Depuis 1987, la Turquie a instauré un état d'exception en vigueur dans
plusieurs
provinces du sud-est du pays, soit le territoire
kurde, Diyarbakir, Van, Hakkari,
Siirt, Sirnak, Mardin, Tunceli, Bingöl, etc. (voir
la carte). Ces provinces sont placées sous l'autorité d'un «gouverneur
d'exception», appelé aussi «supergouverneur». Avec la Loi sur le statut
d'exception, ce dernier a des compétences étendues pour combattre le Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK). L'état d'exception doit être régulièrement
confirmé par le Parlement, mais les députés font consensus pour prolonger
cette mesure dans les provinces kurdes.
On dénombre près d'une quarantaine de langues en Turquie, réparties en
quelques familles linguistiques, dont surtout les familles
altaïque et indo-européenne (langues
indo-iraniennes). Aucune des données démolinguistiques qui suivent ne provient
du gouvernement de la Turquie. Dans ce pays, la question de l'origine ethnique
des citoyens relève de la loi su silence, par peur des représailles ou de
ségrégation. De toute façon, cette question n'intéresse pas le gouvernement turc
pour lequel tous les habitants de la Turquie sont des Turcs. La plupart des
données de cette page du site proviennent soit d'Ethologue
(''Languages of the World''), soit du groupe
Joshua Project.
Bref, les données démolinguistiques sont forcément moins fiables.
Plus de 78 % de la population
du pays parle le turc (incluant le turc de Crimée), une langue de la famille
altaïque. Le pays compte plusieurs autres langues altaïques telles
que l’azéri, le gagaouze, le tatar, le karakalpak, l'abkhaz, le kazakh, l’ouzbek, etc., ainsi que des
minorités parlant des langues indo-européennes
telles que le grec, l'arménien, le bulgare, l'albanais, le bosniaque, le
macédonien, etc., ou encore
une langue caucasienne comme le géorgien,
le mingrélien, le laze, le tchétchène ou le circassien. On trouve aussi des minorités arabophones (Leventins et
Assyriens), chinoise, iranienne, etc. Le kurde (incluant ses variétés) constitue
un cas particulier, car cette langue est parlée par 12,5 % de la population. Quoi qu'il en soit, ce sont les langues
turciques de la famille
altaïque, qui sont généralement les plus nombreuses (en caractères
gras dans le tableau ci-dessous), à l'exception du kurde et du persan (langues
indo-iraniennes).
Quoi qu'il en soit, il est quasi impossible de dénombrer avec
précision le nombre des locuteurs d'une langue en Turquie, car aucun
recensement ne porte sur les langues. La carte ci-dessous présente la répartition géographique des
principaux groupes ethniques en Turquie.
Nous pouvons constater que les minorités sont généralement
concentrées dans les zones périphériques, notamment au sud-est,
près des frontières avec l'Iran, l'.Irak et la Syrie.
Les Azéris, les Mingréliens et les Géorgiens sont présents au
nord-est, alors que les Arabes et les Turkmènes habitent au sud.
Quant aux Kurdes, ils occupent plusieurs provinces du Sud-Est.
Les seules minorités au nord-ouest sont les
Gagaouzes et les
Circassiens au sud de la mer de Marmara, mais ces derniers sont
aussi éparpillées au centre de l'Anatolie. Autour du lac de Tuz,
on trouve des Tatars, des Circassiens et des Kurdes. En
français, le mot Caucasien désigne un habitant du Caucase
ou une langue parlée par les Caucasiens; en anglais, notamment
aux États-Unis, il est employé comme synonyme de «race blanche»
ou d'Européen.
2.2 Le turc
Le nom «turc» est utilisé à la fois pour désigner la langue nationale de la Turquie et
pour tout le groupe des langues dites «turques» (turc, turkmène, ouzbek,
azéri, kazakh, etc.). Quand on parle des «langues turques, on fait référence
à l'ensemble des langues de ce groupe de la
famille
altaïque.
Le terme «turcique» pour désigner les langues de ce groupe peut être employé
à la place de «turque» (fém.), mais ce terme n'est pas encore courant dans les
dictionnaires français. À l'époque de l'Empire ottoman, on utilisait le
qualificatif «turc osmanli» ou «turc ottoman» ou «turc ancien» pour désigner
la langue turque. Le nom Osmanli est le nom de la dynastie
ottomane fondée par Osman Ier (né en 1258,
sultan de 1281 à 1324) à Constantinople (devenue depuis Istanbul).
Le turc est non seulement l'unique langue officielle de la
Turquie, mais c'est aussi la langue majoritaire du pays parce qu'il est
parlé par 74 % de la population, incluant le turc de Crimée (7,2 %). Le turc
est aussi employé par la diaspora turque dans une trentaine de pays.
Certaines communautés turcophones ont perduré à la suite de la disparition
de l'Empire ottoman (en Grèce, en
Bulgarie, en Moldavie, en Roumanie, en Macédoine, en Serbie, au Kosovo, en
Bosnie-Herzégovine, etc.). Il existe d'importantes communautés turcophones
immigrantes en France, aux Pays-Bas, en Autriche, en Belgique, en Suisse et
au Royaume-Uni, sans oublier les pays scandinaves.
- Le turc ottoman
Dans l'ancien Empire ottoman (1299-1922), la langue turque avait subi
l'influence massive de l'arabe coranique et du persan. La langue officielle
de l’Empire était ce qu'on pourrait appeler le «turc ottoman», dont la
caractéristique était une variété linguistique savante faite d'un mélange
d'arabe, de persan et de turc; il s'écrivait en alphabet arabo-persan.
Durant près de 1000 ans, les lettrés ont emprunté non seulement des mots à
l'arabe et au persan, mais aussi des expressions figées ainsi que des
structures syntaxiques. Dans les dernières années de l'Empire ottoman, cette
situation était telle que plus de 70 % du vocabulaire ottoman était composé
de mots persans et arabes. Dans les faits, cette langue «turque ottomane»,
passablement artificielle, n’était écrite et parlée que par l'élite
ottomane, car elle était quasiment incompréhensible par l'ensemble de la
population turcophone rurale vivant à l'intérieur des frontières de
l'Empire. Tout au cours de cette longue période, le turc populaire est resté
la «langue des pauvres et des illettrés».
Évidemment, le turc parlé par le peuple était synonyme de «langage grossier»
et de «rusticité», mais c'était néanmoins la langue courante de l'époque
pour les turcophones. Il existe des traces de ce «turc populaire» de
l’époque. On l'appelle généralement le «turc oghouze», mais c'était
essentiellement le turc courant parlé à l'époque ottomane. La langue turque
du peuple n'a jamais fait l'objet d'un quelconque enseignement. Sous
l'Empire, on enseignait le turc ottoman, l'arabe coranique et le persan. Le
turc ottoman connaissait trois variantes
différentes:
1) Le turc ottoman éloquent (beliğ
Osmanlı
Türk)
: il fut en usage jusqu'à la fin du XVIe
siècle dans les cours anatoliennes;
2) Le turc ottoman moyen (Osmanlı
Türk
araçlar)
: c'était la langue utilisée
à des fins administratives;
3) Le nouveau turc ottoman (Yeni
Osmanlı
Türk)
: cette variété n'est apparue qu'au cours des années
1850.
Ce n'est qu'en 1839 que le turc ottoman
moyen fut employé exclusivement dans l'Empire. Après
1923, Mustafa Kemal Atatürk a fait adopter l'alphabet
latin pour écrire le turc et a encouragé les travaux
visant à remplacer les mots arabes ou persans par des
néologismes d'origine turque. La majorité des mots
d'origine arabe et persane ont été remplacés par des
mots d'origine turque ancienne, des mots dérivés du
français et des mots nouveaux composés de mots turcs
anciens.
- Les langues turciques
Le groupe turc ou
groupe des langues turciques comprend une quarantaine de langues réparties dans une vaste région
allant de l'Europe de l'Est (Moldavie) jusqu'à la Sibérie en passant par les
républiques du Caucase et de l'Asie centrale, ainsi que l'ouest de la Chine.
Environ 200 millions de locuteurs pratiquent une langue turque comme langue
maternelle, auxquels s'ajoutent quelques dizaines de millions additionnels comme
seconde langue.
Parmi toutes les langues turciques, les plus importantes en nombre de locuteurs
sont le turc (75 millions) de Turquie, l'azéri
(25 millions) de l'Azerbaïdjan, l'ouzbek (15 millions) de
l'Ouzbékistan, le kazakh (12
millions) du Kazakhstan, le turkmène (7 millions) du Turkménistan, le kirghiz
(4 millions) du Kirghizistan. Il existe encore plusieurs langues turques au
Tadjikistan (ouzbek), en Afghanistan (ouzbek), en Mongolie
(kazakh, touvain), en Chine (kazakh, ouïgour, salar) et en Russie
(tatar, karachai, koumik, tchouvache, khalaj, bachkir, touvain, khaskas, nogaï,
yakoute et dolgan).
Certaines langues turciques possèdent un degré de compréhension élevé en
raison de leurs similitudes. Le tableau ci-dessous (< Wikipedia) illustre
des ressemblances lexicales entre le turc ottoman, le turc moderne, l'azéri,
le turkmène, le kazakh et l'ouzbek:
Français |
Turc ottoman
(vieux turc) |
Turc
(Turquie) |
Azéri
(Azerbaïdjan) |
Turkmène
(Turkménistan) |
Kazakh
(Kazakhstan) |
Ouzbek
(Ouzbékistan) |
Maman |
ana |
anne/ana |
ana |
ene |
ana |
ona |
Nez |
burun |
burun |
burun |
burun |
murın |
burun |
Bras |
kol |
kol |
qol |
qol |
qol |
qo'l |
Route |
yol |
yol |
yol |
ýol |
jol |
yo'l |
Terre |
toprak |
toprak |
torpaq |
topraq |
topıraq |
tuproq |
Sang |
qan |
kan |
gan |
gan |
qan |
qon |
Cendre |
kül |
kül |
kül |
köl |
kul |
kul |
Eau |
su |
su |
su |
suw |
suw |
suv |
Blanc |
ak |
beyaz |
ağ |
ak |
aq |
oq |
Noir |
qara |
siyah |
gara |
garä |
qara |
qora |
Rouge |
qızıl |
kırmızı |
qızıl |
qyzyl |
qızıl |
qizil |
Ciel |
kök |
gök |
göy |
gök |
kök |
ko'k |
Il ne faut pas croire que tout le lexique de ces
langues est ainsi fait, c'est-à-dire qu'il serait en tout point
similaire. On n'aurait pas alors affaire à des langues
différentes. Si les similitudes l'emportent sur les différences
pour le turc, l'azéri, le turkmène et le gagaouze,
il s'agit néanmoins de langues différentes qui se sont éloignées
les unes des autres
à la suite d'une série de conquêtes et de migrations des peuples
turcs nomades, principalement les Oghouzes
du nord de l'Asie centrale, à partir du Ve
siècle et, de façon plus importante, au XIIIe
siècle. La phonétique, la grammaire, les
emprunts à d'autre langues, les particularités locales, etc., en
font des langues distinctes au même titre que les
langues romanes
telles que l'espagnol, le catalan, le portugais, l'italien, le
français, etc.
- Les
variétés dialectales
|
La langue turque d'aujourd'hui est
encore fragmentée par des variétés dialectales,
notamment entre l'est de l'Anatolie, le Centre et
l'Ouest. On distingue les dialectes de la Roumélie
orientale (une dizaine), les dialectes
anatoliens de l'Est (une vingtaine), les dialectes
anatoliens du Nord-Est (une dizaine) et les
dialectes anatoliens de l'Ouest (une trentaine). Ces
variétés dialectales sont désignées selon le nom de
la localité, du district ou de la province.
Le nom de Roumélie servait à
désigner les régions ottomanes situées dans la
partie européenne de la Turquie actuelle, ainsi que
la Thrace (Grèce), la Bulgarie, la Macédoine, le
Kosovo, la Bosnie, etc., bref la grande région des
Balkans actuels. On distinguait la Roumélie
occidentale de la Rouménie orientale. Tous les
locuteurs d'aujourd'hui qui parlent le turc dans ces
régions à l'ouest d'Istanbul s'expriment en turc
roumélien. |
- Une langue
agglutinante
D'après les linguistes, le turc contemporain est
une langue dite «agglutinante», comme le sont aussi de
nombreuses autres langues telles le mongol (langue
altaïque), le hongrois (langue
ouralienne), le tamoul (langue
dravidienne), le géorgien (langue
caucasienne), le berbère (langue
sémitique), le zoulou (langue
bantoue), l'arménien (langue
indo-européenne), le japonais (langue
japonique), etc.
maison |
ev |
les maisons |
evler |
ma maison |
evim |
mes
maisons |
evler |
ta maison |
evinizi |
leurs maisons |
evleri |
dans la maison |
evde |
dans sa maison |
evinde |
un
habitant |
bir
sakini |
un
habitant de la maison |
evin
bir
sakini |
les
habitants de la maison |
evin
sakinleri |
|
Une langue est dite
«agglutinante» lorsqu'elle est basée sur l'ajout
d'affixes (préfixes ou suffixes) à un mot lexical ou
un radical de base. Ainsi, à partir du mot ev
(«maison»), il est possible de former : evler
(«les maisons»), evlerim («mes
maisons»), evinizi, («ta
maison»), evleri («leurs maisons»),
evde («dans la maison»), evinde
(«dans sa maison»), etc. C'est un système
morphologique relativement simple qui a l'avantage
d'exclure les mots-outils tels les prépositions ou
les adverbes comme en français.
Avec un verbe, par exemple
gitmek («aller»), on peut former ben
gitmek («j'y vais»), ben
gitmiyorum («je n'y vais pas»),
oraya gitmek («tu
y vas»), ben gittim («j'y allais»),
ben giderim («je vais y aller»), etc.
Le système paraît évidemment plus complexe lorsque
le radical change de forme : gitmek, gitmi-, gitt-,
gider-. |
- Une langue à
déclinaison
De plus, selon la fonction du mot dans la phrase, le turc
possède six cas: le nominatif (sujet), le génitif, le datif,
l'accusatif, le locatif et l'ablatif). Il n'y a en turc ni
articles ni genre grammatical (masculin, féminin, neutre).
Nominatif (sujet) |
La maison m'appartient. |
Evin
bana
ait. |
Accusatif |
J'achète la maison. |
Ben
ev aldım. |
Locatif |
Je vais à la maison. |
Ben
eve
gidiyorum. |
Génitif |
Le mur de la maison est tombé. |
Evin
duvarı
düştü. |
Ablatif |
Je passe par la maison bleue. |
Ben
mavi
evin
geçmesi. |
Datif |
J'ajoute un balcon à la maison. |
Ben
evde
bir
balkon
ekleyin. |
On peut constater aussi que le turc possède une
syntaxe différente de celle du français qui privilégie l'ordre
SVO (sujet + verbe + complément objet). En effet, le turc est
une
langue SOV, c'est-à-dire que l'ordre des mots dans les
phrases simples est sujet + objet + verbe.
- Le lexique turc
Au point de vue du lexique, bien que les mots
soient d'origine turque dans une proportion élevée de 86%, d'autres
mots proviennent d'abord de l'arabe (6,1%), du français (4,7%)
et du persan (1,3 %). Les autres langues sont l'italien,
l'anglais, le grec, le latin, l'allemand, le russe, etc.
Voici une liste de mots turcs empruntés au
français:
kasket
(< casquette)
kravat (< cravate)
şömine (< cheminée)
pardösü (< pardessus
sükse (< succès)
otel (< hôtel) |
kilot (<
culotte)
basen (< base)
kota (< quota)
ekonomi (< économie)
siluet (< silhouette)
büro (< bureau) |
fakülte
(< faculté)
üniversite (< université)
fabrika (< fabrique/usine)
defo (< défaut)
portre (< portrait)
polis (< police) |
hipodrom
(< hippodrome)
telgraf (< télégraphe)
süeter (< suédine)
profil (< profil)
müze (< musée)
müzik (<
musique) |
dosya (<
dossier)
bonbon (< bonbon)
çukulata (< chocolat)
triko (< tricot)
klavye (< clavier)
tomat (< tomate) |
bandrol
(< banderole)
istasyon (< station)
alkol (< alcool)
asit (< acide)
radyo (< radio)
menü (< mernu) |
Évidemment, si le turc les a pris du français, le
français peut les avoir empruntés lui-même au grec, à l'anglais, à
l'espagnol, etc. Pour les historiens de la langue turque, c'étaient à l'origine des mots français, mais
pour un turcophone d'aujourd'hui ce sont tous des mots turcs.
Depuis la mort d'Atatürk en 1938, la langue turque
a beaucoup évolué. Aujourd'hui, aucun enfant turc du primaire ne pourrait
comprendre aisément un texte original de Mustafa Kemal, «le père des Turcs», car non
seulement le vocabulaire s'est modifié, mais également la syntaxe. Le turc
contemporain est maintenant très proche de la langue parlée à la radio et à la
télévision, formes qui deviennent rapidement la norme dans la société turque. Au
cours des décennies du XXe siècle, la nécessité
d'utiliser la langue administrative et son enseignement dans les établissements
d'enseignement (écoles et universités) ont fait entrer dans le vocabulaire courant
d'innombrables néologismes, dont beaucoup d'emprunts à l'anglais, au français et
à l'allemand. De plus, d'un milieu social à l'autre, le vocabulaire peut
changer. Par exemple, si un juriste est demeuré plus familier avec les anciens
textes turcs, il n'en est pas ainsi pour un architecte ou un ingénieur. Quant au
turc ottoman, il est devenu aussi difficile qu'un texte en ancien français
du XIIIe siècle peut l'être pour un
francophone du XXIe
siècle.
2.3 Le kurde
Comme on peut le constater, la plus importante minorité de la Turquie reste évidemment la communauté
kurde (avec 13 millions de locuteurs) du groupe
indo-iranien appartenant à la famille indo-européenne.
Les Kurdes vivent dans le Kurdistan
(«le pays des Kurdes»), une région de montagnes et de hauts plateaux d'Asie
centrale, dont la majeure partie se trouve en Turquie, en Irak et en Iran,
mais également en Syrie.
En somme, sur un territoire
continu, on distingue le Kurdistan irakien, le Kurdistan
turc, le Kurdistan syrien et le Kurdistan iranien.
|
Zones géographiques |
Superficie
en km2 |
Pourcentage
du Kurdistan |
Pourcentage du pays
de rattachement |
Kurdistan turc (Nord) |
210 000 |
41,7 % |
26,9 % |
Kurdistan iranien (oriental) |
195 000 |
38,7 % |
11,8 % |
Kurdistan irakien (Sud) |
83 000 |
16,5 % |
18,8 % |
Kurdistan syrien (occidental) |
15 000 |
2,9 % |
8,1 % |
Total Kurdistan |
503 000 |
100 % |
|
Source : Office franco-kurde,
2001 |
|
- La fragmentation linguistique
Au plan linguistique, la langue kurde est le résultat
de la
fragmentation politique qui a duré plusieurs siècles. Il convient de
distinguer les variétés suivantes :
|
- Le
kurde septentrional
appelé aussi kurde kurmanji : cette
variété est parlée dans le nord de l'Irak (2,8
millions), au nord-est de la Syrie (900 000), au
sud-est de la Turquie (15 millions), dans
le nord-ouest de l'Iran (350 000), en Arménie
(45 000), en Géorgie (40 000), en Azerbaïdjan
(20 00), au Turkménistan (20 000) et au Liban (75
000). Les dialectes sont les suivants: ashiti,
bayezidi, boti, hekari, marashi, mihemedî,
shemdinani, shikakî et silivî.
- Le
kurde central
ou
kurde sorani : cette variété, qui n'est pas
parlée en Turquie, est restreinte au nord-est de
l'Irak (3,5 millions)
et au
nord-ouest de l'Iran (3,2 millions). Les
dialectes sont les suivants: bingird,
garmiyani, hewleri, kerkuki, mukri, pizhdar,
rewandiz, suleimani, warmawa, xoshnaw.
- Le
kurde
méridional
ou
kurde gorani : cette variété n'est pas
davantage parlée en Turquie, car elle est
utilisée à l'est de Bagdad en Irak (1 million)
et en Iran (3 millions), avec comme dialectes: bayray, feyli, garrusi, kalhori, kermanshahi,
kolyai, kordali, louri, malekshahi et sanjabi.
Pour
chacun des trois grands groupes, il peut y avoir
un grand nombre de variétés dialectales.
En
Turquie, il existe une autre variété appelée
zaza,
zazaki
ou dimili et parlée par trois millions de
locuteurs.
Cette langue
est considérée par certains linguistes comme une
variété de kurde, mais d'autres affirment qu'il
s'agit d'une langue iranienne distincte du
kurde. |
Cette
variété de zazaki présente beaucoup de similitude avec le
kurmanji et le persan du Nord en Iran. D'ailleurs, pour les
autorités iraniennes, le kurde est un dialecte du farsi (ou
persan iranien), tandis que pour les autorités turques le
zazaki est un dialecte kurde parlé par des «Turcs
montagnards». Quoi qu'il en soit, les Zazas se considèrent
eux-mêmes comme des Kurdes.
Néanmoins, on sait que la majorité des
Kurdes originaires de Turquie sont locuteurs du
kurmanji, bien
qu'une importante minorité puisse parler le dimili (zazaki)
dont l'appartenance au kurde est contesté. Les locuteurs du
dimli ou du zazaki sont numériquement minoritaires, géographiquement
dispersés parmi les kurmanjophones et parlent souvent le kurmanji.
Le tableau qui suit (de
Wikipédia) présente quelques exemples en kurmanji et en
sorani, en zazaki ainsi qu'en farsi (ou persan d'Iran) :
Français |
Kurmanji / sorani |
Zazaki |
Persan (farsi) |
pain |
nan |
nan |
nān |
frère |
bira, bra |
bira |
barādar |
jour |
roj |
roce/roje/roze |
rūz |
âne |
ker |
her |
xar |
œuf |
hêk/hêlke |
hak |
toxm, xāya |
œil |
çav/çaw |
çim |
čashm |
frère |
bav/bab,
bawk, ba |
pî, baw,
babî, bawk |
pedar, pidar |
poisson |
masî |
mase |
māhi |
bon |
baş, rind/baş,
çak |
baş, rind |
xub, nīkū,
beh |
main |
dest |
dest |
dast |
langue |
ziman, ziwan |
ziwan, zon |
zabān |
dix |
deh/de |
des |
dah |
village |
gund/dê |
dewe |
deh, wis |
eau |
av/aw |
awe |
âb/aw |
La variété
kurmanji est parlée par environ 80 % de tous les
Kurdes.
C'est la seule variété parlée dans les quatre
pays historiques (Turquie, Irak, Syrie et Iran).
|
Certains
linguistes organisent autrement la classification de
la langue kurde et de ses dialectes. Ainsi,
Najat
Abdulla-Ali distingue trois grandes branches :
- kurmanji :
comprenant
le kurmanji du Nord et le
kurmanji du Sud dont ferait partie le sorani;
-
gourani-zazaki : comprenant le
groupe gourani et le groupe zaza;
- lorî :
comprenant
«petit lorî» et «grand lorî».
On
peut consulter le tableau de Najat
Abdulla-Ali, qui illustre cette thèse
en cliquant ici,
s.v.p. |
Kürdistan
(latin) |
كردستان
(arabe) |
Курдистан
(cyrillique) |
|
De plus,
les Kurdes de Turquie écrivent leur langue en
alphabet latin ; ceux d'Irak, d'Iran et de
Syrie, en
alphabet arabe
(appelé aussi arabo-persan),
ce dernier étant un
alphabet un peu modifié de l'arabe; ceux d'Arménie
et de
Géorgie et d'Arménie, en
alphabet
cyrillique,
Les Kurdes sont davantage unifiés par la religion,
étant presque tous des musulmans sunnites.
|
- Les Kurdes
assimilés
Il ne faut pas passer sous silence le fait
que des millions de Kurdes se sont assimilés aux Turcs au
cours de l'Histoire et qu'ils ont adopté le turc comme
langue maternelle. En effet, on compterait 5,8
millions de Kurdes turquifiés sur une population totale de
15,3 millions de locuteurs, ce qui représente 38,2 % de tous
les Kurdes de Turquie.
Ethnie |
Nombre |
Langue
maternelle |
Pourcentage |
Kurdes
kurmanji |
8 127 000 |
kurde kurmanji |
52,8 % |
Kurdes
turcophones |
5 881 000 |
turc |
38,2 % |
Kurdes
dimili ou zazaki |
1 155 000 |
kurde dimili (zazaki) |
7,5 % |
Kurdes
alévis |
184 000 |
kurde zazaki du Nord ou kurmanji |
1,1 % |
Kurdes
shikaki |
23 000 |
kurde shikaki |
0,0 % |
Total |
15 370 000 |
- |
100,0 % |
Rappelons que le kurde shikaki est une
variété dialectale du kurde kurmanji. Quant aux Kurdes
alévis ou de rite alévi, ils parlent en général le zazaki du Nord ou le
kurmanji, s'ils habitent dans les provinces environs de
Tunceli/Dersim, Elazig, Varto et Mus.
Mais la langue du culte est toujours le turc officiel.
2.4 Les autres minorités
Bien que les autres minorités représentent un pourcentage très
faible de la population, elles sont néanmoins nombreuses. En voici
quelques-unes, numériquement dignes de mention.
- Les Arabes
En Turquie, les Arabes sont tous concentrés dans le sud
du pays. On en trouve dans l'ancien sandjak d'Alexandrette devenu depuis
l'actuelle province d'Antakya (ou Hatay,
mais Antioche en français).
Les turcophones sont aujourd'hui majoritaires, mais les arabophones
constituent une importante minorité dans cette région qui était auparavant
syrienne à majorité arabophone. Les arabophones de cette province sont
généralement des Arabes libanais. Ceux qui résident au nord de l'Irak
sont des Arabes irakiens. Les premiers parlent l'arabe libanais, les
seconds, l'arabe irakien.
En 1983, le gouvernement militaire
a introduit une loi interdisant toute autre langue que le turc, la
loi n° 2932 du 19 octobre 1983.
Bien que cette loi ait
été abrogée en 1991, la Constitution interdit encore tout établissement
d'enseignement dans une autre langue que le turc. La plupart des autres
arabophones sont situés près de la frontière syrienne.
De plus, tout laisse croire
que la population arabophone d'Istanbul est relativement importante.
Aucune des communautés arabophones de Turquie ne possède d’école.
- Les Circassiens
Le nom de «Circassiens» correspond à un groupe de peuples vivant
principalement dans le Caucase et en Turquie. Selon la région où ils vivent, les
Circassiens se font appeler Adiguéens (république des Adyguéens),
Tcherkesses (république de Karatchaïévo-Tcherkessie),
Kabardes (république de Kabardino-Balkarie et république de
Karatchaïévo-Tcherkessie) ou Abkhazes (république autonome d'Abkhazie).
En somme, les Circassiens forment divers peuples de la Russie. Comme bien
d'autres minorités ethniques soumises au régime soviétique, les Circassiens ont
été massivement déportés : près d'un million et demi d'entre eux se sont
réfugiés dans l'Empire ottoman ou en Turquie.
En Turquie, on distingue les Kabadiens (Kabardes), les Adyghéens
et les Abkhazes.
- Les Persans
Les Iraniens (618 000) parlent le persan (ou farsi). Ils sont
généralement concentrés près de la frontière iranienne dans les provinces
kurdes du Kurdistan turc (Hakkari, Van et Agri).
- Les Azerbaïdjanais
Les Azerbaïdjanais (540 000) parlent l'azéri (ou
l'azerbaïdjanais). Leur pays d'origine est l'Azerbaïdjan, mais ils ont émigré en
Turquie. Ils pratiquent généralement l'islam chiite et parlent en Turquie le
«turc azéri», c'est-à-dire un azéri turquifié. Pour la plupart, ils résident
dans ;les provinces du Nord-Ouest (Igdir, Kars et Agri).
- Les Gagaouzes
Les Gagaouzes (418
000) parlent normalement le gagaouze,
une langue turque de la famille altaïque
transcrite maintenant
en alphabet latin (Moldavie). Cependant, cette langue est en voie
d'extinction, sauf en Moldavie où 89 % des Gagaouzes parlent le gagaouze comme langue maternelle.
En Turquie, la plupart des Gagaouzes (Istanboul et
Edirne) ont perdu leur langue et utilisent le turc moderne
qu'ils écrivent en caractères grecs. Ils continuent de pratiquer leur
religion et dépendent du Patriarcat orthodoxe turc d'Istanbul. Le nombre des gagaouzophones de Turquie ne semble pas très élevé,
pas plus de quelques centaines autour d'Istanbul.
- Les Pomaques
Le terme de Pomaques (ou Pomaks) désigne des populations
slavophones de langue bulgare et de religion musulmane habitant la Grèce (dans
les départements de Xanthi et du Rhodope) et la Bulgarie (près des montagnes
de Rodopi dans le Sud). On désigne les Pomaques sous les termes de Pomatski
ou de Pomaski.
La présence des Pomaques est très controversée en
Turquie. La Turquie affirme que ces populations seraient des «Turcs pur sang»
arrivés en Bulgarie et en Grèce avant l’occupation ottomane et qu’ils auraient
apporté leur religion (l'islam) avec eux, mais parleraient maintenant le
bulgare.
Selon des estimations non gouvernementales basées sur le dernier recensement portant sur l’affiliation religieuse et l’appartenance ethnique, on
compterait 99 % de musulmans en Turquie, dont 80 % de
sunnites et 20 % d’alévis
et autres communautés chiites.
Parmi les non-musulmans, on distingue la
communauté arménienne (env. 60 000 personnes), la communauté juive (25 000),
la communauté grecque orthodoxe (2500), la communauté assyro-chaldéenne (25
000), la communauté catholique (env. 25 000) et la communauté protestante
(seulement 200 personnes).
- Les sunnites
La grande majorité des habitants du pays pratiquent l'islam
sunnite. Ce sont d'abord les Turcs, les Kurdes et les Arabes, ainsi que de
nombreuses petites minorités.
- Les Grecs orthodoxes
Au moment du traité de Lausanne (1923), près de 300 000 Grecs orthodoxes
étaient autorisés à résider en Turquie (alors qu'ils étaient deux millions en
1922 à habiter Istanbul, Kadiköy (Chalcédoine), Imbros (Gökçeada) et Ténédos
(Bozcaada), les îles des
Princes et à Derques. On ne sait plus trop combien il reste de Grecs aujourd’hui,
mais les estimations laissent croire qu’ils seraient tout au plus 9000;
il parait plus vraisemblable que le nombre se soit réduit aujourd'hui à quelque 2500
individus. La plupart d'entre eux habitent Istanbul, ainsi
que dans les îles de Imbros et de Ténédos (aujourd'hui
en turc: Gökçeada et Bozcaada); de toute façon, il leur est interdit
d'habiter ailleurs. C'est pourquoi les jeunes ont tendance à quitter massivement le pays pour vivre
en Grèce ou en Amérique du Nord. Le comité d’Helsinki pour les droits de l’homme
a déjà reconnu en octobre 1991 que la Turquie violait systématiquement les droits
de l'homme de la minorité grecque par des pratiques jugées inacceptables
telles que le harcèlement
par la police, les restrictions sur la liberté d’expression et la liberté religieuse,
la discrimination en matière d’éducation, les limitations sur le droit de contrôler
des organismes caritatifs, le déni de l’identité ethnique, etc. Évidemment, la
communauté grecque est maintenant en voie de disparition.
- Les Arméniens
Pour leur part, les Arméniens représentent numériquement la plus importante
minorité chrétienne de Turquie (plus de 100 000 personnes), mais leur situation demeure
fragile et vulnérable. Ceci s’explique surtout par le poids de l’histoire,
particulièrement le génocide de 1915, et sa négation farouche par tous les gouvernements turcs.
Rappelons que, selon les Arméniens, quelque 1,5 million de leurs compatriotes
auraient été massacrés durant les dernières années de
l'Empire ottoman
(1915-1923), dans le cadre d'une opération militaire visant à expulser la
population arménienne de la Turquie orientale.
Mais l'État turc a toujours
affirmé qu'il n’y avait eu aucun massacre systématique et que la plupart des
Arméniens avaient fui le pays de leur propre gré durant la guerre civile. Pour
les autorités turques, il n'y a jamais eu autre chose que
sans parvenir à fournir une explication cohérente sur la disparition du million
et demi d'Arméniens de cette région du monde où ils vivaient depuis la haute
Antiquité. Il n'en demeure pas moins que le génocide des Arméniens continue de
poser de graves problèmes à la Turquie; si les responsabilités individuelles ont
été oubliées, il n'en est pas ainsi de celles de l'État. Le génocide des
Arméniens demeure une plaie pour la Turquie. De
façon générale, la communauté arménienne est maintenant bien intégrée
(assimilée) à la
société turque et plusieurs de ses membres font partie de la haute bourgeoisie
turque.
- Les Assyro-Chaldéens
Pour ce qui est de la communauté chrétienne assyro-chaldéenne (environ
35 000 personnes), elle
semble également en voie de disparition. Cette minorité cumule en ensemble de
problèmes presque insurmontables tels que l’absence de toute reconnaissance
juridique, la privation du droit à des institutions scolaires, la confiscation
de lieux de culte, sinon l’interdiction de construire de nouvelles églises.
La communauté se voit également refuser le droit d’organiser un enseignement
religieux syriaque, tandis que des demandes d’exemption aux cours de culture
religieuse au sein des écoles publiques sont parfois ignorées. Bref, les Assyro-Chaldéens se sentent traités par l’État turc comme des étrangers et
quittent progressivement le pays. Ce qui n’aide pas à leur cause: le conflit
armé entre les autorités turques et les mouvements kurdes qui ont précipité
le départ massif des Assyro-Chaldéens du sud-est de la Turquie.
- Les Juifs
Il faudrait parler aussi de la petite communauté juive dont la
population varierait entre 8000 et 10 000 personnes. La plupart des juifs de
Turquie résident à Istanbul, mais de petites communautés demeurent à Izmir
(environ 2500), ainsi qu’à Brousse, Çanakkale, Adana, Ankara Iskenderun,
Kirklareli, etc. On estime que 96 % de la communauté juive est composée de
séfarades, les autres étant partagés entre les ashkénazes et les caraïtes.
De façon générale, les juifs de Turquie ne sont guère inquiétés par le
régime qui les considère comme des alliés (à l'instar d'Israël). Ils
possèdent 18 synagogues en service à Istanbul aujourd'hui, mais plusieurs ne
fonctionnent que durant les mois d’été, d’autres seulement les jours de
fêtes. Les juifs, qui par ailleurs parlent tous le turc comme langue
maternelle, ont le droit d’enseigner l’hébreu à la synagogue et dans les
écoles privées.
- Les chiites
Parmi ceux qui pratiquent l'islam chiite, il y a surtout les Persans
(Iraniens) et les Azerbaïdjanais. Comme partout ailleurs, les chiites sont à
couteaux tirés avec les sunnites.
- Les alévis
Les alévis pratiquent une religion bien particulière héritée du zoroastrisme,
dont le feu constitue le principe sacré. Pour les alévis, les symboles tels le soleil, la lune, le
feu et la nature sont sacrés. C’est une faute grave que de laisser le feu
s’éteindre dans la cheminée. Cette
minorité religieuse au mode de vie très libéral, alors
qu'ils vivent dans un pays
majoritairement sunnite, a souvent été victime de
massacres et d'exactions qui jalonnent l'histoire de la
Turquie moderne. Tous les jeunes Turcs
d'aujourd'hui
connaissent encore la devise suivante : «Celui qui tue deux alévis mérite le paradis.»
La plupart des alévis sont de langue turque, mais une minorité s'exprime en
kurde zazaki. La langue
du culte et des livres cultuels (Buyruk) est de toute
façon le turc. Quant au nombre des alévis, il n’y a aucun recensement fiable qui
dénombre la
population alévie de Turquie. Nous savons que, lors du recensement de 1927, la
Turquie comptait alors 13,6 millions d’individus et qu’un tiers de cette
population était de rite alévie. Selon une étude commandée en 2008 par le
Conseil de la sécurité nationale et réalisée par des universités, il y
aurait 10
millions d’alévis, dont 9 millions en Turquie et 1 million en Europe. Selon le rapport daté du 26
août 2006 d’Olli
Rehn, commissaire européen, les alévis seraient de 15 à 20 millions. Les alévis kurdophones se
trouvent dans la région de l'Anatolie orientale, alors
que les alévis turcophones sont dans la Région méditerranéenne.
De façon générale, les minorités linguistiques de la Turquie ne sont
guère satisfaites de leur sort, pour employer un euphémisme. Le «problème kurde» semble avoir affecté
toutes les minorités, alors que la Turquie semble souffrir de paranoïa à l’encontre
de ses minorités. Ainsi, l’opinion publique turque croit généralement que les Arméniens combattent secrètement l’État turc au sein du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), même s'il
n'existe aucune preuve. Parce que les Assyriens habitaient les régions rurales du Sud-Est où
se déroulait la guerre contre les Kurdes, ils ont été considérés comme des
Kurdes. Les Grecs connaissent une situation encore plus difficile
depuis février 1975, alors que la Turquie envahissait le nord de l’île de
Chypre: ils sont depuis cette époque associés aux «Grecs de Chypre» et
considérés comme des «ennemis de la Turquie». Quant aux Kurdes, ils sont
systématiquement pourchassés, leur région demeurant aujourd'hui sous le
contrôle illimité de la puissante armée turque. Bien qu'à plusieurs reprises
le gouvernement turc ait promis aux instances européennes de «rendre sa
législation conforme aux normes et aux principes européens», aucune démarche
sérieuse n'a été entreprise jusqu’à présent. Les autorités turques se
contentent plus souvent qu’autrement de changements mineurs purement
cosmétiques.
Dernière mise à jour:
17 août 2024
La Turquie
Kurdistan