Royaume de Norvège

Norvège

1) Situation géographique

2) Données démolinguistiques

Capitale: Oslo 
Population: 5,4 millions (2021)
Langues officielles: bokmål et nynorsk
Groupe majoritaire: bokmål (80 %)
Groupes minoritaires: nynorsk (17,5 %), same, romani, finnois (kvène)
Système politique: monarchie constitutionnelle
Articles constitutionnels (langue): art. 108 et 114 de la Constitution de 1814 (modifiée)
Lois linguistiques: Loi sur l'emploi des langues dans les services publics (1980, abrogée); Loi same (1987-2024);
Convention linguistique du Conseil nordique (1987); Règlement sur l'emploi des langues dans les services publics (en vigueur, 1988); Charte européenne des langues régionales ou minoritaires; Convention-cadre pour la protection des minorités nationales; Loi concernant le programme d'initiation et de formation en norvégien pour les immigrants nouvellement arrivés (2003, abrogée); Règlement du 20 avril 2005 n° 341 sur la formation en norvégien et en études sociales pour les immigrants (2005); Loi sur les langues (1922).
Lois scolaires: Loi sur l'enseignement primaire et secondaire (Loi sur l'éducation) (1998-2022); Loi sur les universités et les collèges (2002-2023); Loi sur la maternelle (2005-2022).
Lois à portée linguistique:  Loi sur les tribunaux (1927-2022); Loi sur la procédure pénale (1981-2023); Loi sur l'immigration (1988-2023)
; Loi sur les toponymes (1991-2021); Loi sur la radiodiffusion (1992-2020); Loi sur la nationalité norvégienne (2005); Loi sur les litiges (2005); Loi sur la commercialisation (2009-2023); Loi sur les marques de commerce (2010-2022); Règlement sur les toponymes (2017-2022); Loi sur l'intégration (2020-2023); Règlement sur l'intégration (2020-2023); Règlement du 16 juin sur la zone administrative pour la langue same (2023).

Le mot bokmål se prononce [bouk-môl] en français, comme dans bouc et pôle. Dans les langues scandinaves, la lettre å correspond au son [ô] en français comme dans hôtel et non [a] comme dans patte. Quant au mot nynorsk, la lettre y renvoie approximativement à la voyelle française [u] comme dans flûte; le mot nynorsk se prononce donc comme [nu-norsk] et non comme [ni-norsk].

1 Situation géographique

État de l'Europe du Nord, la Norvège forme la bordure occidentale de ce qu'on appelle la Scandinavie (voir la carte détaillée). Baignée à l'ouest et au nord par l'Atlantique et la mer de Norvège, au sud par la mer du Nord, la Norvège est limitée à l'est par la Russie, la Finlande et la Suède avec laquelle la Norvège partage la plus longue frontière (Suède: 1619 km; Finlande: 729 km; Russie: 167 km). Le pays occupe une superficie de 323 879 km², soit environ l'équivalent de l'Italie.

Le territoire norvégien comprend également l'archipel du Svalbard (62 160 km²), et l'île Jan Mayen dans l'océan Arctique, l'archipel des Lofoten-Vesterålen (4044 km²) et l'île Bouvet (inhabitée) dans l'océan Atlantique ainsi que l'île Pierre-Ier, au large de l'Antarctique. La terre de la Reine-Maud en Antarctique est également rattachée à la Norvège.


Après 2016 et 2020, la Norvège est passée de 19 à 18 comtés administratifs, puis à 11 comtés le 1er janvier 2020 (voir la carte). Le gouvernement norvégien a décidé de fusionner entre eux certains comtés afin d’en réduire le nombre et d’espérer faire des économies. Appelés fylker (singulier: fylke) en norvégien, ce sont des subdivisions de premier niveau au plan administratif. Un fylke est divisé en kommuner ou communes (municipalités).

Cependant, le Parlement norvégien (Storting) a voté en juin 2022 un annulation partielle de la réforme des comtés; à partir du 1er janvier 2024, la Norvège devrait dénombrer 15 comtés. Trois des comtés nouvellement fusionnés, à savoir Vestfold og Telemark, Viken et Troms og Finnmark, seront dissous et les anciens comtés à partir desquels ils ont été créés réapparaîtront.

Les comtés administrent la politique locale et ils sont dirigés par un président élu, tandis qu’un «fylkesmann», l’équivalent d'un préfet, représente l’État dans chacun d’eux.

2 Données démolinguistiques

Les comtés (ou provinces) les plus populeux sont situés dans le Sud: Viken (n° 11), Oslo (n° 5) et Vestland (n°10); ils représentent 56 % de la population du pays. Par opposition, les comtés de Troms og Finnmark (n° 8) et de Nordland (n° 4) abritent une population moins nombreuse.  Bref, la population est répartie assez inégalement selon les comtés.

Comtés administratifs Population 2020 Pourcentage Superficie
11 Viken 1 241 165 27,2 % 24 592 km²
5 Oslo 693 494 15,2 %    454 km²
10 Vestland 636 531 13,9 % 33 870 km²
6 Rogaland 479 892 10,5 %  9 377 km²
9 Trøndelag 468 702 10,2 % 42 201 km²
7 Vestfold og Telemark 419 396 9,2 % 17 465 km²
2 Innlandet 371 385 8,1 % 52 072 km²
1 Agder 307 231 6,7 % 16 434 km²
3 Møre og Romsdal 265 238 5,8 % 14 355 km²
8 Troms og Finnmark 243 311 5,3 % 74 829 km²
4 Nordland 241 235 5,3 % 38 154 km²
  Norvège 4 551 100    

2.1 Les groupes ethniques

Le tableau ci-dessous donne la liste des groupes ethniques de la Norvège. Bien qu'ils soient très nombreux, une soixantaine, le pays demeure néanmoins très homogène puisque plus de 80 % des habitants sont des Norvégiens d'origine, auxquels les Sames doivent être compris en tant qu'autochtones. Au nombre de 5,4 millions d'habitants, chacun des groupes minoritaires ne représente qu'une fraction de la population totale. Les Polonais sont le groupe le plus nombreux avec 2,1% de la population.  On ne peut que constater le caractère hétéroclite des autres groupes ethniques. Certains sont originaires de l'Europe (Lituaniens, Suédois, Russes, etc.), mais d'autres viennent de l'Asie (Arabes, Ourdous, Philippins, etc.) ou de l'Afrique (Somaliens, Arabes marocains, Érythréens, etc.), voire de l'Amérique du Sud. 

Groupe ethnique Population Pourcentage Langue principale Filiation linguistique Religion
Norvégien 4 544 000 83,0 % norvégien

langue germanique

christianisme
Polonais 118 000 2,1 % polonais langue slave christianisme
Lituanien 49 000 0,8 % lituanien langue balte christianisme
Somalien 44 000 0,8 % somali langue couchitique islam
Suédois 39 000 0,7 % suédois langue germanique christianisme
Arabe syrien 38 000 0,7 % arabe levantin famille afro-asiatique islam
Ourdou 35 000 0,6 % ourdou langue indo-iranienne islam
Arabe irakien 35 000 0,6 % arabe  mésopotamien famille afro-asiatique islam
Same du Nord 33 000 0,6 % same du Nord famille ouralienne christianisme
Tigré érythréen 31 000 0,5 % tigré famille afro-asiatique islam
Allemand 29 000 0,5 % allemand langue germanique christianisme
Asiatique du Sud 27 000 0,4 % ourdou langue indo-iranienne islam
Philippin 27 000 0,4 % philippin famille austronésienne christianisme
Vietnamien 24 000 0,4 % vietnamien famille austro-asiatique bouddhisme
Iranien 24 000 0,4 % farsi langue indo-iranienne islam
Russe 23 000 0,4  % russe langue slave christianisme
Danois 21 000 0,3 % danois langue germanique christianisme
Turc 21 000 0,3 % turc famille altaïque islam
Thaïlandais 21 000 0,3 % thaï famille thaï-kadai bouddhisme
Bosniaque 19 000 0,3 % bosniaque langue slave islam
Britannique 18 000 0,3 % anglais langue germanique christianisme
Thaï 18 000 0,3 % thaï du Nord-Est famille thaï-kadai bouddhisme
Roumain 18 000 0,3 % roumain langue romane christianisme
Serbe 15 000 0,2 % serbe langue slave christianisme
Chinois 13 000 0,2 % mandarin famille sino-tibétaine aucune
Letton 11 000 0,2 % letton langue balte christianisme
Malentendant 11 000 0,2 % Langue des signes langue germanique christianisme
Albanais 10 000 0,1 % albanais guègue isolat indo-européen islam
Latino-américain 10 000 0,1 % espagnol langue romane christianisme
Chilien 8 200 0,1 % espagnol langue romane christianisme
Arabe marocain 8 100 0,1 % Arabe marocain famille austro-asiatique islam
Américains 7 900 0,1 % anglais langue germanique christianisme
Afghan 7 500 0,1 % pachtou du Sud langue indo-iranienne islam
Finlandais 7 400 0,1 % finnois famille ouralienne christianisme
Rom tottare 7 300 0,1 % suédois langue germanique christianisme
Bulgare 7 300 0,1 % bulgare langue slave christianisme
Néerlandais 5 600 0,1 % néerlandais langue germanique aucune
Africain noir 5 400 0,0 % yorouba famille nigéro-congolaise christianisme
Kurde 5 400 0,0 % kurde langue indo-iranienne islam
Estonien 4 700 0,0 % estonien famille ouralienne aucune
Italien 4 600 0,0 % italien langue romane christianisme
Islandais 4 100 0,0 % islandais langue germanique christianisme
Slovaque 3 800 0,0 % slovaque langue slave christianisme
Éthiopien 3 700 0,0 % amharique famille austro-asiatique christianisme
Croate 3 500 0,0 % croate langue slave christianisme
Macédonien 3 300 0,0 % macédonien langue slave christianisme
Français 3 000 0,0 % français langue romane christianisme
Autres 47 100 0,7 % - - -
Total 5 473 900 100 % - - -

2.2 Les langues d'origine norvégienne

Le norvégien appartient à la branche septentrionale des langues germaniques (ou germaniques du Nord) avec le suédois, le danois, l'islandais, le féroïen et le gotlandais (parlé dans l'île de Gotland en Suède). À l'exception de petites communautés de migrants, la langue norvégienne n'est pas parlée en dehors de la Norvège, mais elle est particulièrement proche du danois et du suédois. En général, les locuteurs de ces trois langues parviennent facilement à se comprendre, même si cette capacité s'est détériorée au cours de la dernière génération. En acquérant le danois, le suédois ou le norvégien, le locuteur peut communiquer avec environ 20 millions de locuteurs. Aujourd'hui, l'islandais et le féroïen, langues insulaires, sont relativement éloignés du norvégien et pratiquement incompréhensibles pour les locuteurs du norvégien.

Pour un pays comptant une population de cinq millions d'habitants et caractérisé par une rare homogénéité linguistique, il est presque paradoxal de croire qu'il y a une division linguistique en Norvège. Pourtant, il existe un clivage dans la langue norvégienne, puisque celle-ci connaît deux variantes:  le bokmål (bouk-môl) et le nynorsk (nu-norsk). Bien que dans le passé ce clivage ait provoqué des remous politiques plus importants au cours de la période de 1880 à 1963, nous pouvons constater aujourd'hui que le pays vit une «paix linguistique» grâce à d'importantes réformes législatives. L'aboutissement de ce clivage est la reconnaissance de deux variantes norvégiennes officielles à valeur égale, le bokmål et le nynorsk.

La Norvège compte également d'autres groupes linguistiques norvégiens. Ceux-ci concernent les minorités nationales ("Nasjonale minoriteter"), depuis que la Norvège a ratifié la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales et la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Ces minorités sont peu nombreuses et constituent de petites communautés parlant les langues suivantes: le same et ses variétés, le romani des Roms et le romanès des Tsiganes, le kvène des Kvènes (personnes d’origine finlandaise vivant dans le nord du pays), le finnois skogfinn des Skogfinn (personnes de souche finlandaise habitant le sud du pays) et le yiddish des Juifs.

Au sens strict du terme, les Sames ne se considèrent pas «une minorité nationale» parce que, en tant qu'autochtones (peuple indigène), ils jouissent, selon le Sámediggi (Assemblée same), de droits juridiques et politiques plus étendus que ceux couverts par les dispositions de la législation norvégienne.  

2.3 Les deux variantes du norvégien

Il existe deux variétés norvégiennes officielles, la variante bokmål (bouk-môl) et la variante nynorsk (nu-norsk). Ces deux variétés de la même langue sont mutuellement intelligibles, sans le recours à la traduction. Environ 80% des locuteurs du norvégien s'expriment en bokmål, contre 20% en nynorsk. Mais le bokmål et le nynorsk sont avant tout des variantes écrites du norvégien; lorsqu'ils parlent, la plupart des Norvégiens ont recours à un parler ou un dialecte local qui est plus ou moins le même que l'une des deux formes de langue écrite. 

Le bokmål signifie littéralement «langue des livres», alors que le nynorsk signifie «nouveau norvégien». Historiquement, le bokmål est issu du riksmål («langue du royaume»), c'est-à-dire du dano-norvégien élaboré lors de la domination danoise. Quant au nynorsk, il est l'héritier du landsmål, la «langue des campagnes» (appelé aussi «langue nationale»). Au total, les deux variétés norvégiennes comptent pour 83,3% des locuteurs du pays.

Étant donné qu'au moins 80% des Norvégiens utilisent le norvégien comme langue maternelle, en fait l’une des deux variantes (bokmål ou nynorsk), on peut dire que la Norvège est un pays relativement homogène au plan linguistique.

Le norvégien (dans sa variété bokmål ou nynorsk) est une langue scandinave du groupe germanique du Nord, comme le suédois, le danois et l'islandais (et le féroïen):

Norvégien Danois Suédois Islandais Français
skjorte
hanske
far
mann
hus
dør
kurv
flaske
blomst
sort
hands
keskjort
fader
mand
hus
dør
kurv
flaske
blomst
sort
skjorta
handske
fa(de)r
man
hus
dörr
korg
flaska
bloma
svart
skyrta
hanzki
faðir
eiginmaður
hús
dyr
karfa
flaska
blóm
svartur
chemise
gant
père
mari (époux)
maison
porte
panier
bouteille
fleur
noir

De toutes les langues scandinaves, c'est l'islandais qui est la langue la plus différenciée. Les Danois, les Norvégiens et les Suédois se comprennent mutuellement sans trop d'efforts. Mais aucun des locuteurs de ces langues ne comprend ni ne lit l'islandais, tandis qu'un islandophone comprend assez aisément les trois autres langues.

- L'intercompréhension

Ces deux langues officielles (ou variantes officielles) de la Norvège sont, rappelons-le, relativement proches et l'intercompréhension entre les deux, rappelons-le, est quasi totale. À cela s'ajoute le fait qu'une partie des Norvégiens, qui écrivent le bokmål, parlent dans la vie courante un bokmål teinté de formes dialectales que l'on retrouve en nynorsk. Précisons qu'en Norvège on ne parle jamais de deux «langues», mais de deux «variantes» d'une même langue. Même la loi utilise souvent les expressions de «variante linguistique» ou de «variante majoritaire» dans ses textes. Ci-dessous, on peut lire en français, en bokmål et en nynorsk l'article 1er de la Déclaration universelle des droits de l'homme :

Français

Bokmål

Nynorsk

Article 1er

Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.

Artikkel 1

Alle mennesker er født frie og med samme menneskeverd og menneskerettigheter. De er utstyrt med fornuft og samvittighet og bør handle mot hverandre i brorskapets ånd.

Artikkel 1

Alle menneske er fødde til fridom og med same menneskeverd og menneskerettar. Dei har fått fornuft og samvit og skal leve med kvarandre som brør.

On peut recourir à quelques exemples pour montrer les ressemblances entre les deux variantes norvégiennes:

Bokmål

Nynorsk

Français

Gammel
Hammer
Bånd
Hånd
Våkne
Gammal
Hammar
Band
Hand
Vakne

vieux
marteau
bande
main
se réveiller

Aske
Datter
Hilse
Kilde
Melk
Oske
Dotter
Helse
Kjelde
Mjølk (mjø)[mel]

cendres
fille
saluer
source
lait

Glemme
Bunn
Brudd
Skudd
Hul
Glømme
Botn
Brott
Skott
Hol

oublier
fond
fracture
coup de feu
creux

Hull
Hule
Kull
Dyp
Myk
Hol
Holle
Kol
Djup
Mjuk

trou
grotte
charbon
profond
mou

Syk
Tykk
Øke
Øst
Løs
Sjuk
Tjukk
Auke
Aust
Laus

malade
gros
augmenter
est (point cardinal)
lâche 

Ørret
Blek 
Mene 
Skje
Fløte
Aure
Bleik
Meine
Skei
Fløyte

truite
pâle
vouloir dire
cuillère
crème fraîche

Løse
Hviske 
Hvit 
Hvor 
Løyse
Kviskre
Kvit
[Kor]

détacher
chuchoter
blanc

Source: d'après Comparación entre Bokmål y Nynorsk
http://meltingpot.fortunecity.com/ormonde/795/bokny.htm

Enfin, terminons avec les exemples suivants avec le bokmål et le nynorsk en les comparant avec le suédois et le danois:

Français Je suis allé deux fois en Norvège
Anglais I have been to Norway twice.
Bokmål Jeg har vært to ganger i Norge.
Nynorsk Eg har vore to gonger i Noreg.
Danois Jeg har været i Norge to gange.
Suédois Jag har varit i Norge två gånger.
Islandais Ég hef farið tvisvar til Noregs.
On peut remarquer que la phrase dans les deux variantes norvégiennes se ressemblent passablement, et que la même phrase en danois se rapproche du bokmål et assez aisément du suédois. Par contre, l'islandais se révèle plutôt éloigné du bokmål tout en ayant de petites similitudes avec le nynorsk.  

Quant à l'anglais, il diffère nettement des langues nordiques du fait qu'il est une langue germanique de l'Ouest avec le frison.

Si les deux variantes officielles sont sur un pied d'égalité au plan juridique, elles ne le sont guère au point de vue social. Les grands journaux et les médias en général sont dominés par le bokmål, qui demeure la langue enseignée dans tous les centres urbains et la plupart des zones industrielles; c'est donc la langue des affaires et de la publicité. La variété bokmål a toujours joui d'un prestige certain sur la variété nynorsk, car elle a été la langue commune des citoyens plus instruits. Le bokmål bénéficie aussi du grand avantage d'être parlé par plus de 80 % de la population dont la norme employée est en pleine expansion. Il faut aussi ajouter que le système morphologique du bokmål est un peu plus simple que celui du nynorsk, ce qui fait que le système le moins compliqué est celui qui est présent partout. Bref, le bokmål bénéficie du même statut qu'une langue officielle par rapport à une langue non officielle; c'est donc dire qu'en Norvège le bokmål est plus officiel que le nynorsk dans les faits, car il symbolise un niveau social plus prestigieux.

Il existe aussi une langue écrite officieuse, le høgnorsk («haut-norvégien»), qui correspond à une variante du nynorsk et du bokmål.

- Le nynorsk minoritaire

Cependant, la législation qui régit le statut des deux variétés linguistiques impose aux administrations locales, aux établissements d'enseignement et aux médias des «quotas» pour l'emploi du nynorsk. En Norvège, parce que le nynorsk est minoritaire, il faut le protéger. Le nynorsk est massivement parlé dans les zones rurales, particulièrement dans les régions où la population est stable et où les locuteurs parlent un dialecte local traditionnel. Ainsi, le nynorsk dans sa forme normalisée et employée dans les écoles n'est pas parlé par les communautés locales, qui préfèrent leur «nynorsk dialectal». Lorsque les locuteurs du nynorsk provenant de différentes régions se regroupent, ils emploient alors le «nynorsk normalisé». Et voici un petit exemple de mots dans leur contexte (en français: «Il ne criait plus, il avait peur des réponses qu'il avait reçues»).

En dialecte local En nynorsk En bokmål
Han rope kje lenger, var rædd dei svar han fekk. Han ropar ikkje lenger, var redd dei svara han fekk. Han roper ikke lenger, var redd for de svarene han fikk.

Selon le professeur Eyvind Fjeld Halvorsen de l'Université d'Oslo, les rapports entre les deux langues norvégiennes sont stables depuis plusieurs années. Le bokmål continue de dominer et d'exercer des pressions sur le nynorsk, ce qui fait que le nynorsk est devenu une langue ou une variété norvégienne minoritaire. Dans tous les cas, le bokmål et le nynorsk sont officiellement appelés «langue norvégienne» ou Norske språk ou simplement Norsk.

- Le statut linguistique des municipalités

Lorsqu'on consulte la carte linguistique complète des municipalités à statut officiel du bokmål, du nynorsk et du «neutre», on doit constater que, sur 428 municipalités norvégienne, 160 (soit 37%) ont choisi le bokmål, 113 le nynorsk (soit 26%) et 155 (soit 36%) ont préféré rester «neutres», c'est-à-dire sans décision sur leur statut linguistique.

Les municipalités ayant le bokmål sont situées, d'une part, dans le Nord, les comtés de Troms-et-Finnmar, de Nordland, de Trøndelag, d'autre part, dans le Sud-Est avec les comtés d'Innlandet, de Vestfold-et-Telemark et d'Oslo.

En terme de superficie, les municipalités du nynorsk sont loin d'être en déficit et elles sont pour la plupart localisées dans le Sud-Ouest, plus particulièrement dans le comté de Vestland, mais aussi dans les comtés de Rogaland et de Møre-et-Romsdal. En 2023, les 113 municipalités du nynorsk regroupaient au moins 12 % de la population). Dans le Vestland, presque toutes les municipalités ont déclaré le nynorsk comme la norme officielle. La municipalité d'Ålesund (50 000 hab.) dans le Møre-et-Romsdal est la plus grande municipalité avec le nynorsk comme langue officielle. Les régions qui prévalent pour le nynorsk sont généralement les zones rurales.

La minorisation des locuteurs du nynorsk ne signifie nullement que celui-ci va bientôt s'éteindre, voire reculer. N'oublions pas que le nynorsk reste la langue principale des Norvégiens habitant la plus grande partie géographique du sud du pays (voir la figure ci-contre). Il semble y avoir plus de municipalités dont la variante officielle est le nynorsk que le bokmål.

Pour sa part, le nynorsk, dérivé des anciens dialectes norvégiens, est plus répandu dans les zones rurales (p. ex., le long des fjords de la côte ouest et dans les villages de montagne à l'intérieur du pays). Les règles concernant le choix de la langue enseignée sont fixées par la loi. Par ailleurs, la pression exercée par le bokmål dans les zones rurales est bien moindre.

On pourrait même dire que le sentiment d'identité des locuteurs du nynorsk est plus grand que chez ceux du bokmål. En général, les locuteurs du nynorsk demeurent plus combatifs que ceux du bokmål, car pour changer de variante il est plus facile de passer du nynorsk au bokmål que l'inverse. Il est rare en effet qu'un Norvégien perde le bokmål pour adopter le nynorsk. En général, les locuteurs du bokmål semblent «indifférents» comparativement aux locuteurs du nynorsk dont la conscience linguistique est plus forte. Les locuteurs du nynorsk affirment que leur langue est «la seule langue véritablement norvégienne», alors que le bokmål ne serait pas norvégien, mais «danois». Enfin, en Norvège, la question linguistique passe très vite au plan émotif et elle fait régulièrement dans les médias l'objet de querelles et de caricatures. La langue étrangère la plus connue est l'anglais.

La principale norme employée dans les écoles primaires est décidée par référendum dans le district scolaire local. Le nombre de districts scolaires et d'élèves utilisant principalement le nynorsk a diminué par rapport à sa taille dans les années 1940, même dans les municipalités du nynorsk. Cette variante fait également partie du programme d'études scolaires dans les écoles secondaires et primaires pour tous les élèves de Norvège, où les élèves apprennent à l'écrire.

2.4 Les variétés dialectales du norvégien

La langue parlée norvégienne se caractérise aussi par des différences dialectales relativement importantes, parfois fortes et vigoureuses. Les différences dialectales peuvent être attribuées en partie à de grandes distances géographiques et au fait que le paysage montagneux a pu favoriser des contacts limités entre les habitants dans le passé. Cependant, ce qui est particulier à propos de la Norvège, c’est la forte importance que l’emploi des variétés dialectales a acquise ces derniers temps. À l’exception des situations où l’on est lié par l’écriture, il est relativement rare de passer à l’un des «langages standards», même dans des contextes plus formels. Un enseignant peut donner occasionnellement une partie de cours dans un dialecte local.

Une distinction est faite entre deux principaux groupes de dialectes en Norvège, le norvégien oriental et le norvégien occidental. Les variétés dialectales norvégiennes orientales sont parlées dans l’est de la Norvège, dans les comtés d'Innlandet, de Viken et de Vesfold-et-Telemark; les variétés dialectales occidentales sont parlées dans les comtés dans l'ouest de la Norvèrge: Møre-et-Romsdal
, Vestland, Rogaland et Agder. Le norvégien septentrional est parlé dans les comtés de Troms og Finnmark et de Nordland.

Enfin, le trøndersk est un groupe de dialectes norvégiens parlés dans le comté de Trøndelag, notamment dans la municipalité de Bindal. Il existe aussi des différences considérables entre les différents dialectes locaux; ils sont plus traditionnels dans les zones rurales que dans les zones urbaines.

2.5  Les minorités nationales

Il n’existe pas en Norvège d’estimation précise du nombre de personnes appartenant aux minorités nationales, puisque aucune statistique officielle n’est tenue sur la base de critères strictement «ethniques». En se basant à la fois sur les représentants des groupes ethniques eux-mêmes et les recherches effectuées par des spécialistes, on peut estimer que le pays abrite actuellement environ 10 000 à 15 000 Kvènes (Kven), 1500 à 2000 Juifs, quelques centaines de Skogfinn, 2000 à 3000 «Romani / Voyageurs» et 300 à 400 Roms/Tsiganes.

Les Sames, les Kvènes, les Skogfinn, les Juifs et les Roms/Tsiganes constituent les minorités nationales de la Norvège. Elles ne parlent pas toutes leur langue ancestrale, loin de là, mais lorsque c'est le cas elles emploient respectivement le same (Sames), le finnois (kvène et skogfinn) ou le romani/romanès. En réalité, très peu de Kvènes, de Skogfinns et de Roms/Tsiganes parlent encore leur langue ancestrale; la plupart se sont assimilés au cours des siècles précédents, surtout aux XIXe et au XXe siècles lors des politiques de norvégianisation pratiquées par les différents gouvernements.

- Les Sames

Sapmi

Les Sames, appelés anciennement «Lapons» mais Sâmidiggi en langue same, parlent le same, une langue de la famille ouralienne, à l’instar du finnois, de l’estonien et du hongrois. Depuis quelques années, le terme Lapon servant à désigner les autochtones est remplacé par Sábme, Same ou Sami. La communauté same considère que le mot Lapon revêt une connotation méprisante et étrangère et se qualifie elle-même de Same. En français, on utilise de préférence le mot same (adjectif) et Same ou Sami (nom).

Soulignons que la plupart des Sames vivent dans les régions septentrionales de la Finlande, de la Norvège, de la Suède et de la Russie, mais la plus grande partie de la Laponie (Sápmi) se trouve en territoire norvégien. Quelque 70 000 à 100 000 Sames sont installés dans cette grande région nordique appelée Sápmi dans laquelle on dénombre dix langues sames (voir la carte détaillée). Quelque 30 000 Sames vivent en Norvège; la plupart vivent dans le comté de Troms-et-Finnmark, tout au nord du pays. Aux quelque 20 000 Sames de Norvège, il faut ajouter quelque 3000 autres en Finlande, 10 000 en Suède et environ 1000 en Russie.

Au point de vue linguistique, les Sames de Suède se répartissent en trois grands groupes linguistiques (le groupe central, le groupe oriental et le groupe méridional) et cinq sous-groupes au total (voir la carte et le tableau détaillés), dont deux variétés (same de Pite et same d'Um) sont pratiquement éteintes :

1) le same du Nord  (groupe central): env. 15 000 en Norvège.
2) le same de Skolt
(groupe oriental) : env. 100 locuteurs en Norvège.
3) le same de Lule (groupe central): env. 500 locuteurs en Norvège.
4) le same de Pite (groupe central): considéré comme éteint en Norvège.
5) le same d'Um (groupe méridional): considéré comme éteint en Norvège.
6) le same du Sud (groupe méridional): env. 300 locuteurs en Norvège.

Au point de vue de la législation, ces diverses langues sames sont considérées comme formant une seule et même langue minoritaire, le same. Il est relativement aisé pour les Sames appartenant à un même groupe (central ou méridional) de se comprendre, chacun parlant sa variété linguistique. Mais c'est plus difficile entre, par exemple, le same du Nord et le same du Sud.

En Norvège, le same de Lule est parlé dans une partie du Nordland (Tysfjord étant la municipalité comptant la plus grande concentration de locuteurs du same de Lule), le same méridional dans le Nordland et le Trøndelag. Dans le Troms-et-Finmark oriental (près de la Russie), les Sames s’expriment en same de Skolt. La plupart des Sames de Norvège sont bilingues (same-norvégien); il s’agit généralement du bokmål puisque c’est cette langue (variété) qui est enseignée dans les écoles sames. Outre l'élevage des rennes, la pêche, l'agriculture, les Sames vivent, pour une bonne part, de leurs activités dans le secteur tertiaire. Faute de recensement récent des Sames en tant que groupe ethnique, le gouvernement norvégien ne dispose d'aucune statistique permettant d'évaluer le nombre exact de locuteurs d'origine pratiquant l’une des variétés du same; les données numériques déjà mentionnées ne correspondent donc qu’à des approximations.

Un grand nombre de langues et de variétés dialectales sames sont parlées sur les terres ancestrales des Sames, mais selon l’UNESCO elles sont toutes en danger. Leurs classifications varient de «définitivement en voie de disparition» pour le same du Nord, la langue same la plus parlée avec environ 25 000 locuteurs, à «en danger critique» pour le same de Pite, en principe disparu de Norvège, mais dont il resterait environ 30 locuteurs en Suède.

Une langue «en danger» est définie comme une langue dont le nombre d’enfants capables de la parler diminue, tandis qu’une «langue gravement menacée» est une langue employée par presque les seuls adultes. Pour le gouvernement, il est devenu important que les trois langues sames (same du Nord, same de Lule et same du Sud) soient préservées et développées en tant que langues vivantes en Norvège.

- Les Roms/Tsiganes et les Gens du voyage

La Norvège compte aussi deux communautés assez proches l'une de l'autre: les «Gens du voyage» et les Roms/Tsiganes. Il s'agit de populations plus ou moins dispersées à travers tout le pays, bien que la plupart soient concentrés dans les grandes villes du Sud; ces communautés «non territoriales» sont présentes en Norvège depuis quelques siècles. Au sens de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, il s’agit de minorités «dépourvues de territoire». On ignore le nombre exact des membres de ces communautés; pour ce qui est de la connaissance de la langue, c'est le mystère le plus complet. 

Par ailleurs, dans la Loi sur les langues de 2022, la Norvège emploie deux termes pour désigner la langue de ces communautés:

- le romani: c'est la langue des «Gens du voyage», appelée le «romani norvégien»; cette variété de romani (indo-iranienne) a emprunté de nombreux mots aux langues slaves et à l'allemand; leur nombre est estimée à environ 4000 personnes en Norvège.

- le romanès: c'est la langue des Roms/Tsiganes, appelée aussi le «romani valaque»; cette variété romanès (indo-iranienne) a emprunté de nombreux mots au roumain; on estime à environ 400 le nombre de locuteurs du romanès, essentiellement dans la région d'Oslo.

La grammaire des deux langues s’est également développée différemment au cours de 700 ans d'existence. Le romani norvégien a adopté une syntaxe suédo-norvégienne, tant en termes de conjugaison que de structure de phrases. Le romanès, en revanche, a hérité une grande partie d'un système grammatical indo-iranien, avec des éléments de plusieurs langues balkaniques. Cela dit, les deux langues ont conservé un large vocabulaire d'origine indo-iranienne, arménienne et grecque.

- Les Kvènes et les Skogfinns

Pas davantage que pour les autres minorités, il n’existe pas de statistique officielle pour les finnophones (famille ouralienne) parlant le kvène résidant en Norvège. On croit qu'il peuvent compter sur un total de 10 000 à 15 000 personnes, dont quelques centaines pour les Skogfinns, mais le gouvernement norvégien les estime entre 5000 et 8000.

On les appelle Kvènes (en français), Kven en norvégien et Kveeni en finnois et en anglais) lorsqu'ils sont concentrés au nord, le long de la frontière finno-norvégienne, ou Skogfinn lorsqu'ils résident dans le Sud. 

Aujourd'hui, la plupart des locuteurs de la langue kvène résident surtout dans les petites municipalités norvégiennes du Nord-Est, dans le comté de Troms-et-Finnmark, telles Bugøynes (230 hab.), Neiden (250 hab.), Vestre Jakobselv (527 hab.), Vadsø (6186 hab.) et Børselv (4000 hab.). Dans ce comté, quelques locuteurs âgés se trouvent encore dans les municipalités de Nordreisa (4600 hab.) et de Storfjord (1900 hab.). Cependant, près de la Russie, c'est la municipalité de Bugøynes qui demeure la localité la plus importante pour les Kvènes de Norvège.

Dans le nord-est, la langue parlée est assez similaire au finnois, alors qu'à l'ouest d'Alta les quelques locuteurs de cette langue présentent beaucoup de particularités, en raison d'un isolement plus profond par rapport à la Finlande.

Même au sein de la communauté kvène, les opinions diffèrent divergent sur l’appellation de «kvène» ou de «finnois» qu’il convient de donner à la langue de ce groupe linguistique minoritaire. L’État norvégien a souvent choisi la double forme «kvène/finnois». Il existe également un désaccord, non seulement chez les Kvènes mais aussi chez les spécialistes, sur la question de savoir si le kvène constitue une langue «à part entière» ou une «variante du finnois». Certains Kvènes rédigent leurs textes en restant le plus près possible du kvène parlé; il s'agit alors de textes «écrits en kvène». Toutefois, la plupart des Kvènes écrivent leur langue en respectant la forme traditionnelle (en finnois standard) utilisée en Finlande, que ce soit pour les conjugaisons, les déclinaisons, le choix des mots, etc.; dans ce cas, les autorités avaient décidé qu’il s’agissait du «finnois» et non du «kvène». En avril 2005, le gouvernement norvégien a reconnu le kvène comme une «langue distincte», non comme un «dialecte du finnois». On ignore le nombre réel des locuteurs de ce «finnois norvégien», mais les estimations laissent croire que ce serait autour de 5000 locuteurs pour le finnois kvène et 200 personnes pour le finnois skogfinn, ce qui en fait une langue menacée ou en grand danger.

Soulignons que ces nombres restent imprécis, car ils correspondent aux personnes qui «pourraient» se considérer comme appartenant aux groupes minoritaires en question et non aux individus qui parlent couramment la langue d'un groupe donné; comme toujours, le nombre des locuteurs d'une langue minoritaire et plus faible que celui du groupe ethnique correspondant.

2.5 Les immigrants

Les immigrants forment un groupe non négligeable en Norvège. Jusque dans les années 1970, la Norvège était un pays extrêmement homogène. Puis il y a eu la découverte du pétrole dans la mer du Nord, ce qui a rendu le pays plus cosmopolite. En raison de l'exploitation pétrolière, le pays a eu d'immenses besoins en main-d'œuvre. Pour les combler, le nombre d'immigrants a triplé, juste entre 1995 et 2010.  En 1999, le nombre de personnes immigrantes s'élevait en effet à 260 700, soit 5,89 % population totale. En 2006, le Bureau central de la statistique, le Statistisk sentralbyrå, avait comptabilisé quelque 45 800 immigrants sur le sol norvégien, soit 30 % de plus qu'en 2005. Au début de l'année 2009, il y avait 508 200 personnes d'origine immigrante en Norvège (immigrants et enfants d'immigrants), soit 10,6 % de la population totale.

- Depuis 2017

En 2017, la population immigrée de la Norvège comptait 883 751 personnes, soit 16,8 % de la population totale du pays, y compris les personnes nées à l’étranger et les personnes nées en Norvège avec deux parents nés à l’étranger et quatre grands-parents nés à l’étranger. De ce nombre, 724 987 personnes sont nés à l’étranger, tandis que 158 764 sont nés en Norvège avec des parents nés à l’étranger. Les dix pays d’origine les plus courants des immigrants résidant en Norvège sont la Pologne (97 197), la Lituanie (37 638), la Suède (36 315), la Somalie (28 696), l’Allemagne (24 601), l’Irak (22 493), la Syrie (20 823), les Philippines (20 537), le Pakistan (19 973) et l’Érythrée (19 957). La population immigrée comprend des personnes originaires d’un total de 221 pays et régions autonomes, mais 25% des immigrants appartiennent à l’un des quatre groupes de migrants : Polonais, Lituaniens, Suédois et Somaliens.

- Les langues

Au final, on peut dénombrer plus de 150 langues différentes en Norvège. Parmi les plus grandes langues de l'immigration, telles qu'elles sont mesurées en fonction du nombre des locuteurs en Norvège, il faut mentionner l'ourdou, le panjabi, le suédois, l'anglais, le danois, le vietnamien, le serbo-croate (bosniaque, croate et serbe) et l'albanais, le tout avec plus de 15 000 locuteurs pour ces seules langues. 

Oslo est la ville avec le plus grand pourcentage d'habitants d'origine immigrante, avec plus de 150 100, soit 25 % de sa population totale.  Les autres villes sont Rogaland et Hordaland avec 4900 et 4400 respectivement. Oslo, Rogaland et Hordaland rassemblent ensemble près de la moitié du solde migratoire total de la Norvège. Cette situation a entraîné l'apparition en Norvège de partis de droite, voire d'extrême-droite, lesquels dénoncent l'immigration massive. Par exemple, le Parti du progrès, réputé pour être nationaliste et xénophobe, a recueilli plus de 22 % des voix aux élections législatives de 2009; son chef a fait de l'islamophobie la matrice de son discours politique. Depuis la tragédie de juillet 2011, faisant plus de 80 morts, la plupart des partis politiques norvégiens se sont dissociés de la tuerie et ont dénoncé ceux qui, dans leur rang, la minimisent. La thèse d'une attaque islamiste a été avancée à tort, car le tueur était un Norvégien, pas un musulman. S'il est vrai que les immigrants adultes apprennent peu le norvégien, les petits enfants, eux, l'apprennent tôt dans les garderies en bonne partie subventionnées par l'État.

Cela dit, selon les statistiques officielles du gouvernement, 87% des Norvégiens affirmaient en 2023 être «entièrement» ou «plutôt d'accord» sur le fait que la plupart des immigrants apportent une contribution utile à la vie professionnelle norvégienne. Dans ce pays, une forte immigration de main-d’œuvre est liée à la demande de main-d’œuvre et aux possibilités d’augmentation de la production dans les secteurs privé et public, ce qui contribue à la richesse collective. De plus, la Norvège a prévu des mesures pour que les nouveaux arrivants puissent apprendre la langue nationale.

Dernière révision: 19 février 2024


(1) Situation générale
 


(2) Données historiques
 


(3) La politique de bilinguisme institutionnel
 


(4) La politique à l'égard des minorités nationales

 

Norvège
 

(5) Bibliographie
 

L'Europe

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