Le 1er décembre 2012, c'est Enrique Peña Nieto (du Partido Revolucionario Institucional ou Parti révolutionnaire institutionnel ou PRI), qui devint le président du Mexique. Après avoir prêté serment, le chef de l'État annonça 13 propositions depuis le Palais national de Mexico, dont une réforme constitutionnelle pour établir un seul Code pénal (au lieu de 33). Il proposa également un nouveau programme concernant la prévention de la délinquance, ainsi qu'une réforme de l'éducation, le droit d'accès à l'Internet, un programme contre la famine et une assurance-santé destinée aux mères célibataires. Il précisa: «Il est temps de faire bouger le Mexique, des temps meilleurs arrivent pour tous les Mexicains.» En matière de langue, Enrique Peña Nieto affirma vouloir créer des services bilingues afin de défendre les communautés indigènes lors des procès où ils seraient partie prenante. Il considéra inacceptable qu'il y ait des condamnations contre les indigènes parce que les avocats ou les juges ne parlaient pas les langues des justiciables.

- Les présidences d'ouverture

Andrés Manuel López Obrador avait travaillé à l'Institut des peuples indigènes de l'État de Tabasco en 1977, où il se fit connaître pour ses programmes sociaux en faveur des communautés indigènes, avant de rejoindre l'Institut national des consommateurs, une agence gouvernementale, en 1984. Il fut élu président du Mexique en 2018. Andrés Manuel López Obrador est arrivé au pouvoir et son projet politique, connu sous le nom de quatrième transformation (4T) : "la Cuarta Transformación de la vida pública de México". Il pariait sur un changement radical qui donnerait une continuité aux trois grandes transformations nationales : l’indépendance du début du XIXe siècle, la réforme libérale du milieu du siècle et la révolution du premier quart du XXe siècle. Sous son mandat, les droit des peuples indigènes ont enfin été reconnus, par exemple l’initiative de réforme de l’article 2 de la Constitution qui garantit les droits des communautés et des peuples autochtones et afro-mexicains du pays.

Ainsi, la Constitution et les lois reconnaissaient les autochtones comme des entités d’intérêt public; cela signifiait que les «indigènes» seraient traités comme des objets de protection, de tutelle et d’assistance contre les normes, les politiques et les actions du gouvernement et des tiers. Dès lors, les peuples indigènes et afro-mexicains purent nommer et élire leurs représentants dans des assemblées ayant pleine valeur juridique; ils purent effectuer des travaux et offrir des services publics pour le bien-être de leurs communautés, et recevoir et administrer directement les ressources publiques afin de défendre leurs droits collectifs devant les organismes judiciaires et autres autorités.

À l'heure actuelle, le gouvernement fédéral reconnaît le Mexique comme une nation multiethnique et multiculturelle avec 70 peuples autochtones et le peuple afro-mexicain sur l’ensemble du territoire national. Il existe 68 langues autochtones avec 364 variantes; 7,3 millions de locuteurs de langues autochtones; 23 millions de personnes s’identifient comme autochtones et 2,5 millions de personnes se disent afro-mexicaines. Pour mettre en œuvre les droits des indigènes, l’État a maintenant les obligations suivantes :

- promouvoir le développement communautaire et régional;
- allouer un budget que les peuples et les communautés autochtones peuvent administrer et exercer directement;
- protéger le patrimoine culturel et la propriété intellectuelle collective, en plus de garantir une éducation autochtone, interculturelle et multilingue;
- fournir des services de santé adaptés à la culture et reconnaître la médecine traditionnelle;
- procéder à des consultations avant les actes administratifs et législatifs.

Le 2 juin 2024, Claudia Sheinbaum devenait la première femme élue présidente du Mexique, dont le mandat doit débuter le 1er octobre. Développer un diagnostic de la situation linguistique de chaque communauté indigène pour décider des politiques d'urbanisme constitue l'un des engagements du projet d'administration dirigé par Claudia Sheinbaum. Elle promet de poursuivre la quatrième transformation (4T), c’est-à-dire deux nouveaux programmes sociaux, un soutien aux femmes de 60 à 64 ans et des bourses universelles pour les enfants des écoles publiques préscolaires, primaires et secondaires. Claudia Sheinbaum s'engage à respecter et à promouvoir  des programmes de justice pour tous les peuples autochtones et de continuer à reconnaître leur identité, leur culture, leur autonomie et promouvoir leur bien-être. De plus, elle veut en arriver à réaliser un diagnostic de la situation linguistique de chaque communauté pour décider, à de celui-ci, des politiques d'aménagement linguistique caractéristiques de la perte des langues, puis renforcer l'enseignement des langues autochtones et promouvoir les taux d'usage dans les communautés ou leurs langues maternelles. Un vaste programme!