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Venezuela(1) Situation générale |
Le Venezuela (officiellement appelé República Bolivariana de Venezuela : République bolivarienne du Venezuela) est un grand pays de 912 050 km² (Espagne: 504 782 km²) d'Amérique du Sud, bordé au nord par la mer des Caraïbes, au nord-est par l'océan Atlantique, à l'est par le Guyana, au sud par le Brésil, et au sud-ouest et à l'ouest par la Colombie. Le Venezuela compte aussi quelque 70 îles situées au large dans la mer des Caraïbes; l'île Margarita est la plus grande et la plus importante. |
Le Venezuela constitue une fédération appelée "Federación Venezolana" (la «Fédération vénézuélienne»); elle est formée de 23 États fédérés ("estados federados") et de régions à statut spécial, soit un district fédéral ("Distrito Federal") et des dépendances fédérales ("Dependencias Federales"). Les États vénézuéliens sont les suivants: Amazonas, Anzoategui, Apure, Aragua, Barinas, Bolivar, Carabobo, Cojedes, Delta Amacuro, District fédéral, Dépendances fédérales, Falcon, Guarico, Lara, Merida, Miranda, Monagas, Nueva Esparta, Portuguesa, Sucre, Tachira, Trujillo, Vargas, Yaracuy et Zulia.
Le Venezuela est une république fédérale multipartite à régime présidentiel. Le président est à la fois le chef de l'État et le chef du gouvernement; il exerce le pouvoir exécutif, tandis que le Parlement, c'est-à-dire l'Assemblée nationale, détient le pouvoir législatif. Trois sièges sont réservés aux représentants des peuples indigènes.
Les gouvernements des États sont divisés en deux branches: la Législature et l'Exécutif. La législature d'un État est dévolu au Conseil législatif monocaméral, dont les membres sont élus tous les quatre ans par vote populaire, direct et secret; les députés peuvent être réélus dans un système de représentation proportionnelle de la population de l'État concerné et de celle de ses municipalités. Les États fédérés peuvent adopter des lois sur les questions régionales, mais les principales lois civiles, commerciales, pénales, ainsi que le code du travail, la sécurité sociale et les mines sont du ressort de l'Assemblée nationale. Le pouvoir exécutif est exercé par le gouverneur accompagné des secrétaires d'État respectifs. Le gouverneur est également élu au suffrage direct et au scrutin secret pour un mandat de quatre ans avec la possibilité d'une réélection.
1.2 L'Esequiba
Sur la base du traité de Genève de 1966 ("Accord tendant à régler le différend relatif à la frontière entre le Venezuela et la Guyane britannique, signé à Genève, le 17 février 1966"), le Venezuela revendique un important territoire appelé "Guayana Esequiba" (ou Zona en Reclamación : «zone en réclamation»), faisant actuellement partie de la Guyana, un territoire d'une superficie de 159 500 km², ce qui correspondrait à plus de 62 % de la Guyana. À l'article 10 de sa constitution de 1999, le Venezuela déclare que «le territoire et les autres espaces géographiques de la République sont ceux qui correspondent à la Capitainerie générale du Venezuela avant sa transformation politique débutant le 19 avril 1810, incluant les modifications résultant des traités et arbitrages non frappés de nullité». Ainsi, dans les manuels scolaires vénézuéliens et sur les cartes du pays, la Guayana Esequiba est intégrée systématiquement au territoire du Venezuela. |
Cependant, pour la communauté internationale, l'Esequiba, appelé aussi «territoire Esequibo», appartient intégralement à la Guyana. De plus, une partie du sud-est de la Guyana (en vert) est revendiquée par le Surinam. Dans ces conditions, l'ancienne Guyane britannique se verrait réduite de 75 % de son territoire.
Le Venezuela comptait 27,9 millions dhabitants en 2010. La population est inégalement répartie et huit États comptent plus d'un million d'habitants: Anzoategui, Aragua, Bolivar, Carabobo, Lara, Miranda, Tachira, Zulia, sans oublier le District fédéral (voir le tableau). Les Métis (Mestizos) comptent pour environ 67 % des Vénézuéliens, et quelque 180 % sont d'origine européenne; le reste de la population est composée de Noirs (8 %) et d'autochtones (7 %).
2.1 Les langues du Venezuela
C'est un pays très homogène au plan linguistique. En effet, 92 % des citoyens parlent l'espagnol (appelé généralement «castillan») comme langue maternelle. Seuls les autochtones, qu'on appelle presque toujours «indigènes» au Venezuela, parlent une langue maternelle qui n'est pas l'espagnol. On compte plus d'une trentaine de langues parlées par moins d'un demi-million de locuteurs. Lors du recensement de 2001, le gouvernement reconnaissait l’existence de 36 peuples indigènes répartis en 2800 communautés.
2.2 Les peuples et communautés indigènes
Il n'est pas aisé de déterminer avec précision le nombre de peuples et des communautés indigènes au Venezuela. Ainsi, pour sa part, l'article 14 de la Loi sur la délimitation et la garantie de l'habitat et des terres des peuples indigènes (2000) dénombrait 35 groupes :
Article 14 La Procédure nationale de délimitation de l'habitat et des terres des peuples et communautés indigènes comprend les peuples et communautés identifiés à ce jour: Amazonas: baniva, baré, cubeo, jivi (guajibo), hoti, kurripaco, piapoco, puinave, sáliva, sánema, wotjuja (piaroa), yanomami, warekena, yabarana, yek'uana, mako, ñengatú (geral); Anzoátegui: kari'ña (ou karina) et cumanagoto; Apure: jivi (guajibo), pumé (yaruro), kuiba; Bolívar: uruak (arutani), akawaio, arawak, eñepá, (panare), hoti, kari'ña, pemón, sape, wotjuja (piaroa), wanai (mapoyo), yek'uana, sánema; Delta Amacuro: warao, arauco; Monagas: kari'ña, warao, chaima; Sucre: chaima, warao, kari'ña; Trujillo: wayuu; Zulia: añú (paraujano), barí, wayuu (guajiro), yukpa, japreria. L'énumération des peuples et communautés identifiées n'implique pas la négation des droits qui doivent délimiter les habitats et terres des autres peuples ou communautés, pour des raisons d'ignorance et qui ne sont pas identifiés par la présente loi |
2.3 Les ethnies les plus importantes
Cependant, le recensement indigène de 1992 mentionnait un nombre de 20 groupes, mais certains chercheurs parlaient alors de 31 peuples. Pendant que la Loi sur la délimitation et la garantie de l'habitat et des terres des peuples indigènes de 2001 chiffrait les peuples à 35, la Commission permanente des peuples indigènes de l'Assemblée nationale en admettait 34, en précisant que «d'autres peuvent apparaître». L'imprécision est due au fait que différents critères sont utilisés pour dénombrer les peuples indigènes, ce qui implique, par exemple, que diverses appellations peuvent être employées pour désigner un même peuple.
Selon le recensement de 2001, un total de
532 783 habitants indigènes sont comptabilisés dans le pays, ce
qui représentait 2,3 % de la population totale.
Le tableau ci-contre (source: Instituto Nacional de Estadística - INE, 2001)indique que les peuples indigènes les plus nombreux du Venezuela sont les Wayuu (60, 5 %), les Warao (7, 4 %), les Pemon (5,6 %), les Karina (3,4 %), les Jivi ( 3 %), les Piaroa (3 %) et les Añu (2,3 %), tandis que les autres nations ne représentent que moins de 2 % de tous les peuples indigènes. La population indigène est concentrée dans huit entités fédérales (Delta Amacuro, Monagas, Sucre, Anzoategui, Bolivar, Amazonas, Apure et Zulia) et se concentre majoritairement dans les zones frontalières (au nord-ouest, nord-est et au sud); en outre, 58 % de la population indigène se trouve dans les zones rurales; la proportion des autochtones se situe à près de 50 % dans le seul État d'Amazonas. |
Voici la liste des ethnies selon les États où elles résident:
État | Peuples indigènes |
Amazonas |
Baniva, Baré, Cubeo, Jivi (Guajibo), Jodi (hoti), Kurripako, Piapoko, Puinave, Sáliva, Sánema (Yanomamo), Wotjuja (Piaroa), Yanomami, Warekena, Yabarana, Yekuana, Mako et Ñengatú (Yeral) |
Anzoátegui | Kariña et Cumanagoto |
Apure | Jivi (Guajibo), Pumé (Yaruro) et Kuiva |
Bolivar | Uruak (Arutani), Akawayo, Arawak (Lokono), Eñepá (Panare), Jodi (Hoti), Kariña, Pemón, Sape, Wotjuja (Piaroa), Wanai (Mapoyo), Yekuana et Sánema |
Delta Amacuro |
Warao et Arawak |
Mérida | Wayuu (Guajiro) |
Monagas | Kariña, Warao, Chaima et Cumanagoto |
Sucre | Kariña, Warao, Chaima et Cumanagoto |
Trujillo | Wayuu (Guajiro) |
Zulia | Añú (Paraujano), Barí, Wayuu (Guajiro), Yukpa et Japreria |
2.5 Les langues autochtones (indigènes)
Selon les données du ministère vénézuélien de la Santé et du Développement social (Ministerio de Salud y Desarrollo Socia), les langues autochtones sont les suivantes:
Rang | Langue | Nombre | Famille | États |
1 | wayuu | 170 000 | arawak | Mérida, Trujillo, Zulia* |
2 | warao | 28 100 | isolat linguistique | Bolivar, Delta Amacuro, Sucre*, Monagas* |
3 | pemon | 19 100 | caribe | Delta Amacuro*, Amazonas |
4 | añu | 17 440 | arawak | Zulia |
5 | yanomami | 15 700 | yanoama (yanomam) | Amazonas*, Delta Amacuro |
6 | wotjuja (piaroa) | 12 200 | salivan (salive) | Amazonas |
7 | jivi (guajibo) | 11 300 | guahibe | Amazonas*, Delta Amacuro, Bolivar |
8 | karina (kariña, kali'na, kalinha) | 11 140 | caribe | Anzoátegui*, Bolivar*, Monagas, Sucre |
9 | yekuana (maquiritari) | 7 500 | caribe | Amazonas*, Delta Amacuro |
10 | yukpa | 6 130 | caribe | Zulia |
11 | pumé (yaruro) | 5 840 | non classée | Bolivar*, Delta Amacuro |
12 | kurripako (curripaco) | 3 400 | arawak | Amazonas*, Delta Amacuro |
13 | eñepa | 3 134 | caribe | Delta Amacuro*, Amazonas |
14 | baniva | 1 200 | arawak | Amazonas*, Delta Amacuro |
15 | bari | 1 520 | chibcha | Zulia |
16 | piapoko | 1 400 | arawak | Amazonas*, Delta Amacuro |
17 | baré | 1 200 | arawak | Amazonas |
18 | akawayo | 811 | caribe | Delta Amacuro |
19 | puinave | 774 | isolat linguistique | Amazonas |
20 | ñengatú (nhengatu ou yeral) | 744 | tupi-guarani | Amazonas |
21 | jodi (yuwana) | 643 | non classée | Delta Amacuro, Amazonas |
22 | yabarana | 428 | caribe | Amazonas |
23 | warekena (guarequena) | 428 | arawak | Amazonas |
24 | mako | 267 | salivan (salive) | Amazonas |
25 | mapoyo | 178 | caribe | Delta Amacuro |
26 | guarequena | 160 | arawak | Amazonas |
27 | arawak | 159 | arawak | Delta Amacuro |
28 | japreria | 95 | caribe | Zulia |
29 | kuiva | 69 | guahibe | Apure |
30 | uruak (urak ou arutani) | 45 (ou moins) | arutani-sape | Bolivar |
31 | sape | 25 (ou moins) | arutani-sape | Bolivar |
32 | wanai (mapoyo) | 12 (ou moins) | caribe | Amazonas |
33 | chaima | ? (éteinte?) | caribe | Anzoátegui |
34 | cumanagoto | † (éteinte) | caribe | Anzoátegui |
Source: Ministère de la Santé et du Développement social), Enfoque de de Etnias Indígenas de Venezuela ("Données sur les ethnies indigènes du Venezuela"), Caracas, 2002.
L'astérisque (*) indique que la grande majorité d'une ethnie donne réside dans cet État.
Seules huit langues, y compris leurs variétés dialectales, sont parlées par plus de 10 000 locuteurs: le wayuu, le warao, le pemon, l'añu, le yanomami, le wotjuja (piaroa), le jivi (guajibo) et le karina. Neuf langues sont parlés entre 7500 et 1000 locuteurs: le yyekuana (maquiritari), le yukpa, le pumé (yaruro), le kurripako, l'eñepa, le baniva, le bari, le piapoko et le baré. Certaines langues ont en voie d'extinction ou disparues: l'uruak (arutani), le sape, le wanai (mapoyo), le chaima et le cumanagoto.
Généralement, les langues indigènes du Venezuela appartiennent aux familles arawak, chibcha et tupi-guarani. On peut consulter une carte linguistique (cliquer ICI, s.v.p.) illustrant la répartition des langues indigènes au Venezuela. Il faut aussi comprendre que toutes les langues indigènes du Venezuela sont fragmentées en de multiples dialectes. Certaines langues peuvent avoir, par exemple, jusqu'à sept ou huit variétés dialectales, ce qui n'aide pas à l'expansion de la plupart de ces langues. Les langues comptant moins de 1000 locuteurs sont considérées en danger d'extinction.
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