les Russes, les Turcs, etc. |
Bref, les minorités nationales de Croatie ont représentées surtout par des langues slaves (serbe, tchèque, slovaque, ruthène et ukrainien), puis par des langues romanes (italien), des langues germaniques (allemand) et des langues ouraliennes (hongrois).
- Les italophones
Les Italophones sont concentrés principalement dans les joupanies de l’Istrie et de Primorsko-Goranska. En Istrie où l'italien est co-officiel avec le croate, les joupanies bilingues sont les suivantes:
Buje-Buie, Buzet, Labin, Novigrad-Cittanova, Pazin, Poreč-Parenzo, Pula-Pola, Rovinj-Rovigno, Umag-Umago i Vodnjan-Dignano, Bale-Valle, Barban, Brtonigla-Verteneglio, Cerovlje, Fažana-Fasana, Funtana-Fontane, Gračišće, Grožnjan-Grisignana, Karojba, Kanfanar, Kaštelir-Labinci et Castelliere-S. Domenica, Kršan, Lanišće, Ližnjan-Lisignano, Lupoglav, Marčana, Medulin, Motovun-Montona, Oprtalj-Portole, Pićan, Raša, Sveta Nedjelja, Sveti Lovreč, Sveti Petar u Šumi, Svetvinčenat, Tar Vabriga-Torre Abrega, Tinjan, Višnjan-Visignano, Vižinada-Visinada, Vrsar-Orsera et Žminj.
On estime qu'environ 35 000 italophones vivent en Croatie: selon les données officielles du recensement de 2001, ils étaient 20 521 à déclarer l'italien comme langue maternelle et 19 636 à se déclarer d'ethnie italienne. Les Croates accordent à une cinquantaine de collectivités locales des droits linguistique en italien. Selon le recensement de 2001, les municipalités de la Croatie ayant le plus haut pourcentage d'habitants de langue italienne étaient toutes en Istrie : Grisignana/Grožnjan (66,1 % d'italophones), Verteneglio/Brtonigla (41,2 %), Buie/Buje (39,6 %), Portole/Oprtalj (32,1 %), Valle d'Istria/Bale (22,5 %), Umago/Umag (20,7 %) et Dignano/Vodnjan (20,0 %). La ville de Grisignana/ Grožnjan) est la seule ville avec une majorité absolue d'italophones croates: plus des 2/3 des citoyens parlent encore l'italien et dans le recensement de 2001, plus de 53% se sont déclarés de langue maternelle italienne ("Italiano di madrelingua italiana"). Dans la région de Primorsko-Goranska, il y aurait au total quelque 3540 (1,16%) italophones dans les villes de Buje, de Pula, de Rovinj, de Rijeka et de Pakrac; la ville de Rijeka abrite à elle seule quelque 2300 italophones, bien que la communauté italienne locale compte environ 6000 membres. Sur la côte dalmate, il ne resterait que 500 italophones, principalement à Zara (en croate: Zadar) et Spalato (en croate: Split). Dans ce groupe ethnique dit «italien», les italophones comprennent à la fois ceux qui parlent le vénitien ou vénétophones (au nord-ouest de l'Istrie et de la Dalmatie) ainsi que ceux qui parlent l'istrioto (istriote ou istrien) sur côte sud-ouest de l'Istrie.
- Les Tchèques, Slovaques, Hongrois, etc.
Les Tchèques habitent essentiellement les villes de Daruvar, Grubisno Polje, Zagreb, Pakrac, Bjelovar, Kutina, Rijeka, etc. Les Slovaques résident dans les villes de d’Ilok, Nasice, Osijek et Zagreb. La plupart des Hongrois vivent dans les villes de Beli Manastir, Osijek, Vukovar, Vinkovci, Zagreb, Bjelovar, Daruvar, Rijeka, Pula, Dakovo et Fente. Les Ruthènes résident dans les municipalités de Vukovar, Vinkovci, Zagreb et Slavonski Brod (34), tandis que les Ukrainiens habitent Vukovar, Slavonski Brod, Novska, Zagreb et Vinkovci.
Pour leur part, les Serbes sont concentrés à Zagreb, Knin, Osijek, Vukovar, Karlovac, Rijeka, Sisak, Benkovac, Petrinja, Beli Manastir, Glina, Pakrac, Vrginmost, Daruvar, Vojnic, Vrbovsko et Lipik. Quant aux Allemands, ils se retrouvent principalement à Beli Manastir, Zagreb, Osijek, Vukovar, Slavonski Brod, Rijeka et Pakrac, tandis que les quelques Autrichiens habitent Zagreb et Rijeka. Précisons que les Slovènes, qui sont 13 000, sont répartis à Rijeka, Zagreb, Fente, Pula, Cakovec, Opatija et Buje. La plupart des autres minorités (Albanais, Tsiganes, Monténégrins et Macédoniens) habitent Zagreb, Fente, Osijek, Rijeka, Pula et Slavonski Brod.
- Les Bosniaques
Par ailleurs, la Croatie est «l'hôte» de quelque 170 000 réfugiés bosniaques, dont 30 000 musulmans environ. Les autres sont des Croato-Bosniaques. Tous ont fui le long conflit qui a sévi en Bosnie-Herzégovine. Quelque 180 000 ressortissants croates ont été contraints de fuir leurs foyers pendant la guerre serbo-croate de 1991, mais sont restés à l'intérieur des frontières de leur pays. En outre, il y a 60 000 personnes déplacées (Serbes) en Slavonie orientale, une région administrée par les Nations unies à la frontière de la Croatie et de la Serbie. L'afflux des réfugiés a atteint un niveau record en 1992. Néanmoins, des réfugiés ont continué d'arriver en Croatie, le «nettoyage ethnique» du nord de la Bosnie se poursuivant jusqu'en octobre 1995. Le nombre des réfugiés et des personnes déplacées à l'intérieur du territoire a diminué après avoir atteint un sommet à la fin de fin 1992, quand la Croatie comptait quelque 350 000 réfugiés et 265 000 personnes déplacées. Depuis, beaucoup ont cherché asile dans d'autres pays.
Quelques milliers de personnes déplacées sont retournées dans leurs villages d'origine en Krajina, que 170 000 Serbes de souche ont fui pendant la reconquête de mai et août 1995. La plupart de ces citoyens croates sont désormais réfugiés en Serbie. Leur rapatriement dépend d'un accord entre la Croatie et la Serbie.
Selon une enquête réalisée en 2001, quelque 76 % des citoyens croates se déclaraient de religion catholique. Le pays compte des communautés orthodoxes, musulmanes ou réformées (chez les minorités hongroises du nord de la Croatie). Plus précisément, le recensement de la population croate de 2001 donne la répartition suivante des différentes confessions religieuses : catholiques, 87,8 %; orthodoxes, 4,4 %; musulmans, 1,3 %; protestants, 0,3 %; juifs (quelques milliers), non-croyants et agnostiques, 5,2%; divers 1%.
Dans la région de Primorsko-Goranska, il y aurait au total quelque 3540 (1,16%) italophones dans les villes de Buje, de Pula, de Rovinj, de Rijeka et de Pakrac.
L’ancienne République fédérale socialiste de Yougoslavie comptait six républiques: la Serbie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine, la Slovénie et le Monténégro, mais ne reconnaissait que trois langues nationales (hormis les minoritaires): le slovène, le serbo-croate, et le macédonien (un dialecte bulgare). La Croatie constituait la seconde république en importance après la Serbie.
3.1 Le serbo-croate
Le serbo-croate a été défini comme langue unitaire (avec quatre variantes dialectales: le tchakavien, le kaïkavien, le chtokavien et le torlakien) par le linguiste Jernej Kopitar en 1809. Il est à l'origine des mouvements «austroslaviste» (renaissance culturelle slave en Autriche-Hongrie) et «yougoslaviste» (unité de tous les Slaves méridionaux). Mais c'est le régime de communiste de Tito, qui en 1954 imposa l’accord de Novi Sad sur l’unité linguistique. Cet accord unifiait officiellement le croate et le serbe sous la forme du serbo-croate, avec des variantes occidentales (kaïkavienne et tchakavienne formant le croate) et orientales (chtokavienne et torlakienne formant le serbe). Pour Tito, une langue commune représentait un élément important de l'idéologie fondée sur «la fraternité et l’unité» et visait à établir une unité culturelle et politique sous la bannière du socialisme. En niant l’existence d’une langue croate et d'une langue serbe distinctes, Tito espérait simplement résoudre le problème du nationalisme, mais n'a fait que l'exacerber: les Croates orientaux, les Bosniaques et les Monténégrins notamment contestaient le rattachement du parler chtokavien à la variante serbe, car eux aussi le parlent.
Tito niait la distinction croate/serbe, mais il ne l'a pas «supprimé» puisque ces dénominations continuaient à figurer dans les statistiques officielles. Sur le terrain tout locuteur, qu'il soit serbe ou croate, se comprenait et se comprend encore. Il y avait des blagues du genre: «Les Croates et les Serbes sont-ils frères? -Évidemment: qui choisit sa famille?»; ou encore «Êtes-vous yougoslave? -Je suis Croate, répondit-on, acerbe».
À l’époque de la République socialiste fédérative de Yougoslavie, le serbo-croate constituait donc une seule et unique langue. Mais les Croates disaient parler le croato-serbe et l'écrivaient en alphabet latin, alors que les Serbes parlaient le serbo-croate qui s'écrivait en alphabet cyrillique, utilisé aussi par les Russes et les Bulgares. Ces différences d'écriture résultent en grande partie du choix des deux peuples: lors de la séparation des églises occidentales et orientales en 1054, les Croates ont choisi l'Église romaine de rite latin, tandis que les Serbes ont choisi l'Église byzantine de rite grec.
La mort de Tito en 1980 signa la fin de la fédération yougoslave, car les revendications autonomistes firent éclater le pays, surtout de la part des Croates, des Slovènes et des Bosniaques. Lors du démantèlement de la Yougoslavie socialiste et de la déclaration unilatérale dindépendance, le 25 juin 1991, la langue serbo-croate était parlée par 95 % de la population: quelque 80 % de Croates et quelque 15 % de Serbes.
Toutefois, après le début des hostilités avec la Serbie en 1991, les Croates ont cherché à accentuer les différences entre le croate et le serbe, ressuscitant des archaïsmes lexicaux et soulignant la différence d'écriture. Aujourdhui, on ne parle plus du serbo-croate comme langue, mais du croate ET du serbe comme de deux langues distinctes. Lécriture de lune reste incompréhensible pour les locuteurs de lautre langue, mais à loral lintercompréhension demeure encore presque parfaite. Bien entendu, le croate est devenu la langue officielle de la nouvelle république de Croatie, alors que le serbe est devenu la langue officielle de la république de Serbie. Il n'en demeure pas moins que, linguistiquement, il s'agit de la même langue, avec le bosniaque (Bosnie-Herzégovine) et le monténégrin (Monténégro).
3.2 Le croate et ses variantes
Cependant, la langue croate regroupe trois
variétés dialectales: le sxtokavien occidental, le
kajkavien
et le cxakavien. Ces termes auraient été utilisés en référence à
la forme prise par le pronom interrogatif quoi : kaj (en
kajkavien), cxa (en cxakavien) et sxto (en sxtokavien).
Le kajkavien est généralement parlé au nord de Zagreb.
Le cxakavien est parlé à l’ouest (surtout en Istrie et dans les îles au nord de Korcula),
alors que le sxtokavien occidental est parlé dans le reste du pays (Slavonie,
Centre, Lika et Dalmatie).
Pour ce qui est plus précisément du C'est la variété du stokavien-ijékavien qui sert de norme à la langue littéraire croate, codifiée dès 1604 par le jésuite Bartol Kasic (1575-1650) dans la Grammaire et le Dictionnaire croate-italien (1599), lesquels demeurèrent en usage jusqu'en 1924. |
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Quant à l'orthographe croate, elle a
été fixée et normalisée vers le milieu du XIXe
siècle grâce surtout à Ljudevit Gaj, un nationaliste croate important dans
le renouveau national croate appelé «mouvement illyrien». L'écriture croate s'écrit avec l'alphabet latin et utilise 30 lettres. Contrairement au français dont l'orthographe est étymologique, l'orthographe croate est phonétique: toutes les lettres se prononcent et chacun des signes employés correspond à un seul phonème. Les digrammes tels que dž, lj et nj respectent la même règle représentent donc deux lettres et deux sons distincts, mis un seul phonème. Le croate n'a que cinq voyelles orales: [a], [e], [i]. [o] et [ou]. À la différence du français, le h croate se prononce et correspond entre le [h] de half anglais et le [j] espagnol de mejor. Pour sa part, le r croate n’est pas guttural comme en français guttural, mais plus en avant de la cavité buccale et très «roulé». Quant au lj croate, il est intermédiaire au français [l] et [lië]. |
En affirmant parler le croate plutôt que le
croato-serbe (comme on l'appelait à Zagreb), les Croates d'aujourd'hui veulent
s'identifier comme des Croates, et non plus comme des Yougoslaves ou des
ex-Yougoslaves, encore moins être associés aux Serbes. En mars 2005,
l’Académie croate des sciences et des arts (HAZU) adoptait une nouvelle
déclaration sur la langue croate. L'Académie semble avoir peur de la
multiplication des anglicismes dans la langue croate, mais en même temps elle
craint l'entrée de la Croatie dans l'Union européenne, qui constituerait une
menace pour la survie du croate. D'autres croient qu'une telle prise de position
vise à établir une isolation politique et linguistique du pays.