Province de Québec

(1) Informations préliminaires

Capitale: Québec  
Population: 9,0 millions (est. 2024)  
Langue officielle: français (de jure
Groupe majoritaire: français (78,0 %) 
Groupes minoritaires: anglais (7,6 %), langues immigrantes (11,3 %), autochtones (1 %) 
Système politique: province de la fédération canadienne depuis 1867 
Articles constitutionnels (langue): art. 133 de la Constitution canadienne de 1867; art. 14, 16-23, 55, 57 de la Constitution canadienne de 1982 

Lois linguistiques: Loi pour promouvoir la langue française au Québec, n° 63 (1969, abrogée); Loi sur la langue officielle, n° 22 (1974, abrogée); Convention de la Baie- James et du Nord québécois (1975); Charte de la langue française (texte original de 1977, modifiée); Loi concernant un jugement rendu par la Cour suprême du Canada le 13 décembre 1979 sur la langue de la législation et de la justice au Québec (1979); Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec (1984); Loi sur la santé et les services sociaux (1986); Loi modifiant la Charte de la langue française, loi n° 178 (1988); Loi modifiant la Charte de la langue française, loi n° 86 (1993); Loi modifiant la Charte de la langue française, loi n° 40 (1997); Loi modifiant la Charte de la langue française, loi n° 171 (2000); Loi sur l’exercice des droits fondamentaux et des prérogatives du peuple québécois et de l’État du Québec (2000); Loi modifiant la Charte de la langue française, loi n° 104 (2002); Loi sur le Centre de la francophonie des Amériques (2006) ; Entente Canada-Québec pour les services en langue anglaise (2007); Projet de loi 103 modifiant la Charte de la langue français et d'autres dispositions législatives (2010); Loi faisant suite aux décisions judiciaires en matière de langue d’enseignement (2010); Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français (2022); Charte de la langue française (version de 2022).

Règlements d'application: Règlement précisant la portée de l'expression «de façon nettement prédominante»; Règlement sur l'affichage de l'Administration; Règlement sur la langue du commerce et des affaires ; Règlement sur la délivrance d'attestations de connaissance de la langue officielle en vue de l'admission aux ordres professionnels et sur certains équivalents à ces attestations; Règlement sur la langue d'enseignement des enfants qui résident ou ont résidé dans une réserve indienne ; Décret concernant l'application de l'article 86.1 de la Charte de la langue française aux anglophones du Nouveau-Brunswick Règlement autorisant les ordres professionnels à déroger à l'application de l'article 35 de la Charte de la langue française; Règlement concernant la demande de recevoir l'enseignement en anglais; Règlement sur l'exemption de l'application du premier alinéa de l'article 72 de la Charte de la langue française qui peut être accordée aux enfants présentant des difficultés graves d'apprentissage ; Règlement sur l'exemption de l'application du premier alinéa de l'article 72 de la Charte de la langue française qui peut être accordée aux enfants séjournant au Québec de façon temporaire.

Lois diverses à portée linguistique: Code municipal du Québec (1916); Loi d'interprétation (1964); Code de procédure civile du Québec (1965); Loi sur l'assurance maladie (1974); Charte des droits et libertés de la personne (1975); Loi sur les jurés (1976); Loi sur la consultation populaire (1978); Loi sur les valeurs mobilières (1983); Loi sur le cinéma (1983); Loi sur la protection du consommateur (1987); Loi sur la santé et la sécurité du travail (1988); Code civil du Québec (1991);  Loi sur le ministère des Relations avec les citoyens et de l’immigration (1996); Charte de la Ville de Montréal (2000); Loi de police (2000); Loi sur les sociétés par actions (2011); Loi sur l'immigration (2016); Loi sur la laïcité de l'État (2019); Loi sur le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l'Intégration (2022).

Lois particulières destinées aux autochtones: Loi sur les services de santé et les services sociaux pour les autochtones cris (1971); Convention de la Baie-James et du Nord québécois (1976); Loi sur les villages cris et le village naskapi (1978); Loi sur les villages nordiques et l'Administration régionale Kativik (1978); Loi sur l'instruction publique pour les autochtones cris, inuits et naskapis (1979); Loi sur les Cris et les Naskapis du Québec (1984, ABROGÉE); Règlement sur la langue d'enseignement des enfants qui résident ou ont résidé dans une réserve indienne (1997); Loi sur les autochtones cris, inuits et naskapis (2006).


1 Situation géographique

Le Québec est une province de l’est du Canada, limitée au nord par le détroit d’Hudson et la baie d’Ungava, à l’est par le Labrador, le détroit de Belle-Isle et le golfe du Saint-Laurent, au sud par le Nouveau-Brunswick, le Maine, le New Hampshire, le Vermont, l’État de New York et l’Ontario et à l’ouest par l’Ontario, la baie James et la baie d’Hudson. La rivière des Outaouais forme une partie de la frontière avec l’Ontario (voir une carte agrandie). Le Québec s’étend sur 1930 km du nord au sud et sur 1610 km environ d’est en ouest. Avec 15,5 % de la superficie totale du Canada, c’est la plus vaste des provinces canadiennes (1,6 million km²)

1.1 Origine du nom

Le Québec tire son nom du terme algonquin kebek signifiant «rétrécissement du fleuve», en référence à la partie du fleuve Saint-Laurent qui borde la ville actuelle de Québec, capitale de la province. Le terme est commun à l'algonquin, au cri et au micmac, et il a la même signification dans les trois langues. On trouve l'orthographe Quebeck en 1601, puis Kébec en 1609 et Québec en 1613 (par Samuel de Champlain), cette dernière étant passée à l'usage. Ainsi, l'appellation «Québec» sert à désigner autant la province que la capitale provinciale, seul le contexte permettant de distinguer l'une ou l'autre: le Québec (province) compte deux grandes villes, Montréal et Québec.

Depuis la cession de la Nouvelle-France à la Grande-Bretagne en 1763, le Québec a vu ses frontières être modifiées neuf fois en moins de 170 ans, soit de 1764 à 1927, l'équivalent d'une fois aux dix-huit ans. Ainsi, chaque génération a vu la frontière se réduire ou s'agrandir, selon les circonstances du moment. Il est possible de consulter une série de cartes illustrant l'évolution des frontières du Québec en cliquant ICI, s.v.p. 

1.2 Les régions administratives

Le Québec est actuellement divisé en 17 régions administratives (voir la carte):

No Région administrative
 
Population
(2020)
Superficie
(km²)
Densité
(hab./km²)
Plus grande ville
régionale
01 Bas-Saint-Laurent    197 736   22 185        8,9 Rimouski
02 Saguenay–Lac-Saint-Jean    277 897   95 893        2,9 Saguenay (anc. Chicoutimi)
03 Capitale-Nationale    751 066   18 639      40 Québec
04 Mauricie    270 016   35 452        7,6 Trois-Rivières
05 Estrie    329 747   10 195      32 Sherbrooke
06 Montréal 2 050 053       498  4 124 Montréal
07 Outaouais    396 000   30 504       13 Gatineau (anc. Hull)
08 Abitibi-Témiscamingue    148 216   57 340         2,6 Rouyn-Noranda
09 Côte-Nord      91 121 236 700        0,4 Sept-Îles
10 Nord-du-Québec      46 202 718 229 0,07 Chibougamau
11 Gaspésie–et-Îles-de-la-Madeleine      90 634    20 272  4,5 Gaspé (ville)
12 Chaudière-Appalaches    428 924   15 216 28 Lévis
13 Laval    439 924        246 1 787 Laval
14 Lanaudière    515 682    12 313 42 Terrebonne
15 Laurentides   621 736     20 560 30 Saint-Jérôme
16 Montérégie 1 581 697     11 111 1428 Longueuil
17 Centre-du-Québec    249 216        6 921

36

Drummondville

Source: Ministère des Affaires municipales et de l'Habitation du Québec (2020)

Ces régions correspondent à de simples divisions administratives créées en mars 1966 et auparavant désignées par le terme de «district». Ces régions ont été réorganisées en décembre 1987. Le Québec compte officiellement 17 régions administratives.

Depuis 1966, certaines régions administratives ont changé de nom. Ainsi, la région des Cantons-de-l'Est (1966-1981) est devenue la région administrative de l'Estrie, mais les deux appellations sont restées courantes tout en ne recouvrant pas la même réalité géographique, la première désignant la région touristique, la seconde la région administrative. Cependant, en 2023 Estrie et Cantons-de-l'Est recouvrent les mêmes frontières. 

Le Nouveau-Québec (1966-1987) est devenu la région administrative Nord-du-Québec.

La région de Québec est devenue, le 15 décembre 1999, la région administrative de la Capitale-Nationale.

Depuis le recensement de 2006, seules les régions du Bas-Saint-Laurant, de la Côte-Nord et de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine ont perdu des citoyens. 

On peut constater que les régions administratives les plus densément peuplées, Montréal avec 4124 hab./km², et Laval avec 1787 hab./km², sont aussi les régions les plus «petites» en terme de superficie. Ces régions administratives sont suivies de loin par la Montérégie avec 142 hab./km², puis la Capitale-Nationale avec 40 hab./km² et Lanaudière avec 42 hab./km².

1.3 Les municipalités

Par ailleurs, le Québec ne compte que peu de grandes villes, car seulement dix municipalités comptent plus de 100 000 habitants:
 

Rang Municipalités Population (2021) Densité km² Région administrative

1

Montréal

1 800 055

4 923 Montréal
2 Québec  566 066 1 246 Capitale-Nationale
3 Laval  446 369 1 807 Laval
4 Gatineau 292 281  855 Outaouais
5 Longueuil 253 629 2 186 Montérégie
6 Sherbrooke 175 114   478 Estrie
8 Lévis 154 091   344 Chaudière-Appalaches
7 Saguenay 147 952   130 Saguenay-Lac-Saint-Jean
9 Trois-Rivières 142 598   494 Mauricie

10

Terrebonne 122 098   792 Lanaudière

11

Saint-Jean-sur-Richelieu 100 188   428 Montérégie

Les autres villes, comptant 50 000 habitants et plus, sont les suivantes:
 

Brossard
Repentigny
Saint-Jérôme
Drummondville
Granby
Mirabel
91 693
88 088
82 061
81 551
70 823
64 032
Montérégie
Lanaudière
Laurentides
Centre-du-Québec
Estrie
Laurentides
Blainville
Saint-Hyacinthe
Mascouche
Châteauguay
Shawinigan
Rimouski
62 643
58 732
53 009
51 614
51 508
50 036
Laurentides
Montérégie
Lanaudière
Montérégie
Mauricie
Bas-Saint-Laurent

Il existe environ 1000 villes au Québec, la plupart n'ont qu'une faible population. En fait, les villes secondaires les plus populeuses sont situées près de Montréal en Montérégie, dans les Laurentides et dans Lanaudière.

2 Situation linguistique particulière

Parmi les dix provinces canadiennes, le Québec se distingue du fait qu'il est le seul État de toute l'Amérique du Nord dont la langue officielle, le français, est aussi celle de la majorité de la population. Alors que les groupes majoritaires ne se préoccupent généralement pas de leur survie, les francophones du Québec sont hantés par un profond sentiment d'insécurité linguistique, ce qui démontre qu'ils constituent une minorité au sein du Canada et en Amérique du Nord. Ce sentiment d'insécurité a été le déclencheur de tous les élans de fièvre nationaliste. La défense de la langue française constitue en effet la trame de fond du nationalisme québécois. En ce sens, le Québec apparaît comme une «société distincte» en Amérique du Nord.

Depuis la Conquête anglaise de 1763, l'insécurité linguistique a été causée par la dominance socio-économique de l'anglais, puis, à partir des années 1960, par la dénatalité chez les francophones, l'attraction exercée par l'anglais chez les immigrants et leur choix quasi exclusif de l'école anglaise, l'anglicisation marquée du monde du travail, etc. La concomitance de tous ces facteurs aurait dû, de toute évidence, incité les gouvernements à intervenir pour protéger le caractère français du Québec. Toutefois, comme nous le verrons, cette intervention a pris beaucoup de temps à se manifester et à se concrétiser.

Rappelons aussi que le français du Québec s'est toujours exporté à l'extérieur de la province, en Ontario, puis au Manitoba, en Alberta et en Colombie-Britannique. Il s’est aussi retrouvé au XIXe siècle dans le nord des États-Unis, particulièrement en Nouvelle-Angleterre, au Missouri et au Michigan. Les Québécois vont régulièrement grossir le nombre des minorités francophones des autres provinces canadiennes. 

Avant d'aborder directement la question de la politique linguistique du Québec, il paraît nécessaire de rappeler que le Québec n’est pas un État souverain et qu’il demeure juridiquement une province canadienne «comme les autres» sur un total de dix. Comme il constitue la seule province francophone de tout le Canada et qu’il est soumis aux mêmes dispositions de la Constitution canadienne – dispositions qu’il n’a pas nécessairement choisies –, sa politique linguistique pro-française risque de soulever des controverses parmi la population majoritaire anglo-canadienne. Le Québec forme une «société distincte», mais cette différence contrarie la majorité anglaise du pays. En ce sens, il y aurait lieu de comparer la politique linguistique du Québec, non pas à celle de la France – un État souverain – avec laquelle le Québec n’a rien de commun sauf la langue, mais plutôt à celle d’États non souverains tels que la Catalogne (Espagne), le Pays basque (Espagne), la province de Bolzano (Italie), le canton du Tessin (Suisse), la province du Sind (Pakistan), l'État du Tamil Nadu (Inde), etc., qui se distinguent aussi par la langue dans leur pays respectif.

 
  Québec  

(1) Présentation générale

 

(2) Données démolinguistiques
 

(3) Le problème de la dénatalité

 

(4) L'enjeu de l'immigration

 

(5) La politique linguistique

 

(6) Les modifications à la Charte de la langue française

 

(7) Les droits linguistiques de la minorité anglophone

 

(8) Les droits linguistiques
des autochtones

 

(9) Conclusion
 
(10) Bibliographie Charte de la langue française (2022) Évolution des frontières 1763-1927

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