Royaume du Maroc |
Maroc(3) La politique d'arabisation |
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Au lendemain de lindépendance, les dirigeants marocains ont commencé une ambitieuse politique darabisation qui devait progressivement remplacer le français par larabe classique, en réalité l'arabe moderne. Tout a commencé en 1961 lorsque le gouvernement a tenté darabiser lenseignement. Puis l'Administration et les services de police ont été mis à contribution. Le roi Hassan II avait fixé cinq composantes de l'identité marocaine: l'islam, la monarchie constitutionnelle, l'unité nationale, le rite malékite et la langue arabe. Tous les Marocains devaient s'identifier à ces fondements destinés à préserver à la nation son rôle et sa place dans le monde. Mais la promotion de l'arabe nécessitait sa protection par voie législative, les dirigeants marocains jugeant que sa préservation constituait un devoir dicté par l'islam. Le gouvernement s'est heurté à un problème important: la pénurie d'instituteurs d'arabe. On a donc importé et embauché dans la précipitation de nombreux instituteurs égyptiens et saoudiens pour combler le déficit, mais en même temps ceux-ci en ont profité pour transmettre leurs valeurs wahhabites et ont islamisé l’enseignement.
En 1980, larabisation était complétée pour les quatre premières années du primaire. Larabisation comptait entre 30 % à 50 % au secondaire. Par la suite, le gouvernement tenta darabiser la fonction publique, mais sans succès, les fonctionnaires résistant farouchement à leurs privilèges; le gouvernement dut capituler. Quant à lenvironnement, cest-à-dire les situations véhiculées par les médias, la signalisation routière, laffichage, létiquetage, etc., le Maroc entreprit une arabisation en douceur qui se solda par un demi-échec. Au Maroc, laffichage est resté français, sauf pour les édifices gouvernementaux qui sont devenus bilingues.
La plupart des pays arabophones sont aux prises avec des militants nationalistes qui considèrent que l'arabe est la seule langue permettant l’unité de la Nation arabe. Pour ceux qui partagent l'idéologie pan-arabiste, les langues nationales, y compris les variétés locales d'arabe, représenteraient une entrave à la constitution de la Grande Nation arabe qui passe nécessairement par l’unification linguistique. Ce sont tous des Jacobins, c'est-à-dire des partisans d'un État centralisé et intransigeant à l'égard des autres langues. Ce courant est constitué majoritairement par des forces sociales arabisantes, notamment par des enseignants éduqués aux principes de l’arabisme militant. Il a pour habitude de survaloriser la langue et la culture arabes en dévalorisant les autres langues et cultures existantes, par exemple la langue des Berbères et la langue de l’ex-colonisateur, le français, une langue associée maintenant à l'impérialisme, ce que ne serait pas l'anglais (?). Les islamistes arabisants estiment que la langue arabe est une «langue sacrée» et qu'elle est «la langue de la Révélation». C'est pourquoi le discours nationaliste-arabo-islamiste entraîne nécessairement une arabisation totale de l'État, en l'occurrence au Maroc, dans la mesure où l’arabisation constituerait le seul moyen pouvant sauvegarder l'identité nationale et empêcher l’assimilation et la dissolution dans la culture étrangère. Cette idéologie est courante dans la plupart des pays arabophones, et le Maroc n'est donc pas une exception.
1.1 Les dispositions constitutionnelles
Selon la Constitution de 2011, l'arabe est la «langue officielle de l'État»:
Article 5
(2011) L’arabe demeure la langue officielle de l'État. L'État œuvre à la protection et au développement de la langue arabe, ainsi qu’à la promotion de son utilisation. De même, l’amazighe constitue une langue officielle de l'État, en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception. |
Dans la Constitution de 1996, le Maroc n'avait pas d'article particulier proclamant que l'arabe était la langue officielle du pays. Cette proclamation existait dès la première phrase du Préambule de la Constitution, non dans un article :
Préambule
(1996) Le royaume du Maroc, État musulman souverain, dont la langue officielle est l'arabe, constitue une partie du Grand Maghreb arabe. |
C'est en vertu de cette disposition que l'arabisation s'est instaurée au Maroc, mais il s'agit, de toute évidence, de l'arabe classique (standard), non de l'arabe marocain. L'État doit œuvrer à sa promotion et à son développement, ce qui n'est pas le cas de l'amazigh qui fait partie du patrimoine commun.
1.2 La législature et la justice
En raison de l'article 5 de la Constitution de 2011, l'arabe est la langue officielle du Maroc. Il s'agit, bien sûr, de l'arabe littéraire, non de l'arabe marocain. (1996) ne contient aucune disposition linguistique dans ses articles internes, l'arabe classique (standard) est la langue officielle dans les faits (de facto) et non de par la loi (de jure), du fait qu'aucun type d'arabe n'est formellement nommé.
- La législature
La langue arabe littéraire est utilisée dans la rédaction des lois, des règlements, des décrets ou du Bulletin officiel (B.O.). Les lois sont toutes rédigées et promulguées en arabe, puis elles sont, la plupart du temps, traduites en français. Ainsi, le Bulletin officiel comporte deux versions: l'une en arabe, l'autre en français. Seule la version arabe fait foi, le français étant une langue traduite. Dans les débats parlementaires, deux langues sont utilisées: larabe standard et larabe marocain.
L'amazigh n'est pas autorisé dans les deux Chambres du Parlement: les députés berbérophones qui veulent poser des questions doivent les remettre préalablement par écrit en arabe et s'exprimer ensuite dans cette langue. La raison avancée est l’absence de logistique et des moyens de traduction, malgré les protestations de l’Observatoire amazigh des droits et libertés, qui a envoyé une lettre à tous les responsables, ainsi qu’au premier ministre, leur rappelant que la langue amazighe est officielle depuis juillet 2011.
Signalons une terminologie assez particulière au Marco, le dahir. Le dahir désigne un décret royal destiné à apposer le sceau du roi sur les textes de lois votés au parlement. Ainsi, une loi promulguée doit faire l'objet d'une publication au Bulletin officiel du Royaume dans un délai n'excédant pas un mois, courant à compter de la date du dahir de sa promulgation. Le roi peut aussi procéder par dahir afin d'exercer certaines de ses prérogatives prévues dans la Constitution.
- La justice
En matière de justice, seul larabe classique est utilisé dans les documents écrits, alors que larabe marocain et l'arabe officiel sont les langues admises et employées dans les plaidoyers et les communications orales. Lorsqu'il s'agit de formules juridiques, celles-ci sont prononcées en arabe classique, mais s'il y a des communications entre les personnes concernées, c’est l’arabe marocain qui est employé dans les tribunaux. Il existe une sorte de bilinguisme de l'arabe classique et de l'arabe marocain. De façon générale, les deux variétés d'arabe sont employées simultanément : tout ce qui est dit au tribunal est rapporté dans des documents écrits en arabe classique et tout est traduit oralement en arabe marocain. Bref, l’arabe classique est la langue utilisée dans les documents, ainsi que par les magistrats, les avocats et l’ensemble des fonctionnaires parce que, grâce à leurs études, il leur est possible de s’exprimer en arabe classique. Toutefois, dès qu’ils doivent se faire comprendre par les parties en présence ou les justiciables, ils ont automatiquement recours à l’arabe marocain. C’est également le cas pour les justiciables qui se trouvent dans l’obligation de communiquer devant les tribunaux : ils emploient une langue dans laquelle ils se sentent à l’aise et peuvent s’exprimer en arabe marocain.
Selon le Dahir portant loi n° 1-74-447 approuvant le texte du Code de procédure civile (1974), seule la langue arabe est autorisée:
Article 327-13
L'arbitrage se déroule en langue arabe,
sauf convention contraire des parties ou lorsque le tribunal arbitral décide de
choisir une ou d'autres langues. Ladite convention ou décision s'applique
à la langue dans laquelle sont établies les données, les mémoires écrits,
les documents et les Le tribunal arbitral peut décider de faire joindre à tous ou partie des documents écrits produits lors de l'instance leur traduction dans la ou les langues utilisées dans l'arbitrage. En cas de pluralité des langues, la traduction peut être limitée à quelques-unes. |
Il est possible d'utiliser le berbère (ou n'importe quelle de ses variétés), mais il faut alors une traduction en arabe destinée au juge et au personnel judiciaire. Dans ce cas, le berbère (ou ses variétés) demeure une langue traduite, ce qui nuit aux amazighophones qui devraient avoir les mêmes droits à une défense équitable que les autres citoyens marocains arabophones. Le français peut être utilisé pour les étrangers (accusés ou témoins). Quoi qu'il en soit, le juge doit toujours formuler sa sentence en arabe standard.
Mentionnons aussi qu'il existe des tribunaux pour les affaires musulmanes qui gèrent le statut personnel, contrairement aux tribunaux de l'État, qui gèrent les domaines du droit créés par les institutions nationales, à savoir, le droit pénal, le droit des affaires, etc. Dans les tribunaux religieux, seul l'arabe classique est en principe admis, mais il faut bien recourir à l'arabe marocain lorsqu'on a affaire à des analphabètes qui ignorent tout de l'arabe littéraire.
1.3 L'administration publique
Dans ladministration publique, les communications orales avec les citoyens se déroulent normalement en arabe marocain, mais elles peuvent seffectuer en arabe standard ou en français. Dans les zones berbérophones, les fonctionnaires peuvent communiquer oralement en l’une ou l’autre des langues berbères, notamment en tachelhit, en tamazight ou en tarifit.
Quant aux missives officielles, elles sont généralement disponibles et en arabe et en français, mais la version arabe nest à peu près jamais utilisée. Dans les hôpitaux ou autres établissements de santé, les soins sont assurés en arabe marocain et en français, sauf dans les régions berbères où ils peuvent être dispensés oralement en berbère. En somme, le français continue dexercer dans ladministration publique une influence très grande au Maroc.
Les ministères de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur, de la Santé, de l'Agriculture, des Finances, etc., dont les documents administratifs sont entièrement arabisés, utilisent l'arabe à l'écrit, mais le français dans les domaines techniques et spécialisés. À l'oral, c'est l'arabe marocain qui prévaut. De façon générale, les fonctionnaires de l’État, ainsi que les agents d’autorité et de justice, exigent des citoyens berbérophones, ignorant l’arabe ou le parlant avec difficulté, l’usage de cette langue au sein des institutions, ce qui conduit à les priver de leurs droits.
Concernant la correspondance officielle, l’usage du français a longtemps été autorisé. Mais la circulaire n° 53-98-cab du 22 chaabane 1419 (11 décembre 1998) concernant l'utilisation de la langue arabe, et émanant du premier ministre (Abderrahmane Youssoufi), apportait cette directive:
Conformément à la Constitution qui fait de l’arabe la langue officielle de l’État, toutes les administrations, les institutions publiques et les communes sont dorénavant tenues d’utiliser la langue arabe dans leurs correspondances à usage interne ou externe [...]. Par conséquent, toute correspondance dans une autre langue est formellement interdite […]. |
Cette circulaire n'a jamais empêché les rapports informels qui peuvent se faire en français ou même en amazigh. Autrement dit, les activités des ministères sont menées en arabe, en français ou dans les deux langues. Ces dernières années, on peut constater que la plupart des fonctionnaires reçoivent une formation en français. On sait aussi que les communications internes se font généralement en français : plus on s'élève dans la dans la hiérarchie de l’entreprise, plus le français est utilisé. À l'inverse, plus on descend dans la hiérarchie, plus l’arabe marocain est employé.
- L'état civil
L'état civil continue toujours d'être une question litigieuse au Maroc, surtout pour les Berbères. En 1996, le dahir n° 1-96-97 du 2 août 1996 prescrivait que le «le prénom à inscrire sur le registre de l’état civil doit présenter un caractère traditionnel marocain» et que ce prénom «ne doit pas être d’origine étrangère». De plus, «le prénom ne pourra pas faire référence au nom d’une ville, d’un village ou d’une tribu. Il ne doit pas non plus porter atteinte à la morale ou à l’ordre public».
En 2002, le dahir de 1996 a été abrogé et remplacé par le dahir n° 1-02-239 portant promulgation de la loi n° 37-99 relative à l'état civil (2002). L'article 21 reprend le texte de 1996:
Article 21
Le prénom choisi par la
personne faisant la déclaration de naissance en vue de
l'inscription sur les registres de l'état civil doit présenter
un caractère marocain et ne doit être ni un nom de
famille ni un nom composé de plus de deux prénoms, ni un nom de
ville, de village ou de tribu, comme il ne doit pas être de
nature à porter atteinte aux bonnes mœurs ou à l'ordre public. |
Il faut préciser que l'expression «caractère marocain» a toujours été interprétée selon la libre appréciation des agents de l’état civil, ce qui a permis d'exclure, surtout dans les grandes villes, les prénoms berbères. Parfois, dans une même région, un prénom peut être accepté dans une localité et refusé dans l’autre.
L'article 23 du même dahir prévoit l'établissement d'un livret de famille rédigé en arabe :
Article 23 Il est institué un livret de famille d'état civil rédigé en
langue arabe avec transcription en caractère latins des prénom,
nom, lieu de naissance et noms des parents à côté de leur
transcription en lettres arabes. Ce livret est délivré à
l'époux marocain inscrit à l'état civil par l'officier de l'état
civil de son lieu de naissance s'il ne possède pas de livret
d'identité et d'état civil, après mention de son acte de mariage ou
du document attestant son mariage sur son acte de naissance et après
ouverture d'un dossier de famille qui sera tenu au bureau. La forme
et le contenu du livret de famille seront fixés par voie
réglementaire. |
Le «livret de famille» est un document officiel consistant en un recueil d'extraits d'actes d'état civil relatifs à une famille. Le prénom déclaré doit précéder le nom de famille lors de l’inscription sur le Registre de l’état civil et ne doit comporter aucun sobriquet ou titre tel que «Moulay», «Sidi» ou «Lalla».
- La nationalité marocaine
Il est difficile d'obtenir la nationalité marocaine par naturalisation de la part d'un étranger. Selon l'article 11 du Code de la nationalité (2007), il faut au préalable démonter «une connaissance suffisante de la langue arabe»:
Article 11 Sous réserve des exceptions prévues à l'article 12, l'étranger qui formule la demande d'acquisition de la nationalité marocaine par la naturalisation doit justifier qu'il remplit les conditions fixées ci-après: 1° - avoir une résidence habituelle et régulière au Maroc pendant
les cinq années précédant le dépôt de sa demande, et
5° - justifier d'une connaissance suffisante de la langue arabe ; |
En fait, la nationalité marocaine semble aussi difficile à obtenir qu’à perdre. En général, environ 130 personnes obtiennent ainsi chaque année la nationalité marocaine, toutes toutes nationalités confondues.
- La protection du consommateur
La législation marocaine a prévu des mesures de protection à l'intention des consommateurs afin de consolider leurs droits fondamentaux et promouvoir une plus grande information concernant la consommation. Ainsi, l'article 55 de la loi 31/08 édictant des mesures de protection du consommateur (2011) interdit d'utiliser le mot «solde» ou ses équivalent dans d'autres langues (que l'arabe). De plus, un contrat conclu dans une langue étrangère doit être obligatoirement accompagné d’une traduction en arabe (art. 206) :
Article 55 Toute publicité relative à une opération de soldes mentionne la date de début de l’opération, sa durée et la nature des biens ou produits sur lesquels porte l’opération, si celle-ci ne concerne pas la totalité des biens ou produits du fournisseur. Dans toute publicité, enseigne,
dénomination sociale ou nom commercial, l’emploi du mot solde(s), de
ses équivalents dans d’autres langues ou de ses dérivés est interdit
pour désigner toute activité, dénomination sociale ou nom
commercial, enseigne ou qualité qui ne se rapporte pas à une
opération de soldes telle que définie à l’article 53. Tout contrat conclu dans une langue étrangère doit être obligatoirement accompagné d’une traduction en arabe. |
Le ministère des Affaires étrangères utilise l'arabe avec les pays arabophones, le français avec les pays francophones, l'anglais pour les pays anglophones et l'espagnol pour les pays hispanophones. Néanmoins, le français est généralement employé comme langue de communication internationale.
Le système d'éducation marocain se subdivise ainsi:
Le lycée qualifiant peut c omporter un enseignement secondaire avec des classes préparatoires permettant l'accès aux écoles et aux instituts supérieurs ou préparant au brevet de technicien supérieur. Dans l'enseignement public, 79 % fréquentent le primaire, contre 10% pour le secondaire collégial et 11% pour le secondaire qualifiant. Au privé, on trouve 70% de fréquentation au primaire, 20% pour le collégial et 10 % pour le qualifiant. |
En 2005, 95 % des effectifs scolaires étaient scolarisés dans le secteur public, contre 4,8 % dans le secteur privé. La plupart des quelque 1500 établissements privés relèvent des missions françaises installées au Maroc.
Il existe aussi une autre catégorie particulière d'écoles: les écoles d'enseignement originel. Du préscolaire jusqu'à la fin du secondaire, ces écoles se spécialisent dans la préservation de la vie spirituelle et le raffermissement de l'identité culturelle marocaine. Il s'agit donc d'un enseignement basé sur les disciplines islamiques et la langue arabe. Un autre filière est également possible: la continuation du système français.
De façon normale, l’enseignement scolaire public au Maroc est régi par un texte de base important, le dahir n° 1-63-071 du 13 novembre relatif à l'obligation de l'enseignement (1963), mais celui-ci ne contient aucune disposition concernant les langues d'enseignement. Néanmoins, cette loi devait avoir des conséquences linguistiques en obligeant tous les enfants marocains à fréquenter l'école à partir de sept ans jusqu'à treize ans révolus, car l'école impose aussi une langue d'enseignement, l'arabe.
2.1 L'arabisation comme cheval de bataille
L'arabisation au sein du système d'éducation a été et est toujours demeuré le cheval de bataille des autorités marocaines. Depuis deux décennies, le Maroc a accordé au secteur de l'éducation une importance particulière, compte tenu du rôle primordial qui lui revient dans le développement économique, social et culturel. À cet égard, des efforts soutenus sont déployés en vue de permettre à tous les enfants en âge scolaire l'accès à l'enseignement et à la formation et, par là, contribuer de manière effective au développement socio-économique du pays. Dans le domaine de l’éducation, le gouvernement marocain pratique néanmoins une politique d'ouverture à l’égard du français, tout en assurant au système d'éducation la place prépondérante à l'arabe, la langue officielle du pays, comme le prescrit l'article 2 de la
Charte nationale d'éducation et de formation (1999) :
Article 2 Le système éducatif du Royaume du Maroc respecte et révèle
l’identité ancestrale de la Nation. Il en manifeste les valeurs sacrées et
intangibles: la foi en Dieu, l'amour de la Patrie et l'attachement à la
Monarchie constitutionnelle. |
L'article 3 de la Charte nationale d'éducation et de formation laisse entendre que le système d'éducation tient compte de la pluralité de ses composantes en s'enracinant dans le patrimoine culturel du Maroc, dans le respect de ses composantes régionales qui s’enrichissent mutuellement :
Article 3 Le système éducatif s'enracine dans le patrimoine culturel du Maroc. Il respecte la variété de ses composantes régionales qui s'enrichissent mutuellement. Il conserve et développe la spécificité de ce patrimoine, dans ses dimensions éthiques et culturelles. |
L'article 2 du décret n° 2-02-376 du 17 juillet 2002 portant statut particulier des établissements d'éducation et d'enseignement public distingue trois types d'établissements publics:
Article 2 Les établissements d'éducation et d'enseignement public se subdivisent en :
Les établissements d'éducation et d'enseignement public peuvent aussi comporter des classes pratiques au profit des centres de formation relevant du secteur de l'éducation nationale. |
2.2 L'enseignement préscolaire
Selon la Charte nationale, l'enseignement préscolaire est obligatoire et accessible à tous les enfants de moins de six ans. En 2007, le taux brut de scolarisation des élèves en préscolaire au Maroc était d'environ 60 %. En vertu de l'article 3 de la Charte nationale d'éducation et de formation (1999), l'enseignement de niveau préscolaire doit favoriser l'apprentissage de la lecture et l'écriture en langue arabe, notamment à travers la maîtrise de l'arabe oral, et en s'appuyant sur les langues maternelles :
Article 63 L'enseignement préscolaire L’enseignement préscolaire est ouvert aux enfants âgés de quatre ans révolus à six ans. Il aura pour objectif général, durant deux années, de faciliter l'épanouissement physique, cognitif et affectif de l'enfant, le développement de son autonomie et sa socialisation, notamment à travers:
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Dès la maternelle, les enfants apprennent quelques rudiments darabe classique et parfois de français. Dans les écoles coraniques, seul l'arabe classique est utilisé. Dans les établissements privés, c'est soit le français soit le bilinguisme français-arabe.
2.3 L'enseignement primaire
Le cycle de l'enseignement primaire dure six ans et accueille les enfants de 6 à 12 ans. À ce niveau, lapprentissage de larabe standard se poursuit au premier cycle, mais lélève commence à apprendre le français à la troisième année (comme langue seconde). Durant le second cycle du primaire, l'arabe demeure la langue d'enseignement; le français, une matière d'enseignement. L'article 65 de la Charte nationale d'éducation et de formation (1999) prescrit ce qui suit:
Article 65 Le premier cycle de l'école primaire
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Malheureusement, le taux de redoublement au niveau primaire est relativement élevé (13,7 % pour les garçons et 9,7 % pour les filles), ainsi que le taux d'abandon scolaire (11,8 % en 2011).
2.4 L'enseignement secondaire
L'enseignement secondaire s'ouvre par un cycle d'enseignement collégial de trois ans, appelé «collège» ou «lycée collégial». Les élèves de première année choisissent entre plusieurs options, lettres, sciences, mathématiques ou une option dite «originelle». Ce type d'enseignement est basé sur les disciplines islamiques et la langue arabe tout en introduisant les langues étrangères; il a pour objectif essentiel la conservation de «l’identité marocaine» et la préservation des «valeurs éthiques et morales de la société marocaine».
Dans le secondaire, l'arabe standard reste la langue d'enseignement, alors que le français est une matière d'enseignement, une langue seconde. Mais, dans les matières économiques et techniques, le français devient une langue d'enseignement. Fait insolite: le ministère de lÉducation impose un examen dentrée au secondaire, qui comporte deux épreuves, dont une en français. Voici le cursus actuel d’apprentissage du français dans l’enseignement public:
Premier cycle fondamental Nombre d’heures par semaine |
Première année 0 h |
Deuxième année 0 h |
Troisième année 8 h |
Quatrième année 8 h |
Cinquième année 8 h |
Sixième année 8 h |
Deuxième cycle fondamental Nombre d’heures par semaine |
Première année 6 h |
Deuxième année 6 h |
Troisième année 6 h |
Cycle secondaire Filières scientifiques Filières littéraires Filières techniques |
Tertiaire Industriel |
Première année 4 h 5 h 4 h 4 h |
Deuxième année 4 h 5 h 3 h 4 h |
Troisième année 4 h 5 h 3 h 4 h |
L'arabe moderne standard est enseigné en raison de 11 heures/semaine pour les deux premières années du premier cycle fondamental, puis de six heures/semaine pour les trois autres années et tout le deuxième cycle fondamental. Au cycle secondaire, l'enseignement de l'arabe standard occupe généralement deux heures/semaines pour les filières scientifiques et cinq heures/semaine pour les filières littéraires. Toutefois, l'apprentissage de l'arabe standard ne signifie pas nécessairement que tous les élèves sont capables de le parler. Pour de nombreux Marocains, l'arabe standard reste une langue exclusivement écrite; ils ne parleront que l'arabe marocain durant toute leur vie. Cet enseignement est proposé à la fois aux élèves qui ont la variété de l'arabe marocain comme langue maternelle et ceux qui ont l'une des trois variétés d'amazigh. Dans l'apprentissage de l'arabe, cette situation paraît plus favorable aux élèves arabophones que pour les berbérophones.
Par ailleurs, le taux brut de scolarisation au niveau secondaire en 2007 était de 55,8 %. Mais dans l'enseignement secondaire les taux de redoublement et d'abandon restent élevés. Évidemment, l'une des solutions serait d'enseigner l'arabe marocain (le darija) pour les arabophones ou le berbère pour les berbérophones, du moins durant les premières années du primaire. Cependant, il paraît impensable de supprimer l'arabe classique. Certains y verraient une atteinte à la langue sacrée, la langue du Coran. De plus, d'autres considèrent que l'élite francophone ou francophile qui défend ouvertement l'usage de l'arabe marocain aurait pour réel objectif d'asservir le peuple. En fait, dans un monde idéal, le système d'éducation marocain devrait favoriser au moins trois langues. D'abord l'arabe marocain ou le berbère (amazigh) au primaire tout en introduisant progressivement l'arabe classique et le français à des fins de communications internationales. Au secondaire, seuls l'arabe classique et le français, voire un peu d'anglais, seraient enseignés.
L'un des problèmes avec la langue arabe classique, c’est qu’elle est défendue par des arabophones religieux qui la considèrent comme un objet sacré qu'il ne faut ni toucher ni souiller, au lieu de la considérer comme un outil de communication entre les individus et entre les peuples. Les défenseurs de cet arabe sacré croient que tout apport extérieur, qu'il vienne du français, de l'arabe marocain, de l'amazigh ou de l'anglais, constitue une menace.
2.5 Les études supérieures
Il n’existe pas de disposition juridique réglementant l’enseignement universitaire. Le service juridique au sein du ministère de l’Enseignement supérieur ne dispose d’aucun document contenant des lois réglementant la langue d’enseignement au supérieur. Toutefois, la pratique réelle est de continuer de respecter les directives du décret no 2-78-452 du 2 octobre 1978 portant réforme du régime des études et des examens en vue de la licence en droit (article 8), ce qui signifie que l'enseignement est en arabe, mais que des dispositions dites «provisoires» autorisent l'emploi d'une autre langue:
Article 8 1) La langue d'enseignement est la langue arabe. Toutefois, à titre transitoire, l'enseignement sera organisé également en langue française. Quant aux disciplines de droit musulman (introduction à l'étude du droit musulman, statut personnel, théorie générale et sources, successions et immeubles non immatriculés), elles sont obligatoirement enseignées en langue arabe. 2) Pendant l'application du régime provisoire, l'étudiant doit faire connaître, lors de son inscription en première année du premier cycle, son intention de suivre les cours en langue arabe ou en langue française. Ce choix est irrévocable, l'étudiant est tenu de participer aux séances de travaux dirigés et de présenter les épreuves écrites et orales dans la langue d'enseignement qu'il aura choisie. 3) Pendant l'application du régime transitoire, l'autorité gouvernementale chargée de l'enseignement supérieurs fixe, au début de chaque année universitaire, après avis du conseil de faculté, la liste des disciplines qui seront enseignées en langue arabe. 4) La discipline de terminologie juridique est enseignée en langue française pour les étudiants qui ont choisi de suivre les cours langue arabe; elle est enseignée en arabe pour les étudiants qui ont choisi de suivre les cours en langue française. |
En 1999, la Charte nationale d'éducation et de formation a modernisé la formule dans l'emploi de la langue arabe et des langues étrangères, sans rien modifier au système:
Article 112 La préparation à l'ouverture de sections de recherche scientifique avancée et d'enseignement supérieur, en langue arabe, nécessite d'intégrer cet effort dans le cadre d'un projet prospectif, ambitieux, embrassant les dimensions culturelles et scientifiques modernes, portant sur les axes suivants:
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En 2000, l'article Loi n° 01-00 portant organisation de l'enseignement supérieur les mêmes dispositions en y intégrant des études et de la recherche sur la langue et la culture amazigh:
Article 1er L'enseignement supérieur, objet de la présente loi, est fondé sur les principes suivants :
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Il existe au Maroc une vingtaine d’universités publiques ou privées. Comme il fallait s'y attendre, le système qui devait rester «provisoire» est devenu permanent. Dans les faits, les sciences humaines, à l’excep
tion du droit, sont généralement dispensées en arabe classique; les sciences (dont les sciences médicales) et les techniques, en français. Malgré l'arabisation poussée dans l'enseignement, le développement de la terminologie scientifique n'est pas achevé, les sciences et les technologies continuent d'être enseignées en français. Il n'est donc pas possible de se passer du français dans les universités, sauf dans les sciences religieuses.Sans qu’il n’y ait de règle précise à ce sujet, c’est le professeur qui choisit la langue d’enseignement, normalement le français. Les élèves connaissant déjà dans quelle langue enseigne le professeur ont ainsi une certaine liberté de choisir «leur» langue d’enseignement. En réalité, il faut bien l’admettre, l’arabisation dans les universités a été grandement ralentie, sinon arrêtée, depuis que les étudiants se sont révoltés parce que leurs diplôm
es arabes ne leur offraient pas les mêmes débouchés que les diplômes «français» sur le marché du travail. Quant à l’anglais et les autres langues, il s'agit de matières enseignées parmi bien d’autres.2.6 Les établissements d'enseignement privés
Le secteur d'enseignement connaît une forte expansion depuis plusieurs années. Selon le ministère marocain de l'Éducation nationale, le nombre d’étudiants de l’enseignement privé a connu, au cours des dernières années, une hausse annuelle de 11,2 %, en passant de 576 700 élèves en 2009-2010 à 641 344 élèves en 2010-2011. Le nombre total des élèves inscrits dans le privé représente 1,1 % pour l’année 2010-2011 de l’ensemble des élèves au Maroc. Le ministère de l’Éducation nationale aurait pour ambition d’atteindre les 20% au terme de l’année 2015.
Pour lÉtat, il convient de déployer tous les efforts nécessaires pour encourager les investissements privés dans ce secteur. Toutes les mesures nécessaires ont été prises pour améliorer la pertinence de l'apprentissage dans les établissements d'enseignement privé et stimuler ainsi la demande sociale pour l'accès à ce type d'enseignement, ce qui permet aussi à l'État d'économiser des sous ou des.... dirhams.
En 1959, le dahir n° 1-59-049 du 1er juin 1959 formant statut de l'enseignement privé (aujourd'hui abrogé) obligeait les établissements d'enseignement privés à enseigner l'arabe pour un minimum de trois heures par semaine:
Article 30
[abrogé] Tout établissement d'enseignement privé doit inclure dans ses programmes l'enseignement de l'histoire et de la géographie du Maroc. S'il n'utilise pas la langue arabe comme langue véhiculaire, il doit en outre réserver à celle langue un minimum de trois heures par semaine dans chacune des classes. Notre ministre de l'Éducation nationale pourra cependant imposer un horaire plus important de langue arabe dans les établissements où cela s'avère rait nécessaire. |
En 1991, l'article 10 de la loi n°15-86 formant statut de l'enseignement privé (aujourd'hui abrogée elle aussi) obligeait les établissements d'enseignement privé à introduire dans leur programme des cours de langue arabe, sans préciser le nombre d'heures:
Article 10 Les établissements d'enseignement privé doivent se conformer aux programmes, horaires et manuels appliqués dans les établissements d'enseignement public. Ils peuvent y adjoindre d'autres programmes ou manuels, s'ils le jugent utile, après autorisation de l'administration. Les établissements d'enseignement privé qui envisagent de dispenser un type d'enseignement inexistant dans l'enseignement public doivent obtenir l'accord préalable de l'administration sur les programmes et horaires qu'ils se proposent d'appliquer et les manuels qu'ils se proposent d'utiliser. En outre, les établissements d'enseignement privé doivent
introduire dans leur programme des cours de langue arabe,
d'éducation islamique, d'histoire et géographie du Maroc pour
les établissements d'enseignement primaire, préparatoire,
secondaire et de formation professionnelle et des cours de
langue arabe pour les établissements d'enseignement
supérieur. |
En 2000, la loi n° 06-00 formant statut de l’enseignement scolaire privé (2000) énonce à l'article 4 que «les établissements d’enseignement scolaire privé sont tenus de respecter comme minimum les normes d’équipement, d’encadrement, de programmes et de méthodes en vigueur dans l’enseignement public». En principe, ces établissements seraient tenus d'enseigner l'arabe, mais l'article 34 de la même loi soumet à un autre régime les établissements régis dans le cadre d’accords conclus entre le gouvernement du Royaume du Maroc et des gouvernements étrangers ou des organismes internationaux:
Article 31 Les dispositions de la présente loi ne sont pas applicables aux établissements d’enseignement exerçant leur activité dans le cadre d’accords conclus entre le gouvernement du Royaume du Maroc et des gouvernements étrangers ou des organismes internationaux. Toutefois, les dits établissements restent soumis au contrôle de l’Académie régionale d’éducation et de formation quant à leur respect des clauses desdits accords. |
En somme, la législation marocaine sur l’enseignement privé ne s’applique pas aux établissements français du Maroc, sauf que l’académie régionale, chargée du contrôle de l’enseignement public dans son ressort territorial, est également en charge de l’inspection du respect des clauses de ces accords internationaux. Ainsi, pour un grand nombre d'établissements français (annexes A et B de la Convention), c'est la Convention de partenariat pour la coopération culturelle et le développement entre le gouvernement de la République française et le gouvernement du Royaume du Maroc (2010), qui s'applique. Ainsi, l'article 20 des «Outils de coopération» laisse toute initiative à l'enseignement de la langue et de la culture d'origine:
Article 20 Ces programmes comprennent obligatoirement, et sur une base identique pour tous les établissements et à tous les degrés, une composante d'enseignement de la langue et de la culture d'origine, de l'histoire, de la géographie et des institutions du pays de résidence. |
En fait, les Français sont entrés en force dans le secteur privé. Dans ce secteur, cest lunilinguisme français qui règne. On y compte des dizaines de lycées français très recherchés par les classes marocaines aisées; pour un non-Français, les frais de scolarité de ces écoles demeurent hors de prix.
Dans l’enseignement du français, ces établissements sont tenus de respecter les horaires minimums de l’enseignement public, mais ils sont libres de les augmenter. Quant aux programmes, ils ne sont aucunement tenus de respecter ceux de l’enseignement public. C’est pourquoi la quasi-totalité des établissements de haut standing appliquent les programmes de la Mission française et utilisent des manuels officiels de l’enseignement français. Il existe également au Maroc une université privée: il s'agit de l'Université Al Akhawayne. Dans cet établissement supérieur, la plupart des matières y sont enseignées en anglais.
2.7 Les langues étrangères
Enfin, dans le domaine des langues étrangères, les langues les plus répandues sont l’anglais et l’espagnol, mais aussi l'allemand. Dans les cycles primaire et moyen, leur enseignement est considéré comme «une activité parascolaire»; il devient obligatoire lors du cycle secondaire où sont aussi enseignés l’allemand et l’italien. À l'heure actuelle, l'enseignement de l'espagnol au Maroc est bien organisé, et il est supervisé, entre autres, par le ministère espagnol des Affaires étrangères et le ministère espagnol de l'Éducation et la Culture. L'espagnol est enseigné en général dans les écoles privées au secondaire, mais certaines écoles publiques commencent à l'enseigner dans les écoles primaires. Le français n'est pas vraiment considéré comme une «langue étrangère»; il fait partie de l'enseignement normal dès la troisième année du primaire.
Afin de promouvoir la langue arabe, le Maroc a créé des organismes linguistiques. Ces organismes servent à assurer la promotion de la langue arabe classique, non l'arabe marocain.
Le premier organisme linguistique fut créée en 1960. Ce fut l'Institut d’études et de recherches pour l’arabisation, qui avait pour objectif de rendre à la langue arabe la place qu’elle avait perdue durant la période coloniale. Ainsi, l'arabe devait remplir pleinement son rôle de langue nationale en se réappropriant les fonctions de communication, de formation et de gestion à tous les niveaux et dans tous les domaines de la vie collective. La création de cet organisme s'inscrivait dans le cadre d'une politique d'arabisation destinée à calmer les forces sociales arabistes, qui éprouvaient une certaine humiliation de constater que la langue française se maintenait dans la société marocaine après la conquête de l’indépendance.
En 1979, l'Académie du royaume du Maroc fut créé. C'est une
institution désignée par le palais royale marocain destinée à assurer la pérennité de l'Islamisme et de l'arabité, excluant par le fait même toute allusion à l'amazighité.L'Académie Mohammed VI de la langue arabe,
créée en 2003 par le dahir portant promulgation de la loi portant création de l'académie Mohammed VI de la langue arabe, afin de promouvoir la langue arabe; l'Académie veut ainsi assurer le développement de l'arabe et lui permettre de s'adapter aux innovations de la recherche scientifique, linguistique, éducative et technologique; veiller à son bon usage et à la normalisation de ses règles et inciter à la généralisation de son utilisation dans tous les services publics:
Article 2
L’Académie est une haute instance nationale de référence qui a
pour objet de promouvoir la langue arabe, d’assurer son
développement et de lui permettre de s’adapter aux innovations de la
recherche scientifique, linguistique, éducative et technologique, de
veiller à son bon usage et à la normalisation de ses
règles et d’inciter à la généralisation de son utilisation
dans tous les services publics.
|
La Constitution de 2011 a prévu la création du Conseil national des langues et de la culture marocaines. Cette fois-ci, il ne s'agit pas d'un organisme voué exclusivement à la promotion de l'arabe. L'organisme est «chargé notamment de la protection et du développement des langues arabe et amazighe et des diverses expressions culturelles marocaines». Il regroupe l'ensemble des institutions concernées par ces domaines. Ces objectifs principaux sont la protection et le développement des langues arabe et amazighe et des diverses expressions culturelles marocaines. Il n'a pas encore vu le jour.
Il existe aussi l'Alliance nationale pour la défense de la langue arabe, qui ne fait pas beaucoup parler d'elle.
Quant à l'Organisation islamique pour l'éducation, les sciences et la culture (ISESCO), c'est un organisme international fondé en 1982 et installé à Rabat, la capitale. L'ISESCO peut, par décision de sa Conférence générale et sur proposition de son Conseil exécutif, créer, dans tout autre pays, des centres, des bureaux ou des organismes subsidiaires ou placés sous son contrôle. Fonctionnant dans le cadre de l'Organisation de la Coopération islamique, l'ISESCO est spécialisée dans les domaines de l'éducation, des sciences, de la culture et de la communication. Ses langues de travail sont l'arabe, l'anglais et le français. L'article 4 de la Charte précise ainsi les objectifs de l'ISESCO:
Charte de l'Organisation islamique pour l'éducation, les sciences et la culture Article 4 Objectifs a) Renforcer, approfondir et encourager la coopération entre les États membres dans les domaines de l'éducation, des sciences, de la culture et de la communication, promouvoir et développer ces domaines dans le cadre du référentiel civilisationnel du Monde islamique et à la lumière des valeurs et des idéaux humains islamiques. b) Consolider l'entente entre les peuples à l’intérieur et en dehors des États membres et participer à l'instauration de la paix et de la sécurité dans le monde par tous les moyens possibles, et particulièrement à travers l'éducation, les sciences, la culture et la communication. c) Faire connaître l’image authentique de l’Islam et de la culture islamique, promouvoir le dialogue entre les civilisations, les cultures et les religions et veiller à la diffusion de la culture de la justice et de la paix et des principes de liberté et des droits de l’Homme, tels que perçus dans la civilisation islamique. d) Promouvoir l’interaction culturelle et consolider les aspects de la diversité culturelle dans les États membres, tout en oeuvrant à la sauvegarde de l’identité culturelle et à la préservation de l’indépendance intellectuelle. e) Renforcer la complémentarité et la coordination entre les institutions de l'Organisation de la Coopération islamique spécialisées dans les domaines de l'éducation, des sciences, de la culture et de la communication et entre les États membres de l’ISESCO, et raffermir la coopération et le partenariat avec les institutions gouvernementales et non gouvernementales similaires et d’intérêt commun, qui oeuvrent à l’intérieur et en dehors des États membres. f) Accorder de l’intérêt à la culture islamique, mettre en valeur ses spécificités et faire connaître ses composantes à travers les études académiques, les recherches scientifiques et les programmes pédagogiques. g) Œuvrer à la complémentarité et à l'instauration de liens entre les systèmes éducatifs au sein des États membres. h) Soutenir les efforts des institutions éducatives, scientifiques et culturelles des musulmans établies dans les États non membres de l’ISESCO. [...] |
Évidemment, ces organismes ne laissent aucune place à des langues et à des cultures autres que l'arabe classique.
La vie économique au Maroc est véhiculée en trois langues: l'arabe marocain (oral), l'arabe standard (écrit) et le français (oral et écrit). En ce qui a trait à l'affichage et à la publicité commerciale, la presse a souvent fait écho dans le passé à la trop grande importance accordée à une langue étrangère: le français. Dès 1973, le journal L'Opinion (7 mai 1973) rappelait l'existence des arrêtés municipaux qui prescrivaient l'arabe sur toutes les enseignes commerciales et les autres affiches publiques. Or, ces arrêtés nont jamais été appliqués et ils n'ont été appuyés par aucune véritable législation de la part du Parlement.
Aujourd'hui, l'usage le plus courant est d'utiliser le bilinguisme français-arabe dans l'affichage en général,
notamment dans la signalisation routière, laquelle accorde une certaine
prépondérance à l'arabe dont les inscriptions sont toujours placées au-dessus du
français. Sauf exception, le bilinguisme est systématique, surtout en milieu
urbain. Ce bilinguisme est omniprésent dans tous les quartiers, y
compris les quartiers populaires. Néanmoins, dans certaines grandes
villes, par exemple Rabat et Casablanca, le langue française peut être
la seule utilisée dans les quartiers chic ou les centres d'affaires,
alors que dans certains quartiers populaires la langue arabe peut être
la seule employée. Ce bilinguisme est devenu tellement familier aux
Marocains qu'ils ne le remarquent même plus. Dans la publicité commerciale, les inscriptions bilingues accordent souvent la priorité au français, quand elles ne sont pas exclusivement en français, surtout dans les villes, ce qui suscite parfois des protestations de la part de la presse. La publicité portant sur les produits de luxe est généralement uniquement en français Lunilinguisme arabe est tout de même relativement fréquent, alors que lunilinguisme français demeure très courant, surtout celle destinée aux touristes et aux produits de consommation. Comme l'unilinguisme français est plus fréquent que l'unilinguisme arabe, cela revient à accorder une certaine prépondérance au français écrit. |
Lorsque la publicité commerciale s'adresse particulièrement aux
femmes, il peut arriver que seul l'unilinguisme arabe apparaisse. La
publicité illustrée à gauche en est un exemple.
La prééminence du français dans la publicité
commercial peut s'expliquer par le fait que les chefs d'entreprises,
les créateurs et les responsables du marketing au Maroc sont très
majoritairement francophones. Ils ne conçoivent jamais leur
stratégie en arabe. Quand ils le font, c'est pour la forme, non pour
attirer davantage le public. La génération des publicitaires qui se partagent
actuellement le marché sont tous issus de la société d'État
française héritée du colonialisme, l'agence Havas, et ont tous, sans
exception, fait leurs études dans les missions françaises. Dans cet
univers complètement occidentalisé de la publicité, l'emploi de
l'arabe est vécu davantage comme une contrainte plutôt que comme un
média. En réalité, seul l'affichage officiel de l'Administration marocaine paraît systématiquement en deux langues: l'arabe et le français. Il s'agit principalement des édifices gouvernementaux et municipaux, de la signalisation routière et des noms de rues.
En somme, la situation de l'affichage du Maroc ressemble à celle de la Tunisie où le bilinguisme est généralisé, mais la place du français dans ce domaine est encore plus importante au Maroc. Quant à l'affichage en berbère (amazigh), il est rare, mais visible dans certaines régions à majorité berbérophone. |
Il existe au Maroc une loi concernant la publicité commerciale, mais elle est comprises dans la loi 31/08 édictant des mesures de protection du consommateur (2011). L'article 55 précise que le mot «solde» ou son équivalent dans d'autres langues que l'arabe est interdit s'il ne se rapporte pas à une opération de solde. L'article 206 énonce que tout contrat conclu dans une langue étrangère doit être obligatoirement accompagné d’une traduction en arabe:
Article 55 Toute publicité relative à une opération de soldes mentionne la date de début de l’opération, sa durée et la nature des biens ou produits sur lesquels porte l’opération, si celle-ci ne concerne pas la totalité des biens ou produits du fournisseur. Dans toute publicité, enseigne,
dénomination sociale ou nom commercial, l’emploi du mot solde(s), de
ses équivalents dans d’autres langues ou de ses dérivés est interdit
pour désigner toute activité, dénomination sociale ou nom
commercial, enseigne ou qualité qui ne se rapporte pas à une
opération de soldes telle que définie à l’article 53. Tout contrat conclu dans une langue étrangère doit être obligatoirement accompagné d’une traduction en arabe. |
La loi marocaine a pour objet d’assurer l’information appropriée et claire du consommateur sur les produits, biens ou services qu’il acquiert ou utilise. Elle vise aussi à garantir la protection du consommateur quant aux clauses contenues dans les contrats, de fixer les garanties légales et contractuelle des défauts des produits vendus et du service après-vente et de fixer les conditions et les procédures relatives à l’indemnisation des dommages ou préjudices qui peuvent toucher le consommateur. Dans toute cette question, les dispositions concernant la langue sont minimales.
Il n'existe que très peu de législation concernant les médias au Ma
roc. Le Code de la presse de 2003 garantit la liberté de publication des journaux de l'imprimerie, de l'édition et de la librairie. Toutefois, il y a des limites à ne pas franchir, surtout s'il s'agit de critiquer l'islam, le roi et la monarchie, ou promouvoir l'homosexualité ou porter atteinte à l'intégrité territoriale. Aucun journaliste n'est aujourd'hui emprisonné pour «délit de presse», mais il reste toujours de nombreux «détenus d'opinion». Selon l'article 41 du Code de la presse marocaine, des peines d'emprisonnement sont prévues:Article 41 Est punie d'un emprisonnement de trois à cinq ans et d'une amende de 10.000 à 100.000 dirhams toute offense, par l'un des moyens prévus à l'article 38, envers Sa Majesté le roi, les princes et princesses royaux. La même peine est applicable lorsque la publication d'un journal ou écrit porte atteinte à la religion islamique, au régime monarchique ou à l'intégrité territoriale. |
L'amende de 10 000 à 100 000 dirhams correspond aux montants de 1000 à 10 000 euros ou de 1300 $US à 13 300 $US.
5.1 La presse écrite
Bien que les journaux en langue arabe (littéraire) soient
relativement nombreux, il n'en demeure pas moins que les médias marocains sont
très influencés par le français, surtout dans la presse
écrite. En effet, la liste des journaux publiés en français, même
avec des noms arabes, sont très nombreux, que ce soit pour la presse partisane (L’Opinion,
Libération, Albayane, Al-Maghreb, Le Quotidien du Maroc,
etc.), la presse d'information générale (Le Matin du Sahara, Les Échos
africains, Maroc-Hebdo International, Al-Mahjar, Le
Courrier de la Nation, Tidmi, Le Temps du Maroc, Le
Courrier africain, Le Quotidien du Maroc, Al Assas, Al
Wassit Magazine, Le Musulman, Maroc actuel, etc.), la presse
d’informations régionales (La Dépêche de Tanger, Les Échos du Sud,
Le Message de Marrakech, La Tribune de Meknès, Nouvelles
d’Essaouira, etc.), la presse d'informations économiques (Ecomap,
Maroc-Business, Revue marocaine de finances publiques et d’économie,
Info-Magazine, Banques et entreprises au Maroc, Le Guide du
consommateur, Le Journal de vos vacances, La Gazette du tourisme,
Revue marocaine des marchés publics, etc.), la presse scientifique (Espace
infirmier, Espérance médicale, Bulletin de la Fédération marocaine
pour la santé mentale, Revue marocaine d’odontologie, Revue
marocaine de psychiatrie, etc.), la presse culturelle (Maroc-Europe,
L’Étudiant marocain, Art et Cultures, Planète Magazine,
etc.), la presse publicitaire (Tanger News, Al Barrah, Éclair
Annonces, Le Journal des bonnes affaires, etc.), la presse sportive (Balle
Green Set, Tanger Sport Magazine, Golf Maroc Magazine, La
Gazette du sport, etc.), la presse féminine (Farah Magazine,
La Citadine, Femmes du Maroc, etc.), et encore bien d'autres.
5.2 La presse électronique
Pour la presse électronique, l'arabe est davantage présent. Pour la
télévision locale, TVM (Télévision
marocaine) et 2M (Deuxième chaîne marocaine) diffusent en arabe, mais
partiellement en français. Les télévisions francophones sont TV5, La 5, Arte,
EuroNews, Canal + Horizons, Eurosport, MCM International (français-anglais),
Canal France International (français-arabe-anglais). Les bulletins de nouvelles
à la télévision nationale sont en arabe et en français (en alternance).
La radio est généralement diffusée en arabe classique, en arabe marocain, en
français, en anglais et en espagnol. Par exemple, RTM Chaîne Internationale/Rabat
est partiellement francophone avec 16 heures de transmission en français par
jour (français: 16,2 %; arabe: 81 %; espagnol: 1,2 %), Médi 1 (Radio
Méditerranée Internationale)/Tanger) est partiellement francophone avec un
nombre d’heures de transmission total est de 21 heures dont la moitié est
française, Radio FM Casablanca, partiellement francophone avec 17 h de
transmission/jour, Radio Monte Carlo est entièrement francophone
(24h/24h), de même que France Inter (24h/24h), mais Radio France
Internationale diffuse en français, en arabe et en anglais. L'une des
stations de radio marocaines émet en amazigh durant douze heures par jour, mais
elle est diffusée sur ondes courtes, donc peu accessible.
5.3 Les communications audiovisuelles
Les communications audiovisuelles sont régies par la Haute Autorité de la communication audiovisuelle, un organisme indépendant créé le 31 août 2002 par décret royal (dahir) avec pour but de réglementer le paysage audiovisuel marocain, public et privé: c'est le dahir n° 1-02-212 du 22 joumada II 1423 (31 août 2002) portant création de la Haute Autorité de la communication audiovisuelle. La Haute Autorité de la communication audiovisuelle est composée du Conseil supérieur de la communication audiovisuelle et de la Direction générale de la communication audiovisuelle. À cet effet, le conseil exerce un contrôle, par tous les moyens appropriés, sur les modalités de programmation des émissions publicitaires diffusées par les organismes relevant du secteur public de la communication ou, bénéficiaires d’un titre quelconque d’exploitation dans le cadre de ce secteur. L'article 65 du
dahir n° 1-04-257 du 7 janvier 2005 portant promulgation de la loi n° 77-03 relative à la communication audiovisuelle (2005) énonce clairement que messages publicitaires doivent être diffusés en arabe, en amazigh ou en dialectes marocains s'ils sont destinés au public marocain :
Article 65 Sous réserve des dispositions ci-après et des prescriptions des cahiers des charges, notamment en ce qui concerne le volume et la durée, les programmes audiovisuels peuvent contenir des messages publicitaires, des émissions parrainées et des émissions de télé-achat. Toutefois, les messages publicitaires doivent être :
|
Toutefois, l'usage d'autres langues est autorisé, si les messages publicitaires sont similaires à ceux cités ou si la communication des messages en arabe, en amazigh ou en dialectes marocains se révèle difficile en raison des concepts techniques spécifiques qu'ils comportent. L'article 26 du dahir n° 1-04-257 décrit le cahier de charge, lequel doit préciser notamment la séparation des différents éléments des programmes (information, fictions, documentaires et magazines de création et essais, émissions pédagogiques, et éducatives, séries et feuilletons, grands reportages et faits de société, musique et spectacles, programmes courts) en arabe, en amazigh, en dialectes marocains ou en langues étrangères.
6 Les langues transmises à la maison
En dépit de la politique d'arabisation prônée par le gouvernement marocain, le français est présent au sein du cercle familial, à l’école, au travail et dans les activités de loisirs. Le taux d’usage du français, comparativement au taux des autres langues (arabe dialectal, arabe standard, amazigh) est significatif, même s’il connaît certaines variations. En général, le foyer maghrébin est plurilingue et le français y occupe une place de choix.
L'enquête DUFRAM (Dynamique d’usage, de la transmission et des représentations du français dans l’espace arabo-francophone au Maghreb et au Moyen-Orient) est une enquête réalisée par une équipe internationale soutenue par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et l’Agence universitaire francophone (AUF). Cette enquête de 2017 cherche à décrire et à répondre aux questions d’usage et de pratiques des langues généralement et du français particulièrement au Maroc, en Algérie, en Tunisie et au Liban. Les données disponibles du projet DUFRAM au Maroc portent sur six villes : Agadir, Casablanca, Fès, Marrakech, Rabat et Tanger. En dépit de la politique d'arabisation, pratiquée par le gouvernement, c'est l'arabe dialectal qui est le plus employé à la maison dans une proportion de 90 %, contre 34% pour l'arabe standard, 21 % pour l'amazigh et 27 % pour le français. Quoi qu'il en soit, le français est partout présent, y compris dans la transmission de la langue.
La politique linguistique du Maroc porte sur trois volets: l'arabe, le français et le berbère (l'amazigh). Le Maroc, qui avait commencé en lion sa politique linguistique d'arabisation, a mis la pédale douce après une vingtaine d’années d’efforts. Ainsi, le domaine prioritaire, celui de l'éducation, a été entièrement arabisé, c'est-à-dire de l’enseignement primaire jusqu'à la fin du secondaire. Mais l'arabisation s'est poursuivie aux études supérieures avec beaucoup moins de succès. L'administration fut aussi arabisée, notamment pour en ce a trait à l'emploi de documents officiels. En ce sens, la politique d'arabisation est un succès, dans le mesure où elle ne concerne que l'arabe standard, car pour ce qui est de l'arabe marocain aucune politique n'a été pensée ni entreprise jusqu'ici. La vie continue comme avant l’indépendance, sauf que l’arabe classique, que personne ne parle, a pris une place qu’il n’avait pas auparavant, soit dans l'enseignement. Bref, la question de la langue est loin d'être réglée, car elle constitue toujours d'entraver le processus de réforme du système d'éducation marocain. Cette question fait toujours l'objet de violents débats et de positions tranchées.
L'autre volet de la politique linguistique concerne l'emploi du français. Malgré l'arabisation, l’administration du pays continue à utiliser le français comme elle l’avait fait auparavant, sauf qu’elle distribue maintenant des documents dans un arabe que personne ne veut, en arabe littéraire. Le français continue d'être enseigné dans toutes les écoles marocaines comme langue seconde obligatoire. La visibilité du français dans l'affichage public et commercial, ainsi que dans la signalisation routière, est omniprésente dans tout le pays, comme si le Maroc était un «État bilingue». Le français a aussi conservé des prérogatives dans les domaines de l'économie et des technologies, ainsi que dans l'enseignement supérieur; il est présent dans toutes les universités. C'est une langue aussi indispensable que l'arabe standard pour réussir dans la vie sociale marocaine, ce qui n'empêche nullement les Marocains de parler l'arabe marocain.
Le Maroc doit réussir à concilier la place de l'arabe standard ou littéraire et celle de l'arabe marocain, ni le rôle du français et de l'amazigh. Pour le moment, seules les deux langues institutionnelles, l'arabe standard et le français, ont trouvé leur place, de jure dans le premier cas, de facto dans le second. Mais les langues maternelles, l'arabe marocain et le berbère, sont toujours laissées pour compte dans la vie institutionnelle. L'arabe standard et le français ne sont pas des langues maternelles, sauf pour quelques Arabes du Proche-Orient et les Français. La reconnaissance de l'arabité constitue l’aspect fondamental de l’identité marocaine, mais c'est avec une langue arabe que personne ne parle avec affection. C'est une langue institutionnelle, voire une langue seconde, pour tous les Marocains, une langue apprise essentiellement à l'école. Ceux qui ont abandonné tôt l'école ignorent l'arabe standard, une langue qui n'a pas encore été à la hauteur des besoins quotidiens des Marocains, contrairement à l'arabe marocain, à l'amazigh et même au français. La politique linguistique actuelle du Maroc ressemble fort à celle appliquée en Algérie et en Tunisie. Elle consiste à
promouvoir l’arabe standard, sans nuire au français et à ignorer les véritables langues maternelles, l'arabe marocain, la langue de la majorité, et le berbère, la langue de la minorité nationale. Les élites politiques et intellectuelles semblent encore obnubilées par le modèle de l'État-nation centralisateur inféodé à l'idéologie nationaliste arabo-musulmane axée sur un arabe institutionnel à l'exclusion des langues maternelles des citoyens.
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(4) Les droits linguistiques des berbérophones |
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